Archive for the 'culture' Category

Sur la liberté de surconsommer et la culture qui la soutient

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Sans un changement culturel radical qui ferait de la surconsommation un interdit, voire un tabou, les politiques écologiques et les changements technologiques en cours mènent l’humanité tout droit à un cul-de-sac écologique et économique, estime le Worldwatch Institute de Washington, dans son «état du monde» pour 2010.

Ce qui précède est un extrait d’un excellent article de Louis-Gilles Francoeur paru au journal Le Devoir, à lire en entier, bien sûr. Genre d’article qui donnera de l’urticaire à quelques-uns qui se reconnaîtront, je n’en doute point…

Je pointe cet extrait parce qu’il débute avec l’expression « changement culturel ». C’est important. Parce qu’ici le concept de culture me semble en contradiction avec celui de liberté. Qu’on me dise que les gens sont libres de consommer comme bon leur semble, je rétorquerai que ce désir de consommation est culturel et qu’il peut donc être modifié. C’est la logique même.

Alors, où se retrouve ta liberté si tu es conditionné depuis ton plus jeune âge à répondre sans trop y penser aux offres des publicitaires et celui encore plus insidieux des médias qui modèlent la culture (dans son sens le plus large — s’il faut le spécifier)?

Ainsi, si le système fonctionne comme sur des roulettes, c’est que la liberté est un luxe que peu de gens possèdent. Ce qui relègue les sous-catégories, soit la liberté économique et celle qui se place en faux contre l’État, à un niveau de l’ordre du domestique.

Pensez-y, philosophiquement, y a-t-il plus centré sur l’humain que la culture?

(Image : Nano)

Sur l’endoctrinement, l’éthique, la culture et la religion

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Je me souviens avoir déjà pris la défense du cours d’éthique et de culture religieuse. Je le voyais comme une bonne manière de sortir la religion de l’école en l’incluant dans l’Histoire (globale), par la mise en contexte. Il semble que ce soit plutôt le contraire. La religion, avec tout ce que ça comporte, devient le filtre pour se mesurer aux autres. Et l’humain est bien mince sous cet aspect.

Quand je pensais à un déploiement de diversités, je me retrouve devant des cases bien définies, des boîtes traditionnelles à agencer. Un cours pour prévenir et guérir une maladie inventée de toutes pièces. L’éthique seule aurait pu servir de médicament pour la vraie maladie, le vivre ensemble, mais, comme un placebo, le terme est complètement vidé de son sens.

Si ce cours n’est qu’un outil pour préparer une noyade future dans le multiculturalisme, dans sa dilution politiquement correcte nommée l’interculturalisme ou, plus poétiquement, dans le mégaculturalisme, tant qu’à y être, mon appui se retrouve à néant, c’est bien certain. Pas parce que je n’en ai rien à battre de tout ça, plutôt parce que je pense que le respect devrait se gagner à la dure (dans le sens contraire à la mollesse).

Et il me semble bien galvaudé ce terme « culture », dans l’optique où jamais les accommodements ne sont en lien avec la culture, mais bien plutôt toujours avec la religion. Oui, je sais, c’est une évidence. Mais d’évidence en évidence, il ne semble plus rien y avoir d’évident…

Comme ceux qui ne voient pas de danger dans cette drôle de manière d’apprendre aux jeunes les différences. Et même ce prof malgré tout qui tente d’embourber le débat :

Come on… Une heure semaine, quand on a le temps et que ça adonne, ce n’est pas assez pour endoctriner qui que ce soit.

Si ça ne peut pas endoctriner, est-ce qu’au moins les jeunes apprennent quelque chose? Parce qu’endoctriner n’est qu’un mauvais penchant de l’apprentissage, à ce compte-là!

En toute mauvaise foi, combien ça prend d’heures pour que l’endoctrinement fonctionne?

(Photo : Nico & cie)

Ajout :

À lire, sur cette question :

http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/12/16/201-thique-amp-culture-religieuse-prise-i.aspx

http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/trois-questions-au-sujet-du-cours-ethique-et-culture-religieuse/1110/

Pour en finir avec le lipdub, entre autres…

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Un certain David Descôteaux (affilié à l’IEDM : un organisme de charité, soit dit en passant!), est venu me spécifier voilà quelque temps (à la suite d’un vieux billet, « La peur d’Anne Dorval ») qu’il a signé une chronique dans le journal Métro et que ça devrait m’intéresser. Si vous vous souvenez, le billet, c’était au sujet des subventions aux arts, à l’époque où Stephen Harper coupait dans le gras du bide des méchants zartissses. Vous vous douterez que sa chronique ne vante pas les mérites des subventions étatiques…

Donc, voilà, là où le bât blesse, c’est qu’en guise de point de départ pour prouver que les artistes n’ont pas besoin d’argent public il choisit l’exemple du très populaire lipdub de l’UQAM qui utilise, comme trame musicale de fond, la chanson « I Gotta Feeling » des Black Eyed Peas.

Premièrement, il n’y a rien d’artistique (ou si peu) dans le lipdub, et la toune de BEP, j’aime mieux ne pas trop en parler — de toute façon, elle est secondaire en tant que telle. Le plus important, c’est qu’elle a été choisie parce qu’elle est consensuelle, et dans une optique de pub virale, c’est plus payant que de choisir une toune obscure de quelqu’un ou d’un groupe qui est plus artistique qu’entertainer, justement. (Personnellement, je trouve que cette chanson est une comptine pour adulte…)

Si le lipdub est l’avenir de l’art, il y a beaucoup de gens, dont moi, qui ont complètement perdu leur temps pour parfaire leurs techniques et leurs démarches artistiques au cégep et à l’université. Je ne veux pas dénigrer les petites filles, mais la seule différence qu’il y a entre un spectacle de danse de petites filles à l’école primaire et le lipdub, c’est qu’il y a plus de moyens et d’organisation pour ce dernier. Même que je dirais que les petites filles sont souvent plus originales, ce qui pour moi est encore quelque chose d’important en art.

On reprend un concept maintes fois repris sur le web, on prend une des chansons les plus populaires de l’heure, tout ça me semble être à l’antithèse de l’originalité. C’est certain, le but de tout ça était de faire de la publicité, pas de faire un chef d’oeuvre qui sera encensé par le milieu artistique.

Alors, ce que je peux dire, c’est que David Descôteaux induit en erreur les lecteurs du journal Métro en utilisant cet exemple. Mais bon, il se reprend plus loin en pointant quelques artistes qui réussissent à tirer leur épingle du jeu sans subventions. Par contre, personnellement, je ne connais que Denis Villeneuve dans le lot (et en plus, il pointe son court métrage « Next Floor», qui n’est pas le plus connu, à ce que je sache — « Un 32 août sur Terre », « Maelström » et « Polytechnique » ont tous bénéficié de subventions).

Je ne dis pas non plus, point de salut sans subventions, mais je suis loin d’être convaincu que les subventions sont complètement inutiles, encore plus quand il s’agit de long métrage. Par exemple, pour un musicien, il est beaucoup plus facile de faire sans, idem pour les courts métrages.

Et puis un artiste qui doit travailler des heures et des heures pour payer son ordinaire ne passe pas ce temps à travailler sur son art. Il y a même des prestations d’aide sociale qui ont bien contribué à notre paysage culturel, il ne faut surtout pas l’oublier.

Il n’y a que l’idéologie pour rejeter tout ça du revers de la main sans broncher.

(Photo : impossivel)

Ajout :

Un message Twitter de mon cru :

LIPDUB : Leurre Insignifiant Pour Dépeindre Une Banalité

Questions nationales : impressions et réactions

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J’aimerais revenir sur ma soirée d’hier au cinéma Quartier Latin où j’ai assisté au visionnement du film « Questions nationales », en compagnie du blogueur Lutopium. De visu, j’ai pu remarquer la présence de Pauline Marois, Gilles Duceppe, Pierre Curzi, Françoise David, Pierre Dubuc, Michel David, Bernard Drainville, Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder. Mais avant de poursuivre, j’aimerais faire une parenthèse au sujet de M. Péladeau.

Moi qui ai fait beaucoup de recherche ce matin pour mon billet chez BV! au sujet de ce film, j’ai remarqué que la couverture est quasi inexistante chez Canoë : le site qui regroupe la diffusion web des médias de Quebecor. Pourtant, la très fédéraliste La Presse-Cyberpresse en a parlé abondamment (ce qui est plus ou moins dans son intérêt…), Radio-Canada aussi et bien sûr Le Devoir. Je sais bien qu’il y a l’homme, et son entreprise, et qu’ils ne sont surtout pas indivisibles, mais ça reste pour moi questionnant, d’autant plus que sa présence était « remarquable ». Soit.

