Posts Tagged 'Multiculturalisme'

Sur l’endoctrinement, l’éthique, la culture et la religion

Visitez mon nouveau blogue :  http://www.renartleveille.com/

Je me souviens avoir déjà pris la défense du cours d’éthique et de culture religieuse. Je le voyais comme une bonne manière de sortir la religion de l’école en l’incluant dans l’Histoire (globale), par la mise en contexte. Il semble que ce soit plutôt le contraire. La religion, avec tout ce que ça comporte, devient le filtre pour se mesurer aux autres. Et l’humain est bien mince sous cet aspect.

Quand je pensais à un déploiement de diversités, je me retrouve devant des cases bien définies, des boîtes traditionnelles à agencer. Un cours pour prévenir et guérir une maladie inventée de toutes pièces. L’éthique seule aurait pu servir de médicament pour la vraie maladie, le vivre ensemble, mais, comme un placebo, le terme est complètement vidé de son sens.

Si ce cours n’est qu’un outil pour préparer une noyade future dans le multiculturalisme, dans sa dilution politiquement correcte nommée l’interculturalisme ou, plus poétiquement, dans le mégaculturalisme, tant qu’à y être, mon appui se retrouve à néant, c’est bien certain. Pas parce que je n’en ai rien à battre de tout ça, plutôt parce que je pense que le respect devrait se gagner à la dure (dans le sens contraire à la mollesse).

Et il me semble bien galvaudé ce terme « culture », dans l’optique où jamais les accommodements ne sont en lien avec la culture, mais bien plutôt toujours avec la religion. Oui, je sais, c’est une évidence. Mais d’évidence en évidence, il ne semble plus rien y avoir d’évident…

Comme ceux qui ne voient pas de danger dans cette drôle de manière d’apprendre aux jeunes les différences. Et même ce prof malgré tout qui tente d’embourber le débat :

Come on… Une heure semaine, quand on a le temps et que ça adonne, ce n’est pas assez pour endoctriner qui que ce soit.

Si ça ne peut pas endoctriner, est-ce qu’au moins les jeunes apprennent quelque chose? Parce qu’endoctriner n’est qu’un mauvais penchant de l’apprentissage, à ce compte-là!

En toute mauvaise foi, combien ça prend d’heures pour que l’endoctrinement fonctionne?

(Photo : Nico & cie)

Ajout :

À lire, sur cette question :

http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/12/16/201-thique-amp-culture-religieuse-prise-i.aspx

http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/trois-questions-au-sujet-du-cours-ethique-et-culture-religieuse/1110/

BurKhadr

Petite discussion  intéressante entre Belz et moi à la suite d’un billet de Patrick Lagacé au sujet d’Omar Khadr. Je vais m’en servir comme introduction pour ce billet.

Belz :

Peut-être aussi que si sa soeur ne se mettait pas un drap sur le corps avec seulement un trou pour les yeux, on serait plus sympathique à sa cause!

Renart :

J’ai fait le saut hier en voyant ça aux nouvelles. La mondialisation donne ça, il faut essayer de faire taire nos réactions primaires le plus possible…

Je me souviens que pour le port de la burqa, on disait que c’était très très rare, les enfants soldats canadiens de même : c’est donc un cas à prendre avec de grosses pincettes. Mais je crois quand même qu’il serait préférable de le faire quitter ce donjon, ça se réglerait beaucoup mieux dans la civilité et avec un peu plus de transparence.

Belz :

Je ne suis pas d’accord quand tu écris « il faut essayer de faire taire nos réactions primaires le plus possible… ». Pourquoi devrais-je taire mes réactions, mes opinions, et ce que je ressens quand je vois ça? Je vois sa soeur avec la burqa de la tête au pied, et on voudrait me faire croire que c’est une femme épanouie, que ce garçon vient d’un milieu équilibré?

Je suis bien d’accord pour qu’on le libère, mais je ne suis pas certain que sa place est au Canada.

Renart :

Je dis bien qu’il faut essayer, c’est la clé de l’ouverture d’esprit. Si je n’essayais rien, j’aurais de tout autres réactions et je serais assez réactionnaire, plus dans un sens où j’occulterais l’analyse.

Il est facile de faire un lien entre Khadr et sa soeur recouverte de ce drap, mais ce sont deux débats séparés à mon avis.

