Posts Tagged 'Éthique'

Sur l’endoctrinement, l’éthique, la culture et la religion

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Je me souviens avoir déjà pris la défense du cours d’éthique et de culture religieuse. Je le voyais comme une bonne manière de sortir la religion de l’école en l’incluant dans l’Histoire (globale), par la mise en contexte. Il semble que ce soit plutôt le contraire. La religion, avec tout ce que ça comporte, devient le filtre pour se mesurer aux autres. Et l’humain est bien mince sous cet aspect.

Quand je pensais à un déploiement de diversités, je me retrouve devant des cases bien définies, des boîtes traditionnelles à agencer. Un cours pour prévenir et guérir une maladie inventée de toutes pièces. L’éthique seule aurait pu servir de médicament pour la vraie maladie, le vivre ensemble, mais, comme un placebo, le terme est complètement vidé de son sens.

Si ce cours n’est qu’un outil pour préparer une noyade future dans le multiculturalisme, dans sa dilution politiquement correcte nommée l’interculturalisme ou, plus poétiquement, dans le mégaculturalisme, tant qu’à y être, mon appui se retrouve à néant, c’est bien certain. Pas parce que je n’en ai rien à battre de tout ça, plutôt parce que je pense que le respect devrait se gagner à la dure (dans le sens contraire à la mollesse).

Et il me semble bien galvaudé ce terme « culture », dans l’optique où jamais les accommodements ne sont en lien avec la culture, mais bien plutôt toujours avec la religion. Oui, je sais, c’est une évidence. Mais d’évidence en évidence, il ne semble plus rien y avoir d’évident…

Comme ceux qui ne voient pas de danger dans cette drôle de manière d’apprendre aux jeunes les différences. Et même ce prof malgré tout qui tente d’embourber le débat :

Come on… Une heure semaine, quand on a le temps et que ça adonne, ce n’est pas assez pour endoctriner qui que ce soit.

Si ça ne peut pas endoctriner, est-ce qu’au moins les jeunes apprennent quelque chose? Parce qu’endoctriner n’est qu’un mauvais penchant de l’apprentissage, à ce compte-là!

En toute mauvaise foi, combien ça prend d’heures pour que l’endoctrinement fonctionne?

(Photo : Nico & cie)

Ajout :

À lire, sur cette question :

http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/12/16/201-thique-amp-culture-religieuse-prise-i.aspx

http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/trois-questions-au-sujet-du-cours-ethique-et-culture-religieuse/1110/

Le greffon anglais

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Depuis la parution de mon billet nommé « Elvis « Masbourian » Gratton », j’accumule des billets que j’ai lu portant sur le sujet de la situation du français.

Coyote Inquiet (portant très bien son pseudonyme) qui remarque en se promenant dans le quartier Plateau-Mont-Royal que 80% des gens dans la rue se parlent anglais. Phénomène que je remarque aussi parce que j’y travaille. Au-delà de l’irritation (et d’une certaine incompréhension) que je partage avec lui, j’ai trouvé quelque chose comme une réponse dans la section Opinion de Cyberpresse.

C’est un texte de Patrick Poisson, un « professeur de français langue seconde auprès des immigrants et étudiant à la maîtrise en éthique appliquée à l’Université de Sherbrooke » titré : « Les francophones laissent Montréal s’angliciser ». Il pointe les « lois linguistiques déclarées inconstitutionnelles, la culture américaine en super concentré, la mollesse du Canada à défendre sa minorité linguistique, la migration des francophones vers les banlieues, etc. »

Parlons-en du pouvoir, et encore plus du législatif, de la Cour Suprême du Canada : les Santa Claus qui ont fait arriver Chrismas un peu trop en avance cette année. On voit bien combien est vraie la formule : si tu ne t’occupes pas de politique, c’est la politique qui va s’occuper de toi… Mais là, c’est encore pire, puisque même une forte majorité de québécois en désaccord avec eux n’aurait pas pu influer sur cette mise à mort de la loi 104. Il y a bien du laisser-faire et de la peur qui nous ont menés jusqu’à aujourd’hui, encore des sujets de Sa Majesté, même si elle est bien le contraire de l’omniprésence dans nos vies.

Je n’arrive pas à comprendre cette traditionnelle guérilla en règle contre la loi 101, et encore plus aujourd’hui, puisque l’anglais est tout simplement un greffon à toutes les langues : qui n’a pas remarqué que le réflexe de traduction semble de moins en moins nécessaire quand il s’agit de la « langue des affaires ». Je pense à un détail dans ma lecture du moment, un roman fort intéressant de Jean-Simon DesRochers : La canicule des pauvres, aux éditions Les Herbes rouges.

L’auteur, qui se réclame du réelisme, dépeint quelques personnages anglophones et se sert donc de l’anglais dans les dialogues et dans la transcription de leurs pensées. Où j’en suis rendu dans ma lecture, il fait la même chose avec des personnages qui s’expriment en espagnol, mais dans ce dernier cas, on a droit à une traduction en fin de page.

Si j’étais un parfait unilingue francophone, une partie de l’oeuvre m’aurait été inaccessible. C’est un fait, pas une critique, enfin, pas personnelle, puisque je n’ai pas été brimé dans ma compréhension. Et je ne crois pas que ce choix éditorial est politique. S’il l’est, ça me surprendrait beaucoup. C’est un choix pratique. Pourquoi considérer une oeuvre francophone dans un contexte de lecture seulement francophone quand c’est (pratiquement) inutile d’aller au bout de la logique?

Alors, pour revenir à nos zélateurs anglophones, je le répète : pourquoi agir comme si l’anglais était en voie de disparition alors que cette langue est maintenant le greffon de toutes les autres? Les francophones n’ont pas besoin de s’ouvrir à l’anglais, car le forceps est bien ouvert et surtout, greffé. Qu’on soit d’accord ou pas n’est même pas secondaire tellement c’est hiérarchiquement bas. C’est comme ça.

Pour le reste, il y a notre espace linguistique à renforcer comme du béton armé. Ce qui donne pour certains, comme Caroline Moreno, le goût de suggérer des choses comme « Revenir aux graffitis (101) », « Bloquer un pont et réclamer le départ d’Ottawa du Québec » et « Prendre d’assaut l’Assemblée nationale du Québec et déclarer l’indépendance du Québec ».

Ce ne sont que des suggestions, mais une chose est sûre, c’est que le je-m’en-foutisme des uns encourage certainement l’extrémisme des autres.

*

Lire aussi :

Gérald Larose : La disparition sociopolitique du français en terre d’Amérique fait partie de l’ADN du Canada

Josée Legault : La lâcheté érigée en système

Ajout :

Le français avant l’anglais pour les immigrants

Questions d’éthique (pour en finir avec les…)

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éthique floue

Je voulais continuer sur l’éthique, mais ça commence vraiment à déraper solide un peu partout… Je viens d’effacer le premier paragraphe d’un billet au sujet de la confidentialité identitaire sur les blogues. C’est comme si le fait de même seulement relater l’éthique est mal. On n’est plus à une contradiction près, rendu là.

Je fais le tour des blogues et ce que j’observe, c’est que l’éthique est élastique, comme beaucoup de choses. Un talent pour la justification, et le tour est joué! Et je ne suis même pas en reste, c’est ça le pire. Je dois bien avoir l’éthique molle quelquefois. Mais je pourrais me défendre en expliquant que je ne suis pas le renard dans la fable, que c’est bien malgré moi. Enfin…

J’écrivais d’emblée que je ne voulais plus parler d’éthique, mais quand même, j’aimerais clarifier un point. L’éthique, c’est une addition. Elle ne peut naître qu’à partir de deux points de vue et plus. Une personne qui croit pouvoir se constituer une éthique (même la plus logique possible de son point de vue) sans inclure au moins un raisonnement sur ce que les autres pensent est dans la bonne voie pour devenir dictateur, du moins dans le paraître, à défaut d’avoir des dominés en bonne et due forme.

L’éthique est, par extension, synonyme de bon sens : capacité de bien juger, d’agir raisonnablement. Et ce qui est discutable, c’est justement ça : agir raisonnablement

*

Pour terminer sur une note plus personnelle, avec tout ce qui se passe en ce moment, je ressens comme un effet de contraste. Les gens que je n’aime pas ou peu (la plupart parce qu’ils ne m’aiment pas ou peu…) m’apparaissent maintenant plus sympathiques. Il y a au moins ça de positif.

Questions d’éthique (Première partie)

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Mes dernières pérégrinations sur le web, les blogues, Facebook et Twitter m’ont fait voir que l’éthique — la néthique, et par extension, la nétiquette, termes qui semblent aussi synonymes — est un thème qui ressort beaucoup depuis quelque temps. Comme une poussée d’acné.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je juge bon de citer l’article sur la nétiquette de Wikipédia, question de jeter des bases solides à la série de billets que je veux vous proposer :

S’il ne fallait retenir qu’une règle : Ce que vous ne feriez pas lors d’une conversation réelle face à votre correspondant, ne prenez pas l’Internet comme bouclier pour le faire.

Pourquoi ne le ferait-on pas en face? Parce qu’en face, les claques ne se perdent pas…

J’ai quelques exemples à faire ressortir tout au long de cette série, mais le premier en sera un bien personnel, qui m’est arrivé hier. Il y a un froid entre moi et un blogueur (lire : animosité, de son côté), et j’ai tout fait pour m’en éloigner depuis les derniers soubresauts de cette histoire, voilà plus d’un an. Je ne le lis plus, je l’ai banni du mien, mais bon, la blogosphère étant ce qu’elle est, assez petite — encore plus que le monde! — ça m’arrive de tomber sur ses écrits en commentaires ailleurs, puisque nous avons beaucoup de fréquentations en commun.

En sirotant mon café, je tombe sur un billet d’un blogue où on me cite, et le blogueur en question en profite pour exposer tout le mal qu’il pense de moi, même si cette autre personne est déjà parfaitement au courant de notre différend. La même chose, sur un autre blogue. Et ce n’était vraiment pas la première fois. C’est sporadique. Et je ne réplique jamais rien parce que ça fait longtemps que je n’ai plus d’acné…

Le premier blogueur a effacé le commentaire désobligeant et a écrit un billet pour expliquer son désir de neutralité dans les « guéguerres » entre blogueurs, et avec raison. La deuxième a effacé la partie me concernant, dirigeant l’explication en privé, par courriel, avec le principal intéressé.

