Visitez mon nouveau blogue : http://renartleveille.com/
C’était bien intéressant d’entendre Robert Lepage, un artisse de Québec, expliquer le pouvoir des animateurs des radio-poubelles dans cette ville. Si vous ne l’avez pas entendu, il expliquait que ce phénomène ne pourrait pas avoir prise à Montréal puisqu’il y a des gens avec de la notoriété pour se lever et les affronter.
Si je comprends bien, plus la culture (dans son sens général) de cette ville fleurira, moins ces dictateurs auront d’emprise sur l’opinion publique puisque poindra à leur tour des personnalités pour gruger dans l’espace qu’ils occupent.
C’est un point de vue inédit et qui m’a beaucoup frappé parce que j’ai beau lire parfois des trucs sur ce qui se passe là-bas, j’ai toujours l’impression que cette ville m’échappe, que mon opinion se retrouve seulement sur le bout de ma langue sans jamais vouloir s’en déloger. Et là, il me semble avoir une clé, enfin, un semblant de quelque chose comme une clé.
Et il n’y a aucunement de condescendance. Je ne me sers pas de Robert Lepage pour faire du Québec-bashing. Même si c’est tentant. J’irai plutôt à la genèse.
Je ne suis pas allé souvent à Québec, mais je me souviens d’une fois, pendant le carnaval, 1989 ou 1990. C’est bien la fois où j’ai sûrement été le plus proche de ressentir ce que doit ressentir un noir qui se retrouve dans un milieu blanc raciste.
Faut dire que dans mes jeunes années j’arborais la longue coiffure rasta : les dreadlocks. Mais bon, j’étais bien le seul dans mon patelin térésien à avoir ces lianes sur la tête, pourtant je ne me sentais pas comme un paria : la simple routine du choc des générations qui avait, a et aura toujours lieu. J’avais un look très différent, tout à fait normal que je fasse ciller parfois un peu quelques paires d’yeux!
Toutefois, à Québec je ne me suis vraiment pas senti très bien. Les regards insistants tentaient d’entraîner la mort de mon image. Ce que plusieurs considéraient comme une coquetterie quand j’allais faire un tour à Montréal devenait dans cette ville un gros panneau marqué : INFRÉQUENTABLE! Alors, à voir de loin ce qui se passe avec les Jeff Fillion de ce monde, il est facile pour moi de tomber dans la causalité…
C’est assurément ça qui a, depuis, nourri mon préjugé défavorable. J’étais bien « l’ostie de pouilleux » tant décrié, comme il y a « les crisses de neilles », « wops », « plottes », « fif », etc. Je m’en confesse, aux côtés d’images d’édifices gouvernementaux superbes se côtoient dans ma tête des immondices d’humanités, ne laissant pas beaucoup de place pour du bon sens. Et pourtant, je suis réaliste, je sais que tout n’est pas noir ni blanc.
Alors j’en viens vraiment à souhaiter un boom culturel à Québec, question de mélanger les cartes, foi de barbu et d’ancien résident du Plateau!
Je pense que Robert Lepage voit juste.
Non seulement l’emprise des «dictateurs», pour reprendre ton mot, est diluée dans une gamme d’influences plus étendue, mais cela permet aussi aux gens de découvrir la richesse de leur propre culture plutôt que de se complaire dans l’aversion d’une culture extérieure qu’ils croient leur être imposée.
Comme je ne connais rien à la situation culturelle de Québec, il vaut voir mon commentaire comme une réflexion générale et non particulière au cas de cette ville.
D’accord avec toi sur Robert Lepage qui, se prononçant sur n’importe quel sujet, fait preuve d’une grande intelligence. Sur Québec? Rien à dire, certes plus petit et plus village que Montréal – tellement moins cosmopolite (outre les touristes à caméra tchick tchick), et un peu plus conservateur – fermé. M’ouais… tu sais, je suis chinoise, à 18 ans, je suis allée travailler l’été à Percé. L’attraction, c’était pas le rocher, c’était moi… Mais bon, plus on est exposé, plus on s’ouvre. Plus on est cultivé, moins on est con.
