Posts Tagged 'habitudes'

Intrus ou héros?

C’est après avoir lu un billet de Patrick Lagacé au sujet d’une pub gouvernementale faisant la promotion des « saines habitudes de vie » que j’ai repensé à la campagne en lien avec l’efficacité énergétique. La pub où, par exemple, une femme entre dans la maison d’un couple et abaisse la température de trois degrés, alors que ceux-ci se dirigeaient à l’étage pour se coucher. J’aime encore plus celle où on voit un homme ouvrir une portière et s’introduire pour éteindre le moteur d’une voiture dans laquelle un autre homme est assis à attendre. Ça me surprend de ne pas en avoir entendu parler encore… surtout en mal.

Il me semble que pour les zélateurs de la liberté individuelle ce sont comme des petits films d’horreur pour les peureux chroniques. Et en plus, c’est quand même l’État méchant qui essaye de nous culpabiliser de gaspiller de l’essence, de l’électricité, de l’eau chaude, etc. Il y a réellement une partie de moi qui se sent agressée à chaque fois que j’en vois une, une autre qui trouverait plaisir à prendre en défaut quelques citoyens, si elle pouvait avoir l’immunité comme les intrus dans les pubs.

C’est soit qu’on les voit comme des gens irrespectueux ou des héros.

(Photo : yO²)

En bons points… ô baise!

Voilà quelques jours, Noisette Sociale a créé tout un émoi avec un billet où elle discutait de l’obésité. J’y ai mis mon grain de sel en pointant le problème global du train de vie occidental où la dépense d’énergie n’est pas proportionnelle à la quantité de nourriture ingérée. Cela et le gaspillage en temps, en argent et en énergie.

J’ai ajouté : « Mais c’est certain que ce discours est très culpabilisant et je suis le premier à me sentir coupable, avec mes quinze livres de trop… Et je sais tout à fait que c’est mon rythme de vie qui en est la cause et qu’il faudrait donc que je coupe dans mes portions pour être en phase avec ce que mon corps à besoin. Pas besoin de dire que c’est très difficile de changer ses habitudes à ce point. »

J’y reviens, car j’ai le goût d’ajouter que la culpabilité et l’orgueil sont de bons moteurs de changement. La dernière fois que je suis allé voir mon ami L’équilibriste, il m’a un peu taquiné par rapport à mon poids : j’avais le goût de me défendre avec le fait que j’ai arrêté de fumer et que lui non, mais je me la suis fermé (ou plutôt j’ai dû rétorquer quelque chose de comique), parce que je sais que ce genre de pique me remet la réalité en pleine face, que ça va me travailler, que si je ne fais pas attention aujourd’hui, demain je vais trouver ça dur…

Tiens, ça me fait penser à la cigarette, justement. C’est pour moi assez connexe comme problématique. J’ai accueilli la nouvelle de l’interdiction de fumer dans les bars comme une bénédiction. Et toute la pression sociale qui pesait sur les fumeurs me plaisait aussi, car je savais que c’était pour moi des mesures incitatives de plus pour m’aider à réussir d’arrêter cette foutue habitude qui me pourrissait la vie. Dans ce temps-là, et encore aujourd’hui, je ne comprenais pas ceux qui se complaisaient avec acharnement et fierté dans cette culture du tabagisme, montée de toutes pièces par les magnats de l’industrie de la boucane légale, et qui regrettent le bon vieux temps où ça sentait la mort partout, puisque plus de la moitié des gens fumaient. Comment se sortir de quelque chose quand nous en sommes subjugués?

Ce qui est beaucoup ressortit dans les nombreux commentaires à la suite du billet de Noisette, c’est qu’il faut se sentir bien dans sa peau. Je suis bien d’accord, mais comme incitatif au changement ce n’est pas fort fort, il faut se l’avouer. J’aimerais alors analyser ici l’idée de se sentir bien dans sa peau plus amplement. Si « manger » ses émotions est la cause d’un surplus de poids, est-ce qu’on peu dire que la quête d’être « bien dans sa peau » devrait plutôt passer par un travail sur le pourquoi du lien entre l’émotion et la nourriture que par l’acceptation de soi dans un état de statu quo corporel? Si la cause du surpoids est de mauvaises habitudes et de trop grosses portions, pourquoi travailler à « se sentir bien dans sa peau » alors qu’il serait plus profitable de changer ses habitudes (j’allais écrire « plus facile », mais c’est faux, il n’y a rien de plus facile que le laisser-aller…)? Et « être bien dans sa peau », ne serait-ce pas seulement une expression fautive qui représente l’utopie d’être bien dans sa tête alors que l’extérieur nous rappelle notre différence et que notre corps ne se porte pas tout à fait bien?

J’aurai des réponses pragmatiques à ces questionnements : en somme, une recherche d’équilibre entre le repli sur soi et l’acceptation du regard des autres. Cela revient à l’harmonie, ou plutôt le va-et-vient, entre l’individu et la collectivité. Je ne crois pas que le mouvement social de culpabilisation ne soit tout à fait bon ni tout à fait mauvais. Il faut simplement savoir s’en servir à bon escient.

Je n’aime pas trop me donner en exemple, mais, même sachant que j’ai depuis toujours un physique avec tendance à l’embonpoint, il a toujours fallu que je reçoive une gifle à l’orgueil pour que je me reprenne en main!

Alors, le but de ce billet n’est pas de faire se sentir mal qui que ce soit, mais bien de mettre carte sur table, sans aucune méchanceté. À la suite de ça, vous pourrez clamer tout haut votre liberté de ne pas prendre en compte mon avis sur cette question qui semble devenir de plus en plus tabou, cela vous regarde. Et cela me sert encore plus amplement que vous ne pouvez le penser…

(Photo : caryndrexl)


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