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L’ADQ et l’anglais

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Loin de moi le désir de me mêler des affaires de l’ADQ, mais, quand même, ce court billet de David Chrétien qui pointe un groupe Facebook se nommant « De l’anglais lors des débats à la chefferie de l’ADQ! » m’a fait un peu cligner de l’oeil.

Il s’agit de vanter l’idée de faire un 15 à 20 minutes d’échanges en anglais lors du débat de la course à la chefferie le 18 octobre 2009. C’est du clientélisme parfaitement assumé, soit. Mais je ne peux pas m’empêcher d’y voir quelque chose de symbolique.

Pour ce qui est de la tranche d’électeurs anglophones, d’après ce qu’on entend, ils sont censés comprendre le français — à part quelques trop nombreuses exceptions —, alors leur donner un petit bonbon sera possiblement payant, je n’ai rien à redire. Mais c’est plutôt cette partie du texte d’explication du groupe FB qui me chicote :

En outre, il ne faut pas oublier les gens issus de l’immigration qui ont, pour certains, encore du mal à comprendre le français, mais qui souvent se débrouillent en anglais.

Le problème que je vois avec ça, c’est que, à petite échelle, cela ajoutera au message global déjà bien installé que les nouveaux arrivants n’ont pas besoin d’apprendre la langue d’usage des gens qui habitent cette province, puisque tout le monde, enfin presque, les accommodera dans la langue du fédérateur canadien, dans la langue de la mondialisation.

On sait que l’ADQ est un parti qui regroupe des gens qui penchent soit plus vers le souverainisme-nationalisme, soit plus vers le fédéralisme, même s’ils se targuent d’être autonomistes. Ce n’est pas bien difficile de comprendre de quel côté cette idée provient.

Yoyolande James

Ce billet vient de paraître parallèlement sur le blogue « Les 7 du Québec ». Les commentaires seront ici fermés, alors si vous désirez en laisser un ou bien les lire, suivre l’hyperlien précédent.

C’est par un billet de la blogueuse Nicole que j’ai appris que Yolande James, la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, a présenté la nouvelle stratégie de son gouvernement (synthétisée ici par Louise Leduc de La Presse):

Dès 2009, avant d’arriver au Québec, les immigrants devront avoir signé une déclaration démontrant qu’ils comprennent les valeurs du Québec, une société libre et démocratique où les hommes et les femmes ont les mêmes droits et où le français est la langue officielle.

Pourtant, le 22 octobre dernier, Madame James annonçait en grande pompe qu’il n’était « pas question que le gouvernement oblige tous les candidats à l’immigration à connaître le français avant de débarquer au Québec ». Il semble y avoir volte-face, mais la réponse se trouve à la fin du premier article cité :

En cas de bris de contrat (sic), l’immigrant ne pourra cependant pas être renvoyé dans son pays d’origine puisque (sic) aucune coercition ne sera exercée.

Visiblement, c’est une tentative de réunir l’opinion publique autour d’un double message. C’est le même désir d’en donner beaucoup pour calmer la crainte des francophones de voir le français reculer avec l’arrivée massive d’immigrants et de satisfaire à la fois les autres qui n’en ont rien à faire. C’est du symbolisme, autant que celui de la nation Québécoise dont nous a servi Stephen Harper et qui leur sert d’argumentaire. En espérant quand même qu’il sera porteur pour les nouveaux arrivants et qu’ils ne se seront pas fait dire le truc en catimini… Avec Immigration Canada dans les parages, j’en doute fortement.

Nicole se demandait : « est-ce que ça aurait un quelconque rapport avec la tenue possible d’élections en décembre? » Je dirais que oui simplement parce qu’il n’y a qu’une semaine entre les deux annonces. Le parti libéral a travaillé très fort pour se donner une aura consensuelle sur la question de l’immigration. Sans oublier la question linguistique.

Encore, une phrase de l’article de Louise Leduc me questionne beaucoup :

Au surplus, les immigrants devront commencer l’apprentissage du français avant de quitter leur pays d’origine.

Désolé, mais concrètement, je ne vois pas comment cela pourrait être contrôlé. Ce « contrat » ne semble pas être un test en bonne et due forme, alors tout repose seulement sur la bonne foi des candidats. Espérons que cela les influencera dans le sens voulu, en apparence.

BT : nous avons accepté quoi? (bis)

Avec tout l’énervement dû au Blogu’Or et ma joie d’annoncer ma paternité prochaine (merci beaucoup encore pour vos félicitations! vous me rendez tous bienheureux!), j’ai complètement oublié de vous faire part de la publication hier matin de mon dernier billet sur Branchez-vous! qui discute d’une des prémisses du rapport Bouchard-Taylor. La discussion va déjà bon train avec plus de cinquante commentaires.

Et en parlant de commentaires, je les ferme ici, car c’est là-bas que ça se passe, ne soyez pas gênés! 😉

Des petits caprices?

Dans l’article du Devoir qui fait état de la question des cours d’anglais offerts aux immigrants francophones, il y a un paragraphe, et surtout une phrase (que je mets en caractère gras) qui me fait tiquer :

Pour décrocher certains types d’emplois, le bilinguisme est essentiel dans la région de Montréal. C’est le cas notamment des emplois en administration et en informatique, a signalé M. Kachani. Il faut aussi noter la présence de nombreuses filiales de compagnies américaines où la connaissance de l’anglais est bien vue.

Je me demande bien si le gros noeud du problème du bilinguisme mur-à-mur qui est demandé au Québec, surtout à Montréal, vient de là. Je suis bien d’accord que la connaissance de l’anglais soit un plus pour quiconque, mais si ça vient d’un caprice corporatiste, où par exemple le grand patron veut pouvoir parler en anglais à tous ses employés, sans exception, ça me semble discutable : c’est du totalitarisme « soft », mais cela en est quand même!

Le Québec est francophone, l’État offre des cours de français dans les écoles et aux immigrants fraîchement arrivés. Il offre aussi des cours de base en anglais pour tous (qui permettent à peine de se débrouiller…) dans les institutions d’enseignements, ce qui est bien sûr réservé aux gens ayant grandi ici, c’est la logique même : on ne peut pas être à deux endroits en même temps… Au-delà de ça, l’anglais est la langue commune pour tout le monde dans le monde, je ne vois pas pourquoi on ne paierait pas alors des cours d’anglais avancés pour toute la population du Québec si c’est si essentiel.