J’invite donc Belz à continuer la discussion ici, et vous tous de même, car à 211 commentaires chez Pat au moment où j’écris, il y a beaucoup trop de brouhaha pour s’entendre…

Mais je vais quand même clarifier mon dernier point et même le poursuivre, puisque ce soir au Téléjournal un reportage nous a montré que la burqa est très à la mode dans la famille Khadr… Alors la question que j’essaye de soulever c’est : est-ce qu’une réaction négative à la vue de toutes ces femmes en burqa devrait servir de point de départ à une réflexion sur le sort du jeune homme? Je ne crois pas.

Moi aussi, je trouve complètement absurde cette tradition archaïque musulmane et je ne crois pas qu’elle devrait avoir sa place au Canada, ce qui me fait écrire que la décision française de refuser la nationalité à une Marocaine qui la porte m’apparaît une bonne manière d’envoyer un message sociétal clair. D’autant plus que cette décision est félicitée là-bas autant par la gauche que par la droite. Un beau consensus qui me permet d’écrire gauche et droite deux fois plutôt qu’une dans leur orthographe correcte…

Pour revenir aux Khadr, je crois juste que ma réaction à la vue de cette famille ne devrait pas colorer mon jugement ailleurs que du côté des symboles religieux véhiculés, même si c’est facile de démoniser le jeune homme parce qu’il a vécu dans un contexte familial opposé aux valeurs qui me tiennent à coeur. D’un côté, il y a un problème de tolérance multiculturaliste abusive, de l’autre, il y a un humain maltraité.

Ce qui me fait divaguer du côté de la ressemblance et de la différence entre la burqa et les accoutrements vestimentaires qui sortent de la norme. Certains pourraient dire que c’est la même chose : si nous laissons les marginaux apparents se promener dans la rue tranquillement sans broncher, nous devrions aussi faire de même pour les femmes en burqa. Ce n’est pas du tout la même chose : dans le port de la burqa, il y a un message clair, assourdissant, qui tend vers le silence, tandis que pour les autres le message est hautement individuel, provoque la curiosité et le dialogue, surtout chez les humains ouverts d’esprit. Qui pense encore que la religion rassemble?

Le problème en ce moment avec Omar Khadr est tout sauf religieux. Nous sommes dans l’humanisme, il faut le faire ressortir tandis que c’est le temps.

(Photo : rusted_flower)

Sur la question linguistique : pour un nationalisme pratique

Bien qu’il ait été analysé de toutes les manières, je crois que le problème linguistique du Québec repose essentiellement sur l’aspect social puisqu’il transcende toutes les questions culturelles et religieuses qu’apporte le présent débat sur les accommodements; justement, le fait que cette commission se déroule en français est déjà une bonne piste de réflexion. Et ce problème serait même au-delà de l’éthique, de la morale, car il s’appuie sur un acquis de taille : la majorité des citoyens du territoire du Québec utilisent le français, dans sa version américaine, afin d’interagir.

Et c’est bien là son utilité : se comprendre entre nous dans un territoire donné. Alors, à mon avis, le « nous », ne tient qu’à cela. Exit la couleur de la peau, exit la religion, exit même la culture : la langue française est le contenant tout en étant le véhicule, émouvant et mouvant, émouvant dans sa mouvance. Ainsi, la passion, pour l’antagoniser avec le sens pratique, en devient le résultat et non le moteur. La différence est ténue, mais compte pour beaucoup dans le calcul. Il n’y a qu’un pas de la passion jusqu’à la guerre…

C’est pour cela que je prône ici un nationalisme pratique, extérieur à la passion, pour qu’elle en fleurisse plus aisément, en fin de compte, au travers du tissu serré de nos nouvelles interactions interculturelles et interraciales. Parce qu’on le voit bien, la passion qui s’appuie sur la tradition, a priori, est la plupart du temps réactionnaire, destructive, négative. Un nationalisme qui ne s’appuierait que sur le consensus linguistique serait comme une remise à zéro, un moment charnière, d’où pourrait ressortir quelque chose d’important, de concluant.

Puisqu’en fait rien ne justifie la poursuite du rêve francophone en Amérique sinon sa seule existence, son usage; nous devons par conséquent gager sur son côté utilitaire pour assurer sa pérennité. En somme, il faut que le français soit utilisé par le plus grand nombre possible et qu’il soit à la base de tous nos rapports sociaux, parce qu’il est fonctionnel, inclusif, et non pas parce qu’il serait un boulet issu de l’histoire, un résultat fortuit, interchangeable. Il est vivant parce qu’aujourd’hui on en use. Quelle meilleure preuve et quel meilleur argument pouvons-nous avoir?

