Dans l’article du Devoir qui fait état de la question des cours d’anglais offerts aux immigrants francophones, il y a un paragraphe, et surtout une phrase (que je mets en caractère gras) qui me fait tiquer :
Pour décrocher certains types d’emplois, le bilinguisme est essentiel dans la région de Montréal. C’est le cas notamment des emplois en administration et en informatique, a signalé M. Kachani. Il faut aussi noter la présence de nombreuses filiales de compagnies américaines où la connaissance de l’anglais est bien vue.
Je me demande bien si le gros noeud du problème du bilinguisme mur-à-mur qui est demandé au Québec, surtout à Montréal, vient de là. Je suis bien d’accord que la connaissance de l’anglais soit un plus pour quiconque, mais si ça vient d’un caprice corporatiste, où par exemple le grand patron veut pouvoir parler en anglais à tous ses employés, sans exception, ça me semble discutable : c’est du totalitarisme « soft », mais cela en est quand même!
Le Québec est francophone, l’État offre des cours de français dans les écoles et aux immigrants fraîchement arrivés. Il offre aussi des cours de base en anglais pour tous (qui permettent à peine de se débrouiller…) dans les institutions d’enseignements, ce qui est bien sûr réservé aux gens ayant grandi ici, c’est la logique même : on ne peut pas être à deux endroits en même temps… Au-delà de ça, l’anglais est la langue commune pour tout le monde dans le monde, je ne vois pas pourquoi on ne paierait pas alors des cours d’anglais avancés pour toute la population du Québec si c’est si essentiel.
Mais avec la phrase plus haut, je doute fortement que le bilinguisme dans le marché du travail soit essentiel au point où on semble vouloir nous le faire croire, surtout dans l’optique où une francisation totale du monde du travail serait possible, avec un peu de volonté politique…
J’ai fait mon stage de fin d’étude dans une entreprise de très grande taille, filiale canadienne d’un monstre étatsunien (monstre dans le sens d’énorme). Cette filiale est établie sur la rive-sud de Montréal depuis 1928…C’est assez simple: historiquement les bureaux (lire la direction) sont « anglos » et l’usine « franco ». Bon je généralise, avec le temps francos et anglos sont partout (et de partout).
Donc retour au stage, au service des ressources humaines. Un matin, je participe à une réunion de service bien ordinaire où contrairement à l’habitude nous ne sommes que 10, francophones. La réunion s’est déroulée en anglais (oui!) jusqu’à ce que j’allume que nous sommes tous francos…
Ceci pour illustrer qu’il y a une culture organisationnelle qui perdure, qui a la couenne dure. Pourquoi? Là est la question!
Pourquoi?
Simplement parce que les boss on le gros boute du bâton…
L’argent donne l’immunité quant au respect ça l’air, et j’écris ça même si je sais que j’exagère!
Je pense que ça va chercher encore plus loin…Un genre de mémoire collective peut-être? JE ne sais trop j’extrapole et je suis peut-être dans le champ. J’ai observé que malgré la présence de francophone à des postes clés, même au sein de la haute-direction, c’est pareil.
Mais dans l’usine, c’est autre chose: syndicat hyper fort et présent, et très très franco.
On dirait un clash entre 2 mondes…Bin, c’est pas on dirait c’est carrément ça!
pour avoir travaillé jusqu’à vendredi passé dans un milieu bilingue, combien de fois j’ai vu des courriels écrit en anglais quand tous les personnes de la liste était francophones, combien de réunion que j’ai vu avec 9 francos et 1 anglos et ça parlait anglais seulement. Les anglais ont une sainte peur de parler français, je ne sais pas s’ils ont peur de perdre leurs gonades mais ils sont très récalcitrant à ce fait alors pour eux que les employés parlent anglais en leur présence est finalement plus un caprice car le besoin n’est pas si grand que cela. Il y a aussi beaucoup d’anglos qui ne parlent pas bien le français mais qui comprennent très bien le français, c’est juste que le réflexe de colonisé des francophones fait qu’ils vont plier. Excuse moi d’être un peu dur mais pour avoir travaillé en milieu anglo j’ai vu plus souvent des francos plier l’échine et parler Shakepeare que d’invoquer Molière et que de se faire respecter dans un pays bilingue (Canada) ou unilingue français (Québec)
Lusciousloba,
bon, si tu l’dis! 😉
Moi j’ai toujours peur d’avoir l’air extrémiste…
Y-Man,
ça m’a tout l’air que ton expérience représente assez bien beaucoup de cas, et ton nouveau milieu de travail?
en français seulement yéééééééééééé
Y-Man,
super!