Mais avec la phrase plus haut, je doute fortement que le bilinguisme dans le marché du travail soit essentiel au point où on semble vouloir nous le faire croire, surtout dans l’optique où une francisation totale du monde du travail serait possible, avec un peu de volonté politique…

Billet sexiste

Ne vous inquiétez pas, je ne serai pas intolérant. Mais ce billet parlera bien sûr d’intolérance en général, et plus amplement de sexisme. (Ajout : donc un billet entre autres au sujet du sexisme) J’irai même du côté de la politique, c’est pas peu dire…

Mon petit tour de la blogosphère a fait ressortir ce matin quelques billets où je crois qu’il y a disproportion et/ou analyse défaillante. Le premier, un billet de Christian Vanasse, avec lequel je suis majoritairement d’accord, pointe premièrement le sexisme anti-masculin dans la pub avec, entre autres, l’exemple suprême de la pub de Jeep, où :

Un petit couple se fait proposer par un vendeur de chars des rabais en argent ou en matériel à l’achat d’un véhicule neuf. Le vendeur propose d’abord 1000$ d’accessoires de camping d’une marque connue. La femme du couple s’imagine aussitôt en vacances dans un décor bucolique faisant une ronde avec ses enfants avec en fond sonore une petite musique téteuse. Notez en passant que l’homme est absent du décor. Le vendeur parle ensuite de 1000$ d’essence gratuite. Aussitôt, l’homme du couple s’imagine au volant de son 4X4 spinnant dans la bouette et riant comme un malade sur fond de musique rock and roll. Yeah. Évidemment, le gars est tout seul à se faire du fun en brûlant 1000 piasses de gaz.

Par contre, il ajoute dans le lot la pub de nourriture pour chat Whiskas, où le chat de la maison est représenté par un homme, ce qui je trouve est pas mal tiré par les cheveux. Je lui ai fait savoir en commentaire :

Michel Brûlé a déjà pointé cette pub sur le site « Les dents du Québec » dans la vidéo nommée « Les hommes québécois sont de parfaits imbéciles! », où il fait étalage des pubs misandres… (et où dans sa conclusion il dit que l’« ennemi » n’est pas l’homme, mais l’Anglais!). J’ai bien de la misère à voir dans cette pub du sexisme envers les hommes puisqu’il est clair que la psychologie féline est bien loin de celle du mâle humain… Je crois donc que c’était plus une question de « casting » : qui entre les hommes et les femmes aiment plus les chats en général?

Il aurait été alors assez bizarre de mettre en scène une maîtresse et une chatte, donc pas d’hommes dans la pub, oups! et encore plus un maître et une chatte : quel publicitaire stupide aurait choisi cette dernière solution?

Alors, je crois que la solution de la maîtresse et du chat représenté par un homme est la meilleure solution, celle qui risquait de froisser le moins de monde par rapport à ce concept de pub. (Pour la valeur du concept, c’est une autre question!)

Je n’aime pas les pubs qui utilisent le sexisme, mais je trouve que de classer cette pub là-dedans est un peu parano…

Un autre billet m’a fait réagir aujourd’hui, et c’est celui de Mandoline qui a pour sujet l’histoire sordide d’un père autrichien qui a séquestré sa fille pendant 24 ans et qui lui a fait 7 enfants… Elle débute son texte en lionne, et je cite :

y’ a des soirs comme celui-ci où il me plairait de broyer un homme de mes propres mains…

Ma réaction :

En lisant ce bout de phrase, je me dis que les hommes normaux ont la couenne dure…

Imagine une histoire sordide mettant en scène une femme et que tu lisais, à la suite de ça, un texte de ma plume qui contiendrait cette phrase : y’ a des soirs comme celui-ci où il me plairait de broyer une femme de mes propres mains…

Bobo dans les tripes hein?

T’inquiètes, je ne suis pas fâché, j’essaye juste de relativiser…

Cette histoire est le comble de la méchanceté et de la folie, j’en conviens, mais ce n’est pas un homme qui l’a perpétré, mais bien un monstre! Et pour moi un monstre est asexué… même si sa faute est sexuelle.

Donc, voilà pour moi quelques petites dérives possibles quand il s’agit de réagir au sexisme. Dans le premier cas, c’est d’utiliser la mauvaise grille d’analyse et dans le deuxième cas c’est de réduire un problème particulier à une généralité, ce qui n’aide pas du tout à amoindrir l’impression de « guerre des sexes » perpétuelle…

Du côté de la politique, la dérive sexiste se transforme en intolérance et en analyse partisane. L’exemple que je donne à Christian Vanasse avec Michel Brûlé et sa proposition de détournement de la haine des hommes vers la haine des « Anglais » est probant. Comme si la misandrie devenait acceptable quand il s’agissait d’un homme anglophone…

Un autre exemple de mauvaise grille d’analyse revient à David Chrétien et son dernier billet au sujet de la position de l’ADQ et du PQ par rapport à la question du français. Il utilise la proposition du PQ, pour un renforcement de la loi 101, pour critiquer la position de Maka Kotto au sujet des dernières affiches de l’ADQ. Il faudrait que ce jeune homme se réveille, puisqu’il manque un élément clé dans son analyse : le PQ n’inclut pas la question de l’immigration dans son projet tandis que l’ADQ l’a inclus dans son affiche. C’est bien ce lien implicite entre un recul du français et une augmentation de l’immigration qui était fortement discutable, et non seulement la question du français. Alors, de pointer le PQ comme étant contradictoire (ou plutôt proche idéologiquement de l’ADQ) est d’un simplisme enfantin : le lecteur moyen est capable de comprendre la différence entre un parti qui propose une loi et un autre qui alimente la peur. Voilà où mène la partisanerie : on occulte des données pour faire transparaître un argumentaire qui a un semblant de logique, ce qui n’est pas le cas après un examen approfondi. Au moins, il est clair que cela sourira seulement aux plus stupides des mariodumontistes… enfin, j’espère!

En somme, je vois dans tout cela un manque de perspectives externe à soi. Qui se dresse contre une tendance lourde pointe souvent tout ce qui peut y ressembler, même de loin. Qui se dresse violemment contre une situation particulière en vient à faire des liens inutiles pour appuyer ses dires. Qui dénonce en profite pour user d’opportunisme et relancer la balle dans un autre sens. Qui se sent attaqué cherche par tous les moyens à fabriquer des liens pour se sortir de l’impasse.

Serait-ce par hasard si difficile de se mettre dans la peau des autres, et surtout dans la tête des autres?

(Photo : granty)

TQS par là, dumoncratie par ci!

Je n’ai pas trop d’opinion tranchée au sujet de TQS et des possibles coupes dans l’information, bien que ce soit un sujet chaud. Je vais donc vous laisser aux bons soins de mon ami l’Équilibriste qui a torché un billet bien juteux et bien odorant comme il en a le secret! (Pour les amateurs de scoops politiques, portez une attention particulière au post-scriptum, ça vaut le détour!)

Par contre, au sujet de l’ADQ-ÉMD, il a été assez minimal, comme vous pourrez le voir ici, alors c’est moi qui vais en remettre.