Donc, comme je le titrais ce matin, ce film est utile. Qu’on y arrive ou non à cette souveraineté du Québec, cet exercice a au moins le mérite de marquer l’Histoire, de faire comme un arrêt sur l’image. Ce qui ressort aussi beaucoup, c’est le réalisme, là où les uns voudraient gommer l’opinion des autres, et je vais paraphraser mon ami Lutopium qui disait : « alors que nous étions trop près de l’arbre, nous voyons maintenant clairement la forêt ».

On y débloque en quelque sorte fictivement le dialogue, qui est toujours bloqué entre les deux camps. Pourtant, la réalité, c’est que finalement, comme l’indique dans le film l’historien Jocelyn Létourneau : « Ni Trudeau, ni Lévesque n’ont gagné leur pari de québéciser les Québécois ou de canadianiser les Québécois. » L’enjeu est le même, c’est la réalité qui a changé.

Là où l’argument économique est moins important, puisque le Québec s’est grandement développé, celui linguistique et culturel prend maintenant la relève comme le soulève Gilles Duceppe en pointant la mondialisation à la sauce anglophone, argument que j’ai moi-même utilisé ici et ailleurs. Mais le plus grand problème de cet argument, c’est qu’il est beaucoup moins quantifiable, pour ne pas dire moins fiable… C’est beaucoup moins drôle de dire « nous crevons de faim » que « notre culture et notre langue se meurent » alors que c’est encore dit en français!

À ce sujet, un des moments forts du film a été pour moi quand le politicien catalan Jordi Pujol annonce qu’il doit partir, mais revient pour spécifier que résister à l’espagnol est difficile, mais que ce n’est rien par rapport à la résistance face à l’anglais. Et en plus, c’est un homme tout à fait attachant, il faut voir le film ne serait-ce pour l’écouter expliquer la situation de la Catalogne.

Aussi, j’ai été surpris de remarquer que la situation écossaise me semblait plus proche de la nôtre, malgré le fait que les Écossais parlent l’anglais comme les Britanniques. Peut-être parce que justement notre système politique est aussi britannique. Mais bon, il ne faut surtout pas oublier que les Écossais actuels sont le résultat d’une assimilation réussie. Je trouve que c’est une bonne réponse à André Pratte qui ce matin annonçait un peu trop sérieusement l’impossibilité de notre assimilation, en réaction aux propos de Gilles Duceppe dans le film.

Autres propos qui m’ont fait réagir, ce sont ceux d’un adéquiste qui répétait constamment, lors de son entrevue : « référendum » et « répétitif »… Il faudrait peut-être lui rappeler que l’utilisation de l’adjectif « répétitif » est absurde quand il s’agit de qualifier deux référendums qui ont eu lieu à 15 ans d’intervalle!

Je pourrais continuer longtemps comme ça, mais, en gros, j’ai espoir que la sortie de ce film débloquera le tabou actuel qui enveloppe depuis trop longtemps la question de la souveraineté du Québec. Les réalisateurs ont beau proclamer le film de « non-partisan », néanmoins, il aidera peut-être à pousser l’Histoire dans un sens ou dans l’autre, comme quoi la culture est un de ses moteurs importants, et surtout, non négligeables.

Questions nationales : un film utile

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Questions nationales.jpgLe projet, qui germe, meurt et regerme depuis les années 70, s’est concrétisé hier soir par une première au Festival des films du monde. Dans une salle comble, où se trouvaient entre autres les chefs des partis souverainistes, j’y étais, question de goûter à « Questions nationales », ce documentaire non partisan qui « met en parallèle le Québec, la Catalogne et l’Écosse, dans leurs aspirations croisées à l’indépendance. »

(Pour continuer votre lecture, ça se passe du côté de L’événement sur le web. Cela constitue un tour de piste des médias, mais je me propose d’ajouter mon grain de sel dans un prochain billet ici.)

Questions nationales : le film

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Questions nationales affiche

Comme vous l’avez sûrement remarqué, j’ai ajouté à droite une publicité pour le film, « Questions nationales », qui passera au FFM. J’ai acheté mon billet en fin de semaine et j’irai donc le voir ce soir au cinéma Quartier Latin. Et je compte bien vous en reparler.

Je vous laisse avec le texte que j’ai reçu par courriel en guise d’invitation :

Québec, Écosse, Catalogne, trois nations « sans pays » tiraillées par leur rêve d’indépendance, se rejoignent sur l’écran dans Questions nationales, un documentaire indépendant et non partisan réalisé par Roger Boire et Jean-Pierre Roy. La première mondiale du film aura lieu dans le cadre du Festival des films du monde, le 31 août à 19 heures, en présence de l’ex-Premier Ministre du Québec, M. Bernard Landry.

Tourné en français, anglais et catalan en 2007 et 2008, particulièrement lors des campagnes électorales québécoise et écossaise, le film s’ouvre, sur la scène politique locale, aux arguments de Bernard Landry, Gilles Duceppe, Jonathan Valois, Louis Bernard, Stéphane Dion ainsi qu’aux réflexions de Louis Balthazar, Guy Laforest, Jocelyn Letourneau, pour ne nommer que ceux-là. Les réalisateurs ont aussi recueilli les propos de nombreux intervenants majeurs dans le débat sur la question nationale en Ecosse et en Catalogne.

Désireux d’apporter une bouffée d’air frais et redonner un nouveau souffle au débat sur la souveraineté du Québec, Questions nationales s’interroge sur les raisons qui ont empêché jusqu’ici le Québec de devenir indépendant. Pourquoi le Québec hésite-t-il tant à faire la souveraineté ? Depuis l’arrivée du mouvement souverainiste au Québec, il y a plus de 40 ans, plusieurs pays, partout sur la planète, ont choisi l’indépendance. Pourquoi pas le Québec ? Qu’est-ce qui freine tant ce rêve ? Est-il inaccessible, fuyant ou simplement latent ? Et ce lien Canada-Québec, ce « moi en toi et toi en moi » ? Sommes-nous prêts à « nous quitter nous-mêmes » ? Notre confort sème-t-il l’indifférence ? N’avons-nous pas encore trouvé de bonnes raisons de nous séparer ?

Et comment les autres nations se débrouillent-elles avec un tel dilemme : celui de partir ou rester, celui de briser un pays pour en créer un autre ? Les Écossais, au Royaume-Uni, jonglent avec ce même destin : union ou séparation. Quitter, oui, mais à quel prix ? Comment imaginer une telle transition politique, économique et juridique avec l’Empire britannique ? De leur côté, en Espagne, les Catalans ont-ils la liberté de penser à s’affranchir ? Leur langue et leur culture pourront-elles survivre encore longtemps dans une Espagne fermée aux nationalismes en son sein ? Comment la réalité de ces deux autres peuples nous permet-elle d’y voir plus clair, ici ?

Questions nationales est d’une durée de 92 minutes. Après sa sortie du FFM, le film prendra l’affiche du Cinéma de l’ONF du 17 au 22 septembre prochain.

V : la bataille finale?

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v07.jpgComment rester de glace devant l’extraterrestre V, cette nouvelle station au logo jaune, ce jaune qui fait penser aux yeux des lézards de la série culte, du même nom, monoconsonantique, des années quatre-vingt. La coïncidence est assez drôle, d’autant plus qu’il y a un long-métrage et une autre série en préparation.

(Pour lire la suite, ça se passe du côté de Christian Vanasse que je remplace pour ce qui reste du mois d’août.)

Michael Jackson : le dernier repos? Pas de tout repos!

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michael-jackson1.jpgIl va sans dire que l’hommage à Michael Jackson a été le « premier événement culturel multiplateforme d’importance ». D’un autre côté, les réactions à cet événement ont été nombreuses et variées sur le web. Permettez-moi de vous présenter quelques morceaux choisis, et ce, seulement pour la journée d’hier.

(Pour continuer votre lecture, ça se passe sur L’événement sur le web, où je fais le tour des réactions de Franco Nuovo, Hispong Elbayne, Nicole Simard, Duggerzzz et Hugues Skene.)

Et un petit extra, ici, si vous en avez plein le casque d’entendre parler de MJ, je vous conseille ce billet de Pierre Cayouette qui fait office de dernier clou sur le cercueil…

Robert Lepage à TLMEP, Québec, radio-poubelles, etc.

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C’était bien intéressant d’entendre Robert Lepage, un artisse de Québec, expliquer le pouvoir des animateurs des radio-poubelles dans cette ville. Si vous ne l’avez pas entendu, il expliquait que ce phénomène ne pourrait pas avoir prise à Montréal puisqu’il y a des gens avec de la notoriété pour se lever et les affronter.

