Posts Tagged 'Identité'

En direct de quelques petites tempêtes

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C’est directement de la tempête qui se poursuit dans ma tête que je vous écris. Je viens de tomber sur la magnifique histoire d’un enseignant qui a concocté une drôle de question dans un cahier servant au cours Éthique et culture religieuse pour des jeunes de 12-13 ans :

Indiques [sic] tes caractéristiques, tes goûts et tes intérêts : 1) Je suis un garçon:_________, Une fille: __________ Je ne sais pas encore ________

Mario Asselin semble se ranger du côté de l’enseignant Daniel Gougeon, tandis que Le Tviste va jusqu’à dire qu’on devrait arrêter de donner ce cours. Pour ma part, presque à froid… je trouve simplement qu’il y a trop de libertés pour les rédacteurs de ces cahiers, puisque le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport n’a « rien à voir avec [le] contenu ». Mais vous verrez plus tard que si ça pouvait être aussi simple…

C’est parce que si on regarde la question au premier degré, ça n’a pas de sens, enfin, ce n’est pas clair. On en vient à penser aux rares cas d’ambiguïtés sexuelles, dont l’hermaphrodisme, tant la question est… ambiguë! On mélange un fait biologique à des considérations d’identité sexuelle qui, quand on repense à la clientèle cible, semblent inappropriées. Discuter de ce sujet est bien trop important pour l’introduire de cette manière, à mon avis.

Et là, en cherchant le contexte de ladite entrée de formulaire sur le blogue Mario tout de go, soit le document complet, sans le trouver, je me suis laissé entraîné dans la section commentaire où Daniel Gougeon s’exprime par rapport aux critiques :

Ce passage un peu saugrenu ne fait effectivement pas partie du programme d’ÉCR. Il n’a pas non plus pour objet d’amorcer une situation d’apprentissage. Il est là pour rendre moins banale la fameuse question posée partout dans tous les questionnaires et formulaires administratifs sur l’identité de quelqu’un. C’est là pour surprendre, peut-être pour faire sourire, mais en faire la psychanalyse constitue un dérapage.

OK, je comprends, c’est seulement une coquetterie… Tout ça est finalement une tempête dans un verre d’eau ultra design!

Et je regarde dehors, la neige qui recouvre la rue, le vent qui se lève, parfait pour déraper…

(Photo : gmayster01)

La Clique et ses claques…

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Comme le disait très bien hier Joël Martel avec l’image de la Caramilk, je me foutais bien de savoir qui était la personne en chair et en os derrière La Clique du Plateau. Mais bon, ç’a l’air que du côté de La Presse le masque du clown était une trop grosse claque dans la face du journalisme, ce domaine où ce qui n’entre pas dans une case bien définie est un aimant à suspicion. On l’a acculé dans un coin (quelqu’un sait comment? avec quels arguments?) et on lui a fait cracher le morceau.

Marc Cassivi avait fait de gros yeux précédemment, démontré qu’il n’avait pas moins la susceptibilité dans le tapis que certains petits blogueurs (dont votre humble serviteur) qui n’ont pas eux à se plaquer le noble masque de l’objectivité, et ça donne ce que ça donne au bout du compte : Philippe Martin, un nom tout aussi anonyme dans le fond que son drôle de pseudonyme. On cherchait une vedette, ou quelque chose dans ces eaux, mais on a trouvé un quidam comme moi. Grosse déception…

Si le gars avait fait quelque chose d’illégal, je dis pas, la manoeuvre aurait été au moins un peu logique. Règlement de compte, règlement de compte… Nous voilà en plein dans l’Amérique des années 30, à l’époque de la pègre, des chapeaux, trench-coats et mitraillettes à chargeur en forme de bobine de film.

J’espère que pour la majorité des gens le mystère entourant l’identité dudit blogueur n’était pas ce qui créait le gros de l’afflux de popularité du blogue. Parce que là les journalistes auront trouvé l’aiguille dans la botte de foin pour dégonfler la baloune (esprit de bottine, quand tu nous tiens!). Mais bon, ça me surprendrait.

En tout cas, pour ma part, je vais continuer à me divertir en sa compagnie. Encore et toujours sans culpabilité. En espérant que sa nouvelle nudité ne le rendra pas moins caustique.

