Posts Tagged 'Écriture'

Un creux parmi tant d’autres

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À l’heure où la blogosphère semble devenir un simple appendice de son microcousin Twitter, l’annonce de la possible mort du très populaire blogue personnel « La belle et la bête » me donne un coup dur. Malgré mon optimisme avoué, j’ai (entre les lignes) depuis quelque temps un pessimisme collé à la tête, pressant mes tempes de son bourdonnement suceur d’énergie. Tellement que j’ai fait avorter bon nombre de billets, ce qui m’arrivait assez rarement jusqu’à voilà deux semaines. Et même sans me compter, j’ai remarqué un creux quasi généralisé.

Pour revenir à moi, on dirait que l’étincelle est trop paresseuse, en plus d’être petite. Pourtant, ça ne devrait rien changer au fait qu’elle puisse être capable de provoquer une explosion. Mauvais exemple, peut-être. Une étincelle dans le vide, ça reste quand même loin de toute possibilité.

J’ai mes positions, je constate qu’il y en a d’autres, mais au lieu de titiller ma combativité, ça contente mon sens de la mesure. Et c’est loin de m’indiquer que c’est un bon point de départ pour quelque chose d’intéressant. Du moins pour le lecteur. (Et ce personnage-là, je suis trop loin de m’en foutre!)

Et j’ai toujours en tête que le corps a le gros bout du bâton d’intelligence que le cerveau n’a pas. Donc, je ne m’avouerai pas vaincu aujourd’hui. Par contre, j’accepte maintenant de voir toute la procrastination que peut contenir l’activité d’écrire dans ce moule que j’ai moi-même fabriqué, même si l’écriture en soi reste toujours un véhicule défendable, au moins par-devers soi. Au danger de se mentir à soi-même.

Et je n’en suis même pas à l’abri.

Qui peut bien se targuer de l’être?

Ce doit être ce qu’on appelle le doute.

(Photo : Lodonnext)

La forme et le fond

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La forme et le fondBillet intéressant aujourd’hui chez Chronique d’un gars. Il discute de son désir d’améliorer la forme de ses billets. Dans ses justifications pour expliquer pourquoi il écrit brouillon et qu’il omet les accents, il parle de l’importance du fond, de paresse et d’anticonformisme, entre autres. Je trouve le thème important, alors je tenais à le partager ici.

Ce que je lui ai répondu à l’instant :

Pendant que tu en parles…

Ce que je peux te dire, c’est que le plus important, c’est la lisibilité. Il y a un travail de déchiffrement à faire quand il y a des fautes (de toutes sortes) et des accents qui manquent. C’est donc pour atteindre le fond que je me donne la peine de faire cet effort. Mais si tu le fais pour moi, je serai encore plus content de te lire.

Alors, pour l’histoire de ne pas se conformer, tu pourrais aussi écrire des trucs comme « Ti okjensidafiv poku nijaci joneheb mucadhass ob gefogec » pour aller au bout de l’idée.

Pour ma part, je ne crois pas que je suis plus conformiste parce que j’essaye d’écrire le mieux possible.

La forme magnifie le fond.

Dialogues

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De prime abord, je vous préviens, ça semble contradictoire. Tandis que Seth Godin « conseille de ne pas tenir compte de l’avis des critiques, […] en ce qui concerne l’écriture de votre blogue », il conseille aussi « d’ignorer les commentaires des fans, car ils vous aiment pour ce que vous êtes ou ce que vous faites, et sont donc opposés à tout changement. » (source : InfoPresse)

Ça donne l’impression de prôner un enfermement sur soi, mais non, c’est plutôt d’en sortir qu’il s’agit, de sortir du regard des autres pour mieux évoluer.

Je crois que sa réflexion vient du fait de la multiplication du dialogue qu’apporte l’interaction accrue de la blogosphère. Par exemple, auparavant, un écrivain était en contact avec un minime retour critique et admiratif, parce que la communication était beaucoup moins élaborée qu’elle l’est aujourd’hui. Donc, c’est bien de l’équilibre mental du créateur dont il est question (et non, le terme « créateur » n’est pas trop fort! : extérioriser, c’est créer).