Ce gars-là a tout à fait le droit de m’abhorrer, mais pas de contaminer les autres espaces avec sa haine pour m’atteindre par un chemin indirect. Et en plus, en regard de la règle que j’expose plus haut, si le gars agissait de la sorte dans la réalitosphère, il aurait sûrement le visage beaucoup plus boursoufflé (et coloré par endroits) que ce qu’on peut voir sur la photo qu’il arbore dans sa bannière (oui, je suis allé une fois, par curiosité…).

Pour vous dire, je commence vraiment à en avoir assez de ces enfantillages. Mais comment les faire cesser? Je me verrais mal faire une plainte à la police pour harcèlement et tentative de ternir ma réputation web…

Je me demande si ça serait possible un boycottage organisé : des blogueurs solidaires à ma cause qui enlèverait son blogue de leurs blogolistes et de leurs agrégateurs pendant un certain temps, par exemple, question de lui faire perdre de la visibilité et ainsi lui faire comprendre que son comportement est inacceptable, et à tous les autres qui font de même, par la même occasion. S’il n’y a pas de lois et de sanctions applicables, organisons notre propre justice! Ça serait comme une épée de Damoclès qui pendrait au-dessus de tous.

C’est une idée que je lance comme ça, en espérant qu’elle rebondisse au bon endroit. Pour ce qui est du moment, c’est là, pas le choix. Mais il y a un côté de moi qui la trouve ridicule cette idée, comme si un problème ridicule trouvait sa solution et qu’elle devait être absolument aussi ridicule…

(Photo : NY_Doll)

Laliberté devrait revenir sur Terre…

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GuyLalibertéLe prochain voyage dans l’espace de Guy Laliberté est en soi un exercice assez complexe d’éthique, dans le sens où trancher n’est pas si facile. Raymond Viger en expose un beau pan sur son blogue. Le rédacteur en chef de Reflet de Société / Journal de la rue espère que le troubadour milliardaire reviendra sur sa décision pour être en phase avec la mission de sa fondation, One Drop, pour ne pas qu’il pollue extrêmement l’eau dans le seul but de se payer un luxe inaccessible pour le commun des mortels.

Comme je l’ai écrit en commentaire, « En espérant qu’il revienne sur Terre avant de partir! »

Ajout :

Daniel Rondeau tente quelque chose comme un ralliement ou un point final.

Marketing Web Bixi : bien ou mal orchestré?

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Je viens de faire paraître un billet sur « L’événement sur le web » au sujet de la polémique autour du faux-blogue et du service Bixi. Et je vais ajouter ici mon petit grain de sel d’opinion.

Je ne sais pas trop de quel côté pencher quant à la question de l’éthique. Nous portons tous une sorte de masque sur le web, et le doute et la confiance sont les deux extrêmes d’une corde qu’on a le choix de se mettre ou non au cou, comme collier ou comme laisse… Autrement dit, ne pas trop cultiver le doute pour que pousse la confiance. Conséquemment, il est certain que cette traîtrise donne du poids au doute. Mais le web n’est pas intégré aux moeurs comme la télé et la radio, alors ça minimise la portée.

Pour ma part, je n’ai pas été un lecteur floué par cette fiction qui proposait de la réalité. Donc, il n’y a rien de viscéral dans mon analyse. Ce que je constate premièrement, c’est qu’il y avait quelque chose de mal orchestré. On parle de trois protagonistes, mais combien y avait-il de personnes dans l’équipe qui a monté le coup? Sûrement au moins un qui s’occupait de la rédaction! Pourquoi ne pas simplement lui avoir demandé de signer ses textes? L’authenticité du web peut bien se passer d’une variation à trois sur un même thème…

Mais bon, pragmatiquement, cette controverse va de toute façon donner les fruits escomptés, comme toute bonne pub doit le faire… Et puis, qu’est-ce qui nous dit qu’au contraire tout ça n’est pas simplement orchestré de main de maître? Qu’on s’est arrangé pour semer un chemin de caillou fluorescent pour que Patrick Lagacé finisse par sortir l’histoire, tant qu’à y être! En fait, quel timing, vous trouvez pas? Juste un tout petit peu avant le lancement. Ça laisse songeur.

Je serais curieux d’avoir plus de détails sur l’enquête…

Màj :

On m’a aiguillé sur un billet qui va dans le même sens que ma conclusion. Surtout, les commentaires sont assez éloquents.

Pierre Arcand est un saint!

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Pierre Arcand, ex-président de Corrus, qui n’a sûrement pas délaissé tous ses investissements dans ce média pour se lancer en politique, qui influe sur les règles d’éthique du gouvernement… Et le bénéfice du doute?

Mais pourquoi Monsieur Arcand s’est-il lancé en politique au juste? Pour défendre la veuve et l’orphelin?

Comme on sait que pour les gros bonnets des affaires comme lui un salaire de ministre c’est équivalent à un chèque de B.S. (à son niveau à lui), qu’est-ce qui peut bien pousser à tant d’abnégation? Je le répète, cet homme est un saint!

La rage totale

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Avec la vague de séquestration de dirigeant d’entreprise en France, il me vient une réflexion sur la rage et vers où elle se dirige. Il faut vraiment être au bout du rouleau pour en arriver à ce geste et je doute fort que ça arrive ici ce genre de chose, où il n’y a que l’amour pour briser le moral, la morale.

Alors qu’ici on se débarrasse de sa vie et de celle de ses proches en pulvérisant des records, j’ai comme un doute que l’impossibilité d’une telle chose ici en est liée. Le repliement sur soi fait partie de nos moeurs, et une tendance à la culpabilisation, au masochisme. Du matériel à thèse.

Quand un petit village est capable de se mobiliser pour un talent local qui veut se faire faire la tête en mongol-fière en direct, on se dit que c’est le degré zéro de l’abnégation. Rien à voir avec cette rage totale qui déplace des montagnes. Où il n’y a qu’un pas pour se rendre à la roulette russe.

Courage pour courage — comment l’oublier cette rage quand elle se trouve même inscrite dans le mot « courage »? —, affronter vivant les conséquences de ses actes est un cran bien au-dessus du suicide. Et je l’écris bien ouvertement parce que les morts n’ont plus d’orgueil…

Je ne dis pas que j’irais moi-même séquestrer votre patron, puisque je suis bien d’ici. Même que sûrement je mangerais des galettes de boue à la place d’aller voler le gros gras, celui vivant dans son impunité bien coupable de vivre de ma misère.

Encore dans l’hypothétique, mais cette fois celle du héros, je serais celui qui n’a rien à perdre d’autre que la vie, mais en dernier, acceptant la souffrance comme l’enrobage de sa rage, n’ayant que la Loi du Talion comme éthique. Mais ici c’est pas beau être fâché, c’est méchant la révolte, l’indignation est un mauvais pli à repasser.

Et c’est bien pratique parfois pouvoir casser des objets. Certains en deviennent même un. L’autre ou soi-même.

(J’ai lu l’article que j’ai hyperlié après avoir écrit ce billet. Il aurait été tout autre si je l’avais lu avant. Je le prends donc pour ce qu’il est, avec toute sa dramatique. J’espère que vous ferai de même. Il reste que séquestrer est un geste lourd, même s’il fait office de marketing médiatique. Des gens l’ont fait.)

(Image : urline)

Question de sous

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Y’a pas à dire, j’étais assez content hier quand j’écoutais TLMEP et que — pendant l’entrevue d’Hervé Kempf? – Micheline Lanctôt allait pas mal dans le même sens que mon billet récent, « Laliberté de donner », au sujet de la générosité de Guy Laliberté.

Et avec Hervé Kempf qui disait que Bill Gates et sa fondation ne devraient pas influer sur les politiques agricoles africaines (en faisant la promotion des OGM), je me dis que le plus gros problème avec la richesse, c’est le gonflement éthique qui vient avec. Qui dit argent, dit moyen, c’est clair. Et énumérer le nombre de problèmes sur la planète est pratiquement impossible. Alors, il me semble qu’il est plus facile pour la classe moyenne et la classe pauvre de s’en laver les mains…

Je ne sais pas pour vous, mais moi je trouvais que Guy A. Lepage avait l’air d’être un éléphant dans un magasin de verre, lui qui goûte presque à chaque émission à des blagues sur sa très grande richesse.

(Photo: Pfala)

Tartineau en Crazy Carpet

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crazy-martineau

Comme presque à chaque semaine, j’ai écouté Les Francs-Tireurs hier. Pour ce qui est de Tartineau, j’ai écrit quelquefois que la seule chose que j’aimais de lui, c’est quand il interviewait. Son interview (ou plutôt sa discussion) au sujet de « l’avortement avec la journaliste Josée Blanchette, le Dr Jean Guimond et la sexologue Jocelyne Robert » m’a fait déchanter.

À la question de comprendre éthiquement quelle est la différence entre un foetus, et un nourrisson, il avait un discours digne de l’obscurantisme, jouant sur le simple fait d’un amas de cellules — et entre autres aussi de la supposée utilisation de l’avortement comme contraceptif — pour justifier sa position clairement contre. Il ne lui manquait que des arguments de born again, ce qui ne me surprendra pas à l’avenir s’il y tombe, vu la belle courbe descendante dans laquelle il glisse, en crazy carpet, depuis quelques années.

Ce qu’il ne semble pas comprendre, c’est que le foetus ne peut être considéré viable tant que la mère n’a pas porté son jugement en sa faveur. Autrement dit, sans le désir de la personne concernée par ce qui se passe dans son ventre — une décision qui se doit bien sûr d’être le plus hâtive possible, par respect pour le miracle de la vie — il n’y a pas d’être qui tienne, et c’est le cas de le dire…

Lui qui a des enfants et qui aime tant parler de liberté et de responsabilité, il doit savoir que ce sont deux concepts qui ne sont pas vraiment innés chez eux. Pour les femmes qui ont un déficit de compréhension et d’application de ces deux idées, il y a des gens autrement mieux placés que lui pour prendre des décisions et les aider. Et c’est bien tant mieux.

Euthanasie et religion

L’ami Nicolas Racine pose une bonne question aujourd’hui :

« Doit-on permettre le suicide assisté ? »

J’ai joué le jeu et j’ajoute ma réflexion ici. Pour ce faire, j’utilise les termes « euthanasie » (pour suicide assisté) et « suicide » :

Le seul fait de se trouver alité et malade pour un temps indéterminé me semble déjà un bon point de départ pour réfléchir à la différence entre l’euthanasie et le suicide.