(Photo via Le Détesteur – un autre qui va devoir assurer ses arrières…)

Màj :

La réponse (hilarante) de La Clique à cette histoire : L’équipe de la Clique!!!

C’est la fin pour Noisette Sociale et Lutopium

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Je m’en doutais bien, voilà c’est fait, Noisette Sociale nous quitte. Je la comprends tellement. Mis à part la question de l’identité numérique, quand un pan de ta vie, sur le web, ne t’apporte que des problèmes, c’est très tentant de tirer la plogue. Pour ma part, désolé, je ne vous donnerai pas ce plaisir…

Pour ceux qui ne sont pas au courant de l’histoire, en gros : à la suite d’un billet la concernant sur un blogue ennemi, un âne-onyme a dévoilé sa véritable identité. Après quelques âpres discussions, le commentaire a été enlevé. Mais, trop tard, le mal était déjà fait. Et je ne peux pas m’empêcher de jongler avec l’idée que le blogueur en question aurait pu lui-même écrire ce commentaire en se faisant passer pour un anonyme, d’autant plus qu’il avoue lui-même savoir son identité depuis longtemps. Mais comment savoir? Je ne penche pas du tout vers cette hypothèse, mais avouez que ça serait assez machiavélique comme plan.

C’est très dommage. Et même si je me perds pas son amitié — nous nous côtoyons dans la réalitosphère depuis notre première rencontre au Yulblog —, ça fera un grand trou dans ma blogosphère, tellement elle avait le tour de susciter la discussion autour d’elle et de rallier autant de gens dans son espace. Le plus dommage, c’est que ça n’est pas venu de son propre chef, on l’a contraint, par méchanceté. C’était parfaitement calculé. Et c’est d’une tristesse. On a beau discutailler sur ce qu’implique les médias sociaux, là on l’a en pleine face! Il y a des conséquences à nos gestes, on peut blesser des gens plus profondément qu’on le croit.

En espérant que ça nous serve de leçon.

*

Aussi, il y a le copain Lutopium qui nous quitte, mais lui, de son plein gré. Je lui souhaite tout le mieux dans son nouveau chemin.

Ma Chouette

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Vous avez sûrement remarqué dans le coin en haut à droite que j’ai ajouté une petite image avec les mots : J’appuie le silence du journaliste Daniel Leblanc. Cela fait référence, pour ceux et celles qui ne sont pas au courant, à la tentative du Groupe Polygone (qui s’appelle maintenant Malcom Media), de tirer les vers du nez du journaliste Daniel Leblanc pour savoir qui est « Ma Chouette« , la source anonyme qui a fourni les informations menant au scandale des commandites.

J’ai piqué la photo et le lien chez Mario Asselin (qui lui l’a trouvé chez Félix Genest). Si vous cliquez dessus, cela mène au texte de Yves Boisvert de La Presse à ce sujet. Ce qui va suivre est un communiqué de la FPJQ, paru sur le site CNW (ça sera plus lisible ici… et j’ai mis en gras un paragraphe très important!) :

Protection des sources des journalistes: le cas de « Ma Chouette » est alarmant

MONTREAL, le 17 févr. /CNW Telbec/ – La Fédération professionnelle des journalistes du Québec s’alarme des manoeuvres qui se multiplient en ce moment devant les tribunaux québécois pour identifier « Ma chouette » nom de code de la source confidentielle du journaliste Daniel Leblanc du Globe & Mail.

Ce journaliste est celui qui a mis à jour l’énorme scandale des commandites au gouvernement fédéral. Son intérêt public a été si considérable que, depuis 2002, il a donné lieu à 91 321 articles de journaux et à 403 119 mentions dans les stations de radio et de télévision du Canada selon les données d’Influence Communications.

Le Groupe Polygone (aujourd’hui Malcom Media) est poursuivi par le gouvernement du Canada qui entend récupérer des sommes qui lui ont été versées dans le cadre du programme des commandites. Polygone se défend en prétendant que le délai de prescription est écoulé. Pour le prouver, Polygone veut savoir qui est la source confidentielle du journaliste, voulant démontrer, si la source est haut placée dans la hiérarchie gouvernementale, que le gouvernement était au courant depuis longtemps et qu’il aurait pu poursuivre à l’intérieur du délai de prescription.

Pour identifier la source, Polygone a usé, avec l’autorisation de la Cour supérieure du Québec, d’une tactique qui menace sérieusement l’intérêt public.

