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Le greffon anglais

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Depuis la parution de mon billet nommé « Elvis « Masbourian » Gratton », j’accumule des billets que j’ai lu portant sur le sujet de la situation du français.

Coyote Inquiet (portant très bien son pseudonyme) qui remarque en se promenant dans le quartier Plateau-Mont-Royal que 80% des gens dans la rue se parlent anglais. Phénomène que je remarque aussi parce que j’y travaille. Au-delà de l’irritation (et d’une certaine incompréhension) que je partage avec lui, j’ai trouvé quelque chose comme une réponse dans la section Opinion de Cyberpresse.

C’est un texte de Patrick Poisson, un « professeur de français langue seconde auprès des immigrants et étudiant à la maîtrise en éthique appliquée à l’Université de Sherbrooke » titré : « Les francophones laissent Montréal s’angliciser ». Il pointe les « lois linguistiques déclarées inconstitutionnelles, la culture américaine en super concentré, la mollesse du Canada à défendre sa minorité linguistique, la migration des francophones vers les banlieues, etc. »

Parlons-en du pouvoir, et encore plus du législatif, de la Cour Suprême du Canada : les Santa Claus qui ont fait arriver Chrismas un peu trop en avance cette année. On voit bien combien est vraie la formule : si tu ne t’occupes pas de politique, c’est la politique qui va s’occuper de toi… Mais là, c’est encore pire, puisque même une forte majorité de québécois en désaccord avec eux n’aurait pas pu influer sur cette mise à mort de la loi 104. Il y a bien du laisser-faire et de la peur qui nous ont menés jusqu’à aujourd’hui, encore des sujets de Sa Majesté, même si elle est bien le contraire de l’omniprésence dans nos vies.

Je n’arrive pas à comprendre cette traditionnelle guérilla en règle contre la loi 101, et encore plus aujourd’hui, puisque l’anglais est tout simplement un greffon à toutes les langues : qui n’a pas remarqué que le réflexe de traduction semble de moins en moins nécessaire quand il s’agit de la « langue des affaires ». Je pense à un détail dans ma lecture du moment, un roman fort intéressant de Jean-Simon DesRochers : La canicule des pauvres, aux éditions Les Herbes rouges.

L’auteur, qui se réclame du réelisme, dépeint quelques personnages anglophones et se sert donc de l’anglais dans les dialogues et dans la transcription de leurs pensées. Où j’en suis rendu dans ma lecture, il fait la même chose avec des personnages qui s’expriment en espagnol, mais dans ce dernier cas, on a droit à une traduction en fin de page.

Si j’étais un parfait unilingue francophone, une partie de l’oeuvre m’aurait été inaccessible. C’est un fait, pas une critique, enfin, pas personnelle, puisque je n’ai pas été brimé dans ma compréhension. Et je ne crois pas que ce choix éditorial est politique. S’il l’est, ça me surprendrait beaucoup. C’est un choix pratique. Pourquoi considérer une oeuvre francophone dans un contexte de lecture seulement francophone quand c’est (pratiquement) inutile d’aller au bout de la logique?

Alors, pour revenir à nos zélateurs anglophones, je le répète : pourquoi agir comme si l’anglais était en voie de disparition alors que cette langue est maintenant le greffon de toutes les autres? Les francophones n’ont pas besoin de s’ouvrir à l’anglais, car le forceps est bien ouvert et surtout, greffé. Qu’on soit d’accord ou pas n’est même pas secondaire tellement c’est hiérarchiquement bas. C’est comme ça.

Pour le reste, il y a notre espace linguistique à renforcer comme du béton armé. Ce qui donne pour certains, comme Caroline Moreno, le goût de suggérer des choses comme « Revenir aux graffitis (101) », « Bloquer un pont et réclamer le départ d’Ottawa du Québec » et « Prendre d’assaut l’Assemblée nationale du Québec et déclarer l’indépendance du Québec ».

Ce ne sont que des suggestions, mais une chose est sûre, c’est que le je-m’en-foutisme des uns encourage certainement l’extrémisme des autres.

*

Lire aussi :

Gérald Larose : La disparition sociopolitique du français en terre d’Amérique fait partie de l’ADN du Canada

Josée Legault : La lâcheté érigée en système

Ajout :

Le français avant l’anglais pour les immigrants

Ce que je n’ai pas encore pu dire au sujet de Nelly

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Nelly Arcan floueAu figuré, je me mords les doigts presque au sang depuis mon petit billet d’humeur suite à la mort de Nelly Arcan. Attendre que la poussière retombe pour être certain de ne pas me précipiter stupidement dans le regret. Mais en même temps, comme le souligne bien justement Christian Mistral, n’attend-on pas quelque chose : « si elle a laissé un mot »?