Bien que je crois que le suicide est le résultat d’une « maladie » (un ensemble de dispositions psychologiques qui dénote de problèmes physiques et/ou mentaux), la différence réside surtout dans l’inéluctabilité réelle (selon le point de vue extérieur) de la maladie physique du candidat à l’euthanasie. Par cela, je ne tente pas de dire que le trouble, que la détresse de la personne qui veut se suicider n’est pas réelle, mais bien que son inéluctabilité ne trouve pas d’écho ailleurs qu’en elle-même.

Alors, s’il y a concertation entre le malade (dans le cas où il y a conscience), la famille et les professionnels de la santé, je ne vois pas pourquoi on devrait interdire l’euthanasie, puisque cela est par le fait même éthique. L’interdiction actuelle concerne le domaine de la moralité, un autre héritage pourri de notre passé judéo-chrétien, que le néo-conservatisme actuel ravive.

À la suite de ça, je ne peux m’empêcher de faire un lien avec un billet récent d’Anarcho-pragmatiste qui discute d’athéisme, la position contrepoids au conservatisme à mon avis. S’il faut que je le spécifie, ce conservatisme qui repose essentiellement sur la religion, l’ultime ciment social des croyants.

Deux commentaires qui expliquent bien ma position :

L’athéisme c’est de ne pas se laisser aller à accepter comme tel l’héritage religieux, mais bien de le mettre à jour et de voir ses répercussions. Qu’il soit rabaissé au niveau de la culture, puisque c’en est, seulement.

Croire ou non en un ou des dieux relève exclusivement de l’humain et sans l’humain qu’est-ce qu’il resterait franchement de cette question?

L’athéisme fout aux poubelles la métaphysique, l’agnosticisme se contente de ne pas faire lever la poussière…

*

[…] s’il faut que je le répète, le point principal n’est pas tant de convaincre de l’inexistence de Dieu, mais bien de couper l’herbe sous le pied de la religion comme phénomène social influent. Les déistes ne font pas chier personne!

Et quand on pense à des convictions et des propos excrémentiels, nous sommes tellement bien servis chez nos voisins du sud avec Sarah Palin

(Photo : polova)

Wall-E et la décroissance

J’ai parlé souvent ici de la décroissance. Sans être un disciple strict du mouvement qui se nomme décroissance conviviale, cette idée m’intéresse premièrement car elle nous pousse à repenser notre rapport à l’économie, cette notion historiquement utilitaire qui s’inscrit de plus en plus dans la culture, dans son sens le plus large. Et c’est d’une tristesse : la culture — ce que les rapports humains suscitent comme matière à communication, à réflexion, à contemplation — est prise en sandwich entre la religion, cette culture dont le marketing repose sur la Foi et la peur du Jugement Dernier, et l’éconocentrisme culturellement agressif, dont la mise en marché s’appuie sur le confort matériel, et un message fort qui tourne autour de la peur de le perdre.

Ce qui me charme encore plus, c’est qu’obligatoirement cela nous pousse à une métamorphose, un changement de nos valeurs, voire même à réapprendre le sens des valeurs, au-delà de sa synonymie monétaire. Oui, dans un sens, le statu quo est une bonne chose, il offre une certaine stabilité, la croissance est une tradition, mais est-ce que le progrès ne serait qu’une voie, ou même plusieurs en parallèle à cette répétition, cette redite du plus de productivité pour plus de consommation?

Ça me fait penser à tout le tollé, qui s’accompagne aussi de critiques dithyrambiques, du dernier film de Walt Disney-Pixar, Wall-E, tel que rapporté par Joseph Siroka sur Cyberpresse. La drouate et les gros sont fâchés du mauvais traitement que leur faire subir le scénario futuriste du film, où l’épidémie d’obésité qui fait rage aujourd’hui (surtout au É-U) est à son apogée et où on pointe comme fautif le système actuel basé sur la croissance, la surconsommation, etc.

Comme je l’écrivais à l’instant à la suite d’un billet sur cette question à mon collègue du blogue Le Satellite Voyageur, « Le gros (hé hé!) problème là-dedans, c’est l’espèce de tabou qui est en train de se constituer, tabou de nommer l’obésité [et celle morbide] comme une maladie, ce qui fera en sorte de la normaliser. Mais qui a le plus à gagner à laisser les gens grossir impunément?

C’est toute une économie qui gravite autour de la croissance en gras… »

La logique autour de la croissance à tout prix ne peut que tomber dans la démesure adipeuse, qui au niveau psychologique est payante pour tout un pan de l’industrie, ceux qui profitent du sentiment de culpabilité comme l’industrie des diètes et de tous les Ab King Pro Roller Extreme Rower Roche Dur de ce monde. Et au niveau physique, il n’y a pas trop besoin de s’étendre sur les domaines de la santé (que l’on espère de plus en plus privé, et le « on » exclu bien sûr la personne qui parle…) et de l’agro-alimentaire qui profiteront des retombées de toute cette culture du gras.

Avant de clore, je ne peux pas passer sous silence le billet tout en sophisme qui m’a servi de tremplin. Sous des airs de vérité, puisqu’il y a des faits en jeux que je me garderai bien de contredire directement, l’antacomique blogueur de drouate s’appuie trop aisément sur le progrès du niveau de vie des états-uniens pour planter la décroissance. Là où le bât blesse, c’est qu’il utilise ces chiffres comme un marionnettiste sous le thème de la linéarité économétrique, tandis qu’il est toujours possible de penser la croissance autrement, non? Est-ce que l’espérance de vie d’aujourd’hui diminuerait dans le futur pour cause d’une révolution éthique qui ferait en sorte d’éliminer le superflu et la démesure de notre consommation? J’en doute fortement. Même que si on continue sur cette lancée et qu’on repense au problème d’obésité qui accompagne le style de vie casanier à l’occidentale, actuellement, l’espérance de vie ne pourra qu’augmenter qu’avec les béquilles de la science. C’est dans la logique, mais est-ce que c’est ça qu’on veut?

Il faut savoir mettre les pour et les contre dans la balance, revenir en arrière et poser la question de la croissance pour se rendre compte de sa nécessité décroissante. En 1870, le progrès et la croissance étaient nécessaires, et plus près du rêve que de la réalité, tandis qu’aujourd’hui, avec tous ces gains, amplement suffisants, c’est une réalité qui tourne au cauchemar global pour qui est capable de regarder au-delà de son propre confort et de celui de ses copains… Mais la grande question : où s’arrête le confort sain et où commence l’exagération? Le dogme de la croissance économique est tombé dans la démesure, le laisser-aller, la décroissance ferait office de douche froide.

La décroissance n’est pas un suicide social, le total antonyme de la croissance. C’est l’ajout d’une autre dimension.

Les conservateurs toujours en mode reculons

Les conservateurs (autant le parti que les idéologues, mais ce sera amplement le parti qui sera visé ici) sont de drôles de spécimens. Tandis qu’ils sont fortement soupçonnés d’avoir triché aux dernières élections, ils essayent en catimini de criminaliser à nouveau l’avortement par le dépôt d’une loi ambiguë et censurent un livre hautement factuel sur les drogues. Voilà bien une démonstration limpide du relativisme de la vertu, qu’ils veulent monopoliser pour le bien de tous…

Si on regarde la question de l’avortement, qu’on soit pour ou contre il est clair que le meilleur compromis réside dans le libre-choix, en s’imaginant les gens responsables au possible, donc avec l’apport de la prévention et de l’éducation. La question a savoir si la mort provoquée d’un foetus est un meurtre ou non est tellement difficile à répondre qu’elle me semble assujettie au contexte précis de la génitrice, dans le giron du système de santé, en phase avec une éthique bien construite, pas dans le regard réprobateur d’un dieu et/ou d’un groupe qui se proclame de la vérité et de la moralité. Et des génitrices irresponsables, il y en a encore beaucoup aujourd’hui, il faut en convenir, mais à qui la faute?

Cela me fait penser à la position du parti conservateur sur le livre « Savoir plus et risquer moins ». On pense de leur côté que le public n’est pas digne de recevoir des informations complètes et objectives sur les drogues. On pense que hors des règles édifiées les choix des humains seront obligatoirement déficitaires, qu’en dehors du contrôle étatique traditionnel la perdition guette les brebis égarées… On punit au lieu de comprendre, on répare au lieu de prévenir.

Je ne veux pas trop prendre parti… mais il me semble préférable de prôner l’éducation, la connaissance, le sens critique pour tous, au lieu d’une moralité toute faite pour contrer ces problèmes de société que sont les drogues et l’avortement. La pauvreté monétaire et intellectuelle est bien plus responsable que toute autre chose des choix embrouillés des gens, ces choix qui mènent vers le désespoir la plupart du temps. Connaissez-vous beaucoup de drogués et d’alcooliques pleinement équilibrés, de jeunes filles et de femmes qui utilisent l’avortement comme principal moyen de contraception qui sont allumées, tout à fait responsables, combien d’adolescents et d’hommes qui refusent le condom (et qui ne se renseignent surtout pas à savoir si la dame utilise un moyen de contraception) qui sont aptes à penser plus loin que leur désir du moment?

Et, alors, condamner après-coup ou regarder la situation en face, sans préjugés? Combattre la globalité du problème en examinant le contexte ou culpabiliser?

Répondre à ces questions sans se baser sur son propre dégoût face à ces problématiques est déjà un bon début.

(Photo : Venessa Nina Dot Com)

Canada : quand l’humanisme tombe à l’eau

Il y a un vrai imbroglio à lire sur la question du gouvernement Harper qui « bloque une résolution de l’ONU sur le droit de l’eau ». D’un côté, le Canada s’acoquine des États-Unis (puisque « les États-Unis ne sont pas membre élu, mais ont un droit de participation selon les règles du Conseil » des droits de l’homme) pour mener à bien ce saccage, et de l’autre, le député Francis Scarpaleggia, du PLC, favorable à la position conservatrice, argumente : « On ne veut pas donner des arguments aux Américains. Ils pourraient nous dire: donnez-nous votre eau, on y a droit. » Mais comment s’y retrouver dans cette chaîne d’avis contradictoires? D’autant plus que Maude Barlow, du Conseil des Canadiens, favorable au droit à l’eau, rétorquait : « Le Canada a reconnu le droit à la santé, mais ça ne donne pas le droit aux Américains de se faire soigner chez nous »

Gageons qu’il se cache derrière tout ça quelques intérêts… Il est évident qu’un droit à de l’eau potable, reconnu internationalement, couperait l’herbe sous le pied des embouteilleurs d’eau qui ont bien sûr commencés depuis quelques années à vendre de l’eau puisée à même le robinet. Et les droits d’exploitation de la ressource, ce sont quand même des revenus pour les États!