Si je comprends bien, plus la culture (dans son sens général) de cette ville fleurira, moins ces dictateurs auront d’emprise sur l’opinion publique puisque poindra à leur tour des personnalités pour gruger dans l’espace qu’ils occupent.

C’est un point de vue inédit et qui m’a beaucoup frappé parce que j’ai beau lire parfois des trucs sur ce qui se passe là-bas, j’ai toujours l’impression que cette ville m’échappe, que mon opinion se retrouve seulement sur le bout de ma langue sans jamais vouloir s’en déloger. Et là, il me semble avoir une clé, enfin, un semblant de quelque chose comme une clé.

Et il n’y a aucunement de condescendance. Je ne me sers pas de Robert Lepage pour faire du Québec-bashing. Même si c’est tentant. J’irai plutôt à la genèse.

Je ne suis pas allé souvent à Québec, mais je me souviens d’une fois, pendant le carnaval, 1989 ou 1990. C’est bien la fois où j’ai sûrement été le plus proche de ressentir ce que doit ressentir un noir qui se retrouve dans un milieu blanc raciste.

Faut dire que dans mes jeunes années j’arborais la longue coiffure rasta : les dreadlocks. Mais bon, j’étais bien le seul dans mon patelin térésien à avoir ces lianes sur la tête, pourtant je ne me sentais pas comme un paria : la simple routine du choc des générations qui avait, a et aura toujours lieu. J’avais un look très différent, tout à fait normal que je fasse ciller parfois un peu quelques paires d’yeux!

Toutefois, à Québec je ne me suis vraiment pas senti très bien. Les regards insistants tentaient d’entraîner la mort de mon image. Ce que plusieurs considéraient comme une coquetterie quand j’allais faire un tour à Montréal devenait dans cette ville un gros panneau marqué : INFRÉQUENTABLE! Alors, à voir de loin ce qui se passe avec les Jeff Fillion de ce monde, il est facile pour moi de tomber dans la causalité…

C’est assurément ça qui a, depuis, nourri mon préjugé défavorable. J’étais bien « l’ostie de pouilleux » tant décrié, comme il y a « les crisses de neilles », « wops », « plottes », « fif », etc. Je m’en confesse, aux côtés d’images d’édifices gouvernementaux superbes se côtoient dans ma tête des immondices d’humanités, ne laissant pas beaucoup de place pour du bon sens. Et pourtant, je suis réaliste, je sais que tout n’est pas noir ni blanc.

Alors j’en viens vraiment à souhaiter un boom culturel à Québec, question de mélanger les cartes, foi de barbu et d’ancien résident du Plateau!

Bernard Lachance : de zéro à héros

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La blogueuse Elaine revient sur le cas de Bernard Lachance, « ce chanteur artistiquement discutable qui a été catapulté en accéléré au premier rang du monde du showbusiness. » Elle soulève le fait que son plus grand talent est sa persévérance dans « une société qui manque de modèles non imposés par les médias (Céline, Marie-Hélène Thibert, Loft machin et suite). » Encore plus éloquent :

Il y a un sentiment de pouvoir qui s’installe lorsqu’on a l’impression d’être en partie responsable de l’ascension d’un zéro en héros.

(Voilà pour l’inspiration de mon titre.)

Je n’en dis pas plus, son billet attend vos yeux, d’autant plus qu’elle fait en conclusion un beau parallèle avec la réforme scolaire. Et, comme vous le verrez, je me suis permis de commenter :

Je suis tout à fait d’accord. Et j’ajouterais même que son histoire est emblématique de notre société hypnotisée par le sensationnalisme et ses dérivés. Un minimum de talent pour un maximum d’effet.

Et il y a quand même un fort parallèle à faire avec les Star Académie et autres entreprises de la sorte, la différence tenant surtout aux moyens : Entrepreneur Académie? Encore, ce n’est pas étranger à notre petit monde des blogues, où tout le monde fait sa chance. Mais bon, à une autre échelle. La sympathie instantanée se trouve encore plus du côté des contacts « en vrai » et des médias traditionnels que du web…

Donc, la question n’est pas de savoir si la démarche de Bernard Lachance est impressionnante. Si au lieu de sa voix il avait vendu des biscuits, qui n’aurait pas grimacé en y goûtant et qui en aurait acheté une caisse?

Rigolo ricochet de Zhom à Valium!

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Oh! les amis, je viens de me taper une séance de rire à ne plus savoir comment m’arrêter…

Ça faisait longtemps que je n’avais pas éventé autant mon cerveau!

La cause : un billet de Zhom, la bébitte derrière Le jour des vidanges. Où j’ai écrit presque sans m’en rendre compte :

J’en pleut au point de ne plus en être!

Ce texte, c’est de la haute voltige langagière, toujours sur la frontière avant l’incompréhensible.

Ça me fait un peu penser à Henriette Valium, le fameux bédéiste maniaque, figure emblématique de l’underground des années 90 qui se passait beaucoup aux Foufs, que j’ai redécouvert dernièrement en ressortant mes vieux fanzines. Dans le temps où le terme « hipster » n’existait pas…

L’hyperlien plus haut c’est son site et l’image qui chapeaute ce billet est aussi de lui. Je suis heureux de le retrouver par ce ricochet.

Faites le tour de son site, c’est du bonbon pour les yeux et du poison pour le cerveau!

Pierre Foglia en rajoute une couche…

pierre-foglia

Ouin, il se prend pas pour de la marde le Foglia :

Je pourrais aussi écrire toutes le (sic) chansons du prochain CD de Daniel Boucher, mais je n’ai pas vraiment le temps: je vais mourir bientôt

Le pire, c’est que je hais Daniel Boucher (son personnage : pour m’être pogné avec lui à l’époque de son premier album à cause d’une histoire de manteau que j’avais laissé sur le comptoir à côté de mon cubicule de dj assez longtemps après trois heures — je n’étais pas et je ne suis pas encore le gars du vestiaire…; sa musique et ses paroles que je trouve tellement convenues), mais je n’irais pas jusqu’à écrire que je pourrais me transformer en son clone au niveau créatif en criant : ciseau!

Mais au moins, Daniel Boucher fait sa petite affaire dans son coin, s’enfle seulement la tête pour ce qu’il fait…

Pour le reste de sa chronique (que j’ai lu par les bons soins de Patrick Dion), je ne pense pas qu’il a tort de dénigrer les gros succès cinématographiques comme « Bienvenue chez les Ch’tis » ou « La grande séduction » et de pointer la paresse du troupeau au niveau culturel, mais bon, pour ma part, c’est bien rare que je ne trouve pas au moins quelques petits côtés positifs à quelque chose, même dans « La grande séduction », ce qui s’appelle de l’ouverture. Demander de l’ouverture à Pierre Foglia? Laissez-moi rire…

Ça me fait penser à une anecdote assez récente. Pierre JC Allard a eu l’idée de demander à des personnalités d’écrire quelque chose pour le blogue « Les 7 du Québec ». Il a donc envoyé des courriels, dont un à ce vieux schnoque. Sa réponse est publiée sur le blogue (j’avoue que le procédé est assez spécial…) :

C’est gentil, merci, mais je ne blogue pas, je ne lis jamais les blogues en fait je me contrecrisse des blogues.

Ce que je comprends de ça, c’est : si tu ne reçois pas un chèque de Gesca ou de Quebecor (ou tout autre média, corporation, compagnie, etc.) après publication de tes écrits, t’es pas digne d’intérêt! Selles de boeuf!

Je doute fort que Pierre Foglia, s’il commençait sa carrière aujourd’hui à l’époque des blogues, deviendrait plus tard le chroniqueur vedette qu’il est en ce moment. Pour ceux qui comme moi ne peuvent plus trop le sentir, alors que ses effluves finissent toujours par se pointer au bout de nos nez, nous sommes victime de la conjoncture d’antan où il a été à la bonne place au bon moment avec absolument plus ou moins de talent que d’autres. Ces autres sûrement aigris de ne pas avoir eu sa chance… (Et le fait qu’il soit « un peu français » a bien dû aider aussi, à l’époque où l’expression « né pour un petit pain » était le mantra inconscient du peuple.)

C’est ça qu’on appelle l’Histoire. Le plus beau là-dedans c’est qu’elle se poursuit, différemment. On verra bien si elle va lui donner tort.

Reste dans ton trou Falardeau!

