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Retour sur les Patriotes

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Je viens de publier ma dernière contribution à L’événement sur le web, et au sujet de la fête des Patriotes, enfin, moins de la fête que de ceux qu’on serait censé fêter. En faisant ma recherche, j’ai bien remarqué le vide du côté des souverainistes blogueurs. Ce sont plutôt quelques droitistes (qui sont beaucoup en même temps antisouverainiste) qui ont souligné la chose, répliquant à quelque chose qui ne s’est comme pas passé…

J’ai lu avec attention leurs accusations envers ceux qui réécriraient l’histoire afin de mousser la cause souverainiste. Oui, j’ai compris que les Patriotes n’étaient vraiment pas des Québécois voulant se libérer du Canada, mais bien des Canadiens-Français et de Canadiens-Anglais voulant se libérer de l’Empire britannique. Je dis « compris », mais c’est plutôt que j’y ai porté attention pour une fois, car j’ai cette tendance à trop vouer ma fidélité au présent. Cette fête aura au moins servi à ça de mon côté.

Pour dire vrai, malgré ce constat, mon désir de nous voir dans un pays à nous ne fléchit pas d’un micron, au contraire. Ce désir de liberté ancestral ne se tarit pas parce que le contexte est différent, au contraire. De toute façon, je ne suis pas de ce côté parce que je me suis fait manipuler, par des biais ou par la peur.

Et c’est bien ce que tentent de faire ressortir ces chers statu-quo-istes. C’est un peu ridicule d’essayer de faire endosser le costume du fanatique patriote à pas loin de la moitié de la population du Québec alors qu’ils ne sont qu’une poignée. Et je ne dis pas qu’ils n’ont pas le droit de s’énerver le poil des jambes en public. À chacun ses fantasmes.

Confortable nonchalance

Oui, je sais que ce n’est pas très politiquement correct de parler du fait français (et de la  souveraineté) pendant cette élection fédérale, mais je vais le faire quand même. Et oui aussi, désolé, ça sera un long billet, j’en ai gros sur la patate.

J’écoutais hier à Télé-Québec la série « Cinéma québécois » et le thème de l’émission était « La politique ». Je regardais cette effervescence révolutionnaire des années 50 jusqu’au référendum de 80, ce désir de souligner en gras l’existence du fait culturel francophone québécois et ça m’a fait me rendre compte de mon insuffisance, de notre mollesse actuelle :

La vérité que vous ne voulez pas entendre, la voilà: le Québécois moyen rêve d’être un Nord-américain ordinaire. Il ne veut plus de cette identité marginale héritée de la révolution tranquille et il s’apprête à congédier l’élite nationaliste comme autrefois son clergé moyenâgeux. Et l’indifférence face aux coupures n’est qu’un aveu, un signe avant coureur (sic) de la rupture qui s’en vient…

(Cette citation provient d’un commentaire laissé ici par un dénommé Le Canadien errant à la suite de mon billet « La peur d’Anne Dorval ».)

Oui, d’un côté je me sens très concerné, et d’un autre je me sens mal de ressentir cette colère envers les gens irrespectueux, ceux qui s’en foutent, ceux qui auraient préféré (consciemment ou inconsciemment) naître seulement anglophone parce que ça semble globalement plus facile, ceux qui ne semblent pas avoir remarqué que les mots qui trainent partout dans leur environnement sont majoritairement tirés de la langue française… Vous me trouvez négatif? Moi je trouve que je suis réaliste. François Parenteau l’est encore plus, quand il parle du documentaire La génération 101 de Claude Godbout :

Le portrait est bien différent, cependant, chez les jeunes immigrants récents. Arrivés en plein marasme souverainiste, dans un centre-ville où le français reculait sans même se battre, ceux-ci carbureraient plus à l’identité nord-américaine, se sentiraient très peu concernés par les débats politiques québécois, et le français représenterait moins pour eux. Ce qui n’est pas sans entraîner des conséquences dans leurs choix scolaires puis culturels et politiques.

Moralité de l’histoire? Le pire ennemi du Québec francophone n’est pas la défaite. C’est le défaitisme.

Autre chose qui m’attriste? C’est ce genre de discours, trouvé chez Tym Machine, un fier Canadien-Français :

Laporte se plaignait que des candidats de Sorel chantaient en anglais. 

C’est à cause de ce genre de raisonnement paranoïaque que le Québec ne sera jamais une grande nation ouverte sur le monde et tolérante mais plutôt une nation d’insulaires frileux à l’idée de s’ouvrir vers de nouveaux horizons culturels. 

