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BT : nous avons accepté quoi? (bis)

Avec tout l’énervement dû au Blogu’Or et ma joie d’annoncer ma paternité prochaine (merci beaucoup encore pour vos félicitations! vous me rendez tous bienheureux!), j’ai complètement oublié de vous faire part de la publication hier matin de mon dernier billet sur Branchez-vous! qui discute d’une des prémisses du rapport Bouchard-Taylor. La discussion va déjà bon train avec plus de cinquante commentaires.

Et en parlant de commentaires, je les ferme ici, car c’est là-bas que ça se passe, ne soyez pas gênés! 😉

C’est le Jour B-T!

Je ne sais pas pour vous, mais le dévoilement aujourd’hui du rapport Bouchard-Taylor crée chez moi beaucoup de fébrilité. C’est un peu normal, car cela est plus important, par exemple, que toute sortie culturelle, enfin, pour ceux qui comme moi pensent en d’autres termes que seulement leurs petits plaisirs immédiats… Une société se bâtit sur le long terme, il faut bien y jeter un coup d’oeil de temps en temps!

Je connais beaucoup de gens comme ça qui ont évacué de leur vie toute considération qui toucherait un tant soit peu au politique, et cela m’attriste, car plus les gens vont rester dans leur coin, moins les décisions de nos gouvernants reflèteront les désirs de la population. Alors, tant qu’à avoir payé collectivement 5 millions pour ce rapport, il faudrait bien qu’il ne se retrouve pas tabletté comme les autres…

En passant, j’ai pondu ce matin un texte, pour publication chez Branchez-Vous!, en lien avec la question linguistique, incluse bien sûr dans ce rapport, et j’aimerais vous inviter à venir y jeter un coup d’oeil, puis si ça vous chante quelques coups de touches sur votre clavier pour y exposer vos vues!

(La photo provient d’un billet du blogue de David Chrétien : « Rapport Bouchard-Taylor, constructeur de tablettes demandé », hé hé!)

Je mets ma tête dans le creuset…

Patrick Lagacé nous parle sur son blogue de bribes d’informations en lien avec la publication prochaine du Rapport des Sages Boulor-Taychard…

Ils veulent :

– Que les Québécois francophones parlent davantage anglais
– Que les organismes interculturels soient mieux financés
– Que les Québécois francophones soient davantage ouverts sur le monde

À froid, en sirotant mon café, j’ai joué du bongo sur mon clavier :

Bof, au premier coup d’oeil, ça m’a tout l’air d’une belle formule magique…

Dans beaucoup de discussions que j’ai depuis quelque temps, il ressort qu’il est temps pour les francophones de privilégier le plus possible l’emploi du français dans la sphère publique pour inciter les anglophones et les nouveaux arrivants à le pratiquer, parce que c’est la seule bonne manière de ne pas perdre notre caractère distinct devant l’anglicisation mondiale. Alors, si la priorité est l’apprentissage de l’anglais, cela déterminera encore plus fort le réflexe des francophones de passer à l’anglais aussitôt qu’il est en présence d’un quelconque accent.

Au dernier Yulblog, nous avons rencontré un anglophone né à Montréal qui était bien content de pouvoir pratiquer son français avec nous. Son accent était pitoyable, mais il a quand même fini par nous faire comprendre qu’il n’arrivait jamais, sauf en de rares occasions, à discuter français avec des francophones…

Il est clair pour moi qu’il y a un mélange de concept. Les questions de la linguistique, de la xénophobie, de la tolérance, semblent se mêler assez fallacieusement ici. Si protéger au jour le jour mon héritage francophone fait de moi un intolérant, je décroche. J’espère que cela sera plus clair…

(Photo : malidinapoli)

Il n’est jamais trop tard Monsieur Gendron

Il n’est jamais trop tard pour bien (ou mal) faire. Stéphane Gendron vient ce matin de répondre à un ancien billet à son sujet et j’aimerais partager son commentaire avec vous et lui répondre ici, question d’utiliser à bon escient le concept antéchronologique du blogue (au sujet du terme « blogue », remarquez que Monsieur Gendron, à l’instar de plusieurs encore, utilise l’orthographe anglaise originale « Blog ». Je voudrais seulement lui souligner que les Québécois ont inventé cette nouvelle orthographe à la française, comme beaucoup d’autres actualisations de mots, et qu’il faudrait bien en être fier et les utiliser, a contrario des Français qui n’ont cesse d’angliciser leur langage, comme l’idiote et laide expression « weekend »… Eh! oui, je sais que le terme « blog » trône en haut à gauche de mon blogue, mais je ne peux pas le changer, du moins je ne sais pas comment). Donc, voilà, après cette longue parenthèse, son commentaire, et ensuite ma réponse :

J’ai toujours été fasciné par deux genres de personnes : ceux et celles qui me détestent : comme vous sur ce Blog, et ceux et celles qui m’admirent. Je n’arrive pas à comprendre ces deux extrêmes. Je suis comme je suis et je ne m’analyse pas. Vous, contrairement à ma pauvre personne, avez une idée qui est complètement aux antipodes de ce que je suis. Pour la gomme du Plateau, je passe pour un mal lêché mais jamais personne d’entres vous ne s’est donné la peine de voir de vos yeux les réalisations que l’on a fait – pour le monde ouvrier – ici à Huntingdon. Vous crachez sur nos efforts, et vos ridiculisez mon passage ici et là – mais vous n’avez pas pris la peine de m’écrire ou de communiquer avec moi. Bon, je respecte votre analyse en superficie. Au fond vous devez penser que je suis un gars inaccessible – comme tous ceux qui se prennent pour des vedettes. C’est trop souvent la réalité. Mais si le coeur vous en dit, venez me voir à l’Hôtel de Ville, je vous ferai le tour du proprio. Mon téléphone: (450) 264-5389. Quant à mon passage à la Commission Bouchard-Taylor et mon dégoût de la loi 101, j’ai droit à mon opinion. Je n’ai pas besoin d’une loi pour protéger ma langue. Et pour ceux et celles qui pensent que je suis un gros déguelasse de la droite, voir de l’extrême-droite, et bien j’ai une mauvaise nouvelle pour vous: mon action à Huntingdon est plutôt celle de la Gauche, et le tout a fonctionné à merveille. Acheter des usines, exproprier des terrains, supporter publiquement l’investissement privé et créer des centaines d’emplois – ce n’est pas très à droite pour un gouvernement municipal. On a risqué pour aider nos travailleurs, on a gagné.

Au plaisir et mes sincères salutations
Stéphane Gendron
Compagnon – Franc-Maçon

Monsieur Gendron,

le verbe « détester » est un trop grand verbe pour décrire ce que je pense de votre entité, qui englobe beaucoup trop de choses, tellement que cela vous dépasse. Je ne vous déteste pas, car je ne vous connais pas personnellement. Je ne doute pas que vous puissiez être une personne agréable à côtoyer, pour avoir écouté votre (dernière?) entrevue avec Jeff Fillion (au sujet de votre passage aux Francs-Tireurs), vous aviez l’air comme larrons en foire (et pas du tout à l’aise, enfin si peu, avec Patrick Lagacé…). Je peux vous dire franchement, et c’est peut-être un préjugé de ma part, mais je doute fort que je pourrais m’entendre avec Jeff Fillion puisqu’il me donne des boutons à chaque fois que je l’entends, alors j’en conclut par une induction tout humaine que je pourrais avoir un peu de difficulté à m’entendre avec vous, bien que j’ai un préjugé plus favorable à votre endroit.

« Ambiguïté » serait un terme, même s’il n’est pas également un verbe comme « détester », qui pourrait mieux décrire ce que je pense de vous. Et notez que mes critiques à votre endroit sont toujours au niveau des idées, ce qui fait que j’ai aussi le droit (et donc la liberté, et non la libarté) de trouver votre position sur la loi 101 complètement déconnectée, comme vous avez le droit d’exprimer ici, deux fois plutôt qu’une, votre opinion sur cette question. Et, encore plus, j’apprécie franchement votre ton respectueux, certains trolls devraient prendre exemple sur vous.

Pour ce qui est de vos bons coups, je ne me suis pas gêné pour les féliciter ici, et je réitère encore mes félicitations, mais cela n’efface pas automatiquement le reste, cela serait trop facile. Je vous souhaite une bonne continuation dans vos domaines de compétence et moi je vais continuer de faire mon devoir de citoyen, qui consiste à user de mon esprit critique devant ce que les personnalités publiques m’offrent dans les médias; ce blogue est un extra, question d’en offrir le résultat au plus grand nombre, comme vous le faites aussi de votre côté. Vive la blogosphère!

Vous êtes bien sûr toujours la bienvenue ici.

