Posts Tagged 'référendum'

Questions nationales : impressions et réactions

Visitez mon nouveau blogue :  http://www.renartleveille.com/

J’aimerais revenir sur ma soirée d’hier au cinéma Quartier Latin où j’ai assisté au visionnement du film « Questions nationales », en compagnie du blogueur Lutopium. De visu, j’ai pu remarquer la présence de Pauline Marois, Gilles Duceppe, Pierre Curzi, Françoise David, Pierre Dubuc, Michel David, Bernard Drainville, Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder. Mais avant de poursuivre, j’aimerais faire une parenthèse au sujet de M. Péladeau.

Moi qui ai fait beaucoup de recherche ce matin pour mon billet chez BV! au sujet de ce film, j’ai remarqué que la couverture est quasi inexistante chez Canoë : le site qui regroupe la diffusion web des médias de Quebecor. Pourtant, la très fédéraliste La Presse-Cyberpresse en a parlé abondamment (ce qui est plus ou moins dans son intérêt…), Radio-Canada aussi et bien sûr Le Devoir. Je sais bien qu’il y a l’homme, et son entreprise, et qu’ils ne sont surtout pas indivisibles, mais ça reste pour moi questionnant, d’autant plus que sa présence était « remarquable ». Soit.

Donc, comme je le titrais ce matin, ce film est utile. Qu’on y arrive ou non à cette souveraineté du Québec, cet exercice a au moins le mérite de marquer l’Histoire, de faire comme un arrêt sur l’image. Ce qui ressort aussi beaucoup, c’est le réalisme, là où les uns voudraient gommer l’opinion des autres, et je vais paraphraser mon ami Lutopium qui disait : « alors que nous étions trop près de l’arbre, nous voyons maintenant clairement la forêt ».

On y débloque en quelque sorte fictivement le dialogue, qui est toujours bloqué entre les deux camps. Pourtant, la réalité, c’est que finalement, comme l’indique dans le film l’historien Jocelyn Létourneau : « Ni Trudeau, ni Lévesque n’ont gagné leur pari de québéciser les Québécois ou de canadianiser les Québécois. » L’enjeu est le même, c’est la réalité qui a changé.

Là où l’argument économique est moins important, puisque le Québec s’est grandement développé, celui linguistique et culturel prend maintenant la relève comme le soulève Gilles Duceppe en pointant la mondialisation à la sauce anglophone, argument que j’ai moi-même utilisé ici et ailleurs. Mais le plus grand problème de cet argument, c’est qu’il est beaucoup moins quantifiable, pour ne pas dire moins fiable… C’est beaucoup moins drôle de dire « nous crevons de faim » que « notre culture et notre langue se meurent » alors que c’est encore dit en français!

À ce sujet, un des moments forts du film a été pour moi quand le politicien catalan Jordi Pujol annonce qu’il doit partir, mais revient pour spécifier que résister à l’espagnol est difficile, mais que ce n’est rien par rapport à la résistance face à l’anglais. Et en plus, c’est un homme tout à fait attachant, il faut voir le film ne serait-ce pour l’écouter expliquer la situation de la Catalogne.

Aussi, j’ai été surpris de remarquer que la situation écossaise me semblait plus proche de la nôtre, malgré le fait que les Écossais parlent l’anglais comme les Britanniques. Peut-être parce que justement notre système politique est aussi britannique. Mais bon, il ne faut surtout pas oublier que les Écossais actuels sont le résultat d’une assimilation réussie. Je trouve que c’est une bonne réponse à André Pratte qui ce matin annonçait un peu trop sérieusement l’impossibilité de notre assimilation, en réaction aux propos de Gilles Duceppe dans le film.

Autres propos qui m’ont fait réagir, ce sont ceux d’un adéquiste qui répétait constamment, lors de son entrevue : « référendum » et « répétitif »… Il faudrait peut-être lui rappeler que l’utilisation de l’adjectif « répétitif » est absurde quand il s’agit de qualifier deux référendums qui ont eu lieu à 15 ans d’intervalle!

Je pourrais continuer longtemps comme ça, mais, en gros, j’ai espoir que la sortie de ce film débloquera le tabou actuel qui enveloppe depuis trop longtemps la question de la souveraineté du Québec. Les réalisateurs ont beau proclamer le film de « non-partisan », néanmoins, il aidera peut-être à pousser l’Histoire dans un sens ou dans l’autre, comme quoi la culture est un de ses moteurs importants, et surtout, non négligeables.