Je suis tombé ce matin sur un billet de Bryan Breguet où il utilise la belle expression : dumoncratie! Je la voyais pour la première fois et j’ai fait quelques petites recherches. Il semble que c’est le caricaturiste Y-Greck qui a été le premier à l’avoir utilisé sur le web, s’il n’en est pas lui-même le paternel…

Ce que j’ai trouvé assez étrange, c’est qu’il a utilisé ce terme dans un contexte de célébration du bond spectaculaire de Mario Dumont aux dernières élections provinciales. Pourtant, le suffixe « cratie», en rapport avec le pouvoir, est la plupart du temps négatif, comme le terme « autocratie » est synonyme de « tyrannie », ce qui est assez contraire à « démocratie », quand même…

Pour revenir à Bryan Breguet, blogueur droitiste, son billet pointe la dernière « superbe » publicité adéquiste rappelant étrangement l’extrême-droite européenne et sa propre désaffiliation :

Et dire que j’ai déjà milité pour ce parti, c’est ridicule. Je suis rendu anti-ADQ. De toutes manières l’ADQ n’est plus un parti de droite économique, mais de droite nationaliste, interventionniste et xénophobes. Quand LE problème devient l’immigrant en soit, alors là on frôle carrément l’extrême-droite.

Quand les alliés naturels quittent le navire, qu’est-ce qu’il peut bien rester? Environ un maigre 18%, d’après les derniers sondages, ce qui n’inclut pas encore les répercussions de l’onde de choc qui se fera assurément sentir dans le futur. Tout est question de perception et cette affiche ambiguë est bien la preuve que l’amateurisme en politique et en marketing (aussi en graphisme…) ne pardonne pas.

Ajout :

le point de vue de V sur la situation actuelle de l’ADQ me plaît beaucoup, je vous conseille fortement la lecture de son dernier billet.

Autre ajout :

au sujet de TQS, très bon billet à lire, de Lutopium.

S’étourdir avec Claude Jasmin

Via Bon blogue, Bad blogue, je suis tombé sur un billet de l’écrivain Claude Jasmin qui dépeint un concept qui m’était inconnu, soit le « racisme inverti », qui serait la maladie pernicieuse « qui consiste, à l’inverse des « racistes ordinaires », à non plus à craindre les [immigrants], -xénophobie-, au contraire il est celui, complexé, qui se méfie systématiquement de ses propres compatriotes. » Ça me semble représentatif comme exposition, parce que je sens le germe de cette maladie en moi, mais j’ai peur d’embarquer dans son bateau…

Et il continue dans une lignée un peu plus objective, déballant la différence entre l’émigrant et le colon. Comme il dit :

Il y aura toujours des sophiste pour avancer que même Adam et Ève étaient des émigrants quand ils furent chassés de l’Éden. C’est rigolo… mais la farce cesse quand on refuse de distinguer émigrants et colons. Eux qui traversèrent un océan et cela en des temps effroyablement rudes -sans cargos rapides ou avions à jet- pour « faire de la terre » en arrachant les souches à déterrer avec un soc de charrue antique. Tel mon ancêtre en 1700. L’émigrant doit s’enligner, le pauvre, aux bureaux chics d’Émigration- Canada, doit jurer « fidélité à la Reine d’Angleterre » dans un joli parterre à fanions unifoliés. Un vaste monde les sépare. Les émigrants honnêtes en conviendront. Tant mieux si l’émigrant trouve, dès son arrivée, des aqueducs, des égouts, de l’électricité, des protections sociales organisés avec les fonds publics des générations de Québécois. Ô lampe à l’huile du temps des abatis ! Ô temps durs des valeureux prédécesseurs aux commencements du Québec !


Même là, il y a du chambranlant, même si les faits sont les faits, mais d’aucun ne voudrait vulgariser ça, ni se gargariser de ça sous peine d’excommunication civile. Parce que oui c’est du donnant donnant, et j’en conviens : l’offre (la dénatalité) et la demande (le rêve américain) sont des amis très viables. Mais l’auteur jette quand même une boule à toute allure sur les quilles qui forment les mots : nous sommes tous des immigrants! C’est que j’ai toujours ressenti un malaise à ce qu’on accuse mes ancêtres au travers de ma personne, car ma peau n’est pas du tout perméable. La culpabilisation a des limites.

Mais quand il vilipende le dernier film « Le peuple invisible » de Desjardins, d’une manière factuelle, « nos ancêtres n’enfermaient pas les autochtones d’ici. C’était Ottawa -ni Québec, ni le PQ- qui décidait d’attenter à la moindre intégration. Il installa ces maudites « réserves », ghettos pour les isoler. Ottawa gérait et gèrent encore les « statuts » des première nations. » mais qu’il annonce plus élaboré dans un prochain billet, il y a une partie de moi qui attends ses explications, l’autre qui a peur de suivre son sillon, puisque je crois au bien-fondé de la démarche du chanteur engagé. Pour être romantique, il y a une partie de moi qui s’effondrerait.

J’ai rarement été devant un billet qui me brassait autant la cage. Je suis le roseau, joignez-vous à mon vent.

Québécois, au petit coin!

J’étais de bonne humeur en me levant, mais là je le suis un peu moins… Steve Proulx a commis ce matin un texte pénible — le propos, pas sa plume —, où justement il utilise les résultats scolaires désastreux en français pour encore nous rendre coupables de désirer une plus grande francisation des immigrants (et, pour ce faire, il dénigre bien sûr le projet de loi de Pauline Marois…). J’en ai parlé voilà quelque temps déjà dans mon texte « Notre langue molle », mais voici quand même mon commentaire :

Je suis aussi amoureux du français, mais je ne fais pas cet amalgame douteux entre le désir que les immigrants puissent au moins converser avec nous dans cette langue et notre défaillance au niveau du français écrit.

Ce sont deux points qui n’ont aucun lien : attendrons-nous d’être collectivement des champions de l’orthographe, de la syntaxe, de la grammaire avant de pouvoir oser demander aux nouveaux arrivants d’opter pour la langue française au lieu de la langue anglaise, qui est plus facilement assimilable? Non, car ce sont deux problématiques parallèles.

Je comprends bien le but de faire sentir la population coupable de son mauvais français, et c’est louable, enfin presque, mais ça ne fait que détourner le regard, tandis qu’il faudrait globaliser un peu plus.

Voilà comment je vois ce raisonnement exécrable et paternaliste : quand les Québécois seront bons en français, on pourra leur faire le cadeau de les laisser influencer l’immigration à parler leur langue, sinon, ils sont en punition!

(L’image vient d’ici.)