Il y a un voyeurisme fort qui germe avec ce genre d’événement, et j’en ai eu la preuve. Depuis le 25 septembre, donc depuis cinq jours, 10 476 fois des gens ont cliqué sur ce billet-là, la très grande majorité provenant des moteurs de recherche. La première journée, 9381, mon record d’achalandage depuis les deux ans et demi que je blogue. Pas besoin de dire que la mort de Pierre Falardeau n’a pas créé autant de trafic par ici, même si dans les faits, c’était possible. Incomparable… Cependant, ce n’est pas le sujet, ni non plus les fluctuations statistiques de mon humble demeure, d’ailleurs. Mais bon, c’est un portrait comme un autre, dans toute son imprécision.

David Desjardins soulève l’idée qu’elle a gagné ainsi la jeunesse éternelle. Et je rajoute, pour le plaisir de l’écrire : en empêchant les affres du temps d’égratigner le vernis qu’elle a si soigneusement appliqué, à coups de ce qu’elle a voulu. C’est horrifiant d’y penser : elle vivait finalement pour mieux éblouir dans sa mort qu’elle ne l’avait réussi au jour le jour, accompagnée de la banalité, des moments morts, fades, de ses cheveux défaits, parfois, du crayon qui coule de l’oeil rougit, de l’etcétéra incluant les matins dégoulinant de réel.

Au-delà de l’inéluctabilité de la mort, il y a quelque chose de romantique dans ce suicide. Une utilisatrice de Twitter (@EveCatherine29) espère que Nelly Arcan ne sera pas morte en vain. J’en doute fortement pour cette raison. Il n’y a rien dans cette mort qui ressemble au suicide d’un de mes amis, un gars comme les autres pour ceux qui ne le connaissaient pas. Rien à voir. Juste le nombre de spectateurs est incommensurablement disproportionné, ça ne peut que créer des remous diamétralement différents : elle savait cette équation. Lui, il ne s’est tué que lui-même, tout simplement malgré le drame d’autant plus dramatique — il avait femme et enfant — sans possibilité de participer à l’Histoire par son geste (et de se payer l’éternité, comme me l’écrivait aussi @EveCatherine29). Et me contredire ici reviendrait à la traiter d’idiote, ce qu’elle n’était visiblement pas.

Pour revenir à mon précédent billet, on a tenté de me faire sentir mal parce que mon passé me liait minimalement à cette femme et que j’en ai fait état, aussi minimalement que possible, justement par respect, mais on a essayé de me faire porter le chapeau de l’impudence. J’ai eu beau me faire répéter que je n’avais rien écrit de mal, rien à faire, je bouillonne encore de constater la facilité avec laquelle on peut lire blanc et comprendre noir. Oui la mort de cette femme a résonné différemment en moi, et parce qu’au-delà d’avoir lu Putain j’ai entendu sa voix au téléphone me glacer le sang. Un peu comme voilà presque 20 ans où j’ai perdu par ma stupidité de jeune adulte une amoureuse qui quelques mois plus tard s’est fait tuer dans un accident de voiture après une soirée très arrosée dans un bar et que lors de ses funérailles ça été la dernière fois que j’ai vu live un cadavre dans un cercueil. Qu’on ne tente pas de m’appliquer mon vécu sur le visage comme si c’était un masque d’Halloween, ou encore pire, le visage de quelqu’un qui m’est antipathique!

Alors oui je vais la raconter cette histoire, et ce sera pour ceux, les courageux, qui m’auront suivi jusqu’ici. Je vous l’avoue, c’était dans mon plan d’en arriver à ça à la fin d’un long billet. Un rempart.

Voilà, je m’inscris sur Réseau Contact, et dès le départ je remarque la photo d’une très jolie femme qui me dit vaguement quelque chose, et je lui fais signe, selon les règles du site. Après quelques  jours, n’ayant pas eu de réponse, je lui envoie un message lui disant quelque chose du genre : c’est dommage, il me semble qu’on avait quelques points en commun. Bonne chance pour l’avenir. Elle me répond finalement que je ne devrais pas abandonner si vite… Je ne me souviens plus trop de l’entre-deux, mais on a fini par se donner rendez-vous un soir, en se disant qu’on se contacterait quelques heures avant pour finaliser le tout au sujet de l’endroit et de l’heure.