Un Anglo pour l’indépendance du Québec (à ses conditions)

Visitez mon nouveau blogue :  http://www.renartleveille.com/

Mes yeux se sont tellement écarquillés quand je suis tombé, la semaine dernière, sur le billet, « Why Canada must End: Pourquoi le Canada doit cesser d’exister », paru sur Amériquébec. C’est au sujet d’un livre de Tony Kondacks, « un Québécois anglophone d’origine montréalaise », dont le titre est bien sûr « Why Canada must End », avec en sous-titre : « How to Achieve Quebec Independence ».

Ce qui est le plus surprenant, c’est que l’auteur de ce livre, disponible gratuitement sur son site, « qualifie la Loi 101 de ségrégationniste ». Donc, en gros, son argumentaire tourne autour de l’idée de donner aux anglophones la région du Québec où ils sont majoritaires, qui deviendrait Québec West — et où on « abandonnerait l’usage de la Loi 101 ou de quelconque législation en faveur d’une langue » —, en échange d’un Oui à un référendum sur la souveraineté.

Cette idée a le mérite d’être pragmatique. Entre convaincre les anglophones d’embarquer dans le projet indépendantiste comme on le fait en ce moment et ce que Tony Kondacks propose, il est clair que la balance persuasive penche de ce dernier côté. Voilà la preuve que la majorité des Anglos ne lâcheront jamais le morceau… linguistique! Alors, si placarder du français partout ne réussit pas à leur faire comprendre que la province du Québec est française, globalement, qu’est-ce qui réussira à leur faire comprendre? (L’histoire autour du Theatre Ste. Catherine est un des forts symptômes.)

Donc, personnellement, j’en suis à me dire que nous aurions tout à gagner à ce que la communauté anglophone suive cette voie. Déjà, cela commencerait à démontrer que l’appartenance au Canada ne tient pas à grand-chose, finalement. Combien de francophones fédéralistes continueront de s’accrocher à cette chimère si leurs compatriotes anglophones tournent les talons?

Jean a l’air…

Visitez mon nouveau blogue : http://renartleveille.com/

Jean à l'air à l'enversJean Allaire :

«Peut-être qu’on va aller jusque-là», a-t-il dit au sujet des référendums sectoriels en vue de rapatrier des pouvoirs.

«Mais si le fédéral dit non, qu’est-ce qu’on fait? C’est ça la question, a ajouté M. Allaire. Les gens ne veulent pas entendre parler de référendum sur la souveraineté, et il faut respecter le peuple.»

Je ne sais pas si c’est dû à son âge vénérable, mais Jean a l’air pas vite vite là-dessus… Bon, c’est peut-être juste moi, mais « gens » et « peuple » ne se réfèrent pas seulement aux cinquante quelques points de pourcentage de gens qui sont contre la souveraineté du Québec.

À un certain moment, on enlève le permis de conduire aux personnes âgées. Dans son cas, si ça se pouvait, j’aimerais qu’on enlève le permis de s’exprimer dans les médias…

De l’indignation en vrac

Visitez mon nouveau blogue : http://www.renartleveille.com/

progression

Voilà, en vrac, quelques sujets à pointer, à pétage de coche, à graver au fer rouge pour faire monter la sauce. Choisissez la sauce à quoi, de quoi.

L’allumeur, c’est Le Crachoir :

Deux juges américains ont admis avoir touché plus de 2,6 millions de dollars de la part de prisons privées en envoyant pendant des années de jeunes mineurs en détention ou en camp disciplinaire pour des délits sans rapport avec leur peine.

Les plaintes en nom collectif s’accumulent contre ces deux juges de Pennsylvanie qui ont reconnu devant la justice la semaine dernière, avoir «conclu un accord pour garantir la fourniture de jeunes délinquants» auprès d’une société privée d’exploitation de prisons, PA Child Care.

(Source : Le Devoir)

Tabarnac.

