Être à la remorque de sa vie, c’est se construire en réaction. C’est réagir en animal blessé, c’est se bâtir une armure avec nos blessures, petites ou grandes, tout en pensant utiliser du solide.
C’est regarder les événements fâcheux, qui sont souvent seulement des petites broutilles que l’on a le choix de considérer sérieusement ou non, et en faire des preuves, des arguments de notre colère dirigée.
Je ne peux pas écrire que j’en suis totalement vierge, mais je tends, ouvertement, à fuir ce réflexe. C’est un filtre sur la conscience au monde, un empêcheur de tourner autour des problématiques pour en extraire le plus large possible.
C’est le contraire d’être ouvert au point de vue des autres, même si cela ne veut pas dire d’accepter tout facilement.
Quelque chose comme tenir en équilibre.
(Photo : Boccacino)
« Quelque chose comme tenir en équilibre »
Vrai, mais il y a des fois où le vent est fort 😉
Belle réflexion qui mérite grandement que je me l’approprie et en fasse une règle, d »autant qu’une situation très ambigüe au boulot a le don de me faire rager, parce que j’ai tendance à la prendre comme une attaque personnelle… Relativiser… Ouff!!!
« j’en suis totalement vierge »
J’étais pas au courant là là.
Tres belle Réflexion, pas compris tout du premier coup, mais ca commence a rentré:) je venais de lire le texte de 10000 mots d’un lecteur!!! il en avait long a dire lui..lol
Il m’interpelle ce texte. J’aime bien. Mais « C’est un filtre sur la conscience au monde, un empêcheur de tourner autour des problématiques pour en extraire le plus large possible », je nage; « au monde », comme « naissant »? « …tourner autour des problématiques… », j’ai l’image de l’urubu à tête rouge mais aussi du scientifique qui observe les caractéristiques avant d’avancer une hypothèse; dans les deux cas, pourquoi l’empêcher?
La vie est une série de deuils à faire pour rester en paix avec le passé. Assumer les traumatismes, les injustices que le passé nous a fait subir évite d’en porte le fardeau, un boulet qui nous empêche de pouvoir avancer librement vers de nouvelles découvertes.
Quand je réagis à un événement, est-ce moi qui réagit ou la personne que j’étais il y a 10 ans dans une situation similaire?
Vivre son instant présent, c’est cet équilibre entre un passé bien assumé et la capacité de faire confiance au futur.
Superbe réflexion! Je suis une personne qui naturellement passe à autre chose lors des difficultés, ce qui me tiens en équilibre. Parfois quelques remises en question pour mieux avancer, je regarde en avant et fonce 🙂
Yano,
« le vent est fort »
et il souffle pas mal trop à droite… et la droite la moins progressiste…
Jo,
je suis bien content que cette réflexion te soit fertile et que tu te l’appropries. C’était une manière de pointer le réflexe réactionnaire, mais je vois qu’elle est assez ouverte pour pointer aussi les relations humaines.
Tym Machine,
hé hé hé!
mrobert55,
super! Si je peux te donner un exemple clair :
« Ce n’est parce que mon voisin est un assisté social qui me réveille la nuit parce qu’il parle trop fort que je vais nécessairement vouloir qu’on coupe son chèque, et à ses semblables… (C’est de la fiction, bien sûr!) »
Penser le contraire, c’est ça être à la remorque de sa vie… Au lien de penser aux problématiques globalement, c’est se construire une pensée critique en accumulant des anecdotes personnelles négatives.
Perséphone,
c’est « la conscience au monde » et non : la conscience mise au monde. J’aurais pu écrire « conscience du monde », mais « au monde » me semblait plus englobant, plus chaleureux.
Pour ce qui est de « tourner autour des problématiques », c’est bien ça, comme un « scientifique qui observe les caractéristiques avant d’avancer une hypothèse », mais c’est le filtre, le réflexe d’« Être à la remorque de sa vie » qui est « un empêcheur de tourner autour des problématiques ».
J’espère que c’est assez clair, sinon, lire les commentaires que je laisse aux autres précédemment, ça risque d’aider. 😉
Raymond,
« Quand je réagis à un événement, est-ce moi qui réagit ou la personne que j’étais il y a 10 ans dans une situation similaire? »
cette question est un condensé très juste de la réflexion en court, tout simplement. Cela dit qu’il faut fuir le déterminisme le plus possible.
Isylee,
on va souhaiter que ça va continuer comme ça à perpétuité!