Moi aussi c’est pas mal ça. Bar franchement francophone, avec un nom très francophone, mais il arrive de temps en temps que des clients m’abordent en anglais, et il appert majoritairement qu’ils sont bilingues, finalement… 😦
Je ne veux pas crier au scandale… mais si les immigrant recoivent des cours gratuit.. pourquoi je devrais payer pour en avoir?
Je vais me faire l’avocate du diable…
Je travaille dans un milieu à 100% bilingue. Il ne peut pas y avoir plus bilingue : nous sommes tous traducteurs. Les deux-tiers sont francophones, le tiers sont anglophones. Nous parlons tous les deux langues, à différents degrés. Quand un anglophone parle, il parle en anglais, et le francophone qui lui répond répond en français.
Mais ce n’est pas naturel. En général, le plus à l’aise dans la langue de l’autre change. Par politesse. Aussi pour utiliser la même terminologie. Sinon, on se concentre plus sur la traduction de la discussion que sur le sujet même. Quand on parle une langue, on doit penser dans cette langue, sinon, ça ne fonctionne pas très bien. D’où la contamination. Le fait que ce soient les francophones qui se « sacrifient » tient de plusieurs facteurs… certains plus légitimes que d’autres. Mais en général, il ne suffit que d’un francophone qui s’entête à parler français pour que tous les autres adoptent cette langue durant la conversation. À condition que tout le monde comprenne le français.
Ce que je rouve sidérant, c’est que les examens de bilinguisme sont plus difficiles pour les francophones que pour les anglophones… immigrants ou non.
Les cours d’anglais qui sont donnés dans les écoles primaires et secondaires (qui sont gratuits et obligatoires pour tous les enfants et adolescents) ne sont pas mauvais. J’y ai appris l’anglais. Bien entendu, comme tout cours de langue, le contexte scolaire est très limité, il faut vivre dans une langue pour vraiment pouvoir s’y sentir à l’aise. Cependant, je dirais que les cours sont adaptés au milieu. Si on est à l’école en Outaouais, les cours seront plus efficaces que si on les prend au Saguenay – on est beaucoup plus exposé à l’anglais en Outaouais, ce qui fait qu’on apprend la langue plus facilement, mais aussi, que l’apprentissage de cette langue est plus importante que dans une région où on y est moins exposé.
La fin justifie les moyens. si on veut vraiment apprendre l’anglais, on le fait. On va passer un mois ou deux en territoire « ennemi », puis on revient bilingue. Si des québécois de souche ont du mal à apprendre l’anglais, c’est probablement parce qu’ils n’en ressentent pas le besoin, ou que d’autres besoins sont prioritaires. Après tout, y’a des québécois de souche qui ne savent ni lire ni écrire dans leur propre langue, mais ça, il ne faut pas en parler…
DavidB,
très légitime comme question. Mais sur le blogue de Patrick Lagacé, j’ai lu qu’un génie du nom de David Gagnon pense que le fait que nous ayons tous eu des cours d’anglais à la petite école justifierait cette gratuité unilatérale… Wow! je suis presque venu dans mes culottes!
ND,
« Si des québécois de souche ont du mal à apprendre l’anglais, c’est probablement parce qu’ils n’en ressentent pas le besoin, ou que d’autres besoins sont prioritaires. »
c’est ce que je me tue à faire comprendre à plusieurs… Ça ne devrait pas être un luxe d’être unilingue francophone au Québec!
Exception faite de Montréal et de Gatineau, au Québec, l’anglais reste un atout et n’a rien d’une nécessité.
Ce qui me fascine, c’est cette capacité qu’on a à se contredire quand il est question de démographie.