Autre matériel à gros mots, Lawrence Griffin soulève que le gouvernement de Jean Charest « vient de nommer Mme Hélène Desmarais épouse de Paul Desmarais Jr. de Power Corporation, sur le conseil d’administration du CHUM et qui est également membre du think-tank de l’Institut économique de Montréal, qui préconise depuis déjà plusieurs années une plus grande ouverture du privé dans la santé. »

Ça glisse, ça glisse : pour quand un référendum sur la place du privé en santé?

Le troisième sujet est seulement factuel, mais ô combien représentatif.

Une étude menée par deux psychologues de l’université californienne de Berkeley démontre que les « riches sont moins attentifs aux autres que les pauvres ».

Donc que la richesse tend à rendre individualiste tandis que la pauvreté provoquerait le contraire. Un des chercheurs explique que « ces différences remonterait à notre instinct animal ».

L’humanité va-t-elle un jour se sortir de sa condition inconsciemment animale pour sauter dans un progrès global?

C’est désespérant…

Sarkozy versus De Gaulle

Visitez mon nouveau blogue : http://www.renartleveille.com/

sarkosy-et-de-gaulle

Une chance que JF était là…

PHOTO DE LA CICATRICE DE JF MERCIER PAR LÀ : ICI!

jean-francois-mercier-mickey-mouse

J’étais bien content d’avoir enregistré le Bye-Bye. J’aurais vraiment été de mauvaise humeur de me taper la première partie musicale sans pouvoir appuyer sur la touche disponible pour faire une ellipse dans le temps, non sans avoir aperçu à la va-vite ce que Douce m’avait décrit comme étant vraiment long et plate. J’ai quand même entendu quelques bribes de l’oeuvre, et je n’ai visiblement rien raté. Un plus pour les boutons qui ne me sont pas poussés!

C’est chien, mais j’ai trouvé que Véronique Cloutier, jusqu’à ce qu’elle se vête de sa robe de soirée, ressemblait — avec ses gros cheveux et son « suit » noir — à la chanteuse du groupe Nuance, si mes souvenirs sont bons… Il me semble qu’on devrait réserver les pyjamas pour le dodo!

Sinon, une chance que Jean-François Mercier était là. Dans le palmarès de la méchanceté, sa charge contre le ROC-qui-a-ramené-toupet-en-plâtre-au-pouvoir lui vaut une levée de chapeau, malgré le fait que je me doutais qu’on pleurnicherait quelque part :

[…] je ne peux pas ne pas faire référence à la tirade de Jean-François Mercier sur le Canada anglais […] je n’ai pas compris la nécéssité (sic) d’aller insulter les canadiens anglophones de la sorte […] Imaginez une seule seconde qu’un commentateur anglophone du Canada ait émis des propos équivalents à ceux de Jean-François Mercier à propos du Québec? Le tollé serait général. On dirait encore que c’est une excellente preuve qu’il nous faut un pays et que le ROC rejette notre culture et notre identité. On relèverait (avec raison) le manque profond de respect d’une telle déclaration envers un peuple tout entier. Pourquoi, alors, le raisonnement inverse ne tiendrait-il pas? Pourquoi personne au Québec ne semble pour le moment avoir relevé le mauvais goût monumental de cette déclaration? Comme si ce n’était pas assez, celle-ci fait office de tout premier message que le Québec envoie au Canada anglais à l’aube de 2009. De quoi commencer l’année d’un très mauvais pied.

Il me semble que notre ami Alexis souffre d’amnésie (ou de lecture hautement sélective), puisque l’année 2008 (et les précédentes) a été assez chargée merci en affront contre le Québec de la part du ROC, et cela en plus la plupart du temps en dehors du cadre humoristique… Si J-F Mercier devait grafigner le ROC avec son humour méchant, il n’allait pas le faire en douceur quand même! Et, s’il faut le pointer, la blague a pas mal fait mouche auprès du public présent. Un applaudimètre aurait explosé!

De toute façon, il n’y a qu’au Québec où on s’émeut des mauvaises langues, je ne crois vraiment pas que l’humoriste sera cité dans le ROC

Quelques autres commentaires (pas insipides) :

J’ai trouvé ça ben drôle le Bye Bye hier mais j’ai aussi passé près de 2 heures à regarder l’air climatisé pis à le trouver ben drôle aussi.

-Goyette

Parce que ce n’était pas un Bye Bye (à ce sujet, l’équipe Cloutier/Morissette aurait dû conserver l’appellation de leur dernière revue, en 2003, Ceci n’est pas un Bye Bye), mais bien un show de variétés.