P.S. Je n’habites pas sur le Plateau…

Le mystère René-Daniel Dubois

Le passage de René-Daniel Dubois à Tout Le Monde En Parle a été pour moi et pour plusieurs comme un peu de lumière dans la pénombre. Ça me parle beaucoup quand il dit que plus de 200 personnes de talent, des hypothétiques artistes de la trempe de Tremblay et Lepage, ont été scrapés par notre foutue société d’incultes. Et le mot « inculte », je le lui mets en bouche pour synthétiser, car ce terme représente bien sa charge contre l’inexistence culturelle, où la culture est désincarnée par le vedettariat, incluant ou non l’art (là, j’outrepasse sa pensée, je remplis les trois petits points…). Différents points de vue, même combat.

Mais j’ai titré mon billet en incluant le mystère pour une bonne raison, je ne comprends pas, ou mal, sa position antisouverainiste. Il a passé un bon moment dans l’entrevue à parler du Québec et de notre place dans le monde avec son image de la cour d’école, alors que nous serions le seul étudiant sur 1000, ce qui je crois est en complète contradiction avec l’idée de notre place dans le statu quo canadien et qui, lorsque quelque chose de nous brille dans le firmament mondial, fait briller le Canada et non le Québec, mis à part peut-être pour les pays francophones, enfin certains. Nous souffrons alors d’une extinction de voix!

Aussi, dans la même veine, son texte qui est paru dernièrement sur le nationalisme me laisse encore pensif : jusqu’où peut-on gonfler la définition de ce terme? Quand il écrit que « Le nationalisme, c’est le contraire de la démocratie », il l’instrumentalise et le place dans la bouche de ses ennemis, et encore mieux, il l’instrumentalise d’autant plus pour sa propre analyse. Pour ma part, j’ai essayé, peut-être maladroitement, de le réduire à un pragmatisme que je voulais au mieux relaxant, en insistant sur la langue commune, le français, mais je vais oser le réduire à une chose encore plus simple : le nationalisme, c’est la reconnaissance, c’est se reconnaître, dans son sens le plus large et le plus humaniste, ça pourrait se référer par exemple au seul fait d’avoir une adresse; aujourd’hui, surtout, c’est pouvoir élargir cette reconnaissance et arriver à y inclure de plus en plus de diversité. Au-delà de ça, c’est l’Histoire qui devient le moteur de l’acharnement contre les singularités, comme nous l’avons bien (ou mal) vu avec le cirque Bouchard-Taylor.

Au-delà de ce bémol, en fin de compte, pour ne pas trop m’éterniser, ce que je comprends de cet homme, en réécoutant son entrevue à répétition, c’est qu’il désire nous brasser en se plaçant lui-même contre nous tous, de quelque côté que nous soyons. Je l’applaudis ici à ma manière.

En attendant le rapport Bouchard-Taylor

Dans le livre « La philosophie pour les nuls », il y a un encadré assez intéressant. Il porte le titre de « La politique de la reconnaissance ».

Le Canadien Charles Taylor est le principal théoricien de cette « politique de la reconnaissance », qui est au coeur de la conception et de la pratique du communautarisme.

D’après cette théorie, les différences culturelles représentent une expression essentielle de la dignité humaine. Lorsqu’un État, au nom de l’unité de la nation ou de la république (comme en France) entrave ou interdit la liberté des croyances et des coutumes traditionnelles, il commet une injustice majeure. La reconnaissance des différences culturelles est, aux yeux des communitariens, aussi importante que l’égalité des droits économiques et sociaux.

Cela nous donne un minime aperçu de ce que seront les recommandations des commissaires Bouchard et Taylor à la suite de la commission du même nom…

Et pour rester encore dans le sujet du livre, il contient un passage sur nous!

Internet, à la fois vecteur et signe d’une mondialisation qui ne fait que naître, donne à la philosophie une existence publique qu’elle n’avait jamais eue auparavant. Des milliers de bloggers (sic) anonymes lancent des idées dans cet océan de signes, se réunissent en forums de discussions, échangent leurs arguments. Jamais dans toute l’histoire passée on n’aura autant philosophé qu’aujourd’hui.

Un début d’automne sans trop de lumière…

Pour continuer ma rétrospective, septembre a été le mois des différences, avec entre autres le début de la commission sur les accommodements raisonnables, la disproportion de Gérard Bouchard et l’avis trouble de Kevin Parent sur cette question à TLMEP.

Encore, Stephen Harper a essayé de se montrer un peu plus vert… on a fêté les 6 ans du tragique 11 septembre et le regard accusateur du monde s’est tourné vers la Birmanie.

Personnellement, j’ai élaboré en long et en large ma pensée politique sous la loupe philosophique après avoir découvert le political compass.

Du côté de la blogosphère, ç’a pas mal brassé. J’ai tenté de calmer le jeu en expliquant quelques risques de dérapage et l’histoire autour du blogue de l’insaisissable Élodie Gagnon-Martin est venue commencer d’éclabousser les blogueurs anonymes.

Justement, en octobre, pour affirmer le sérieux de ma démarche de blogueurs, j’ai dû sortir du garde-robe

Aussi, du côté entrepreneurial, nous avons appris que Wal-Mart s’est lancé dans le recyclage et que Dove, qui vante la vraie femme, et Axe, qui vante les pitounes, est une seule et même entité contradictoire, que j’ai nommée DovAxe.

Mais c’est en politique que ç’a brassé fort : Simon-Pierre Diamond s’est mis les pieds dans la bouche, Mario a rabaissé la blogosphère, quelques parlementaires ont traficoté Wikipédia, Pauline a trop mal baragouiné l’anglais pour certains, elle a projeté à la face du Québec une loi sur l’identité québécoise, ce qui a bien sûr fait son lot de réponse, dont la mienne. Le B’nai Brith s’est joint à la tourmente et de l’autre côté, La fédération des Québécois de souche est venue la noircir encore plus qu’elle ne l’était.

En somme, un début d’automne assez… automnal!

Rétrospective : autour de l’été 2007

Pour continuer ma rétrospective de l’année, en avril, j’ai surtout été bien content de savoir « Comment les riches détruisent la planète »… Et, au-delà de ce constat, le présent a basculé alors qu’un tueur fou faisait trente-trois victimes.

Personnellement, mon roman a été maintes fois refusé, mais j’ai refusé de me taire à la suite de la lettre un peu trop explicite de la maison d’édition Tryptique. Mais pour contrebalancer, Louis d’Un Homme en colère m’a invité à le joindre dans la rédaction de son blogue, ce que j’ai accepté automatiquement, et j’ai pondu un premier texte un peu baveux.

Il y a eu aussi La Marche du Jour de la Terre à laquelle j’ai participé, le lock-out au Journal de Québec (qui se poursuit bien sûr à ce jour) et la blague non salée du plan vert des conservateurs qui est venu me titiller.

Et pour terminer le mois, question d’amener un sujet rarement abordé, j’ai exposé par l’écriture une idée artistique, une performance que je n’ai jamais mise au monde, mais que vous pourrez vous imaginer.

Je n’ai pas souvenir pour avril d’un poisson plus gros que les autres…

Le mois de mai a commencé pour moi avec l’écriture d’un texte que j’aime beaucoup et qui discute de quelques considérations de la blogosphère sous le titre : « Le merveilleux monde des blogues : moi, vous et la néthique »Il y a eu aussi la victoire de Sarkozy, le départ d’André Boisclair de la chefferie du PQ, l’examen du mur constitutionnel, la course à la chefferie et le possible couronnement de Pauline Marois, la grève à la STM et l’histoire de Ryan Smale.Du côté culturel, j’ai vu Freedom Writers, écrit un trop rare poème d’amour, lu le surprenant Le Vide de Patrick Sénéchal, pondu un chandail et un habit, vu le dernier Lynch, Death of a President et finalement acheté le dernier Omnikrom.

Pour ce qui est de juin, ç’a commencé en fou avec l’histoire autour du site canadadivided.com, qui fait la belle part à la francophobie et le rejet du Québec du Canada pour faire cesser ce foutu bilinguisme officiel coast-to-coast…

Et ç’a été assez tranquille en général, sûrement pour cause de chaleur, mis à part quelques trucs ici (le secret) et (la crise d’angoisse).

En juillet, j’ai passé une journée à l’hôpital, Carlos Slim est devenu le plus riche du monde, Patrick Lagacé m’a fait le très grand honneur de me citer sur son blogue, il y a eu l’histoire autour des Élevages Périgord, j’ai vu le traumatisant documentaire Zeitgeist et me suis rendu compte de l’escroquerie monétaire.

En août, l’actualité de mon blogue a été parsemée de la décision de la BMO d’offrir ses services en langue chinoise, de la victoire de P.E. Trudeau à un sondage comme étant le pire canadien de l’histoire, de quelques considérations artistiques, de ma découverte du libertarianisme, de la disparition de Cédrika Provencher, de l’éthique élastique de Wal-Mart, du projet de la commission Bouchard-Taylor, des rappels de jouets chinois, de la loi 104 invalidée, de la tenue du sommet de Montebello (et surtout de la position de Pierre Légaré versus celle de mon ami Eric Bondo, et aussi celle de Michel Monette) et de l’histoire des bottes des faux manifestants qui se sont avérés être des policiers, de la nouvelle que Yahoo! et Microsoft ont accepté de s’abaisser à la censure devant la Chine et, finalement, de quelques idées à la veille du début de La Commission.