Comme on dit : plus on en a et plus on en veut!

Et ce qui me surprend beaucoup, c’est la couverture minime de cette nouvelle dans les médias et le peu de réaction. J’ai vu la nouvelle par hasard dans la minuscule section « En bref dans l’actualité » du quotidien 24 heures et je n’en ai pas entendu parler ailleurs (façon de parler!). S’il y a quelque chose de bien important pour l’humanité, c’est bien l’eau, puisque nous en sommes quand même composés d’à peu près 60%… et qu’un humain ne peut pas vivre plus de trois ou quatre journées sans eau.

Décidément, quand l’éthique a été distribuée, il n’y en a pas assez eu pour tout le monde…

(Photo : Pascal Rouen)

Des phoques et des hommes

Je n’ai pas l’habitude d’en rajouter quand le sujet est déjà saturé, mais je vais quand même me laisser aller de ce côté.

Je comprends qu’il est facile pour certaines personnes, en regard de la bêtise humaine, de préférer la bestialité innocente des animaux. Mais il y a un pas stupide à faire pour l’actualiser par un souhait de mise à mort, quoiqu’indirecte, mais bien réelle des humains.

Je n’ai rien à faire du deuil des Madelinots, c’est leur affaire, je subirai bien assez vite, positivement bien assez tard, mes prochains deuils. Mais de là à partir sur une baloune, et oublier que nous sommes historiquement les prédateurs de cette planète, c’est rêver mou, mou, mou.

Je ne dis pas non plus qu’il faut se servir comme des êtres sanguinaires et assoiffés de violence, de boucherie gratuite et ricanante, ni que le végétarisme est une plaie contre-nature, non! Notre simple naissance gruge dans les ressources inertes et vivantes, et il ne reste que l’éthique pour venir faire contrepoids. Alors, de savoir que le stock de phoques est bien portant est assez pour me rassurer.

Et le sang est trop contrastant sur la neige, il induit en erreur. Pourtant, je crois que les tables des boucheries sont parfois blanches… Et ce n’est pas parce que les plantes sont vertes, a contrario de la couleur du sang, qu’il n’y a pas d’arrêt de vie.

Je suis moi-même en plein programme de couple pour diminuer mes apports en viande. De plus en plus, ingérer des légumes me ravit tout autant, sinon plus, que de laisser fondre toute viande rouge sur ma langue. Question d’habitude et d’ouverture d’esprit. Le secret est le changement graduel et surtout de cultiver la variété. Ça peut même servir de philosophie pour beaucoup de domaines dans nos vies. En espérant être de plus en plus le contraire du monomaniaque.

Alors, je crois que les animalistes humanophobes comme Paul Watson sont loin de s’inscrire dans cette veine. L’artère est bloquée.

(Photo : Wyrd)

L’accord tacite #9

Ça fait assez longtemps que je n’ai pas bossé sur la série L’accord tacite (voir lien plus bas) et j’y reviens, car je trouve intéressant de décrocher un peu de la réflexion sur les sujets d’actualité (quoiqu’il y a toujours moyen de relier ces points avec l’actualité…). Et si je veux aller jusqu’au bout (il y a 33 points et j’en ai fait seulement 8 à date), il fallait bien que je m’y mette un jour ou l’autre. Alors voilà!

(Pour plus d’information quant au sujet de cette publication, consultez L’accord tacite #1.)

9) J’accepte que l’on condamne le meurtre de son prochain, sauf si les états décrètent qu’il s’agit d’un ennemi et nous encouragent à le tuer,

A priori, ce point fait bien sûr référence au militarisme, mais j’aimerais entre autres le clarifier au niveau de la moralité, de notre moralité héritée du judéo-christianisme.

La première partie fait amplement référence au « Tu ne tueras point », commandement très logique qui est imprégné en nous maintenant et qui n’a plus trop besoin d’être expliqué. Nul besoin non plus d’évoquer la colère de Dieu, il n’est besoin que de la Justice étatique pour calmer les ardeurs colériques de la majorité. Pour les autres, que ce soit des tueurs à gages ou des entreprises pharmaceutiques, il ne suffit que de jongler avec les probabilités de se faire prendre versus les profits à engranger.

Alors, la question de savoir si oui ou si non le meurtre direct ou indirect est immoral dépend de facteurs que tout un chacun ne peut pas toujours saisir, étant donné l’impossibilité de la transmigration de la conscience d’une tête à l’autre, et surtout de l’historique. Il ne reste que le rapport entre chacun et la peur de la Justice (extension de l’État; extension pour certains du pouvoir de Dieu — consciemment ou inconsciemment) pour guider les pas des hommes croyant être libres, avec la force illusoire du libre arbitre. Dans ce contexte, l’éthique semble déjà être dans une sphère conceptuelle à part.

D’où mon questionnement du contrat entre l’État et les militaires, qui abandonnent l’éthique dans son sens le plus philosophique (mais pas la moralité puisqu’elle est grandement assujettie à la dynamique arbitraire des complexes d’infériorité et de supériorité : quand la grandeur héroïque est garante de la craintive et humaine petitesse de l’obéissance). Qu’est-ce qu’il reste de l’humanité dans quelqu’un qui réserve sa pensée à la banalité du quotidien et à sa sensiblerie (les traumatismes psychiques ne sont pas causés par le combat moral, mais bien par un processus tout à fait physique et mental, pour ne pas dire biomécanique) alors que par ses actes il élimine la vie, devient en quelque sorte la main de Dieu?

Ce point représente donc pour moi un imbroglio encore plus néfaste que le débat pour ou contre la mission en Afghanistan, il faut le voir, et le plus clairement possible. Nous sommes loin de l’organisation d’un regroupement d’hommes qui se défend contre les éléments extérieurs, quels qu’ils soient. Mais qui pourraient se dresser contre cette légitime défense? Aujourd’hui, au contraire, un soldat décide de ne pas se poser de questions pour ne pas avoir à s’en poser plus à sa jeune retraite : c’est l’individualisme au service de l’intérêt collectif qui s’est désincarné par la complexification et la multiplication des pouvoirs. En comparaison, vendre son âme au diable semble plus éthique…

Mais tant que le bonbon de décrocher de la réalité en s’engageant dans une aventure organisée brillera plus que l’intégrité, il y aura toujours quelques dieux pour ne pas se salir les mains et faire passer des meurtres pour de l’amélioration.

Tiens, en passant, nos voisins du sud, grands pacifiques, ont dépensées 1600 milliards dans l’armement, seulement en 2007.

(Ce billet est fortement influencé par ma lecture du moment : Traité d’athéologie, de Michel Onfray.)

(Photo : Christopher Malcolm)

Et ça continue pour le point 10 ici!

Nous, les suiveux…

Le Devoir nous apprend que l’Europe s’engage réellement dans l’aventure automobile électrique. Ce n’est guère surprenant. Tandis que l’Amérique d’Al Gore surfe sur une mer de dollars pour tenter de changer les mentalités de sa population de pétrolomane, nous, amères loques gauloises, avons la fierté environnementale à des lieux au-dessus de nos moyens (et des faits) avec nos insuffisants bacs verts remplis par la force de notre insuffisante volonté, et, là-bas, il y a des initiatives concrètes qui donneront des résultats pratico-pratiques, et une influence sûrement culturelle.

Il est bien évident que les débats d’idées et l’urgence du réchauffement climatique ne se sont pas arrêtés comme ici à savoir si oui ou non nous serions responsables. C’est stérile au possible et la simple logique est de couper court au plus vite, point à la ligne : si des gens tuent des chatons en les enfermant dans une boîte au bout d’un tuyau d’échappement, il serait complètement stupide de faire abstraction du fait que la Terre est la grande boîte dans laquelle nous sommes enfermés, encore pour longtemps.

Et on revient encore au débat à savoir comment arriveront les changements de société : par la coercition étatique ou par les pressions de la population? Par exemple, il semble que ce mouvement européen a eu comme point de départ un appel d’offres de Poste de France (entreprise d’État), qui veut changer sa flotte de véhicules, ce « qui pourraient (sic) ouvrir la voie à un éventuel réseau de recharges routières », et qui permettrait alors l’utilisation citoyenne, et surtout la commercialisation, des voitures électriques, puisqu’à ce point-là, tout un chacun aurait l’assurance de pouvoir se procurer de l’énergie au besoin pour circuler sur les routes. Doutons fort que cette initiative ait pu venir d’une entreprise privée…

Et au niveau québécois, encore de l’immobilisme. Pourtant, nous avons de l’expertise et une technologie à point : le moteur de la CLEANOVA®, voiture électrique présentée aux Français, a été développé par TM4 (actuel membre d’Hydro-Québec, et qui, auparavant, « a permis à Hydro-Québec de développer le moteur-roue du chercheur Pierre Couture »). Et de l’électricité, nous en avons aussi beaucoup, il ne faut pas l’oublier. Alors, pourquoi le Québec n’est-il pas déjà en voie de se convertir totalement à la voiture électrique? Le titre de ce billet illustre bien mon avis sur cette question.

Et on pourrait même se demander si les succès actuels de l’industrie pétrolière canadienne ne nous mettront pas (ou ne nous mettent pas déjà) de bâtons dans les moteurs-roues…

257 717$ seulement pour Jean Charest…

Au sujet de la prime de 75 000$ que reçoit Jean Charest de la part de son parti, le PLQ, un article de la Presse Canadienne, paru entre autres sur le site de l’hebdo Le Messager Lachine Dorval (!!!), conclut comme suit :

Appelé à commenter, le président sortant du PLQ, Marc-André Blanchard, a pour sa part argué que le versement de tels montants constituent la meilleure façon de protéger le chef et de le mettre à l’abri de toute pression ou tentative de corruption.

182 717$ (salaire de base de Premier ministre) plus 75 000$ ça donne quand même 257 717$. Alors, c’est dans ces eaux-là que la morale commencerait à prendre le dessus sur l’appât du gain! C’est bon à savoir.