On s’entend pour dire qu’on a besoin de gens qualifiés pour payer la pension des baby boomers qui partent à la retraite, qu’on est en pénurie de main d’oeuvre et que la pénurie ne va qu’empirer au cours des prochaines années. Les politiques familiales commencent déjà à produire des booms de naissances, mais ces bébés ne seront sur le marché du travail que dans 15 à 20 ans. Tout de suite, là, on a besoin de spécialistes en tout genre. Une des solutions? Favoriser l’immigration de travailleurs qualifiés.
Alors on le fait. On va en France, par exemple, et on dit « venez au Québec, on a besoin de vous. » Sauf que les Français, une fois ici, ils ne sont pas pris en charge. Pire : on leur dit qu’ils doivent reprendre leurs études depuis le début, parce que nos pratiques sont très différentes. Bref, on veut importer des travailleurs, mais on met tous les obstacles possible au fait qu’ils travaillent. Et puis quand ça se sait, ça crie au scandale.
Alors, le gouvernement se dit « bon, ok, on a besoin d’immigrants, mais on a aussi besoin que ces immigrants travaillent… sinon, on crée des problèmes au lieu de les régler ». Alors, la solution du gouvernement? Donner des cours! Hm. Peut-être que la solution devrait être d’informer les immigrants des qualifications nécessaires AVANT de les inviter chez nous, d’une part, et de négocier avec les ordres professionnels qu’ils révisent leurs exigences ou qu’ils offrent des programmes de mise à niveau qui feraient en sorte que les professionnels immigrants n’aient pas à refaire 4 à 10 ans d’études pour se qualifier à nouveau… Un an, ce devrait être en masse pour expliquer les différences entre ici et là-bas, non?
Ensuite, quand le gouvernement dit « bon, ben on donne quelque chose aux immigrants pour que les québécois de souche n’aient pas à leur verser de BS », ça crie encore au scandale. Parce que donner aux autres, ça implique nécessairement que c’est discriminatoires à l’endroit de ceux qui ne reçoivent pas? Un peu comme si donner des lunettes aux myopes serait une discrimination à l’endroit de ceux qui ont une vue parfaite? Pourtant, les cours qu’on reçoit à la « petite école », ils coûtent cher au gouvernement. Avez-vous déjà calculé le nombre d’heure que chaque Québécois passe dans une salle de cours d’anglais dans sa vie?
Au secondaire seulement, j’avais au moins 2 heures de cours d’anglais par semaine. On multiplie par 36 semaines (180 jours d’école, divisés par 5), puis par 5 ans de secondaire, ça fait un total approximatif de 360 heures de cours d’anglais que j’ai eus aux frais de l’État. Et ces cours étaient amplement suffisants pour que je comprenne le vocabulaire de base et les règles de grammaire. Le reste, ben c’est comme pour toute autre langue, c’est la pratique, ça ne s’apprend pas en cours.
Ne venez pas me dire que de donner une quarantaine d’heures d’anglais à des immigrants cause préjudice aux non-immigrants. Ça sonne un peu xénophobe à mes oreilles.
Si les immigrants ont du mal à s’intégrer, c’est peut-être à cause de ce genre d’attitude « r’gardez-les qui vienent nous voler nos jobs » et maintenant : « r’gardez-les qui viennent nous empoisonner notre langue et notre culture »…
@ND: Si les immigrants ont du mal à s’intégrer, c’est probablement dû au fait qu’ils sont d’abord mal informés AVANT leur arrivée, pas pris en charge à leur arrivée et que leurs qualifications ne sont pas souvent reconnues. Et évidemment s’ajoutent à ça une panoplie de barrières culturelles, psychologiques et sociales (dont le sexe, les immigrantes sont trop souvent désavantagées).
Je n’ai jamais été une extrémiste de la langue, pas plus maintenant qu’avant. Je m’adapte quand l’autre ne parle pas ou peu le français. Mais je constate simplement qu’ici on fait pas mal d’accommodements comparé à ailleurs (je pense seulement à l’Ontario). Je ne crois pas que donner 40 heures d’anglais à des immigrants cause préjudices aux autres, mais je constate que trop souvent les cours de français offerts sont insuffisants.
Alors qu’on aide les immigrants à se trouver un meilleur boulot ou à carrément leur permettre de travailler en respectant leurs qualifications en leur offrant des cours d’anglais oui c’est louable. Mais investissez aussi dans les cours de français. C’est pas vrai que ça s’apprend en 40 heures! Ça prend plus de temps, et ça prend un suivi, entre autres dans la communauté.