Enfin bref, un été chaud!

(La photo provient d’ici.)

Mes plogues du jour

Sur son blogue, Alain B vante le témoignage de Jean Dorion à la C.B.-T. et il a tout à fait raison, à mon avis. Suivez le guide!

Jean-François Mercier, toujours aussi caustique, se risque un peu du côté du « bien parler», de l’intellectualisme et c’est jouissif! C’est là : Critique constructive.

Capitaine Virgil expose une Réflexion sur la blogosphère que je trouve très intéressante, même si je n’y adhère qu’à demi… (Voir mon commentaire à la suite du texte.)

La Tribu du Verbe publie un texte de Jean Naimard (hé hé!) qui discute d’un projet de loi qui « interdira notamment la reproduction non-autorisée par le producteur (au lieu de donner, comme jusqu’à maintenant, un droit inaliénable à l’utilisateur de reproduire une œuvre pour son usage personnel). » Et cette citation n’est que la pointe de l’iceberg…

Petit ajout de dernière minute :

That’s it ! Quebecor media, en somme, ne vend pas des journaux, ils vendent du papier avec de l’encre dessus, rien de plus.

Tiré du dernier texte de V, Pathétique Quebecor.

(La photo provient d’ici.)

Aventure abitibienne (départ)


Un petit retour sur mon séjour à Rouyn. Je dis petit, mais non, ça ne se pourra pas, y’en a trop à dire… Même mon départ en taxi est intéressant à raconter.

Donc, sur la route j’écoutais, en compagnie du chauffeur, sans dire mot, les inepties de Gilles Proulx à la radio et je riais à travers moi, en silence. À un moment, alors qu’il répondait à la question d’un amérindien, l’animateur a bifurqué joyeusement sur la beauté de sa réserve, sans doute pour occulter la question, c’était d’un chic fou. J’ai laissé échapper quelques gloussements. À un moment, le sujet a tourné du côté de la dernière lettre de déculpabilisation du caporal, oups! du cardinal Marc Ouellet, et ce gentleman a traité de tarlas la totalité des dénigreurs de l’Église… Je n’en pouvais plus, j’ai ri de bon coeur, et le chauffeur de même.

Il m’a raconté qu’il écoutait Gilles Proulx pour rire et ensuite, il a quand même pris la défense de l’Église catholique d’un côté historique, ce qui était assez surprenant venant d’un immigrant avec un accent arabe. Il continua en me racontant un peu sa vie : marocain musulman pas du tout pratiquant qui est parti de son pays parce qu’il avait peur pour sa peau face aux intégristes. Il se trouve bien ici parce que la place de la religion est secondaire.

Je lui ai rétorqué que c’était un peu plus difficile pour les immigrants depuis quelque temps… et il m’a dit que cela ne le dérangeait pas du tout. Comme je lui ai raconté, à ce sujet, j’avais encore de pris au travers de la gorge le dernier reportage au Téléjournal où, comme exemple d’interventions à la commission, deux immigrants ont axé leurs propos sur la difficulté de se sentir bien ici. Mon échange avec ce chauffeur a donc été des plus positif, j’aurais pris un trajet beaucoup plus long en sa compagnie.

C’est comme dans tout, il n’y a pas moyen de généraliser.

Étant donné que je vous écris, il va sans dire que le vol s’est bien passé. Je continue mon récit dans un autre billet, ou plusieurs.

(Les photos proviennent d’ici et d’ici.)

Ma plogue du jour

Mon ami AlainB., du blogue Le Petit Émerillon, a été livrer un beau message hier à la commission Bouchard-Taylor. Suivez le guide!

Ajout :

Ou plutôt Mes plogues du jour! Je ne pouvais pas vous quitter sans vous proposer ce texte pince-sans-rire de mon autre ami Ce bref réveil, et en plus c’est dans le thème!

Hope & Fear Series by Phillip Toledano

J’ai découvert le photographe Phillip Toledano via le copain iamwormbuffet aujourd’hui, ou plutôt hier, vu qu’il est passé minuit. J’ai pas mal fait le tour des photos sur le site et c’est celle-là qui m’a semblé la plus proche de notre actualité…

Plogue du jour

Mario Dumont ne présentera pas (pas plus que son parti – si on peut les séparer…) de mémoire à la Commission Bouchard-Taylor… L’avis et l’analyse de mon ami du blogue Regard Urbain est probant, à mon sens.

Mes liens de sang versus mes liens concrets

(La photo vient d’ici)

Après avoir vu chez Le Petit Émerillon un témoignage très intéressant tiré de la Commission Bouchard-Taylor (quoique la finale m’a un peu laissé froid : le gars clame le danger sur notre économie de ne pas s’entendre avec nos immigrants parce qu’ils vont nous faire une mauvaise réputation dans leur pays d’origine! Bon, je veux bien m’entendre avec eux, réellement, mais pas pour cette raison expressément…), je me suis dit que j’allais préciser ma pensée devant vos yeux galvanisés, hé hé!, en lien et à la suite de mon texte sur le nationalisme pratique, ce que je pense du concept de peuple.

J’ai toujours pensé que j’avais beaucoup de sang amérindien de par mon père, qui a la peau un peu foncée et sa mère, ma grand-mère, qui a une allure de vieille squaw sympathique. En voyant le gars dans le vidéo qui se dit métis et qui est aussi blanc que moi, je me dis que ça se pourrait bien, mais je m’en fous, c’est anecdotique à mon sens.

Je sais aussi que j’ai du sang écossais de par ma grand-mère maternelle, une Mc Grath, qui venait du Nouveau-Brunswick (ou de la Nouvelle-Écosse, je ne me souviens plus) et je m’en fous tout autant!

Je suis le résultat de l’humanité et de toute son histoire et je vis dans le présent pour me projeter dans le futur! Toutes les histoires de peuplades me laissent de glace, la culture est vivante et se construit avec l’apport de tous et chacun. Ça tombe que nous sommes tous ensemble sur un territoire donné avec toutes nos histoires qui se chevauchent, il faudrait au moins se trouver un terrain d’entente…

Je trouve ça dommage de voir tous ces peuples réunis sur cette même terre se braquer dans leurs réserves, et j’utilise le terme réserve dans son emploi le moins territorial. Je suis bien content d’être simplement moi, un amalgame malléable, unique, voulant partager avec quiconque regarde en avant.

Justement, en parlant d’unicité, je vous laisse avec ce vidéo de Jean-François Mercier, un vrai. (Merci à Iamwormbuffet, mon « J-F Mercier pusher »!)

Ajout (3h) :

Tenez, tant qu’à y être, un très bon texte de Mohamed Lotfi sur La tribu du verbe, très à propos et c’est ici!

Ne pas oublier Jean Tremblay

lemairetremblay
Capitaine Virgil proposait la création d’une bannière pour le maire Tremblay, en voilà une!

Diffusez! Diffusez!

Pour plus d’information, cliquez sur la bannière.

Ma plogue du jour

Si vous vous êtes intéressé à la question du maire Jean Tremblay, je vous conseille fortement la lecture du texte Dépôt controversé d’un mémoire à la Commission Bouchard-Taylor : le Maire Jean Tremblay doit démissionner de Capitaine Virgil.Un texte très complet et une bonne analyse.En n’oubliant surtout pas le thème amer de la journée…

La disproportion de Gérard Bouchard

Le texte qui suit a été publié originalement sur le blogue Un homme en colère et à été en vedette pendant un moment sur le site Cent Papiers :

Il y a quelque chose qui m’agace fortement avec l’attitude de Gérard Bouchard lors de la consultation à St-Jérôme, alors qu’il a demandé aux citoyens : « N’y a-t-il pas disproportion entre l’inquiétude que vous manifestez et la cause de l’inquiétude? »

Pour faire un parallèle facile, n’importe qui serait stupide d’attendre qu’un problème de santé grossisse avant de le faire soigner, surtout s’il est visible et potentiellement dangereux, si petit soit-il quand cette personne s’en rend compte. Comme en fait foi l’actualité de la région des Laurentides, depuis quelque temps, il y a effectivement quelques problèmes de cohabitation et ces citoyens en ont parlé ouvertement, cette commission sert à ça, pour le meilleur et pour le pire. Pourtant, je comprends le coprésident de tenter de calmer le jeu quand il fait face à de la xénophobie ou même du racisme dans certaines régions où il n’y a pratiquement pas d’immigrants, mais il est clair que dans ce cas-ci ce sont des problèmes sérieux qui doivent être pris alors sérieusement en considérations par cette commission. Il y a une limite à prendre les citoyens lambda pour de simples alarmistes sans fondements. J’ai bien hâte de voir comment ça va se passer à Montréal…

Aussi, l’exemple du cas de cet homme qui s’est plaint de devoir payer 10% plus cher pour sa nourriture au supermarché parce qu’elle est casher est bien la preuve que des minorités peuvent faire évoluer les commerces avoisinants leur communauté à leur avantage et que d’autres individus peuvent aussi monter aux barricades pour cela, quand on leur en offre la chance, surtout si on touche à leurs portefeuilles. Je ne dis pas que c’est si grave en soi, 10%, mais c’est la réalité, certains citoyens sont outrés, et l’argument de la disproportion entre l’inquiétude et la cause de cette inquiétude ne tient pas la route à mon avis. Quand quelqu’un dit qu’il a mal, il est mal aisé de lui dire qu’il n’a pas mal! Il faut seulement l’écouter, poser des questions pour comprendre d’où vient ce mal et s’il y a moyen de le soulager. La commission semble vouloir soulager, mais sans trop vouloir ouvrir ses oreilles et son coeur.