Qui sera alors contre le fait de vouloir réunir la totalité de la population autour d’un code commun qui s’actualiserait par le français? Alors, qui pourrait être d’accord avec ce projet et refuser en même temps toute idée de réglementation dans ce sens, comme entre autres, celui que le Parti Québécois propose?

Au-delà de la politicaillerie et des grands discours, il va bien falloir un jour trancher dans le compromis canadien, le multiculturalisme, le bilinguisme officiel insidieux, asymétrique, parasite maladroit du bilinguisme volontaire, utilitaire, qui lui s’appuie avec raison sur le statut mondialisant de la langue anglaise. Il faudra faire le tri.

J’ose croire que sans le couperet référendaire, la population va enfin accepter de se mouiller afin d’établir un plan linguistique logique, qui clarifiera sa position au-delà de la mondialisation anglicisante, justement. Sinon, aussi bien passer à un autre niveau et accélérer l’assimilation en intégrant la totalité des nouveaux immigrants par l’anglais et en offrant des cours d’anglais gratuits pour la population francophone.

L’entre-deux-chaises devient franchement imbuvable… et surtout, improductif.

(La photographie provient d’ici)

Dialogues de (demi-)sourds?

Ceci est un message adressé à Eric Bondo en réponse à son texte intitulé « Le civisme des autres » (qui est une réponse à mon texte « Il y a comme une odeur de… tabou », qui était une explication et réflexion plus poussée de mon autre texte : « Questions libres sur le civisme des migrants »). Il pourrait être intéressant pour quiconque s’intéresse aux questions liées à l’immigration, questions qu’a fini par soulever la commission sur les accommodements (dé)raisonnables, en tout cas sur la blogosphère…

Le premier point qu’il soulève concerne l’inexistence de preuve quant à mon assertion qui ciblait les « immigrants de fraîche date ». Je me rends compte de ma bévue, mais c’en serait une encore plus si mon texte (d’humeur) ne s’appuyait pas naïvement sur des questionnements par rapport à des observations; mais sans grande qualité scientifique, je l’avoue : mais qui peu bien se targuer de pouvoir analyser le monde avec des outils complets, en se basant sur des sources tout à fait fiable, en étant donc dans l’objectivité la plus totale? Alors, je me demande surtout si le fait de m’interroger là-dessus ne me fait pas tomber automatiquement du côté des méchants… Je vous avoue que c’est pour moi un peu pénible d’écrire encore là-dessus, mais je vais continuer quand même! Et je ne vais pas non plus me payer une commission pour prouver mon point…

Donc, avant de continuer plus loin, s’« il est impossible de savoir si les situations fâcheuses vécues par [ma] compagne avaient un lien avec le manque de civisme de certains immigrants de fraîche date », est-ce qu’il est raciste ou xénophobe de ma part de faire une distinction entre les immigrants intégrés et ceux qui ne le sont pas, même si pour cela je dois tracer une ligne subjective, difficilement identifiable? Aussi, est-ce qu’il est faux de penser coupables en grande partie les politiques d’immigration, et surtout le multiculturalisme, pour le problème de la ghettoïsation et donc de certains comportements racistes, xénophobes et du non-civisme de certains immigrants envers les blancs (en tout cas, ceux que j’ai ressentis personnellement à quelques reprises et ceux de ma conjointe que j’ai relatés dans mon premier texte)?

Je pose ces questions parce que si pour mon ami Eric je suis intolérant parce que je fais une distinction entre les immigrants selon leur niveau d’intégration et si pour lui il n’y a pas de liens entre les politiques des ministères d’immigrations et les comportements asociaux de certains immigrants envers la majorité, il est certain que la discussion ne lèvera pas fort, ça sera simplement de l’accusation, du déchirage de chemise de son côté et de la défense du mien…

Concernant cette citation (de mon cru) qu’il utilise pour argumenter :

Le chemin qu’empruntent le xénophobe et le raciste repose sur un système établi qui scrute les différences à l’externe et réagit ensuite en raffermissant son jugement par l’ajout de « preuves », en se complaisant dans l’immobilisme : qui vient alors élargir un peu plus sa carapace, au lieu de la faire se craqueler.