Au lieu d’en débattre en cour, et d’affronter les objections légitimes du journal, les avocats du gouvernement et Polygone ont convenu le 8 septembre dernier « de faire une liste de 22 personnes, toutes, sauf trois, employés fédéraux, afin de répondre par écrit et confidentiellement à trois questions dont l’une est « Etes-vous la personne identifiée dans ledit livre (« Ma Chouette » de Daniel Leblanc ndlr) sous le nom de code Ma Chouette? » Il était ordonné aux 22 personnes interrogées de n’en parler à personne.

La FPJQ s’insurge contre les tentatives qui durent depuis deux ans et qui se poursuivent ces jours-ci d’identifier une source confidentielle dont l’action a été salutaire pour la démocratie et les citoyens du pays.

Deux facettes de l’intérêt public s’opposent ici, l’une qui veut que la justice doive s’exercer pleinement en s’appuyant sur toutes les preuves disponibles et l’autre, le droit du public à l’information, qui exige que les sources puissent parler confidentiellement aux journalistes sans craindre de représailles.

Si l’identité de « Ma Chouette » devait être révélée, ce serait un avertissement terrible envoyé à tous les membres de la fonction publique : ne dites plus rien, taisez les scandales dont vous êtes témoins car votre identité pourra être révélée en cour et votre carrière se terminera là.

Les quelques millions en jeu dans l’affaire Polygone sont clairement moins importants que la possibilité de garantir aux fonctionnaires la possibilité de révéler les malversations de l’Etat. La protection de l’identité des sources est, dans ce cas-ci, une manière de garantir une plus grande transparence de la chose publique et une meilleure qualité de vie démocratique. Ce n’est pas un privilège pour les journalistes.

La FPJQ croit plus que jamais qu’il faut une loi pour assurer la protection des sources des journalistes, comme celle que le député bloquiste Serge Ménard a piloté jusqu’en 2e lecture l’an dernier. Sans une telle loi, les sources confidentielles resteront toujours à la merci d’avocats zélés et de juges qui comprennent parfois mal cette autre facette de l’intérêt public que sont la liberté de presse et le droit du public à l’information.

Renseignements: François Bourque, président, FPJQ, (418) 686-3394; FPJQ (514) 522-6142

Sarkozy versus De Gaulle

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sarkosy-et-de-gaulle

Confortable nonchalance

Oui, je sais que ce n’est pas très politiquement correct de parler du fait français (et de la  souveraineté) pendant cette élection fédérale, mais je vais le faire quand même. Et oui aussi, désolé, ça sera un long billet, j’en ai gros sur la patate.

J’écoutais hier à Télé-Québec la série « Cinéma québécois » et le thème de l’émission était « La politique ». Je regardais cette effervescence révolutionnaire des années 50 jusqu’au référendum de 80, ce désir de souligner en gras l’existence du fait culturel francophone québécois et ça m’a fait me rendre compte de mon insuffisance, de notre mollesse actuelle :

La vérité que vous ne voulez pas entendre, la voilà: le Québécois moyen rêve d’être un Nord-américain ordinaire. Il ne veut plus de cette identité marginale héritée de la révolution tranquille et il s’apprête à congédier l’élite nationaliste comme autrefois son clergé moyenâgeux. Et l’indifférence face aux coupures n’est qu’un aveu, un signe avant coureur (sic) de la rupture qui s’en vient…

(Cette citation provient d’un commentaire laissé ici par un dénommé Le Canadien errant à la suite de mon billet « La peur d’Anne Dorval ».)

Oui, d’un côté je me sens très concerné, et d’un autre je me sens mal de ressentir cette colère envers les gens irrespectueux, ceux qui s’en foutent, ceux qui auraient préféré (consciemment ou inconsciemment) naître seulement anglophone parce que ça semble globalement plus facile, ceux qui ne semblent pas avoir remarqué que les mots qui trainent partout dans leur environnement sont majoritairement tirés de la langue française… Vous me trouvez négatif? Moi je trouve que je suis réaliste. François Parenteau l’est encore plus, quand il parle du documentaire La génération 101 de Claude Godbout :

Le portrait est bien différent, cependant, chez les jeunes immigrants récents. Arrivés en plein marasme souverainiste, dans un centre-ville où le français reculait sans même se battre, ceux-ci carbureraient plus à l’identité nord-américaine, se sentiraient très peu concernés par les débats politiques québécois, et le français représenterait moins pour eux. Ce qui n’est pas sans entraîner des conséquences dans leurs choix scolaires puis culturels et politiques.