Il faut que je spécifie que j’ai fini par comprendre que la jolie femme qui se prénommait Isabelle était aussi Nelly, publiquement. Il va sans dire que cela augmenta de beaucoup ma fébrilité, surtout parce qu’elle était romancière et que j’en étais à la première année de travail de mon roman. Et encore plus, parce que je sortais d’une relation avec une femme trop différente de moi et que je cherchais sur ces sites de rencontre une relation d’affinités. Aussi, étant donné que je savais qu’elle était journaliste, je me suis bien sûr dit qu’elle devait peut-être travailler un article sur les sites de rencontre… Mais, qui ne risque rien n’a rien!

Le grand soir arriva et je ne fis qu’attendre qu’elle se manifeste suite à mes quelques messages. Elle m’avait visiblement posé un lapin, et je lui ai envoyé un message expliquant ma déception. Pas d’excuse ni rien, elle m’a banni, je ne pouvais aucunement correspondre avec elle. Mais je ne pouvais pas lâcher le morceau sans avoir au moins une explication. Après avoir tâtonné, j’ai fini par la contacter de nouveau en créant un autre profil. Elle m’a laissé son numéro de téléphone et nous avons discuté quelques minutes.

En gros, elle m’a dit qu’elle correspondait avec beaucoup d’hommes et qu’elle en rencontrait souvent, ce qui expliquait son oubli, si c’était le cas, mais sans confirmation de sa part. Elle m’expliqua aussi qu’elle recherchait un gentleman et que ma réaction lui prouvait que je n’en étais pas un… qu’elle avait besoin d’un homme attentionné, à l’écoute, etc. Je n’ai même pas tenté de lui faire changer d’idée tellement il était clair pour moi que nous n’étions pas dans le même monde. Ma réaction était tout à fait normale dans les circonstances et on ne juge pas les autres à partir de leur réaction à nos propres gaffes! Et en plus, ce n’est surtout pas gratuit un homme attentionné, même ceux qui ont cette tendance ont tendance à l’abandonner parfois… ou même à ne jamais la manifester — dans le cas où la terre est trop pauvre.

Ce que j’ai ressenti à ce moment-là, c’est qu’elle plaçait un mur, une distance entre elle et les autres, d’un genre qui la plaçait au-delà d’elle-même et du résultat recherché. Elle avait échafaudé un trop parfait scénario relationnel, ce qui ne pouvait que la décevoir en passant le test de la réalité. Et si je regarde tout ça d’un oeil actuel, les liens ne cessent de s’ajouter. Pas de compromis avec la vie, on pousse la note jusqu’à casser la corde (vocale) et on se perd dans le mythe des choses.

Alors, si on trouve un « mot », une explication, ça ne viendra qu’ajouter au récit qui déjà se brode, ça me surprendrait même que ça réponde à quoi que ce soit.

C’est la triste réalité : Isabelle Fortier se décompose tandis que son pseudonyme est mûr pour se retrouver dans un premier tatouage, s’il n’y en a pas déjà. Sur un sein, de préférence.

Ajouts :

Pensées suicidaires? Des gens peuvent t’aider.

À voir, la dernière entrevue de Nelly Arcan à Club Social.

Un foutu beau débordement de singularité

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Ç’a été long, mais chose due, chose faite, je l’ai lu ton Vamp. Et je m’incline bien bas, mon cher Christian.

Comme un chocolat pur cacao à 99%, je l’ai grignoté à petite dose ta brique, m’explosant les papilles, humant ton mistral a plein poumon, pour en épuiser ensuite l’esprit pendant que j’expirais.

Désolé, mais je n’ai pas d’autres images que celles se rapportant au goût et à l’odorat qui me viennent. C’est plein d’épices, d’arômes, étourdissants.

Je me suis retrouvé aussi, en toi, en tes amis de galère, revenu en arrière dans l’époque, puisque les vingt ans sont immortels, malgré les différences d’âge : il y a une trame commune, quelque chose dans le sang des enragés de vivre.

Alors, tu m’as eu, je m’abonne.

Un ici et des ailleurs

Aujourd’hui, je me fais encore aller du côté de Branchez-vous! encore en remplacement de Pascal Henrard qui est parti se la couler douce, le chanceux! Un billet sur le sujet des crimes haineux au Canada, inspiré d’un récent billet du copain Antipollution.