Encore Chez nous c’est pas Pauline…

Vous me direz que je suis beaucoup sur son cas dernièrement, mais ça fait quelque temps que je lis ce blogue, Chez nous c’est pas Pauline Marois, par curiosité, pour comprendre la bête libérale provinciale. Et ça tombe bien parce qu’à mon avis le blogueur ne réussit de plus en plus qu’à se mettre les pieds dans la bouche avec son projet de démolir virtuellement Pauline Marois (comme chef du Parti québécois – principal parti souverainiste – et non comme femme politique, ce que j’ai fait assez clairement au moins une fois ici) et ça devient de plus en plus évident!

Son texte discute de la présentation, par Pauline Marois, d’un projet de loi sur l’identité québécoise. Le pire, c’est qu’il trouve que c’est une bonne initiative, mais avec quelques hics : « c’est que cela favoriserait la souveraineté » et que cela « exigerait une bonne connaissance du français pour accueillir tout nouvel immigrant. D’abord, cela réduirait considérablement le taux d’immigration au Québec. Ensuite, peu d’immigrants ont cette connaissance. »

J’étais bien d’accord pour réfléchir derechef à cette question, mais la suite de son texte ne fait que prouver qu’il accepte la non-connaissance du français pour les nouveaux arrivants au Québec que par justification pour sa propre paresse intellectuelle et linguistique :

Par exemple, j’aimerais bien aller vivre quelques années en Suisse ou en Allemagne. Si on exigeait de moi une bonne connaissance de l’Allemand, je serais cuit.


Pour ma part, j’assume ma propre paresse intellectuelle et linguistique en restant ici et en ne projetant pas de partir de sitôt. Un effort d’apprentissage d’une nouvelle langue serait pour moi la prémisse à un projet d’émigration. À mon avis, c’est la base du respect pour la terre d’accueil. Et je lui ai fait part de cette manière :

Ça prend bien un fédéraliste anglocentriste pour écrire ça…

Franchement, tu ne voudrais pas, par exemple, pouvoir discuter minimalement avec les Allemands dans leur langue et en apprendre donc plus sur leur culture? Ce n’est pas aller vivre dans un autre pays que tu voudrais, c’est faire du lèche-vitrine! Il me semble qu’on choisit d’aller vivre dans un pays étranger pas seulement pour les beaux paysages…


Ajout (vendredi 20h40) :

Voici un très bon commentaire paru sur le dit blogue :

  1. hans dit :
    19 Octobre 2007 à 6:23
    Comme immigrant j’ai fait l’expérience suivante. Ceux qui disent qu’il faut s’assimiler, faire comme chez nous, ne sont en général pas racistes. Ceux qui sont racistes sont ceux qui disent, viens, gardes ta culture et ne te mêles surtout pas à nous. On t’a préparé un joli ghetto dans le quartier St-Michel ou St-Laurent, l’immigrant cela rapporte des $$$$.

    On veut des immigrants, mais ce sont des humains qui viennent.

Une découverte et un abandon

Je viens de lire le dernier texte du blogue « Les trois travaux du Parti québécois » et même si je ne suis pas péquiste, j’ai fortement apprécié ce que j’y ai lu et espère que cela ne sera pas qu’un coup d’épée dans l’eau… Il représente très bien comment je vois le discours souverainiste, dans une optique plus pragmatique. Ce texte apporte de très bonnes solutions à la crise des accommodements, et les commissaires en poste devraient s’en inspirer. Je voulais écrire un mémoire pour la commission, mais j’abandonne, car je ne ferais que répéter à peu près ce qu’il y est écrit.

L’extrait qui suit est assez démonstratif de ma vision de l’utilité de l’immigration :

Il faut abandonner un vision utilitaire qui voit l’immigration comme une solution aux défis démographiques et économiques. En effet, aucune étude sérieuse ne démontre qu’elle peut contrer le vieillissement de la population ou encore régler les problèmes économiques. Cette conception bancale stipulerait également qu’un pays doit fermer ses frontières dès lors qu’il n’a pas de problèmes démographiques ou économiques.

Par ailleurs, les pays qui ont fondé leurs politiques migratoires uniquement sur l’asile politique et le regroupement familial ont tous connu de sévères problèmes d’intégration, notamment la montée de l’intégrisme au sein des communautés migrantes et du racisme au sein de la population d’accueil.

En fait, plutôt que de tenter de lui trouver des vertus surnaturelles et caricaturales, il est temps de considérer l’immigration comme un phénomène naturel. Les sociétés d’aujourd’hui sont toutes les fruits de métissages lointains ou récents. Or, le succès du métissage a toujours été de trouver un maximum de raisons communes qui pouvaient souder les nouveaux arrivants et les habitants locaux.

Ainsi, si le Québec doit rejeter toute forme de racisme ou de discrimination afin de permettre aux immigrants et aux membres des minorités de se fondre dans le reste de la nation, il ne doit absolument pas hésiter à établir clairement les conditions minimales d’intégration en matière de langue, de valeurs sociales et d’insertion socio-économique.

Suis-je en train de devenir péquiste? Nooooon, aaaargh… piiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii…

Mea culpa : oui, je m’intéresse beaucoup à la commission Bouchard-Taylor et toutes les questions qu’elle suscite

J’écris beaucoup sur toutes les questions que soulèvent les AR et j’aimerais faire une mise au point, parce que je ressens un peu de culpabilité due au fait je sais pertinemment que certaines personnes feront des liens, peut-être pas trop à mon avantage, et c’est déjà arrivé… C’est que j’ai écrit sur Kevin Parent et son point de vue sur les AR et là je viens de publier un texte sur la commission à St-Jérôme sur le blogue UHEC (que je ferai paraître ici demain).

Je trouve ce sujet très important parce qu’il s’avère être un moment charnière et historique, et je le regarde donc d’un oeil très critique : il est normal pour moi de relever au jour le jour des éléments à discuter. Mon but dans tout ça est de faire ressortir l’importance de cette commission, à tous les niveaux. Eh oui, le regard de tous est porté sur les immigrants, mais il faut bien que cela en soi ainsi, au risque que la majorité de la population, dont moi, en devienne suspecte.

Ça me fait penser à l’interview qu’à fait Patrick Lagacé la semaine dernière avec le journaliste Martin Patriquin à l’émission Les Francs-Tireurs, correspondant à Montréal du magazine Maclean’s. Ce dernier expliquait qu’il manquait le contexte aux Canadiens des autres provinces pour bien comprendre les enjeux de cet exercice et que nous avions l’air assez suspect, justement.

Malgré cela, je vais continuer de décortiquer le plus possible cette commission et ce qui en ressort dans les médias. Sauf si ça devient parfait bien sûr…

Kevin Parent et les AR : des propos à colorier

À Tout le monde en parle hier, le passage de Kevin Parent et le petit bout où il parle de ce qu’il pense des accommodements raisonnables est très représentatif à mon avis du malaise ambiant par rapport à toute cette question. Pour plusieurs raisons, j’ai pensé retranscrire ici les deux questions de l’animateur et les réponses du chanteur, afin de les analyser plus amplement :

Guy A. Lepage : Tu penses quoi des accommodements raisonnables?