Alors, en regard de son réflexe élitiste, il se dessine de plus en plus que le jugement de Gérard Bouchard est déjà majoritairement construit et que les propos des citoyens ne viendront que donner du style à ses recommandations au gouvernement. C’est dommage, et j’espère me tromper, mais ça serait beaucoup d’énergie (et d’argent) gaspillée pour peu au final. Devant l’expectative du pire scénario, je crois que beaucoup de gens diront qu’il s’agit d’une sorte de traîtrise, et je leur donnerai raison. Mais je vais essayer de rester positif et espérer que nos intellectuels feront le mieux possible pour régler cette crise provoquée, en prenant au sérieux la population, car je crois que la majorité est capable de gros bon sens.

POST-SCRIPTUM : Pour ce qui est de la question de la liberté des commerces à offrir les produits qu’ils veulent bien offrir, je suis conscient que cela ne concerne pas directement cette commission, dans sa définition la plus stricte. Pourtant, je me suis laissé prendre au jeu par l’article de La Presse et j’ai décidé de le laisser dans mon texte, car il est évident que cette commission est un fourre-tout, alors à nous de décider si c’est une bonne chose ou non. Mon point de vue là-dessus est assez clair.

Mea culpa : oui, je m’intéresse beaucoup à la commission Bouchard-Taylor et toutes les questions qu’elle suscite

J’écris beaucoup sur toutes les questions que soulèvent les AR et j’aimerais faire une mise au point, parce que je ressens un peu de culpabilité due au fait je sais pertinemment que certaines personnes feront des liens, peut-être pas trop à mon avantage, et c’est déjà arrivé… C’est que j’ai écrit sur Kevin Parent et son point de vue sur les AR et là je viens de publier un texte sur la commission à St-Jérôme sur le blogue UHEC (que je ferai paraître ici demain).

Je trouve ce sujet très important parce qu’il s’avère être un moment charnière et historique, et je le regarde donc d’un oeil très critique : il est normal pour moi de relever au jour le jour des éléments à discuter. Mon but dans tout ça est de faire ressortir l’importance de cette commission, à tous les niveaux. Eh oui, le regard de tous est porté sur les immigrants, mais il faut bien que cela en soi ainsi, au risque que la majorité de la population, dont moi, en devienne suspecte.

Ça me fait penser à l’interview qu’à fait Patrick Lagacé la semaine dernière avec le journaliste Martin Patriquin à l’émission Les Francs-Tireurs, correspondant à Montréal du magazine Maclean’s. Ce dernier expliquait qu’il manquait le contexte aux Canadiens des autres provinces pour bien comprendre les enjeux de cet exercice et que nous avions l’air assez suspect, justement.

Malgré cela, je vais continuer de décortiquer le plus possible cette commission et ce qui en ressort dans les médias. Sauf si ça devient parfait bien sûr…

Elle se souvient

Quelqu’un m’a envoyé ce texte aujourd’hui qui discute de la religion musulmane par rapport aux femmes en parallèle avec la disparition des pouvoirs de la religion catholique et des victoires du féminisme au Québec. C’est anonyme, et c’est l’opinion d’une femme d’un certain âge.

Je l’ajoute ici parce qu’il représente un point de vue que je ne pourrai jamais avoir et qui me confronte au mien, puisque je ne fais pas tant de cas de la démonstration des signes religieux en général, bien que je sois d’accord qu’il faille en parler, même si ce n’est pas considéré comme un accommodement au sens strict (de toute façon, le débat s’élargit de plus en plus avec l’aide du cirque médiatique, et j’ai déjà fait la preuve que je suis un de ses clowns diaboliques…) :


Prenez le temps de le lire.

Je me suis dit que je pouvais peut-être le partager.

J’aurais voulu aller rencontrer ces femmes musulmanes à Hérouxville pour partager leur culture et leurs recettes, mais surtout pour profiter de l’occasion de leur expliquer notre devise je me souviens.

Je me souviens que, dans mon jeune âge, nous ne pouvions pas entrer à l’église sans avoir un voile ou un chapeau sur la tête. À cette époque, je me souviens aussi que c’était aussi un péché mortel de manger de la viande le vendredi.

Dans la même décennie, je me souviens que ma mère a été chassée de l’Église parce qu’après avoir mis au monde quatre enfants, elle ne voulait plus en avoir d’autres. Je me souviens que pour cette raison, le pardon de ses fautes lui était refusé par l’Église à moins qu’elle ne laisse son corps à son mari, avec ou sans plaisir, au risque d’atteindre la douzaine.

Je me souviens qu’elle a refusé et qu’elle a quitté l’Église comme beaucoup d’autres femmes de sa génération. Je me souviens que ma mère s’est ensuite séparée de mon père et que nous sommes devenus la cible des regards et des commentaires désobligeants de notre paroisse. Cependant je me souviens qu’à la suite de sa séparation, nous avons vu le collet romain sur la table de nuit. Le prêtre voulait-il tester les moyens de contraception de l’heure ?

Dans la même décennie, je me souviens que la cousine de ma mère a obtenu le divorce et qu’elle a reçu du même coup son excommunication de Rome. Je me souviens que quelques années à peine avant ma naissance, les femmes ont obtenu le droit de vote et en même temps le droit d’être considérées comme des citoyennes à part entière dans la société.

Je me souviens que lorsque j’étais jeune, nous devions nous aussi, comme pour les religions musulmane et autres, prier sept à huit fois par jour. La messe à tous les matins, une prière avant le déjeuner, une prière en entrant en classe, une au dîner sous le coup de l’Angélus, une autre avant la classe de l’après-midi, les grâces au souper, le chapelet en famille avec le Cardinal Léger et une dernière prière avant d’aller au lit. Il y avait le mois de Marie, les Vêpres, etc.. Nous avions aussi de longues périodes de jeûne avant Noël (l’Avant), avant Pâques (le Carême). Je n’ai pas dit non plus que nous devions porter le deuil durant un an et moins selon le degré de parenté de la personne décédée.

Je me souviens que, tour à tour, ma mère et ma belle-mère ont vu une opération urgente retardée en attendant que leur mari respectif, de qui elles étaient séparées de fait et non légalement, apposent leur signature pour autoriser leur intervention chirurgicale.

Devenue adulte, je me souviens que grâce aux pressions de la génération précédente, j’ai eu accès aux premiers moyens de contraception qui m’ont permis de restreindre le nombre de mes propres rejetons. Je me souviens aussi qu’il n’était plus un péché de manger de la viande le vendredi. Je ne sais pas ce qui est arrivé à ceux qui sont allés en enfer. J’espère qu’on les a rapatriés.

Devenue adulte, je me souviens avoir travaillé dans des environnements traditionnellement réservés aux hommes. je me souviens des frustrations de ne pas avoir été traitées au même titre que les hommes dans les entreprises et surtout dans la vie en général. Je me souviens qu’après avoir eu un fils, je ne voulais plus d’autres enfants de peur que ce ne soit des filles, par solidarité et parce que le travail qui restait encore à faire pour atteindre l’égalité était énorme.

Je me souviens des efforts que beaucoup de femmes ont dû déployer pour se faire reconnaître et pour obtenir des postes administratifs de haut niveau. je me souviens du militantisme de beaucoup de femmes qui ont travaillé d’arrache-pied pour obtenir l’équité dans notre pays comme politicienne, au sein des chambres de commerce, des syndicats, du Conseil du statut de la femme, etc.

Je me souviens qu’il a fallu plus de cinquante ans d’efforts collectifs pour nous libérer de l’emprise de l’Église et de la religion sur nos vies. je me souviens qu’il a fallu plus de soixante ans (1940 à 2006) pour obtenir l’équité salariale et que ce n’est pas encore fini. Mes soixante ans font que je sais que rien n’est acquis dans la vie et qu’il faut maintenir voire redoubler nos efforts pour ne pas perdre le résultat de tous ces labeurs. Je ne suis pas raciste, cependant, lorsque je vois d’autres ethnies, imprégnées par leur religion contrôlante, vouloir s’imposer dans notre société, j’ai peur. J’ai peur parce que ces hommes et ces femmes ne savent pas quel chemin nous avons parcouru. De plus, les jeunes québécoises qui embrassent cette religion qui voile les femmes ne se souviennent pas. C’est donc par ignorance qu’on explique leur choix. Aucun animal dans la nature à part l’homme, n’abrille sa femelle par dessus la tête.