Il est tellement facile de se perdre de vue dans l’expectative et de créer un pantin nommé « lectorat » qui tient plus de la fabulation que de la réalité — s’il est possible de bien identifier cette réalité.

*

En parlant de dialogue, je vous invite à lire un article concocté par  l’ami Satellite Voyageur (qui va fêter sa première année dans la blogosphère), paru sur le S@ns P@pier, le « journal de toute la communauté universitaire ». C’est une discussion entre quelques blogueurs sur des thèmes chers à la pratique bloguale.

Aussi, c’est au tour de Noisette Sociale de se faire interviewer par Celui qui blogue.

Par là où il y a foule

J’ai Patrick Lagacé sous mon point de mire en ce moment du côté de chez Branchez-vous! (Même un peu mercredi dernier…) J’en ai même profité pour m’amuser avec son image pour illustrer mon billet, en espérant que cela ne me mettra pas dans la schnoute, mais bon, c’est un peu comme du sampling

Donc, j’ai pas mal mon quota d’écriture pour la journée avec ça et vous reviens plus dispo en fin de semaine, avec, si tout va bien, un texte plus personnel : il me semble que ça fait longtemps que je n’ai pas cousu des mots de fils multicolores.

Bon, je retourne à mes rénos!

Des nouvelles du front…

Je vous écris avec la sueur au ventre et des pansements au cerveau, après une fin de semaine d’écriture ardue, de discjockeying assez prenante en énergie (pour cause de volatilité de la clientèle, due à la chaleur, aux terrasses et au jazz : moins il y a de monde, plus c’est difficile pour moi, l’hôte musical…), un samedi de couraillage vers une des nombreuses villes qui se terminent par « sur-le-Richelieu » et de bonheur simple dans la maison d’un joyeux luron nouvellement papa où j’ai expérimenté le sport de la tenue-du-bébé-dormant-dans-ses-bras, disserté à la rigolade avec de vraies gens tout droit sortis de la virtualité (pour viser le plus large possible…), revenu sur l’île pour continuer encore cinq heures dans la pénombre joyeusement sans fumée, après un long détour vers un autre riche lieu afin d’y emmener Douce et demi (mais je ne devrais pas écrire « demi », car c’est déjà tout un être : je trouvais seulement l’image belle, comme celle de « mini-nous »). Il me semble en plus que j’ai mal dormi sans ailes…

Comme à plat-ventre, j’ai quand même réussi à ne pas que déféquer sur ma supposée patrie pour ce jour de fête officiel (ou officieux?) qui a commencé depuis un peu plus de deux heure. D’autres sont mieux que moi dans cet art, faites-y un tour aussi, il y en a pour tous les goûts et les dégoûts!

Et cette image qui coiffe ce billet, je me la suis piqué parce que je voulais en profiter pour dévoiler son titre et l’étendre comme une banderole ici : Canada : mort ou vif? Au-delà du rapport avec mon autre billet, je trouve le lien de la feuille-d’érable-rouge-parce-qu’elle-est-morte assez jouissif. À chacun ses (ré)jouissances, comme on ne dit pas assez, même jamais!

Pour paraphraser : bonne journée des déménagements! Surtout si vous ne déménagez pas et que vous faites n’importe quoi d’autre que de fêter la joie d’être colonisé. Quand même.

L’arme de la reine-nègre sous le regard des larmes

Avec toute la polémique entourant l’utilisation du terme « reine-nègre » par Victor-Lévy Beaulieu et de la réaction abusive envers la liberté d’expression du député libéral Emmanuel Dubourg, il ressort qu’il n’est pas bon de mêler les sentiments et la politique. Des deux côtés, le sentimentalisme est à fleur de peau et on s’envoie à qui mieux mieux les pots!