-Safwan

cheap, dégueu, vieille, injuste, puant la marde, crossing the line

-Christian Mistral

Je sais, je sais, quand Radio-Canada offre un Bye Bye, le Québec est aussi divisé que lors d’un référendum sur l’indépendance.

-Patrick Lagacé

Pourquoi Véronique Cloutier se sent obligé de toujours faire des simili “Fureur” dans ces shows de variétés ? On regretterait-tu d’avoir quitté le boulot à l’époque ?

-Le Satellite Voyageur

Mais là, j’suis comme un gars qui s’attendait à une méga baise et qui, au final, s’est retrouvé plus que déçu.

-Drew

Pendant que la poussière retombe sur les É-U

Ce billet vient de paraître parallèlement sur le blogue « Les 7 du Québec ». Les commentaires seront ici fermés, alors si vous désirez en laisser un ou bien les lire, suivre l’hyperlien précédent.

Dans l’élection d’Obama, il n’y a pas qu’Obama, le résultat. C’est un portrait très partiel du peuple qui ressort par cela. Les plus romantiques ont sabré le champagne, mais il faut admettre que le peuple états-unien n’est pas bien différent de la veille.

Tout compte fait, et cela frise l’absurde pour un citoyen comme moi, habitué au système électoral qui prévaut ici, il n’y a pas eu de balayage d’Obama auprès de l’électorat populaire, ce qui est franchement surprenant.

Une nouvelle est aussi venue me surprendre, du côté de la Californie. Lors d’un référendum, les citoyens ont voté dans le sens d’interdire le mariage gai, après qu’il eut été légalisé. Cela infirme une décision prise par la Cour suprême voilà environ 6 mois. Comme quoi même un des États réputés très progressistes ne l’est pas tellement…

Je parlais plus haut de romantisme, et il semble que l’économiste Gérald Fillion en soit un adepte. Cette phrase le démontre bien :

Et c’est sans surprise qu’on verra probablement Barack Obama prendre le leadership de cette reconstruction d’un capitalisme plus juste, d’un système d’échanges financiers moins spéculatifs, plus respectueux des gens et de l’environnement.

Cette phrase, il me semble l’avoir écrite de toutes les manières depuis que je blogue (sans la référence à Barrack Obama) et pourtant je la reçois avec des lunettes sombres aujourd’hui. Avant que l’économie ne soit chétive, le respect et la justice ne semblaient pas avoir grande emprise sur la réalité, alors imaginez avec l’inquiétude qui s’accumule depuis le gros de la crise financière. Est-ce que le slogan « Yes, we can » reviendrait à seulement signifier « oui, nous pouvons élire ce politicien en particulier »?

D’autant plus qu’Obama tente maintenant de minimiser les attentes qui ont gonflé exponentiellement et qui font en sorte qu’il aura à donner l’impression de « tenir ses promesses de changement ».

Après la foi, il faut bien voir.

(Montage photo : tsevis)

Confortable nonchalance

Oui, je sais que ce n’est pas très politiquement correct de parler du fait français (et de la  souveraineté) pendant cette élection fédérale, mais je vais le faire quand même. Et oui aussi, désolé, ça sera un long billet, j’en ai gros sur la patate.

J’écoutais hier à Télé-Québec la série « Cinéma québécois » et le thème de l’émission était « La politique ». Je regardais cette effervescence révolutionnaire des années 50 jusqu’au référendum de 80, ce désir de souligner en gras l’existence du fait culturel francophone québécois et ça m’a fait me rendre compte de mon insuffisance, de notre mollesse actuelle :

La vérité que vous ne voulez pas entendre, la voilà: le Québécois moyen rêve d’être un Nord-américain ordinaire. Il ne veut plus de cette identité marginale héritée de la révolution tranquille et il s’apprête à congédier l’élite nationaliste comme autrefois son clergé moyenâgeux. Et l’indifférence face aux coupures n’est qu’un aveu, un signe avant coureur (sic) de la rupture qui s’en vient…

(Cette citation provient d’un commentaire laissé ici par un dénommé Le Canadien errant à la suite de mon billet « La peur d’Anne Dorval ».)