Je suis bien content d’avoir vu à l’instant l’entrevue de Pierre Falardeau à TLMEP. Et la présence de l’ancien pirate informatique Mafiaboy, Michael Calce, sur le plateau, ainsi que Patrick Norman, est venue dresser un beau petit plat dont je vais me servir à l’instant. Premièrement, après avoir lu la chronique de Falardeau à la suite de quelques billets incendiaires, du brûlage d’allumette au feu de la St-Jean — dont Burp, Simplement, Satellite Voyageur, Journal à quatre mains…, Scotch et sloche, et Le blogueur citoyen —, j’ai attendu d’écouter le principal intéressé dans la cour de la principauté de Guy Antonio Lepage.

Est-ce que quelqu’un au Québec ne s’est pas rendu compte que pour Falardeau l’insulte est une seconde nature? Cette question en soulève d’autres, mais j’y reviendrai. Quand il écrit « japanouille à barbiche », ce n’est pas du racisme, c’est de l’injure au premier degré. Son cerveau est entièrement dédié à la cause souverainiste, et c’est là son plus grand problème : il en oublie les conventions qui font que de pointer un trait ethnique ou physique présuppose un préjugé. « Nouille » est l’insulte, « japa » et « barbiche » la caricature. Si David Suzuki était sympathisant des souverainistes québécois, son origine ethnique ne serait pas une donnée qui empêcherait l’amitié de Falardeau. Donc, ce que je peux lui reprocher à cette grande gueule, c’est de se garrocher dans les pièges avec un empressement juvénile.

En parlant d’adolescent, j’ai sursauté quand j’ai entendu l’ancien pirate informatique devenu adulte trouver devant lui un total inconnu en Patrick Norman. Quand je demandais au début du paragraphe précédent, « est-ce que quelqu’un au Québec », je me suis même demandé si Michael Calce, québécois d’origine, avait une idée de qui était Pierre Falardeau… C’est une question qui demeurera sans réponse, mais son inconnaissance de Patrick Norman prouve bien qu’il n’habite pas dans le même Québec culturel que moi, malgré sa proximité géographique. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas le chanteur, il faut vraiment vivre ailleurs dans sa tête pour ne pas l’avoir remarqué. Bon, je suis un peu dur, il n’a que 23 ans…

Pour revenir à Falardeau, je crois, comme le blogueur qui tient Scotch et sloche, que « l’article de Cassivi est une marde commandée d’en haut pour essayer de trouver quelque chose pour planter Falardeau, […] Ce n’est pas parce que j’ai hâte que Falardeau change sa cassette que j’approuve qu’on le traîne dans la boue […] Ce n’est pas parce que Falardeau est borné qu’il est raciste, xénophobe ou imbécile. » Je rajouterais que son article, sa chronique d’opinion est une entourloupette intellectuelle. Je suis assez d’accord avec son portrait, mais son accusation de racisme ne tient sur absolument rien. Rarement lut quelque chose d’aussi chancelant.

J’attends maintenant vos briques et vos fanaux…

(Photo : Karl-Philip M. G.)

Des sociétés en symbioses

Ce billet vient de paraître parallèlement sur le blogue « Les 7 du Québec ». Les commentaires seront ici fermés, alors si vous désirez en laisser un ou bien les lire, suivre l’hyperlien précédent.

Ce qui va suivre est une bien humble réflexion, qui trouve ses racines dans le questionnement qui suit : comment pourrait-on collectivement amoindrir un système où certains talents sont plus payants que d’autres? Bien sûr, cette question est en lien avec le fait qu’actuellement le travail de certaines personnes réussit à peine à les maintenir à flot et que pour d’autres, on parle d’une vie très luxueuse. Il y a une grande différence entre le pauvre qui se « tue » à l’ouvrage et, par exemple, le milliardaire aventurier Steve Fossett qui est mort dans un accident d’avion. Et, on ne peut pas parler d’un côté comme de l’autre d’un travail surhumain. Mais il est certain qu’il y a un côté plus agréable à un qu’à l’autre, en dehors de l’impondérable. Aussi, je ne voudrais pas aborder le débat concernant les salaires mirobolants (pour ne pas écrire indécents) des dirigeants d’entreprises. À part les principaux intéressés, je me risquerais à dire qu’une bonne majorité est d’accord.

Sans vouloir tomber dans le socialisme ou le communisme, je me dis seulement que si les entreprises ne veulent pas, soit d’une coercition étatique intense qui leur enlèverait une part de leurs profits pour le redistribuer, soit des syndicats qui les obligent à payer un salaire tel et des conditions telles, il faudrait alors que ces entreprises soient elles-mêmes la réponse au problème. Je m’explique. Imaginez un système où chaque entreprise calculerait sa masse salariale en conséquence de ses profits. Un peu comme si chaque employé était actionnaire et profitait à la hausse ou à la baisse du fruit de son travail concerté. Y’aurait-il besoin de syndicat, de lutte pour des augmentations de salaire, de conditions, etc., si toutes les entreprises fonctionnaient de la sorte? En tout cas, entre autres, cela permettrait sûrement de hausser la performance générale. Se battre pour son propre salaire est plus encourageant que de se battre pour ne pas se faire mettre à la porte par son patron…

Et surtout, la plus grande question : pourquoi une entreprise qui ne permet pas à ses employés de bien vivre du fruit de ses labeurs pourrait-elle survivre et faire des profits? Oui, je sais que la notion du « bien vivre » est discutable et hautement subjective. Elle est aussi beaucoup comparative, dans le sens où un pauvre du Québec ne se compare pas avec un pauvre d’Afrique, mais bien avec un riche ou quelqu’un de la classe moyenne du Québec. L’impératif d’une société n’est-il pas le bonheur de la totalité de ses individus selon l’étalon de sa culture? Si la culture fait en sorte de maintenir de la pauvreté dans sa société, il est là le problème.

Et par culture, on s’entend que la culture d’entreprise en fait hautement parti. Dans mon idée, le pouvoir de ces entreprises est la solution, et elles devraient voir leur participation à la société comme un beau défi, et non seulement considérer la main d’oeuvre comme un dommage collatéral à la recherche de profit.

(Photo : Bēn on holiday 😉 )

L’épouvantail de viande

Jana Sterbak, Vanitas, robe de chair pour albinos anorexique, 1987, robe en viande de boeuf.

Jana Sterbak, Vanitas, robe de chair pour albinos anorexique, 1987, robe en viande de boeuf.

À la suite d’un billet paru sur 10putes, au sujet de la position anti-artiste de Christian Rioux et de tous les puritains culturels de ce monde, un petit débat à couteaux qui volent bas a fait rage. Quand le rigolo droitiste (qui se réclame du centre, rien de moins!) a sorti de sa manche l’histoire de la robe de viande de l’artiste Jana Sterbak pour appuyer son dénigrement, je me suis replongé dans cette saga qui avait fait les manchettes en 1991.

Topo (via les archives de Radio-Canada) :

L’exposition Corps à corps de l’artiste contemporaine montréalaise Jana Sterbak n’a pas plu à tout le monde. Une des pièces présentées au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa était une robe faite de plusieurs kilos de viande se décomposant au fil des jours. Cette unique pièce, baptisée Vanitas, fit parler plus d’elle que l’exposition dans son ensemble.

Plusieurs, dont le député conservateur Fernand Jourdenais, ont été offusqués et l’ont fait savoir. Leur principal argument étant que le financement de l’œuvre sortait des poches des contribuables.

Ce n’est pas la première fois que l’on invoque l’argent des contribuables pour tenter de faire interdire une œuvre ou une exposition. En 1989, ce même Musée des beaux-arts du Canada acquiert un tableau de l’artiste Barnett Newman. Dans ce cas, ce n’est pas tant l’œuvre elle-même que ses détracteurs contestent, mais les 1,8 millions de dollars que dépense le musée pour l’acquérir.

C’est quand même drôle comment l’histoire semble se répéter. Le conservatisme aime bien se faire la main sur les artistes quand il en a l’occasion. Leitmotiv redondant. Quand il n’a pas de scandale sous la main, il le crée de toutes pièces.

Ce que ça démontre le plus, c’est la triste incapacité de voguer au-delà du premier degré. Quand un scandale peut se matérialiser dans ce premier degré, ce dénominateur commun, ce sel consensuel, le jugement binaire peut se mettre en branle. Et les perpétuels entartistes sans tarte ni crème qui remettent en question le réel deviennent des punchin’  bags, et les yeux du bon peuple s’éclairent de rouge, la poussière et la crasse se colle par la moiteur à leur peau, des piques et des fourches en guise d’argument.

L’argent des contribuables ne peut pas servir à financer les rebelles, seulement les guerriers…

Avard, un des coupables

Je viens de lire chez Steve Proulx que c’est François Avard qui a scénarisé l’excellente vidéo virale Culture en péril. Est-ce que ça surprend quelqu’un?