Je suis maintenant une grand-mère de quatre merveilleuses petites filles et j’ai peur. J’ai peur lorsque je vois une femme voilée travailler dans un CPE ou dans nos écoles ou encore lorsqu’on y laisse un enfant porter le Kirpan. Nous nous sommes débarrassés de tous ces symboles religieux et voilà qu’ils reviennent à l’endroit même où l’éducation de notre nouvelle génération est cruciale et à la période à laquelle on doit inculquer les principes fondamentaux de vie en société à nos enfants. La tolérance envers ces symboles religieux que sont le voile, le Kirpan, le turban dans les CPE, dans nos écoles et dans nos institutions en général est un manque de respect pour les générations précédentes qui ont travaillé si fort pour se retirer de l’emprise de la religion sur nos vies. Vous ne vous souvenez pas ! Moi, je me souviens et à cet égard, je n’ai aucune tolérance et je ne veux aucun accommodement par respect pour ma mère, ma tante et pour mes petites filles. Je me souviens que la charte des droits et libertés permet à chacun de pratiquer la religion de son choix, mais de grâce que cette religion demeure dans la famille.

Le port du voile dans la religion musulmane est pour nous la démonstration la plus importante de la soumission de la femme et c’est cela qui nous fait peur et qui nous choque parce qu’on se souvient. On se souvient que ce symbole existait il y a cinquante ans et on ne veut pas revenir en arrière. Je me souviens surtout que lors de la Révolution tranquille, les communautés religieuses ont suivi tout naturellement l’évolution de notre société en se laïcisant. Elles ont troqué, sans qu’on le leur impose, leurs grandes robes noires et leurs voiles dans le cas des femmes pour des habits civils sans pour autant renier leur foi et sans cesser de prier. Plusieurs de ces personnes sont encore vivantes aujourd’hui. Doit-on leur dire qu’elles ont évolué à tort et qu’elles ont fait tous ces efforts pour tomber dans l’oubli ?

Que l’on prie Jésus, Mahomet ou Bouddha m’importe peu, mais nous nous sommes battus, québécois et québécoises, pour que notre société soit laïque. Nous nous sommes battues, québécoises, pour obtenir l’égalité du droit de parole entre les hommes et les femmes autant que pour l’égalité des chances au travail.

Souvenez-vous que si vous avez immigré au Canada et surtout au Québec, c’est pour faire partie d’une société ouverte qui vous donne sur un plateau d’argent tous les acquis que les générations précédentes ont obtenus particulièrement au chapitre des droits des femmes. Je veux croire aussi que c’est par ignorance de nos traditions et de nos coutumes et non par manque de respect que les femmes musulmanes veulent montrer au grand jour voire imposer ce symbole de leur croyance qu’est le voile.

Peut-être que notre société va trop loin avec ses libertés. Mais, le balancier doit s’arrêter au milieu et non régresser jusqu’au point de départ. Il faut se souvenir. L’intégration à une société commence par le respect de ses traditions et de ses coutumes ainsi que par le respect envers ses citoyens et citoyennes qui ont participé à l’exercice.

Peut-être que nos livres d’histoire ne se souviennent pas ou bien qu’ils n’ont simplement pas été mis à jour. C’est donc la responsabilité du gouvernement d’appliquer notre devise « je me souviens » à notre Histoire et d’intégrer à cette Histoire les efforts de nos générations précédentes pour atteindre la société d’aujourd’hui et surtout de s’assurer que la génération montante s’en souvienne. C’est aussi la responsabilité des organismes d’accueil aux immigrants de leur faire connaître cette devise du Québec «» afin que ces nouveaux arrivants ne pensent pas que nous sommes racistes simplement parce que l’on s’en souvient et qu’on ne veut pas imposer à notre progéniture d’avoir à reprendre les mêmes débats qu’il y a cinquante ans.

En terminant, pour commenter le sondage du journal La Presse d’hier sur les musulmans heureux de vivre chez nous, je dis que même et surtout si les femmes voilées que l’on retrouve dans les CPE ainsi qu’ailleurs dans nos institutions font partie de cette majorité heureuse de vivre en notre terre, alors cette majorité m’incommode pour tous les arguments que j’ai soulevés précédemment.

Notre langue molle

Dans le reportage diffusé au Téléjournal lundi soir sur la première audience publique de la Commission Bouchard-Taylor, deux des derniers commentaires choisis comme exemple m’ont fait réagir, puisque c’est un sujet qui revient souvent et qui m’importe beaucoup : la langue française. Un homme déclare avec dépit qu’il ne peut dialoguer avec les immigrants de son quartier autrement qu’en anglais alors qu’un autre homme, immigrant lui-même et parlant parfaitement français, remet sur la table la piètre qualité du français des Québécois pour défendre les immigrants sur la question du choix d’apprendre l’anglais, au lieu du français. Désolé, mais je ne comprends pas ce réflexe de défense qui mélange ainsi deux questions très différentes.

Même si je suis d’accord pour dire qu’une bonne connaissance du français est importante pour tous, je ne crois pas qu’il faille attendre de voir la qualité de la langue augmenter avant de pouvoir se positionner sur la question linguistique, en lien avec l’immigration. Cela serait doublement suicidaire. Et je ne crois pas non plus que l’on demande (ni demanderait) aux immigrants non francophones d’écrire dans un français parfait dès qu’ils arrivent ici; il y a une marge : un français de base pour pouvoir converser un minimum et ainsi les aider à apprendre plus amplement serait appréciable, et synonyme de respect envers la société d’accueil.

Je parlais de différence, mais, d’un autre côté, ces deux questions ne sont pas si différentes, finalement : la qualité du français des Québécois concerne notre culture, et la question du choix linguistique des immigrants est intimement liée à la pérennité et à l’évolution de cette culture francophone, dans un contexte où la démographie demande un apport élevé en immigration. Alors, de les mettre en contradiction comme le fait cet homme est absurde, à mon sens. Qui ne voudrait pas de ces gens qui peuvent enrichir notre langue en la parlant avec nous? Tous ceux qui partagent cette pensée veulent en quelque sorte nous punir collectivement de ne pas avoir bien fait nos devoirs? Quelquefois, je crois que le passé n’est pas si garant de l’avenir, et dans ce cas-ci c’est bien vers l’avenir qu’il faut regarder pour pouvoir anticiper.

Donc, pour l’avenir, il est évident que la santé du français au Québec passe par une immigration la plus francophone possible, et pour les autres, par une ouverture plus grande à des candidats intéressés à s’intégrer par la langue française, premièrement. Ce qui, j’en ai bien peur, devra passer par un contrôle gouvernemental majoritairement québécois sur le processus de choix des nouveaux arrivants.

Dialogues de (demi-)sourds?

Ceci est un message adressé à Eric Bondo en réponse à son texte intitulé « Le civisme des autres » (qui est une réponse à mon texte « Il y a comme une odeur de… tabou », qui était une explication et réflexion plus poussée de mon autre texte : « Questions libres sur le civisme des migrants »). Il pourrait être intéressant pour quiconque s’intéresse aux questions liées à l’immigration, questions qu’a fini par soulever la commission sur les accommodements (dé)raisonnables, en tout cas sur la blogosphère…

Le premier point qu’il soulève concerne l’inexistence de preuve quant à mon assertion qui ciblait les « immigrants de fraîche date ». Je me rends compte de ma bévue, mais c’en serait une encore plus si mon texte (d’humeur) ne s’appuyait pas naïvement sur des questionnements par rapport à des observations; mais sans grande qualité scientifique, je l’avoue : mais qui peu bien se targuer de pouvoir analyser le monde avec des outils complets, en se basant sur des sources tout à fait fiable, en étant donc dans l’objectivité la plus totale? Alors, je me demande surtout si le fait de m’interroger là-dessus ne me fait pas tomber automatiquement du côté des méchants… Je vous avoue que c’est pour moi un peu pénible d’écrire encore là-dessus, mais je vais continuer quand même! Et je ne vais pas non plus me payer une commission pour prouver mon point…

Donc, avant de continuer plus loin, s’« il est impossible de savoir si les situations fâcheuses vécues par [ma] compagne avaient un lien avec le manque de civisme de certains immigrants de fraîche date », est-ce qu’il est raciste ou xénophobe de ma part de faire une distinction entre les immigrants intégrés et ceux qui ne le sont pas, même si pour cela je dois tracer une ligne subjective, difficilement identifiable? Aussi, est-ce qu’il est faux de penser coupables en grande partie les politiques d’immigration, et surtout le multiculturalisme, pour le problème de la ghettoïsation et donc de certains comportements racistes, xénophobes et du non-civisme de certains immigrants envers les blancs (en tout cas, ceux que j’ai ressentis personnellement à quelques reprises et ceux de ma conjointe que j’ai relatés dans mon premier texte)?