J’aimerais spécifier que cette phrase ne fait que décrire le comportement fermé des xénophobes et racistes, rien de plus. Ça ne servait en fait qu’à dire que je ne le suis pas. Voilà une preuve que mon ami se sent attaqué au point où il se base sur une lecture biaisée de mes textes et de mes idées pour construire son argumentaire.

Même si je ne vois pas le lien, il continue sur cette lancée :

Là où le bât blesse, c’est que cet incident sert à justifier une remise en question de l’accueil des immigrants, soi-disant parce que, provenant des régions rurales de pays du tiers monde, on ne leur a pas inculqué le civisme, et qu’à leur arrivée, le gouvernement ne les a pas pris en charge à cet égard.

Quoi? Ça serait amoral que le gouvernement, tant au niveau canadien que québécois, et même municipal, informe le plus possible les nouveaux arrivants sur la société d’accueil? Aussi, est-ce que ce serait trop demander que le choix des immigrants se fasse en tenant compte du fait que notre société est francophone et de plus en plus laïque, donc de peut-être privilégier les immigrants qui sont le moins religieux possible, du moins dans leur démonstration de leur foi par des signes distinctifs? Il me semble que si dans notre société nous privilégions l’égalité entre les hommes et les femmes, il serait logique que le choix des immigrants reçus ici s’influence de cette valeur : désolé, mais je crois qu’un couple dont la femme porterait un quelconque foulard religieux sur la tête devrait avoir moins de chance d’être accepté ici qu’une autre qui n’en a pas.

Des gens racistes, il y en a aussi de toutes les couleurs, et même au-delà de la « race », notre gueule ne plaît pas à tout le monde et vice-versa. Nul besoin de généraliser, si ce n’est de dire : je déteste qu’on me pousse, ou je déteste qu’on me dénigre. Est-ce si compliqué? Nul besoin de catégoriser par couleur, mais par comportement, puisque ce sont les comportements qui nous posent problème.

Dans ce raisonnement, Eric semble vouloir tout mettre les comportements asociaux sur le même pied d’égalité. Je le comprends, mais il y a un danger à ne pas pouvoir analyser la problématique du civisme, de la xénophobie et du racisme en les mettant en contexte selon des critères aussi simples que de séparer la population en quelques groupes sociologiques, puisqu’il est facile, au bout du compte, de ne plus pouvoir critiquer quoi que ce soit et de donner des directions aux politiques d’immigration et d’intégration parce que chaque personne est différente et a sa propre façon de réagir aux autres. Pourtant, il me semble clair qu’il y a bien des dénominateurs communs quelque part, tant dans les cultures des immigrants que dans la nôtre…

Avec la fin de son texte, je vois bien que sa pensée tend à remettre en perspective les différences de chacun, ce qui fait que tout le monde devient par cela un peu plus pareil : des humains avec des personnalités diverses. Je suis d’accord. Mais c’est tout à fait là où je ne veux pas me brouiller : est-ce que le fait de considérer les humains comme étant dissemblables revient à prôner l’immobilisme étatique pour toutes les questions de la vie en société? Donc, si je comprends bien, la position de mon ami se base sur l’anarchie où tout un chacun fait ce que bon lui semble… Alors, est-ce que la loi 101 et tout ce qui tend vers la protection du fait français au Québec et donc de la promotion du choix de la langue française auprès des immigrants vont à l’encontre de leur liberté? Et est-ce que ceux qui ciblent négativement la non-connaissance du français chez certains immigrants sont simplement intolérants, au même titre que les xénophobes et les racistes?

Je pense qu’à trop avoir peur de la soi-disant intolérance des autres, on devient soi-même de plus en plus sourd à ce qu’ils ont à dire.

Un éditorial pour clouer le bec

Le dernier éditorial, « Le camp du Nous », de M. Pratte est encore une belle tentative de museler le nationalisme, de prôner la culpabilité pour tous encore et encore. Comme si toute critique de la situation québécoise en regard à la langue commune et à l’immigration était suspecte, toute pensée analytique était un blasphème. Oui peut-être, mais seulement en regard du multiculturalisme, qui ne fait pas du tout l’unanimité, il faudrait bien que ce monsieur s’en rende compte.

