Accommodements raisonnables : en profiter pour élargir le débat?

À la veille des travaux de la commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d’accommodement, le tout en lien avec l’actualité, je propose que toute la société québécoise en profite pour se questionner plus largement sur tout ce qui touche le social, de près ou de loin. Pourquoi se pencher en majorité sur la question de l’immigration et des limites à dresser alors que c’est en fin de compte de notre avenir en tant que peuple qu’il s’agit? Si tout est relatif, il faudra bien se positionner plus amplement sur des sujets comme les libertés individuelles, l’économie, puisque ces données ne peuvent être occultées, tout comme la question nationale, la place du français, qui semble être relayé à un rôle mineur dans le plan de travail des deux intellectuels.

Donc, concernant les libertés individuelles, il serait difficile de ne pas l’inclure dans la réflexion alors qu’on se questionne sur la place de la culture et de la religion des immigrants dans notre société. Il serait injuste de faire deux poids deux mesures : de demander aux immigrants de se plier à nous — et de laisser un peu de côté leurs libertés — quand le débat québécois à ce propos est nébuleux au point de nous diviser pratiquement en deux. Cela m’amène tout de go à la question économique qui n’y est surtout pas étrangère : si la société en général voulait laisser la place à une économie libre, seulement régit par les lois de l’offre et de la demande, qu’est-ce qui pourrait alors nous justifier d’empêcher un groupe d’immigrant de se servir de son pouvoir d’achat collectif pour faire changer quoi que ce soit à son avantage dans la société? Comme on l’a vu avec l’histoire de la Banque de Montréal qui offre maintenant ses services au guichet automatique en mandarin et en cantonais, c’est déjà le cas, même si ça semble plus une décision d’affaire de la banque que des pressions de leurs clients chinois. Soit. Mais cela illustre bien que l’économie influence déjà fortement nos rapports sociaux et pourra les influencer encore plus : au point où il faudra rapidement refaire une autre commission pour régler ce problème-là.

Pour la question du nationalisme québécois, que le fait français synthétise sans aucune hésitation pour la majorité, il est clair qu’il est une donnée secondaire dans cette commission même s’il y est enchâssé. Pourtant, il devrait être mis à l’avant-plan parce qu’il assure la base de la cohésion sociale : la communication. Il faut se demander collectivement si le choix d’adhérer à la langue commune ou non pour quiconque peut être considéré comme un accommodement raisonnable, ce qui semble être le cas avec le bilinguisme, d’obédience canadienne; ce qui fait ressortir une question importante : est-ce que la présence de M. Taylor dans cette commission est (en partie) pour assurer la perspective canadienne dans ce débat? Je crois que c’est une question légitime qui fait ressortir une des balises de cet exercice. Et j’en viens aussi à me demander si le gouvernement n’aurait pas dû plutôt engager des experts étrangers pour assurer le plus d’objectivité possible, du moins pour ce qui est des deux principaux intellectuels qui vont superviser le projet, colliger et rédiger le rapport final…

Au-delà de la recherche d’un consensus collectif théorique, il est clair qu’individuellement l’attitude d’encourager ou non le français, tant au travail que dans la vie publique, est influencé par nos opinions divergentes sur la question nationale, et les deux hommes ont été choisi pour représenter cette dichotomie. Mais il faudra bien qu’un jour nous sortions de nos retranchements partisans pour repenser aux moyens possibles d’influer sur la société que nous voulons et donc de faire évoluer le système politique pour arriver à nos fins. Si tout est bloqué, comme le fait foi la constitution canadienne et ses défenseurs féroces, cette commission ne servira au bout du compte qu’à remplir les poches de quelques intellectuels, à alimenter les médias en débats stériles et à creuser encore plus la scission qu’apporte le multiculturalisme.

Post-scriptum :

Ce texte vient d’être refusé de publication dans le journal Le Devoir (dans la page Idées) parce que je tiens à signer Renart L’éveillé… Petite déception que vient bien envelopper le sentiment de m’être tenu debout!

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