Je pose ces questions parce que si pour mon ami Eric je suis intolérant parce que je fais une distinction entre les immigrants selon leur niveau d’intégration et si pour lui il n’y a pas de liens entre les politiques des ministères d’immigrations et les comportements asociaux de certains immigrants envers la majorité, il est certain que la discussion ne lèvera pas fort, ça sera simplement de l’accusation, du déchirage de chemise de son côté et de la défense du mien…

Concernant cette citation (de mon cru) qu’il utilise pour argumenter :

Le chemin qu’empruntent le xénophobe et le raciste repose sur un système établi qui scrute les différences à l’externe et réagit ensuite en raffermissant son jugement par l’ajout de « preuves », en se complaisant dans l’immobilisme : qui vient alors élargir un peu plus sa carapace, au lieu de la faire se craqueler.

J’aimerais spécifier que cette phrase ne fait que décrire le comportement fermé des xénophobes et racistes, rien de plus. Ça ne servait en fait qu’à dire que je ne le suis pas. Voilà une preuve que mon ami se sent attaqué au point où il se base sur une lecture biaisée de mes textes et de mes idées pour construire son argumentaire.

Même si je ne vois pas le lien, il continue sur cette lancée :

Là où le bât blesse, c’est que cet incident sert à justifier une remise en question de l’accueil des immigrants, soi-disant parce que, provenant des régions rurales de pays du tiers monde, on ne leur a pas inculqué le civisme, et qu’à leur arrivée, le gouvernement ne les a pas pris en charge à cet égard.

Quoi? Ça serait amoral que le gouvernement, tant au niveau canadien que québécois, et même municipal, informe le plus possible les nouveaux arrivants sur la société d’accueil? Aussi, est-ce que ce serait trop demander que le choix des immigrants se fasse en tenant compte du fait que notre société est francophone et de plus en plus laïque, donc de peut-être privilégier les immigrants qui sont le moins religieux possible, du moins dans leur démonstration de leur foi par des signes distinctifs? Il me semble que si dans notre société nous privilégions l’égalité entre les hommes et les femmes, il serait logique que le choix des immigrants reçus ici s’influence de cette valeur : désolé, mais je crois qu’un couple dont la femme porterait un quelconque foulard religieux sur la tête devrait avoir moins de chance d’être accepté ici qu’une autre qui n’en a pas.

Des gens racistes, il y en a aussi de toutes les couleurs, et même au-delà de la « race », notre gueule ne plaît pas à tout le monde et vice-versa. Nul besoin de généraliser, si ce n’est de dire : je déteste qu’on me pousse, ou je déteste qu’on me dénigre. Est-ce si compliqué? Nul besoin de catégoriser par couleur, mais par comportement, puisque ce sont les comportements qui nous posent problème.

Dans ce raisonnement, Eric semble vouloir tout mettre les comportements asociaux sur le même pied d’égalité. Je le comprends, mais il y a un danger à ne pas pouvoir analyser la problématique du civisme, de la xénophobie et du racisme en les mettant en contexte selon des critères aussi simples que de séparer la population en quelques groupes sociologiques, puisqu’il est facile, au bout du compte, de ne plus pouvoir critiquer quoi que ce soit et de donner des directions aux politiques d’immigration et d’intégration parce que chaque personne est différente et a sa propre façon de réagir aux autres. Pourtant, il me semble clair qu’il y a bien des dénominateurs communs quelque part, tant dans les cultures des immigrants que dans la nôtre…

Avec la fin de son texte, je vois bien que sa pensée tend à remettre en perspective les différences de chacun, ce qui fait que tout le monde devient par cela un peu plus pareil : des humains avec des personnalités diverses. Je suis d’accord. Mais c’est tout à fait là où je ne veux pas me brouiller : est-ce que le fait de considérer les humains comme étant dissemblables revient à prôner l’immobilisme étatique pour toutes les questions de la vie en société? Donc, si je comprends bien, la position de mon ami se base sur l’anarchie où tout un chacun fait ce que bon lui semble… Alors, est-ce que la loi 101 et tout ce qui tend vers la protection du fait français au Québec et donc de la promotion du choix de la langue française auprès des immigrants vont à l’encontre de leur liberté? Et est-ce que ceux qui ciblent négativement la non-connaissance du français chez certains immigrants sont simplement intolérants, au même titre que les xénophobes et les racistes?

Je pense qu’à trop avoir peur de la soi-disant intolérance des autres, on devient soi-même de plus en plus sourd à ce qu’ils ont à dire.

Il y a comme une odeur de… tabou

Le texte qui suit est une continuité et une élaboration explicative des idées lancées dans mon texte Questions libres sur le civisme des migrants, paru ici et sur UHEC. Je l’ai écrit dans le but très évident de faire comprendre mon point de vue à mes critiques, en particulier à mon grand ami Eric Bondo. Il m’a invité à un dialogue sur toutes les questions touchant à l’immigration et ce texte est en fait la première partie, de mon côté. J’espère qu’il y répondra et j’ai très hâte de lire sa réponse.

Racisme : Idéologie fondée sur la croyance qu’il existe certaines races supérieures qu’il faut préserver de tout croisement et qui sont destinées à dominer les autres.Xénophobie : Hostilité envers les étrangers, envers ce qui est étranger.

Depuis le début de l’aventure (où plutôt le chemin de croix) des accommodements (dé)raisonnables qui pointe en majorité des questions sur l’immigration, j’ai beaucoup réfléchi là-dessus, comme me la fait remarquer Omo-erectus en commentaire (#16) à la suite de mon texte, où je décrivais certaines situations fâcheuses vécues par ma compagne lors de ses déplacements en métro, en lien avec le manque de civisme de certains immigrants de fraîche date. C’est dans l’air du temps, qui pourrait me dire le contraire? Et avec ce texte que je vous propose ici, l’accusation s’améliorera d’un autre chef…

Alors oui, je suis coupable. Mais coupable de quoi au juste? De faire ressortir des questionnements et un malaise global que l’on a balayé et caché sous le tapis depuis belle lurette! Il serait donc temps de l’éventer parce que ça commence à puer, et très fort. (La métaphore de la puanteur est revenue souvent en commentaires après cet autre texte, je me permets alors d’en beurrer encore plus épais!)

Mais avant de commencer, mon texte commence avec deux définitions, passons-les en revue.

Premièrement, le racisme. Je serais bien surpris de savoir le pourcentage de la population québécoise qui est raciste alors que ce terme désigne un sentiment de supériorité qui se réfère en particulier à la différence physique, et à une sorte de « protectionnisme » génétique. Et c’est une absurdité si nous considérons que nous venons tous de la même souche humaine, africaine : il n’y a alors maintenant que des différences évolutives, culturelles et sociales pour nous différencier, rien de trop difficile à concilier objectivement, si on s’en donne la peine, puisque l’humain est un animal champion de l’adaptation.

Deuxièmement, la xénophobie. Je pense que je peux me permettre de la comparer avec les préjugés, que nous ressentons tous à un moment où à un autre de notre vie par rapport à certains aspects que l’on retrouve chez les autres. Il faut vivre avec, mais en tentant toujours de les remettre en examen à chaque fois qu’ils se présentent. Pour sa part, la xénophobie est juste plus frappante parce qu’elle se base généralement sur un regroupement plus large de signes physiques, culturels et souvent linguistiques, qui se retrouve bien mis en évidence dans une ressemblance que partage un groupe d’individu au regard d’un autre, ce qui revient à la dissemblance : le comble de la xénophobie serait donc l’agoraphobie…

En regard de ces définitions, j’en viens à me demander ce qu’on me reproche alors que ce sont évidemment les problématiques (le civisme et les comportements haineux) par rapport à un contexte (le débat sur les accommodements) qui ont fait ressortir le « sujet », et non le contraire. Je m’explique. Le chemin qu’empruntent le xénophobe et le raciste repose sur un système établi qui scrute les différences à l’externe et réagit ensuite en raffermissant son jugement par l’ajout de « preuves », en se complaisant dans l’immobilisme : qui vient alors élargir un peu plus sa carapace, au lieu de la faire se craqueler. Pour ma part, je m’ouvre à l’externe de la manière la plus objective possible et je constate simplement des problèmes que je ne peux que nommer par leurs noms, malheureusement. Pour cela, devant la somme des accusations, il y a vraisemblablement une grosse marge entre l’individu que je semble être pour certains et celui que je suis réellement, si on se base seulement sur le choix du « sujet » pour me juger, et non sur le pourquoi de l’analyse de ce « sujet ». Il est alors presque normal que le débat dérape en accusations de toutes sortes…

C’est bien triste qu’on en vienne obligatoirement à la suspicion et à l’accusation quand quiconque discute d’un sujet qui concerne de près ou de loin les minorités. C’est que le critique, par exemple moi, et le « sujet » de la critique ne sommes pas liés directement, dans un sens causal, au contexte où se retrouve l’autre (par exemple, que je suis un occidental « riche » et que l’autre personne vient d’un pays du tiers-monde — même si je sais qu’il y a des riches qui viennent de pays du tiers-monde : ce n’est justement qu’un exemple pour mettre l’accent sur des disparités qui, au premier regard, peuvent miner les discours de chacun). Ce qui me pousse à en discuter, c’est le désir d’une analyse d’égal à égal qui serait débarrassé des complexes ancestraux de la dynamique « dominant-dominée », axée sur le côté pratique de nos rapports humains.