Tout Le Monde En Parle : c’é-ti-vident!

Bonne émission de TLMEP hier. Quand même.

Julie Couillard

J’étais vraiment suspicieux par rapport à cette entrevue. Les extraits qu’on voyait dans la pub la montrant sur le bord des larmes m’apparaissaient très « jouées ». Mais avec l’ensemble, ça m’est apparu pas mal plus plausible. Point très intéressant : quand elle a dit que Maxime Bernier croyait que la guerre en Afghanistan servait au contrôle de la culture du pavot. C’est sa parole contre celle de son ex, mais je penche plus de son côté à elle, peut-être bien naïvement… Louis, L’électron libre, le champion gauchiste de l’opinion tranchée… en parle plus amplement chez lui.

Pour y aller vraiment plus personnellement, il y avait quelque chose qui me dérangeait beaucoup dans son ton de voix, sa manière de toujours répéter « hein! », de dire « c’é-ti-vident »… Et puis son histoire de complot pour grossir ses seins dans les médias, ouin…

Janette Bertrand et Dominique Lajeunesse

Je les écoutais parler du cancer du sein et je ne pensais qu’au fait que le cancer, ça ne sort pas de nulle part…

Ça m’a fait comme un baume au coeur qu’une dame de 84 ans arrive à la conclusion qu’on devrait un jour penser à se faire un pays pour le bien de notre culture.

Stéphane Bureau

Toujours intéressant à écouter. En passant, sans aucun lien avec TLMEP, je suis tombé sur la fin de son émission La Joute, une fois. J’y ai vu mon nouvel ennemi juré : Jean-François Plante, un ancien candidat adéquiste, un beau mélange bien gras de démagogie et de paternalisme. Il déclasse haut la main Stéphane Gendron — qui fait à mon avis de plus en plus de bons coups.

Geneviève Borne

Une belle personne dans tous les sens du terme. Et je n’arrêtais pas de la comparer avec Julie Couillard…

René Vézina

Je n’ai rien appris de nouveau sur la crise financière, mais au moins il n’a pas dit que le plan de sauvetage était une panacée…

Philippe Falardeau et Antoine Vézina

Cute. Malheureusement, je n’ai pas retenu ce qu’il avait à dire sur la culture…

André Sauvé

J’ai pas mal le goût de m’acheter des billets pour son spectacle. Il est loin d’être commun. J’aime.

Contre-vidéo aux artistes : ha ha ha!

Voilà à quoi ressemble la réponse vidéo (enfin une — j’espère pour les zélateurs anti-art…) à Culture en péril, trouvé via Christian Rioux (ça sert à ça aussi de s’abonner au fil de syndication des blogues idéologiquement antipathiques!).

Voyez le biais complètement ridicule (ainsi que la musique de fond) qui oppose (entre autres) des images du dernier film d’Astérix et Obélix avec Stéphane Rousseau pour symboliser les « artisses » à des images symbolisant nos services, comme celle très hilarante d’une voiture de police devant le musée d’art contemporain.

L’art d’être complètement maladroit. Tant artistiquement, idéologiquement, conceptuellement, esthétiquement, etc.

Confortable nonchalance

Oui, je sais que ce n’est pas très politiquement correct de parler du fait français (et de la  souveraineté) pendant cette élection fédérale, mais je vais le faire quand même. Et oui aussi, désolé, ça sera un long billet, j’en ai gros sur la patate.

J’écoutais hier à Télé-Québec la série « Cinéma québécois » et le thème de l’émission était « La politique ». Je regardais cette effervescence révolutionnaire des années 50 jusqu’au référendum de 80, ce désir de souligner en gras l’existence du fait culturel francophone québécois et ça m’a fait me rendre compte de mon insuffisance, de notre mollesse actuelle :

La vérité que vous ne voulez pas entendre, la voilà: le Québécois moyen rêve d’être un Nord-américain ordinaire. Il ne veut plus de cette identité marginale héritée de la révolution tranquille et il s’apprête à congédier l’élite nationaliste comme autrefois son clergé moyenâgeux. Et l’indifférence face aux coupures n’est qu’un aveu, un signe avant coureur (sic) de la rupture qui s’en vient…

(Cette citation provient d’un commentaire laissé ici par un dénommé Le Canadien errant à la suite de mon billet « La peur d’Anne Dorval ».)

Oui, d’un côté je me sens très concerné, et d’un autre je me sens mal de ressentir cette colère envers les gens irrespectueux, ceux qui s’en foutent, ceux qui auraient préféré (consciemment ou inconsciemment) naître seulement anglophone parce que ça semble globalement plus facile, ceux qui ne semblent pas avoir remarqué que les mots qui trainent partout dans leur environnement sont majoritairement tirés de la langue française… Vous me trouvez négatif? Moi je trouve que je suis réaliste. François Parenteau l’est encore plus, quand il parle du documentaire La génération 101 de Claude Godbout :

Le portrait est bien différent, cependant, chez les jeunes immigrants récents. Arrivés en plein marasme souverainiste, dans un centre-ville où le français reculait sans même se battre, ceux-ci carbureraient plus à l’identité nord-américaine, se sentiraient très peu concernés par les débats politiques québécois, et le français représenterait moins pour eux. Ce qui n’est pas sans entraîner des conséquences dans leurs choix scolaires puis culturels et politiques.

Moralité de l’histoire? Le pire ennemi du Québec francophone n’est pas la défaite. C’est le défaitisme.

Autre chose qui m’attriste? C’est ce genre de discours, trouvé chez Tym Machine, un fier Canadien-Français :

Laporte se plaignait que des candidats de Sorel chantaient en anglais. 

C’est à cause de ce genre de raisonnement paranoïaque que le Québec ne sera jamais une grande nation ouverte sur le monde et tolérante mais plutôt une nation d’insulaires frileux à l’idée de s’ouvrir vers de nouveaux horizons culturels. 

Que les Stéphane Laporte de ce monde se le tienne (sic) pour dit, la liberté individuelle prime sur la suprémacie (sic) du français en province.

Je ne suis vraiment pas un admirateur de Stéphane Laporte, et encore moins de Star Académie, mais cet homme a bien le droit de s’élever contre la suprématie culturelle mondiale anglophone si ça lui chante (oui, je sais, j’extrapole sûrement beaucoup…), c’est bien de sa liberté individuelle de l’exprimer dont il s’agit. La liberté n’est pas unidirectionnelle et ne mérite pas de se faire bâillonner. Tout le monde y a droit. Même un défenseur de la langue française. Mais je trouve que cette prise de position (celle de Laporte on s’entend) est en déficit. Quand quelque chose n’est plus ouvertement important à défendre, on sait bien ce qui se passe.

Et puis, pour l’ouverture sur le monde, j’ai bien hâte qu’on en revienne, il y a notre voisinage aussi, notre proximité qui compte. Encore un beau mot à inscrire en grosses lettres : ÉQUILIBRE.

Je terminerai tout ça avec une anecdote personnelle. Je déménage prochainement et mon propriétaire m’envoie des gens pour visiter mon appartement. Pour mettre en contexte, il décore la façade du fleurdelisé à la St-Jean et de l’unifolié à la fête du Canada, et bien bien également. Par souci d’équité, il s’empresse de me spécifier si les gens qui vont venir sont anglophones ou francophobes, comme si je faisais du service à la clientèle…  Une première anglophone m’a appelé pour changer l’heure du rendez-vous, elle réussissait à se débrouiller un peu, un point pour l’effort. Elle avait un nom d’origine arabe. (Pourquoi l’indiquer? Ça aura son importance pour la suite de l’anecdote.) Elle ne s’est jamais présentée, va savoir pourquoi!

Tantôt, un autre anglophone est venu. Il avait un nom bien anglophone et semblait natif d’ici : ses frères habitent dans le coin, et il habite depuis 6 ans pas très loin. Il ne parlait pas français ni ne comprenait grand-chose à ce que je lui racontais quand je ne savais pas comment le dire en anglais. Il avait à remplir un formulaire en français et il a fallu que je lui traduise pratiquement tous les mots.  Même les plus faciles : « nom », « prénom » et « rue » (celui-là, c’est un foutu mot qu’il voit sur les poteaux de la ville depuis qu’il est né!).

Admettons que ce n’est pas le genre de situation qui me donne espoir, surtout quand je sais qu’il n’y a pas beaucoup de francophones pour s’en émouvoir. Il n’y a pas à dire, la liberté de ce monsieur de s’exprimer en société en anglais semble plus importante que la mienne de m’exprimer en français. Et c’est par connivence nationale (prenez-le dans le sens que vous voulez…).

C’est ça qui est ça.

