Pour certains, court-circuiter un débat est un jeu d’enfant. Comme le garçon qui tient son père pour la puissance incarnée en ballon d’hélium au bout d’une ficelle, il suffit de s’armer, de s’accrocher en bandoulière une supériorité objective et/ou subjective; quand la subjectivité se drape de l’objectivité et que le va-et-vient entre les deux est une tentative d’hypnotiser. Pourtant, ultimement, même l’humain le plus décoré de diplômes et grand gagnant du test de quotient intellectuel le plus complet ne pourrait avoir raison sur tout aux yeux de tous. Dire le contraire, c’est tenter de capturer l’opinion dans une boîte trop petite pour elle.
Parlons de la cible de la critique, vers où le doigt pointe — que ce soit en direction du pape ou de la coquerelle, de la santé de la Terre ou de la meilleure recette de pâté chinois —, serait-ce une matière que chacun peut bâillonner à sa guise avec le moyen fallacieux décrit plus haut? C’est à la base de la liberté d’expression et cette liberté ne saurait s’embourber dans un paternalisme ou un autre. Personne n’est intouchable, surtout quand il s’agit d’idées.
Certains penseront aussi que ce discours ouvre la porte à une certaine forme d’égalitarisme populiste en ce qui a trait aux opinions, mais il n’en est rien. Le simple citoyen fera des vagues autour de lui à la mesure de ses connexions avec le monde, idem pour la personne publique, c’est inéluctable. C’est simplement qu’il faut laisser la chance au débat, quel qu’il soit et où qu’il soit, d’influer sur le réel en s’abstenant de lui couper l’herbe sous le pied au nom de la pudeur. Il n’y a rien de plus fâcheux que de voir quelqu’un chapeauter la valse (ou la mitraille) des arguments avec ses grands airs…
Et pour conclure, je le répète pour être bien compris : quel que soit le résultat quantitatif ou qualitatif, aussi minime soit-il, il s’agit toujours d’influer sur le réel. C’est l’essence même de l’aventure humaine.
(Photo : dmswart)
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