Posts Tagged 'père'

Illumination

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Noir

Samedi soir, au milieu d’une foule compacte et fourmillante, alors que je n’avais qu’à penser au meilleur moyen musical de perpétuer ce festif état des lieux, j’ai ressenti profondément l’angoisse de la mort, de sa finalité. Je ne sais pas pourquoi. Ça m’a attaqué, subitement.

Et, devant cet objet vide et oppressant, ce vacuum, ce rien compact, ce noir opaque, malgré ma volonté de fuir la superstition j’ai espéré comme un baume la possibilité de le meubler par un si. S’il y avait ci, s’il y avait ça… C’est trop facile. J’en suis quitte pour m’éloigner encore plus d’une hypothétique illumination.

J’en parlais hier avec mon vieux pote, et il m’a pointé le fait que je suis père maintenant.

Ç’a du sens.

Ajout :

J’ai l’impression que mon billet est un peu l’écho de ça, même si je viens de le lire…

Pedobear, une histoire d’amour…

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J’ai entendu parler de Pedobear, soit l’ours pédophile, via un usager de Twitter. À la base, pour tomber dans un langage spécialisé, c’est un mème (qui pullule sur le web) : « un élément culturel reconnaissable (par exemple : un concept, une habitude, une information, un phénomène, une attitude, etc.), répliqué et transmis par l’imitation du comportement d’un individu par d’autres individus. » (Source : Wikipédia.)

Et la photo qui chapeaute ce billet, je l’ai trouvé sur un site (Encyclopædia Dramatica : un wiki ironique se spécialisant dans les mèmes et autres phénomènes Internet) qui explique qu’il provient originalement du Japon, mais qu’il est maintenant principalement une des mascottes du forum et site d’images 4chan (la version états-unienne du japonais 2channel, où il est né).

Je voulais comprendre, et je suis tombé sur une explication en langue française :

Pedobear est donc né du désir des utilisateurs de 2channel puis de 4chan de faire des blagues pédophiles en utilisant un personnage fort sympathique et innocent (comme tous les pédophiles en apparences), aux airs d’ours abruti. De fait, l’on retrouve à présent Pedobear dans un tas de situations, et lorsque l’on voit une jeune fille dénudée (bien souvent en mangas) ou dans une tenue/posture sexy, il est coutume de dire une prière à Pedobear ou d’y placer son célèbre « PEDOBEAR SEAL OF QUALITY » (Marque de qualité), dans le but de tourner au ridicule l’acte pédophile et son horreur.

Je précise que ceci est de l’humour TRÈS noir, et je conçois que beaucoup n’y adhèrent pas. Rappelons que si rire de la pédophilie c’est bien, la pédophilie en elle-même c’est Mal. Ceci fait pourtant parti de la culture du net, et à présent vous pourrez vous vanter de dire « je connais ».

J’ai beau être un nouveau père, je dois avouer que j’ai bien ri en voyant l’image qui suit, trouvée sur un site consacré à cet ours :

Mais bon, en même temps, je ne peux pas m’empêcher de voir où et pourquoi certains seront outrés par tout ça. Par contre, entre le statut de tabou et celui qui frôle la banalisation, on doit se demander, au bout du compte, qu’est-ce qui sert le mieux les enfants?

La naissance de l’émotion

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Moue Renart bébé

Sûrement comme la majorité des parents, Douce et moi chantons pour bébé Charlie. Des ritournelles simplettes trop joyeuses pour être réalistes. Il faut ce qu’il faut! Des comptines traditionnelles et des chansonnettes tirées des quelques jouets à batterie du côté de Douce, et pour ma part je baragouine de la comptine aussi, et improvise quelques airs rythmés. Charlie aime bien la nouveauté, son rire et ses cris en sont la preuve. Il y a pratiquement toujours de la musique autour d’elle. Le matin c’est de la pop de toutes sortes, la nuit, elle dort en écoutant de la musique classique.

Hier après-midi, Douce m’avait laissé avec Charlie dans la voiture pour aller faire remplir notre bouteille de savon à couche. La petite, qui a eu 6 mois voilà trois jours, s’est mise à chigner un peu derrière, alors j’ai décidé d’aller lui tenir compagnie. Le dernier album de Radiohead jouait, In Rainbows, la chanson House Of Cards, si je me souviens bien All I Need. J’ai fredonné l’air nostalgique du refrain en regardant ma fille dans les yeux, la voix chargée d’émotion. Elle fit aussitôt la moue comme je ne l’ai jamais vu faire, la lèvre du bas bien ressorti, le regard se chargeant de larmes. Le visage le plus triste que j’ai vu. Je n’ai pas pu faire autrement qu’elle, derrière mes verres fumés. Alors que je continuais la mélodie, elle se mit à pleurer.