Kevin Parent : ben, j’pense que j’suis quand même un gars ouvert d’esprit pis qui est quand même curieux, mais j’suis quand même inquiet de voir qu’il y a des gens qui veulent s’implanter et dominer. J’trouve qu’il faut se tenir, j’dis pas qu’on a besoin d’un dictateur au Québec mais on a besoin d’un coup de pied dans le cul pis de se faire rassembler. Pis, tant qu’on n’aura pas ça, ben regarde, y’a d’autres mondes qui vont gruger dans une belle culture comme le Québec.

(Applaudissement)

G. A. L. : Qu’est-ce qui te fait de la peine sur le plan social au Québec?

K. P. : Ben, justement, le manque de solidarité, la division. Pis pour revenir encore aux inquiétudes, c’est t’sais, la xénophobie, ou faut pas être raciste pis bon, on peut rien dire à personne pis j’comprends, t’sais. Mais en même temps je jasais avec une copine du milieu pis qui m’a vraiment faite réfléchir, c’est que si quelqu’un nous insulte ou nous importune pis, de peur ou de gêne on peut pas l’exprimer à la bonne personne, mais souvent on se défoule sur les nôtres, t’sais. Pis j’trouve que des fois le Québec se déchire entre eux autres, parce que y ose pas dire haut et fort c’qui pense de certaines situations. Pis moi j’suis pour le respect pis j’suis pour l’humanité et l’ouverture d’esprit, j’suis pour la paix. Mais quand qu’on me tape trop dans… trop de coups de pieds dans les tibias, ça me donne le goût de dire wow minute, t’sais. Pis, c’est ça. J’sais pas dans qu’est-ce que je m’embarque, les répercussions de ce que je va dire, mais c’est ce que je pense aujourd’hui, m’a peut-être changer demain, mais aujourd’hui c’est ça.

(Applaudissement)

Il est clair que son propos est tellement vague qu’il pourrait porter à confusion s’il n’avait pas l’air d’être un si bon gars, ouvert d’esprit et curieux. La preuve, il a commencé sa réponse en le spécifiant et terminé en réitérant son ouverture d’esprit, et en ajoutant aussi son sens du respect, son humanisme et son pacifisme.

Outre cela, son attitude générale exprimait bien ce qu’il voulait dire par « si quelqu’un nous insulte ou nous importune pis, de peur ou de gêne on peut pas l’exprimer à la bonne personne », chaque mot semblait pénible et piégé, on ne comprend jamais trop s’il parle en général ou par rapport à des exemples précis. On sent en lui une certaine révolte, mais elle s’excuse de s’affirmer. Et les applaudissements venaient le remercier de dire tout haut ce que chaque personne en a interprété tout bas.

En fin de compte, c’était un discours à colorier. Tout le monde peut s’y reconnaître, même les racistes, qui peuvent par déni se proclamer respectueux, humanistes et pacifistes envers les immigrants : mais s’ils restent chez eux… Même ceux qui sont en total désaccord avec tout ce débat pourraient se servir de ce qu’il dit pour avancer que toute cette commission vient gonfler l’incompréhension générale, étant donné que le chanteur semble ne se baser sur rien, puisqu’il ne donne pas d’exemple et qu’il attaque directement un groupe de personne, « des gens qui veulent s’implanter et dominer », sans expliquer pourquoi.

Et je ne suis pas en train de dire que Kevin Parent est fautif, loin de là, je dis simplement que sous la pression, il s’en est sorti de la meilleure manière, parce qu’il pourra toujours justifier ses paroles si ça dérape (même si je ne crois pas que ça pourrait déraper) : ça sera sa parole contre celle des autres. Et son aura d’artiste colore bien tout ce qu’il a dit, les mêmes paroles dites par quelqu’un de plus controversé n’aurait pas aussi bien passé…

En définitive, je crois qu’il faut se poser la question à savoir si on plonge ou non dans ce débat, si on veut que le résultat de cette commission représente ou non ce que la majorité désire. Si je comprends bien, c’est bien plus une peur d’avoir peur de se retrouver dans le pire scénario qui soit qu’une peur réelle et justifiée par rapport à ce qui se passe en ce moment.

Alors, j’aimerais bien terminer avec une citation de Pierre Légaré, qui provient de son texte Rehtorb Gib, paru sur cyberpresse :

Les accommodements raisonnables, c’est comme les boutons. On peut simplement les cacher avec un onguent ou les faire péter, mais reconnaissons que c’est tout de même une bonne idée d’essayer de savoir ce qui peut bien les faire apparaître.

Notre langue molle

Dans le reportage diffusé au Téléjournal lundi soir sur la première audience publique de la Commission Bouchard-Taylor, deux des derniers commentaires choisis comme exemple m’ont fait réagir, puisque c’est un sujet qui revient souvent et qui m’importe beaucoup : la langue française. Un homme déclare avec dépit qu’il ne peut dialoguer avec les immigrants de son quartier autrement qu’en anglais alors qu’un autre homme, immigrant lui-même et parlant parfaitement français, remet sur la table la piètre qualité du français des Québécois pour défendre les immigrants sur la question du choix d’apprendre l’anglais, au lieu du français. Désolé, mais je ne comprends pas ce réflexe de défense qui mélange ainsi deux questions très différentes.

Même si je suis d’accord pour dire qu’une bonne connaissance du français est importante pour tous, je ne crois pas qu’il faille attendre de voir la qualité de la langue augmenter avant de pouvoir se positionner sur la question linguistique, en lien avec l’immigration. Cela serait doublement suicidaire. Et je ne crois pas non plus que l’on demande (ni demanderait) aux immigrants non francophones d’écrire dans un français parfait dès qu’ils arrivent ici; il y a une marge : un français de base pour pouvoir converser un minimum et ainsi les aider à apprendre plus amplement serait appréciable, et synonyme de respect envers la société d’accueil.

Je parlais de différence, mais, d’un autre côté, ces deux questions ne sont pas si différentes, finalement : la qualité du français des Québécois concerne notre culture, et la question du choix linguistique des immigrants est intimement liée à la pérennité et à l’évolution de cette culture francophone, dans un contexte où la démographie demande un apport élevé en immigration. Alors, de les mettre en contradiction comme le fait cet homme est absurde, à mon sens. Qui ne voudrait pas de ces gens qui peuvent enrichir notre langue en la parlant avec nous? Tous ceux qui partagent cette pensée veulent en quelque sorte nous punir collectivement de ne pas avoir bien fait nos devoirs? Quelquefois, je crois que le passé n’est pas si garant de l’avenir, et dans ce cas-ci c’est bien vers l’avenir qu’il faut regarder pour pouvoir anticiper.

