(Le billet qui va suivre est une première collaboration, à paraitre, sur le site Amériquébec.)
Dans son dernier billet, le blogueur et journaliste Michel Hébert fait une prédiction et je lui en suis reconnaissant puisqu’il prend sur lui toute responsabilité en cas de fausseté… Cela concerne la visite prochaine de Nicolas Sarkozy en terre de Québec dans le cadre du Sommet de la francophonie.
En fait, Michel Hébert prévoit que cette visite sera une catastrophe pour le mouvement souverainiste puisque le président français, « très proche du financier Paul Desmarais » (Power Corporation, Gesca, etc., et la convergence médiatique contractuelle avec Radio-Canada), devrait actualiser le discours du « ni l’un ni l’autre » pour celui du statu quo : d’un « Canada tel qu’il est, intouché d’un océan à l’autre. Il dira non à l’indépendance du Québec. Ce sera enrobé, évidemment, mais ce sera clair. Paris sera enfin soulagé. »
Les uns tremblent tandis que les autres jubilent.
Du côté des sondages, quebecpolitique.com publie quelques résultats du dernier sondage CROP/La Presse qui indique, depuis le dernier sondage en février, une perte de 2 % d’intention de vote pour le PQ (perte de 1 % pour le PLQ), un gain de 1 % pour l’ADQ, QS et pour les autres (le Parti Vert demeurant stable). Donc, sur papier, le principal parti souverainiste est le grand perdant.
Aussi, pour ce qui est de la souveraineté à proprement parler, 35 % pour, 65 % contre, le résultat est assez apeurant pour un convaincu comme moi. Mais avant de tomber dans la déprime, j’ai fait quelques recherches et, depuis 1995, selon une étude de François Yale (du département de sociologie de l’Université de Montréal) les résultats de l’appui à l’option sécessionniste fluctuent grandement (entre environ 27 % et 58 %), selon les trois termes (ou concepts) employés dans les sondages : souveraineté, indépendance et séparation. Après un pic d’environ 58 % en 1995, il y en a quand même eu un de 56 % en 2006, ce qui est assez positif, selon le cliché largement répandu que l’option serait moribonde depuis le dernier référendum. (Voir le tableau à la page 96 de l’étude.)
Cela illustre bien le caractère non statique de la question constitutionnelle auprès des électeurs. Malgré le manque à gagner des souverainistes en général, puisqu’il faudrait bien sûr que l’appui fluctue majoritairement au-dessus de 50 % pour asseoir l’option, il ne semble pas y avoir signe de sa disparition à court terme, ni à moyen terme d’ailleurs.
Et encore plus, ces soubresauts prouvent bien que cette question en est une de coeur, comme ses battements en nos corps suivent la vie, trépidante.
En espérant que cette dynamique tendra toujours vers un projet de plus en plus positif, tant au niveau des résultats que de sa perception générale. Vivement un pays pour s’y inscrire tous, et pleinement, au-delà des différends.
En réponse à la première partie de votre billet, si ce que prétend La Presse Canadienne ( reprit par Michel Hébert ) se concrétise, nous pourrons, lors de sa visite au Québec, lever un doigt en son honneur….
En passant, j’ai publié une magnifique photo d’une personne qui pancarte à la main se dit derrière Nicholas Sarkozy.
« Du côté des sondages, quebecpolitique.com publie quelques résultats du dernier sondage CROP/La Presse qui indique, depuis le début du gouvernement minoritaire libéral voilà presque un an, une perte de 2 % d’intention de vote pour le PQ (perte de 1 % pour le PLQ), un gain de 1 % pour l’ADQ, QS et pour les autres (le Parti Vert demeurant stable). Donc, sur papier, le principal parti souverainiste est le grand perdant. »
Wooooow, 2 minutes ^^. La chutte représente la différence par rapport au sondage réalisé en février, et non depuis les élections de 2007.
Voilà les chiffres des élections, tirés de Radio-Can.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/electionsQc2007/resultats/html/Resultats.html
PLQ 33,08 %
ADQ 30,80 %
PQ 28,32 %
QS 3,89 %
PV 3,65 %
Donc, QS et le PV sont en hausse depuis 2007, probablement surestimée par la répartition des indécis. Le PLQ a repris un peu de poil de la bête, montant de 1%, mais depuis mars 2007, des trois principaux partis, c’est le PQ qui a repris des forces et l’ADQ qui mange une sale mornifle.
Mais avec la hausse de QS, j’espère voir Amir ou Françoise rentrer d’ici les prochaines élections (donc probablement la fin de l’année ou l’an prochain).