VLB n’est pas dupe du pouvoir des mots et il est certain que la multiplicité de sens du terme « nègre », bien que couplé en néologisme à « reine », ne lui a pas échappé, oh! que non! L’insulte se trouvait donc au moins sous-jacente comme une bombe à retardement, sinon évidente comme une main toujours prête à gifler. En somme, un beau coup calculé, puisqu’il est toujours possible d’arguer, avec un coup de poing sonore sur la table de concertation, que le sens rejoint seulement et seulement celui du « roi nègre », lié au colonialisme…

Qui me dira sans rire que cette missive assassine à double tranchant n’est pas l’art de se laisser émouvoir par l’adversité? Il n’y a que de l’épanchement débordant pour donner un résultat aussi bien rempli d’ambiguïté, propice à provoquer la colère chez les autres, ces autres malins qui ont assurément accompagné les pensées de l’écrivain alors qu’il traficotait sa bombe incendiaire. Tout ça pour dire que ce concept de reine-nègre n’est pas le fruit du hasard, mais bien plutôt le fruit de la fatalité, résultat d’au moins une douce tristesse devant la personne de Michaëlle Jean, symbole amer.

Qu’on rabaisse ce symbole à de l’utilitarisme pur et à la charge émotive qui sous-tend toujours la question de la race, ou plus clairement du racisme, c’est ce qui blesse à mort le député Emmanuel Dubourg : sentimentalisme encore… Mais bien plus alors qu’il franchit le pont qui le mène jusqu’à la censure en pleurant! Comment y glisser sans le lubrifiant des larmes?

Alors là, la faute de l’écrivain s’amincit à la mesure de la démesure du député. Le monument de la liberté d’expression est bien plus important que la statuette à l’effigie de la gouverneure générale : il faut le répéter comme si c’était le dernier leitmotiv disponible et possible. Je comprends les blessures de monsieur Dubourg, mais cette compréhension ne commande pas la validité d’un retour en enfance où le père de l’un serait plus fort que l’autre, le père étant ici, pour ce dernier, évidemment le pouvoir législatif de l’État.

En espérant que lorsque la source de ses larmes se sera tarie, il reprendra à nouveau les armes pour défendre la liberté d’expression. L’humain est un être d’humeur, et un politicien se devrait toujours d’être humble par rapport à sa propre humanité.

(Photo : iya_from_cowork)

Votez pour ce texte sur Cent Papiers!

Ajout :

Par là c’est l’avis de mon ami, à moitié noir de surcroît… pour avoir un autre point de vue que l’habituelle rengaine des noirs médiatisés. Ajout du Jeudi : Et il en remet une couche!

Retour de la censure

Je tapoche sur mon clavier et je me trouve chanceux. Doublement chanceux. Un, je peux écrire ce que je pense, et deux, je peux le publier ici. Pourtant, mondialement, d’après Freedom House, organisme qui surveille la liberté de presse, il y a un « net recul en 2007 dans le monde pour la sixième année consécutive » , surtout en Russie et au Mexique. La taille de la Russie est comparable au Canada, et le Mexique est en Amérique…

Alors, il faut rester vigilant, notre situation de liberté n’est pas un contrat à vie avec l’État… Et notre minoritaire gouvernement conservateur a déjà commencé à picosser dans la liberté d’expression avec son projet de loi C-10, qu’est-ce qui nous garantit, s’il devient majoritaire, qu’il n’entrera pas son gros bec d’aigle au complet pour museler toutes les libertés au nom de l’ordre public, même la mienne, étant donné qu’en ce moment même je le critique?

À plus petite échelle, il existe déjà de la censure sur le web. Je viens tout juste de lire que, sur son serveur, la CSDM bloquerait l’accès du blogue Le professeur masqué, blogue très critique envers tout ce qui se joue au niveau de l’éducation, pour ne nommer que ce cas-là.