Oui, d’un côté je me sens très concerné, et d’un autre je me sens mal de ressentir cette colère envers les gens irrespectueux, ceux qui s’en foutent, ceux qui auraient préféré (consciemment ou inconsciemment) naître seulement anglophone parce que ça semble globalement plus facile, ceux qui ne semblent pas avoir remarqué que les mots qui trainent partout dans leur environnement sont majoritairement tirés de la langue française… Vous me trouvez négatif? Moi je trouve que je suis réaliste. François Parenteau l’est encore plus, quand il parle du documentaire La génération 101 de Claude Godbout :

Le portrait est bien différent, cependant, chez les jeunes immigrants récents. Arrivés en plein marasme souverainiste, dans un centre-ville où le français reculait sans même se battre, ceux-ci carbureraient plus à l’identité nord-américaine, se sentiraient très peu concernés par les débats politiques québécois, et le français représenterait moins pour eux. Ce qui n’est pas sans entraîner des conséquences dans leurs choix scolaires puis culturels et politiques.

Moralité de l’histoire? Le pire ennemi du Québec francophone n’est pas la défaite. C’est le défaitisme.

Autre chose qui m’attriste? C’est ce genre de discours, trouvé chez Tym Machine, un fier Canadien-Français :

Laporte se plaignait que des candidats de Sorel chantaient en anglais. 

C’est à cause de ce genre de raisonnement paranoïaque que le Québec ne sera jamais une grande nation ouverte sur le monde et tolérante mais plutôt une nation d’insulaires frileux à l’idée de s’ouvrir vers de nouveaux horizons culturels. 

Que les Stéphane Laporte de ce monde se le tienne (sic) pour dit, la liberté individuelle prime sur la suprémacie (sic) du français en province.

Je ne suis vraiment pas un admirateur de Stéphane Laporte, et encore moins de Star Académie, mais cet homme a bien le droit de s’élever contre la suprématie culturelle mondiale anglophone si ça lui chante (oui, je sais, j’extrapole sûrement beaucoup…), c’est bien de sa liberté individuelle de l’exprimer dont il s’agit. La liberté n’est pas unidirectionnelle et ne mérite pas de se faire bâillonner. Tout le monde y a droit. Même un défenseur de la langue française. Mais je trouve que cette prise de position (celle de Laporte on s’entend) est en déficit. Quand quelque chose n’est plus ouvertement important à défendre, on sait bien ce qui se passe.

Et puis, pour l’ouverture sur le monde, j’ai bien hâte qu’on en revienne, il y a notre voisinage aussi, notre proximité qui compte. Encore un beau mot à inscrire en grosses lettres : ÉQUILIBRE.

Je terminerai tout ça avec une anecdote personnelle. Je déménage prochainement et mon propriétaire m’envoie des gens pour visiter mon appartement. Pour mettre en contexte, il décore la façade du fleurdelisé à la St-Jean et de l’unifolié à la fête du Canada, et bien bien également. Par souci d’équité, il s’empresse de me spécifier si les gens qui vont venir sont anglophones ou francophobes, comme si je faisais du service à la clientèle…  Une première anglophone m’a appelé pour changer l’heure du rendez-vous, elle réussissait à se débrouiller un peu, un point pour l’effort. Elle avait un nom d’origine arabe. (Pourquoi l’indiquer? Ça aura son importance pour la suite de l’anecdote.) Elle ne s’est jamais présentée, va savoir pourquoi!

Tantôt, un autre anglophone est venu. Il avait un nom bien anglophone et semblait natif d’ici : ses frères habitent dans le coin, et il habite depuis 6 ans pas très loin. Il ne parlait pas français ni ne comprenait grand-chose à ce que je lui racontais quand je ne savais pas comment le dire en anglais. Il avait à remplir un formulaire en français et il a fallu que je lui traduise pratiquement tous les mots.  Même les plus faciles : « nom », « prénom » et « rue » (celui-là, c’est un foutu mot qu’il voit sur les poteaux de la ville depuis qu’il est né!).

Admettons que ce n’est pas le genre de situation qui me donne espoir, surtout quand je sais qu’il n’y a pas beaucoup de francophones pour s’en émouvoir. Il n’y a pas à dire, la liberté de ce monsieur de s’exprimer en société en anglais semble plus importante que la mienne de m’exprimer en français. Et c’est par connivence nationale (prenez-le dans le sens que vous voulez…).