Maintenant (après répartition des indécis)
PLQ 34 % (+1)
ADQ 22 % (-9)
PQ 30 % (+2)
QS 6 % (+2)
PV 7 % (+4)
(Les résultats ont été arrondis et je n’inclus pas les autres partis, c’est pourquoi ça ne revient pas à 0)
Je corrige… J’ai inversé les chiffres entre QS et le PVQ dans la première série:
QS 3,65 %
PV 3,89 %
Merci Manx!
Petite erreur d’inattention…
Je corrige.
Je suis convaincu que la séparation du Québec est appuyé par presque 50% des électeurs du Québec.
Le billet de Hébert n’est pas seulement une prédiction mais c’est un éditorial avant tout.
Méfiez-vous des sondages politiques avant le déclenchement des élections.
Statistiquement parlant, il n’y a aucune différence significative entre ces deux sondages, les écarts étant inférieurs à la marge d’erreur.
Québec solidaire récolterait plus de votes que l’ADQ sur l’île de Montréal… Intéressant… J’ai l’impression que la chute de Dumont et de son parti arrivera plus vite que prévue. C’est pas moi qui vais pleurer… 😉
Beaucoup de travail à faire pour expliquer le projet d’indépendance à nos compatriotes qui sont occupés à magasiner et à planifier leur prochain voyage à Cuba. Énormément de boulot devant nous pour convaincre la population qu’il faut se donner un pays pour protéger notre langue et notre culture.
Il me semble que les Québécois ont l’épiderme sensible. Si un président français se mêle de la question indépendantiste en essayant de menacer, je prévois, contrairement à Hébert, une levée de boucliers, du genre: «y a pas personne qui va venir me dire quoi faire ‘ec mon pays, tabarnak!». Qu’ils viennent, Sarkozy-Bruni, se mêler de ce qui ne les regarde pas. On les attend avec une brique et un fanal.
Quant à la soi-disant perte de vitesse de l’option souverainiste, je pense que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne refasse son apparition. Attendez un gouvernement conservateur majoritaire, et vous verrez bien dans quel genre de pays on veut vivre…
Lutopium,
« Québec solidaire récolterait plus de votes que l’ADQ sur l’île de Montréal… »
Non… ??? 8)
« Énormément de boulot devant nous pour convaincre la population qu’il faut se donner un pays pour protéger notre langue et notre culture. »
Surtout que plusieurs désertent par impatience…
Regard Urbain,
ça serait des contrecoups inespérés!
Ca prend pas grand chose pour deviner cela. Juste de savoir que Sarko est pote avec Charest et Desmarais. Desmarais qui lui vous une grande admiration depuis longtemps ( « viens mon jeune apprenti » lui aurait-il dit). Le reste n’est qu’une horrible farce. On verra si le peuple quebecois a encore une once de courage et de fierté pour lui repondre: « Casse-toi pauvre con ! »
Pour ce qui est de la souveraineté, ne vous fiez pas à la desinformation et à l’etat de morosité de la population quebecoise à ce sujet (etat du au vol de 1995 qui lui a coupé tout espoir de gagner dans cette mediocratie canadienne), le pourcentage de la population quebecoise etant pour est encore important et cela meme en comptant les canadiens vivants parmis nous. Il nous manque quoi ? Un leader qui redonne confiance aux gens, des couilles, du reve, de l’audace et nous pourrions enfin montrer au reste du monde que nous sommes quelque chose comme un grand peuple.
Bon, pour le moment il nous manque : le leader, les couilles, l’audace et le reve… ha ha ha ! Mais ca ne tient qu’à nous de changer cela, au lieu de passer notre temps à chialer sur le canada, sur les immigrants, sur les autres. Ce qui nous arrive, c’est entierement de notre faute et celle de personne d’autre. C’est nous qui n’avons pas assez dit OUI la derniere fois. Meme avec la triche du federal, on l’avait presque la victoire.
Quelqu’un pour se souvernir de la marge entre les deux camps ! Et certains appellent cela une defaite, la fin des souverainistes. Mais bon dieu, arretez de vous faire dire des betises pareils. On n’a jamais ete aussi vivant. 35% dans le creux de la vague. Imaginez maintenant quand on sera dans le haut … ils vont en manger toute une les prophetes de malheurs.
Vive le Quebec, vive le Quebec libre.
Extrêmement intéressant que tout cela.
Je vais lire cette recherche avec attention. Je trouve intéressant que les sondages fluctuent selon les termes utilisés. Personnellement, j’ai toujours préféré « indépendance » aux deux autres termes. Ça fait plus mature disons, c’est prendre ses responsabilités, contrairement au « séparatisme » qui n’inclue pas nécessairement tout ce qui vient avec l’indépendance. Pour la souveraineté, je ne sais pas, j’aime bien mais j’hésite. Évidemment, c’est seulement mon propre avis personnel.