Donc, pour l’avenir, il est évident que la santé du français au Québec passe par une immigration la plus francophone possible, et pour les autres, par une ouverture plus grande à des candidats intéressés à s’intégrer par la langue française, premièrement. Ce qui, j’en ai bien peur, devra passer par un contrôle gouvernemental majoritairement québécois sur le processus de choix des nouveaux arrivants.

Dialogues de (demi-)sourds?

Ceci est un message adressé à Eric Bondo en réponse à son texte intitulé « Le civisme des autres » (qui est une réponse à mon texte « Il y a comme une odeur de… tabou », qui était une explication et réflexion plus poussée de mon autre texte : « Questions libres sur le civisme des migrants »). Il pourrait être intéressant pour quiconque s’intéresse aux questions liées à l’immigration, questions qu’a fini par soulever la commission sur les accommodements (dé)raisonnables, en tout cas sur la blogosphère…

Le premier point qu’il soulève concerne l’inexistence de preuve quant à mon assertion qui ciblait les « immigrants de fraîche date ». Je me rends compte de ma bévue, mais c’en serait une encore plus si mon texte (d’humeur) ne s’appuyait pas naïvement sur des questionnements par rapport à des observations; mais sans grande qualité scientifique, je l’avoue : mais qui peu bien se targuer de pouvoir analyser le monde avec des outils complets, en se basant sur des sources tout à fait fiable, en étant donc dans l’objectivité la plus totale? Alors, je me demande surtout si le fait de m’interroger là-dessus ne me fait pas tomber automatiquement du côté des méchants… Je vous avoue que c’est pour moi un peu pénible d’écrire encore là-dessus, mais je vais continuer quand même! Et je ne vais pas non plus me payer une commission pour prouver mon point…

Donc, avant de continuer plus loin, s’« il est impossible de savoir si les situations fâcheuses vécues par [ma] compagne avaient un lien avec le manque de civisme de certains immigrants de fraîche date », est-ce qu’il est raciste ou xénophobe de ma part de faire une distinction entre les immigrants intégrés et ceux qui ne le sont pas, même si pour cela je dois tracer une ligne subjective, difficilement identifiable? Aussi, est-ce qu’il est faux de penser coupables en grande partie les politiques d’immigration, et surtout le multiculturalisme, pour le problème de la ghettoïsation et donc de certains comportements racistes, xénophobes et du non-civisme de certains immigrants envers les blancs (en tout cas, ceux que j’ai ressentis personnellement à quelques reprises et ceux de ma conjointe que j’ai relatés dans mon premier texte)?

Je pose ces questions parce que si pour mon ami Eric je suis intolérant parce que je fais une distinction entre les immigrants selon leur niveau d’intégration et si pour lui il n’y a pas de liens entre les politiques des ministères d’immigrations et les comportements asociaux de certains immigrants envers la majorité, il est certain que la discussion ne lèvera pas fort, ça sera simplement de l’accusation, du déchirage de chemise de son côté et de la défense du mien…

Concernant cette citation (de mon cru) qu’il utilise pour argumenter :

Le chemin qu’empruntent le xénophobe et le raciste repose sur un système établi qui scrute les différences à l’externe et réagit ensuite en raffermissant son jugement par l’ajout de « preuves », en se complaisant dans l’immobilisme : qui vient alors élargir un peu plus sa carapace, au lieu de la faire se craqueler.

J’aimerais spécifier que cette phrase ne fait que décrire le comportement fermé des xénophobes et racistes, rien de plus. Ça ne servait en fait qu’à dire que je ne le suis pas. Voilà une preuve que mon ami se sent attaqué au point où il se base sur une lecture biaisée de mes textes et de mes idées pour construire son argumentaire.

Même si je ne vois pas le lien, il continue sur cette lancée :

Là où le bât blesse, c’est que cet incident sert à justifier une remise en question de l’accueil des immigrants, soi-disant parce que, provenant des régions rurales de pays du tiers monde, on ne leur a pas inculqué le civisme, et qu’à leur arrivée, le gouvernement ne les a pas pris en charge à cet égard.

Quoi? Ça serait amoral que le gouvernement, tant au niveau canadien que québécois, et même municipal, informe le plus possible les nouveaux arrivants sur la société d’accueil? Aussi, est-ce que ce serait trop demander que le choix des immigrants se fasse en tenant compte du fait que notre société est francophone et de plus en plus laïque, donc de peut-être privilégier les immigrants qui sont le moins religieux possible, du moins dans leur démonstration de leur foi par des signes distinctifs? Il me semble que si dans notre société nous privilégions l’égalité entre les hommes et les femmes, il serait logique que le choix des immigrants reçus ici s’influence de cette valeur : désolé, mais je crois qu’un couple dont la femme porterait un quelconque foulard religieux sur la tête devrait avoir moins de chance d’être accepté ici qu’une autre qui n’en a pas.

Des gens racistes, il y en a aussi de toutes les couleurs, et même au-delà de la « race », notre gueule ne plaît pas à tout le monde et vice-versa. Nul besoin de généraliser, si ce n’est de dire : je déteste qu’on me pousse, ou je déteste qu’on me dénigre. Est-ce si compliqué? Nul besoin de catégoriser par couleur, mais par comportement, puisque ce sont les comportements qui nous posent problème.

Dans ce raisonnement, Eric semble vouloir tout mettre les comportements asociaux sur le même pied d’égalité. Je le comprends, mais il y a un danger à ne pas pouvoir analyser la problématique du civisme, de la xénophobie et du racisme en les mettant en contexte selon des critères aussi simples que de séparer la population en quelques groupes sociologiques, puisqu’il est facile, au bout du compte, de ne plus pouvoir critiquer quoi que ce soit et de donner des directions aux politiques d’immigration et d’intégration parce que chaque personne est différente et a sa propre façon de réagir aux autres. Pourtant, il me semble clair qu’il y a bien des dénominateurs communs quelque part, tant dans les cultures des immigrants que dans la nôtre…

Avec la fin de son texte, je vois bien que sa pensée tend à remettre en perspective les différences de chacun, ce qui fait que tout le monde devient par cela un peu plus pareil : des humains avec des personnalités diverses. Je suis d’accord. Mais c’est tout à fait là où je ne veux pas me brouiller : est-ce que le fait de considérer les humains comme étant dissemblables revient à prôner l’immobilisme étatique pour toutes les questions de la vie en société? Donc, si je comprends bien, la position de mon ami se base sur l’anarchie où tout un chacun fait ce que bon lui semble… Alors, est-ce que la loi 101 et tout ce qui tend vers la protection du fait français au Québec et donc de la promotion du choix de la langue française auprès des immigrants vont à l’encontre de leur liberté? Et est-ce que ceux qui ciblent négativement la non-connaissance du français chez certains immigrants sont simplement intolérants, au même titre que les xénophobes et les racistes?

