Posts Tagged 'Accommodements'

BT : nous avons accepté quoi? (bis)

Avec tout l’énervement dû au Blogu’Or et ma joie d’annoncer ma paternité prochaine (merci beaucoup encore pour vos félicitations! vous me rendez tous bienheureux!), j’ai complètement oublié de vous faire part de la publication hier matin de mon dernier billet sur Branchez-vous! qui discute d’une des prémisses du rapport Bouchard-Taylor. La discussion va déjà bon train avec plus de cinquante commentaires.

Et en parlant de commentaires, je les ferme ici, car c’est là-bas que ça se passe, ne soyez pas gênés! 😉

C’est le Jour B-T!

Je ne sais pas pour vous, mais le dévoilement aujourd’hui du rapport Bouchard-Taylor crée chez moi beaucoup de fébrilité. C’est un peu normal, car cela est plus important, par exemple, que toute sortie culturelle, enfin, pour ceux qui comme moi pensent en d’autres termes que seulement leurs petits plaisirs immédiats… Une société se bâtit sur le long terme, il faut bien y jeter un coup d’oeil de temps en temps!

Je connais beaucoup de gens comme ça qui ont évacué de leur vie toute considération qui toucherait un tant soit peu au politique, et cela m’attriste, car plus les gens vont rester dans leur coin, moins les décisions de nos gouvernants reflèteront les désirs de la population. Alors, tant qu’à avoir payé collectivement 5 millions pour ce rapport, il faudrait bien qu’il ne se retrouve pas tabletté comme les autres…

En passant, j’ai pondu ce matin un texte, pour publication chez Branchez-Vous!, en lien avec la question linguistique, incluse bien sûr dans ce rapport, et j’aimerais vous inviter à venir y jeter un coup d’oeil, puis si ça vous chante quelques coups de touches sur votre clavier pour y exposer vos vues!

(La photo provient d’un billet du blogue de David Chrétien : « Rapport Bouchard-Taylor, constructeur de tablettes demandé », hé hé!)

Le mystère René-Daniel Dubois

Le passage de René-Daniel Dubois à Tout Le Monde En Parle a été pour moi et pour plusieurs comme un peu de lumière dans la pénombre. Ça me parle beaucoup quand il dit que plus de 200 personnes de talent, des hypothétiques artistes de la trempe de Tremblay et Lepage, ont été scrapés par notre foutue société d’incultes. Et le mot « inculte », je le lui mets en bouche pour synthétiser, car ce terme représente bien sa charge contre l’inexistence culturelle, où la culture est désincarnée par le vedettariat, incluant ou non l’art (là, j’outrepasse sa pensée, je remplis les trois petits points…). Différents points de vue, même combat.

Mais j’ai titré mon billet en incluant le mystère pour une bonne raison, je ne comprends pas, ou mal, sa position antisouverainiste. Il a passé un bon moment dans l’entrevue à parler du Québec et de notre place dans le monde avec son image de la cour d’école, alors que nous serions le seul étudiant sur 1000, ce qui je crois est en complète contradiction avec l’idée de notre place dans le statu quo canadien et qui, lorsque quelque chose de nous brille dans le firmament mondial, fait briller le Canada et non le Québec, mis à part peut-être pour les pays francophones, enfin certains. Nous souffrons alors d’une extinction de voix!

Aussi, dans la même veine, son texte qui est paru dernièrement sur le nationalisme me laisse encore pensif : jusqu’où peut-on gonfler la définition de ce terme? Quand il écrit que « Le nationalisme, c’est le contraire de la démocratie », il l’instrumentalise et le place dans la bouche de ses ennemis, et encore mieux, il l’instrumentalise d’autant plus pour sa propre analyse. Pour ma part, j’ai essayé, peut-être maladroitement, de le réduire à un pragmatisme que je voulais au mieux relaxant, en insistant sur la langue commune, le français, mais je vais oser le réduire à une chose encore plus simple : le nationalisme, c’est la reconnaissance, c’est se reconnaître, dans son sens le plus large et le plus humaniste, ça pourrait se référer par exemple au seul fait d’avoir une adresse; aujourd’hui, surtout, c’est pouvoir élargir cette reconnaissance et arriver à y inclure de plus en plus de diversité. Au-delà de ça, c’est l’Histoire qui devient le moteur de l’acharnement contre les singularités, comme nous l’avons bien (ou mal) vu avec le cirque Bouchard-Taylor.

Au-delà de ce bémol, en fin de compte, pour ne pas trop m’éterniser, ce que je comprends de cet homme, en réécoutant son entrevue à répétition, c’est qu’il désire nous brasser en se plaçant lui-même contre nous tous, de quelque côté que nous soyons. Je l’applaudis ici à ma manière.

En attendant le rapport Bouchard-Taylor

Dans le livre « La philosophie pour les nuls », il y a un encadré assez intéressant. Il porte le titre de « La politique de la reconnaissance ».

Le Canadien Charles Taylor est le principal théoricien de cette « politique de la reconnaissance », qui est au coeur de la conception et de la pratique du communautarisme.

D’après cette théorie, les différences culturelles représentent une expression essentielle de la dignité humaine. Lorsqu’un État, au nom de l’unité de la nation ou de la république (comme en France) entrave ou interdit la liberté des croyances et des coutumes traditionnelles, il commet une injustice majeure. La reconnaissance des différences culturelles est, aux yeux des communitariens, aussi importante que l’égalité des droits économiques et sociaux.

Cela nous donne un minime aperçu de ce que seront les recommandations des commissaires Bouchard et Taylor à la suite de la commission du même nom…

Et pour rester encore dans le sujet du livre, il contient un passage sur nous!

Internet, à la fois vecteur et signe d’une mondialisation qui ne fait que naître, donne à la philosophie une existence publique qu’elle n’avait jamais eue auparavant. Des milliers de bloggers (sic) anonymes lancent des idées dans cet océan de signes, se réunissent en forums de discussions, échangent leurs arguments. Jamais dans toute l’histoire passée on n’aura autant philosophé qu’aujourd’hui.

Lettre à Allen Nutik

Monsieur Nutik (à l’attention de mon lectorat : je viens de recevoir une demande d’aide au français de la part du chef du nouveau parti Affiliation Québec, Allen Nutik, pour la version française de leur site web, à la suite de mon billet sur leur acceptation par le DGE),

désolé de vous décevoir, mais, comme vous le savez sûrement, aujourd’hui la crise linguistique prend du poil de la bête avec les cachotteries du parti Libéral au sujet de la situation difficile du français à Montréal, et même à la grandeur du Québec, qui s’ajoute au constat récent du JdeM, alors je vais diriger mes énergies et mon temps disponible de ce côté-là. En espérant que votre déception sera contrebalancée par la visible et audible vigueur de votre communauté linguistique.

En espérant que vous vous trouverez un francophone assez gentil pour vous aider, ce qui ne devrait pas être très difficile à trouver, vu la situation, ils sont majoritairement très accommodants…

Pour ce qui est de la crise, si vous n’êtes pas encore convaincu, je peux vous aider à jubiler (happy happy joy joy!) en vous laissant quelques hyperliens utiles :

Les allophones choisissent l’anglais au collégial

Français : Québec dissimule des statistiques

Québec tait des données alarmantes

Cacher le dégât

De la bombe

Bonne lecture!

Hope & Fear Series by Phillip Toledano

J’ai découvert le photographe Phillip Toledano via le copain iamwormbuffet aujourd’hui, ou plutôt hier, vu qu’il est passé minuit. J’ai pas mal fait le tour des photos sur le site et c’est celle-là qui m’a semblé la plus proche de notre actualité…

Plogue du jour

Mario Dumont ne présentera pas (pas plus que son parti – si on peut les séparer…) de mémoire à la Commission Bouchard-Taylor… L’avis et l’analyse de mon ami du blogue Regard Urbain est probant, à mon sens.

Sur la question linguistique : pour un nationalisme pratique

Bien qu’il ait été analysé de toutes les manières, je crois que le problème linguistique du Québec repose essentiellement sur l’aspect social puisqu’il transcende toutes les questions culturelles et religieuses qu’apporte le présent débat sur les accommodements; justement, le fait que cette commission se déroule en français est déjà une bonne piste de réflexion. Et ce problème serait même au-delà de l’éthique, de la morale, car il s’appuie sur un acquis de taille : la majorité des citoyens du territoire du Québec utilisent le français, dans sa version américaine, afin d’interagir.

Et c’est bien là son utilité : se comprendre entre nous dans un territoire donné. Alors, à mon avis, le « nous », ne tient qu’à cela. Exit la couleur de la peau, exit la religion, exit même la culture : la langue française est le contenant tout en étant le véhicule, émouvant et mouvant, émouvant dans sa mouvance. Ainsi, la passion, pour l’antagoniser avec le sens pratique, en devient le résultat et non le moteur. La différence est ténue, mais compte pour beaucoup dans le calcul. Il n’y a qu’un pas de la passion jusqu’à la guerre…

C’est pour cela que je prône ici un nationalisme pratique, extérieur à la passion, pour qu’elle en fleurisse plus aisément, en fin de compte, au travers du tissu serré de nos nouvelles interactions interculturelles et interraciales. Parce qu’on le voit bien, la passion qui s’appuie sur la tradition, a priori, est la plupart du temps réactionnaire, destructive, négative. Un nationalisme qui ne s’appuierait que sur le consensus linguistique serait comme une remise à zéro, un moment charnière, d’où pourrait ressortir quelque chose d’important, de concluant.

Puisqu’en fait rien ne justifie la poursuite du rêve francophone en Amérique sinon sa seule existence, son usage; nous devons par conséquent gager sur son côté utilitaire pour assurer sa pérennité. En somme, il faut que le français soit utilisé par le plus grand nombre possible et qu’il soit à la base de tous nos rapports sociaux, parce qu’il est fonctionnel, inclusif, et non pas parce qu’il serait un boulet issu de l’histoire, un résultat fortuit, interchangeable. Il est vivant parce qu’aujourd’hui on en use. Quelle meilleure preuve et quel meilleur argument pouvons-nous avoir?