J’ai aussitôt tout fait pour lui changer les idées, ce qui a très bien fonctionné. Et je lui tenais la main, et je lui parlais, essuyant mes larmes, me disant que je vivais quelque chose de singulier, dans ma jeune vie de père. Pas longtemps après, quand le même mouvement de la chanson est revenu, je n’ai pas pu m’empêcher de chanter encore, par automatisme; et après la première note, je me suis demandé si sa réaction n’était pas due qu’au hasard, continuant du même souffle pour en avoir ainsi le coeur net… Aussitôt, ses yeux s’emplirent de larmes, sa lèvre du bas s’avança et elle pleura encore. Moi aussi. Même manège pour lui changer les idées.

Douce revint quelques secondes plus tard, et je lui ai raconté tout ça. Elle n’en revenait pas. Comme moi, ça lui remuait l’intérieur, mais elle me demanda de chanter encore, ce que je fis. C’était la même chanson qui jouait. La moue revint automatiquement, même si sa mère était là, étonnamment. Elle ne se rendit pas jusqu’aux pleurs, la démonstration avait été assez éloquente : Douce me coupa le clapet et fit bifurquer l’attention de Charlie.

Tel père, telle fille. En plus de la ressemblance physique, les photos de moi bébé à l’appui, la ressemblance émotionnelle. Ma mère, qui a une voix superbe, s’il faut le préciser, me faisait exactement le même coup. La photo qui orne ce billet en est la preuve.

Il n’y a que le temps, le moment, qui fait en sorte de lier cette anecdote avec la Fête des Pères, mais je vais le prendre quand même ce beau cadeau. J’ai décidé de l’écrire pour être certain de ne jamais l’oublier. En le partageant avec vous, je me dis que c’est un cadeau encore plus grand.

*

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je travaille comme DJ depuis environ 20 ans et j’ai commencé à chanter dans mon premier groupe la même année que j’ai commencé à être DJ. Avec l’avant-dernier groupe auquel j’ai collaboré, nous avons même sorti un album, ce qui nous a conduits à un spectacle au Spectrum dans le cadre des Francofolies de Montréal. Alors non, ce n’est pas parce que je chante comme une crécelle, une casserole, etc., qu’elle a réagi de la sorte! 😉

Nouveau sport : le lancer des médailles de l’Ordre du Canada

À cause d’un monsieur Morgentaler, les denteliers de la religiosité chrétienne se font aller depuis quelque temps, peut-être est-ce une manière de faire compétition aux explosifs adeptes d’Allah? mais à coups de médailles de l’ordre retournées… Ça ne tue pas, mais ça tape tellement sur les nerfs! Donc, la barbe du dernier nommé à l’Ordre du Canada est visiblement plus piquante que la barbe de l’autre, celui qui n’a pas de nom et dont tous ces hystériques se réclament.

Comme s’il n’y avait qu’une seule manière (divine) de voir la société et ses problèmes. Comme s’il n’y avait que Dieu, via une brique obscure du nom de Bible, pour penser. Pourtant, penser est une activité du cerveau que l’on peut soumettre à un brassage intense en compagnie de gens de bonne volonté (!) et mettre à jour au jour le jour, contrairement à la pensée sur papier bible, qui « présente une bonne résistance au vieillissement et aux manipulations. » Quelle blague!

Dans la dépêche de LCN, par rapport à ce lancer des médailles, on lit qu’une de ceux-là, « La fondatrice du Madonna House, Catherine Doherty, a reçu l’Ordre du Canada en 1976 pour son travail auprès des démunis. » D’un côté, on s’inquiète des démunis et de l’autre on culpabilise le libre-choix de donner la vie, surtout quand on sait que la pauvreté est souvent très liée à ce choix. Elle serait fâchée qu’on lui aspire sa clientèle?

Cette vie qui leur semble si importante est premièrement biologique (et non pas spirituelle — avant le baptême, un enfant ne fait à proprement pas partie de l’Église…) et s’inscrit dans le contexte de la communauté, assujetti premièrement à la vie de la mère, du père, de la famille. C’est certain que l’avortement comme contraception ce n’est pas bien intelligent, mais le sujet est bien plus large que ces cas stupides, démontrant seulement la déficience éducative de notre société auprès de certaines personnes, souvent les plus pauvres, tant au niveau matériel qu’intellectuel. Et j’accuse encore plus l’Église de faire l’éloge du crétinisme en vantant le jugement de Dieu, le discernement tronqué des doctrinaires, au lieu de cultiver la lucidité des citoyens.

