Ceci est un message adressé à Eric Bondo en réponse à son texte intitulé « Le civisme des autres » (qui est une réponse à mon texte « Il y a comme une odeur de… tabou », qui était une explication et réflexion plus poussée de mon autre texte : « Questions libres sur le civisme des migrants »). Il pourrait être intéressant pour quiconque s’intéresse aux questions liées à l’immigration, questions qu’a fini par soulever la commission sur les accommodements (dé)raisonnables, en tout cas sur la blogosphère…
Le premier point qu’il soulève concerne l’inexistence de preuve quant à mon assertion qui ciblait les « immigrants de fraîche date ». Je me rends compte de ma bévue, mais c’en serait une encore plus si mon texte (d’humeur) ne s’appuyait pas naïvement sur des questionnements par rapport à des observations; mais sans grande qualité scientifique, je l’avoue : mais qui peu bien se targuer de pouvoir analyser le monde avec des outils complets, en se basant sur des sources tout à fait fiable, en étant donc dans l’objectivité la plus totale? Alors, je me demande surtout si le fait de m’interroger là-dessus ne me fait pas tomber automatiquement du côté des méchants… Je vous avoue que c’est pour moi un peu pénible d’écrire encore là-dessus, mais je vais continuer quand même! Et je ne vais pas non plus me payer une commission pour prouver mon point…
Donc, avant de continuer plus loin, s’« il est impossible de savoir si les situations fâcheuses vécues par [ma] compagne avaient un lien avec le manque de civisme de certains immigrants de fraîche date », est-ce qu’il est raciste ou xénophobe de ma part de faire une distinction entre les immigrants intégrés et ceux qui ne le sont pas, même si pour cela je dois tracer une ligne subjective, difficilement identifiable? Aussi, est-ce qu’il est faux de penser coupables en grande partie les politiques d’immigration, et surtout le multiculturalisme, pour le problème de la ghettoïsation et donc de certains comportements racistes, xénophobes et du non-civisme de certains immigrants envers les blancs (en tout cas, ceux que j’ai ressentis personnellement à quelques reprises et ceux de ma conjointe que j’ai relatés dans mon premier texte)?
Je pose ces questions parce que si pour mon ami Eric je suis intolérant parce que je fais une distinction entre les immigrants selon leur niveau d’intégration et si pour lui il n’y a pas de liens entre les politiques des ministères d’immigrations et les comportements asociaux de certains immigrants envers la majorité, il est certain que la discussion ne lèvera pas fort, ça sera simplement de l’accusation, du déchirage de chemise de son côté et de la défense du mien…
Concernant cette citation (de mon cru) qu’il utilise pour argumenter :
Le chemin qu’empruntent le xénophobe et le raciste repose sur un système établi qui scrute les différences à l’externe et réagit ensuite en raffermissant son jugement par l’ajout de « preuves », en se complaisant dans l’immobilisme : qui vient alors élargir un peu plus sa carapace, au lieu de la faire se craqueler.
J’aimerais spécifier que cette phrase ne fait que décrire le comportement fermé des xénophobes et racistes, rien de plus. Ça ne servait en fait qu’à dire que je ne le suis pas. Voilà une preuve que mon ami se sent attaqué au point où il se base sur une lecture biaisée de mes textes et de mes idées pour construire son argumentaire.
Même si je ne vois pas le lien, il continue sur cette lancée :
Là où le bât blesse, c’est que cet incident sert à justifier une remise en question de l’accueil des immigrants, soi-disant parce que, provenant des régions rurales de pays du tiers monde, on ne leur a pas inculqué le civisme, et qu’à leur arrivée, le gouvernement ne les a pas pris en charge à cet égard.
Quoi? Ça serait amoral que le gouvernement, tant au niveau canadien que québécois, et même municipal, informe le plus possible les nouveaux arrivants sur la société d’accueil? Aussi, est-ce que ce serait trop demander que le choix des immigrants se fasse en tenant compte du fait que notre société est francophone et de plus en plus laïque, donc de peut-être privilégier les immigrants qui sont le moins religieux possible, du moins dans leur démonstration de leur foi par des signes distinctifs? Il me semble que si dans notre société nous privilégions l’égalité entre les hommes et les femmes, il serait logique que le choix des immigrants reçus ici s’influence de cette valeur : désolé, mais je crois qu’un couple dont la femme porterait un quelconque foulard religieux sur la tête devrait avoir moins de chance d’être accepté ici qu’une autre qui n’en a pas.
Des gens racistes, il y en a aussi de toutes les couleurs, et même au-delà de la « race », notre gueule ne plaît pas à tout le monde et vice-versa. Nul besoin de généraliser, si ce n’est de dire : je déteste qu’on me pousse, ou je déteste qu’on me dénigre. Est-ce si compliqué? Nul besoin de catégoriser par couleur, mais par comportement, puisque ce sont les comportements qui nous posent problème.
Dans ce raisonnement, Eric semble vouloir tout mettre les comportements asociaux sur le même pied d’égalité. Je le comprends, mais il y a un danger à ne pas pouvoir analyser la problématique du civisme, de la xénophobie et du racisme en les mettant en contexte selon des critères aussi simples que de séparer la population en quelques groupes sociologiques, puisqu’il est facile, au bout du compte, de ne plus pouvoir critiquer quoi que ce soit et de donner des directions aux politiques d’immigration et d’intégration parce que chaque personne est différente et a sa propre façon de réagir aux autres. Pourtant, il me semble clair qu’il y a bien des dénominateurs communs quelque part, tant dans les cultures des immigrants que dans la nôtre…
Avec la fin de son texte, je vois bien que sa pensée tend à remettre en perspective les différences de chacun, ce qui fait que tout le monde devient par cela un peu plus pareil : des humains avec des personnalités diverses. Je suis d’accord. Mais c’est tout à fait là où je ne veux pas me brouiller : est-ce que le fait de considérer les humains comme étant dissemblables revient à prôner l’immobilisme étatique pour toutes les questions de la vie en société? Donc, si je comprends bien, la position de mon ami se base sur l’anarchie où tout un chacun fait ce que bon lui semble… Alors, est-ce que la loi 101 et tout ce qui tend vers la protection du fait français au Québec et donc de la promotion du choix de la langue française auprès des immigrants vont à l’encontre de leur liberté? Et est-ce que ceux qui ciblent négativement la non-connaissance du français chez certains immigrants sont simplement intolérants, au même titre que les xénophobes et les racistes?
Je pense qu’à trop avoir peur de la soi-disant intolérance des autres, on devient soi-même de plus en plus sourd à ce qu’ils ont à dire.
19 Octobre 2007 à 6:23
Comme immigrant j’ai fait l’expérience suivante. Ceux qui disent qu’il faut s’assimiler, faire comme chez nous, ne sont en général pas racistes. Ceux qui sont racistes sont ceux qui disent, viens, gardes ta culture et ne te mêles surtout pas à nous. On t’a préparé un joli ghetto dans le quartier St-Michel ou St-Laurent, l’immigrant cela rapporte des $$$$.
On veut des immigrants, mais ce sont des humains qui viennent.