Que les Stéphane Laporte de ce monde se le tienne (sic) pour dit, la liberté individuelle prime sur la suprémacie (sic) du français en province.

Je ne suis vraiment pas un admirateur de Stéphane Laporte, et encore moins de Star Académie, mais cet homme a bien le droit de s’élever contre la suprématie culturelle mondiale anglophone si ça lui chante (oui, je sais, j’extrapole sûrement beaucoup…), c’est bien de sa liberté individuelle de l’exprimer dont il s’agit. La liberté n’est pas unidirectionnelle et ne mérite pas de se faire bâillonner. Tout le monde y a droit. Même un défenseur de la langue française. Mais je trouve que cette prise de position (celle de Laporte on s’entend) est en déficit. Quand quelque chose n’est plus ouvertement important à défendre, on sait bien ce qui se passe.

Et puis, pour l’ouverture sur le monde, j’ai bien hâte qu’on en revienne, il y a notre voisinage aussi, notre proximité qui compte. Encore un beau mot à inscrire en grosses lettres : ÉQUILIBRE.

Je terminerai tout ça avec une anecdote personnelle. Je déménage prochainement et mon propriétaire m’envoie des gens pour visiter mon appartement. Pour mettre en contexte, il décore la façade du fleurdelisé à la St-Jean et de l’unifolié à la fête du Canada, et bien bien également. Par souci d’équité, il s’empresse de me spécifier si les gens qui vont venir sont anglophones ou francophobes, comme si je faisais du service à la clientèle…  Une première anglophone m’a appelé pour changer l’heure du rendez-vous, elle réussissait à se débrouiller un peu, un point pour l’effort. Elle avait un nom d’origine arabe. (Pourquoi l’indiquer? Ça aura son importance pour la suite de l’anecdote.) Elle ne s’est jamais présentée, va savoir pourquoi!

Tantôt, un autre anglophone est venu. Il avait un nom bien anglophone et semblait natif d’ici : ses frères habitent dans le coin, et il habite depuis 6 ans pas très loin. Il ne parlait pas français ni ne comprenait grand-chose à ce que je lui racontais quand je ne savais pas comment le dire en anglais. Il avait à remplir un formulaire en français et il a fallu que je lui traduise pratiquement tous les mots.  Même les plus faciles : « nom », « prénom » et « rue » (celui-là, c’est un foutu mot qu’il voit sur les poteaux de la ville depuis qu’il est né!).

Admettons que ce n’est pas le genre de situation qui me donne espoir, surtout quand je sais qu’il n’y a pas beaucoup de francophones pour s’en émouvoir. Il n’y a pas à dire, la liberté de ce monsieur de s’exprimer en société en anglais semble plus importante que la mienne de m’exprimer en français. Et c’est par connivence nationale (prenez-le dans le sens que vous voulez…).

C’est ça qui est ça.

L’accent de cheu nous

La Fêlée, la blogueuse de Juste un peu frustrée, a fait de l’insomnie hier, comme elle le dit chez elle. Elle en a profité pour dénicher un article au sujet d’un phonéticien qui étale le résultat de ses recherches sur l’origine des différences entre les accents québécois et français.

C’est bien sûr anecdotique en très grande partie, comme toute l’Histoire, et nous devrions donc arrêter de nous autoflageller… Notre accent n’est pas mieux ou pire que celui de nos cousins.

Quelques citations pour les pressés :

Pendant longtemps, deux modèles de diction ont coexisté dans la Ville lumière, souligne M. Gendron : le «grand usage», qui était la langue savante des discours publics, employée au Parlement de Paris, dans les cours de justice, par la bourgeoisie instruite et au théâtre; et le «bel usage», utilisé en privé dans les salons de la noblesse. Sa prononciation, plus relâchée que celle du grand usage, devait paraître «naturelle», c’est-à-dire ni vulgaire, ni affectée.

Elle avait tendance à tronquer certaines lettres et faisait rager beaucoup de grammairiens français. Le bel usage prononçait ainsi, entre bien d’autres : «leux valets», «sus la table», «quéqu’un», «velimeux», «des habits neus», «ostiner», «neyer» (noyer), «netteyer», «frèt», etc.
[…]
Mais la haute société parisienne, qui a longtemps flotté entre les deux accents, bascule totalement à la révolution de 1789. Le roi de France, ou le «rouè», comme il disait peut-être, est décapité. L’aristocratie, dont le prestige donnait jusque-là préséance au bel usage, fuit la France (quand elle le peut), ce qui laisse toute la place à la bourgeoisie et à «sa» manière de parler.
[…]
Ce changement de la prononciation parisienne — certaines consonnes, comme le r manquant de «sus la table», seront carrément restaurées, dit M. Gendron — se fera aussi très vite, à l’échelle de l’histoire des langues : quelques décennies tout au plus. «Cela s’est fait naturellement, dit M. Gendron. Personne ne s’en est rendu compte.
[…]
«Alors quand les voyageurs reviennent avec le nouvel accent qu’ils ont acquis à la révolution, ils ne comprennent plus. Ils ont oublié leur ancien accent, qu’ils retrouvent chez les Canadiens, mais sans savoir que c’était le leur», dit M. Gendron. Et comme la langue de Paris est la référence la plus courante en français, les visiteurs des autres pays basèrent dessus leur opinion de l’accent canadien.