(Photo : SMN)

Ajout :

Je viens de tomber sur une nouvelle très intéressante et très connexe, via Le Déblogueur, sous le titre :

« Un groupe d’extrémistes chrétiens appelle au boycott de Mcdonald’s ». La réplique de McDonald’s :

Il n’y a pas de place pour la haine dans notre culture, nous voulons aider les gens à vivre et à travailler dans une société sans aucune discrimination.

Je n’aurais jamais pensé applaudir McDonald’s…

Un Petit Poucet

Je chiale bien sur l’externe, l’univers — même qu’une femme enceinte c’est pas non plus toujours facile… — mais au moins, l’interne va bien : Le Petit Poucet dans l’antre de Douce est bien vivant, nous l’avons entendu.

Le médecin le chassait avec son machin techno pour nous le faire entendre et à chaque fois qu’il réussissait à s’en approcher assez, on entendait un gros poc! qui voulait presque dire : laissez-moi tranquille! Il nous a expliqué que le système nerveux du bébé est assez évolué pour qu’il ressente la présence de cet intrus de métal.

Il bougeait donc beaucoup, pour un être qui comptabilise seulement 15 semaines de vie. Toute cette vie souterraine, puisque sa mère est ma contrée, son terreau, m’a beaucoup ému. Je me suis rendu compte qu’au-delà de la biologie il y a quelque chose de plus flou, un questionnement : une étincelle qui se réclame déjà de liberté.

(Photo : Remolino)

Réminiscence et prescience

Cette photo, je l’ajoute à la demande de Mandoline, qui dans un billet avait ajoutée une vidéo d’un petit garçon mimant jouer de la guitare sur une chanson de System Of A Down. C’était mon sport favori quand j’étais petit. Donc c’est moi, baragouinant les paroles d’une chanson d’Elvis Presley, en 1977, l’année de son décès. Ça ne me rajeunit pas.

Mon père était un grand admirateur d’Elvis et je me souviens qu’il l’a pleuré cette année-là. Il nous a aussi quittés un peu plus tard pour aller refaire sa vie ailleurs. Je me souviens avoir pleuré parce que ma mère pleurait. Cette année, nous en avons parlé, et j’ai finalement su pourquoi. Vous allez sans doute ne pas me croire, mais je ne lui en ai jamais voulu : au moins maintenant, je comprends. Je vais souper avec lui ce soir. Je l’aime comme il est, même si je ne comprends pas encore tout.

En ce dimanche de fête des Pères, je termine sur le sujet de ma paternité future. J’ai écrit hier un court texte qui se retrouvera calligraphié — et j’exagère vraiment avec mon écriture en mal de pratique, moi qui écris toujours via un clavier, mais je vais m’appliquer! — dans un calepin acheté à cet effet, que l’on donnera à notre enfant au moment opportun. Ça va comme suit :

Ce n’est pas évident pour un futur papa de saisir l’ampleur des changements qui s’opèrent dans le ventre de la future maman. La petite chose que tu es est encore plus petite pour moi. J’ai bien hâte de te voir sur un écran, je pourrai enfin arrêter de jongler, au moins avec les possibilités que tu sois une ou un.

Ce que je peux voir, c’est que ta maman resplendit à la mesure de son ventre qui grossit, presque à vue d’oeil. Tous les jours, j’embrasse sous le nombril, celui-là qui disparaît aussi parce que tu pousses, et je te parle parfois en espérant plus tard que ma voix te soit amie, à défaut de pouvoir te nourrir de mon sein. La vie est ainsi faite!

Ça me fait tout drôle de te parler ainsi. Je parle à ta partie de moi, à ta partie de ta mère, car c’est plus simple pour l’instant. J’aimerais pouvoir me projeter dans le futur pour te parler de nous, du chemin parcouru, de ce que nous avons compris de nos échanges, des changements qui ont lieu, de celui, de celle que nous sommes, bien différent d’aujourd’hui. Ce dont je suis certain, c’est que tu en seras le symbole, et chaque seconde à vivre sera une occasion de remerciement.