Qui sera alors contre le fait de vouloir réunir la totalité de la population autour d’un code commun qui s’actualiserait par le français? Alors, qui pourrait être d’accord avec ce projet et refuser en même temps toute idée de réglementation dans ce sens, comme entre autres, celui que le Parti Québécois propose?

Au-delà de la politicaillerie et des grands discours, il va bien falloir un jour trancher dans le compromis canadien, le multiculturalisme, le bilinguisme officiel insidieux, asymétrique, parasite maladroit du bilinguisme volontaire, utilitaire, qui lui s’appuie avec raison sur le statut mondialisant de la langue anglaise. Il faudra faire le tri.

J’ose croire que sans le couperet référendaire, la population va enfin accepter de se mouiller afin d’établir un plan linguistique logique, qui clarifiera sa position au-delà de la mondialisation anglicisante, justement. Sinon, aussi bien passer à un autre niveau et accélérer l’assimilation en intégrant la totalité des nouveaux immigrants par l’anglais et en offrant des cours d’anglais gratuits pour la population francophone.

L’entre-deux-chaises devient franchement imbuvable… et surtout, improductif.

(La photographie provient d’ici)

La religion est un luxe, comme le macramé…


À la lecture de la lettre « La liberté religieuse et les catholiques d’ici » de Michel Labonté, publiée dans Le Devoir.com, je ne peux que rétorquer que la religion est un luxe que toute la société ne peut plus prendre en charge, puisque l’auteur, comme la Coalition pour la liberté en éducation (CLE), semble penser que l’éducation se doit d’être en partie religieuse pour qui le désire. Et ce n’est pas tant le concept de la laïcité qui m’anime, mais bien plutôt le bon sens.

Je semblerai extrémiste, mais les familles religieuses devraient avoir le courage de leurs convictions et s’occuper elles-mêmes de l’éducation religieuse, et à leur frais, et selon leur disponibilité temporelle, si justement leurs convictions sont solides à ce point. Le temps imparti à l’éducation des enfants québécois ne devrait pas être tronqué d’un temps alloué à l’éducation religieuse, car ce sont les enseignements les plus subjectifs qui soient, et le nombre de religions et de confessions différentes en est bien une preuve flagrante. Est-ce que les parents ont le choix sur l’enseignement de la mathématique, du français, de l’histoire? Non. Si dans ma famille nous sommes des amateurs de macramé, est-ce que nous allons exiger de l’État de fournir pour nos enfants des cours de macramé?

L’éducation doit rassembler par des connaissances en dehors de la religion et le nouveau cours, Éthique et Culture des religions, qui remplacera les traditionnels cours de religion et de morale, sera plus adapté à la pluralité ethnique, à l’ouverture sur le monde, à la connaissance historique des religions et surtout, à l’éducation citoyenne. Il est clair que cela n’aidera pas à l’endoctrinement religieux des jeunes, mais est-ce que ça ne serait pas une très bonne chose pour tout le monde? Et, de toute façon, est-ce qu’un croyant bien avisé ne serait pas un meilleur élément pour un regroupement religieux?

Photo de Eduard.

Ajout (mercredi 14h45) :

J’aimerais ajouter ici un commentaire anonyme que j’ai reçu par rapport à ce même texte, publié sur Cent Papiers, et qui fait paraitre mon propos assez modéré… quand même! Le voici :

Non non et non, l’éducation religieuse, sous toutes ses formes, doit être proscrite du cadre laïc d’enseignement public.

Même « l’initiation à ».

Je crois fermement qu’un cours de « pseudo-socio-théologie » est aussi prioritaire que l’enseignement du tricot.

Notre « sacré », ce sont les lois et les droits. Éduquons nos citoyens, nous, sur notre État. J’opterais pour l’enseignement de notre VRAI Bible, le code Civil/Criminel et l’approfondissement de nos textes de lois et de droits.

Même l’enseignement du Code du travail dans nos classes serait plus profitable que l’enseignement de la théologie.

La VRAI morale laïque, les droits d’États.

Notre ignorance crasse en la matière, lorsque nous sortons des bancs d’école, est franchement honteuse.

Arrêtez de polluer le système public avec votre novlangue québécoise et les cours bonbons et propagandistes.

Le sens des accommodements est un puits sans fond…

Je fais écho ici à un texte de mon ami Alain B. Ce texte décrit en long et en large, avec un argumentaire tant historique que sociologique, sa déception suite au dernier sondage qui donne : « 65% des gens pensent que les petites musulmanes ne devraient pas pouvoir porter leur foulard à l’école ». Je le comprends tout à fait, même si, pour moi, dans un monde idéal, la religion ne devrait pas avoir « pignon sur rue », car dans le fond, quelle est la différence entre un homme-sandwich qui publicise un produit de consommation et quelqu’un qui affiche sa religion par un vêtement symbolique? Le premier comme le deuxième ont le droit de le faire, et j’ai le droit d’être d’accord ou non dans le privé de ma petite tête. Et surtout, j’ai le droit d’arborer des cheveux longs, ce qui, pour beaucoup de gens, est quand même synonyme de marginalité. Je me demande bien quel serait le résultat d’un sondage sur la question des hommes aux cheveux longs…

Mais là où je ne le suis pas, c’est quand il fait un parallèle avec l’orthodoxie de certains hommes juifs (qui demandent par exemple des accommodements pour ne pas avoir à faire avec des femmes) et « les jeunes gauchistes marginaux et idéalistes qui rejettent le système marchand qui, selon moi, leur permet d’exister » :

Que « La même proportion de répondants s’oppose à la demande des hassidim d’obtenir un évaluateur masculin pour un examen de conduite à la Société d’assurance automobile du Québec, » là aussi, je suis complètement dans la mouvance. Je vous confesse même le léger plaisir mesquin que je ressens à l’idée de l’Hassidim borné dont la « performance » est soudainement soumise au jugement d’une femme qui a l’autorité de lui dire qu’il « n’a pas les talents nécessaires » si c’est le cas. Le « raisonnement » qui me passe par la tête dans ce cas-ci est, j’imagine, semblable à celui de la moyenne de mes compatriotes: Tu as choisi de vivre selon des règles strictes et anciennes qui te viennent de Dieu, M. Hassidim? Très bien. C’est ton droit (et celui de ton épouse.) Mais n’oublies pas que tu vis dans une société qui a fait des choix différents. Et lorsque tu as affaire à l’appareil d’État de cette société, c’est à toi de t’accommoder. Sauf que j’ai la même attitude envers les jeunes gauchistes marginaux et idéalistes qui rejettent le système marchand qui, selon moi, leur permet d’exister: Vas-y avec ta simplicité volontaire et ton dumpster diving freeganistique, tu as mon respect car tu vis tes convictions (tout comme l’Hassidim,) mais ne viens pas ensuite me dire que tu as faim et que je dois contribuer davantage de mon pécule pour ton bien-être. La société a fait des choix différents et si tu veux y vivre en marge, très bien, mais accommode-toi.

Je crois qu’il ne faut pas mélanger les choses. Je crois surtout qu’il faut éviter de diaboliser la gauche en la vidant de tout son sens pratique. Donc, je ne crois pas que la simplicité volontaire est un chemin direct vers l’assistance sociale et pire, l’itinérance. Aussi, je ne crois pas que le rejet du système marchand s’accompagne obligatoirement d’une volonté de scission avec la société pour ceux qui la rejettent. Et je ne peux pas m’empêcher de dire que ce propos me fait joyeusement penser à ceux qui pensent que de prendre une bouffée de marijuana mène automatiquement au crack…

Je suis pour la décroissance, je suis donc pour un capitalisme responsable : j’ai bien de la difficulté à m’accommoder du fait que le capitalisme actuel fait la promotion de valeurs matérialistes pour aider à la vente de ses produits de consommation qui veulent combler en majorité des besoins secondaires et créés de toutes pièces. C’est pour moi un accommodement beaucoup plus difficile à accepter que celui de voir une petite fille avec un foulard islamique et pourtant la majorité de la société embarque dans le bateau onirique de la surconsommation sans trop rouspéter.

Donc, vivement une séparation claire entre la métaphysique et le physique, même si la métaphysique semble avoir des répercussions sur le physique : les guerres basées sur les religions en sont un bon exemple. Et toutes ces questions éthiques et morales qu’apporte ce débat sur les accommodements ont beaucoup plus à voir avec la métaphysique contrairement aux questions politiques de la gauche et de la droite, qui concernent beaucoup plus le physique, le matériel, même si cela semble s’auréoler de l’idéologie. Mais c’est vraisemblablement une autre question à régler, même si elle semble très connexe, car je ne crois pas que notre bonne Terre va s’accommoder très longtemps de nous…

Ajout (vendredi 11h30) :

Si cette discussion vous intéresse, elle se poursuit ici.

La blogosphère me donne du chien!

Sur la rue vers 5h30, je marchais vers mon travail quand je vois de loin un quêteux cinquantenaire, avec le traditionnel verre en carton, qui s’obstinait avec une religieuse noire, lui sur le trottoir, elle sur le haut des marches d’une Église. Alors que j’arrive tout près, j’entends l’homme qui dit tout haut :

— …c’est mon pays ici, c’est pas à toi! bla-bla-bla…

Quand je l’ai croisé, je lui ai donné une petite tape sur l’épaule et, quand il m’a regardé, je lui ai fait un signe plat de la main, une invitation à la détente… Et j’ai rajouté, d’un ton excédé et bien baveux :

— Tu devrais te calmer!

Alors que je continuais mon chemin, il a baragouiné assez fort quelque chose d’inintelligible et je me suis retourné, lui lançant aussi fort :

— Tu devrais penser avec ta tête!

Il a presque crié :

— …je suis intelligent… je suis intelligent… intelligent…

J’étais bien fier de moi.

Pourquoi pensez-vous?