Mon bonheur d’écrire et de communiquer est alors toujours un peu nerveux…

(Photo : Timothy Neesam)

Ajout :

Jusqu’à ce que j’aie une confirmation de l’information barrée, considérez cela comme de la spéculation…

Vers Le Bleu

Victor Lévis-BeaulieuLa nouvelle volte-face de VLB, qui se range du côté du Parti Indépendantiste, en se lançant dans la roue à hamster de la politique dans le comté de Wolf-River, n’est pas sans me réjouir, moi qui avait trouvé très ordinaire son idée de se servir de ses livres comme combustible pour soi-disant rallumer le feu de la souveraineté à la sauce référendaire. Mon oeil… Il faut bien se comprendre, au-delà du but, il ressortait de cela qu’il considère que son corpus littéraire est d’une importance à servir d’otage symbolique. Il y en a qui sont contents d’être contents!

En contrepartie, voilà un bon et beau geste que d’offrir ses oeuvres à son nouveau parti pour aider aux levées de fonds! Il remonte et remonte dans mon estime le bougre! même si je ne donne pas cher de son parti, et de ses chances de battre supermario dans son fief…

Et je dis, ou plutôt j’écris, puisque les paroles s’envolent et les écrits restent, que je ne donne pas cher de ce parti, c’est par pur défaitisme, ou réalisme, c’est selon. Si le grand parti souverainiste se colle à droite et change son fusil d’épaule pour ramper un peu plus vers le pouvoir, c’est que la conjoncture, ou mieux la grande tendance (selon bien sûr les vieux routiers de la politique), n’est plus aux coups d’éclat et aux bras dans les airs à la mode des années soixante-dix… J’aurais tendance à les croire, enfin un peu. Peut-être qu’il manque de conviction au PQ, mais il manque de (est-ce que j’ai le droit de l’écrire?) lucidité du côté des purs et durs comme VLB.

Pourtant, malgré mon grand manque d’affinité avec cet homme, puisque je n’ai aucunement intérêt à poser mon regard sur sa prose, j’aimerais franchement qu’il gagne son pari, juste pour rabaisser le caquet à supermario, qui va bien finir par perdre son super un jour…

Satisfiabilité

Christian Mistral qui s’auto promulgue « plus grand écrivain québécois ex æquo » avec Louis Hamelin, c’est un double talent que je ne me rêve même pas d’avoir! Et ce n’est réellement pas de la fausse ou de la vraie modestie. Je ne sais pas pour les autres, mais je ne voudrais jamais que me quitte le sentiment d’avoir à manger des croûtes… Les amateurs de farces plates me diront que c’est parce que je n’en ai aucune chance, que la marche est trop haute, la montagne trop escarpée : je la rirai à peine jaunement et me dirai que de juger du jugement est une perte de temps! Non mais, il me semble que cela me serait intenable, et j’applaudis à tout rompre Mistral de le graver à vue dans la virtualité et donc dans les mémoires des furtifs dont je suis.

Alors, une autre raison de souligner en gras dans ma liste de lecture un roman de lui (Vamp, d’après ses propres conseils dans la Cabine C), question de vérifier, de m’imprégner, mais j’ai frayeur que la trop grande expectative accumulée ravisse mon but d’objectivité : si objectivité totale se peut devant toute oeuvre d’art. Est-ce que ce serait inutile d’ajouter que tout ce qui se trouve dans le futur peut se ranger du côté de la fiction?

Pour le cas de Louis Hamelin, j’ai dévoré « La rage » voilà environ deux ans et rare sont les romans qui m’ont imprimé autant de souvenirs aussi précis, chez qui l’ambiance évoquée surpasse autant le vague de la réminiscence. Seul hic, et un lien avec le hoquet n’est pas trop forcé ici, le touffu de son style m’a parfois fait décrocher de la trame : c’est que je préfère me faire éblouir par un style disséminé comme des taches de lumière que de me faire aveugler! J’aurais eu tendance à acquiescer tout de go à la déclaration de Mistral si le qualificatif n’avait pas été aussi extrême, puisque le mitraillage de lumières d’Hamelin a été bien plus souvent aguichant qu’agaçant. Alors, devant la question de déposer une figure littéraire québécoise sur l’autel de ma préférence, j’aurais vraiment de la difficulté à en choisir une en particulier… et c’est un exercice qui ne me tente aucunement! Je dirais rapidement quelque chose aujourd’hui et aurais dit autre chose hier.