J’ai décidé d’ajouter à droite les hyperliens vers là-bas, si vous désirez me suivre à la trace… J’ajoute aussi une section avec le fil RSS de l’apparition des chapitres de mon roman (le premier chapitre devrait y figurer sous peu – ajout : c’est fait!). Tous les commentaires, critiques, idées, corrections seront les bienvenus, mis à part les tentatives de dénaturation : je raconte le plus simplement possible une histoire, en l’assaisonnant à ma manière, loin de moi l’idée d’essayer de composer un long poème de 250 pages… Ça sera peut-être pour un autre projet! Quoique, si je m’embarque dans un projet de longue haleine, ça risque plus d’aller du côté de l’essai.

Je ne l’écris pas assez souvent, merci de me lire et de participer! Tout le monde sans exception me fait avancer. Ce qui m’attire comme ce qui me repousse m’aide à trouver ma place.

Un nouveau départ

Voilà, c’est fait. Je redémarre tranquillement mon projet de roman. Pour commencer, je viens de constituer une nouvelle niche. J’ai changé le titre aussi : Auréole instantanée pour Le roman de Renard.

Après un commentaire très constructif de Sophie-Anne, voilà assez longtemps, qui me proposait de changer mes temps de verbe pour le présent au lieu du passé, j’ai enfin décidé de m’y mettre, et d’en profiter pour le retravailler, tant qu’à y être.

Je suis tout à fait conscient que le média blogue ne fait pas bon ménage avec le roman, pour la raison évidente de la longueur du texte, même séparé en chapitres, mais bon, s’il y a des curieux, c’est là!

(Photo : rémi avec un i)

Satisfiabilité

Christian Mistral qui s’auto promulgue « plus grand écrivain québécois ex æquo » avec Louis Hamelin, c’est un double talent que je ne me rêve même pas d’avoir! Et ce n’est réellement pas de la fausse ou de la vraie modestie. Je ne sais pas pour les autres, mais je ne voudrais jamais que me quitte le sentiment d’avoir à manger des croûtes… Les amateurs de farces plates me diront que c’est parce que je n’en ai aucune chance, que la marche est trop haute, la montagne trop escarpée : je la rirai à peine jaunement et me dirai que de juger du jugement est une perte de temps! Non mais, il me semble que cela me serait intenable, et j’applaudis à tout rompre Mistral de le graver à vue dans la virtualité et donc dans les mémoires des furtifs dont je suis.

Alors, une autre raison de souligner en gras dans ma liste de lecture un roman de lui (Vamp, d’après ses propres conseils dans la Cabine C), question de vérifier, de m’imprégner, mais j’ai frayeur que la trop grande expectative accumulée ravisse mon but d’objectivité : si objectivité totale se peut devant toute oeuvre d’art. Est-ce que ce serait inutile d’ajouter que tout ce qui se trouve dans le futur peut se ranger du côté de la fiction?

Pour le cas de Louis Hamelin, j’ai dévoré « La rage » voilà environ deux ans et rare sont les romans qui m’ont imprimé autant de souvenirs aussi précis, chez qui l’ambiance évoquée surpasse autant le vague de la réminiscence. Seul hic, et un lien avec le hoquet n’est pas trop forcé ici, le touffu de son style m’a parfois fait décrocher de la trame : c’est que je préfère me faire éblouir par un style disséminé comme des taches de lumière que de me faire aveugler! J’aurais eu tendance à acquiescer tout de go à la déclaration de Mistral si le qualificatif n’avait pas été aussi extrême, puisque le mitraillage de lumières d’Hamelin a été bien plus souvent aguichant qu’agaçant. Alors, devant la question de déposer une figure littéraire québécoise sur l’autel de ma préférence, j’aurais vraiment de la difficulté à en choisir une en particulier… et c’est un exercice qui ne me tente aucunement! Je dirais rapidement quelque chose aujourd’hui et aurais dit autre chose hier.

C’est que j’ai un parti pris aussi fort pour la prose simple, descriptive, qui va directement à l’évocation la plus commune. Je suis un grand admirateur encore aujourd’hui de la prose minimale d’un Paul Auster du début avec sa trilogie new-yorkaise. Cette prose quasi journalistique référait à des histoires étranges aux multiples sens, cette oeuvre qui rejoins beaucoup de considérations conceptuelles se retrouvant plutôt habituellement en art contemporain, a contrario d’une littérature centrée sur elle-même, sur l’idée de l’auteur qui se raconte son fantasme d’écriture déguisé en un personnage semi-fictif. Et je suis même capable, Ô sacrilège!, de porter aux nues le roman « Le vide » de Patrick Senécal pour avoir, par son réalisme quasi insoutenable, dressé une carte assez complète du négativisme de notre monde actuel. Oui oui!

