Petite discussion intéressante entre Belz et moi à la suite d’un billet de Patrick Lagacé au sujet d’Omar Khadr. Je vais m’en servir comme introduction pour ce billet.
Belz :
Peut-être aussi que si sa soeur ne se mettait pas un drap sur le corps avec seulement un trou pour les yeux, on serait plus sympathique à sa cause!
Renart :
J’ai fait le saut hier en voyant ça aux nouvelles. La mondialisation donne ça, il faut essayer de faire taire nos réactions primaires le plus possible…
Je me souviens que pour le port de la burqa, on disait que c’était très très rare, les enfants soldats canadiens de même : c’est donc un cas à prendre avec de grosses pincettes. Mais je crois quand même qu’il serait préférable de le faire quitter ce donjon, ça se réglerait beaucoup mieux dans la civilité et avec un peu plus de transparence.
Belz :
Je ne suis pas d’accord quand tu écris « il faut essayer de faire taire nos réactions primaires le plus possible… ». Pourquoi devrais-je taire mes réactions, mes opinions, et ce que je ressens quand je vois ça? Je vois sa soeur avec la burqa de la tête au pied, et on voudrait me faire croire que c’est une femme épanouie, que ce garçon vient d’un milieu équilibré?
Je suis bien d’accord pour qu’on le libère, mais je ne suis pas certain que sa place est au Canada.
Renart :
Je dis bien qu’il faut essayer, c’est la clé de l’ouverture d’esprit. Si je n’essayais rien, j’aurais de tout autres réactions et je serais assez réactionnaire, plus dans un sens où j’occulterais l’analyse.
Il est facile de faire un lien entre Khadr et sa soeur recouverte de ce drap, mais ce sont deux débats séparés à mon avis.
J’invite donc Belz à continuer la discussion ici, et vous tous de même, car à 211 commentaires chez Pat au moment où j’écris, il y a beaucoup trop de brouhaha pour s’entendre…
Mais je vais quand même clarifier mon dernier point et même le poursuivre, puisque ce soir au Téléjournal un reportage nous a montré que la burqa est très à la mode dans la famille Khadr… Alors la question que j’essaye de soulever c’est : est-ce qu’une réaction négative à la vue de toutes ces femmes en burqa devrait servir de point de départ à une réflexion sur le sort du jeune homme? Je ne crois pas.
Moi aussi, je trouve complètement absurde cette tradition archaïque musulmane et je ne crois pas qu’elle devrait avoir sa place au Canada, ce qui me fait écrire que la décision française de refuser la nationalité à une Marocaine qui la porte m’apparaît une bonne manière d’envoyer un message sociétal clair. D’autant plus que cette décision est félicitée là-bas autant par la gauche que par la droite. Un beau consensus qui me permet d’écrire gauche et droite deux fois plutôt qu’une dans leur orthographe correcte…
Pour revenir aux Khadr, je crois juste que ma réaction à la vue de cette famille ne devrait pas colorer mon jugement ailleurs que du côté des symboles religieux véhiculés, même si c’est facile de démoniser le jeune homme parce qu’il a vécu dans un contexte familial opposé aux valeurs qui me tiennent à coeur. D’un côté, il y a un problème de tolérance multiculturaliste abusive, de l’autre, il y a un humain maltraité.
Ce qui me fait divaguer du côté de la ressemblance et de la différence entre la burqa et les accoutrements vestimentaires qui sortent de la norme. Certains pourraient dire que c’est la même chose : si nous laissons les marginaux apparents se promener dans la rue tranquillement sans broncher, nous devrions aussi faire de même pour les femmes en burqa. Ce n’est pas du tout la même chose : dans le port de la burqa, il y a un message clair, assourdissant, qui tend vers le silence, tandis que pour les autres le message est hautement individuel, provoque la curiosité et le dialogue, surtout chez les humains ouverts d’esprit. Qui pense encore que la religion rassemble?
Le problème en ce moment avec Omar Khadr est tout sauf religieux. Nous sommes dans l’humanisme, il faut le faire ressortir tandis que c’est le temps.
(Photo : rusted_flower)
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