Eh! bien, parce que je commence à m’affirmer maintenant dans la réalité physique, chose que j’avais tendance à ne pas faire, laissant les événements me glisser dessus. Sans blague.

Je prends du poil de la bête. Le fait de m’affirmer dans la virtualité a déteint sur ma personnalité physique. Le tapis que j’étais commence à voler.

Et avouez aussi que c’est une belle allégorie de la crise des accommodements!

Ma plogue du jour

Si vous vous êtes intéressé à la question du maire Jean Tremblay, je vous conseille fortement la lecture du texte Dépôt controversé d’un mémoire à la Commission Bouchard-Taylor : le Maire Jean Tremblay doit démissionner de Capitaine Virgil.Un texte très complet et une bonne analyse.En n’oubliant surtout pas le thème amer de la journée…

Une découverte et un abandon

Je viens de lire le dernier texte du blogue « Les trois travaux du Parti québécois » et même si je ne suis pas péquiste, j’ai fortement apprécié ce que j’y ai lu et espère que cela ne sera pas qu’un coup d’épée dans l’eau… Il représente très bien comment je vois le discours souverainiste, dans une optique plus pragmatique. Ce texte apporte de très bonnes solutions à la crise des accommodements, et les commissaires en poste devraient s’en inspirer. Je voulais écrire un mémoire pour la commission, mais j’abandonne, car je ne ferais que répéter à peu près ce qu’il y est écrit.

L’extrait qui suit est assez démonstratif de ma vision de l’utilité de l’immigration :

Il faut abandonner un vision utilitaire qui voit l’immigration comme une solution aux défis démographiques et économiques. En effet, aucune étude sérieuse ne démontre qu’elle peut contrer le vieillissement de la population ou encore régler les problèmes économiques. Cette conception bancale stipulerait également qu’un pays doit fermer ses frontières dès lors qu’il n’a pas de problèmes démographiques ou économiques.

Par ailleurs, les pays qui ont fondé leurs politiques migratoires uniquement sur l’asile politique et le regroupement familial ont tous connu de sévères problèmes d’intégration, notamment la montée de l’intégrisme au sein des communautés migrantes et du racisme au sein de la population d’accueil.

En fait, plutôt que de tenter de lui trouver des vertus surnaturelles et caricaturales, il est temps de considérer l’immigration comme un phénomène naturel. Les sociétés d’aujourd’hui sont toutes les fruits de métissages lointains ou récents. Or, le succès du métissage a toujours été de trouver un maximum de raisons communes qui pouvaient souder les nouveaux arrivants et les habitants locaux.

Ainsi, si le Québec doit rejeter toute forme de racisme ou de discrimination afin de permettre aux immigrants et aux membres des minorités de se fondre dans le reste de la nation, il ne doit absolument pas hésiter à établir clairement les conditions minimales d’intégration en matière de langue, de valeurs sociales et d’insertion socio-économique.

Suis-je en train de devenir péquiste? Nooooon, aaaargh… piiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii…

La disproportion de Gérard Bouchard

Le texte qui suit a été publié originalement sur le blogue Un homme en colère et à été en vedette pendant un moment sur le site Cent Papiers :

Il y a quelque chose qui m’agace fortement avec l’attitude de Gérard Bouchard lors de la consultation à St-Jérôme, alors qu’il a demandé aux citoyens : « N’y a-t-il pas disproportion entre l’inquiétude que vous manifestez et la cause de l’inquiétude? »

Pour faire un parallèle facile, n’importe qui serait stupide d’attendre qu’un problème de santé grossisse avant de le faire soigner, surtout s’il est visible et potentiellement dangereux, si petit soit-il quand cette personne s’en rend compte. Comme en fait foi l’actualité de la région des Laurentides, depuis quelque temps, il y a effectivement quelques problèmes de cohabitation et ces citoyens en ont parlé ouvertement, cette commission sert à ça, pour le meilleur et pour le pire. Pourtant, je comprends le coprésident de tenter de calmer le jeu quand il fait face à de la xénophobie ou même du racisme dans certaines régions où il n’y a pratiquement pas d’immigrants, mais il est clair que dans ce cas-ci ce sont des problèmes sérieux qui doivent être pris alors sérieusement en considérations par cette commission. Il y a une limite à prendre les citoyens lambda pour de simples alarmistes sans fondements. J’ai bien hâte de voir comment ça va se passer à Montréal…

Aussi, l’exemple du cas de cet homme qui s’est plaint de devoir payer 10% plus cher pour sa nourriture au supermarché parce qu’elle est casher est bien la preuve que des minorités peuvent faire évoluer les commerces avoisinants leur communauté à leur avantage et que d’autres individus peuvent aussi monter aux barricades pour cela, quand on leur en offre la chance, surtout si on touche à leurs portefeuilles. Je ne dis pas que c’est si grave en soi, 10%, mais c’est la réalité, certains citoyens sont outrés, et l’argument de la disproportion entre l’inquiétude et la cause de cette inquiétude ne tient pas la route à mon avis. Quand quelqu’un dit qu’il a mal, il est mal aisé de lui dire qu’il n’a pas mal! Il faut seulement l’écouter, poser des questions pour comprendre d’où vient ce mal et s’il y a moyen de le soulager. La commission semble vouloir soulager, mais sans trop vouloir ouvrir ses oreilles et son coeur.

Alors, en regard de son réflexe élitiste, il se dessine de plus en plus que le jugement de Gérard Bouchard est déjà majoritairement construit et que les propos des citoyens ne viendront que donner du style à ses recommandations au gouvernement. C’est dommage, et j’espère me tromper, mais ça serait beaucoup d’énergie (et d’argent) gaspillée pour peu au final. Devant l’expectative du pire scénario, je crois que beaucoup de gens diront qu’il s’agit d’une sorte de traîtrise, et je leur donnerai raison. Mais je vais essayer de rester positif et espérer que nos intellectuels feront le mieux possible pour régler cette crise provoquée, en prenant au sérieux la population, car je crois que la majorité est capable de gros bon sens.

POST-SCRIPTUM : Pour ce qui est de la question de la liberté des commerces à offrir les produits qu’ils veulent bien offrir, je suis conscient que cela ne concerne pas directement cette commission, dans sa définition la plus stricte. Pourtant, je me suis laissé prendre au jeu par l’article de La Presse et j’ai décidé de le laisser dans mon texte, car il est évident que cette commission est un fourre-tout, alors à nous de décider si c’est une bonne chose ou non. Mon point de vue là-dessus est assez clair.

Dernier sondage CROP sur les intentions de vote : l’expédition à Mario

Au chapitre des intentions de vote que le dernier sondage CROP fait apparaître clairement, avec 34% pour Mario Dumont, 30% pour le PQ et 24% pour le PLQ, c’est encore l’insatisfaction des électeurs par rapport aux libertés que le demi-chef Jean Charest a prises depuis son accession à ce nouveau trône tripartite. Pour ne retenir qu’un élément parmi tant d’autres, dernièrement, sa décision de laisser le premier partenariat public-privé d’importance au Québec se faire avec l’aboutissement de l’autoroute 25 est vraiment une décision presque mégalomane, dans un contexte de gouvernement minoritaire. Je ne crois pas qu’il avait ce mandat clair de la population et cela transparaît à mon avis dans les intentions de vote.

Aussi, il appert que ce sondage fait ressortir la réelle dissension entre les Québécois dans le contexte de la Commission Bouchard-Taylor, malgré un nationalisme ragaillardit par la force des choses (même si c’est malheureusement par la défensive), et l’impossibilité chronique du Parti Libéral d’être rassembleur sur cette question : laissant l’Action Démocratique – Équipe Mario Dumont prendre la première place du peloton.

Pour ce qui est des résultats du petit dernier aux dernières élections, malgré la charge négative qui auréolait Pauline Marois avant sa victoire dans Charlevoix, le Parti Québécois semble être porté par la seule publicité entourant la vie publique de sa reine, étant donné que le potinage est souvent très payant. D’autant plus que, comme l’ADQ – ÉMD, le fait de ne pas être assis sur le siège d’importance est toujours un plus… Et son positionnement un peu plus sur la fesse droite n’est pas étranger à tout ça!

En définitive, pour être le plus subjectif possible, je crois que ce sondage démontre surtout une chose, c’est que les gens ont un grand besoin de changement, même si je ne comprends pas trop vers où ce changement irait et si je peux être d’accord au point d’en être fier. Par contre, si j’accumule les intentions de vote selon les entités nationalistes et fédéralistes, il est limpide que mon option a le vent dans les voiles, étant donné que je crois dur comme fer que l’option autonomiste (et le sens de ce terme) est synonyme d’indépendantisme.

Il ne me reste qu’à attendre la déconfiture de l’ascension de la montagne constitutionnelle par l’expédition à Mario.

Mea culpa : oui, je m’intéresse beaucoup à la commission Bouchard-Taylor et toutes les questions qu’elle suscite

J’écris beaucoup sur toutes les questions que soulèvent les AR et j’aimerais faire une mise au point, parce que je ressens un peu de culpabilité due au fait je sais pertinemment que certaines personnes feront des liens, peut-être pas trop à mon avantage, et c’est déjà arrivé… C’est que j’ai écrit sur Kevin Parent et son point de vue sur les AR et là je viens de publier un texte sur la commission à St-Jérôme sur le blogue UHEC (que je ferai paraître ici demain).

Je trouve ce sujet très important parce qu’il s’avère être un moment charnière et historique, et je le regarde donc d’un oeil très critique : il est normal pour moi de relever au jour le jour des éléments à discuter. Mon but dans tout ça est de faire ressortir l’importance de cette commission, à tous les niveaux. Eh oui, le regard de tous est porté sur les immigrants, mais il faut bien que cela en soi ainsi, au risque que la majorité de la population, dont moi, en devienne suspecte.