Je pense qu’à trop avoir peur de la soi-disant intolérance des autres, on devient soi-même de plus en plus sourd à ce qu’ils ont à dire.

Questions libres sur le civisme des migrants

Je sais que ce texte pourra sembler blasphématoire pour certains et je préfère vous en avertir…

Je parlais hier avec ma compagne d’un sujet chaud : les immigrants et le civisme dans les transports en commun. Pour vous mettre au parfum, depuis un certain temps, elle me parle souvent de ses mésaventures avec des immigrants (je peux avouer en avoir vécu moi aussi quelques-unes, mais j’essaye le plus possible de ne pas généraliser…). Et donc hier, après m’avoir raconté quelques anecdotes où elle s’était sentie agressée du regard ou même ignorée (en grande majorité par des femmes — et remarquez que ma compagne est une féministe assumée), où elle avait aussi remarqué des gens qui se tassaient pour quelqu’un de la même couleur qu’eux et non pas après pour elle (donc, qu’elle a senti du racisme envers sa personne), elle m’a dit qu’elle craignait d’être maintenant raciste parce qu’elle réagissait très fortement à tout ça et que ça la mettait en rage. Je l’ai rarement vu dans cet état. Alors, qu’est-ce que je pouvais dire d’autre qu’il ne faut pas trop faire de liens inutiles et de tenter d’aller plus loin que son premier réflexe? Facile à dire…

Un peu plus tard, je me suis dirigé au travail en métro. J’approchais de la station Lionel-Groulx et un homme obèse s’est levé de son siège et s’est dirigé vers la porte la plus proche, à droite. Je me suis levé aussi et me suis installé à côté de lui, à sa gauche. (J’aimerais vous faire remarquer qu’il n’y avait plus vraiment de place pour une troisième personne…) Quand nous sommes arrivés à la station, j’ai remarqué, de l’autre côté de la vitre, une minuscule dame voilée, avec un ou deux enfants autour d’elle. Quand les portes se sont ouvertes, au lieu de se tasser pour nous laisser sortir, elle a foncé en direction de mon voisin, le regard au ras du sol (sérieusement, je me suis même demandé si elle voulait lui passer entre les jambes…). Étant donné que je crois que c’est une règle de civisme non écrite (mais tellement logique) de laisser sortir les gens d’un wagon avant d’entrer, je ne me suis pas gêné pour m’engager à l’extérieur rapidement vers elle, en coupant un peu l’homme (que je savais moins rapide du fait de son poids), car j’avais à me rendre à droite. Elle n’a pas eu le choix de se tasser… sinon elle aurait reçu mon bras en pleine face!

N’importe qui serait confronté à des comportements comme ça plusieurs fois par jour en viendrait à remettre en question sa propre moralité, puisqu’il est difficile parfois d’analyser la situation en dehors de ses sentiments. Il faut dire que ma copine travaille dans un quartier énormément ethnique, donc, qu’elle a plus de chance de croiser des gens irrespectueux issus de ces communautés sur son chemin. Et je comprends aussi qu’être confronté à ce qui peut sembler être du racisme envers elle, alors qu’elle est à la base contre toute forme de racisme, a de quoi secouer ses propres valeurs au point de réagir de la sorte… Mais je remarque souvent ce manque de sens civique, et pas seulement chez les immigrants : je ne peux donc que soulever le problème du civisme en général, même si je me permets ici de le centrer sur les nouveaux arrivants, pour battre le fer pendant qu’il est chaud!

Étant donné le contexte des discussions sur les accommodements raisonnables (qui sont devenues des discussions sur l’immigration en général, par la force des choses) qui ne peuvent que déborder sur tous les aspects de notre vie sociale, j’essaye de comprendre le problème sous un angle empathique, en ce qui a trait à leur hypothétique méconnaissance du civisme de base. Alors, je me demande si ces gens ont été mis au courant de cet aspect quand ils sont arrivés ici, quand ils se préparaient à venir ici. J’ai l’impression que la préparation auprès des immigrants est bâclée en général et qu’il est conséquemment normal qu’une personne non francophone, venant d’un pays du tiers-monde, vivant précédemment en campagne, soit un peu perdue dans le métro de la métropole du seul endroit majoritairement francophone en Amérique… Il reste que c’est quand même nous qui sommes pris avec le problème!

Si le multiculturalisme occulte l’assimilation, il faudrait bien qu’il n’occulte pas en même temps l’intégration. C’est dans la vie de tous les jours, et non dans les théories, que les citoyens sont en contact entre eux : il faudrait bien alors que les gouvernements, avec l’élite intellectuelle, s’organisent pour amoindrir le plus possible le choc des cultures, puisqu’il semble plus sérieux qu’il n’y paraissait. Au-delà des buts de résoudre le problème économique et démographique québécois par l’immigration, il faudrait bien être plus pragmatique et prioriser l’harmonisation du social, transformer la réaction en action, pour que nous puissions demeurer toujours une société ouverte et tolérante. En espérant que ça ne soit pas déjà une illusion…

Ajout (vendredi 7 septembre) :

Si vous croyez que l’auteur de ce texte est raciste et xénophone, je vous prierais de vous diriger ici, ce texte devrait vous convaincre du contraire.

Assaisonnements résonnants…


Il est difficile ces jours-ci de passer à côté de toutes les questions liées à l’immigration et aux accommodements raisonnables. Ça va être un peu radical et même trop simple ce que je vais commencer par écrire, mais si le fait que pour un immigrant c’est un PLUS au niveau de son train de vie de venir s’installer ici, il faudrait bien en retour qu’il accepte que cela soit un MOINS au niveau de ses habitudes culturelles, puisque le culturel est grandement social et que son milieu social change radicalement. C’est vraiment ça que je ne comprends pas quand, par exemple, je vois dans le métro une bande de jeunes filles latines et qu’une d’entre elles m’aborde en baragouinant l’anglais… Il y a certes un problème de communication qui gonfle et qui gonfle encore. Il me semble que l’affichage en néon et en français est assez omniprésent…

Il me semble aussi qu’après ce Grand Voyage, c’est impossible que la vie d’un immigrant ne change pas du tout au tout et que sa vie devrait changer assez pour que nous puissions en partie nous reconnaitre en lui. Le mimétisme est la clé, et si ça ne fonctionne pas, c’est que le processus d’immigration est bâclé, sans parler du niveau de ghettoïsation de chaque communauté culturelle qui tend à aspirer ces nouveaux arrivants, et c’est normal : qui se ressemble s’assemble.