C’est ça qui est ça.

Quelques craintes et baumes souverainistes

(Le billet qui va suivre est une première collaboration, à paraitre, sur le site Amériquébec.)

drapeaufrance-quebec.jpg

Dans son dernier billet, le blogueur et journaliste Michel Hébert fait une prédiction et je lui en suis reconnaissant puisqu’il prend sur lui toute responsabilité en cas de fausseté… Cela concerne la visite prochaine de Nicolas Sarkozy en terre de Québec dans le cadre du Sommet de la francophonie.

En fait, Michel Hébert prévoit que cette visite sera une catastrophe pour le mouvement souverainiste puisque le président français, « très proche du financier Paul Desmarais » (Power Corporation, Gesca, etc., et la convergence médiatique contractuelle avec Radio-Canada), devrait actualiser le discours du « ni l’un ni l’autre » pour celui du statu quo : d’un « Canada tel qu’il est, intouché d’un océan à l’autre. Il dira non à l’indépendance du Québec. Ce sera enrobé, évidemment, mais ce sera clair. Paris sera enfin soulagé. »

Les uns tremblent tandis que les autres jubilent.

Du côté des sondages, quebecpolitique.com publie quelques résultats du dernier sondage CROP/La Presse qui indique, depuis le dernier sondage en février, une perte de 2 % d’intention de vote pour le PQ (perte de 1 % pour le PLQ), un gain de 1 % pour l’ADQ, QS et pour les autres (le Parti Vert demeurant stable). Donc, sur papier, le principal parti souverainiste est le grand perdant.

Aussi, pour ce qui est de la souveraineté à proprement parler, 35 % pour, 65 % contre, le résultat est assez apeurant pour un convaincu comme moi. Mais avant de tomber dans la déprime, j’ai fait quelques recherches et, depuis 1995, selon une étude de François Yale (du département de sociologie de l’Université de Montréal) les résultats de l’appui à l’option sécessionniste fluctuent grandement (entre environ 27 % et 58 %), selon les trois termes (ou concepts) employés dans les sondages : souveraineté, indépendance et séparation. Après un pic d’environ 58 % en 1995, il y en a quand même eu un de 56 % en 2006, ce qui est assez positif, selon le cliché largement répandu que l’option serait moribonde depuis le dernier référendum. (Voir le tableau à la page 96 de l’étude.)

Cela illustre bien le caractère non statique de la question constitutionnelle auprès des électeurs. Malgré le manque à gagner des souverainistes en général, puisqu’il faudrait bien sûr que l’appui fluctue majoritairement au-dessus de 50 % pour asseoir l’option, il ne semble pas y avoir signe de sa disparition à court terme, ni à moyen terme d’ailleurs.

Et encore plus, ces soubresauts prouvent bien que cette question en est une de coeur, comme ses battements en nos corps suivent la vie, trépidante.

En espérant que cette dynamique tendra toujours vers un projet de plus en plus positif, tant au niveau des résultats que de sa perception générale. Vivement un pays pour s’y inscrire tous, et pleinement, au-delà des différends.

Question linguistique : la troisième voie

Après les preuves objectives de l’hécatombe possible dans laquelle l’utilisation du français au Québec se dirige, que certains pourront travestir en subjectivité selon leurs valeurs et le point de vue de leurs analyses, il reste qu’au niveau intellectuel il y a une nouvelle preuve que, bizarrement, j’avais pressenti en composant la finale d’un de mes textes sur l’incessante crise linguistique :

Sinon, aussi bien passer à un autre niveau et accélérer l’assimilation en intégrant la totalité des nouveaux immigrants par l’anglais et en offrant des cours d’anglais gratuits pour la population francophone.

Ainsi, Le Devoir a fait paraître un texte d’opinion (trouvé via le blogue d’Olivier Niquet) qui va encore plus loin : Roberto Campeón et Emanuel Dion-Goudreau, deux citoyens de Montréal, exposent, face au débat entre la radicalisation de la Charte de la langue française et le bilinguisme totalitaire, « une troisième voie, celle d’une anglicisation portée par un réseau scolaire anglophone unique accueillant tous les jeunes Québécois. »

La logique de ce texte donne vraiment froid dans le dos, l’argumentaire est coupé au couteau, il est vraiment rare de lire quelque chose d’aussi pragmatique. Cela a au moins le mérite de ne pas être complaisant, dans ce monde du statu quo.