J’espère que ce seuil ne concernera jamais l’entièreté de la population parce qu’avec un salaire moyen qui tourne au alentour de 35 000$ par année (7 fois moins que le PM), la tentation d’outrepasser la loi pour faire plus d’argent sera toujours justifiée…

Mais on oublie qu’au-dessus du salaire des politiciens, surtout des chefs de parti (Mario Dumont n’est surtout pas dans la rue avec ses 208 095$… et on ne parle même pas de Pauline Marois!), il y a entre autres les joueurs de hockey et les hommes (et les femmes) d’affaires qui les font se sentir pauvres, car c’est toujours plus facile de regarder en haut! Désir en haut, dédain en bas.

Je me souviens justement d’un sketch de Jacques Chevalier Longueuil, des Bleus Poudres, qui personnifiait un sondeur à perruque, et qui interviewait Jean Charest au sujet des salaires des joueurs de hockey : la jalousie lui sortait de chacune des pores de la peau!

En tout cas, l’expression « deux poids deux mesures » ne m’a jamais paru aussi claire. Mais elle me semble encore incomplète, je vais donc en composer une absolument en phase avec notre époque égoïste : à chacun ses perspectives.

(Photo : Maxime Rousseau)

Ajout :

À lire absolument, là-dessus, le billet de l’ami Antipollution.

Encore un ajout :

Pour un regard plus « explicite » de cette histoire, il y a un billet de l’ami L’équilibriste.

Votez pour ce texte sur Cent Papiers! 

Palmarès des plus riches : Bill Gates troisième, Warren Buffet vainqueur!

Sur le Web pointe un article du magazine Forbes qui titre « Gates No Longer World’s Richest Man » : il s’agit bien sûr du nouveau palmarès des plus riches de la planète. La nouvelle a été reprise un peu partout, mais seulement à un niveau anecdotique. Alors, un portrait plus global serait intéressant à dresser.

À la base, puisque Bill Gates s’était fait détrôner voilà plus de six mois par le mexicain Carlos Slim (j’ai pondu un billet à ce sujet en juillet 2007), et que le palmarès de Forbes est annuel, il est clair que dans ces hautes sphères de la finance les milliards se gagnent à une rapidité époustouflante : par exemple, la fortune de Carlos Slim a doublé depuis deux ans.

Or donc, le nouveau roi de la montagne est Warren Buffet, qui prend les devants avec une fortune évaluée à 61 milliards $. Carlos Slim le suit avec 59 milliards $ et Bill Gates avec 57 milliards $. Il a fait fortune grâce à « des entreprises sous-évaluées avec un bon potentiel de croissance à long terme » et en évitant les « entreprises de haute technologie, […] parce qu’il préfère investir dans des secteurs qu’il comprend. »

Par contre, il semble comprendre beaucoup d’autres choses. Entre autres, il affirme que les États-Unis sont déjà en récession malgré le fait que « l’économie n’a pas encore enregistré deux trimestres consécutifs de croissance négative. » Au sujet de la crise du crédit, il fustige la folie des spéculateurs, et, politiquement, il se range derrière les démocrates, ce qui va assurément à contre-courant dans le monde de la finance.

En conclusion de l’article de Forbes, il est dit qu’en octobre, Buffet a lancé un défi aux membres états-uniens de la liste des plus riches au monde, promettant qu’il ferait un don charitable d’un million de dollars si le groupe (ou un nombre important d’entre eux) admettait qu’ils paient moins d’impôts, par rapport au pourcentage de leurs revenus, que leurs secrétaires.

Un jour après avoir proposé cette gageure, Buffett a dit devant le Congrès que la richesse dynastique, l’ennemi de la méritocratie, est à la hausse.

Est-ce que par hasard le vent tournerait? Avec un Bill Gates qui s’est converti à la philanthropie, espérons que les gens d’affaires comprendront de plus en plus qu’une grande richesse vient avec une grande responsabilité sociale. Espérons aussi que Warren Buffet perdra rapidement son rang pour cause de charité.

En vrac

Avec toute cette histoire, j’ai délaissé un peu l’exploration de la blogosphère, et je dis bien un peu, car j’ai quand même quelques petits trucs intéressants pour vous.

Sur Blog Story, il est fait état d’une nouvelle invention assez cocasse, bien que cela semble tout à fait sérieux. Le HumanCar « est une automobile hybride alimentée électrique/humaine ».

En Russie, d’après Associated Press, via RadioActif, les blogueurs prennent la relève des médias, malgré les difficultés d’accès à internet, puisque ces derniers ne se risquent pas à critiquer Vladimir Poutine, quand ils ne sont pas carrément censurés. Bon point pour nous!

Dans la veine du grand débat en cours sur la santé, il y a une pétition à signer qui se place contre le privé, c’est ici. (Ils en sont à 5213 personnes alors que j’édite ce billet.)

Vous avez peut-être entendu parler du moteur de recherche « soi-disant » éthique « Ethicle » qui donnerait (dans le sens de don monétaire) alors que les internautes l’utilisent? D’après Michelle Monette, il faut faire attention, plus de détails ici.

L’ami Détracteur Constructif a pondu un excellent texte par rapport aux sujets des conversations dans les bureaux qui monopolisent l’espace social, avec le hockey en tête de liste. Je ne suis pas un amateur de hockey, je trouve que c’est une perte de temps et d’énergie (le pire, c’est que j’y trouve quand même une certaine beauté, mais il y a de la beauté partout, même en politique, même si c’est difficile à voir…), alors je peux bien l’écrire là-bas et le répéter ici, quand bien même c’est du blasphème, que « le hockey, c’est un analgésique social… »

Et je pense ici à la gent féminine et son légendaire amour pour les chats en vous dirigeant vers une vidéo montrant un chat qui aime l’eau, le rêve! (Trouvé via Le Blog à Max.) Vous ne pouvez pas dire que je ne vous aime pas!!!

De retour bientôt avec un sujet un peu plus sérieux, et surtout, un peu plus approfondi!

(Photo : freddie2310)

La santé des uns, l’argent des autres

Quand j’entends Douce me raconter des histoires d’horreur, comme celle à propos d’une madame à son travail qui a de gros problèmes de digestion, genre colon irritable, et qui se farcie tous les jours pour dîner des frites bien graisseuses avec une tonne de sel, et un quelconque sandwich style burger ou hot-dog, et qui passe son temps à se plaindre comme le gars dans « Super Size Me » que ça ne va pas très bien physiquement (et sûrement mentalement), je me dis qu’il serait peut-être temps de faire payer les gens pour leurs soins de santé. Parce que depuis très longtemps j’essaye de faire attention à ce que je mange, puisque je sais sciemment les risques de la malbouffe, comme j’ai aussi arrêté de fumer, parce que je n’ai pas le goût de « payer » plus tard, pour mes vices (inutiles) d’aujourd’hui. Et quand on sait en plus qu’il est possible de bien manger santé, des choses qui sont en plus plaisantes en bouche, objectivement, pour n’importe qui d’ouvert d’esprit et capable de changer ses habitudes, pourquoi je payerais pour les soins de quelqu’un qui vit comme sur une autre planète?

D’après le discours ambiant, les Québécois sont maintenant prêts pour le privé en santé, ils sont prêts à payer de leur poche. Et ce n’est pas très surprenant d’ailleurs, la santé est un sujet chaud depuis longtemps, nous connaissons tous les coupables, et ce n’est pas le privé. Non, lui, il a le beau rôle! Et en plus, ce qui est bien avec le fait de payer de sa poche, c’est que ça devient un bon investissement d’user du sens de la précaution, et comme disent les anglo-saxons : « money talks! » Mais je me demande si le privé détient le monopole de la caisse, tchic et tchic! et si le système public ne peut pas se diriger vers un système de tickets modérateurs réaliste, qui tiendrait compte de la capacité de payer, ce que la soif de profit qui vient avec le privé ne pourrait faire.

C’est la question que je me pose, car, éthiquement, je ne vois pas d’un bon oeil la venue du privé, ce privé qui a lui-même installé les mauvaises habitudes en jouant la carte du toujours plus de « goût », si on considère comme moi que l’alimentation est la donnée la plus importante en santé, et qui veux maintenant en récolter les fruits… Il faut ajouter que ce n’est pas l’État qui a encouragé les gras trans, les produits chimiques, l’hypersalinisation dans l’alimentation, même s’il a, je l’avoue, laissé faire. Mais nous savons tous comment les lobbys sont et comment ils couchent (métaphoriquement) avec le pouvoir.

Voilà ma position sur le sujet. Et je ne crois pas en plus à la supériorité intrinsèque qu’aurait le privé, mis à part la compétitivité. Même que sur certains points, il semblerait objectivement que c’est le contraire, entre autres au niveau des coûts. Je suis tout à fait d’accord qu’il y a un très gros problème avec la santé, mais je crois qu’il y a moyen de le régler sans devoir se départir de notre système public, ou même de le jumeler au privé.

Encore, regardons notre système d’éducation, séparé entre public et privé. Qui me dira sérieusement que le service est égal entre les deux? Et en plus, qui pourrait nier les subventions étatiques qui rendent le privé encore plus compétitif? J’ai bien peur que ça ressemblera à ça la santé : les pauvres avec de moins bons soins et de la plus longue attente que pour les riches. Deux classes de citoyens en tout. Et surtout, la généralisation de l’insouciante doctrine, qui nous pourri déjà et nous pourrira encore plus la vie : profitez maintenant et payez plus tard!

Je serai demain, mercredi le 20 février, vers midi, devant le Delta Centre-Ville, 777, rue Université, Montréal, à la manifestation anti-privatisation des soins de la santé.

(Photo : temporalite)

L’éthique au rang des tics

J’ai eu une discussion dernièrement avec Philippe David, le droitiste le plus sympathique que je connaisse (et, en passant, j’invite cordialement les autres droitistes capables de débattre sans trop se maquiller du dénigrement antigogauche primaire à se joindre à nous), au sujet du travail des enfants dans les pays du tiers-monde. Notre désaccord concerne surtout la primauté et la malléabilité de l’éthique. Moi je crois que l’éthique devrait primer : si le travail des enfants est inacceptable ici, il l’est tout autant pour ce qui est des enfants là-bas. Lui, de son côté, croit que c’est un moindre mal puisque ce serait seulement une étape vers une amélioration des conditions économiques de leur pays.