(Photo : smosch)

Ajout :

Le Détracteur Constructif ajoute de très pertinentes informations à ce sujet ici.

Taper sur les doigts du joual : l’erreur de Sergio Kokis

Je ne connaissais pas l’écrivain Sergio Kokis, et après sa performance à TLMEP, je n’ai pas vraiment le goût de le lire… Vous me direz que c’est en partie du préjugé qui s’appuie au niveau politique et que je transférerai au niveau littéraire, mais il a fait ce qui me dégoûte le plus, et il semble que ce soit de plus en plus à la mode de le faire : il s’est donné en exemple, a analysé sa propre situation, s’est servi du particulier pour expliquer un phénomène de société, pour critiquer un état de fait. Donc, il a critiqué la manière de parler des Québécois en clamant haut et fort, et de manière assez condescendante, qu’il parle mieux que nous tous. (Après les bilinguistes imbus d’eux-mêmes et les polyglotteux de tout acabit, voilà la police de l’accent et de la perfection linguistique! Et je ne blague quasiment pas…)

Le pire, c’est qu’il a raison, il parle mieux que moi, mieux que la majorité des Québécois. Par contre, après 40 ans passés ici il n’a pas cru bon de remarquer qu’il n’est pas en France, et j’exagère à peine (même si je ne crois pas que la France soit tellement mieux que nous au niveau du français, ils ont d’autres lacunes… si on croit comme moi au canon du français international et non à l’absoluité du français parisien). Surtout, et c’est important, il se vantait de parler mieux que nous alors que le français n’est pas sa langue maternelle, en donnant à cela tout le poids argumentatif voulu. Sauf qu’il ne semble pas comprendre que le problème ici vient exactement de là, de la langue maternelle : nous avons appris à parler plus ou moins en joual et non en français de France, puisque nous sommes au Québec et que le Québec a une histoire linguistique autre que la France et tous les autres pays francophones hors Amérique. Et ça ne fait pas très longtemps que la distance n’est plus importante. Faudrait au moins se l’avouer.

Je ne devrais pas me donner en exemple, mais vous m’excuserez, car je crois que ma situation est semblable à la majorité des gens du Québec qui sont de souche canadienne-française et qui ont appris à parler parmi une majorité de gens de souche canadienne-française, et ça tombe que l’on peut catégoriser ce parler de joual. Comment je pourrais ne pas avoir plus de difficulté que Sergio Kokis à bien parler français étant donné que la mise en bouche de ma langue s’est faite avec mes parents à ma petite enfance, et qui ont beaucoup de lacunes (d’autres diront des formulations colorées, dont moi, parfois). Ensuite, avec ma famille, mes amis, le mimétisme a fini de bâtir mon parler.

Je suis sur terre depuis presque aussi longtemps que Sergio Kokis est ici et pourtant je peux dire objectivement que le joual ambiant a été hautement plus influent pour moi que pour lui, parce que lui a pu faire un choix que je n’ai pu faire (et il a appris le français en France en plus…). Jusqu’à ce que je sois adulte, je n’aurais jamais pu me donner comme but de parler à la radio-canadienne, car je me serais peinturé dans le coin, à cette adolescente époque de ma vie. Aujourd’hui, en certaines circonstances, surtout à la maison avec Douce, j’essaye de m’améliorer, mais le naturel revient quand même souvent au galop!

Donc, l’amélioration du français parlé ne pourrait se faire que lentement, à la mesure de l’amélioration des parents, surtout, et de l’école et des médias, enfin. Et je crois beaucoup que l’apport des immigrants francophones pourra nous aider à long terme, encore par le mimétisme. Le joual disparaîtra peu à peu, surtout j’espère le machouillage de mots et les hypercontractions, en espérant quand même que son côté créatif et imagé restera. Ça reste une belle contribution à la francophonie.

Si le sujet vous intéresse plus amplement, Bibco et Le professeur masqué en ont aussi parlés dans leurs blogues respectifs.


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