C’est que j’ai un parti pris aussi fort pour la prose simple, descriptive, qui va directement à l’évocation la plus commune. Je suis un grand admirateur encore aujourd’hui de la prose minimale d’un Paul Auster du début avec sa trilogie new-yorkaise. Cette prose quasi journalistique référait à des histoires étranges aux multiples sens, cette oeuvre qui rejoins beaucoup de considérations conceptuelles se retrouvant plutôt habituellement en art contemporain, a contrario d’une littérature centrée sur elle-même, sur l’idée de l’auteur qui se raconte son fantasme d’écriture déguisé en un personnage semi-fictif. Et je suis même capable, Ô sacrilège!, de porter aux nues le roman « Le vide » de Patrick Senécal pour avoir, par son réalisme quasi insoutenable, dressé une carte assez complète du négativisme de notre monde actuel. Oui oui!

Et ce oui oui est trop positif, j’abandonne. La catégorie « écrivain » est pleine de mollesse, on peut s’en servir pour fouetter n’importe qui. Encore mieux, s’autoflageller.

Quelques vérités sur le processus de sélection des maisons d’édition

Samedi dernier, un compagnon de travail, portier, m’a présenté une amie à lui, écrivaine, qui a déjà publié deux romans. Je ne la nommerai pas, n’ayant pas les moyens de lui demander rapidement la permission. (Mais bon, il me disait à un moment donné dans la soirée qu’il essayait de lui « vendre » mon blogue, alors peut-être qu’elle viendra elle-même ici se nommer…) Et je sais bien que cela pourra intéresser quelques membres de la blogosphère (et aussi quelques lecteurs intéressés par la pratique littéraire), puisque je sais pertinemment que nous avons tous ce rêve de nous faire remarquer par une maison d’édition établie et reconnue.

J’ai eu quelques minutes pour discuter avec elle du monde de l’édition et de l’écriture, elle m’a donné de bons conseils, et surtout, expliqué une vérité que je vais vous exposer ici. Elle me racontait une anecdote, dont je ne me souviens plus exactement les tenants et aboutissants, mais qui a eu pour résultat de lui faire savoir qu’un refus d’une maison d’édition ne veut pas nécessairement dire que l’oeuvre soumise a été lue (du moins dans sa totalité)…

Alors, ce que j’ai compris, c’est que certaines maisons d’éditions (peut-être même toutes), vu la quantité phénoménale de manuscrits qu’ils reçoivent, font une première sélection en se basant seulement sur le titre de l’oeuvre — c’est le conseil qu’elle m’a donné (en la paraphrasant) : « Donne un titre qui fesse, tu pourras de toute façon le changer au besoin après coup, si tu es publié. » — et qu’il est donc possible qu’un refus se base seulement sur cette donnée.

Mais là l’anecdote me revient : le roman de l’écrivaine en question avait été accepté pour publication et elle était allée chercher une copie de son manuscrit dans une autre maison d’édition (sûrement pour avoir une copie de travail). Après quelques recherches, on lui a remis son manuscrit qui se trouvait dans la liste des non lus. Le préposé lui a spécifié qu’on s’apprêtait justement à lui envoyer une lettre de refus.

