Je suis presque tout à fait de retour. Je retrouverai bien mes aises comme on retrouve son talent pour skier après des années.
Il se dresse encore devant mes yeux comme de la vaseline sur une lentille. Même le temps me paraît surréaliste : voilà dix minutes il neigeait des balles de golf et là je me retourne, plus rien n’y parait à part l’asphalte bleu-gris maintenant réflexive. Les voitures sur la rue laissent des traînées sensorielles.
J’ai pris deux fois plus de temps pour écrire ces quelques mots malgré mon expresso bien sucré. C’est normal, j’ai les neurones et les jointures rouillées.
Tout autour de moi, même ultra familier, est une bonne raison à la distractivité, à la contemplation inutile : sur un cordon qui pend devant mon haut-parleur droit, aux yeux de la tête d’Elmo porte-crayon qui regarde dans le vide à ma gauche, vers le mur vert devant moi, percé d’une ancienne feuille de note encadrée de blanc (bien mystérieuse même pour moi qui l’ai griffonné jadis), tachée de café, de signes délavés, de calculs mathématiques, dont un texte écris au verso point sans être le moindrement lisible.
Après cette trop longue phrase j’arrête, essoufflé, j’ai encore trop la conscience molle… nous méritons mieux.
(Photo : Limbo Poet)
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