Incompatibilité manifeste, car en gros, mon analyse se porte vers le général, au contraire du particulier, sur un refus du statu quo, donc un remaniement total et titanesque de notre rapport au monde, tant au niveau sociétal qu’individuel : l’éthique comme grille d’analyse afin de modeler à notre image la mondialisation, au-delà de ces soi-disant avantages économiques, en majorité unilatéraux.

Je suis peut-être naïf, mais je ne crois pas qu’il est justifié de penser que les populations des pays pauvres ont à faire obligatoirement le même chemin de Damas que nous vers l’Illumination consommatoire. Nous ne sommes pas le modèle à suivre, et l’important réside à tirer les familles de l’extrême pauvreté, les entreprises n’étant que des outils pour arriver à cela. De plus, nous devrions tendre vers des vies modestes, par respect pour la vie, dans ce qu’elle a de plus magique. Et il n’y a rien de magique dans la mécanique économique, tout n’est que tentative de prédiction, et nous sommes loin de la mystique…

Justement, en parlant de prédiction, alors « que l’effondrement du marché de l’habitation a fait une hécatombe à Wall Street, John Paulson, gestionnaire d’un fonds spéculatif peu connu qui a flairé la débâcle deux ans plus tôt, en sort triomphant.

Ses fonds, qui affichaient une hausse de 15 milliards US en 2007 en raison d’un pari spectaculaire contre le marché du logement, lui ont permis d’empocher personnellement entre 3 et 4 milliards US — soit, paraît-il, le salaire annuel le plus élevé de l’histoire de Wall Street. »

Voilà un événement qui fait plaisir aux uns et déprime les autres, dont moi, qui trouve qu’une concentration de richesse de la sorte et aussi rapidement en une seule personne est indécente. La preuve, même le principal intéressé, que ce soit vrai ou faux, en son for intérieur, « a essayé d’être discret, expliquant qu’il répugne à célébrer tandis que la crise du logement cause tant de malheurs à d’autres. Il a dit à ses amis qu’il augmenterait ses dons de charité. En octobre, il a versé 15 millions de dollars au Center for Responsible Lending (Centre pour des prêts responsables) en vue de fournir de l’aide juridique aux familles frappées de forclusion. » On sent ici poindre un minimum d’éthique, effet de mode ou réelle gêne?

Je doute que l’on découvre un jour la réponse, mais 15 millions, ça reste quand même de la menue monnaie…

(Photo : omk1)

Philo so so…

Steve Proulx commence son texte d’aujourd’hui, « Pénurie de philosophes » avec cette prémisse :

Il n’y a pas de pénurie de philosophes actuellement. Et on ne prévoit pas une demande accrue pour des philosophes spécialisés au cours des 100 prochaines années. Par conséquent, l’État doit-il financer la formation de nouveaux philosophes?

La question est intéressante à considérer, j’en conviens. Et il continue en expliquant que la société à besoin de médecins, qu’il en manque 25 000, et qu’« En revanche, l’État n’a pas besoin de docteurs en philosophie, qui finiront par se trouver un poste dans une université, à former d’autres docteurs en philosophie. Ce n’est pas un jugement que je porte, mais un constat. »

La discussion à la suite du billet a porté majoritairement sur la nécessité des philosophes, partant du crétiniste « Autant les ignorer. Ils n’ont qu’à écrire des téléromans 😉» jusqu’au lumineux « On risque aussi de voir une demande accrue pour les philosophes dans le futur car, c’est une des seules spécialisation qui forme à l’analyse argumentative. Cette formation offre un avantage réel pour les employeurs quand il veulent former des spécialistes pour penser. Je pense particulièrement en matière de déconstruction des arguments politiques ou la rationalisation de problème complexe tel que la décision de gestion. Une personne formé à penser peut voir ce qui échape au monde des chiffres et présenter des solutions pratiques beaucoups plus efficace. »

Mon petit grain de sel à été :

Tout n’est question que d’historique. La religion, en se séparant de la philosophie s’est appuyée sur elle pour prendre le dessus, idem pour la science.

La philosophie est sourde, latente, comme l’art contemporain, d’où s’abreuve tout le reste. Assujettir la pensée et la créativité aux intérêts du libre marché serait une erreur de plus à ne pas commettre, parce que chaque compagnie sur terre aurait besoin de penseurs et de créatifs.

Et j’ose même aller jusqu’à penser que cela deviendra la norme, dans un monde éthique où les considérations environnementales, sociales et économiques seraient intimement liées. Parce que la fuite en avant vers le Saint-Profit amincit la pensée, étant donné que le but est tellement limpide, il est un repoussoir pour ce qui se place dans son chemin. Ce n’est alors pas surprenant de voir comment la philosophie est repoussée du revers de la main par ceux qui se drapent à profusion du « gros bon sens »…

Alors, quelle est la place de la philosophie dans votre vie?

(Photo : urbanmkr)

Embarque dans le dogme, mon Mario!

C’est presque par dépit que je saute dans le vide de la dernière lubie de Mario Dumont au sujet du cours d’éthique et de culture religieuse. J’emprunterai un angle personnel pour illustrer mon propos, car je vais revenir sur ma petite enfance.

J’ai eu une éducation religieuse, modérée, mais quand même. J’avais des cours de religion à l’école et je crois, si je ne me trompe pas, que les cours de morale sont apparus dans mon temps. J’ai même déjà été servant de messe, en plus.

Un jour, au début de mes études secondaires, j’ai été confronté au choix de suivre le cours de morale ou de religion et j’ai choisi celui de morale. Je me souviens aussi que les cours de religion m’emmerdaient royalement, alors je remercie le ciel (hé hé!) d’avoir eu une mère assez ouverte d’esprit pour me laisser faire ce que je voulais.

Pourtant, j’ai bien essayé de croire en Dieu quand j’étais petit, je priais tous les jours comme on me disait de le faire, j’allais à l’Église tous les dimanches, enfin presque… (La désertion des églises commençait partout, aussi chez nous.) Mais bon, peut-être que c’est parce que je suis un original, mais ça n’a pas marché, je n’y crois pas du tout. Mes frères et soeurs non plus.

En conséquence, je ne peux pas m’empêcher de penser que la foi se transmet majoritairement par la manière forte. Laissez le libre arbitre à un enfant et il fera son petit bonhomme de chemin en délaissant tout ce qui est endoctrinant : il choisira la liberté. Et ceux au bout du compte qui choisiront la religion en seront encore plus heureux, car il s’agira d’une vraie illumination! pas d’un concours de chien savant… (Oui oui, je sais que la manière forte a aussi donné de bons catholiques!)

Ainsi, notre vert-de-gris Mario, maître ès opposition, a choisi, vraiment sur le tard, de prendre le parti de l’endoctrinement au dépend d’une ouverture sur le monde, un enseignement plus global, que j’aurais bien choisis, quand j’étais petit. Il m’accuse moi, et tous ceux qui pensons que la liberté de penser et de connaître est plus importante que la place de la religion catholique au Québec, de vouloir regarder vers l’avant et d’espérer que nos jeunes feront de même, car le passé est garant de l’avenir, et il faut pouvoir analyser ce passé pour ne pas répéter les mêmes erreurs.

Mais je ne dis pas non plus qu’il faut mettre à la poubelle la religion catholique. Historiquement, elle nous a forgés, et nos sacres en sont une drôle de preuve! Il y a en elle plein de belles et bonnes valeurs, qui sont partagées par beaucoup d’autres religions et philosophies, et que partage aussi la majorité des incroyants, dont je suis. Et c’est bien là où je veux en venir : la religion semble être seulement le contenant d’un contenu plus grand qu’elle. Il me semble donc plus logique de privilégier un regard objectif sur ces contenants sous un angle historique, plutôt qu’un retour en arrière dogmatique.

Les dogmes sont pour moi comme des petites maisons bien basses et bien sombres, et les gens ont bien le droit de les entretenir si ça les enchante; mais justement, qu’ils le fassent à la maison! Et l’école servira à bien les éventer…

*

Voilà quelques liens vers d’autres textes intéressants sur la même question :

Mario sur la montagne de Lutopium (qui fait un rapprochement avec le temps des fêtes)

Mario Dumont enfourche le cheval de l’enseignement religieux à l’école sur Voix de faits

Démenti : les racines protestantes de la Nouvelle-France de
Dumont consolide son électorat

Ajout (avant dodo) :

Martin Petit se commet aussi… et joyeusement! : http://blogue.martinpetit.com/2007/12/16/guerre-de-cours-de-religion/

L’inutile réserve des restaurateurs

Devant les “réserves” qu’ont les restaurateurs du Québec à propos du projet de loi qui va modifier le Code de la sécurité routière en abaissant le taux maximum d’alcool permis dans le sang à 0,05, j’ai moi aussi une réserve, et une grande, mais au niveau éthique. Comment peuvent-ils justifier une position qui met en avant-plan leur futur et hypothétique problème de baisse de profits alors qu’il s’agit, à la base, de protéger la vie humaine?

Au-delà de la peur, ce qui est compréhensible et même logique, il semble que ce regroupement n’a pas fait ses devoirs avant de lâcher sa petite bombe. Il aurait été mieux avisé que l’Association des restaurateurs apporte quelques arguments arguant que ce changement serait inutile, ou du moins mitigé, au lieu de faire paraître tous ses membres comme des bébés gâtés par cette sortie hâtive. Mais, pour ma part, je pense que cette loi donnera de bons résultats, et que les automobilistes se responsabiliseront d’autant.

En Ontario, c’est déjà la norme depuis longtemps et il semble que ce soit pour le mieux : « Selon les estimations, l’instauration d’une limite légale de 0,05 % aurait permis de prévenir entre 185 et 555 décès sur les routes […] en 1996 seulement. » Cette information trouvée au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CTSM), établi en Ontario, illustre bien le choix entre la préservation possible de vies humaines et la sauvegarde de l’économie, ce qui est assez symptomatique du dilemme global actuel : tous les hypothétiques dangers envers la population sont malheureusement redevables de la bonne marche de l’économie. Aussi, penser à tout ce qui est dangereux et qui n’est pas encore banni est étourdissant. Mais bon, passons…

Mais, il faut aussi se rappeler comment on est monté aux barricades lorsque la loi antitabac arrivait aux portes des bars et comment la situation n’a pas été aussi catastrophique que ce qui était annoncé à grands cris. Il y a peut-être eu quelques fermetures, mais c’est peu cher payer pour l’amélioration des conditions des employés de bar en général et de l’influence que cela a eue sur l’abandon du tabac. Sans blague, est-ce que la situation économique des bars et des restaurants va si mal aujourd’hui? Non, bien sûr. Ça sera la même chose après l’adoption de cette dernière loi, même si, j’en conviens, il va y avoir assurément une période d’adaptation des consommateurs et des restaurateurs qui sera sûrement difficile pour certains de ces derniers.

