Je publie ici intégralement un texte de Gilles Pilon, long commentaire qu’il a laissé sur le blogue de Patrick Lagacé, pour lui donner plus de visibilité parce que je trouve le sujet important et que je suis tout à fait d’accord avec la teneur de son propos :
Le Jeudi 2 Août 2007
Collègues, animateurs, journalistes, reporters,
éditorialistes (et j’en passe) du monde des médias,Je vous écris pour vous raconter une anecdote qui peut être perçue comme anodine mais qui m’a fait réagir il y a quelques semaines de cela lorsque je suis allé au guichet de ma Banque, La Banque de Montréal. Les instructions dans les guichets automatiques sont maintenant offertes en cantonnais et en mandarin semble-t-il, pour “répondre aux attentes de la communauté chinoise de la métropole” et ce depuis le début de juillet maintenant.
Me sentant quelque peu interpellé par cette nouvelle pratique et voulant avoir des explications plus exhaustives, je me retrouve donc en communication au téléphone avec le directeur du service à la clientèle secteur Métropole-Est de BMO Banque de Montréal, M. Luc Mondor, avec qui je parle à deux reprises puisque le “gentil” monsieur devait investiguer ma requête pour mieux me répondre ou disons plutôt plainte parce j’avais pas mal le feu au derrière quand je me suis aperçu de cette aberration. À notre troisième entretien, M. Mondor m’explique que c’est une décision nationale de la Banque puisque la communauté asiatique est de plus en plus croissante au Canada et de façon sous-entendue, mondialement aussi ! J’ai demandé d’avoir des preuves écrites par la Banque afin de valider qu’ils ont bel et bien le droit d’instaurer cette pratique que je jugeais douteuse; soi une preuve d’une loi fédérale, provinciale ou d’une juridiction quelconque qui permet à la Banque de Montréal (ou tout autre banque) de pouvoir afficher des instructions en chinois dans leurs guichets à Montréal! M. Mondor me précise qu’il n’a pas à me fournir de telles preuves puisque ce sont des lois publiques à la disposition de tout le monde et qu’ils appliquent ce que la loi leur permet de faire ; chose à laquelle je remets évidemment en question….
Alors j’ai demandé à M. Mondor de m’envoyer un formulaire pour que je puisse acheminer une plainte à l’obudsman de la Banque de Montréal. De ce fait, je ferai des démarches pour savoir comment la loi régie ces pratiques instaurées par certaines entreprises. J’irai sûrement me renseigner à l’Office de la Langue Française ou peut-être à ma député elle-même s’il se doit!
Bref, advenant le cas que les lois permettent une telle pratique pour les entreprises, cette pratique n’aide en rien à l’intégration des communautés ethniques de ce fait aisiatiques ; et de plus, DE PLUS (!), on privilégie une langue d’une certaine communauté au détriment d’une autre qui par ailleurs est tout simplement discriminatoire. Regardez bien, et c’est presque prévisible, les autres communautés ethniques qui vont japper plus tard: ” Ben pourquoi vous le mettez pas en Italien, en Espagnol, en Arabe…..en Hindi (tant qu’à y être !)…??”
Comme je disais à M. Mondor: ” Quand on commence à vouloir plaire à tout le monde, on plaît à personne! Vous ouvrez une brèche qui va avoir des répercussions beaucoup plus grandes que vous ne le croyez! Vos dirigeants à Toronto qui prennent ce genre de décisions ne prennent aucunement en considération le contexte social ici et ceci n’aide aucunement les différentes communautés ethniques à s’intégrer à notre façon de vivre. La langue d’usage ici c’est le français et à la limite on continue à servir et à tolérer l’anglais. Mais si on commence à servir les asiatiques ici en cantonnais et en mandarin…c’est là que je débarque. C’est à eux de s’adapter pas à nous ! Peut-être que c’est un peu rêver en couleurs à penser que vos cadres supérieurs qui se pètent les bretelles à Toronto avec tous les milliards de profits qu’ils empochent à chaque année….sont capables de faire preuve de discernement dans des cas semblables! “.
Alors je poursuis ma croisade. J’imagine que c’est peut-être le côté de mes ancêtres Patriotes qui refait surface. Je ne sais trop. Mais je vous avoue que ceci est venu me chercher beaucoup plus que je ne l’aurais cru parce j’en reviens toujours pas encore!!
Jamais je serai un domestique chez nous pour des gens auxquelles j’ouvre ma porte…..Il est déplorable que pour certaines grandes entreprises comme La Banque de Montréal entre autres, l’idée la plus payante est maintenant devenue la meilleure !
Braves Gens prenez gardes et restons vigilants! L’envahissement est parfois beaucoup plus pernicieux que nous pouvons le croire….
Gilles Pilon
MontréalP.S. Voici le lien du site internet du journal 24 Heures qui parle de cette instauration dans les guichets automatiques de la Banque de Montréal, paru le 1 août 2007.