Et ce oui oui est trop positif, j’abandonne. La catégorie « écrivain » est pleine de mollesse, on peut s’en servir pour fouetter n’importe qui. Encore mieux, s’autoflageller.

Quelques vérités sur le processus de sélection des maisons d’édition

Samedi dernier, un compagnon de travail, portier, m’a présenté une amie à lui, écrivaine, qui a déjà publié deux romans. Je ne la nommerai pas, n’ayant pas les moyens de lui demander rapidement la permission. (Mais bon, il me disait à un moment donné dans la soirée qu’il essayait de lui « vendre » mon blogue, alors peut-être qu’elle viendra elle-même ici se nommer…) Et je sais bien que cela pourra intéresser quelques membres de la blogosphère (et aussi quelques lecteurs intéressés par la pratique littéraire), puisque je sais pertinemment que nous avons tous ce rêve de nous faire remarquer par une maison d’édition établie et reconnue.

J’ai eu quelques minutes pour discuter avec elle du monde de l’édition et de l’écriture, elle m’a donné de bons conseils, et surtout, expliqué une vérité que je vais vous exposer ici. Elle me racontait une anecdote, dont je ne me souviens plus exactement les tenants et aboutissants, mais qui a eu pour résultat de lui faire savoir qu’un refus d’une maison d’édition ne veut pas nécessairement dire que l’oeuvre soumise a été lue (du moins dans sa totalité)…

Alors, ce que j’ai compris, c’est que certaines maisons d’éditions (peut-être même toutes), vu la quantité phénoménale de manuscrits qu’ils reçoivent, font une première sélection en se basant seulement sur le titre de l’oeuvre — c’est le conseil qu’elle m’a donné (en la paraphrasant) : « Donne un titre qui fesse, tu pourras de toute façon le changer au besoin après coup, si tu es publié. » — et qu’il est donc possible qu’un refus se base seulement sur cette donnée.

Mais là l’anecdote me revient : le roman de l’écrivaine en question avait été accepté pour publication et elle était allée chercher une copie de son manuscrit dans une autre maison d’édition (sûrement pour avoir une copie de travail). Après quelques recherches, on lui a remis son manuscrit qui se trouvait dans la liste des non lus. Le préposé lui a spécifié qu’on s’apprêtait justement à lui envoyer une lettre de refus.

Je parlais de ça à Douce et elle m’a rétorqué du tac au tac qu’elle a entendu quelque part, il y a longtemps de cela, qu’il y a une pratique des maisons édition qui consiste à ne lire seulement que quelques pages au début, quelques pages au milieu et quelques pages à la fin. C’est légitime, mais avouez qu’il y a quelque chose d’assez injuste là-dedans, surtout quand les auteurs refusés croient qu’un couperet subjectif est tombé sur leurs oeuvres en bonne et due forme alors que le manuscrit n’a même pas été ouvert, ou si peu, dans ce dernier cas.

Ça me fait penser au passage de Raphaële Germain à Tout Le Monde En Parle, alors qu’elle parlait de sa chance d’avoir une bonne partie de la communauté artistique dans sa famille versus le nombre de manuscrits d’écrivains de talent qui se perdent dans les méandres de la malchance éditoriale. Cela soulève une super question : objectivement, aurions-nous un paysage artistique hautement hasardeux et mené en majorité par le bal des relations privilégiées?

Je ne connais pas cette auteure, mis à part pour l’avoir vu quelques fois à la télé. Je n’ai jamais lu un de ses romans, ni rien lu d’elle, mais je me demande quand même (assez gratuitement) si la place qu’elle prend dans l’espace médiatique n’empêche pas quelqu’un ou quelqu’une de nous éblouir encore plus qu’elle peu le faire, sans vouloir lui enlever son talent, si talent il y a (restons suspicieux). Et c’est certain que je me le demande tout autant pour les autres qui ont eu leur chemin tracé d’une manière royale, comme elle. Admettons qu’il y a pour ceux-là plus de droits à l’erreur, et parfois même, plus d’acharnement à les faire parader malgré le fait que ça ne lève pas…