Je suis à Québec depuis moults années… et je n’écoute que très peu la radio… Ces « dictateurs » des ondes sont encore une énigme pour moi aussi !
Quant à la clé Lepage, j’espère bien que de plus en plus de gens s’élèveront contre ces poubelles (de moins en moins fortes, si tu veux mon humble avis)… Vive la Liberté de choix (et non la Libartoé de CHOI ;-))
Les insignifiances qui se disent sont en proportion directe de la demande pour les entendre, laquelle dépend des alternatives… Culture, éducation, la pilule à rendre intelligent… mais ça va mieux,aussi,quand on a le choix.
Plus de choix à Montreal qu’à Québec, plus à Paris qu’à Montréal, moins à Percé qu’à Québec. Les poubelles ne me dérangent pas, pourvu qu’on mette le couvercle.
J’ADORERAIS être pris à partie par l’un ou l’autre des éboueurs, s’il voulais bien avoir le courage de me passer le micro pour la réponse et ne pas couper le volume, comme ils font tous quand ils se sentent menacés…
Pierre JC Allard
Je suis bien d’accord avec ton analyse et celle de Robert Lepage.
Un boom culturel à Québec, ça ferait vraiment du bien!
Ce n’est pas normal que je sois toujours impressionnée quand je rencontre quelqu’un de Québec qui s’avère être ouvert d’esprit. Québec, ce n’est pourtant pas un village dans une région très éloignée!
Sinon, as-tu des photos de toi avec tes dreadlocks? J’aimerais vraiment ça voir ça! 😉
Gradlon,
« mais cela permet aussi aux gens de découvrir la richesse de leur propre culture plutôt que de se complaire dans l’aversion d’une culture extérieure qu’ils croient leur être imposée. »
très bon point!
Modotcom,
ma petite anecdote paraît bien futile comparée à la tienne, quand on sait que des cheveux, ça se change… Mais bon, encore aujourd’hui, il y a des crétins (entre autres un de Québec — les joies des recherches Google!) pour ajouter dans leur dénigrement à mon endroit le fait que je porte la barbe…
Sylvain(B),
« Libartoé de CHOI »
hé hé! L’« o » dans « libarté » est voulu?
PJCA,
« Les poubelles ne me dérangent pas, pourvu qu’on mette le couvercle. »
hé hé!
« s’il voulais bien avoir le courage de me passer le micro pour la réponse et ne pas couper le volume, comme ils font tous quand ils se sentent menacés… »
ils font vraiment ça? Ça ne me surprend pas… Leurs clones dans la blogosphère font pareil ça l’air!
Noisette,
« Ce n’est pas normal que je sois toujours impressionnée quand je rencontre quelqu’un de Québec qui s’avère être ouvert d’esprit. »
Pour ma part, la blogosphère a été et sera une bonne façon d’en découvrir. C’est bien.
« Sinon, as-tu des photos de toi avec tes dreadlocks? »
J’en ai quelques-unes il me semble sur mon Facebook, dans mon album photo.
Je viens de Québec, et je suis d’accord avec toi.
C’est une belle ville, mais homogène, et les lieux de culture et d’ouverture sont rares (mais il y en a, il faut seulement les connaître). C’est vraiment un gros village, avec une mentalité de village pour la majorité des citadins.
Tu vois, quand je retourne à Québec pour voir la famille, je veux rapidement en ressortir… l’ennui vient vite.
Québec a son petit Plateau Mont-Royal, quartier St-Jean-Baptiste, et maintenant aussi son Mile End, quartier St-Rock, où tu peux porter ce que tu veux et penser ce que tu veux. Outre cela, c’est homogène…
Je suis allée voir et j’ai pas trouvé… chou! 😦
Mais j’en ai vu d’autres belles par exemple! hé hé
Les photos dont je te parlais sont sur des comptes de d’autres amis, donc pas sûr que tu peux les voir… Tu me feras penser de t’en montrer chez moi la prochaine fois!
Un autre mot-clé : homogénéité.
Et en passant, il paraît que tu voulais me voir la semaine dernière?