Par ailleurs, ce qui m’insulte, c’est qu’un non-immigrant d’origine anglophone vivant depuis sa naissance au Québec, ne soit pas fichu de parler français…Oh ils le comprennent souvent fort bien toutefois! Mais avoir à insister pour avoir un menu en français, me faire servir en français, oui ça m’enrage!
Si l’anglais est un atout sérieux (ne nous leurrons pas c’est la langue des affaires) n’en demeure pas moins que le Québec est une province francophone.
Moi je continue à croire que le SEUL emploi où le bilinguisme devrait être exigé, c’est celui où l’on doit communiquer avec des gens de d’autres pays. Par exemple, une entreprise en commerce international, import / export, etc.
Moi j’ai de la chance. Je travaille dans une entreprise moyenne dont 95% des clients sont aux États-Unis. La langue de travail est en français. Quelques anglophones (disons 4 ou 5) travaillent ici, mais comprennent le français un peu. Les courriels internes sont entièrement en français. Les feuilles de temps sont en français.
Et maintenant, grâce à moi, nos interfaces d’administration pour nos promotions sont en français (et je n’ai pas demandé la permission… je l’ai fait ainsi et c’est tout.)
La seule chose qui me dépasse, c’est le message téléphonique lorsqu’on appelle au numéro central. « To continue in french, press 9 ». Mais la plupart des gens qui appellent sont de l’extérieur. Je n’ai pas trop à me plaindre, mais je n’accepterai aucun pas vers l’arrière 😉
ND,
je ne sais pas trop si j’ai envie de m’embarquer dans le débat à savoir s’il y a de l’hypocrisie de notre part de ne pas être d’accord avec cette gratuité, et si c’est de la xénophobie… Ça me semble un peu facile.
Mon billet pose la question à savoir si le bilinguisme est si essentiel, ce qui me permet de penser que ces cours gratuits sont peut-être superflus pour la majorité d’entre eux.
Si la majorité des habitants du Québec parlent français, je ne vois pas pourquoi la majorité des communications internes ne pourraient pas se faire en français. Je me demande quel pourcentage des emplois demande un bilinguisme utile et non seulement capricieux!
Je crois que cette question met en veilleuse toutes les autres…
Lusciousloba,
« (ne nous leurrons pas c’est la langue des affaires) »
ce n’est pas un reproche, mais ça me fait bien rire, parce que si on y pense, les gens oeuvrant dans le milieu des affaires sont vraiment minoritaires… Et c’est l’argument numero uno pour bilinguiser la totalité des Québécois… (Je n’ai rien contre le bilinguisme, mais je le préfère volontaire qu’imposé, quand c’est pour des raisons en plus fortement discutables…)
Le Détracteur,
lâches-pas!
@Renartléveillé: J’aurais en effet dû écrire que c’est une langue qu’on utilise très souvent vers l’extérieur du Québec. Bilinguisme obligé quand tu te diriges vers une branche qui te demande de communiquer en anglais. Après, c’est une question de choix, de goût, de culture. Perso j’aime bien l’espagnol, c’est plus chantant et chaud! 😉
La bataille des langues est perdue d’avance aussi longtemps que le peuple québécois de souche est décidé à se laisser mourir.
Sinon, il sera progressivement remplacé par des immigrants qui, s’il sont francophones, se foutent éperdument de notre culture. Dans quelques générations, cette culture aura presque disparue, et même la séparation du Québec, ni l’interventionnisme du gouvernement, ne pourra le sauver. Nous suivrons tout simplement la voie des autochtones… Je suis certains qu’ils se bidonnent maintenant.
(Je suis dans un étrange état d’esprit en ce moment)
lusciousloba,
« Bilinguisme obligé quand tu te diriges vers une branche qui te demande de communiquer en anglais. »
exact! et très normal!
Si un immigrant obtient un cours d’anglais pour travailler dans une usine, dans un emploi manuel, là je me demande…
Philippe,
« (Je suis dans un étrange état d’esprit en ce moment) »
ouais, il me semblait aussi…