Bon, je déroge un peu, mais au moins je n’ai pas nommé personne : ça se serait éternisé encore plus. Concision, quand tu nous glisses entre les doigts…

J’aimerais conclure en vous faisant remarquer la perte de temps, d’argent et le gaspillage de papier dans le processus de sélection des manuscrits chez les maisons d’édition. Selon la quantité de pages, ça coûte pratiquement aussi cher qu’un roman sur les tablettes des librairies pour l’impression d’un manuscrit, il faut se déplacer pour l’imprimer, retourner chercher la copie dans le cas d’un refus, et tout le gaspillage qui compte puisque ces copies se retrouveront aux poubelles, et dans le meilleur des cas au recyclage. Heureusement, quelques maisons d’édition acceptent les copies digitales : à mon souvenir, Les Intouchables est une de celle-là.

J’espère par ce texte vous avoir insufflé un peu d’espoir, et surtout de confiance en soi. Pour ma part, ça fonctionne, même si je ne crois pas recommencer tout le processus. Qui vivra verra.

(Photo : mentzel63)

Le festival des refus (bis)

Je n’ai pas l’habitude de me servir de mon blogue comme un journal personnel, mais je vais me permettre d’en user de cette manière, j’en ai vraiment besoin.

J’ai eu un vrai bon coup de barre au début de cette semaine, une fatigue intense qui me poursuit encore un peu. Un spleen d’hiver, rien de trop grave, mais quand même… Il me faut bien faire attention. Sinon, je serai obligé de prendre des vacances forcées. Pas dans les plans.

Avant de partir travailler, ouverture d’une lettre venant de la maison d’édition Québec-Amérique. Refus.

Mon roman.

Je suis habitué aux refus, mais jamais des comme ceux-là… J’en ai déjà vécu un presque semblable, avec Tryptique. D’habitude, les lettres de refus des maisons d’édition sont concises et très vagues, mais celle de Québec-Amérique est un peu trop explicite, enfin à mon goût.

La première phrase de l’annonce du refus est très correcte, suffisante. Être un directeur littéraire, je n’aurais pas poussé plus loin la rhétorique de justification :

Malheureusement, votre ouvrage ne répond pas à certains de nos critères éditoriaux.

Clair et net, une subjectivité assumée et normale puisqu’il y a implicitement la nécessité de choix, un couperet doit inéluctablement tomber.

Mais voilà la phrase zélée :

En effet, malgré une écriture dont la maîtrise a été jugée satisfaisante [on remarque ici le quasi-compliment], le comité de pré-sélection ne retrouve pas dans votre texte l’originalité recherchée dans le traitement de la thématique.

Et la cerise sur le sundae :

Nous vous suggérons donc de le soumettre à un autre éditeur.

(Ouf! une chance!)

Avouez que si on enlève la deuxième phrase, c’est presque sympathique, et ça dit : votre oeuvre ne nous convient pas, mais elle plaira sûrement à un autre éditeur. C’est tout, on passe à un autre appel!

Mais avec la deuxième phrase (en plus du fait qu’elle soit mal foutue : l’utilisation du verbe « retrouver » est hautement approximative, la répétition de « dans » rend la phrase lourde et le concept d’originalité est comme une balle de ping-pong entre le traitement et la thématique…), le message est blessant gratuitement et maladroitement.

Ce qui est le plus blessant, c’est que j’en viens à me demander qu’est-ce que l’originalité, qu’est-ce que le traitement, qu’est-ce que la thématique? Mais quel manque d’originalité on me reproche en fait? Assez difficile à répondre, car je ne comprends pas trop ce que signifie « le traitement de la thématique ». Ce n’est pas en tout cas le style d’écriture, ni l’idée générale qui est inintéressante à leurs yeux. C’est à n’y rien comprendre… J’abandonne.

Ça m’a fait du bien d’écrire ce billet et, contrairement à ce que j’ai fait avec Tryptique, je ne me donnerai pas la peine d’écrire une lettre pour les inviter à modifier leur message. Je suis trop fatigué. J’ai assez écrit à ce sujet.

C’est le temps de dormir là-dessus pour pouvoir aller ailleurs.

(Photo : François D. §)

Pourquoi Renart L’éveillé?