J’ai failli aller au Yulblog pour la première fois la semaine dernière (je ne sais pas si tu y es allé), mais une rencontre impromptue m’a retenu et continue de me retenir intensément…
Généralement, Robert Lepage a fait une bonne analyse. Mais il y a un truc qui est illogique dans son raisonnement (mais il doit parler ainsi, car il vit avec l’argent volé aux CONtribuables de la Ville par l’intermédiaire de Labeaume): son « admiration » (sic) sans bornes pour Sarko Labeaume. Voici deux raisons qui font en sorte que son « admiration » est illogique.
1) Labeaume s’est servi de la radio-poubelle pour se faire connaître, pour se faire élire et pour élaborer ses politiques et ses opérations de propagande. Faut dire que maintenant, il a fait pression sur Tanguay pour que André Arthur ne revienne pas, juste parce qu’il commençait à le critiquer. Il mord donc la main qui l’a nourri!
http://www.ruefrontenac.com/spectacles/tv/4975-croy-tqs-andre-arthur
2) L’Allier a beaucoup plus fait que Labeaume pour la culture à Québec, mais celui-ci était fortement critiqué par les futurs partisans de Labeaume au sujet de la. Alors que maintenant, Labeaume peut faire la même chose sans être critiqué, grâce à la radio-poubelle!
En fait, Labeaume est le représentant de la radio-poubelle à Culbec City, contrairement à ce que l’intervention de Lepage laisse croire!
Le problème se situe aussi dans la mentalité des gens de Québec. J’en connais un en particulier qui ne s’ouvre qu’à une seul culture, le vieux métal. Impossible de lui démontré qu’il existe autre chose dans le monde. Toutefois, pour mes nombreuse excursions dans cette région récemment, je peux te dire qu’ils commence à s’ouvrir de plus en plus à la culture extérieur. Comme quoi que le 400 ième a eu des bon points pour cette ville.
J’en ai crissement marre de passer pour une tarte banlieusarde qu’a jamais rien vu de sa vie pis qui crie « Liberté » avec la face de Jeff Fillion tatouée dans l’front. Y’a pas juste des esties d’rednecks à Québec, tsé ? Mon Dieu que c’est pas ça, la vie à Lévis (en face de Québec, pour les ceuses qui ne sauriont point). Il y a deux noirs dans ma rue, dont un très noir, genre noir/bleu, pis tout l’monde leur parle, personne les traite de « neilles » (entoucas pas dans leur face)… Pis une autre affaire: j’ai vécu cinq ans à Montréal. À Verdun, pour être précise. Pis des conneries racistes, j’en ai entendues plus qu’à Lévis en 30 ans. Fait que…
C’étaient mes deux cennes. 😉
J’espère que c’est agréable!
David,
moi je pense que Lepage est juste capable de voir du bon en lui malgré tout. Et le pire c’est qu’il pourrait quand même être d’accord avec toi…
Félix,
« Comme quoi que le 400 ième a eu des bon points pour cette ville. »
Bon point!
Caroline.g,
j’espère que ce n’est pas mon billet qui t’a provoqué comme ça! Je parle surtout de mes préjugés, j’ai même écrit « il n’y a aucunement de condescendance. Je ne me sers pas de Robert Lepage pour faire du Québec-bashing » et « je sais que tout n’est pas noir ni blanc. » Je ne généralise quand même pas!
Je réagis plutôt à ce que Mourialais en général pensent et disent de Québec, le « village »… Montréal aussi est un village, c’est juste qu’y’a un peu plus de béton pis de couleurs de peau qu’icitte…
Tu sais bien que j’suis jamais fâchée contre toi… j’suis même pas fâchée tout court, j’faisais juste une p’tite montée d’lait ailleurs que sur mon blogue ! 😉
« les » Mourialais, dis-je
J’pensais pas que t’étais fâchée, le clin d’oeil est pas mal éloquent, non juste savoir qu’est-ce qui t’as provoqué!
En tout cas… de ce que j’ai vu t’avais l’air à avoir ben du fun avec tes dreadlocks!
J’habite Québec depuis toujours, mais j’ai eu la chance de voyager beaucoup. Et cette ville n’est pas très différente de bien d’autres agglomérations comparables. Elle souffre d’un puissant complexe d’infériorité, assez classique, causé par la présence d’une métropole enviée et méprisée.