Version longue

Je viens de me taper la version longue de « Culture en péril », aussi hilarante que la courte, que j’ai trouvé via Amériquébec. Voilà pour vous aussi.

J’en connais une qui ne sera pas contente… 😉

Culture en péril

Ajout :

Michelle Blanc se dresse contre cette initiative artistique citoyenne. J’y reviendrai.

Ajout (bis) :

Mon billet du jour, « Le buzz autour de « Culture en péril »« , chez Branchez-vous!

Départs, ajouts et slogans

Aujourd’hui, multiplillet, sur une première note douce-amère. Deux autres départs avoués dans ma blogosphère, et peut-être aussi dans la vôtre, soit CaroG qui se déleste de sa vie de blogueuse pour se concentrer sur d’autres lieux créatifs, et Michel Hébert qui s’en va se faire étourdir par les nouvelles règles du journalisme au convergé Journal de Québec, ce qui ne lui laissera pas, selon ses dires, le loisir de tenir son blogue libre à son goût. Il faudrait bien au moins convaincre ce dernier de laisser son blogue en ligne. (Ajout : il semble revenir sur sa décision et songe à simplement ralentir de beaucoup la cadence.)

Les uns partent et d’autres s’ajoutent, et cela sera le moment d’en parler, le 31 août, lors du 310g Day 2008 (lire Blog Day) ce qui sera l’occasion de faire la promotion de 5 nouveaux blogues que vous trouvez intéressants. Cela sera l’occasion d’élargir encore plus nos horizons en nous promenant de blogue en blogue participant. Je me souviens m’être bien amusé l’an passé.

Du côté de Martin Petit, il y a un concours pour trouver un slogan d’insulte à l’endroit de Stephen Harper pour mettre sur sa pancarte, qu’il brandira mercredi matin lors d’un rassemblement des artistes et des travailleurs du milieu culturel. J’en ai pondu deux, pas très concluants, mais ce qui compte, c’est la participation…

Et vous vous demandez sûrement pour le choix de l’image? Je suis tombé là-dessus par hasard en cherchant autre chose, mais j’ai gardé l’onglet pour ne pas la perdre. C’est tellement étrange que ça parle tout seul… En tout cas, ça vient de .

Ajout :

Un autre qui tire la plogue, l’ami Tétoine, qui n’avait pas donné signe de vie depuis avril. Un petit soubresaut pour marquer sa décision : je ne peux m’empêcher de penser à un dernier battement de coeur. Je vais m’ennuyer de ses analyses.

François Legault, et la précaution

Tandis que le député péquiste François Legault tente de mettre sous cryogénisation le mouvement souverainiste en pointant le cynisme ambiant, je spécule sur le fait que l’argument de précaution — qui dit qu’un Québec souverain sera le socle pour maintenir la langue française et la culture québécoise dans la pérennité — est dans de sales draps…

Suivez-moi bien : si on argue que le français est en perte de vitesse pour toutes les raisons maintes fois évoquées, on répond de l’autre côté qu’il n’y a pas de problème, ou que le problème n’est pas assez urgent, et donc que la souveraineté n’est pas nécessaire : et l’adverbe « encore » est en option… Alors, logiquement, ces gens devraient changer d’avis et appuyer un projet de Québec souverain dans le cas où ils auraient assez à coeur la préservation des acquis culturels et du caractère distinct de notre société, quand la situation leur semblera assez critique. Mais je conviens que nous sommes dans la subjectivité par-dessus la tête!

Je pense beaucoup ici à nos concitoyens anglophones qui devraient bien voir cette richesse locale, la nôtre, qui les inclus bien sûr, s’ils ne sont pas trop pris dans la mondialisation qui leur donne un sentiment de puissance inégalé : encore plus que d’être des Canadiens anglophones, l’occident leur est culturellement donné et anglophile, et l’orient n’est pas très loin de l’être. Qui d’entre nos concitoyens québécois anglophones se proclament francophiles?

Est-ce que nous devrons attendre de voir le caractère francophone du Québec au bord du gouffre anglophone pour vérifier si nous comptons amplement pour nous-mêmes — je pense ici à nos concitoyens francophones allergiques à toute idée de souveraineté — et pour notre communauté anglophone en nous dotant collectivement d’un pays en guise de sécurité culturelle? Gageons que devant l’hécatombe future — à court ou à long terme — les premiers se changeront en autruches et les deuxièmes seront bien contents de pouvoir enfin donner le coup de grâce à ce qui restera de la loi 101, derniers vestiges d’une fierté quelconque… Alors, devant ce constat, il ne sera donc jamais question de précaution, mais toujours de combat, et c’est bien dommage.

Je vous semblerai catastrophique, mais cela n’est que la démonstration simple d’une scission plus profonde qu’on ne le croit. Quand on en vient, comme le fait François Legault, à jeter sciemment de l’eau publiquement sur la flamme, le signal est clair : c’est un renoncement de nous-mêmes comme entité possible dans l’urgence, ce qui était la dernière carte que nous avions pour faire grandir la sympathie à notre cause, même si c’est une carte très accessoire, on le voit bien.

Et baisser les bras, ça ne veut pas dire autre chose que de baisser les bras, jusqu’à ce qu’on les relève. Pendant le temps qu’ils seront baissés, pour les indécis cela sera un moins dans le calcul que nos adversaires verront comme un plus.

(Photo : hergophoto)

Du pain et des jeux…

Entre le pain et les jeux, il y a un flou. C’est là où se trouve l’art, la culture. Plus une oeuvre d’art se rapproche d’un de ces deux pôles, soit les besoins et le divertissement, moins c’en est une.

La culture est un ajout à l’humain, elle transcende le domestique et demande beaucoup d’attention. Est art ce qui tend vers l’inédit et l’indicible.

(Inspiré par ce billet. Photo : legojeff)

Ajout :

Pour l’évolution de l’humanité, est-ce qu’on devrait prôner l’amélioration de la compréhension humaine envers l’art ou on devrait seulement prôner la disparition de l’art qui n’arrive pas à rejoindre la majorité?

L’âge de Denys Arcand

Devant l’immense corpus des critiques négatives du dernier film de Denys Arcand, L’âge des ténèbres, qui est enfin sorti en DVD pour que je puisse enfin m’y tremper, je mentirais si j’écrivais que je n’avais pas un préjugé très défavorable, hier soir, alors que j’appuyais sur la touche de lecture. Et je n’ai pas été déçu, loin de là.

Mais comment être original quand tous les qualificatifs ont été usés à la corde pour détruire cette bassesse cinématographique, pour ne pas écrire : idéologique. Et ce n’est pas non plus parce que je ne partage pas certaines des idées du film que j’ai haï à ce point, mais bien, justement, parce que cela m’a semblé un amoncellement de truismes, bien maladroitement montés en oeuvre d’art. N’est-ce pas que je suis gentil?

Déjà que le procédé de montrer à l’écran les rêves du personnage, Jean-Marc, que campe un Marc Labrèche insuffisant malgré son bon vouloir, était boiteux, il s’étend comme une traînée de tartinade jaune-orange jusqu’aux trois quarts du film, presque sans arrêt. Mis à part nous montrer des femmes en tenues légères pour illustrer le manque de cul de Jean-Marc, et je ne peux arrêter de penser à Réjean Tremblay, qu’est-ce que le spectateur a à gagner? Pour ma part, j’avais l’impression qu’Arcand me prenait pour plus stupide que je le suis…

Ce qui est très rare, à trois reprises j’ai eu le goût d’appuyer sur la touche d’arrêt. J’avais l’impression d’assister, impuissant, à une bagarre de petite école. Aveuglé, Arcand frappe sur l’État selon son petit regard nombriliste, très loin de l’analyse globale, véhicule le malaise contemporain de la performance dans sa version la plus éculée, quand la caricature est tellement caricaturale qu’elle en perd toute sa force. Et je ne suis surtout pas contre l’art qui dénonce, bien au contraire. Mais ce réalisateur nous avait habitués à un peu plus de subtilité, et surtout, à habiller ses prises de position de beaux frissons.

Je pourrais continuer comme ça bien longtemps, mais j’ai assez perdu de temps, et d’argent, avec cette erreur, pour ne pas dire horreur…

P.S. Note de Douce : 2/10

Wall-E et la décroissance

J’ai parlé souvent ici de la décroissance. Sans être un disciple strict du mouvement qui se nomme décroissance conviviale, cette idée m’intéresse premièrement car elle nous pousse à repenser notre rapport à l’économie, cette notion historiquement utilitaire qui s’inscrit de plus en plus dans la culture, dans son sens le plus large. Et c’est d’une tristesse : la culture — ce que les rapports humains suscitent comme matière à communication, à réflexion, à contemplation — est prise en sandwich entre la religion, cette culture dont le marketing repose sur la Foi et la peur du Jugement Dernier, et l’éconocentrisme culturellement agressif, dont la mise en marché s’appuie sur le confort matériel, et un message fort qui tourne autour de la peur de le perdre.