Je le répète, il y a une différence entre les problèmes de civisme et de xénophobie venant des immigrants (et là il faut faire une distinction dans les moments où les gens sont arrivés ici), les minorités « visibles » (même s’ils sont nés ici et/ou éduquées seulement ou non ici) et ces mêmes problèmes du côté de la majorité blanche puisqu’ils ne pointent pas les mêmes cibles et ne trouvent pas leurs sources aux mêmes endroits.

Comme je l’écrivais à Martin Beaudin-Lecours (et je faisais référence à des exemples manifestes de non-civisme de certains blancs qu’il m’a exposés dans un commentaire pour contrebalancer mes exemples qui pointaient seulement des immigrants — et je suis tout à fait d’accord avec ses exemples, pour en avoir vu des semblables aussi) :

Les problèmes que tu relates dans ton commentaire sont un aspect du civisme et du social, qui est différent de celui des immigrants, même s’ils sont connexes. Si j’écrivais un texte dont le thème serait le manque de civisme général (avec les quelques exemples que tu as donnés), tu applaudirais bien fort! Pourquoi alors mon texte pue si je ne fais que parler de l’autre problème? Et si j’écris un texte sur le racisme des Québécois, ça ira, mais si je vise le racisme de certaines personnes qui font partie des communautés culturelles, là c’est pas bien.

À la base, si je n’ai pas de pouvoir sur les comportements fautifs des uns et des autres, je suis en droit de me poser des questions sur le pourquoi de ces comportements. Quand je vise l’immigrant de fraîche date qui n’a pas reçu, à mon avis, les bons outils des instances gouvernementales pour s’intégrer — et le manque de civisme n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres —, est-ce qu’il faudrait absolument que je parle aussi du manque flagrant d’éducation citoyenne des blancs — dont le manque de civisme en est aussi un des résultats — pour me faire comprendre sans préjugé et sans émotivité sur le premier sujet (l’immigrant de fraîche date)? À la vue des critiques acerbes, il semble que oui, alors je vais essayer de continuer dans ce sens pour les désamorcer.

Alors, parlons des comportements haineux qu’a vécu ma copine et que je relatais dans mon texte. Je pourrais essayer de trouver des comportements semblables dans mon entourage, mais je ne fréquente pas de gens visiblement xénophobes, et surtout pas au point de démontrer ouvertement de la haine en public envers des gens différents d’eux. (Je fréquente beaucoup de gens de différentes ethnies alors, ça va de soi!) Et si par exemple j’ai affaire à quelqu’un qui raconte une blague « raciste », ça me met mal à l’aise et je ne me gêne pas pour le lui faire savoir. Alors, ce que j’essayais d’expliquer en dévoilant ces comportements haineux de la part d’immigrants, c’est que ces comportements sont inadmissibles puisqu’ils viennent détruire le travail de tolérance accompli depuis longtemps et qui semble porter fruit, quand même, malgré les critiques que je peux en faire. Quand j’ai écrit par rapport à ma copine qu’« elle m’a dit qu’elle craignait d’être maintenant raciste parce qu’elle réagissait très fortement à tout ça et que ça la mettait en rage », je pensais justement à ce travail précieux sur l’éducation à la tolérance et au fait que je m’entends parfaitement avec plein de gens de différentes origines. Si ma copine en vient à se poser des questions sur sa propre xénophobie alors qu’elle est une personne très tolérante à la base, je me demande bien comment réagissent les gens qui sont moins tolérants qu’elle : voilà le grand danger. Et c’est ce danger-là que je voudrais que l’on écarte le plus possible, pas les immigrants, bon sang!

Alors si maintenant, en général, on laisse de moins en moins passer l’intolérance des blancs, il faudrait être conséquent pour les autres aussi. Sinon, ça revient à dire par exemple que je devrais accepter qu’un individu de race noire me manque de respect gratuitement parce qu’il y a sûrement un de mes ancêtres qui a mis en esclavage un ou des noirs, possiblement un ou plusieurs de ses ancêtres. Si je suis personnellement et hypothétiquement coupable de tous les tords de l’humanité blanche colonialiste, je n’ai même pas besoin d’un bâillon, votre lecture biaisée et les critiques qui en découlent en font office…

Comme je l’ai écrit dans le même commentaire à Martin :

J’essaye de profiter du contexte de la commission pour crever l’abcès. Mon but est positif. Nous sommes tous victimes, autant les immigrants que les natifs, de politiques d’immigrations basées seulement sur l’urgence économique, qui ressemble plus à une improvisation sous le thème de la panique. De bons gestionnaires auraient prévu la crise sur les AR et agi en conséquence…

J’ai écrit mon autre texte et celui-ci avec la peur au ventre. Si nous laissons aller les choses, le découragement devant les difficultés de cohabitation viendra faire augmenter la xénophobie, et peut-être même le racisme, des deux côtés. C’est l’accumulation des points de litiges en société et des liens les plus visibles et les plus faciles à créer que nous avons tendance à garder en mémoire, malheureusement, et il ne faut jamais l’oublier. Il faut aussi tenir compte du fait que l’humain n’est pas parfait et que c’est toujours par l’éducation que passera une plus grande harmonie entre nous tous.

Peut-être que mon texte était maladroit, mais son but premier était de mettre en relation les dangers de la xénophobie, d’un côté comme de l’autre, pour justifier l’idée de proposer des actions politiques concertées au niveau d’une éducation citoyenne plus complète, et qui par ricochet inclurait une meilleure préparation à la culture, aux valeurs communes et aux moeurs québécoises pour les nouveaux arrivants, pour nous mettre un peu plus sur la même longueur d’onde. Je suis vraiment tombé des nues en voyant les réactions de certains, et cela prouve que j’ai été naïf d’exposer mon raisonnement crûment en pensant que mon ton modéré expliquerait par lui-même le fait que je suis très tolérant, donc pas xénophobe, et surtout pas raciste. Mais il a quand même fallu que je réitère cette position ici pour espérer masquer l’odeur, en espérant réellement que ça fonctionne… Alors que je l’écris, je n’en ai aucune certitude, voilà mon drame.

Pour conclure, je ne veux pas être trop pessimiste, mais si nous n’affrontons pas de front toutes les problématiques que soulèvent l’immigration, et pas seulement celles concernant les accommodements, les chances de nous retrouver avec des problèmes semblables à la France et ses banlieues (même si ça serait de vraiment très loin, puisque le contexte est très différent) grossiront exponentiellement, j’en ai bien peur. Il faut regarder autour de nous et nous en influencer pour arriver à ne pas faire les mêmes erreurs.

Le monde est déjà séparé en frontières géographiques, en différences culturelles, en murs qui tendent à se rétrécir par l’ouverture sur le monde qu’apportent les communications et le transport, il faudrait bien alors que la proximité géographique que nous offre un Québec de plus en plus pluraliste participe encore plus à cette ouverture et à cet échange, qui ne devrait qu’être positif, dans le meilleur des mondes.

Accommodements raisonnables : en profiter pour élargir le débat?

À la veille des travaux de la commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d’accommodement, le tout en lien avec l’actualité, je propose que toute la société québécoise en profite pour se questionner plus largement sur tout ce qui touche le social, de près ou de loin. Pourquoi se pencher en majorité sur la question de l’immigration et des limites à dresser alors que c’est en fin de compte de notre avenir en tant que peuple qu’il s’agit? Si tout est relatif, il faudra bien se positionner plus amplement sur des sujets comme les libertés individuelles, l’économie, puisque ces données ne peuvent être occultées, tout comme la question nationale, la place du français, qui semble être relayé à un rôle mineur dans le plan de travail des deux intellectuels.

Donc, concernant les libertés individuelles, il serait difficile de ne pas l’inclure dans la réflexion alors qu’on se questionne sur la place de la culture et de la religion des immigrants dans notre société. Il serait injuste de faire deux poids deux mesures : de demander aux immigrants de se plier à nous — et de laisser un peu de côté leurs libertés — quand le débat québécois à ce propos est nébuleux au point de nous diviser pratiquement en deux. Cela m’amène tout de go à la question économique qui n’y est surtout pas étrangère : si la société en général voulait laisser la place à une économie libre, seulement régit par les lois de l’offre et de la demande, qu’est-ce qui pourrait alors nous justifier d’empêcher un groupe d’immigrant de se servir de son pouvoir d’achat collectif pour faire changer quoi que ce soit à son avantage dans la société? Comme on l’a vu avec l’histoire de la Banque de Montréal qui offre maintenant ses services au guichet automatique en mandarin et en cantonais, c’est déjà le cas, même si ça semble plus une décision d’affaire de la banque que des pressions de leurs clients chinois. Soit. Mais cela illustre bien que l’économie influence déjà fortement nos rapports sociaux et pourra les influencer encore plus : au point où il faudra rapidement refaire une autre commission pour régler ce problème-là.