Ça me fait penser à l’interview qu’à fait Patrick Lagacé la semaine dernière avec le journaliste Martin Patriquin à l’émission Les Francs-Tireurs, correspondant à Montréal du magazine Maclean’s. Ce dernier expliquait qu’il manquait le contexte aux Canadiens des autres provinces pour bien comprendre les enjeux de cet exercice et que nous avions l’air assez suspect, justement.

Malgré cela, je vais continuer de décortiquer le plus possible cette commission et ce qui en ressort dans les médias. Sauf si ça devient parfait bien sûr…

Kevin Parent et les AR : des propos à colorier

À Tout le monde en parle hier, le passage de Kevin Parent et le petit bout où il parle de ce qu’il pense des accommodements raisonnables est très représentatif à mon avis du malaise ambiant par rapport à toute cette question. Pour plusieurs raisons, j’ai pensé retranscrire ici les deux questions de l’animateur et les réponses du chanteur, afin de les analyser plus amplement :

Guy A. Lepage : Tu penses quoi des accommodements raisonnables?

Kevin Parent : ben, j’pense que j’suis quand même un gars ouvert d’esprit pis qui est quand même curieux, mais j’suis quand même inquiet de voir qu’il y a des gens qui veulent s’implanter et dominer. J’trouve qu’il faut se tenir, j’dis pas qu’on a besoin d’un dictateur au Québec mais on a besoin d’un coup de pied dans le cul pis de se faire rassembler. Pis, tant qu’on n’aura pas ça, ben regarde, y’a d’autres mondes qui vont gruger dans une belle culture comme le Québec.

(Applaudissement)

G. A. L. : Qu’est-ce qui te fait de la peine sur le plan social au Québec?

K. P. : Ben, justement, le manque de solidarité, la division. Pis pour revenir encore aux inquiétudes, c’est t’sais, la xénophobie, ou faut pas être raciste pis bon, on peut rien dire à personne pis j’comprends, t’sais. Mais en même temps je jasais avec une copine du milieu pis qui m’a vraiment faite réfléchir, c’est que si quelqu’un nous insulte ou nous importune pis, de peur ou de gêne on peut pas l’exprimer à la bonne personne, mais souvent on se défoule sur les nôtres, t’sais. Pis j’trouve que des fois le Québec se déchire entre eux autres, parce que y ose pas dire haut et fort c’qui pense de certaines situations. Pis moi j’suis pour le respect pis j’suis pour l’humanité et l’ouverture d’esprit, j’suis pour la paix. Mais quand qu’on me tape trop dans… trop de coups de pieds dans les tibias, ça me donne le goût de dire wow minute, t’sais. Pis, c’est ça. J’sais pas dans qu’est-ce que je m’embarque, les répercussions de ce que je va dire, mais c’est ce que je pense aujourd’hui, m’a peut-être changer demain, mais aujourd’hui c’est ça.

(Applaudissement)

Il est clair que son propos est tellement vague qu’il pourrait porter à confusion s’il n’avait pas l’air d’être un si bon gars, ouvert d’esprit et curieux. La preuve, il a commencé sa réponse en le spécifiant et terminé en réitérant son ouverture d’esprit, et en ajoutant aussi son sens du respect, son humanisme et son pacifisme.

Outre cela, son attitude générale exprimait bien ce qu’il voulait dire par « si quelqu’un nous insulte ou nous importune pis, de peur ou de gêne on peut pas l’exprimer à la bonne personne », chaque mot semblait pénible et piégé, on ne comprend jamais trop s’il parle en général ou par rapport à des exemples précis. On sent en lui une certaine révolte, mais elle s’excuse de s’affirmer. Et les applaudissements venaient le remercier de dire tout haut ce que chaque personne en a interprété tout bas.

En fin de compte, c’était un discours à colorier. Tout le monde peut s’y reconnaître, même les racistes, qui peuvent par déni se proclamer respectueux, humanistes et pacifistes envers les immigrants : mais s’ils restent chez eux… Même ceux qui sont en total désaccord avec tout ce débat pourraient se servir de ce qu’il dit pour avancer que toute cette commission vient gonfler l’incompréhension générale, étant donné que le chanteur semble ne se baser sur rien, puisqu’il ne donne pas d’exemple et qu’il attaque directement un groupe de personne, « des gens qui veulent s’implanter et dominer », sans expliquer pourquoi.

Et je ne suis pas en train de dire que Kevin Parent est fautif, loin de là, je dis simplement que sous la pression, il s’en est sorti de la meilleure manière, parce qu’il pourra toujours justifier ses paroles si ça dérape (même si je ne crois pas que ça pourrait déraper) : ça sera sa parole contre celle des autres. Et son aura d’artiste colore bien tout ce qu’il a dit, les mêmes paroles dites par quelqu’un de plus controversé n’aurait pas aussi bien passé…

En définitive, je crois qu’il faut se poser la question à savoir si on plonge ou non dans ce débat, si on veut que le résultat de cette commission représente ou non ce que la majorité désire. Si je comprends bien, c’est bien plus une peur d’avoir peur de se retrouver dans le pire scénario qui soit qu’une peur réelle et justifiée par rapport à ce qui se passe en ce moment.

Alors, j’aimerais bien terminer avec une citation de Pierre Légaré, qui provient de son texte Rehtorb Gib, paru sur cyberpresse :

Les accommodements raisonnables, c’est comme les boutons. On peut simplement les cacher avec un onguent ou les faire péter, mais reconnaissons que c’est tout de même une bonne idée d’essayer de savoir ce qui peut bien les faire apparaître.

Un autre dérapage, un solide, mais dans la rue celui-là

Je viens de lire une nouvelle anodine au premier abord, mais qui soulève bien des questions sur le blogue Ceinture rose, troisième sacoche. Il s’agit de l’histoire d’un jeune homme qui a reçu un ticket pour avoir hélé un taxi tout en posant ses pieds dans la rue… Déjà ça c’est absurde, puisque je ne peux compter le nombre de fois dans ma vie où j’ai mis les pieds dans la rue pour traverser (pas à une intersection) alors qu’une voiture de police se trouvait tout près et que les policiers m’ont vu faire.

On peut se dire tout bonnement que les policiers en question avaient besoin de compléter un quota de ticket (si quota de ticket il y a à compléter — ce qui est ridicule à mon avis, justement pour la raison que des gens vont avoir à payer pour des conneries de la sorte). Mais en vérité, il est aussi, comme en fait foi la photo du jeune homme fautif d’asphaltophilie pédestre sur le blogue en question, de race noire.

Rendu-là, désolé, mais nous sommes en droit de nous demander où se trouve le bon sens de ces policiers quand les débats qui font rage en ce moment en liens aux accommodements fragilisent un peu tout le monde, surtout les gens des communautés ethniques. Il ne faut pas se tromper, je ne dis pas non plus que ce jeune homme, parce qu’il est noir, devrait se voir auréolé de l’impunité, mais quand même, il y a une limite au mauvais goût à ne pas franchir : comme l’a écrit Emma sur son blogue, « Les policiers ont même demandé du renfort… au moins 4 autres voitures de police sur les lieux ! »

Elle se souvient

Quelqu’un m’a envoyé ce texte aujourd’hui qui discute de la religion musulmane par rapport aux femmes en parallèle avec la disparition des pouvoirs de la religion catholique et des victoires du féminisme au Québec. C’est anonyme, et c’est l’opinion d’une femme d’un certain âge.

Je l’ajoute ici parce qu’il représente un point de vue que je ne pourrai jamais avoir et qui me confronte au mien, puisque je ne fais pas tant de cas de la démonstration des signes religieux en général, bien que je sois d’accord qu’il faille en parler, même si ce n’est pas considéré comme un accommodement au sens strict (de toute façon, le débat s’élargit de plus en plus avec l’aide du cirque médiatique, et j’ai déjà fait la preuve que je suis un de ses clowns diaboliques…) :


Prenez le temps de le lire.

Je me suis dit que je pouvais peut-être le partager.

J’aurais voulu aller rencontrer ces femmes musulmanes à Hérouxville pour partager leur culture et leurs recettes, mais surtout pour profiter de l’occasion de leur expliquer notre devise je me souviens.

Je me souviens que, dans mon jeune âge, nous ne pouvions pas entrer à l’église sans avoir un voile ou un chapeau sur la tête. À cette époque, je me souviens aussi que c’était aussi un péché mortel de manger de la viande le vendredi.

Dans la même décennie, je me souviens que ma mère a été chassée de l’Église parce qu’après avoir mis au monde quatre enfants, elle ne voulait plus en avoir d’autres. Je me souviens que pour cette raison, le pardon de ses fautes lui était refusé par l’Église à moins qu’elle ne laisse son corps à son mari, avec ou sans plaisir, au risque d’atteindre la douzaine.

Je me souviens qu’elle a refusé et qu’elle a quitté l’Église comme beaucoup d’autres femmes de sa génération. Je me souviens que ma mère s’est ensuite séparée de mon père et que nous sommes devenus la cible des regards et des commentaires désobligeants de notre paroisse. Cependant je me souviens qu’à la suite de sa séparation, nous avons vu le collet romain sur la table de nuit. Le prêtre voulait-il tester les moyens de contraception de l’heure ?

Dans la même décennie, je me souviens que la cousine de ma mère a obtenu le divorce et qu’elle a reçu du même coup son excommunication de Rome. Je me souviens que quelques années à peine avant ma naissance, les femmes ont obtenu le droit de vote et en même temps le droit d’être considérées comme des citoyennes à part entière dans la société.

Je me souviens que lorsque j’étais jeune, nous devions nous aussi, comme pour les religions musulmane et autres, prier sept à huit fois par jour. La messe à tous les matins, une prière avant le déjeuner, une prière en entrant en classe, une au dîner sous le coup de l’Angélus, une autre avant la classe de l’après-midi, les grâces au souper, le chapelet en famille avec le Cardinal Léger et une dernière prière avant d’aller au lit. Il y avait le mois de Marie, les Vêpres, etc.. Nous avions aussi de longues périodes de jeûne avant Noël (l’Avant), avant Pâques (le Carême). Je n’ai pas dit non plus que nous devions porter le deuil durant un an et moins selon le degré de parenté de la personne décédée.