Je me souviens qu’à Trêves, petite ville sympathique d’Allemagne de l’ouest, on détestait cordialement Cologne, ville la plus importante de la Rhénanie. Pourquoi ? Des rivalités immémoriales, datant de plusieurs générations, souvent assez puériles.
Dans le cas de Québec, je crois que ce sentiment est né au cours des années 1960 et 1970, quand Montréal a construit son métro, reçu l’Expo et les Jeux Olympiques. Pour Québec, c’était toute une claque. Que se passait-il ici ? Rien. Les autorités municipales ont alors fait le pari de la modernité en faisant couler le béton, causant des dégâts irréparables au tissu urbain, sans grand succès.
Quant au phénomène de la radio-poubelle, je crois qu’il s’agit d’une conjoncture. Québec ne compte plus seulement des salariés de l’État. Il en compte même de moins en moins. La plupart des jeunes travailleurs sont dans le secteur privé et ne perçoivent plus les ministères comme une destination professionnelle intéressante, en raison des contraintes à l’embauche. Il en résulte une vision critique de l’État, inconnue chez les plus âgés, et qui fait le miel des petits potentats des ondes.
Québec est toutefois en train de se débarrasser de son complexe d’infériorité. La réussite du 400e et la situation embarrassante que vit Montréal en ce moment donne aux habitants de la Capitale un réel sentiment de fierté, voire de revanche. Imaginez si les Nordiques reviennent ! Ils peuvent pas être pire que les Canadiens 😉
Ah! oui, même si c’est pas mal différent d’aujourd’hui! Le fun, on s’entend, pas que je ne m’en fais plus!
Bien content de te lire ici Nicolas!
Ce que tu apportes est bien intéressant, c’est ce que je demandais implicitement. Et ça s’ajoute aux autres avant. Je veux comprendre, et qu’on soit franc. Québec n’est pas Montréal, et encore moins ses habitants. Pourquoi en parler devrait donner lieu à de la chicane?
Des dreadlocks … ha ha ha le pouilleux.
Je n’ai aucun problème avec le vieux métal!
😉
Québec, j’y suis né et y ai vécu ma jeunesse (ah la jeunesse!).
Ce qui est particulier à Québec, à mon avis, c’est qu’on y trouve un tout petit centre-ville, plutôt ouvert et branché, et une énooorme banlieue où se trouve la plupart des habitants. Avec une mentalité de banlieusard – as-tu vu ma piscine, ma tondeuse, la tourniqueeeette, pour faire la vinaigreeettteuh, mon bel aérateur, pour bouffer les odeurs…
@ caroline.g
Ben oui, il y a des cons partout, mais ne dis pas de mal de Verdun, j’y habite! Sans blagues, Verdun était jusqu’à récemment plutôt homogène, et c’est un fait qu’il y a un certain « backlash » face aux nouveaux arrivants. Fait observé : les pire commentaires racistes que j’ai entendu, ce sont des anglophones qui les proféraient (pas à mon égard, toutefois).
@ Renart
Des dreadlock, à Québec, c’est donc toi que j’ai regardé croche! 😉
Lallier était détesté parce qu’il était indépendantiste et qu’il investissait dans la culture (il passait donc pour un snob).
Il complètement transformé le centre-ville, qui était réduit à une ville fantôme pleine de stationnement, sous la direction du maire Pelletier (le pire maire que la ville ait eu).
Labeaume a une grande gueule et joue très bien la carte populiste.
@ Caroline.g : je retire le mot « village » et m’en excuse. Salutations.
@Enkidu
« Lallier était détesté parce qu’il était indépendantiste et qu’il investissait dans la culture (il passait donc pour un snob). »
Labeaume est adulé parce qu’il est un arrogant de la pire espèces mais…il est quand même séparatiste et il investit aussi dans la culture!
@ David
Labeaume est adulé parce qu’il est un arrogant de la pire espèces mais…il est quand même séparatiste et il investit aussi dans la culture!