Personnellement, j’étais en train de songer à changer d’institution financière (je fais affaire aussi avec BMO) et là ça me donne un dernier coup de pied au derrière…
heu désolée de commenter ici, mais dans ton sondage sur l’opinion politique… il te manque un choix important :
e) inquiet/inquiète
Qui ne l’est pas?
La droite est inquiète et pense que la société est trop à gauche. La gauche est inquiète et pense que la société est trop à droite.
Moi j’opte pour la deuxième réponse.
Je crois qu’il faudrait cesser de s’énerver un peu et distinguer les enjeux. Le cas auquel tu fais référence n’est pas un accommodement raisonnable. Je ne crois pas que tu l’aies écrit mais je trouve important de préciser parce que j’y sens le même genre de « ras-le-bol » et que j’y lis les mêmes arguments.
Le cas de cette banque, c’est uniquement une décision d’affaire. Elle estime que le nombre de client qu’elle va pouvoir satisfaire, attirer et conserver sera supérieur aux coûts engendrés par l’instauration d’une telle mesure. Ça ne brime pas la liberté de personne. Ce n’est pas en vertu d’un droit « x » ou « y » que les clients cantonnais ou asiatiques l’ont obtenu. Le seul droit relatif à une problématique linguistique d’un tel ordre qui puisse être fait valoir dans ce cas, c’est celui à recevoir des services en français. Ça, la banque ne peut y échapper. Offrir des services en serbo-croate ou en chépasquoi, c’est une possibilité qui n’a pas à être permis par loi parce que la loi, généralement, ne permet pas des choses, elle en interdit.
C’est l’interdire qui serait discriminatoire, légalement et moralement, parce qu’une banque, c’est une business privée. On ne va tout de même pas se mettre à interdire aux restaurants chinois d’afficher leur menu (entre autre) en mandarin, les restos latinos (entre autre) en espagnol, les restos italiens (entre autre) en italien… Par contre, ces restos sont obligés d’afficher leur menu en français.
Le principe de l’accommodement raisonnable – et je précise qu’il n’y en a eu QUE DEUX dans toute l’histoire de ce beaux pays qu’est le Canada – c’est une dérogation mineure (c’est-à-dire facilement et pragmatiquement faisable pour les partis impliqués) à une loi ou à une pratique dans une institution de l’État.
Le monsieur affirme : « Regardez bien, et c’est presque prévisible, les autres communautés ethniques qui vont japper plus tard: ” Ben pourquoi vous le mettez pas en Italien, en Espagnol, en Arabe…..en Hindi (tant qu’à y être !)…??” » Ben non, elles ne le feront pas parce qu’elles savent qu’elles n’ont pas de droit à être servi dans leur langue dans une business privée. Ou si elles le font, elles seront rapidement renvoyées à la maison parce qu’il n’y a aucun fondement légal pour faire une telle requête. Et la banque accommodera ainsi des clients que dans la mesure où elle pensera que ça lui sera payant au bout du compte. C’est tout.
Dis donc, c’est pas un peu étrange que tu ne laisses pas les commentaires s’afficher instantanément alors que c’était en partie ce que tu reprochais au blog de Patlag?
T’as peut-être tes raisons. Ça m’étonne, c’est tout. Et t’es pas obligé de l’afficher celui-là…
Simon,
je crois que ce cas n’a aucunement de lien avec les accommodements raisonnables — dans le sens où on l’a déjà entendu — puisque, selon les faits, et comme tu le dis, c’est une solution d’affaires.
Est-ce que la cohésion sociale, donc en partie l’intégration de la communauté chinoise au Québec, en lui donnant l’occasion de pratiquer au moins une autre langue (le français, ou au moins l’anglais) lors de ses transactions bancaires, ne serait pas importante pour les entreprises?
Ce que je vois là-dedans, c’est comme si tout le monde faisait des efforts dans un sens, et que le monde des affaires faisait des efforts dans l’autre. La société n’est-elle pas un tout?
À mon humble avis, cette politique de BMO ne fera que cloisonner encore un peu plus la communauté chinoise…
Pour ce qui est de la modération, tu as bien raison, je vais changer ça de ce pas!
Cloisonner la communauté chinoise ! Disons plutot fermer la porte, parce que les cloisons ca fait un boutte qu’elles sont là ! Et pas seulement au Quebec.
Je vais de ce pas faire une demande pour des instructions en joual et en francais de France bordel de merde !
Simon a bien raison, c’est purement mercantile, mais on devrait interdire à des groupes de creer un isolement communautaire pour de simple raison economique (et meme pour n’importe quelle raison d’ailleurs). Que ca arrange la fidelisation d’une partie de leur clientele, c’est bien, mais au detriment de la société, c’est inexcusable. Parce qu’en bout de ligne, c’est encore sur le petit peuple que ca va retomber ! Le monde est assez malade sans qu’on ait besoin de faire de l’incitation au communautarisme. La plaie du 21e siecle !