Billet sexiste

Ne vous inquiétez pas, je ne serai pas intolérant. Mais ce billet parlera bien sûr d’intolérance en général, et plus amplement de sexisme. (Ajout : donc un billet entre autres au sujet du sexisme) J’irai même du côté de la politique, c’est pas peu dire…

Mon petit tour de la blogosphère a fait ressortir ce matin quelques billets où je crois qu’il y a disproportion et/ou analyse défaillante. Le premier, un billet de Christian Vanasse, avec lequel je suis majoritairement d’accord, pointe premièrement le sexisme anti-masculin dans la pub avec, entre autres, l’exemple suprême de la pub de Jeep, où :

Un petit couple se fait proposer par un vendeur de chars des rabais en argent ou en matériel à l’achat d’un véhicule neuf. Le vendeur propose d’abord 1000$ d’accessoires de camping d’une marque connue. La femme du couple s’imagine aussitôt en vacances dans un décor bucolique faisant une ronde avec ses enfants avec en fond sonore une petite musique téteuse. Notez en passant que l’homme est absent du décor. Le vendeur parle ensuite de 1000$ d’essence gratuite. Aussitôt, l’homme du couple s’imagine au volant de son 4X4 spinnant dans la bouette et riant comme un malade sur fond de musique rock and roll. Yeah. Évidemment, le gars est tout seul à se faire du fun en brûlant 1000 piasses de gaz.

Par contre, il ajoute dans le lot la pub de nourriture pour chat Whiskas, où le chat de la maison est représenté par un homme, ce qui je trouve est pas mal tiré par les cheveux. Je lui ai fait savoir en commentaire :

Michel Brûlé a déjà pointé cette pub sur le site « Les dents du Québec » dans la vidéo nommée « Les hommes québécois sont de parfaits imbéciles! », où il fait étalage des pubs misandres… (et où dans sa conclusion il dit que l’« ennemi » n’est pas l’homme, mais l’Anglais!). J’ai bien de la misère à voir dans cette pub du sexisme envers les hommes puisqu’il est clair que la psychologie féline est bien loin de celle du mâle humain… Je crois donc que c’était plus une question de « casting » : qui entre les hommes et les femmes aiment plus les chats en général?

Il aurait été alors assez bizarre de mettre en scène une maîtresse et une chatte, donc pas d’hommes dans la pub, oups! et encore plus un maître et une chatte : quel publicitaire stupide aurait choisi cette dernière solution?

Alors, je crois que la solution de la maîtresse et du chat représenté par un homme est la meilleure solution, celle qui risquait de froisser le moins de monde par rapport à ce concept de pub. (Pour la valeur du concept, c’est une autre question!)

Je n’aime pas les pubs qui utilisent le sexisme, mais je trouve que de classer cette pub là-dedans est un peu parano…

Un autre billet m’a fait réagir aujourd’hui, et c’est celui de Mandoline qui a pour sujet l’histoire sordide d’un père autrichien qui a séquestré sa fille pendant 24 ans et qui lui a fait 7 enfants… Elle débute son texte en lionne, et je cite :

y’ a des soirs comme celui-ci où il me plairait de broyer un homme de mes propres mains…

Ma réaction :

En lisant ce bout de phrase, je me dis que les hommes normaux ont la couenne dure…

Imagine une histoire sordide mettant en scène une femme et que tu lisais, à la suite de ça, un texte de ma plume qui contiendrait cette phrase : y’ a des soirs comme celui-ci où il me plairait de broyer une femme de mes propres mains…

Bobo dans les tripes hein?

T’inquiètes, je ne suis pas fâché, j’essaye juste de relativiser…

Cette histoire est le comble de la méchanceté et de la folie, j’en conviens, mais ce n’est pas un homme qui l’a perpétré, mais bien un monstre! Et pour moi un monstre est asexué… même si sa faute est sexuelle.

Donc, voilà pour moi quelques petites dérives possibles quand il s’agit de réagir au sexisme. Dans le premier cas, c’est d’utiliser la mauvaise grille d’analyse et dans le deuxième cas c’est de réduire un problème particulier à une généralité, ce qui n’aide pas du tout à amoindrir l’impression de « guerre des sexes » perpétuelle…

Du côté de la politique, la dérive sexiste se transforme en intolérance et en analyse partisane. L’exemple que je donne à Christian Vanasse avec Michel Brûlé et sa proposition de détournement de la haine des hommes vers la haine des « Anglais » est probant. Comme si la misandrie devenait acceptable quand il s’agissait d’un homme anglophone…