Mais il est clair que la société pleure déjà et pleurera plus ses morts sur les routes qu’elle pleurera les restaurateurs qui feront faillite, s’il y a lieu…

(La photo provient d’ici.)

Ajout :

Tiens, je vais ajouter une lettre ouverte que je viens de lire à l’instant sur le site du journal Le Devoir, car j’aurais aimé l’écrire :

Le porte-parole de l’ADQ en matière de transports, Pierre Gingras, s’insurge déjà contre le nouveau projet de loi du gouvernement Charest visant à diminuer le nombre d’accidents sur nos routes. Pour lui, la ministre Boulet s’attaque aux honnêtes gens plutôt qu’aux criminels récidivistes. Or, nous tous, les «honnêtes gens», avons un sérieux penchant à la conduite risquée ou pour le moins discutable. Combien parmi nous conduisent le cellulaire à la main, ne respectent d’aucune façon la priorité des piétons, se foutent royalement des limites de vitesse, conduisent avec un verre de trop dans le nez ou accélèrent pour éviter de s’arrêter au feu de circulation?

Nous, les «honnêtes citoyens», sommes plus que mûrs pour les mesures que le gouvernement du Québec se propose de mettre en place. Il est d’une certaine façon bien tard pour le faire, mais un gouvernement responsable n’a plus le choix. Nous sommes souvent des inconscients et des indisciplinés sur les routes, et à elle seule une augmentation substantielle du nombre de policiers à l’affût ne suffirait pas. Oui, aussi, aux radars photo et aux caméras aux feux rouges. Jouer dans le trafic a plus que fait son temps.

Jacques Léger, Montréal.

DovAxe

Sur le web vient de faire apparaître un lien assez effrayant entre les campagnes de publicité de Dove — qui vante la beauté naturelle et est « présenté comme un programme d’estime de soi pour aider les femmes à se libérer des stéréotypes et des images d’hypersexualisation de la femme » — et celles des produits Axe qui, sans conteste, sont assurément très sexistes.

Bref, les publicités de Dove et d’Axe sont aux antipodes quant aux messages qu’ils envoient. Or, ils sont en fait deux produits vendus par la même compagnie: Unilever.

N’est-ce pas là un bel exemple de manipulation où chaque produit agit en contrepoids de l’autre étant donné la (trop) grande influence de la publicité sur la population et surtout sur les enfants?Un autre bon exemple d’éthique élastique que pratique le monde des affaires.Vous pouvez aller ici envoyer un message à Patrick Cescau, président d’Unilever, afin de lui faire savoir votre désaccord.

Maxi est mini

Je viens de voir un reportage à l’émission La Facture et son sujet est le même, enfin une partie, que j’ai abordé dans mon texte « L’éthique élastique » : les entreprises qui exigent d’avoir un pourcentage des recettes des collectes des emballeurs bénévoles pour leurs propres fondations caritatives. Dans ce reportage, c’est la chaîne Maxi qui est visée.

Est-ce qu’il est justifié qu’une compagnie multimilliardaire pige dans les poches des jeunes (qui ont travaillé fort pour leur propre cause) afin amasser des fonds pour leur propre fondation caritative, surtout quand cette pratique n’est indiquée nulle part et donc que les consommateurs qui font des dons n’en sont pas au courant?

Branchez-vous!

Certains se souviennent sûrement de l’épisode où j’ai critiqué fortement cyberpresse par rapport à sa politique de modération et son refus de laisser tous les commentateurs inscrire des hyperliens sur le blogue de Patrick Lagacé, entre autres (c’est le seul que je fréquente sur ce site, en fait). Pour ce qui est des blogues de Quebecor, je m’en fous, je ne veux pas les encourager et leur esthétique me fait mal aux yeux. Pour ceux sur le Voir, c’est un milieu fermé, même s’ils offrent des bonbons aux membres (et il faut être membre pour laisser des commentaires) et je ne pense pas qu’ils acceptent les hyperliens : en tout cas, je viens de faire un tour rapide des commentaires et il n’y en a pas — et ça ne me tente pas de faire un essai — si je me trompe, faites-moi-le savoir. Alors désolé Steve Proulx, si tu me lis en ce moment, je peux te dire que je ne te lis que sur Branchez-vous car il y a au moins la possibilité de laisser son adresse de blogue en lien sur la signature : si je dépense de l’énergie pour écrire un commentaire sur un blogue, j’aime au moins avoir l’impression que quelqu’un va pouvoir venir me visiter facilement ici s’il trouve mon commentaire intéressant, et je ne pense pas avoir à expliquer que c’est la récompense des blogueurs bénévoles ça…

Et mon billet d’aujourd’hui concerne justement le blogue Opinion de Branchez-vous. Le dernier texte de Steve Proulx est au sujet de la nouvelle prétention « verte » de Wal-Mart et, en plus de mon commentaire, je trouvais à propos de laisser un lien vers mon texte, « L’éthique élastique », qui discute de l’emploi de gens bénévoles au Mexique comme emballeurs (payés donc seulement à pourboire) : dans le sens où il faut être vigilant, étant donné que cette compagnie ne respecte même pas son propre code d’éthique. Mais le site n’accepte que d’exposer les hyperliens en format texte. Alors, j’ai collé mon texte, ce qui donne un très long commentaire…

Je pense qu’il faut toujours avoir en tête que le web repose sur la possibilité et la facilité de rejoindre toute information. Si ça bloque d’un côté ou de l’autre, y’a un problème à mon avis. Est-ce que ça serait trop de qualifier ce problème d’éthique?

Je me demande bien pourquoi le site fonctionne comme ça. Pour empêcher les spams? Moi j’ai bien peur que ce soit pour minimiser les possibilités de sortir du site. Je le répète, mais le médium blogue implique le plus possible d’interactivité. Si le terme blogue est utilisé pour « faire beau » ou pour attirer des lecteurs vers des chroniques (ce qu’ils sont en fait, surtout si l’auteur ne dialogue jamais avec les commentateurs), je trouve ça très discutable… Ça ressemble à de la récupération dans un but mercantile et publicitaire. Le pire, je critique et je sais très bien que Branchez-vous s’est associé avec Cent Papiers, et que je suis un de leur collaborateur. Est-ce que je vais me la fermer pour ça? Non. Est-ce que je vais organiser un boycott des blogueurs contre ces sites qui nous mettent des bâtons dans les roues, pas certain encore, mais ça me tente. Beaucoup.

(Vous remarquerez que je ne me suis pas donné la peine d’ajouter des hyperliens dans mon texte, mis à part ceux qui se rendent vers mes textes. Pourtant, il y en avait beaucoup à ajouter, j’essaye de le faire justement habituellement — même si c’est long — parce que je crois à la dynamique des blogues : et je veux prouver par cela que c’est un petit jeu qui se joue à deux… Bon, je n’ai pas une moyenne de 1000 clics par jour, mais ça sera ça de moins pour eux, possiblement, hé hé!)

Alors, est-ce que ce message va se rendre jusqu’aux bonnes personnes? Je tente le coup sans rien forcer de plus, pour ma part…

L’éthique élastique

Une nouvelle parue voilà quelque temps m’a beaucoup choqué. Sous le titre « Wal-Mart profite de bénévoles au Mexique », l’article paru sur « lapresseaffaires.com » explique que cette compagnie a recours à de jeunes bénévoles pour combler ses emplois à l’emballage. Superama (le nom qu’utilise la compagnie là-bas) fourni des macarons où on peut y lire : « Nos emballeurs ne reçoivent aucun salaire, seulement les pourboires que vous leur donner. Superama vous remercie de votre compréhension ».

Il faut aussi noter qu’au Mexique cette façon de faire est légale. Alors, étant donné que cette compagnie en profite même si « le code d’éthique de l’entreprise, supposé être appliqué à tous les magasins exploités par Wal-Mart à travers le monde, interdisant explicitement le travail sans rémunération de ses “associés” », nous sommes en droit de nous demander si elle est intrinsèquement éthique, ou seulement assujettie à la baisse par rapport aux règlements, selon l’endroit où elle opère. Pour être mesquins, nous pourrions aller jusqu’à nous demander si Wal-Mart achèterait des esclaves si c’était possible et bien vu de le faire dans un autre pays…

Aussi, selon l’article, les « opérations mexicaines de Wal-Mart sont très profitables, générant un bénéfice net de 1,148 G$ US en 2006. Les derniers profits trimestriels montrent une hausse de 7 % par rapport à la même période l’an dernier, à 280 M$. » Pour sa défense, l’entreprise « affirme également ne pas être le seul détaillant à avoir des emballeurs “bénévoles” ». Nous voilà rassurés…

Cette nouvelle est choquante, mais elle l’est encore plus quand nous savons que ça se passe ici aussi, mais à un autre niveau, et peut-être plus qu’on le pense. Un ami à moi, professeur, a fait « affaire » avec Canadian Tire pour ramasser des fonds afin de financer une activité parascolaire : ces étudiants ont fait le travail d’emballeur pour le magasin bénévolement en échange des pourboires des clients. Le pire, c’est que le magasin a exigé d’avoir un pourcentage des recettes de leur collecte pour leur propre Fondation… Encore, pour ajouter à l’indignation, il m’a raconté que la directrice qui s’occupait d’eux exigeait d’avoir quelques étudiants bénévolement pour ramasser les paniers dans le stationnement, une tâche qui est faite par un employé habituellement : ce qui fait moins de jeunes pour amasser du pourboire. Pas fort… Le pire, c’est qu’il parait que ça fonctionne comme ça partout.