Je me souviens que, tour à tour, ma mère et ma belle-mère ont vu une opération urgente retardée en attendant que leur mari respectif, de qui elles étaient séparées de fait et non légalement, apposent leur signature pour autoriser leur intervention chirurgicale.

Devenue adulte, je me souviens que grâce aux pressions de la génération précédente, j’ai eu accès aux premiers moyens de contraception qui m’ont permis de restreindre le nombre de mes propres rejetons. Je me souviens aussi qu’il n’était plus un péché de manger de la viande le vendredi. Je ne sais pas ce qui est arrivé à ceux qui sont allés en enfer. J’espère qu’on les a rapatriés.

Devenue adulte, je me souviens avoir travaillé dans des environnements traditionnellement réservés aux hommes. je me souviens des frustrations de ne pas avoir été traitées au même titre que les hommes dans les entreprises et surtout dans la vie en général. Je me souviens qu’après avoir eu un fils, je ne voulais plus d’autres enfants de peur que ce ne soit des filles, par solidarité et parce que le travail qui restait encore à faire pour atteindre l’égalité était énorme.

Je me souviens des efforts que beaucoup de femmes ont dû déployer pour se faire reconnaître et pour obtenir des postes administratifs de haut niveau. je me souviens du militantisme de beaucoup de femmes qui ont travaillé d’arrache-pied pour obtenir l’équité dans notre pays comme politicienne, au sein des chambres de commerce, des syndicats, du Conseil du statut de la femme, etc.

Je me souviens qu’il a fallu plus de cinquante ans d’efforts collectifs pour nous libérer de l’emprise de l’Église et de la religion sur nos vies. je me souviens qu’il a fallu plus de soixante ans (1940 à 2006) pour obtenir l’équité salariale et que ce n’est pas encore fini. Mes soixante ans font que je sais que rien n’est acquis dans la vie et qu’il faut maintenir voire redoubler nos efforts pour ne pas perdre le résultat de tous ces labeurs. Je ne suis pas raciste, cependant, lorsque je vois d’autres ethnies, imprégnées par leur religion contrôlante, vouloir s’imposer dans notre société, j’ai peur. J’ai peur parce que ces hommes et ces femmes ne savent pas quel chemin nous avons parcouru. De plus, les jeunes québécoises qui embrassent cette religion qui voile les femmes ne se souviennent pas. C’est donc par ignorance qu’on explique leur choix. Aucun animal dans la nature à part l’homme, n’abrille sa femelle par dessus la tête.

Je suis maintenant une grand-mère de quatre merveilleuses petites filles et j’ai peur. J’ai peur lorsque je vois une femme voilée travailler dans un CPE ou dans nos écoles ou encore lorsqu’on y laisse un enfant porter le Kirpan. Nous nous sommes débarrassés de tous ces symboles religieux et voilà qu’ils reviennent à l’endroit même où l’éducation de notre nouvelle génération est cruciale et à la période à laquelle on doit inculquer les principes fondamentaux de vie en société à nos enfants. La tolérance envers ces symboles religieux que sont le voile, le Kirpan, le turban dans les CPE, dans nos écoles et dans nos institutions en général est un manque de respect pour les générations précédentes qui ont travaillé si fort pour se retirer de l’emprise de la religion sur nos vies. Vous ne vous souvenez pas ! Moi, je me souviens et à cet égard, je n’ai aucune tolérance et je ne veux aucun accommodement par respect pour ma mère, ma tante et pour mes petites filles. Je me souviens que la charte des droits et libertés permet à chacun de pratiquer la religion de son choix, mais de grâce que cette religion demeure dans la famille.

Le port du voile dans la religion musulmane est pour nous la démonstration la plus importante de la soumission de la femme et c’est cela qui nous fait peur et qui nous choque parce qu’on se souvient. On se souvient que ce symbole existait il y a cinquante ans et on ne veut pas revenir en arrière. Je me souviens surtout que lors de la Révolution tranquille, les communautés religieuses ont suivi tout naturellement l’évolution de notre société en se laïcisant. Elles ont troqué, sans qu’on le leur impose, leurs grandes robes noires et leurs voiles dans le cas des femmes pour des habits civils sans pour autant renier leur foi et sans cesser de prier. Plusieurs de ces personnes sont encore vivantes aujourd’hui. Doit-on leur dire qu’elles ont évolué à tort et qu’elles ont fait tous ces efforts pour tomber dans l’oubli ?

Que l’on prie Jésus, Mahomet ou Bouddha m’importe peu, mais nous nous sommes battus, québécois et québécoises, pour que notre société soit laïque. Nous nous sommes battues, québécoises, pour obtenir l’égalité du droit de parole entre les hommes et les femmes autant que pour l’égalité des chances au travail.

Souvenez-vous que si vous avez immigré au Canada et surtout au Québec, c’est pour faire partie d’une société ouverte qui vous donne sur un plateau d’argent tous les acquis que les générations précédentes ont obtenus particulièrement au chapitre des droits des femmes. Je veux croire aussi que c’est par ignorance de nos traditions et de nos coutumes et non par manque de respect que les femmes musulmanes veulent montrer au grand jour voire imposer ce symbole de leur croyance qu’est le voile.

Peut-être que notre société va trop loin avec ses libertés. Mais, le balancier doit s’arrêter au milieu et non régresser jusqu’au point de départ. Il faut se souvenir. L’intégration à une société commence par le respect de ses traditions et de ses coutumes ainsi que par le respect envers ses citoyens et citoyennes qui ont participé à l’exercice.

Peut-être que nos livres d’histoire ne se souviennent pas ou bien qu’ils n’ont simplement pas été mis à jour. C’est donc la responsabilité du gouvernement d’appliquer notre devise « je me souviens » à notre Histoire et d’intégrer à cette Histoire les efforts de nos générations précédentes pour atteindre la société d’aujourd’hui et surtout de s’assurer que la génération montante s’en souvienne. C’est aussi la responsabilité des organismes d’accueil aux immigrants de leur faire connaître cette devise du Québec «» afin que ces nouveaux arrivants ne pensent pas que nous sommes racistes simplement parce que l’on s’en souvient et qu’on ne veut pas imposer à notre progéniture d’avoir à reprendre les mêmes débats qu’il y a cinquante ans.

En terminant, pour commenter le sondage du journal La Presse d’hier sur les musulmans heureux de vivre chez nous, je dis que même et surtout si les femmes voilées que l’on retrouve dans les CPE ainsi qu’ailleurs dans nos institutions font partie de cette majorité heureuse de vivre en notre terre, alors cette majorité m’incommode pour tous les arguments que j’ai soulevés précédemment.

Notre langue molle

Dans le reportage diffusé au Téléjournal lundi soir sur la première audience publique de la Commission Bouchard-Taylor, deux des derniers commentaires choisis comme exemple m’ont fait réagir, puisque c’est un sujet qui revient souvent et qui m’importe beaucoup : la langue française. Un homme déclare avec dépit qu’il ne peut dialoguer avec les immigrants de son quartier autrement qu’en anglais alors qu’un autre homme, immigrant lui-même et parlant parfaitement français, remet sur la table la piètre qualité du français des Québécois pour défendre les immigrants sur la question du choix d’apprendre l’anglais, au lieu du français. Désolé, mais je ne comprends pas ce réflexe de défense qui mélange ainsi deux questions très différentes.

Même si je suis d’accord pour dire qu’une bonne connaissance du français est importante pour tous, je ne crois pas qu’il faille attendre de voir la qualité de la langue augmenter avant de pouvoir se positionner sur la question linguistique, en lien avec l’immigration. Cela serait doublement suicidaire. Et je ne crois pas non plus que l’on demande (ni demanderait) aux immigrants non francophones d’écrire dans un français parfait dès qu’ils arrivent ici; il y a une marge : un français de base pour pouvoir converser un minimum et ainsi les aider à apprendre plus amplement serait appréciable, et synonyme de respect envers la société d’accueil.

Je parlais de différence, mais, d’un autre côté, ces deux questions ne sont pas si différentes, finalement : la qualité du français des Québécois concerne notre culture, et la question du choix linguistique des immigrants est intimement liée à la pérennité et à l’évolution de cette culture francophone, dans un contexte où la démographie demande un apport élevé en immigration. Alors, de les mettre en contradiction comme le fait cet homme est absurde, à mon sens. Qui ne voudrait pas de ces gens qui peuvent enrichir notre langue en la parlant avec nous? Tous ceux qui partagent cette pensée veulent en quelque sorte nous punir collectivement de ne pas avoir bien fait nos devoirs? Quelquefois, je crois que le passé n’est pas si garant de l’avenir, et dans ce cas-ci c’est bien vers l’avenir qu’il faut regarder pour pouvoir anticiper.

Donc, pour l’avenir, il est évident que la santé du français au Québec passe par une immigration la plus francophone possible, et pour les autres, par une ouverture plus grande à des candidats intéressés à s’intégrer par la langue française, premièrement. Ce qui, j’en ai bien peur, devra passer par un contrôle gouvernemental majoritairement québécois sur le processus de choix des nouveaux arrivants.

Dialogues de (demi-)sourds?