Ce qui me charme encore plus, c’est qu’obligatoirement cela nous pousse à une métamorphose, un changement de nos valeurs, voire même à réapprendre le sens des valeurs, au-delà de sa synonymie monétaire. Oui, dans un sens, le statu quo est une bonne chose, il offre une certaine stabilité, la croissance est une tradition, mais est-ce que le progrès ne serait qu’une voie, ou même plusieurs en parallèle à cette répétition, cette redite du plus de productivité pour plus de consommation?

Ça me fait penser à tout le tollé, qui s’accompagne aussi de critiques dithyrambiques, du dernier film de Walt Disney-Pixar, Wall-E, tel que rapporté par Joseph Siroka sur Cyberpresse. La drouate et les gros sont fâchés du mauvais traitement que leur faire subir le scénario futuriste du film, où l’épidémie d’obésité qui fait rage aujourd’hui (surtout au É-U) est à son apogée et où on pointe comme fautif le système actuel basé sur la croissance, la surconsommation, etc.

Comme je l’écrivais à l’instant à la suite d’un billet sur cette question à mon collègue du blogue Le Satellite Voyageur, « Le gros (hé hé!) problème là-dedans, c’est l’espèce de tabou qui est en train de se constituer, tabou de nommer l’obésité [et celle morbide] comme une maladie, ce qui fera en sorte de la normaliser. Mais qui a le plus à gagner à laisser les gens grossir impunément?

C’est toute une économie qui gravite autour de la croissance en gras… »

La logique autour de la croissance à tout prix ne peut que tomber dans la démesure adipeuse, qui au niveau psychologique est payante pour tout un pan de l’industrie, ceux qui profitent du sentiment de culpabilité comme l’industrie des diètes et de tous les Ab King Pro Roller Extreme Rower Roche Dur de ce monde. Et au niveau physique, il n’y a pas trop besoin de s’étendre sur les domaines de la santé (que l’on espère de plus en plus privé, et le « on » exclu bien sûr la personne qui parle…) et de l’agro-alimentaire qui profiteront des retombées de toute cette culture du gras.

Avant de clore, je ne peux pas passer sous silence le billet tout en sophisme qui m’a servi de tremplin. Sous des airs de vérité, puisqu’il y a des faits en jeux que je me garderai bien de contredire directement, l’antacomique blogueur de drouate s’appuie trop aisément sur le progrès du niveau de vie des états-uniens pour planter la décroissance. Là où le bât blesse, c’est qu’il utilise ces chiffres comme un marionnettiste sous le thème de la linéarité économétrique, tandis qu’il est toujours possible de penser la croissance autrement, non? Est-ce que l’espérance de vie d’aujourd’hui diminuerait dans le futur pour cause d’une révolution éthique qui ferait en sorte d’éliminer le superflu et la démesure de notre consommation? J’en doute fortement. Même que si on continue sur cette lancée et qu’on repense au problème d’obésité qui accompagne le style de vie casanier à l’occidentale, actuellement, l’espérance de vie ne pourra qu’augmenter qu’avec les béquilles de la science. C’est dans la logique, mais est-ce que c’est ça qu’on veut?

Il faut savoir mettre les pour et les contre dans la balance, revenir en arrière et poser la question de la croissance pour se rendre compte de sa nécessité décroissante. En 1870, le progrès et la croissance étaient nécessaires, et plus près du rêve que de la réalité, tandis qu’aujourd’hui, avec tous ces gains, amplement suffisants, c’est une réalité qui tourne au cauchemar global pour qui est capable de regarder au-delà de son propre confort et de celui de ses copains… Mais la grande question : où s’arrête le confort sain et où commence l’exagération? Le dogme de la croissance économique est tombé dans la démesure, le laisser-aller, la décroissance ferait office de douche froide.

La décroissance n’est pas un suicide social, le total antonyme de la croissance. C’est l’ajout d’une autre dimension.

Une sagesse qui vient de loin

Je me devais de revenir sur un billet, et surtout une discussion, que j’ai eu voilà quelques semaines avec mon ami L’équilibriste.

Cette discussion a eu comme point de départ le sujet d’un de mes billets « Rivière-Ouin… », paru chez Branchez-vous!, où je dressais un parallèle entre la mort violente de Nancy Michaud, attachée politique du ministre Claude Béchard, et notre vision judéo-chrétienne de la Justice, que j’ai illustrée par une citation de Michel Onfray :

Qui accepterait d’un hôpital qu’il enferme un homme ou une femme à qui l’on découvrirait une tumeur au cerveau – pas plus choisie qu’un tropisme pédophilique – dans une cellule, l’exposant à la violence répressive de quelques compagnons de chambre […] avant de l’abandonner, un quart de son existence, au travail du cancer, sans soin, sans souci, sans thérapie ? Qui ? Réponse : tous ceux qui activent la machine judiciaire et la font fonctionner comme une mécanique trouvée aux portes du Jardin d’Eden sans se demander ce qu’elle est, pourquoi elle se trouve là, de quelle manière elle fonctionne…

[…] Cette collusion entre libre arbitre et préférence volontaire du Mal au Bien qui légitime la responsabilité, donc la culpabilité, donc la punition, suppose le fonctionnement d’une pensée magique ignorant ce que la démarche post-chrétienne de Freud éclaire avec la psychanalyse et d’autres philosophes qui mettent en évidence la puissance des déterminismes inconscients, psychologiques, culturels, sociaux, familiaux, éthologiques, etc.

Donc, ce qu’il en ressort, c’est que la société fonctionne en addition d’individualités — que le concept du libre arbitre vient justifier. La difficulté, c’est que les éléments moralement problématiques sont considérés comme des parias tandis qu’ils devraient seulement donner le signal qu’il y a des problèmes avec la société dans son entièreté, comme l’augmentation des cas de cancers devrait donner le signal qu’il y a un problème exponentiel des pollutions. Cela nous donne une société en constante réparation, a contrario d’une société en prévention.

Ce à quoi mon ami m’a convié, en sortant et me montrant un bouquin sur la culture Kongo, qui se transmet par des proverbes, m’a complètement bouleversé, puisque cela venait confirmer que cette philosophie trouvait sa possibilité et sa source aux confins de l’humanité, étant donné que l’Afrique est notre berceau, nonobstant l’avis du crétinisant créationnisme. Je vais donc tenter de synthétiser cette pensée, au niveau du rapport entre la société et l’individu, de la manière la plus concise possible : un crime est comme un bouton sur le nez de la communauté, le symptôme d’un problème qui trouve sa source ailleurs; il faut alors tout faire afin de le retracer et de le régler, pour ne pas qu’il se répète. Le proverbe Kongo suivant est un bon exemple :

Le poison dans la communauté est le symptôme de sa perte.

(Pour d’autres exemples de proverbes, le billet d’Eric Bondo en est truffé.)

Est-ce que nous sommes proches d’une philosophie de société de la sorte? Non, pas vraiment, et c’est ce qui me peine le plus. Ce qui nous meut aujourd’hui est de ramasser assez d’argent pour parer aux contrecoups de la vie, cette vie où tout est mis en place pour nous détrousser de cet argent durement gagné, ce qui, cette dureté, occasionne aussi des contrecoups…

De contrecoup en contrecoup, ça vibre, ça fait trembler, ça rend nerveux, etc.

(Photo : Antony & cie)

Sex and the City du haut des airs

Depuis l’annonce de la sortie du film « Sex and the City » et de la surexcitation (surtout) féminine qui en découle, votre hôte se la fermait ici, mais n’en pensait pas moins… Comme vous le verrez, j’ai bien l’intention de faire sortir le méchant.

Je jonglais entre m’accuser de trop jouer du préjugé et celle d’atteindre enfin (hé hé!), du moins en partie, l’honorable statut du vieux con réactionnaire. À ce propos, je suis en train de lire, à temps perdu, un essai pamphlétaire de Noël Laflamme qui se bien nomme « J’accuse tout ce monde-là d’en être (Ah! bêtise quand tu nous tiens!) ». En fait, c’est ça qui m’a allumé! Je pourrais même écrire qu’il est réactionnaire, réactionnel comme de l’essence — d’aplomb! —, mais à mon avis dans le bon sens du terme.

