Patrick Lagacé nous parle sur son blogue de bribes d’informations en lien avec la publication prochaine du Rapport des Sages Boulor-Taychard…
Ils veulent :
– Que les Québécois francophones parlent davantage anglais
– Que les organismes interculturels soient mieux financés
– Que les Québécois francophones soient davantage ouverts sur le monde
À froid, en sirotant mon café, j’ai joué du bongo sur mon clavier :
Bof, au premier coup d’oeil, ça m’a tout l’air d’une belle formule magique…
Dans beaucoup de discussions que j’ai depuis quelque temps, il ressort qu’il est temps pour les francophones de privilégier le plus possible l’emploi du français dans la sphère publique pour inciter les anglophones et les nouveaux arrivants à le pratiquer, parce que c’est la seule bonne manière de ne pas perdre notre caractère distinct devant l’anglicisation mondiale. Alors, si la priorité est l’apprentissage de l’anglais, cela déterminera encore plus fort le réflexe des francophones de passer à l’anglais aussitôt qu’il est en présence d’un quelconque accent.
Au dernier Yulblog, nous avons rencontré un anglophone né à Montréal qui était bien content de pouvoir pratiquer son français avec nous. Son accent était pitoyable, mais il a quand même fini par nous faire comprendre qu’il n’arrivait jamais, sauf en de rares occasions, à discuter français avec des francophones…
Il est clair pour moi qu’il y a un mélange de concept. Les questions de la linguistique, de la xénophobie, de la tolérance, semblent se mêler assez fallacieusement ici. Si protéger au jour le jour mon héritage francophone fait de moi un intolérant, je décroche. J’espère que cela sera plus clair…
(Photo : malidinapoli)
En effet, ce monsieur disait qu’il était à Montréal depuis 20 ans. À force de signes et gestes, il se faisait assez bien comprendre. Je crois avoir eu à utiliser l’anglais seulement 2 fois.
Nous sommes un terrible exemple pour la minorité immigrante. Nous nous soumettons à l’autre minorité anglophone au bureau et dans la rue. Pas étonnant qu’ils fassent pareil. Moi aussi, si j’arrivais en Russie où je ne sais où, je regarderais d’abord « qui est-ce qui porte les culottes ».
« il n’arrivait jamais, sauf en de rares occasions, à discuter français avec des francophones »
Je pense que c’est la tendance des Québécois à prendre en charge les autres. J’ai une amie qui bégaye. La pire chose qu’on puisse lui faire c’est de terminer les phrases pour elle. Elle nous demande de l’accepter dans sa difficulté de s’exprimer et de la laisser parler toute seule. C’est la même chose avec un anglophone. Nous avons de la misère à accepter sa difficulté à s’exprimer en français. On le prend en charge et on parle en anglais avec lui!
Mmmh… Je dois avouer être pragmatique. Je crois que l’apprentissage de l’anglais est effectivement une bonne chose, pour que les Québécois soient aussi ouverts aux autres cultures, et non qu’ils soient assimilés à une culture anglaise. Je vois cela comme un moyen que les Québécois soient plus ouverts sur le monde.
Je suis en faveur du financement des organismes interculturels aussi. C’est la première place où un immigrant va lorsqu’il arrive au Québec, et ce sont les organismes qui leur permettent d’effectuer un pont entre leur culture et celle de la nation de laquelle ils font partie.
En tant qu’étudiant de McGill, j’ai rencontré beaucoup de gens qui viennent d’un peu partout. L’an dernier, mon coloc venait de l’est de l’Ontario. On avait quelques potes de B.C. et une fille née aux Indes et habitant les États-Unis. À la fin de la session, elles étaient capables de chanter « Y’as-tu d’la bière icitte?! » en français, de comprendre les paroles, et de comprendre 50% de ce que l’on disait en français ^^. Les Ontariens, quant à eux, parlaient français avec nous.
Si l’on communique entre potes avec des gens d’autres communautés et qui vivent au Québec, je crois que c’est la meilleure façon d’avoir une culture ouverte sur le monde (et à laquelle le monde s’ouvre), active et en santé. C’est la fermeture qui peut nuire à notre culture.
Pour le peu de chances de communiquer en anglais, je peux te donner un autre exemple, de mon père. Il dirige une équipe assez grosse en programmation, et dans son équipe, une seule personne parle anglais uniquement. Habituellement, ça placotte en français, sauf dans la terminologie inhérente au domaine de la programmation…
Lorsque mon père parle avec son coéquipier anglophone, mon père essaie de lui parler en anglais, et lui essaie de s’adresser à mon père en français pour se pratiquer. Ça doit être assez cocace à voir, surtout en sachant comment mon père parle l’anglais… ^^ Toutes ces années de voyages à Seattle et Toronto n’ont pas teinté son accent Québécois.
Le Détracteur,
« En effet, ce monsieur disait qu’il était à Montréal depuis 20 ans. »
tu vois, j’avais très mal compris, je croyais qu’il était né ici…
Même après 20 ans, c’est quand même incroyable! Je crois que c’est juste parce qu’il n’a pas assez trempé dans le milieu francophone. J’en connais un qui après seulement 3-4 ans parlait français avec un accent à peine perceptible… mais bon, sa copine était francophone et il travaillait dans un bar très francophone.
Raymond,
très bon exemple! Mais voilà la preuve que parfois il faut user d’un peu de logique au-delà du réflexe…
Manx,
c’est le fait que le premier point soit « apprendre l’anglais » qui me semble trop dogmatique, même si je suis d’accord en pratique. Qu’une personne intolérante apprenne l’anglais ne la rendra pas automatiquement plus ouverte d’esprit… ça, je n’y crois pas. Comme le fait que la majorité des anglophones sur ce continent soient unilingues ne les rend pas fermés d’esprit.
Je crois que la langue est premièrement utilitaire, alors je milite pour que ce soit le français la langue commune.