Posts Tagged 'Christianisme'

Sourire mou ou moue sous rire?

Ah! ce Garnotte! J’étais un de ses grands admirateurs dans ma jeunesse (dans le temps de Croc) où je rêvais de devenir caricaturiste-bédéiste et aujourd’hui mes rêves ont beaucoup changé, moi de même, mais il m’impressionne toujours!

Je ne sais pas si vous me suivrez, mais je trouve un parallèle assez évident entre cette caricature et le texte qui va suivre :

Fascisme de renard, fascisme de lion

Le XXIe siècle s’ouvre sur la lutte sans merci. D’un côté un Occident judéo-chrétien libéral, au sens économique du terme, brutalement capitaliste, sauvagement marchand, cyniquement consumériste, producteur de faux biens, ignorant toute vertu, viscéralement nihiliste, sans foi ni loi, fort avec les faibles, faible avec les forts, rusé et machiavélique avec tous, fasciné par l’argent, les profits, à genoux devant l’or pourvoyeur de tous les pouvoirs, générateur de toutes les dominations — corps et âmes confondus. Selon cet ordre, c’est liberté théorique pour tous, en fait, liberté seulement pour une poignée, très peu, pendant que les autres, la plupart, croupissent dans la misère, la pauvreté, l’humiliation.

De l’autre, un monde musulman pieux, zélé, brutal, intolérant, violent, impérieux et conquérant. Fascisme de renard contre fascisme de lion, l’un faisant ses victimes en post-moderne avec des armes inédites, l’autre recourant à un hyper-terrorisme de cutters, d’avions détournés et de ceintures d’explosifs artisanales. Dieu revendiqué par les deux camps, chacun souscrivant à l’ordalie des primitifs. Axe du bien contre axe du mal, à fronts perpétuellement renversés…

Cette guerre se mène entre religions monothéistes. D’un côté, juifs et chrétiens, nouveaux croisés; de l’autre, les musulmans, sarrasins post-modernes. Faut-il choisir son camp? Opter pour le cynisme des uns sous prétexte de combattre la barbarie des autres? Doit-on vraiment s’engager ici ou là quand on tient ces deux versions du monde pour deux impasses?

Michel Onfray, Traité d’athéologie (page 274-275)

Jésus, le premier laïc?

En ce temps des fêtes, dont une très large part va à l’événement de la naissance de Jésus, un passage du livre « La Philosophie pour les nuls » de Christian Godin, m’apparaît assez intéressant, dans le cadre des dernières discussions sur la laïcité versus la religion dans la société :

L’Antiquité mêlait religion et politique : presque toujours, presque partout, le pouvoir était à la fois théologique et politique, sacré et profane, céleste et terrestre. L’empereur romain devait être vénéré comme un dieu et des temples lui étaient consacrés. Les persécutions antichrétiennes n’ont pas eu de causes à proprement parler religieuses : les Romains intégraient avec une inconsciente tolérance à peu près tous les cultes étrangers. Ce qu’en revanche ils ne pouvaient ni tolérer ni a fortiori intégrer, c’est l’attitude de ceux qui ne croyaient qu’en un seul Dieu, à l’exclusion de toute autre puissance.

Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu, répond Jésus à ceux qui cherchent à le mettre en difficulté sur la question de savoir s’il convient de payer l’impôt à Rome, puissance occupante. La séparation des deux pouvoirs, politique et religieux, constituera la doctrine officielle de l’Église (dans les faits, il en ira tout autrement, car assez tôt cette dernière aura à coeur de détenir elle aussi le glaive de la Terre).

Jésus aurait-il inventé la laïcité? Avec le christianisme, les idées ne sont jamais simples. Il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu, dit d’un autre côté saint Paul. Phrase aux conséquences incalculables. Les papes s’appuieront sur cette même parole de l’apôtre lorsqu’ils prétendront dicter leur loi aux rois, aux princes et aux empereurs. Les dix siècles du Moyen Âge seront perturbés par ces querelles. L’équivoque, on le voit, était présente dès les origines, dans le Nouveau Testament.

Avouez, à la base, qu’il est assez intrigant de voir que c’est la seule formule, « Rendez à César ce qui appartient à César », sans la partie se référant à Dieu, qui a survécu dans le langage courant. Même le sens a été perverti, cela signifiant maintenant qu’il faut attribuer le mérite de toute chose à la personne qui en est l’instigatrice. Et j’en suis le premier surpris, n’étant pas très théologien dans l’âme. Mais sous le jour de l’examen philosophique, cela m’apparaît assez précieux comme information.

Or, il ressort de cette histoire que Jésus était un fin stratège. Sachant la tolérance religieuse des Romains, il sépare ouvertement le pécuniaire du religieux de manière à plaire à ces polythéistes, puisque César, lui-même un dieu, se voit placé à côté du dieu chrétien. Et comme le point de litige concernait l’impôt, de voir que l’ennemi numéro un leur octroyait sans arguments le droit de disposer des questions matérielles a d’autant dû les flatter dans le bon sens…

Mais aujourd’hui, est-ce que cette lecture plus terre-à-terre des saintes Écritures, et de ses éléments historiques, ne devrait pas avoir préséance sur celle de l’Église pour nous permettre de voir plus clair au niveau de la place de la religion dans la société? Et je crois même que la position des Romains vis-à-vis du monothéisme exclusif devrait aussi nous influencer, au-delà bien sûr de son caractère de persécution, car, malgré son évident fouillis conceptuel, il y a une ouverture aux croyances autres, et une position clairement contre le dogmatisme. Aussi, la religion juive, première religion monothéiste, d’où découlent le christianisme et l’islam, parce qu’elle était au début non exclusive, acceptant l’idée qu’il existe d’autres dieux pour les autres peuples; mais l’exclusion, l’idée d’un « peuple élu » est apparu subséquemment dans l’histoire.

Voilà où la laïcité se trouve : dans un refus total de trancher, de s’accaparer La Vérité. Alors, elle se trouve bien sûr sans conteste du côté progressiste, très loin du doctrinaire. Et si Jésus a pu semer cette graine dans la civilisation, peut-être sans trop s’en rendre compte, il faudrait bien pouvoir en contempler le résultat dans nos institutions et dans notre vie sociale. La seule Vérité est changeante et malléable, elle se pétrit dans l’organisationnel, par à-coups de discussions. Et la discussion d’individus à individus est beaucoup moins cacophonique (et meurtrière) que celle des peuples et des groupes menés par la religion, il faut toujours se le rappeler.

(La photo provient d’ici.)


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