Côté Sarko, en effet faut pas être trop surpris. Mais ce qu’on ne doit pas oublier non plus, c’est que la France a toujours été l’un de nos premiers supporteurs pour la reconnaissance internationale dans le cas d’une déclaration d’indépendance.
Reste à voir si ça tient toujours…
Surement. Ne confondez pas les Francais et Sarko. Surtout aujourd’hui. Et surtout qu’il fait partie de la formation gaulliste qui a enormement de supporter pour le Quebec: rafarin, Seguin, et plein d’autres grosses pointures du parti. Alors là, il fait le mariole avec son pote Desmarais, mais si les Quebecois ont un jour le courage de se separer, ne vous inquietez pas, la France sera là au rendez-vous.
Vous feriez mieux de vous inquieter de ces petits francais egocentriques qui ont immigré au Quebec, ce sont plus souvent eux qui se battent contre le Quebec, vu qu’ils comptent sur le statu quo pour assurer une tranquilité au pays et ainsi leur permettre de se faire une vie plus tranquille. Ca ne pense qu’à son petit porte-monnaie.
Reblochon : Oui en effet, Sarko et les Français, ça fait souvent deux. Espérons que vous ayez raison… Mais pas mal, la plupart des français qui ont immigré ici étaient de mon côté. Je dois être chanceux.
Chanceux le mot est faible. Chaque fois que je rencontre un compatriote, j’ai le droit au fameux : « je suis un franco-canadien »
Le plus drole, c’est que ce sont generalement des socialistes, pro segolene, et que pourtant ils votent plus à droite, c’est à dire pour les partis federalistes !
Comme quoi la politique est malade dans ce pays, cela surement du au statu quo sur l’identité national de ce peuple endormi. On n’est pas de droite ou de gauche ici, on est pour (PQ, QS) ou contre (PLQ, ADQ) la souveraineté ; bref, on est soit separatisse, soit federastre (je parle des partis pas des electeurs).
« Énormément de boulot devant nous pour convaincre la population qu’il faut se donner un pays pour protéger notre langue et notre culture. »
Se protéger de qui, de quoi?
Pour se trouver face à leur pire ennemi, les Québécois n’ont qu’à se regarder dans un miroir. Presque cinquante ans à se tirer des balles dans le pied depuis cette fameuse « révolution tranquille », faut le faire quand même…
Lorsqu’un peuple cesse d’aimer sa culture, 30 à 40 ans suffisent pour que celle-ci disparaisse. Sans guerre ni menace extérieure réelle. Parfois, c’est encore plus rapide.
Durant les années 50, le discours officiel des élites canadienne-françaises était celui-ci: « NOUS, Canadiens-français sommes profondément attachés à notre religion, notre langue et notre culture, NOUS sommes les meilleurs catholiques du monde et NOUS sommes encore plus attachés à nos racines que les Français eux-mêmes! ». Quelques années plus tard, les églises se sont vidées comme par enchantement.
Après la naissance du rêve québécois durant les années 70, le discours officiel des élites québécoises était celui-ci: « NOUS, Québécois, sommes profondément attachés à notre langue et à notre culture, NOUS sommes rien de moins que les champions de la francophonie! ». Ça vous fait pas un peu réfléchir?
Les Québécois changent d’identité comme de chemise, ils n’aiment ni leur religion ni leur langue ni leur culture et ce n’est ni la faute des Canadians ni celle des Américains.
Depuis que je me suis rendu compte de ça, je n’arrive plus à nous prendre au sérieux. C’est pourquoi je ne vote plus sur ces questions et quand le « mal identitaire » me prend, je me soigne en lisant les lettres inscrites sur la couverture de mon passeport: CANADA. Tant que le nom du pays inscrit sur mon passeport ne changera pas, je serai donc Canadien. Ce n’est peut-être pas le paradis, mais ce n’est certainement pas l’enfer…
Sans rancunes…
PS Internet: pays imaginaires, univers virtuels… ça me donne la nausée! Internet: je prie le ciel de ne plus jamais y remettre les pieds…
C’est ce qu’on appelle un desillusionné. Et que je vous comprends. Et que je suis d’accord avec vous. Mais ca ne m’empeche de croire en l’avenir de ce peuple endormi. Et je suis sur qu’une fois souverain, il s’epanouira. Dans la langue qu’il veut, dans la culture qu’il veut, dans la religion qu’il veut, mais maitre de son destin, maitre de ses choix et surtout il en sera enfin completement responsable, il ne pourra plus chialer apres les autres. Ca s’appelle l’emancipation, de la maturité… exactement comme avec un tanguy qui quitte ses parents.
Désillusionné oui, mais ce n’est tout de même pas une bonne excuse pour être colonisé 😉 Sans rancune aussi.