Toute l’histoire entourant le blogue d’Élodie Gagnon-Martin et de sa fermeture aura brassé beaucoup de questions dans la blogosphère. Une de celle-là concerne les pseudonymes. Pour avoir moi-même un pseudonyme, je me suis fait harceler à un moment donné par un blogueur et je me suis défendu de révéler mon vrai nom parce que je considérais avoir cette liberté (tiens, je te fais un peu de pub mon Danny, même si je n’ai pas pris la peine de lire ton billet sur moi, car je connais tes arguments par coeur…). Quand je me suis vu l’opportunité de pouvoir publier un texte au journal Le Devoir, j’ai décidé de m’abstenir de le dévoiler, même si cela voulait dire que mon texte serait refusé. Mais, devant toute cette pression et après avoir pesé le pour et le contre, je pense que je devrais être transparent et indiquer mon vrai nom pour appuyer le sérieux de ma démarche de blogueur à tendance politique, même si je ratisse quand même assez large. Mais avant, j’aimerais expliquer le pourquoi de ce pseudonyme.

Au départ, j’ai un projet de musique, en solo, depuis environ six ans, et j’ai commencé à écrire mon roman presque au moment. Le nom de mon projet musical était Lunatique et le nom du personnage de mon roman était Renard, ce qui venait d’un flash que j’ai eu à l’âge de 16 ans (j’ai maintenant 36 ans) Et, autre anecdote, je me disais que je nommerai mon enfant, si c’est un garçon, de ce nom plus tard : mon roman a été le plus gros projet que je mené à terme alors…

Avec l’avènement de MySpace, j’ai décidé de m’ouvrir une page et d’y mettre quelques compositions. Quelques mois plus tard, un usagé québécois de MySpace m’envoie un message me spécifiant qu’il utilise le pseudonyme Lunatique depuis quelques années, qu’il a sorti quelques albums sous ce nom, qu’il a une émission de radio et qu’il aimerait bien que je change. Pour faire court, j’ai décidé de changer de pseudonyme.

Donc, après quelques cogitations, j’ai trouvé Renart, tiré bien sûr du Roman de Renart, mais surtout en lien avec mon personnage de roman, Renard, pour le différencier par la finale du « T ». Et je trouvais bien drôle le lien que j’ai trouvé avec les jumeaux Dupond et Dupont, des aventures de Tintin, alors que Renard est mon alter ego. J’ai fait quelques recherches sur le net pour voir s’il n’y avait pas d’autres artistes avec ce nom et j’en ai trouvé un du nom de Maître Renart ou Renard : un chansonnier. Alors, j’ai décidé de faire de Renart un prénom en ajoutant un nom de famille, pour bien me distinguer de tout autre goupil (tiré de wikipédia : Jusqu’à la fin du XIXe siècle et dans de nombreux dialectes français, cet animal (le renard) est appelé goupil.). Après avoir beaucoup cherché, je me suis rappelé que je songeais parfois à écrire mon nom de famille, Léveillé, de cette manière : L’éveillé. Résultat : Renart L’éveillé. Je trouvais que ça sonnait bien, comparativement à mon vrai nom qui est un peu drabe. C’est aussi simple que ça! Et tant qu’à faire, j’ai décidé d’en faire mon nom de plume, et j’ai donc signé mon roman de ce nouveau nom.

Si vous avez remarqué, il n’était même pas encore question de blogue. Alors quand j’ai commencé à écrire sur le blogue de Patrick Lagacé, j’ai évidemment signé de ce nom de plume. Il va sans dire que j’ai continué avec cette même signature quand j’ai ouvert mon blogue. Donc, pour ma part, je ne me suis jamais caché derrière ce pseudonyme : quand je ferai des spectacles, ou si possiblement mon roman est édité et que je participe à un lancement, je serai disponible et en public pour quiconque voudra me rencontrer en vrai (et me lancer des tomates, s’il y a lieu). En conséquence, je ne ferai pas un Réjean Ducharme de moi-même, même si l’anonymat artistique est évidemment tentant pour plein de raisons que je n’élaborerai pas ici. La seule raison pour laquelle je ne voulais pas donner mon vrai nom, c’est que je n’en voyais pas l’utilité. Est-ce que Jean Leloup (qui maintenant assume son vrai nom : Jean Leclerc), Nelly Arcand, Stephie Shock, Mylène Farmer, Dominique Michel, etc., pour ne nommer que ceux-là, sont moins crédibles parce qu’ils utilisent des faux-noms? Non. Mais ç’a l’air que le monde sérieux de la politique fait fi de ce genre de démarche…

Alors, pour être certain de ne pas nuire à ma crédibilité de blogueur, j’abdique, je vais maintenant l’indiquer dans mon profil Blogger pour quiconque veut le savoir.