Et je ne suis surtout pas en train de faire l’éloge d’une culture québécoise monolithique : les Québécois ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant, ils sont beaucoup plus tolérants et ouverts d’esprit. Alors, je m’attends à voir cette ouverture se manifester autant du côté du nouvel arrivant et que cela soit clair dès que son choix de venir s’installer ici a été officialisé. Un changement en amène un autre et il est clair que le processus de sélection des immigrants doit être concerté pour que cette ouverture en soit l’élément principal. Pour la question religieuse dans cette sélection, il faudrait fuir l’orthodoxie le plus possible, accueillir plutôt les gens les plus modérés pour éviter les problèmes le plus possible.

Donc, je ne suis pas d’accord avec Vincent Marissal quand il écrit qu’« il n’y a pas de réel problème d’immigration, d’intolérance ou de cohabitation ici. » Au contraire, j’ai l’impression que le laxisme gouvernemental, surtout sous le pouvoir du Parti Libéral, ne fait que grossir le problème de l’immigration à saveur « canadienne » qui entretient le non-respect de la majorité « provinciale » : et je l’installe entre de belles parenthèses, juste pour mettre le doigt sur l’odieux du statut que ce terme suggère… Par contre, il y a du vrai dans son affirmation qu’« Il n’y a que des incidents anecdotiques isolés montés en épingle par les médias et savamment récupérés par un politicien opportuniste aussi habile à lire les sondages qu’inepte à pondre des politiques d’ensemble cohérentes. », mais je crois que l’exercice de Bouchard et Taylor est primordial et que nous devons en profiter pour faire passer nos messages le plus clairement possible.

Profitons-en pour nous tenir debout, pour une fois!

Les Immigrants Rejettent les Séparatistes Québécois


Ceci est un texte déjà publié chez Louis voilà quelques jours :

Pour continuer dans la lignée de la votation des groupes ethniques et de leur position en bloc (voir le texte Le vote juif de Louis), j’aimerais revenir sur un texte que j’ai lu sur le blogue de Richard Hétu sur Cyberpresse, paru le 12 mai qui relate un autre article paru sur le site internet du New York Times. Pour citer les paroles traduites d’Aymar Missakila, un Congolais d’origine (agent des plaintes du CRARR : centre de recherche-action sur les relations raciales — notez le poste qu’il a, c’est assez important, je crois…): «Je comprends la lutte pour un plus grand rôle du Québec, mais je ne crois pas que la souveraineté soit la solution. Plusieurs immigrants pensent qu’un Québec souverain ne serait pas bon pour l’économie, la santé et les questions touchant à l’immigration.»

Donc, il reste à savoir si, comme l’article du journal états-unien le préconise, d’où son titre : « Immigrants Reject Quebec’s Separatists », que le vote des immigrants constitue vraiment un bloc ou non. Le point de vue du journaliste Christopher Mason va dans ce sens, tandis que le propos de Aymar Missakila est plus dosé : « Plusieurs immigrants pensent »… Et, comme vous avez pu le lire (après vous être abonné à l’édition électronique du NY Times), l’article met en lien la situation politique québécoise dans une optique où les « non-souverainistes » détiennent le pouvoir, et de la déconfiture du PQ comme preuve que le mouvement souverainiste serait un mal de moins en moins nécessaire… Heureusement, nous savons tous que les États-Uniens sont les alliés naturels des fédéralistes et Canadians de tout acabit dans la lutte contre les discours qui pourraient aller à l’encontre de leur hégémonie internationaliste, comme si un Québec souverain allait se replier sur lui-même jusqu’à imploser. Laissez-moi rire!

Qu’il y ait une crainte de la part des néo-québécois par rapport à une possible souveraineté du Québec, soit! Il y en a aussi de toute façon du côté des « pure-laines » francophones, et elle est bien palpable, et surtout influençable selon les conjonctures, on l’a bien vu. Mais que le fait, pour les immigrants de fraîche date, d’être nouveau ici ne soit pas l’argument clé, la peur de l’inconnu, celui qui soutient tous les autres. Il faut convenir que cela manque un peu de profondeur et de discernement, comme dans toute réaction à chaud. Car je pense que l’avis des néo-Québécois, de deuxième génération et plus, rejoint en proportion celle de la totalité des Québécois de souche française sur cette question, donc assez partagée. Pourquoi est-ce que c’est différent pour eux? Poser la question c’est y répondre. Pour ce qui est des anglophones, la question ne se pose même pas…

Ainsi donc, les immigrants devront bien faire leur devoir et un effort de s’intégrer à la société d’accueil et de se faire ensuite une opinion qui puisse prendre en considération l’histoire et le contexte dans lequel vit le peuple qui les a accueillis. Et ce premier effort serait d’apprendre, pour ceux qui ne la maîtrisent pas, la langue commune : c’est à dire le français. Et que la problématique du choix linguistique des immigrants soit un des enjeux de la souveraineté est tout à fait dans le ton!

Si, après que le premier ministre du Canada nous a fait l’honneur de nous affubler du titre de nation, les immigrants ne peuvent nous reconnaître comme tel et comprendre le point de vue des souverainistes (je ne dis pas d’être d’accord, mais au moins d’être empathique à notre vision des choses), cette position monolithique est irrecevable à mon sens, voire même insultante, et c’est presque ce discours que je m’imagine entendre : vous êtes canadiens, vous devriez être content, car il y a le bilinguisme pour vous protéger, votre nationalisme est inconséquent, car nous sommes sur la même planète, etc.

Par contre, je crois avec optimisme que tous les néo-québécois, et même les anglophones, feront preuve d’un peu plus d’ouverture d’esprit sur cette question quand nous frapperons le mur constitutionnel, incessamment.

Avant de terminer, est-ce que j’ai besoin de spécifier que je ne suis pas raciste du tout? Donc, l’utilisation des termes « groupes ethniques », « immigrant », « néo-Québécois », ou même « pure-laines » et « Québécois de souche française » ne doit pas être lu péjorativement.

La démocratie voilée

Réaction de ma part à une nouvelle du JdM rapportée par Patrick Lagacé voulant que « le Directeur général des élections autorise les musulmanes voilées (niqab ou burqa) à voter sans retirer leur voile pour fins de vérification d’identité. »:

Quand tu vas chez le médecin, tu te mets à nu, au besoin: pour ta santé physique, tu te dois de passer par-dessus ta pudeur. Alors quand tu vas voter, tu te mets aussi à nu: pour la santé de la démocratie, tu te dois de passer par-dessus la pudeur de ta religion.

Va pour le commentaire laissé sur son blogue. Je pourrais continuer en me posant des questions sur la brigade des moeurs raciales et religieuses que constitue de plus en plus le Journal de Montréal. Pour répéter ce que j’ai déjà lu quelque part en d’autres termes, est-ce que Quebecor participe implicitement dans la campagne de l’ADQ?

La liberté d’expression, quand elle se chausse de considération monétaire, titube au point où on se demande si elle n’a pas besoin d’un peu de repos.


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