Il me semble aussi qu’il est un bon « populiste » (ie démagogue).
Mais indépendantiste? Peux tu me donner des sources? Je suis curieux d’en apprendre plus sur ce nouveau maire…
Merde, j’ai oublié de mettre la citation de ton extrait entre guillemets…
Régis Labeaume a voté OUI au 2 référendums sur la souveraineté et a travaillé au PQ pour le ministre Jean-François Bertrand.
Je l’aimais bien au début, mais depuis l’automne dernier où il a tout fait pour sauver une structure inutile comme Pôle Québec-Chaudière-Appalaches en chiquant la guenille contre Jean-Pierre Blackburn et où il a dit qu’il battrait Josée Verner, je me questionne si il prend ses médicaments. Ensuite, il a qualifié de «party à ne pas manquer» la déclaration de guerre de Harper sur nos Plaines d’Abraham et il n’a aucune opinion sur le fait qu’Ottawa contrôle 40% du territoire de la ville de Québec.
En plus, il est schizophrène: il a appuyé le Bloc au fédéral et les libéraux au provincial parce que Charest promettait de transformer Québec en gros Disneyland avec Badaboom comme vendeur de hot-dogs et parce que Duceppe chialerait à Ottawa pour que le fédéral participe.
Je le sais, je caricature, mais ça prouve que ce maire sarkozien est un drôle de pistolet. En plus, il met fin à des négociations avec les syndicats en leur donnant des bonis, alors que c’est tout le contraire de ce qu’il avait promis dans ce dossier, soit la continuité des idées de la mairesse Boucher (négociations sur la place publique).
@ Renart.
Tu ne connais pas Québec, sauf la caricature que les humoristes de Montréal en ont fait. Viens plutôt nous voir par toi-même! On ne te mangera pas.
@ Noisette.
La région de Québec est la région la plus instruite du Québec, Université Laval et Parlement oblige!
Mon billet sur Labeaume, si ça intéresse quelqu’un: http://lequebecdedemain.blogspot.com/2009/01/qui-veut-faire-lange-fait-la-bete-2e.html
La ville de Québec est à la fois un beau modèle social, économique et où on se sent CHEZ-NOUS. Modèle qui devrait être appliqué dans d’autres villes importantes sur ce continent, question de se sortir de leurs clivages, pour prospérer économiquement, donc, se sortir du trou.
Juste dommage que la ville se « rougifie » aux provinciales et qu’ils aient des radios vulgaires (certaines, en tout cas).
NOUVEAU DOCUMENTAIRE
MON AMI PIERROT LE DERNIER HOMME LIBRE
LE FONDATEUR DES BOITES A CHANSONS
LES DEUX PIERROTS DU VIEUX MONTREAL
POUR PHOTOS:)))
http://www.enracontantpierrot.blogspot.com
http://www.reveursequitables.com
*Dimanche 19 décembre, 5 à 7 (film à 18h)
Québec, Le Cercle, 228 St-Joseph Est
Réservation: 514 750-3103
*Le film est d’une durée de 45 minutes et sera suivi d’une discussion avec les coréalisatrices.
Coût: 10$
Réservation nécessaire
Pour une rencontre surprenante, une réflexion sur la vie et une soirée différente, venez en grand nombre!!!
Pierre Rochette : l’ermite des routes allume les coeurs
Par Daniel Deslauriers
Depuis trois ans, Pierre Rochette pourchasse les rêveurs partout où il
passe.
« Je suis comme l’allumeur de réverbères du Petit Prince », ditil.
«
J’allume la flamme enfouie dans le coeur des gens que je rencontre
en les incitant à vivre leur rêve. Je vais là où il y a des rêveurs.
Chaque fois que je rencontre quelqu’un, je lui demande : connaistu
quelque part un grand rêveur? »
Pour cet homme à l’allure singulière, chaque humain possède en lui
une petite bougie qui mérite d’être allumée et nourrie. Par peur ou
par conformisme bien souvent, les gens passent à côté
d’expériences merveilleuses, selon lui. « Je suis assoiffé de
contribuer à une nouvelle vision : un pays « oeuvre d’art » où chaque
citoyen, en rêveur équitable, prend soin de la vie privée de l’autre
sans intérêt personnel caché. Imaginez la fête quand toutes ces
chandelles illumineront le pays. »
Tournant décisif
Il n’a fallu qu’un seul regard, un simple sourire, pour le convaincre de
tout abandonner encore une fois et de prendre la route.