Je parlais de ça à Douce et elle m’a rétorqué du tac au tac qu’elle a entendu quelque part, il y a longtemps de cela, qu’il y a une pratique des maisons édition qui consiste à ne lire seulement que quelques pages au début, quelques pages au milieu et quelques pages à la fin. C’est légitime, mais avouez qu’il y a quelque chose d’assez injuste là-dedans, surtout quand les auteurs refusés croient qu’un couperet subjectif est tombé sur leurs oeuvres en bonne et due forme alors que le manuscrit n’a même pas été ouvert, ou si peu, dans ce dernier cas.

Ça me fait penser au passage de Raphaële Germain à Tout Le Monde En Parle, alors qu’elle parlait de sa chance d’avoir une bonne partie de la communauté artistique dans sa famille versus le nombre de manuscrits d’écrivains de talent qui se perdent dans les méandres de la malchance éditoriale. Cela soulève une super question : objectivement, aurions-nous un paysage artistique hautement hasardeux et mené en majorité par le bal des relations privilégiées?

Je ne connais pas cette auteure, mis à part pour l’avoir vu quelques fois à la télé. Je n’ai jamais lu un de ses romans, ni rien lu d’elle, mais je me demande quand même (assez gratuitement) si la place qu’elle prend dans l’espace médiatique n’empêche pas quelqu’un ou quelqu’une de nous éblouir encore plus qu’elle peu le faire, sans vouloir lui enlever son talent, si talent il y a (restons suspicieux). Et c’est certain que je me le demande tout autant pour les autres qui ont eu leur chemin tracé d’une manière royale, comme elle. Admettons qu’il y a pour ceux-là plus de droits à l’erreur, et parfois même, plus d’acharnement à les faire parader malgré le fait que ça ne lève pas…

Bon, je déroge un peu, mais au moins je n’ai pas nommé personne : ça se serait éternisé encore plus. Concision, quand tu nous glisses entre les doigts…

J’aimerais conclure en vous faisant remarquer la perte de temps, d’argent et le gaspillage de papier dans le processus de sélection des manuscrits chez les maisons d’édition. Selon la quantité de pages, ça coûte pratiquement aussi cher qu’un roman sur les tablettes des librairies pour l’impression d’un manuscrit, il faut se déplacer pour l’imprimer, retourner chercher la copie dans le cas d’un refus, et tout le gaspillage qui compte puisque ces copies se retrouveront aux poubelles, et dans le meilleur des cas au recyclage. Heureusement, quelques maisons d’édition acceptent les copies digitales : à mon souvenir, Les Intouchables est une de celle-là.

J’espère par ce texte vous avoir insufflé un peu d’espoir, et surtout de confiance en soi. Pour ma part, ça fonctionne, même si je ne crois pas recommencer tout le processus. Qui vivra verra.

(Photo : mentzel63)

Les yeux collés

Je suis presque tout à fait de retour. Je retrouverai bien mes aises comme on retrouve son talent pour skier après des années.

Il se dresse encore devant mes yeux comme de la vaseline sur une lentille. Même le temps me paraît surréaliste : voilà dix minutes il neigeait des balles de golf et là je me retourne, plus rien n’y parait à part l’asphalte bleu-gris maintenant réflexive. Les voitures sur la rue laissent des traînées sensorielles.

J’ai pris deux fois plus de temps pour écrire ces quelques mots malgré mon expresso bien sucré. C’est normal, j’ai les neurones et les jointures rouillées.

Tout autour de moi, même ultra familier, est une bonne raison à la distractivité, à la contemplation inutile : sur un cordon qui pend devant mon haut-parleur droit, aux yeux de la tête d’Elmo porte-crayon qui regarde dans le vide à ma gauche, vers le mur vert devant moi, percé d’une ancienne feuille de note encadrée de blanc (bien mystérieuse même pour moi qui l’ai griffonné jadis), tachée de café, de signes délavés, de calculs mathématiques, dont un texte écris au verso point sans être le moindrement lisible.

Après cette trop longue phrase j’arrête, essoufflé, j’ai encore trop la conscience molle… nous méritons mieux.