Moralité de l’histoire? Le pire ennemi du Québec francophone n’est pas la défaite. C’est le défaitisme.

Autre chose qui m’attriste? C’est ce genre de discours, trouvé chez Tym Machine, un fier Canadien-Français :

Laporte se plaignait que des candidats de Sorel chantaient en anglais. 

C’est à cause de ce genre de raisonnement paranoïaque que le Québec ne sera jamais une grande nation ouverte sur le monde et tolérante mais plutôt une nation d’insulaires frileux à l’idée de s’ouvrir vers de nouveaux horizons culturels. 

Que les Stéphane Laporte de ce monde se le tienne (sic) pour dit, la liberté individuelle prime sur la suprémacie (sic) du français en province.

Je ne suis vraiment pas un admirateur de Stéphane Laporte, et encore moins de Star Académie, mais cet homme a bien le droit de s’élever contre la suprématie culturelle mondiale anglophone si ça lui chante (oui, je sais, j’extrapole sûrement beaucoup…), c’est bien de sa liberté individuelle de l’exprimer dont il s’agit. La liberté n’est pas unidirectionnelle et ne mérite pas de se faire bâillonner. Tout le monde y a droit. Même un défenseur de la langue française. Mais je trouve que cette prise de position (celle de Laporte on s’entend) est en déficit. Quand quelque chose n’est plus ouvertement important à défendre, on sait bien ce qui se passe.

Et puis, pour l’ouverture sur le monde, j’ai bien hâte qu’on en revienne, il y a notre voisinage aussi, notre proximité qui compte. Encore un beau mot à inscrire en grosses lettres : ÉQUILIBRE.

Je terminerai tout ça avec une anecdote personnelle. Je déménage prochainement et mon propriétaire m’envoie des gens pour visiter mon appartement. Pour mettre en contexte, il décore la façade du fleurdelisé à la St-Jean et de l’unifolié à la fête du Canada, et bien bien également. Par souci d’équité, il s’empresse de me spécifier si les gens qui vont venir sont anglophones ou francophobes, comme si je faisais du service à la clientèle…  Une première anglophone m’a appelé pour changer l’heure du rendez-vous, elle réussissait à se débrouiller un peu, un point pour l’effort. Elle avait un nom d’origine arabe. (Pourquoi l’indiquer? Ça aura son importance pour la suite de l’anecdote.) Elle ne s’est jamais présentée, va savoir pourquoi!

Tantôt, un autre anglophone est venu. Il avait un nom bien anglophone et semblait natif d’ici : ses frères habitent dans le coin, et il habite depuis 6 ans pas très loin. Il ne parlait pas français ni ne comprenait grand-chose à ce que je lui racontais quand je ne savais pas comment le dire en anglais. Il avait à remplir un formulaire en français et il a fallu que je lui traduise pratiquement tous les mots.  Même les plus faciles : « nom », « prénom » et « rue » (celui-là, c’est un foutu mot qu’il voit sur les poteaux de la ville depuis qu’il est né!).

Admettons que ce n’est pas le genre de situation qui me donne espoir, surtout quand je sais qu’il n’y a pas beaucoup de francophones pour s’en émouvoir. Il n’y a pas à dire, la liberté de ce monsieur de s’exprimer en société en anglais semble plus importante que la mienne de m’exprimer en français. Et c’est par connivence nationale (prenez-le dans le sens que vous voulez…).

C’est ça qui est ça.

BT : nous avons accepté quoi? (bis)

Avec tout l’énervement dû au Blogu’Or et ma joie d’annoncer ma paternité prochaine (merci beaucoup encore pour vos félicitations! vous me rendez tous bienheureux!), j’ai complètement oublié de vous faire part de la publication hier matin de mon dernier billet sur Branchez-vous! qui discute d’une des prémisses du rapport Bouchard-Taylor. La discussion va déjà bon train avec plus de cinquante commentaires.

Et en parlant de commentaires, je les ferme ici, car c’est là-bas que ça se passe, ne soyez pas gênés! 😉

Sophisme du jour

Si l’État suppose que le citoyen est libre, alors le citoyen n’a pas à lui prouver son identité.