« Complètement édentée, c’est probablement l’une des femmes les
plus laides que j’ai rencontrées, mais il y avait plus d’amour dans ce
regard que dans tout ce que j’avais pu écrire. » De là est née l’idée
de faire le tour du Québec à pied pour écouter les gens et les aider à
réaliser leur rêve.
Avec son bâton de pèlerin, sa vieille guitare et son sac à dos, le vieil
homme à la barbe blanche a traversé le Québec plusieurs fois. Il a
dormi sous des ponts, dans des fossés et sur des congélateurs. Il
mange quand il le peut sans demander quoi que ce soit. « Je me
nourris de toutes ces rencontres avec ces milliers de gens qui
partagent leur histoire avec moi », ditil.
« Un jour, j’ai rencontré un homme qui sautillait sur place et agitait les
bras comme un fou. Je lui ai demandé pourquoi il bougeait sans arrêt
et quel était son rêve. Il m’a répondu : je veux faire un métier qui va
me permettre de bouger sans cesse. Je l’ai croisé à nouveau sur ma
route, peu de temps après, il était devenu éboueur. Quel beau métier
pour cet homme qui avait un rêve. »
Documentaire
Cette aventure a inspiré la production d’un documentaire de 50
minutes (voir démo au http://www.enracontantpierrot.blogspot.com). Avec
des moyens de fortune, deux jeunes finissantes en journalisme de
l’Université de Montréal, Véronique Leduc et Geneviève VézinaMontplaisir,
l’ont suivi sur la route pendant deux ans. « Je l’ai
rencontré par hasard en octobre 2007.
Il avait dormi sur la galerie de la salle de spectacle de mon copain à
Lavaltrie », explique Véronique Leduc. Au début, je l’ai trouvé bizarre.
On a jasé un peu, puis il a sorti sa guitare. J’ai été captivé par son
histoire et l’idée d’un documentaire a germé tout de suite. »
« Bien sûr, Pierrot ne fait pas l’unanimité auprès de tout le monde »,
explique Véronique. « Son choix de vie, c’est un peu égoïste dans un
sens, mais, en même temps, il est tellement tourné vers les autres.
C’est un personnage très attachant. »
Présenté en avantpremière
au théâtre Le Patriote de SainteAgathedesMonts
le 30 octobre, Pierrot : Le dernier homme libre s’amène au
Café Qui fait quoi du 3428, rue StDenis,
à Montréal le 4 décembre à
20 heures (entrée 10$).
« À 61 ans, je suis hanté par le succès de ces filles. En même temps,
je suis complètement déstabilisé parce que le film porte sur moi. J’ai
besoin que la salle soit pleine, pour elles, mais j’aimerais aussi
m’enfouir 10 pieds sous terre, par trop de fragilité. »
Au service des autres
Son aventure lui a inspiré plus d’une centaine de chansons depuis le
début de son vagabondage. « Je me suis inspiré de la vie de tous
ces gens que j’ai rencontrés au fil de mon voyage. »
Pierrot le vagabond est formel : la souffrance est nécessaire pour
remplir son coffre à outils. Plus on souffre et plus notre coffre à outils
s’enrichit.
« C’est aussi le message que je veux transmettre. En fait, si j’ai une
seule crainte, c’est celle de ne pas avoir assez servi. Je ne suis pas
libre parce que je travaille. Dans les épreuves comme dans
l’abondance, il faut s’occuper du rêve des autres. »
Et puis d’un seul trait, après deux heures d’entrevue, Pierrot range sa
guitare et ses souvenirs. « Je dois reprendre la route », ditil
sans
prévenir. « Il y a d’autres rêveurs qui attendent… »
L’homme derrière le vagabond…
Par Daniel Deslauriers
Fou ou génie? Une chose est sûre : ce vagabondpoète
ne laisse
personne indifférent. Son parcours de vie est à l’image des routes
qu’il arpente jour et nuit : tortueux et imprévisible.