Ceci est un message adressé à Eric Bondo en réponse à son texte intitulé « Le civisme des autres » (qui est une réponse à mon texte « Il y a comme une odeur de… tabou », qui était une explication et réflexion plus poussée de mon autre texte : « Questions libres sur le civisme des migrants »). Il pourrait être intéressant pour quiconque s’intéresse aux questions liées à l’immigration, questions qu’a fini par soulever la commission sur les accommodements (dé)raisonnables, en tout cas sur la blogosphère…

Le premier point qu’il soulève concerne l’inexistence de preuve quant à mon assertion qui ciblait les « immigrants de fraîche date ». Je me rends compte de ma bévue, mais c’en serait une encore plus si mon texte (d’humeur) ne s’appuyait pas naïvement sur des questionnements par rapport à des observations; mais sans grande qualité scientifique, je l’avoue : mais qui peu bien se targuer de pouvoir analyser le monde avec des outils complets, en se basant sur des sources tout à fait fiable, en étant donc dans l’objectivité la plus totale? Alors, je me demande surtout si le fait de m’interroger là-dessus ne me fait pas tomber automatiquement du côté des méchants… Je vous avoue que c’est pour moi un peu pénible d’écrire encore là-dessus, mais je vais continuer quand même! Et je ne vais pas non plus me payer une commission pour prouver mon point…

Donc, avant de continuer plus loin, s’« il est impossible de savoir si les situations fâcheuses vécues par [ma] compagne avaient un lien avec le manque de civisme de certains immigrants de fraîche date », est-ce qu’il est raciste ou xénophobe de ma part de faire une distinction entre les immigrants intégrés et ceux qui ne le sont pas, même si pour cela je dois tracer une ligne subjective, difficilement identifiable? Aussi, est-ce qu’il est faux de penser coupables en grande partie les politiques d’immigration, et surtout le multiculturalisme, pour le problème de la ghettoïsation et donc de certains comportements racistes, xénophobes et du non-civisme de certains immigrants envers les blancs (en tout cas, ceux que j’ai ressentis personnellement à quelques reprises et ceux de ma conjointe que j’ai relatés dans mon premier texte)?

Je pose ces questions parce que si pour mon ami Eric je suis intolérant parce que je fais une distinction entre les immigrants selon leur niveau d’intégration et si pour lui il n’y a pas de liens entre les politiques des ministères d’immigrations et les comportements asociaux de certains immigrants envers la majorité, il est certain que la discussion ne lèvera pas fort, ça sera simplement de l’accusation, du déchirage de chemise de son côté et de la défense du mien…

Concernant cette citation (de mon cru) qu’il utilise pour argumenter :

Le chemin qu’empruntent le xénophobe et le raciste repose sur un système établi qui scrute les différences à l’externe et réagit ensuite en raffermissant son jugement par l’ajout de « preuves », en se complaisant dans l’immobilisme : qui vient alors élargir un peu plus sa carapace, au lieu de la faire se craqueler.

J’aimerais spécifier que cette phrase ne fait que décrire le comportement fermé des xénophobes et racistes, rien de plus. Ça ne servait en fait qu’à dire que je ne le suis pas. Voilà une preuve que mon ami se sent attaqué au point où il se base sur une lecture biaisée de mes textes et de mes idées pour construire son argumentaire.

Même si je ne vois pas le lien, il continue sur cette lancée :

Là où le bât blesse, c’est que cet incident sert à justifier une remise en question de l’accueil des immigrants, soi-disant parce que, provenant des régions rurales de pays du tiers monde, on ne leur a pas inculqué le civisme, et qu’à leur arrivée, le gouvernement ne les a pas pris en charge à cet égard.

Quoi? Ça serait amoral que le gouvernement, tant au niveau canadien que québécois, et même municipal, informe le plus possible les nouveaux arrivants sur la société d’accueil? Aussi, est-ce que ce serait trop demander que le choix des immigrants se fasse en tenant compte du fait que notre société est francophone et de plus en plus laïque, donc de peut-être privilégier les immigrants qui sont le moins religieux possible, du moins dans leur démonstration de leur foi par des signes distinctifs? Il me semble que si dans notre société nous privilégions l’égalité entre les hommes et les femmes, il serait logique que le choix des immigrants reçus ici s’influence de cette valeur : désolé, mais je crois qu’un couple dont la femme porterait un quelconque foulard religieux sur la tête devrait avoir moins de chance d’être accepté ici qu’une autre qui n’en a pas.

Des gens racistes, il y en a aussi de toutes les couleurs, et même au-delà de la « race », notre gueule ne plaît pas à tout le monde et vice-versa. Nul besoin de généraliser, si ce n’est de dire : je déteste qu’on me pousse, ou je déteste qu’on me dénigre. Est-ce si compliqué? Nul besoin de catégoriser par couleur, mais par comportement, puisque ce sont les comportements qui nous posent problème.

Dans ce raisonnement, Eric semble vouloir tout mettre les comportements asociaux sur le même pied d’égalité. Je le comprends, mais il y a un danger à ne pas pouvoir analyser la problématique du civisme, de la xénophobie et du racisme en les mettant en contexte selon des critères aussi simples que de séparer la population en quelques groupes sociologiques, puisqu’il est facile, au bout du compte, de ne plus pouvoir critiquer quoi que ce soit et de donner des directions aux politiques d’immigration et d’intégration parce que chaque personne est différente et a sa propre façon de réagir aux autres. Pourtant, il me semble clair qu’il y a bien des dénominateurs communs quelque part, tant dans les cultures des immigrants que dans la nôtre…

Avec la fin de son texte, je vois bien que sa pensée tend à remettre en perspective les différences de chacun, ce qui fait que tout le monde devient par cela un peu plus pareil : des humains avec des personnalités diverses. Je suis d’accord. Mais c’est tout à fait là où je ne veux pas me brouiller : est-ce que le fait de considérer les humains comme étant dissemblables revient à prôner l’immobilisme étatique pour toutes les questions de la vie en société? Donc, si je comprends bien, la position de mon ami se base sur l’anarchie où tout un chacun fait ce que bon lui semble… Alors, est-ce que la loi 101 et tout ce qui tend vers la protection du fait français au Québec et donc de la promotion du choix de la langue française auprès des immigrants vont à l’encontre de leur liberté? Et est-ce que ceux qui ciblent négativement la non-connaissance du français chez certains immigrants sont simplement intolérants, au même titre que les xénophobes et les racistes?

Je pense qu’à trop avoir peur de la soi-disant intolérance des autres, on devient soi-même de plus en plus sourd à ce qu’ils ont à dire.

Il y a comme une odeur de… tabou

Le texte qui suit est une continuité et une élaboration explicative des idées lancées dans mon texte Questions libres sur le civisme des migrants, paru ici et sur UHEC. Je l’ai écrit dans le but très évident de faire comprendre mon point de vue à mes critiques, en particulier à mon grand ami Eric Bondo. Il m’a invité à un dialogue sur toutes les questions touchant à l’immigration et ce texte est en fait la première partie, de mon côté. J’espère qu’il y répondra et j’ai très hâte de lire sa réponse.

Racisme : Idéologie fondée sur la croyance qu’il existe certaines races supérieures qu’il faut préserver de tout croisement et qui sont destinées à dominer les autres.Xénophobie : Hostilité envers les étrangers, envers ce qui est étranger.

Depuis le début de l’aventure (où plutôt le chemin de croix) des accommodements (dé)raisonnables qui pointe en majorité des questions sur l’immigration, j’ai beaucoup réfléchi là-dessus, comme me la fait remarquer Omo-erectus en commentaire (#16) à la suite de mon texte, où je décrivais certaines situations fâcheuses vécues par ma compagne lors de ses déplacements en métro, en lien avec le manque de civisme de certains immigrants de fraîche date. C’est dans l’air du temps, qui pourrait me dire le contraire? Et avec ce texte que je vous propose ici, l’accusation s’améliorera d’un autre chef…

Alors oui, je suis coupable. Mais coupable de quoi au juste? De faire ressortir des questionnements et un malaise global que l’on a balayé et caché sous le tapis depuis belle lurette! Il serait donc temps de l’éventer parce que ça commence à puer, et très fort. (La métaphore de la puanteur est revenue souvent en commentaires après cet autre texte, je me permets alors d’en beurrer encore plus épais!)

Mais avant de commencer, mon texte commence avec deux définitions, passons-les en revue.

Premièrement, le racisme. Je serais bien surpris de savoir le pourcentage de la population québécoise qui est raciste alors que ce terme désigne un sentiment de supériorité qui se réfère en particulier à la différence physique, et à une sorte de « protectionnisme » génétique. Et c’est une absurdité si nous considérons que nous venons tous de la même souche humaine, africaine : il n’y a alors maintenant que des différences évolutives, culturelles et sociales pour nous différencier, rien de trop difficile à concilier objectivement, si on s’en donne la peine, puisque l’humain est un animal champion de l’adaptation.

Deuxièmement, la xénophobie. Je pense que je peux me permettre de la comparer avec les préjugés, que nous ressentons tous à un moment où à un autre de notre vie par rapport à certains aspects que l’on retrouve chez les autres. Il faut vivre avec, mais en tentant toujours de les remettre en examen à chaque fois qu’ils se présentent. Pour sa part, la xénophobie est juste plus frappante parce qu’elle se base généralement sur un regroupement plus large de signes physiques, culturels et souvent linguistiques, qui se retrouve bien mis en évidence dans une ressemblance que partage un groupe d’individu au regard d’un autre, ce qui revient à la dissemblance : le comble de la xénophobie serait donc l’agoraphobie…

En regard de ces définitions, j’en viens à me demander ce qu’on me reproche alors que ce sont évidemment les problématiques (le civisme et les comportements haineux) par rapport à un contexte (le débat sur les accommodements) qui ont fait ressortir le « sujet », et non le contraire. Je m’explique. Le chemin qu’empruntent le xénophobe et le raciste repose sur un système établi qui scrute les différences à l’externe et réagit ensuite en raffermissant son jugement par l’ajout de « preuves », en se complaisant dans l’immobilisme : qui vient alors élargir un peu plus sa carapace, au lieu de la faire se craqueler. Pour ma part, je m’ouvre à l’externe de la manière la plus objective possible et je constate simplement des problèmes que je ne peux que nommer par leurs noms, malheureusement. Pour cela, devant la somme des accusations, il y a vraisemblablement une grosse marge entre l’individu que je semble être pour certains et celui que je suis réellement, si on se base seulement sur le choix du « sujet » pour me juger, et non sur le pourquoi de l’analyse de ce « sujet ». Il est alors presque normal que le débat dérape en accusations de toutes sortes…

C’est bien triste qu’on en vienne obligatoirement à la suspicion et à l’accusation quand quiconque discute d’un sujet qui concerne de près ou de loin les minorités. C’est que le critique, par exemple moi, et le « sujet » de la critique ne sommes pas liés directement, dans un sens causal, au contexte où se retrouve l’autre (par exemple, que je suis un occidental « riche » et que l’autre personne vient d’un pays du tiers-monde — même si je sais qu’il y a des riches qui viennent de pays du tiers-monde : ce n’est justement qu’un exemple pour mettre l’accent sur des disparités qui, au premier regard, peuvent miner les discours de chacun). Ce qui me pousse à en discuter, c’est le désir d’une analyse d’égal à égal qui serait débarrassé des complexes ancestraux de la dynamique « dominant-dominée », axée sur le côté pratique de nos rapports humains.