En gros, il y est dit qu’il faut reconnaître la défaite du projet souverainiste, que le Québec régional est coupé de Montréal, et qu’un changement linguistique vers l’anglais pourrait nous donner un nouveau grand projet collectif, absolument positif, ce que nous n’arrivons plus à avoir depuis belle lurette.

Il serait très facile de prendre cette idée au premier degré et de se la monter en neige pour en faire la meringue d’une tarte à entartiste. Je vais laisser cela à d’autres. Pour ma part, j’examine la question et elle me plaît au point où je suis tenté de la proposer franchement comme choix ultime. Fonçons tête baissée!

Nous sommes en démocratie et j’accepterais que cette proposition passe la rampe si le peuple en décidait ainsi. Je serais encore capable de discuter et de vivre un minimum en français jusqu’à la fin de ma vie, au moins, il n’y aurait plus d’angoisse sur le point de nos descendants. Est-ce que les amants de la clarté référendaire seraient contre une question de la sorte?

En fait, il n’est pas fortuit que Le Devoir ait publié ce texte. C’est dans l’intérêt des indépendantistes que des idées aussi claires surgissent. C’est une question que tous devront se poser. Certains semblent penser que c’est de l’ironie, mais c’est au-delà de l’ironie à mon sens. Entre la lente agonie et ce couperet, je choisis ce dernier, mais ce ne sera pas moi qui vais voter pour!

(Photo : falcifer)

David et Goliath

Certains trouveront que je m’acharne, mais j’ai encore écrit un commentaire en rapport au dernier texte du blogue de M. Auger, sous le titre « Au PQ : fuite en avant et déni » :

« Pour ce qui est de la défaite du PQ, je ne crois pas comme M. Landry que c’est à cause d « une montée de la grogne et de la colère, tout simplement ». Cependant, ce serait surestimer le programme de l’ADQ et le charisme de Mario Dumont que de croire que 100 % de leur victoire est attribuable à la soudaine popularité de l’autonomisme, donc du déclin de la souveraineté, comme si c’était une option désuète.
Mais je suis quand même curieux de voir comment l’ADQ pourra démontrer son idéologie constitutionnelle, qui pour moi est un joyeux mélange de nationalisme et de crainte devant la grosse machine canadienne : comme si David, un peu nerveux, se demandait comment utiliser sa fronde; se demandant aussi si Goliath, qui vient vers lui à toute vitesse, ne veut que lui faire un beau câlin…
Et, je trouve la position de M. Bernard, qui va encore plus dans le sens du référendum à tout prix, trop extrémiste pour un électorat si décousu : pourquoi demander le pain au complet alors que les Québécois sont encore capables de se contenter de quelques miettes! Au plaisir de plusieurs, M. Bernard, en mauvais stratège, met de l’avant un pan radical des souverainistes qui risque de participer à la marginalisation du PQ.
Malgré un certain déclin des intentions de vote pour la souveraineté, que je crois dû en grande partie à cause du messager, je crois qu’il ne faut pas crier victoire trop rapidement du côté des fédéralistes : ce serait « oublier que la démocratie implique le droit de changer d’idée », comme vous le dites si bien. Et il faut aussi se souvenir que l’ADQ, tout comme QS, a déjà été un tiers parti. Je crois même que QS est déjà plus organisé que l’ADQ l’était. Juste pour ça, je ne commencerai pas tout de suite à vivre mon deuil. »

Reste à voir si mon opinion pourra se faire une place dans son blogue…

Ajout du 4 avril:

Encore censuré, ça devient une manie! Hé hé!

J’vais commencer à croire que j’suis vraiment un pas fin…


Nethique.info

Finaliste Grands Prix AJIQ catégorie Illustration éditoriale

Catégorie : Illustration éditoriale

Fier collaborateur de…

Infoman
Reflet de Société
Un sous à la fois!

RSS Billets choisis de mon agrégateur (blogoliste dans la bannière)

  • Erreur, le flux RSS est probablement en panne. Essayez plus tard.

Archives

copyleft

Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.

Catégories

Statistiques (depuis 01/01/2008)

  • 633 782 hits