(Photo : Limbo Poet)

Le festival des refus (bis)

Je n’ai pas l’habitude de me servir de mon blogue comme un journal personnel, mais je vais me permettre d’en user de cette manière, j’en ai vraiment besoin.

J’ai eu un vrai bon coup de barre au début de cette semaine, une fatigue intense qui me poursuit encore un peu. Un spleen d’hiver, rien de trop grave, mais quand même… Il me faut bien faire attention. Sinon, je serai obligé de prendre des vacances forcées. Pas dans les plans.

Avant de partir travailler, ouverture d’une lettre venant de la maison d’édition Québec-Amérique. Refus.

Mon roman.

Je suis habitué aux refus, mais jamais des comme ceux-là… J’en ai déjà vécu un presque semblable, avec Tryptique. D’habitude, les lettres de refus des maisons d’édition sont concises et très vagues, mais celle de Québec-Amérique est un peu trop explicite, enfin à mon goût.

La première phrase de l’annonce du refus est très correcte, suffisante. Être un directeur littéraire, je n’aurais pas poussé plus loin la rhétorique de justification :

Malheureusement, votre ouvrage ne répond pas à certains de nos critères éditoriaux.

Clair et net, une subjectivité assumée et normale puisqu’il y a implicitement la nécessité de choix, un couperet doit inéluctablement tomber.

Mais voilà la phrase zélée :

En effet, malgré une écriture dont la maîtrise a été jugée satisfaisante [on remarque ici le quasi-compliment], le comité de pré-sélection ne retrouve pas dans votre texte l’originalité recherchée dans le traitement de la thématique.

Et la cerise sur le sundae :

Nous vous suggérons donc de le soumettre à un autre éditeur.

(Ouf! une chance!)

Avouez que si on enlève la deuxième phrase, c’est presque sympathique, et ça dit : votre oeuvre ne nous convient pas, mais elle plaira sûrement à un autre éditeur. C’est tout, on passe à un autre appel!

Mais avec la deuxième phrase (en plus du fait qu’elle soit mal foutue : l’utilisation du verbe « retrouver » est hautement approximative, la répétition de « dans » rend la phrase lourde et le concept d’originalité est comme une balle de ping-pong entre le traitement et la thématique…), le message est blessant gratuitement et maladroitement.

Ce qui est le plus blessant, c’est que j’en viens à me demander qu’est-ce que l’originalité, qu’est-ce que le traitement, qu’est-ce que la thématique? Mais quel manque d’originalité on me reproche en fait? Assez difficile à répondre, car je ne comprends pas trop ce que signifie « le traitement de la thématique ». Ce n’est pas en tout cas le style d’écriture, ni l’idée générale qui est inintéressante à leurs yeux. C’est à n’y rien comprendre… J’abandonne.

Ça m’a fait du bien d’écrire ce billet et, contrairement à ce que j’ai fait avec Tryptique, je ne me donnerai pas la peine d’écrire une lettre pour les inviter à modifier leur message. Je suis trop fatigué. J’ai assez écrit à ce sujet.

C’est le temps de dormir là-dessus pour pouvoir aller ailleurs.

(Photo : François D. §)

Le risque de dérapage

Puisqu’il faut parfois battre le fer pendant qu’il est chaud, j’aimerais continuer sur la lancée des implications de la blogosphère, que j’ai abordées brièvement dans mon dernier billet sur le départ d’Inkognitho. Et, dans le fond, même vaguement en lien avec celui qui discutait, entre autres, de la question publicitaire dans les blogues.

Pour être le plus vague possible, je peux écrire que j’ai vécu et vit encore un froid avec une personne qui a son propre blogue et que je ne connais que par le web, tout comme la majorité d’entre vous. Le froid a été causé par un problème d’interprétation de certaines choses qui se sont passées et ne se sont pas passées, et bien sûr un problème d’opinion, de personnalité : pour être le plus vague possible. Alors, mon but d’écrire là-dessus n’est pas de pointer du doigt quiconque, mais bien de tous nous mettre en garde contre quelques dérapages possibles.