Tiré d’un texte de la Coalition des esprits libres sur lequel je n’ai pas vraiment d’opinion, à l’instant, puisque je l’ai lu rapidement en diagonale et que je suis tombé sur cette phrase, subitement, ce qui m’a poussé à vouloir la partager avec vous. Sans blague, essayez de faire cadrer ce raisonnement avec n’importe quel sujet pour qu’il puisse avoir l’air vrai et je vous félicite grandement, parce que pour le moment, je n’y arrive pas du tout!

Je peux vous avouer que j’ai sauté sur cette citation sans trop m’inquiéter du reste, mais oui, après être retourné lire un peu plus, afin d’également copier l’hyperlien du billet, j’ai trouvé que le reste du texte est aussi inutile que la citation.

Alors, c’est ça être un esprit libre! Libre d’écrire n’importe quoi! Libre d’amalgamer les concepts un peu n’importe comment pour que ça ait l’« air » intelligent!

(Le pire, c’est que ce regroupement compte pour collaborateur Jonathan Hamel, qui s’est séparé de la droite dernièrement, et qui a pondu quelques textes que j’ai appréciés, malgré ses positions générales que majoritairement je ne partage pas – mais lui au moins est capable de construire quelque chose qui se tient.)

Trop de raccourcis

En réfléchissant à l’actualité québécoise récente, j’en viens à un constat : notre société est sclérosée parce que notre manque de temps, ou plutôt l’obligation de performance, la pression incessante que nous impose cette ère de productivité, de supposée lucidité à saveur écono-mondialiste, nous oblige à prendre bien des raccourcis. Ça vient de me frapper en lisant l’excellente chronique de Kristian Bolduc « Un bon garçon? », parue sur Cent Papiers, au sujet de l’histoire de la mort de Bianca Bolduc et de ces jeunes hommes qui ont appris le sens du terme « responsabilité » de la manière la plus triste…

Lorsque l’auteur parle de la responsabilité parentale, il faut avouer que le temps alloué aux enfants dans une famille est de plus en plus court. Et loin de moi l’idée d’accuser le nouveau modèle où les deux parents travaillent, dans le sens où l’arrivée des femmes dans le monde du travail est une mauvaise chose. Non, bien sûr. Mais la grande question : ne sommes-nous pas en train de nous adapter aux exigences de la société de consommation alors que logiquement ça devrait être le contraire? Il me vient encore l’image du serpent qui se mord la queue…

Je ne veux pas faire un plaidoyer pour un retour aux sources, mais j’aimerais simplement faire remarquer que le temps normalement alloué aux enfants était assuré par la mère au foyer, alors que maintenant il est majoritairement tronqué parce qu’il semble impossible de survivre dans ce monde avec une maison, une piscine et des enfants sans que les deux parents travaillent — pour les Montréalais, changer la piscine pour un grand condo… Il me semble que si notre société était bien construite, à tous les niveaux, les deux parents devraient pouvoir travailler seulement à temps partiel et ainsi pouvoir s’occuper aussi du noyau familial, non? Nous ne sommes pas dans ce monde et c’est pourquoi l’éducation des enfants est menée par la nécessité des raccourcis.

Cela m’amène donc à la question de l’apprentissage du français, eh! oui! Même si ce sujet en est un que je pourrais qualifier de politiquement partisan dans l’actualité du moment, parce qu’il a été amené pour contrer la tentative de prise du leadership en ce qui a trait à l’identité québécoise par le PQ, il est quand même symptomatique du raccourci que provoque cette course folle à l’efficacité, comme l’écrit très bien le blogueur de Regard Urbain : « Je pense que le problème de la piètre qualité de langue repose d’abord et avant tout sur une culture de l’instantanéité, de la réflexion rapide, de l’oralité. En France et aux USA, on se plaint des mêmes problèmes avec l’orthographe des jeunes. »

Force est d’admettre que nous ne sommes pas dans la bonne voie. Pourtant, l’efficacité des nouveaux outils technologiques, des avancées de la science, devrait pouvoir nous aider à évoluer dans le bon sens, mais non, c’est le raccourci vers l’idéal écono-centriste qui devient le moteur des cellules familiales, car le discours vide de la politique mécaniste continue de décolorer les valeurs humaines.

Et sans les valeurs humaines, nous devenons malheureusement de plus en plus robotique, des humanoïdes utilitaires.