Je le répète, il y a une différence entre les problèmes de civisme et de xénophobie venant des immigrants (et là il faut faire une distinction dans les moments où les gens sont arrivés ici), les minorités « visibles » (même s’ils sont nés ici et/ou éduquées seulement ou non ici) et ces mêmes problèmes du côté de la majorité blanche puisqu’ils ne pointent pas les mêmes cibles et ne trouvent pas leurs sources aux mêmes endroits.

Comme je l’écrivais à Martin Beaudin-Lecours (et je faisais référence à des exemples manifestes de non-civisme de certains blancs qu’il m’a exposés dans un commentaire pour contrebalancer mes exemples qui pointaient seulement des immigrants — et je suis tout à fait d’accord avec ses exemples, pour en avoir vu des semblables aussi) :

Les problèmes que tu relates dans ton commentaire sont un aspect du civisme et du social, qui est différent de celui des immigrants, même s’ils sont connexes. Si j’écrivais un texte dont le thème serait le manque de civisme général (avec les quelques exemples que tu as donnés), tu applaudirais bien fort! Pourquoi alors mon texte pue si je ne fais que parler de l’autre problème? Et si j’écris un texte sur le racisme des Québécois, ça ira, mais si je vise le racisme de certaines personnes qui font partie des communautés culturelles, là c’est pas bien.

À la base, si je n’ai pas de pouvoir sur les comportements fautifs des uns et des autres, je suis en droit de me poser des questions sur le pourquoi de ces comportements. Quand je vise l’immigrant de fraîche date qui n’a pas reçu, à mon avis, les bons outils des instances gouvernementales pour s’intégrer — et le manque de civisme n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres —, est-ce qu’il faudrait absolument que je parle aussi du manque flagrant d’éducation citoyenne des blancs — dont le manque de civisme en est aussi un des résultats — pour me faire comprendre sans préjugé et sans émotivité sur le premier sujet (l’immigrant de fraîche date)? À la vue des critiques acerbes, il semble que oui, alors je vais essayer de continuer dans ce sens pour les désamorcer.

Alors, parlons des comportements haineux qu’a vécu ma copine et que je relatais dans mon texte. Je pourrais essayer de trouver des comportements semblables dans mon entourage, mais je ne fréquente pas de gens visiblement xénophobes, et surtout pas au point de démontrer ouvertement de la haine en public envers des gens différents d’eux. (Je fréquente beaucoup de gens de différentes ethnies alors, ça va de soi!) Et si par exemple j’ai affaire à quelqu’un qui raconte une blague « raciste », ça me met mal à l’aise et je ne me gêne pas pour le lui faire savoir. Alors, ce que j’essayais d’expliquer en dévoilant ces comportements haineux de la part d’immigrants, c’est que ces comportements sont inadmissibles puisqu’ils viennent détruire le travail de tolérance accompli depuis longtemps et qui semble porter fruit, quand même, malgré les critiques que je peux en faire. Quand j’ai écrit par rapport à ma copine qu’« elle m’a dit qu’elle craignait d’être maintenant raciste parce qu’elle réagissait très fortement à tout ça et que ça la mettait en rage », je pensais justement à ce travail précieux sur l’éducation à la tolérance et au fait que je m’entends parfaitement avec plein de gens de différentes origines. Si ma copine en vient à se poser des questions sur sa propre xénophobie alors qu’elle est une personne très tolérante à la base, je me demande bien comment réagissent les gens qui sont moins tolérants qu’elle : voilà le grand danger. Et c’est ce danger-là que je voudrais que l’on écarte le plus possible, pas les immigrants, bon sang!

Alors si maintenant, en général, on laisse de moins en moins passer l’intolérance des blancs, il faudrait être conséquent pour les autres aussi. Sinon, ça revient à dire par exemple que je devrais accepter qu’un individu de race noire me manque de respect gratuitement parce qu’il y a sûrement un de mes ancêtres qui a mis en esclavage un ou des noirs, possiblement un ou plusieurs de ses ancêtres. Si je suis personnellement et hypothétiquement coupable de tous les tords de l’humanité blanche colonialiste, je n’ai même pas besoin d’un bâillon, votre lecture biaisée et les critiques qui en découlent en font office…

Comme je l’ai écrit dans le même commentaire à Martin :

J’essaye de profiter du contexte de la commission pour crever l’abcès. Mon but est positif. Nous sommes tous victimes, autant les immigrants que les natifs, de politiques d’immigrations basées seulement sur l’urgence économique, qui ressemble plus à une improvisation sous le thème de la panique. De bons gestionnaires auraient prévu la crise sur les AR et agi en conséquence…

J’ai écrit mon autre texte et celui-ci avec la peur au ventre. Si nous laissons aller les choses, le découragement devant les difficultés de cohabitation viendra faire augmenter la xénophobie, et peut-être même le racisme, des deux côtés. C’est l’accumulation des points de litiges en société et des liens les plus visibles et les plus faciles à créer que nous avons tendance à garder en mémoire, malheureusement, et il ne faut jamais l’oublier. Il faut aussi tenir compte du fait que l’humain n’est pas parfait et que c’est toujours par l’éducation que passera une plus grande harmonie entre nous tous.

Peut-être que mon texte était maladroit, mais son but premier était de mettre en relation les dangers de la xénophobie, d’un côté comme de l’autre, pour justifier l’idée de proposer des actions politiques concertées au niveau d’une éducation citoyenne plus complète, et qui par ricochet inclurait une meilleure préparation à la culture, aux valeurs communes et aux moeurs québécoises pour les nouveaux arrivants, pour nous mettre un peu plus sur la même longueur d’onde. Je suis vraiment tombé des nues en voyant les réactions de certains, et cela prouve que j’ai été naïf d’exposer mon raisonnement crûment en pensant que mon ton modéré expliquerait par lui-même le fait que je suis très tolérant, donc pas xénophobe, et surtout pas raciste. Mais il a quand même fallu que je réitère cette position ici pour espérer masquer l’odeur, en espérant réellement que ça fonctionne… Alors que je l’écris, je n’en ai aucune certitude, voilà mon drame.

Pour conclure, je ne veux pas être trop pessimiste, mais si nous n’affrontons pas de front toutes les problématiques que soulèvent l’immigration, et pas seulement celles concernant les accommodements, les chances de nous retrouver avec des problèmes semblables à la France et ses banlieues (même si ça serait de vraiment très loin, puisque le contexte est très différent) grossiront exponentiellement, j’en ai bien peur. Il faut regarder autour de nous et nous en influencer pour arriver à ne pas faire les mêmes erreurs.

Le monde est déjà séparé en frontières géographiques, en différences culturelles, en murs qui tendent à se rétrécir par l’ouverture sur le monde qu’apportent les communications et le transport, il faudrait bien alors que la proximité géographique que nous offre un Québec de plus en plus pluraliste participe encore plus à cette ouverture et à cet échange, qui ne devrait qu’être positif, dans le meilleur des mondes.

Questions libres sur le civisme des migrants

Je sais que ce texte pourra sembler blasphématoire pour certains et je préfère vous en avertir…

Je parlais hier avec ma compagne d’un sujet chaud : les immigrants et le civisme dans les transports en commun. Pour vous mettre au parfum, depuis un certain temps, elle me parle souvent de ses mésaventures avec des immigrants (je peux avouer en avoir vécu moi aussi quelques-unes, mais j’essaye le plus possible de ne pas généraliser…). Et donc hier, après m’avoir raconté quelques anecdotes où elle s’était sentie agressée du regard ou même ignorée (en grande majorité par des femmes — et remarquez que ma compagne est une féministe assumée), où elle avait aussi remarqué des gens qui se tassaient pour quelqu’un de la même couleur qu’eux et non pas après pour elle (donc, qu’elle a senti du racisme envers sa personne), elle m’a dit qu’elle craignait d’être maintenant raciste parce qu’elle réagissait très fortement à tout ça et que ça la mettait en rage. Je l’ai rarement vu dans cet état. Alors, qu’est-ce que je pouvais dire d’autre qu’il ne faut pas trop faire de liens inutiles et de tenter d’aller plus loin que son premier réflexe? Facile à dire…

Un peu plus tard, je me suis dirigé au travail en métro. J’approchais de la station Lionel-Groulx et un homme obèse s’est levé de son siège et s’est dirigé vers la porte la plus proche, à droite. Je me suis levé aussi et me suis installé à côté de lui, à sa gauche. (J’aimerais vous faire remarquer qu’il n’y avait plus vraiment de place pour une troisième personne…) Quand nous sommes arrivés à la station, j’ai remarqué, de l’autre côté de la vitre, une minuscule dame voilée, avec un ou deux enfants autour d’elle. Quand les portes se sont ouvertes, au lieu de se tasser pour nous laisser sortir, elle a foncé en direction de mon voisin, le regard au ras du sol (sérieusement, je me suis même demandé si elle voulait lui passer entre les jambes…). Étant donné que je crois que c’est une règle de civisme non écrite (mais tellement logique) de laisser sortir les gens d’un wagon avant d’entrer, je ne me suis pas gêné pour m’engager à l’extérieur rapidement vers elle, en coupant un peu l’homme (que je savais moins rapide du fait de son poids), car j’avais à me rendre à droite. Elle n’a pas eu le choix de se tasser… sinon elle aurait reçu mon bras en pleine face!