L’auteur, qui ne doit pas être très jeune avec un prénom de la sorte (et une écriture aussi « vieux français »), consacre un chapitre sur la question des chaussures effilées et ornées de talons hauts, aiguilles ou plates-formes, grand symbole de la féminité. Je ne le citerai pas, puisqu’il manque trop de concision pour les besoins de l’instantanéité du web (je qualifierais son style d’écriture de rococo), et ses informations sont tirées d’un essai écrit par un dénommé Christophe François. Allons donc au plus court.

60% du corps devrait être supporté par les talons. Les talons hauts font porter 70% du poids sur l’avant des pieds. Cela peut causer des maux de tête, des courbures latérales de la colonne, des cambrures excessives et le phénomène du dos rond. Aussi, on parle de lombalgie, de hernie discale, d’arthrose interdiscale, sans compter les petits désagréments comme les douleurs aux épaules et/ou aux avant-bras, les cors et les kératoses qui se forment aux orteils. Aurais-je besoin d’ajouter l’accentuation des risques d’arthroses?

Je pense ici que l’auto-accusation de préjuger prend le bord! Pour celle au sujet d’être un vieux con réac, j’espère, si je m’y rends, que cela se fera le plus lentement possible. Il reste quand même que cet élément supposément séduisant de l’attirail féminin tue la vie sexuelle : à court terme, pour celles qui se hissent seulement à l’occasion sur ces échasses, parce qu’elles ne peuvent pas penser à autre chose qu’à tenir debout!, et à long terme, pour toutes les raisons désignées plus haut, en comptant pour certaines la complète obsession de tout ce qui a un lien avec l’apparence.

Le rapport avec « Sex and the City »? Cette série et ce film me semblent, en partie, une grosse pub pour justifier l’aliénation des femmes dans un rôle d’oeuvre d’art ambulante, le soulier étant le socle! Je ne crois pas non plus que ce phénomène soit complètement néfaste, puisqu’il met de l’avant l’amitié, la solidarité féminine, ce qui est une bonne chose en soi. Mais, pour viser seulement les contrecoups, qui ne sera pas d’accord avec moi pour dire que la normalité s’entretient à coups d’habitudes et de ses démonstrations?

Je n’y échappe pas, j’aime voir la démarche d’une femme en talon haut, le mollet gonflé, la fesse rebondie, le torse à l’avenant (tant que ça ne tombe pas dans le caricatural…). Néanmoins, je sais que j’aime ça en grande partie parce que j’ai fait un lien depuis tout petit entre cela et la sexualité, et que ce lien est hautement culturel. La solution : haussons-nous sur de vraies échasses pour voir le portrait global et attaquons-nous à la culture! Pourquoi toujours subir quand nous pouvons agir? Juste de réserver la « poupounerie » intense aux occasions vraiment spéciales serait un bon début…

Comme la hauteur des talons, ce qui me peine le plus c’est que la culture de la poupée-princesse-maman-qui-danse-en-souriant-autour-d’un-poteau semble à la hausse…

(A posteriori, je me rends compte que, question concision, j’ai carrément manqué mon coup!)

(Photo : Disco ♥ Tetris)

Une différence comme une autre…

En cette Journée internationale contre l’homophobie, je ne serai pas bien bien original, car je fais partie du 70% des Canadiens qui se sentent à l’aise avec cette question. Il est donc très difficile pour moi d’écrire là-dessus, puisque je ne voudrais pas tomber dans la moralisation plate…

Des homosexuels, surtout hommes, j’en ai beaucoup plus côtoyé voilà une dizaine d’années quand je frayais avec la scène électronique, pour ne pas dire « rave », mais le fait que j’en ai moins autour de moi aujourd’hui ne me pose pas non plus de problème… C’est hautement circonstanciel et normal.

Je connais des gens homophobes (quand même assez légèrement en majorité…) et, pour en avoir parlé avec eux, cela semble être plus physique que réfléchi… Question d’éducation ç’a l’air, et j’ai même l’impression que ça leur semble honteux. Quand quelqu’un est capable d’en parler sans fermer les portes, c’est déjà bon signe. Pour les boomers homophobes, c’est une autre paire de manches, mais ils sont déjà de toute façon en voie d’extinction… cela écrit avec un clin d’oeil du côté le plus visible!

Autre chose qui ne me pose pas de problème, ce sont les blagues là-dessus, car il est extrêmement rare qu’elles soient carrément méchantes, donc homophobes, enfin celles que j’entends autour de moi, dans mon milieu fortement hétérosexuel, et surtout adulte. Je pense que tout le monde mérite une petite blague de temps en temps, qui aime bien châtie bien, non?

Je suis certain que dans le Village de Nathalie (expression que j’ai entendu de la bouche d’un ancien collègue DJ homosexuel), les blagues sur l’hétérosexualité fusent et ça ne me dérange pas du tout!

Mais je suis d’accord pour dire qu’à l’enfance et à l’adolescence, le sujet des blagues, qui prennent plus souvent un ton discriminatoire, est un gros problème. La tendance culturelle mondiale, très axée sur le hip-hop/R&B gangstérilisant, met de l’avant un culte de l’hétérosexualité qui se mélange parfois et souvent au culte de Dieu, ce qui est incompatible avec l’homosexualité, surtout mâle… Et donc, où le lesbianisme est instrumentalisé à outrance.

Vivement pour que cette journée disparaisse, mais malheureusement, nous sommes loin du compte. Cette journée n’est vraiment pas une fête…

(Photo : new-ars – ce billet est inspiré en grande partie d’une initiative de Zed Blog, qui regroupe une multitude de billets sur le sujet de l’homophobie.)

Einstein nous parle de Dieu

Une lettre d’Einstein, datée du 3 janvier 1954, un peu avant sa mort, contient ces mots : « Le mot Dieu n’est pour moi rien de plus que l’expression et le produit des faiblesses humaines, la Bible un recueil de légendes, certes honorables mais primitives qui sont néanmoins assez puériles. »

Moi qui ai toujours pensé que cet homme de science portait Dieu en lui de la manière commune, un grand pan de mur idéologique me tombe dessus et j’en ressors fortement indemne, vivifié même! Ce n’est pas tous les jours qu’un monument sort de sa retraite poussiéreuse pour parler au monde. J’écoute et j’applaudis à tout rompre!

Le plus beau, c’est que les zélateurs et les menteurs ne pourront rétorquer à autant d’éloquence. Tandis que les livres soi-disant sacrés des trois monothéismes sont des ramassis d’illogismes et de contradictions, voilà un baiser de plus pour l’amour du prochain, qui grandit mieux dans la logique que dans le dogme, puisque le prochain est tout sauf soi, faut-il encore le rappeler?

Comme je l’écrivais à l’instant chez Martin Beaudin-Lecours, le pointeur de cette nouvelle, si je peux croire en quelque chose, c’est bien le commun, le relatif, dans le sens où Einstein l’entendait. Enfin, pas le « peut-être »… Les forces positives et négatives sont des énergies archétypales qui nous accompagnent depuis le début, et elles donnent lieu à de beaux folklores, à de la culture, à de l’art, etc., mais je crois qu’il faut maintenant les aborder de front pour ne pas tomber dans la demi-mesure interprétative des directeurs de La Vérité. Non, la vérité est trop importante pour la laisser à quiconque d’autre que soi-même : d’où l’idée de la relativité.

Tant que nos vérités dialoguent, tout va bien. Mais je n’accepterai jamais de me faire frapper à la tête, même avec la Bible, le Coran ou la Torah pour amortir le coup…

(Photo : Magic fly paula)

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Multiplillet du 29 avril

Le 17 mai prochain, participez à la journée internationale contre l’homophobie en pondant un billet sur la question. Vous pouvez vous inscrire auprès de Zed Blog, qui fera le pont entre tous les blogues participants.

Autre sujet, celui-là plus anecdotique, saviez-vous que le Texan George W. Bush est né dans un secteur états-unien fortement démocrate? Pour plus de détails, visitez l’ami Nicdou, émigrant québécois habitant à environ 300 mètres de la maison natale du présent président républicain.

Pour rester dans l’univers politique, Angry French Guy démontre ici avec brio les avantages économiques et culturels d’avoir bilinguisé Montréal avec la loi 101. Et on ose penser que ce gars-là fait du tort au français en écrivant en anglais et en discutant avec les anglophones…

Et, finalement, Michel Monette nous fait part de la « Lourde tendance vers plus d’inégalités au Canada », compte rendu d’une récente étude qui démontre que l’écart de revenu entre les riches et les pauvres se creuse, même si c’est moins grave que du côté états-unien. Aussi, « Mince consolation, la classe moyenne canadienne s’est globalement moins appauvrie que son équivalent aux États-Unis. »

Voilà!


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