Les commentaires

Les opinions sont les opinions et le langage est toujours sujet à interprétation. À moins que ce soit clair que quelqu’un en attaque un autre, il vaut mieux poser des questions et demander à clarifier le propos dans le doute. Ça m’arrive assez souvent de douter du choix des mots de quelqu’un et c’est normal. Ce qui n’est pas normal c’est d’échafauder des liens qui deviendront de plus gros liens à partir de ça : et une possibilité de dérapage!

La fréquence des commentaires

Les intérêts de chaque personne sont changeants alors il est normal que les blogueurs qui s’échangent souvent des commentaires chacun dans leurs blogues respectifs puissent parfois en laisser moins ou même arrêter pendant longtemps. Sur le net, il est facile de retrouver les déplacements des autres et c’est donc aussi facile de remarquer que nous sommes délaissés : un autre dérapage possible!

Le blogroll

Le blogroll est seulement une marque de respect pour plusieurs et même souvent un rappel, comme un carnet d’adresses, pour d’autres : mais ça reste en fin de compte de la pub gratuite qui fait plaisir. Personnellement, il y a beaucoup de blogues que je suis depuis longtemps, et qui ne m’ont jamais ajouté, et ce n’est pas très grave, même pas du tout (je peux m’inventer des histoires par rapport à la raison de chacun et ça ne concerne que moi…). Il y a, entre autres, un blogroll dans lequel je suis inclus où il y a tellement de blogues qu’on pourrait croire que toute la blogosphère y est. Il y a même des blogrolls immuables, etc. Alors, de porter trop attention à ça est une autre belle chance de dérapage!

Les buts de chacun

Même s’il semble y avoir un point commun entre tous les blogueurs — une envie d’écrire, de se faire lire, et d’en discuter —, je crois que les raisons de bloguer sont différentes pour chacun. Et le beau dans tout ça, c’est que c’est la blogosphère qui nous rassemble, dans toute sa virtualité, et pas le réel, et pas dans le même genre de rapport de force. Nous sommes tous des personnalités, dans le sens que nous nous affirmons comme telles, et nous essayons de faire du mieux que l’on peut pour être remarqués dans toute cette mare même si elle est majoritairement amicale, mais basée quand même sur beaucoup de compétition. De ne pas le voir et de s’en offusquer est un autre risque de dérapage!

Les statistiques

Oui, il y a des manières de voir ses statistiques, de se comparer aussi aux autres, de s’inscrire sur des sites de référencement où il y a des palmarès, et au contraire plein de raisons de s’en foutre et/ou de juger ceux qui y adhèrent. Encore, ce ne sont que des outils qui conviennent à des personnalités et moins ou pas à d’autres. Je crois qu’il faut prendre ça avec un grain de sel, et je l’écris en grosse partie pour ma part, je vous l’avoue. Cela mousse un peu la compétition et ce n’est pas mauvais en soi, mais j’ai souvent peur que ça dérape, hé hé!

En conclusion

En somme, le but de ce texte est de désamorcer tout de suite quelques quiproquos possibles, étant donné que nous sommes tous des humains, derrière nos avatars littéraires. Comme je le dis souvent, surtout dans mes discussions avec de vraies personnes que je peux voir bouger, pas à travers le prisme informatique, il ne faut jamais oublier que les mots seuls sont souvent trop imprécis, comparé au langage corporel, le son de la voix, les silences, etc. Intellectuellement, l’écriture est réellement le meilleur moyen pour aller en profondeur et étaler un point de vue complexe, mais pour prouver son amour elle est trop souvent insuffisante…

Alors s’il vous plaît, si vous avez un doute sur quoi que ce soit que j’ai écrit, ou ce que je pense, j’ajoute mon courriel dans mon profil à l’instant, vous savez où me rejoindre maintenant; et je suis certain que si vous êtes de bonne foi et poli, ça ne dérapera pas!


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