En gros, la critique que je peux faire de ces deux entreprises (même si Wal-Mart a aussi sa propre fondation), et même en extrapolant pour les chaînes en général, c’est qu’elles prennent beaucoup pour redonner peu, au final. L’éthique semble élastique et sert alors plus au marketing qu’à l’aide à proprement parler : qui n’est donc pas désintéressée. Pour les deux entreprises mises en exemple, le fait d’économiser des salaires ici et au Mexique en est bien une preuve flagrante, surtout quand on sait que ces montants ne les conduiraient pas à la faillite, loin de là.

En conséquence, je crois qu’il faut s’inspirer de ces faits pour analyser notre société et prendre nos décisions sur le choix de tomber dans une libéralisation à outrance, ce qui voudrait dire moins de réglementation. Si l’éthique devient seulement garante d’un système économique qui considère les individus comme des données négligeables, les éléments sans âme d’un calcul (les poussant de ce fait à privilégier des valeurs matérialistes et égoïstes afin de survivre), elle sera diluée au point où elle n’existera plus, finalement.

"L’art pipi-caca-yark" ?

Photo d’Orlan, artiste qui travaille son corps-canevas par la chirurgie esthétique.

Le texte de Steve Proulx aujourd’hui sur le blogue Opinions du site Branchez-vous m’a fait beaucoup réagir. J’ai écrit un long commentaire et je voulais le partager avec vous ici :

Si ce n’était de cette phrase, « Parce que la masse ne s’intéresse plus aux arts visuels, les artistes doivent faire dans le scato, le dégueu, le scandalisant pour espérer attirer l’attention. », je croirais votre analyse simpliste. Par contre, ce constat me fait penser à ceux qui chialent contre le BS en général parce qu’il y en a qui reçoivent des chèques même s’ils n’en ont pas besoin. Pour avoir fait mes études en arts visuels justement, je peux dire que la diversité des démarches est aussi importante que dans n’importe quel art : le fait de ne pointer que les démarches extrémistes ne fait que mettre de l’huile sur le feu de l’incompréhension générale par rapport à l’art visuel. C’est comme si les gens n’entendaient parler de musique que lorsque des artistes comme Marilyn Manson sortaient des albums… Ou Boredoms (groupe noise japonais)…

En tant qu’étudiant dans ce domaine, je me suis vu confronté au dilemme de faire des démarches dans le sens d’en vivre, avec l’aide des bourses, et j’ai plutôt choisi de mettre cette partie de moi en plan et de l’analyser par l’écriture. Ç’a donné un roman qui expose, entre autres, la démarche tellement extrémiste d’un artiste (qui veut installer une oeuvre dans une propriété privée après y être entré par effraction) que la fiction romanesque était la seule manière possible de le présenter (pour ceux que ça intéresse, j’en publie une partie chaque semaine; le lien est sur mon blogue et le titre est : Auréole instantanée). Et il va sans dire que ce roman n’a pas été retenu par les maisons d’édition où je l’ai envoyé, et je ne veux par démarrer un débat sur sa qualité, les commentaires que j’ai eu de ceux qui l’ont lus sont assez éloquents pour me permettre de croire qu’il est au moins bon, passable au pire (et combien de roman passable selon vous il y a sur les tablettes des librairies?)…

Alors, c’est certain que votre texte m’interpelle beaucoup puisqu’en grande partie, ma réflexion vient du fait que le grand public ne s’intéresse à l’art que dans les moments où il y a scandale, ou lorsque les moyens et les projets sont tellement gros que les médias ne peuvent passer à côté. En passant, pour ce qui est de l’exposition « Le monde du corps 2 », on ne peut pas la catégoriser dans l’art visuel, le côté scientifique est trop présent, et sans ça, c’est éthiquement indéfendable : ce n’est pas pour rien que c’est diffusé au Centre des Sciences… Et en plus, il n’y a, en dehors de la technique et d’un certain talent d’arrangement, qui se rapproche plus de l’étalagisme à mon sens, pas grand-chose d’artistique là-dedans…

Mais je pense juste qu’il y a un problème d’éducation et de diffusion. Et j’en ai eu la preuve hier. J’ai repeinturé ma cuisine dernièrement et ma copine avait invité ma voisine (une septuagénaire, veuve à la retraite, sans trop d’éducation) à venir voir le résultat. J’étais plus loin et je les entendais parler d’une de mes oeuvres, installées dans la cuisine. C’est un (faux) mur de gypse recouvert de tapisserie où trône, accroché à un crochet, une poêle enfoncée (comme si on avait frappé quelqu’un avec) recouverte de petits coeurs découpés dans la même tapisserie. C’est comme si la partie de mur avait été arrachée parce que la découpe est irrégulière, brisée. Ma copine m’a confirmé après coup que ma voisine a vraiment aimé ça même si je n’y croyais pas du tout. En fait, ça m’a beaucoup surpris parce que cette oeuvre a été chez un ami pendant quelques années (il pensait peut-être l’acheter) et il me l’a redonné parce qu’il s’obstinait trop souvent à son goût avec des visiteurs, parce qu’ils la trouvaient trop bizarre…

Alors, la grosse question à mille piastres : est-ce que ce sont les artistes qui vont trop loin ou c’est la majorité du grand public qui n’est pas capable de suivre, de s’ouvrir à autre chose que de l’illustration ou de l’abstrait décoratif? Je considère les arts visuels comme étant le résultat de recherches aussi importantes que la science, c’est simplement que les gens n’ont pas de respect pour ça étant donné que ce n’est pas utile à court terme. Pourtant, culturellement, tous les arts et surtout la pub, donc le graphisme, sont influencés par les oeuvres avant-gardistes, tant décriés par le passé. Je ne donnerai pas d’exemple, il y en a trop, mais il m’arrive souvent de voir des influences de la sorte dans la pub. Ça me fâche même des fois, car je me dis que l’artiste a eu une vie difficile et que le graphiste qui le cite (ou l’imite) est grassement payé pour le faire…

De gavage en gavage

Ce texte est paru le 11 juillet sur Un homme en colère, je l’ajoute ici pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu.


Avec toute cette histoire de cruauté aux Élevages Périgord, ce qui pour moi ressort, après avoir visionné l’extrait sur YouTube, c’est la facilité avec laquelle nous pouvons faire abstraction du fait que nous sommes en majorité carnivore et que l’élevage et l’abattage ne sont pas des processus très joyeux à la base.

Donc, je crois qu’il faut faire la distinction entre le crétinisme de certains employés de cette compagnie et le gavage en tant que tel, procédé traditionnel qui est assez discutable, même s’il n’y avait pas les autres images de pure cruauté pour l’accompagner. Tant mieux si par la même occasion nous nous questionnons sur cette pratique remontant à l’Égypte ancienne, et interdite dans plusieurs pays. Mais comment séparer le vrai du faux quand, selon Wikipédia, deux instances européennes se contredisent en stipulant soit qu’« aucun animal n’est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu’il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles », soit que « le gavage, comme il est pratiqué aujourd’hui, est préjudiciable au bien-être des oiseaux »?

Aussi, il ne faut pas oublier, dans le cas de la brutalité, qu’il est très possible que ce genre d’écart de comportement ait lieu, avec plus ou moins de gravité, dans tous les élevages et les centres d’abattage. Car, malheureusement, je ne crois pas que l’éthique de ces compagnies va jusqu’à des mises à pied pour ses employés cruels sinon la peur de perdre son travail freinerait ces débordements. Alors, il est vraisemblable de penser que ce genre d’entreprise est plus propice à ces comportements brutaux étant donné que ces animaux sont considérés premièrement comme des produits et non comme des êtres vivants, à l’instar de nos animaux de compagnie.

En contrepartie, j’ajoute ces deux commentaires de Moskoo, un utilisateur de YouTube, qui représente bien l’avis des personnes qui ne se laisseront pas impressionner par le message du Réseau d’action globale, ceux-là qui ont amorcé cette campagne :

Moi, ça m’empêchera pas d’aller savourer la cuisine de Martin Picard ou le foie gras de mon charcutier. Vous êtes naïfs si vous pensez que l’abattage est un truc doux et sans violence… Mangez donc des produits hyper-transformés à base de soja pour le restant de vos jours si vous avez le coeur trop sensible.

4 minutes sur 100 heures de tournage, c’est pas grand chose. Surtout qu’ils semblent mettre à jour de mauvais employés plutôt que des pratiques courantes. C’est sûr que lorsqu’on est des militants végétariens, on ne doit pas être de gros amateurs de foie gras.

Et appeller au boycot d’un produit qui se détail à près de 200$ le Kg, ça interpelle pas grand monde.

Cela m’amène à la considération monétaire qui va avec ce produit de luxe. Premièrement, il est clair que cette personne est assez en moyen pour consommer à répétition et apprécier ce produit. Aussi, que son plaisir est plus important que son possible dégoût par rapport à cette pratique puisque son commentaire tente sciemment de rabaisser le gavage au même niveau que la production de viande. Pourtant, il y a une forte différence entre une vie d’oiseau assez normale, selon les conditions plus ou moins bonnes des différents élevages, et de se faire rentrer un tuyau dans le gosier jusqu’à être atteint de stéatose hépatique, maladie du foie gras. Conséquemment, il serait assez facile de dire qu’une personne amateur de ces produits sachant très bien en quoi consiste le gavage et qui s’en fout peut très bien en même temps se foutre du sort de la majorité des humains : mais je ne l’affirmerai pas tout de go, je lance seulement l’idée comme ça…

Pour terminer, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec ces fillettes dans certains pays d’Afrique qui se font gaver de force pour être grosses, afin de plaire à la majorité des hommes qui ont un penchant pour l’obésité féminine, et qui donc vont se marier le plus rapidement possible, partir vivre en concubinage afin de ne pas être un « poids » pour la famille, pauvre de surcroît… Par chance, c’est une pratique qui tend à s’amenuiser entre autres en Mauritanie puisque le gouvernement a demandé aux femmes de se lever et de participer à l’économie du pays. Encore, il existe aussi l’« auto-gavage » qui se pratique chez les femmes et les adolescentes avec des médicaments pour faire grossir les animaux, mais il est démontré que par contre l’influence européenne de la mode aide de plus en plus ces Africaines à désirer plutôt la minceur.

Dans ces deux cas, ces ignominies sont bien culturelles et c’est heureusement une bonne chose qu’apporte la mondialisation de mettre en évidence pour le plus grand nombre des influences et des connaissances qui permettent de tendre vers un monde moins cruel et un peu plus mené par le « bon sens ». On se le souhaite encore plus pour l’avenir.


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