Le pire, c’est que ce « nous » qu’il met en confrontation négative avec le « eux » est logique. Mais dans une logique où il les fait sembler irréconciliables dans un Québec qui se prendrait en main de la pire manière, comme si la seule solution plausible se trouvait seulement dans l’immobilisme ou dans les compromis alambiqués que nous sommes habitués de recevoir des sphères fédéralistes. Pour le dire autrement, ça commence à tourner pas mal en rond.

Si je comprends bien, puisqu’« eux » sont dissemblables et que « nous » sommes une entité, un bloc majoritaire, « nous » devrions taire nos peurs, surtout si pour certains analystes cette peur est absurde. Comme on dit : les petites bébittes ne mangent pas les grosses… Sauf que ça dépend toujours de quel côté (ou plutôt de quelle hauteur) on se place! Si la langue commune mondiale était l’espagnol, le problème serait tout autre, j’accepterais plus facilement de me faire dire que j’en beurre épais!

Encore, je me demande bien où ce monsieur a pris ses informations comme quoi « le nombre d’anglo-Québécois est en chute libre et que les immigrants sont de plus en plus nombreux à parler français ». Moi je vis à Montréal, et je me promène quand même un peu, et ce n’est pas l’impression que j’ai. J’ai plutôt l’impression de vivre dans une ville majoritairement anglophone, et mes oreilles ne me mentent pas! Malheureusement, je me sens coupable de l’écrire en ce moment, mais c’est ma thérapie pour aller au bout de mes désirs et de mes idées. Aussi, je crois qu’il faut collectivement s’exprimer, au risque de casser des pots, un ressentiment est si vite imprimé dans l’inconscient collectif…

En fin de compte, il transparaît dans ce texte une crainte de revoir le nationalisme remonter en flèche malgré l’abandon référendaire du PQ, ce qui propulserait à nouveau la solution séparatiste en avant-plan si les solutions autonomistes et les compromis fédéralistes (en n’oubliant pas la nouvelle position diluée des péquistes) ne fonctionnent pas. Je me demande même si je ne devrais pas déjà me réjouir…

Accommodements raisonnables : en profiter pour élargir le débat?

À la veille des travaux de la commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d’accommodement, le tout en lien avec l’actualité, je propose que toute la société québécoise en profite pour se questionner plus largement sur tout ce qui touche le social, de près ou de loin. Pourquoi se pencher en majorité sur la question de l’immigration et des limites à dresser alors que c’est en fin de compte de notre avenir en tant que peuple qu’il s’agit? Si tout est relatif, il faudra bien se positionner plus amplement sur des sujets comme les libertés individuelles, l’économie, puisque ces données ne peuvent être occultées, tout comme la question nationale, la place du français, qui semble être relayé à un rôle mineur dans le plan de travail des deux intellectuels.

Donc, concernant les libertés individuelles, il serait difficile de ne pas l’inclure dans la réflexion alors qu’on se questionne sur la place de la culture et de la religion des immigrants dans notre société. Il serait injuste de faire deux poids deux mesures : de demander aux immigrants de se plier à nous — et de laisser un peu de côté leurs libertés — quand le débat québécois à ce propos est nébuleux au point de nous diviser pratiquement en deux. Cela m’amène tout de go à la question économique qui n’y est surtout pas étrangère : si la société en général voulait laisser la place à une économie libre, seulement régit par les lois de l’offre et de la demande, qu’est-ce qui pourrait alors nous justifier d’empêcher un groupe d’immigrant de se servir de son pouvoir d’achat collectif pour faire changer quoi que ce soit à son avantage dans la société? Comme on l’a vu avec l’histoire de la Banque de Montréal qui offre maintenant ses services au guichet automatique en mandarin et en cantonais, c’est déjà le cas, même si ça semble plus une décision d’affaire de la banque que des pressions de leurs clients chinois. Soit. Mais cela illustre bien que l’économie influence déjà fortement nos rapports sociaux et pourra les influencer encore plus : au point où il faudra rapidement refaire une autre commission pour régler ce problème-là.