N’importe qui serait confronté à des comportements comme ça plusieurs fois par jour en viendrait à remettre en question sa propre moralité, puisqu’il est difficile parfois d’analyser la situation en dehors de ses sentiments. Il faut dire que ma copine travaille dans un quartier énormément ethnique, donc, qu’elle a plus de chance de croiser des gens irrespectueux issus de ces communautés sur son chemin. Et je comprends aussi qu’être confronté à ce qui peut sembler être du racisme envers elle, alors qu’elle est à la base contre toute forme de racisme, a de quoi secouer ses propres valeurs au point de réagir de la sorte… Mais je remarque souvent ce manque de sens civique, et pas seulement chez les immigrants : je ne peux donc que soulever le problème du civisme en général, même si je me permets ici de le centrer sur les nouveaux arrivants, pour battre le fer pendant qu’il est chaud!

Étant donné le contexte des discussions sur les accommodements raisonnables (qui sont devenues des discussions sur l’immigration en général, par la force des choses) qui ne peuvent que déborder sur tous les aspects de notre vie sociale, j’essaye de comprendre le problème sous un angle empathique, en ce qui a trait à leur hypothétique méconnaissance du civisme de base. Alors, je me demande si ces gens ont été mis au courant de cet aspect quand ils sont arrivés ici, quand ils se préparaient à venir ici. J’ai l’impression que la préparation auprès des immigrants est bâclée en général et qu’il est conséquemment normal qu’une personne non francophone, venant d’un pays du tiers-monde, vivant précédemment en campagne, soit un peu perdue dans le métro de la métropole du seul endroit majoritairement francophone en Amérique… Il reste que c’est quand même nous qui sommes pris avec le problème!

Si le multiculturalisme occulte l’assimilation, il faudrait bien qu’il n’occulte pas en même temps l’intégration. C’est dans la vie de tous les jours, et non dans les théories, que les citoyens sont en contact entre eux : il faudrait bien alors que les gouvernements, avec l’élite intellectuelle, s’organisent pour amoindrir le plus possible le choc des cultures, puisqu’il semble plus sérieux qu’il n’y paraissait. Au-delà des buts de résoudre le problème économique et démographique québécois par l’immigration, il faudrait bien être plus pragmatique et prioriser l’harmonisation du social, transformer la réaction en action, pour que nous puissions demeurer toujours une société ouverte et tolérante. En espérant que ça ne soit pas déjà une illusion…

Ajout (vendredi 7 septembre) :

Si vous croyez que l’auteur de ce texte est raciste et xénophone, je vous prierais de vous diriger ici, ce texte devrait vous convaincre du contraire.

Réponse à Félix

Félix, un de mes lecteurs et participant actif au blogue Opinion du site Branchez-vous, me demandait de l’aider, sur mon texte par rapport à la sortie de Pierre Légaré, mais je vais déplacer cette discussion ici parce qu’elle déborde du sujet. Voilà sa demande :

[…] j’aimerais que tu regarde attentivement le sondage provinciales sur les accomodements raisonnables […] Ce sondage me pue au nez, il est tous sauf objectif et as été construit de façon à ce qu’il tombe favorable aux accomodement raisonnable. J’ai envoyé une lettre ouverte au Devoir, à la Presse et au Journal de Montréal, mais je doute que le message va passer de cette façon. J’aimerais donc […] que tu transmet l’information et m’aide à faire pression sur le gouvernement pour qu’il corrige le tir. […] Ton aide serait plus que bienvenue. […]

Il ajoute aussi, un peu plus loin :

[…] Je vais poursuivre en te donnant la définition de accomodement: « Accord obtenu par des concessions des parties en présence. » Maintenant, à la première question: « Permettre, pour des raisons religieuses, à un enfant de manger autre chose que le menu habituel de sa garderie ou de la cafétéria de son école. »Jamais il n’a été question d,interdire l’enfant d’apporter son lunch, la question devrait-être: Doit-on modifi. les menu des cafétéria pour qu’il soit conforme à leur religion. La huitième et neuvième question (dont celle de la femme enceinte) n’ont absolument rien à voir avec les accommodements raisonnables et ne sont présente que pour favoriser le sondage. […]

Et ma réponse :

Félix,je me penche sur ton questionnement et je remarque que ta reformulation, de « Permettre, pour des raisons religieuses, à un enfant de manger autre chose que le menu habituel de sa garderie ou de la cafétéria de son école. » à « Doit-on modifi. les menu des cafétéria pour qu’il soit conforme à leur religion. », tend à amener la problématique du côté « déraisonnable ». C’est clair qu’un questionnaire de la sorte, axé sur des cas extrémistes, obtiendrait des résultats majoritairement négatifs. Mais je crois que cet exercice se veut de dresser la ligne entre le « raisonnable » et le « déraisonnable » : il est donc normal de sonder les gens sur des questions qui se situent le plus possible quelque part entre les deux.

Concernant les questions que tu trouves impertinentes (comme celle concernant les accommodements aux femmes enceintes), moi je trouve qu’elles sont très bien, car elles ont le mérite de nous faire réfléchir sur notre racisme. Si pour une question tu es d’accord pour accommoder une femme enceinte et que sur une autre question semblable tu n’es pas d’accord « seulement » parce qu’elle concerne un problème avec les communautés culturelles, il faut te poser des questions sur ce qui colore ton jugement…

Par exemple, je suis d’accord pour qu’une entreprise (par l’apport de lois du travail) accommode une femme enceinte monétairement parce que cela concerne le bien commun, encourage la famille et le travail des femmes. Par contre, je suis en désaccord avec le fait de payer des congés de plus aux gens pratiquants : la vie physique est possible sans adhérer à une religion, alors c’est du superflu pour la société, nous ne devrions pas payer collectivement pour quoi que ce soit qui concerne la religion d’un et de l’autre.

La vie religieuse est personnelle à la base et la foi est invérifiable de l’extérieur, donc il est impossible de démasquer quelqu’un qui tricherait pour obtenir des avantages. Mais si les pratiques religieuses n’entrent pas en conflit avec le bon fonctionnement de la société et du travail, je n’ai rien contre. Il peut bien y avoir des salles de prière dans les entreprises si les règles sont claires et que la pratique religieuse de quelques employés ne devient pas un bonus rémunéré par rapport aux autres employés.

Alors oui, je trouve le questionnaire très bien pour sonder où se situent les gens en général. Désolé de te décevoir, mais j’espère que tu comprends que le but de toute cette histoire n’est pas de nous monter les uns contre les autres, mais de trouver un terrain d’entente.

Ajout (15h30) :

Je viens d’aller lire un texte de Moko, en fait il répond aux questions du sondage sur les AR et élabore ses réponses, ce qui n’est pas possible sur le site. En somme, un très bel exercice qui nous confronte à nos propres réponses. À lire.

Assaisonnements résonnants…


Il est difficile ces jours-ci de passer à côté de toutes les questions liées à l’immigration et aux accommodements raisonnables. Ça va être un peu radical et même trop simple ce que je vais commencer par écrire, mais si le fait que pour un immigrant c’est un PLUS au niveau de son train de vie de venir s’installer ici, il faudrait bien en retour qu’il accepte que cela soit un MOINS au niveau de ses habitudes culturelles, puisque le culturel est grandement social et que son milieu social change radicalement. C’est vraiment ça que je ne comprends pas quand, par exemple, je vois dans le métro une bande de jeunes filles latines et qu’une d’entre elles m’aborde en baragouinant l’anglais… Il y a certes un problème de communication qui gonfle et qui gonfle encore. Il me semble que l’affichage en néon et en français est assez omniprésent…

Il me semble aussi qu’après ce Grand Voyage, c’est impossible que la vie d’un immigrant ne change pas du tout au tout et que sa vie devrait changer assez pour que nous puissions en partie nous reconnaitre en lui. Le mimétisme est la clé, et si ça ne fonctionne pas, c’est que le processus d’immigration est bâclé, sans parler du niveau de ghettoïsation de chaque communauté culturelle qui tend à aspirer ces nouveaux arrivants, et c’est normal : qui se ressemble s’assemble.

Et je ne suis surtout pas en train de faire l’éloge d’une culture québécoise monolithique : les Québécois ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant, ils sont beaucoup plus tolérants et ouverts d’esprit. Alors, je m’attends à voir cette ouverture se manifester autant du côté du nouvel arrivant et que cela soit clair dès que son choix de venir s’installer ici a été officialisé. Un changement en amène un autre et il est clair que le processus de sélection des immigrants doit être concerté pour que cette ouverture en soit l’élément principal. Pour la question religieuse dans cette sélection, il faudrait fuir l’orthodoxie le plus possible, accueillir plutôt les gens les plus modérés pour éviter les problèmes le plus possible.

Donc, je ne suis pas d’accord avec Vincent Marissal quand il écrit qu’« il n’y a pas de réel problème d’immigration, d’intolérance ou de cohabitation ici. » Au contraire, j’ai l’impression que le laxisme gouvernemental, surtout sous le pouvoir du Parti Libéral, ne fait que grossir le problème de l’immigration à saveur « canadienne » qui entretient le non-respect de la majorité « provinciale » : et je l’installe entre de belles parenthèses, juste pour mettre le doigt sur l’odieux du statut que ce terme suggère… Par contre, il y a du vrai dans son affirmation qu’« Il n’y a que des incidents anecdotiques isolés montés en épingle par les médias et savamment récupérés par un politicien opportuniste aussi habile à lire les sondages qu’inepte à pondre des politiques d’ensemble cohérentes. », mais je crois que l’exercice de Bouchard et Taylor est primordial et que nous devons en profiter pour faire passer nos messages le plus clairement possible.

Profitons-en pour nous tenir debout, pour une fois!


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