(Photographie via Flickr.)

Pourquoi je ne signerai pas la pétition « Québécois "de souche" contre l’intolérance » même si je me considère extrêmement tolérant

À la lecture de la pétition « Québécois « de souche » contre l’intolérance », je suis d’accord sur pratiquement tous les points, sauf sur le 3e :

3. Quant au projet de loi sur l’identité amené par le P.Q., un de ses aspects nous apparaît particulièrement problématique: l’idée qu’il faille faire passer des tests de français aux immigrants et que ces tests deviennent des conditions à la participation à la vie civique tend à laisser penser, à la manière d’une théorie du complot, que la majorité des immigrants ne sont pas intéressés à apprendre le français et qu’ils préféreraient vivre en vase clos, isolés du reste de la communauté. D’une part, le fait que ce projet de loi, incluant une telle disposition, ait été mis de l’avant dans le contexte sensible de la commission sur les accommodements raisonnables nous semble mal avisé, et d’autre part, nous nous prononçons fermement contre cette tentative d’assujettir la citoyenneté à des critères discriminatoires qui témoignent, encore une fois, d’un manque d’éducation flagrant concernant la réalité des communautés culturelles au Québec.

Je ne comprends pas l’amalgame établi entre la prétention à assurer un point d’ancrage commun francophone pour les nouveaux arrivants et la supposition d’une théorie du complot. Je ne crois pas qu’il est question de préjuger, mais bien d’établir un cadre de communication clair, pragmatique — comme je l’ai bien expliqué avec mon texte « Sur la question linguistique : pour un nationalisme pratique » —, qui s’inscrit dans une réalité mondialisatrice et anglophone, autant au niveau québécois, canadien, américain, que planétaire. Alors, de démoniser ainsi un projet de citoyenneté québécoise qui va un peu plus loin qu’une mignonne symbolique, sans portée réelle pour les nouveaux arrivants, est trompeuse, car, sur le site d’Immigration Canada, il est clair que l’examen d’obtention de la citoyenneté canadienne exige, et je cite :

L’examen et votre interaction avec le personnel de Citoyenneté et Immigration Canada nous permettront de savoir si vous pouvez parler français ou anglais suffisamment bien pour communiquer avec les gens. Vous devez pouvoir comprendre des affirmations et des questions verbales simples. Vous devez également être en mesure de transmettre des renseignements simples.

Si je me fie à cette citation et la mets en lien avec ce troisième point, la citoyenneté canadienne est discriminatoire puisqu’elle exige à certains demandeurs une connaissance d’une langue étrangère à la leur, quand ils ne connaissent pas une des deux langues officielles. C’est une atteinte à la liberté quand on y regarde de plus près… Ou, je me demande, est-ce que le fait d’offrir un choix entre deux langues ferait en sorte que la notion de discrimination disparaisse comme par magie?

Par contre, je suis bien d’accord pour dire qu’il ne faut pas faire de pronostics trop hâtifs sur les gens qui ne sont pas encore ici, mais il faudrait quand même pouvoir établir une balise linguistique plus claire pour forcer minimalement la note. Et, sans une quelconque contrainte à l’acceptation par un test, quel qu’il soit, un projet de loi sur la citoyenneté est inutile, autant distribuer des permis de conduire à tout le monde et espérer que ça se passe bien…

Parce qu’en plus, si on veut entrer dans le jeu de la « théorie du complot », il serait très facile de dire que les opposants à ce projet ne veulent pas d’un Québec de plus en plus français parce qu’ils auront rejeté une volonté commune et politique de propulser le pari linguistique au premier plan. Ce raisonnement n’a pas sa place à mon sens, d’un côté comme de l’autre. La tolérance est contextuelle et ne devrait jamais être synonyme d’insouciance.

Pour ma part, ma très grande tolérance s’arrête au moment où je ne peux me faire servir en français, où je ne peux discuter avec un citoyen canadien habitant au Québec dans ma langue maternelle parce qu’il a choisi d’adopter l’autre langue officielle, de vivre sa vie en anglais, malgré le fait qu’il soit entouré, dans son voisinage immédiat, d’une société majoritairement francophone. Je ne peux m’empêcher d’y voir un manque de respect.

Parce que le respect est bien l’enjeu le plus important dans tous les débats actuels.


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