Pour la question du nationalisme québécois, que le fait français synthétise sans aucune hésitation pour la majorité, il est clair qu’il est une donnée secondaire dans cette commission même s’il y est enchâssé. Pourtant, il devrait être mis à l’avant-plan parce qu’il assure la base de la cohésion sociale : la communication. Il faut se demander collectivement si le choix d’adhérer à la langue commune ou non pour quiconque peut être considéré comme un accommodement raisonnable, ce qui semble être le cas avec le bilinguisme, d’obédience canadienne; ce qui fait ressortir une question importante : est-ce que la présence de M. Taylor dans cette commission est (en partie) pour assurer la perspective canadienne dans ce débat? Je crois que c’est une question légitime qui fait ressortir une des balises de cet exercice. Et j’en viens aussi à me demander si le gouvernement n’aurait pas dû plutôt engager des experts étrangers pour assurer le plus d’objectivité possible, du moins pour ce qui est des deux principaux intellectuels qui vont superviser le projet, colliger et rédiger le rapport final…

Au-delà de la recherche d’un consensus collectif théorique, il est clair qu’individuellement l’attitude d’encourager ou non le français, tant au travail que dans la vie publique, est influencé par nos opinions divergentes sur la question nationale, et les deux hommes ont été choisi pour représenter cette dichotomie. Mais il faudra bien qu’un jour nous sortions de nos retranchements partisans pour repenser aux moyens possibles d’influer sur la société que nous voulons et donc de faire évoluer le système politique pour arriver à nos fins. Si tout est bloqué, comme le fait foi la constitution canadienne et ses défenseurs féroces, cette commission ne servira au bout du compte qu’à remplir les poches de quelques intellectuels, à alimenter les médias en débats stériles et à creuser encore plus la scission qu’apporte le multiculturalisme.

Post-scriptum :

Ce texte vient d’être refusé de publication dans le journal Le Devoir (dans la page Idées) parce que je tiens à signer Renart L’éveillé… Petite déception que vient bien envelopper le sentiment de m’être tenu debout!

Les douze travaux des Québécois

Je publie ici un texte originalement paru sur UHEC, pour ceux qui ne l’auraient pas lu :

Selon une étude de l’institut de recherche sur le Québec menée par le chercheur Patrick Taillon, de nouveaux obstacles rendraient beaucoup plus difficile, voire impossible, tout changement à la Constitution du Canada, 25 ans après le rapatriement unilatéral de 1982.

Même en ajoutant l’initiative (électoraliste?) de Mario Dumont, la prudence stratégique de Jean Charest qui juge que « le fruit n’est pas encore suffisamment mûr », « l’ouverture d’esprit » de Stephen Harper et une hypothétique indulgence du Canada Anglais, « c’est d’abord pour des raisons juridiques et structurelles que toute réforme allant dans le sens des intérêts du Québec est, à l’avance, condamnée à l’échec ».

Donc, même avec toute cette bonne volonté, le bateau constitutionnel restera pris dans la glace législative selon les incontournables processus ajoutés qui se solderaient obligatoirement par des référendums pancanadiens, que l’on peut déjà annoncer perdants. C’est que l’auteur, avec raison, affirme que le mode référendaire favorise le statu quo, étant donné la binarité du choix proposé aux électeurs : des études étrangères le confirment. Même sans études, il est facile d’arriver à la conclusion que les avis des gens sont majoritairement divergents, sur n’importe quel sujet. Et, comme il le spécifie : « le peuple n’étant pas toujours prêt à faire les mêmes compromis que les élites politiques ».

Et il ne faut pas oublier les Premières Nations, qui ne pourraient être mises en reste dans toutes prises de décision, et c’est bien normal. Ce qui, en ajoutant le poids des lobbys divers qui pourraient diriger l’opinion publique (dont des groupes qui réclament l’abandon de la dualité canadienne – le concept des deux nations fondatrices – au profit du multiculturalisme – comme on le sait le plus bel héritage de Pierre Elliot Trudeau, mis à part son fils…), me rappelle drôlement l’étape de la « maison qui rend fou » dans Les douze travaux d’Astérix.

Est-ce qu’il est possible de penser que les Québécois, à l’instar des héros du film d’animation, pourraient obtenir le formulaire A-38, donc ce qu’ils désirent, de la manière détournée que l’on connaît?

La seule manière d’avancer, à mon humble avis, serait de quitter le bateau le plus rapidement possible.

Ajout (16 mai) :

Si le sujet vous intéresse, je vous suggère un autre texte, très complet et qui amène quelques éléments historiques : « Constitution, l’impasse absolue ».


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