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Un anglo dans le peau d’un franco à MTL

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Via le fil RSS de Science Presse, je suis tombé sur un article surprenant paru dans le magazine Courrier International, édition du 2 juillet 2009. Il s’agit de la traduction d’un article de Don MacPherson, (« It’s easy to understand why francophones think there’s too much English », paru dans le journal The Gazette), qui « s’est fait passer pour un francophone le temps d’un reportage à Montréal. Et il a découvert avec surprise qu’il n’était pas facile d’y parler la langue de Gilles Vigneault. » Son titre : “Sorry, I don’t speak French”.

Force est d’admettre que le fait que ce soit un anglophone qui expose ces faits et ces impressions y donne pas mal de poids. Une tonne de brique! Un francophone qui soulève ce même genre d’anecdote est souvent regardé de travers. Comment est-ce possible que ce soit devenu suspect à ce point de simplement pointer la réalité?

Pour avoir habité à Montréal pendant presque 20 ans, tout ce qui est relaté dans l’article ne m’est pas étranger. J’ai raconté ici quelques anecdotes (si quelqu’un a du temps à perdre pour les retrouver, go for it!), mais je n’aurais jamais osé comme lui signaler que « Même lorsqu’on le sert en parlant français – la majorité du temps, y compris dans le centre-ville –, il entend le personnel et les autres clients discuter en anglais autour de lui et ne se sent pas à sa place. » Ça, c’est le plan numéro un pour se retrouver dans le clan des stigmatisés…

Autre chose, parlant de la situation montréalaise, et ça fait longtemps que ça me brûle, alors allons-y allons-Ô! Je ne suis pas le seul à le voir, mais le Plateau Mont-Royal est en train de devenir une franchise du ghetto McGill. Vous ne trouvez pas? (Enfin pour ceux qui comme moi côtoient ce coin assez régulièrement — et régulièrement dans le sens de plusieurs fois par semaine, par mois; pas deux fois en deux ans…) Ce quartier qui est un symbole fort de la québécitude francophone. Ainsi va la vie, mais je ne peux pas m’empêcher d’être mélancolique en pensant à ça.

En faisant mes recherches pour ce billet, je suis tombé sur le fait que ce journaliste est francophile. C’est très important, et pour deux raisons. La première est du domaine pratique : il faut minimalement aimer une langue pour y consacrer du temps et l’apprendre; encore plus pour le français, puisque même son statut de langue officielle n’a pas réussi à empêcher cette situation que même un anglophone est capable de constater (il a beau être francophile, son premier choix est coulé dans le béton!).

L’autre raison c’est que la « philie » a son contraire, la phobie. Le dernier terme est peut-être trop fort, mais il fait ressortir les rivalités qui empêchent les rapprochements linguistiques. Et ces rivalités trouvent leurs sources dans le débat lié à la souveraineté du Québec, qui pour les uns signifie entre autres de calmer la crainte de perdre, qui pour les autres signifie essentiellement la crainte d’une perte — alors que je crois au contraire qu’ils gagneraient beaucoup à s’inscrire pleinement dans la démarche d’affirmation du fait français : la gratitude donnant de meilleurs fruits que la confrontation. Et je ne parlerai pas des « satisfaits », même s’ils sont, et le problème, et la solution…

Pour terminer en beauté, je termine avec un passage qui ne se retrouve que dans la version originale anglaise :

(Yes, I know English-speaking people are also treated rudely sometimes in Quebec, and don’t always get the service in their language that they should. But today’s column is about the perceptions of francophones.)

Yoyolande James

Ce billet vient de paraître parallèlement sur le blogue « Les 7 du Québec ». Les commentaires seront ici fermés, alors si vous désirez en laisser un ou bien les lire, suivre l’hyperlien précédent.

C’est par un billet de la blogueuse Nicole que j’ai appris que Yolande James, la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, a présenté la nouvelle stratégie de son gouvernement (synthétisée ici par Louise Leduc de La Presse):

Dès 2009, avant d’arriver au Québec, les immigrants devront avoir signé une déclaration démontrant qu’ils comprennent les valeurs du Québec, une société libre et démocratique où les hommes et les femmes ont les mêmes droits et où le français est la langue officielle.

Pourtant, le 22 octobre dernier, Madame James annonçait en grande pompe qu’il n’était « pas question que le gouvernement oblige tous les candidats à l’immigration à connaître le français avant de débarquer au Québec ». Il semble y avoir volte-face, mais la réponse se trouve à la fin du premier article cité :

En cas de bris de contrat (sic), l’immigrant ne pourra cependant pas être renvoyé dans son pays d’origine puisque (sic) aucune coercition ne sera exercée.

Visiblement, c’est une tentative de réunir l’opinion publique autour d’un double message. C’est le même désir d’en donner beaucoup pour calmer la crainte des francophones de voir le français reculer avec l’arrivée massive d’immigrants et de satisfaire à la fois les autres qui n’en ont rien à faire. C’est du symbolisme, autant que celui de la nation Québécoise dont nous a servi Stephen Harper et qui leur sert d’argumentaire. En espérant quand même qu’il sera porteur pour les nouveaux arrivants et qu’ils ne se seront pas fait dire le truc en catimini… Avec Immigration Canada dans les parages, j’en doute fortement.

Nicole se demandait : « est-ce que ça aurait un quelconque rapport avec la tenue possible d’élections en décembre? » Je dirais que oui simplement parce qu’il n’y a qu’une semaine entre les deux annonces. Le parti libéral a travaillé très fort pour se donner une aura consensuelle sur la question de l’immigration. Sans oublier la question linguistique.

Encore, une phrase de l’article de Louise Leduc me questionne beaucoup :

Au surplus, les immigrants devront commencer l’apprentissage du français avant de quitter leur pays d’origine.

Désolé, mais concrètement, je ne vois pas comment cela pourrait être contrôlé. Ce « contrat » ne semble pas être un test en bonne et due forme, alors tout repose seulement sur la bonne foi des candidats. Espérons que cela les influencera dans le sens voulu, en apparence.


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