Pour la question du nationalisme québécois, que le fait français synthétise sans aucune hésitation pour la majorité, il est clair qu’il est une donnée secondaire dans cette commission même s’il y est enchâssé. Pourtant, il devrait être mis à l’avant-plan parce qu’il assure la base de la cohésion sociale : la communication. Il faut se demander collectivement si le choix d’adhérer à la langue commune ou non pour quiconque peut être considéré comme un accommodement raisonnable, ce qui semble être le cas avec le bilinguisme, d’obédience canadienne; ce qui fait ressortir une question importante : est-ce que la présence de M. Taylor dans cette commission est (en partie) pour assurer la perspective canadienne dans ce débat? Je crois que c’est une question légitime qui fait ressortir une des balises de cet exercice. Et j’en viens aussi à me demander si le gouvernement n’aurait pas dû plutôt engager des experts étrangers pour assurer le plus d’objectivité possible, du moins pour ce qui est des deux principaux intellectuels qui vont superviser le projet, colliger et rédiger le rapport final…

Au-delà de la recherche d’un consensus collectif théorique, il est clair qu’individuellement l’attitude d’encourager ou non le français, tant au travail que dans la vie publique, est influencé par nos opinions divergentes sur la question nationale, et les deux hommes ont été choisi pour représenter cette dichotomie. Mais il faudra bien qu’un jour nous sortions de nos retranchements partisans pour repenser aux moyens possibles d’influer sur la société que nous voulons et donc de faire évoluer le système politique pour arriver à nos fins. Si tout est bloqué, comme le fait foi la constitution canadienne et ses défenseurs féroces, cette commission ne servira au bout du compte qu’à remplir les poches de quelques intellectuels, à alimenter les médias en débats stériles et à creuser encore plus la scission qu’apporte le multiculturalisme.

Post-scriptum :

Ce texte vient d’être refusé de publication dans le journal Le Devoir (dans la page Idées) parce que je tiens à signer Renart L’éveillé… Petite déception que vient bien envelopper le sentiment de m’être tenu debout!

Réponse à Félix

Félix, un de mes lecteurs et participant actif au blogue Opinion du site Branchez-vous, me demandait de l’aider, sur mon texte par rapport à la sortie de Pierre Légaré, mais je vais déplacer cette discussion ici parce qu’elle déborde du sujet. Voilà sa demande :

[…] j’aimerais que tu regarde attentivement le sondage provinciales sur les accomodements raisonnables […] Ce sondage me pue au nez, il est tous sauf objectif et as été construit de façon à ce qu’il tombe favorable aux accomodement raisonnable. J’ai envoyé une lettre ouverte au Devoir, à la Presse et au Journal de Montréal, mais je doute que le message va passer de cette façon. J’aimerais donc […] que tu transmet l’information et m’aide à faire pression sur le gouvernement pour qu’il corrige le tir. […] Ton aide serait plus que bienvenue. […]

Il ajoute aussi, un peu plus loin :

[…] Je vais poursuivre en te donnant la définition de accomodement: « Accord obtenu par des concessions des parties en présence. » Maintenant, à la première question: « Permettre, pour des raisons religieuses, à un enfant de manger autre chose que le menu habituel de sa garderie ou de la cafétéria de son école. »Jamais il n’a été question d,interdire l’enfant d’apporter son lunch, la question devrait-être: Doit-on modifi. les menu des cafétéria pour qu’il soit conforme à leur religion. La huitième et neuvième question (dont celle de la femme enceinte) n’ont absolument rien à voir avec les accommodements raisonnables et ne sont présente que pour favoriser le sondage. […]

Et ma réponse :

Félix,je me penche sur ton questionnement et je remarque que ta reformulation, de « Permettre, pour des raisons religieuses, à un enfant de manger autre chose que le menu habituel de sa garderie ou de la cafétéria de son école. » à « Doit-on modifi. les menu des cafétéria pour qu’il soit conforme à leur religion. », tend à amener la problématique du côté « déraisonnable ». C’est clair qu’un questionnaire de la sorte, axé sur des cas extrémistes, obtiendrait des résultats majoritairement négatifs. Mais je crois que cet exercice se veut de dresser la ligne entre le « raisonnable » et le « déraisonnable » : il est donc normal de sonder les gens sur des questions qui se situent le plus possible quelque part entre les deux.

Concernant les questions que tu trouves impertinentes (comme celle concernant les accommodements aux femmes enceintes), moi je trouve qu’elles sont très bien, car elles ont le mérite de nous faire réfléchir sur notre racisme. Si pour une question tu es d’accord pour accommoder une femme enceinte et que sur une autre question semblable tu n’es pas d’accord « seulement » parce qu’elle concerne un problème avec les communautés culturelles, il faut te poser des questions sur ce qui colore ton jugement…

Par exemple, je suis d’accord pour qu’une entreprise (par l’apport de lois du travail) accommode une femme enceinte monétairement parce que cela concerne le bien commun, encourage la famille et le travail des femmes. Par contre, je suis en désaccord avec le fait de payer des congés de plus aux gens pratiquants : la vie physique est possible sans adhérer à une religion, alors c’est du superflu pour la société, nous ne devrions pas payer collectivement pour quoi que ce soit qui concerne la religion d’un et de l’autre.

La vie religieuse est personnelle à la base et la foi est invérifiable de l’extérieur, donc il est impossible de démasquer quelqu’un qui tricherait pour obtenir des avantages. Mais si les pratiques religieuses n’entrent pas en conflit avec le bon fonctionnement de la société et du travail, je n’ai rien contre. Il peut bien y avoir des salles de prière dans les entreprises si les règles sont claires et que la pratique religieuse de quelques employés ne devient pas un bonus rémunéré par rapport aux autres employés.

Alors oui, je trouve le questionnaire très bien pour sonder où se situent les gens en général. Désolé de te décevoir, mais j’espère que tu comprends que le but de toute cette histoire n’est pas de nous monter les uns contre les autres, mais de trouver un terrain d’entente.

Ajout (15h30) :

Je viens d’aller lire un texte de Moko, en fait il répond aux questions du sondage sur les AR et élabore ses réponses, ce qui n’est pas possible sur le site. En somme, un très bel exercice qui nous confronte à nos propres réponses. À lire.

Assaisonnements résonnants…


Il est difficile ces jours-ci de passer à côté de toutes les questions liées à l’immigration et aux accommodements raisonnables. Ça va être un peu radical et même trop simple ce que je vais commencer par écrire, mais si le fait que pour un immigrant c’est un PLUS au niveau de son train de vie de venir s’installer ici, il faudrait bien en retour qu’il accepte que cela soit un MOINS au niveau de ses habitudes culturelles, puisque le culturel est grandement social et que son milieu social change radicalement. C’est vraiment ça que je ne comprends pas quand, par exemple, je vois dans le métro une bande de jeunes filles latines et qu’une d’entre elles m’aborde en baragouinant l’anglais… Il y a certes un problème de communication qui gonfle et qui gonfle encore. Il me semble que l’affichage en néon et en français est assez omniprésent…

Il me semble aussi qu’après ce Grand Voyage, c’est impossible que la vie d’un immigrant ne change pas du tout au tout et que sa vie devrait changer assez pour que nous puissions en partie nous reconnaitre en lui. Le mimétisme est la clé, et si ça ne fonctionne pas, c’est que le processus d’immigration est bâclé, sans parler du niveau de ghettoïsation de chaque communauté culturelle qui tend à aspirer ces nouveaux arrivants, et c’est normal : qui se ressemble s’assemble.

Et je ne suis surtout pas en train de faire l’éloge d’une culture québécoise monolithique : les Québécois ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant, ils sont beaucoup plus tolérants et ouverts d’esprit. Alors, je m’attends à voir cette ouverture se manifester autant du côté du nouvel arrivant et que cela soit clair dès que son choix de venir s’installer ici a été officialisé. Un changement en amène un autre et il est clair que le processus de sélection des immigrants doit être concerté pour que cette ouverture en soit l’élément principal. Pour la question religieuse dans cette sélection, il faudrait fuir l’orthodoxie le plus possible, accueillir plutôt les gens les plus modérés pour éviter les problèmes le plus possible.

Donc, je ne suis pas d’accord avec Vincent Marissal quand il écrit qu’« il n’y a pas de réel problème d’immigration, d’intolérance ou de cohabitation ici. » Au contraire, j’ai l’impression que le laxisme gouvernemental, surtout sous le pouvoir du Parti Libéral, ne fait que grossir le problème de l’immigration à saveur « canadienne » qui entretient le non-respect de la majorité « provinciale » : et je l’installe entre de belles parenthèses, juste pour mettre le doigt sur l’odieux du statut que ce terme suggère… Par contre, il y a du vrai dans son affirmation qu’« Il n’y a que des incidents anecdotiques isolés montés en épingle par les médias et savamment récupérés par un politicien opportuniste aussi habile à lire les sondages qu’inepte à pondre des politiques d’ensemble cohérentes. », mais je crois que l’exercice de Bouchard et Taylor est primordial et que nous devons en profiter pour faire passer nos messages le plus clairement possible.

Profitons-en pour nous tenir debout, pour une fois!


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