Un autre exemple de mauvaise grille d’analyse revient à David Chrétien et son dernier billet au sujet de la position de l’ADQ et du PQ par rapport à la question du français. Il utilise la proposition du PQ, pour un renforcement de la loi 101, pour critiquer la position de Maka Kotto au sujet des dernières affiches de l’ADQ. Il faudrait que ce jeune homme se réveille, puisqu’il manque un élément clé dans son analyse : le PQ n’inclut pas la question de l’immigration dans son projet tandis que l’ADQ l’a inclus dans son affiche. C’est bien ce lien implicite entre un recul du français et une augmentation de l’immigration qui était fortement discutable, et non seulement la question du français. Alors, de pointer le PQ comme étant contradictoire (ou plutôt proche idéologiquement de l’ADQ) est d’un simplisme enfantin : le lecteur moyen est capable de comprendre la différence entre un parti qui propose une loi et un autre qui alimente la peur. Voilà où mène la partisanerie : on occulte des données pour faire transparaître un argumentaire qui a un semblant de logique, ce qui n’est pas le cas après un examen approfondi. Au moins, il est clair que cela sourira seulement aux plus stupides des mariodumontistes… enfin, j’espère!

En somme, je vois dans tout cela un manque de perspectives externe à soi. Qui se dresse contre une tendance lourde pointe souvent tout ce qui peut y ressembler, même de loin. Qui se dresse violemment contre une situation particulière en vient à faire des liens inutiles pour appuyer ses dires. Qui dénonce en profite pour user d’opportunisme et relancer la balle dans un autre sens. Qui se sent attaqué cherche par tous les moyens à fabriquer des liens pour se sortir de l’impasse.

Serait-ce par hasard si difficile de se mettre dans la peau des autres, et surtout dans la tête des autres?

(Photo : granty)

À des lieux de l’humour

Je peux vous avouer que j’ai un peu la larme à l’oeil, pour ne pas dire l’arme à l’oeil, puisque j’oscille grandement entre mon enfance, tout sauf calme, et le stoïcisme vers lequel je tends, comme une seconde peau : une fabrique de larmes pour huiler mes actions rationnelles.

C’est une histoire comme il y en a eu partout depuis toujours. Je crois même que seulement une minorité en serait vierge. Le sujet concerne cette violence que certains hommes pleurent de la pire manière sur les os des femmes. J’ai encore ces images bien gravées en moi, même si ça fait plus de trente ans. C’est comme si en général elles ne voulaient plus rien dire, malgré la force de la haute définition mnémonique, et que les sentiments qui y sont rattachés viennent seulement me lécher le coeur, me le titiller, par la faute de ce bain virtuel qui est le nôtre, ouvert au partage, sans la cachotterie des huis clos poussiéreux.

Cela n’a peut-être pas tant de liens que ça quand je vois les images de ma mère qui se fait battre, déchirer son linge par son salaud d’alcoolique — remplaçant de dépendance affective, de mon père, parti se faire voir ailleurs —, devant moi, environ six ans, ma soeur et mon frère, quatre et trois ans, mais ces images sont en conséquence directe avec la lecture d’un vieux billet d’un écrivain dissertant sur la vie d’un autre, qui a fait de la prison pour ce crime, et la suite de commentaires qui fait surtout la belle part à la victime, et c’est compréhensible. J’omettrai ici, infidèle à mes habitudes, les hyperliens pour ne pas réveiller inutilement des fantômes, je me contenterai des miens. Et mes yeux ont croisé ce vieux billet, qui date du 13 novembre 2007, par la faute d’une âme revancharde rencontrée par un hasard pas tout à fait hasardeux, et je suis tombé dans le panneau…

Même moi, qui a la subjectivité dans le tapis, j’ai le devoir de ne pas abandonner mon objectivité, dernier rempart de ma santé mentale, pour autant. Et je suis surtout content de n’avoir rien à perdre ni à gagner avec les belligérants, qui semblent en découdre depuis des saisons, dans l’instable calme des piques et des lettres… Mais il ne me faudrait surtout pas lire tout ça comme un épisode, non : la vraie souffrance ne se contente pas de l’art pour se répandre.

Est-ce que le temps peut tout réparer? Je ne crois pas, car j’en suis ma propre preuve. N’est-ce pas que le pardon est la plus grande entreprise personnelle à entreprendre? Qui me dira le contraire!

Est-ce qu’un homme qui est capable de se contenter d’un regret irréversible mérite qu’on efface son ardoise, même dans le doute?

C’est beaucoup ici un dilemme que j’expose, gargantuesque par tous les niveaux d’analyses que je peux y voir, multiple comme les termes des accusations et des défenses, comme l’impossibilité de revenir en arrière, et surtout l’espoir de voir la vie telle qu’elle se présente dans le présent, affranchi de toutes nos fautes, que l’on décide de déterrer ou d’enterrer plus profondément, selon les conjonctures.

Je suis dans le flou et cet exutoire appelle à la publication.

Je joue à l’éditeur et j’appuie sur publier.

(Photo : llona Angervuo)


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