Originaire de La Tuque, il a grandi à quelques rues du grand Félix
Leclerc. « Mon père a été le premier, au Canada, à ouvrir une station
de télévision communautaire dans les années ‘60 », explique cet
ermite des routes. L’expérience a mal tourné. Ruiné et sans le sou, il
confie son fils aux frères du Collège Jean de Brébeuf à Montréal.
« Je peux me vanter d’avoir été le seul pauvre à étudier dans ce
collège en échange d’un peu de travail », ditil
avec un grand rire.
Plus tard, il enseignera la philosophie au Conservatoire de musique
de Montréal avant de se consacrer corps et âme à la musique. Il
fonde le groupe Les Contretemps, puis ouvre la boîte Les Deux
Pierrot dans le VieuxMontréal
et chante un peu partout dans le
monde (Afrique, Allemagne, France et Japon). « Je n’ai jamais
manqué de travail », précise Pierre Rochette avec une certaine fierté.
Libre comme l’air
Mais, l’appel de la liberté le tenaille sans cesse. Et puis, à l’aube de
ses 50 ans, en plein spectacle et au beau milieu d’une chanson de
Jacques Brel, il quitte la petite scène de l’Auberge La Calèche à
SainteAgathedesMonts
en disant :
Tabarnack,
laissezmoi
partir!
« Il nous restait encore trois ans de contrat », explique l’imprévisible
Pierrot. « Je ne suis jamais remonté sur scène. »
Son partenaire de scène, Denis Lamarre, ne lui en veut pas.
Ensemble, ils ont fait plus de 3 000 spectacles au Québec et chanté
devant plus d’un million de spectateurs pendant les 18 ans de leur
association. « Pierrot est un homme sans attaches », ditil.
« Il a
toujours insisté pour serrer la main de tous les spectateurs présents.
C’est un homme généreux, tourné vers les autres, mais qui veut
rester libre dans toutes les facettes de sa vie. »
Il donne ensuite sa maison, ferme ses comptes de banque et
distribue tout son argent. Il laisse derrière lui ses trois enfants, issus
de trois unions différentes, et bon nombre d’amis dans son village
d’adoption, ValDavid,
où il a été conseiller municipal avant de faire la
chasse aux gourous (Médecins du Ciel) dans une saga qui a
alimenté les médias pendant plusieurs mois en 1995.
Assoiffé de connaissances
« J’ai quitté la maison en laissant la porte ouverte avec, comme
seules possessions, les vêtements que je portais et ma vieille guitare
Yamaha. »
Il s’enferme ensuite, sept jours sur sept, dans une bibliothèque de
Victoriaville pour « raffiner sa culture générale » et « trouver sa place
dans la littérature mondiale. » Assoiffé de connaissances, il lit
régulièrement une dizaine de livres en même temps en commençant
toujours par la fin. Avec une maîtrise sur le rire en poche, il prépare
maintenant un doctorat en intelligence collective.
Le squatter, qui sommeille en lui, s’installe ensuite au soussol
d’une
librairie alternative de cette ville. Entouré de livres, il dort sur une
table. Il termine alors l’écriture du premier tome (Monsieur 2.7K) de
sa trilogie. Son oeuvre compte plus de 3 000 pages. Depuis quelques
jours, ce premier tome est disponible gratuitement sur le web à
l’adresse qui apparaît plus bas.
« Je suis un homme choyé. J’ai eu de bons parents et de bons
partenaires de spectacle. Il insiste pour parler de son partenaire
actuel, Michel Woodard, un vieil ami chansonnier qu’il a retrouvé
après 35 ans de silence. Avec lui et sa conjointe Marlene Hall, ils ont
décidé de réseauter tous les « rêveurs équitables » de la planète et
organisent, de façon ponctuelle, des rencontres avec le public. Un
site internet a été créé dans cette foulée (
http://www.reveursequitables.com).
merciiiii
beaucoupppppp
de m’aider a prendre soin
du reve des deux réalisatrices
Pierrot
:)))))))))