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On vient tout juste de me pointer un groupe Facebook au sujet de la fermeture in extremis d’un dépanneur Couche-Tard : « Pour le boycott des dépanneurs Couche-Tard ! » La raison la plus plausible concernerait le désir des employés de se former un syndicat, même si la compagnie argue que ce « magasin fait partie d’un groupe de sites qui ont été visés par Couche-Tard pour une raison de non-rentabilité ». Peut-être. Mais les coïncidences du genre semblent plutôt rares… Et puis, quelle compagnie, même la plus immorale, fermerait une franchise sans avertir au préalable ses employés? Alors, je penche vers la peur maladive du démon syndical. Bouh!
On a beau discuter de la syndicalisation et y voir de mauvais côtés, il reste que c’est un droit et une possibilité qu’ont les travailleurs. (Et pour pouvoir empêcher totalement cette possibilité, il faudrait pouvoir empêcher aussi totalement les abus qui créent ce désir de syndicalisation…) Je soupçonne l’idéologie plus que la rationalité dans le processus de décision de cette fermeture. Je comprends la déception du patronat devant cette perspective, mais ça me surprendrait beaucoup que dans n’importe quel cas la syndicalisation signifie pour autant la fin des profits. Réduction vraisemblablement, mais on parle quand même déjà dans ce cas-là d’emplois sous-payés, s’il faut le préciser, et que ce sont surtout des jeunes qui les occupent.
Cela me fait penser à ma seule expérience syndicale. Je travaillais dans le seul débit d’alcool montréalais qui a réussi à se syndiquer à la fin des années 90. Et ce n’était pas un caprice de faire cette démarche-là, croyez-moi : les relations employés-employeurs étaient les pires que j’ai vécu depuis que je suis sur le marché du travail. Mais le patron a réussi de main de maître à se débarrasser, et du syndicat, et de tous les employés qui étaient là pendant ce temps, pas seulement ceux qui étaient impliqués. À ce qu’on a su, il a engagé comme gérant un spécialiste du cassage de syndicat. Ce gars-là s’est acoquiné avec quelques employés antisyndicalistes, il leur a fait miroiter quelques avantages, et ils ont réussi à attirer une majorité d’employés de leur bord, et paf! Après ça, ce fut les mises à pied pour la plupart du temps des raisons stupides et tirées par les cheveux. Pour moi, le stratagème avait été très ingénieux : j’ai été transféré dans une nouvelle section, elle a été fermée après quelques mois, sans qu’on m’offre autre chose. Après coup, j’ai su que la section avait été rénovée et rouverte trois mois plus tard. Une pierre deux coups. (Personnellement, j’ai pris ma revanche en m’inspirant fortement de ce patron pour composer le personnage du patron cinglé dans mon roman…)
Dans n’importe lequel de ces cas, c’est certain que c’est toujours la loi de la jungle qui prime, on ne peut pas contraindre aucun patron à ne pas se débattre comme un poisson dans l’eau devant ce qu’ils considèrent, à juste titre, comme une perte de contrôle. Mais bon, il reste des initiatives citoyennes comme le boycottage pour envoyer un message, même s’il ne semble pas encore à force égale. En espérant quand même qu’il soit pris au sérieux, si réellement l’argent parle…
(Image : http://burlesquedesign.com)
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