Mes plogues du jour

Que de bonnes lectures aujourd’hui! Je vous rajoute deux liens avant de partir vers d’autres pâturages littéraires (j’ai du travail à faire sur la présentation de mon roman et un gros texte à travailler pour UHEC, et bien sûr ma première soirée de dj de la fin de semaine).

Le premier, une belle anecdote parut sur Le Petit Émerillon, concernant une belle carte de bonne année (en septembre) reçue de la part du Prime Minister par le blogueur, habitant à Outremont.

Le deuxième, un commentaire d’une blogueuse, SuperCath, paru sur le blogue Blog Story en lien à une historiette assez stupide, enfin à mon goût, que le blogueur donne en exemple. Et j’ajoute ici l’extrait du commentaire :

Un exemple : l’histoire des vitre teintées du YMCA… J’ai sû d’une de leurs clientes que la clientèle demandait depuis longtemps à faire teinter les vitres pour une question d’intimité, mais le YMCA n’avait pas les fonds nécessaires pour le faire. Alors lorsque la communauté juive a proposé de le faire – à ses frais! – c’est évident qu’ils allaient accepter.
C’est juste drôle que cette partie de l’histoire n’est pas été rapportée dans les nouvelles, n’est-ce pas?

Petit ajout de dernière minute :

J’ai lu la nouvelle de la dernière sortie du Doc Mailloux, ça m’a tenté d’écrire là-dessus pour encore dire qu’il est profondément dans le champ même si je pense aussi que les extrémistes cathos sont aussi dans le champ de vouloir faire revenir le Québec en arrière avec la religion, mais je ne voulais pas gaspiller d’énergie sur cette cause perdue, mais je viens de lire Patrick Lagacé là-dessus à l’instant (je suis incorrigible, j’ai fouiné une dernière fois dans mon Google Reader…) alors je ne pouvais pas passer à côté! Ouf!

Sur ma littérature, la méchanceté, la publicité et la gratuité

Pour ceux qui lisent mon roman, vous vous rendrez compte que je viens d’enlever mon sondage qui demandait aux gens s’ils étaient intéressés à la possibilité de payer pour une copie papier. J’ai eu l’idée de ce sondage pour voir si je devais pousser dans le sens de le faire publier par une maison d’édition ou même de le sortir à compte d’auteur. Malgré le fait que je dois bien avoir quelques lecteurs fidèles dans le lot des 1329 clics que j’ai eu à ce jour sur le site, je n’ai eu que trois réponses positives, une réponse pour « peut-être » et trois réponses à « non ». En plus de me rendre compte que je n’aurais pas dû inclure le choix négatif dans mon sondage (parce qu’il ne m’est pas utile à autre chose qu’à savoir qu’il y a soit des gens gratuitement méchants, soit des gens qui ne veulent payer pour rien si c’est déjà offert gratuitement), je me rends compte que ça serait très risqué de tenter l’aventure de l’édition à compte d’auteur.

Dans le fond, il semble que je devrais juste continuer de me dire que mes cinq ans de travail sur cette oeuvre n’auront pas été faits en vain si quelques personnes me lisent, même gratuitement. Penser plus loin que ça me déprime et déprimerait n’importe qui. En espérant que je ferai un jour un bon coup qui fera beaucoup de pub pour aider tout le reste… Et François Avard, le co-auteur des Bougons, pour sa part, le sait très bien…

Mais, au-delà de mes sentiments personnels, ça me fait penser à toute la question de la gratuité sur le web qui encourage donc la publicité et, par ricochet, le contenu populaire, pour ne pas dire populiste.

Je peux donc vous avouer que je pense de plus en plus à intégrer de la pub sur mon blogue, pour cette raison, même si je n’ai pas encore assez de trafic pour que ça en vaille vraiment la peine. Donc, ça serait plus symbolique : si les gens ne veulent payer pour rien en particulier qui se retrouve à la télé et sur le web, ils donnent raison à la pub intrusive et au système marchand dans lequel nous évoluons… Et moi qui suis beaucoup contre ce système dans l’état où il est en ce moment, je me voyais l’obligation de ne pas l’encourager dans mon blogue en n’installant pas les pubs Google Adsense.

Est-ce que je devrais changer mon fusil d’épaule et espérer que ça devienne payant un jour?


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