C’est tellement un réflexe humain que d’être aigri avec la vieillesse…
😉
Oh qu’il tombe bien ce texte cher Renart! J’aime tout autant le développement des commentaires qui le suivent… Particulièrement le passage de Raymond qui dit : »Quand je réagis à un événement, est-ce moi qui réagit ou la personne que j’étais il y a 10 ans dans une situation similaire? »… Fichu transfert! Pas facile de s’adapter et de laisser-aller…
Comme dit Yano : »Il y a ds fois où le vent est fort », probablement que ces instants-là, nous sommes également plus faibles… Et là, je ne parle pas de la mort ou d’évènements particulièrement tragiques, je parle de ces petits évènements anodins que nous acculons les uns au dessus des autres pour s’accabler de l’impuissance d’agir face aux choses à changer… L’évidence d’ici n’est pas nécessairement celle d’ailleurs. Tout comme il est difficile de comparer l’abdication ou la motivation d’autrui face aux obstacles qu’il rencontre. Nous mettons parfois une paire de souliers un jour, pour la mettre au placard un tout autre jour… La vie souffle sur nous tels de vulgaires chateaux de cartes timidement à l’abri, alors puissions-nous devenir moins vulnérables, plus apte à pivoter sans faillir sous le poids de l’incertitude sous ce même ciel aussi limpide qu’une marre de boue? Je crois que non. Je crois seulement que tout ne tient qu’ à notre perception face aux-dits évènements, à notre sensibilité, au moment où nous devons y faire face. Je crois qu’il est tout aussi ardu de prévoir nos réactions qu’il ne l’est de prévoir la météo, qu’il en est de l’avenir, des échecs, des bons coups, de tous les projets que l’on entamme ou entammera avec, bien souvent et malheureusement, Damoclès siégeant sur notre devenir, tout comme l’estime de soi chambranlante et souvent atrophiée qui vient qui va, comme celle des autres qui nous entourent aussi, qui ne croient pas ou ne croient plus en ce que nous sommes, en ce que l’on fait… Nous sommes des éponges. Mais c’est bien souvent l’une des raisons qui fait que nous arrivons à éponger la vie, nos malheurs, comme les bourbes d’autrui… Bouddha a dit que le malheur faisait parti de la vie, comme un filigrane qui la ficelait, la maintenait en équilibre. Non. Pas facile d’apprendre à se relever, encore faut-il admettre être tombé…
Pas facile l’équilibre. Je me plais souvent à dire que nous sommes des funambules… Il n’en tient qu’ à nous de ne pas tomber du fil. Quel poids tout de même. Souhaitons être suffisamment alerte, suffisamment agiles, quand celui ci s’élèvera haut dans les airs… 🙂
J’aimerai repondre à ce petit billet lourd de sens et profond comme le vide culturel d’un elu conservateur de Quebec, mais ca demanderait tellement de ligne pour reussir seulement à cerner ce que je pense de tout ca, que je n’en ai ni le courage, ni l’envie car ca ne me tente pas de vous tartiner des patés de texte aujourd’hui.
Donc on vas dire: +1 avec toi Renart.
Cher Renart,
Vous avez sans doute raison.
Mais il y a des blessures très profondes que l’on vit un jour et qui veulent constamment nous aspirer dans leur gouffre. Et c’est se battre contre le gouffre, même avec une petite armure, qui occupe la vie de plusieurs. Et cette armure est un peu de poids pour se tenir debout, pour maintenir l’équilibre face au vent aspirant vers le gouffre. Cette guerre en est une totale pour certains, une intermittente pour d’autres. Mais lorsqu’il y a la lutte en soi-même, les guerres des autres passent en second.
Ton billet touche le thème qui chapeaute notre début d’année avec mes jeunes, doit le destin. Es-tu maître de sa vie? Jusqu’à quel point? Nous en sommes entre autres venus à la conclusion que c’est pas mal plus demandant, épeurant, de croire que l’on contrôle sa vie de a à z que de croire qu’une partie nous échappe et demeure hors de notre conrôle. Tout contrôler signifie être pleinement responsable de ses actes et ça en effraie plusieurs.
Safwan: « qu’une partie nous échappe et demeure hors de notre contrôle »; ça, c’est du « lâcher-prise », et d’y parvenir participe à l’équilibre. Intéressant cet échange.
Pendant ce temps, Pierre Morin, troisième vice-président de l’Assemblée Nationale et militant adéquiste de la première heure, ayant déjà utilisé le pseudonyme de Élodie Gagnon-Martin pour appuyer anonymement son propre parti, vient de se lancer en campagne avec son blogue Un blogue bleu Québec
Je ne sais pas pour vous, mais moi ça me met mal à l’aise de savoir qu’une personne payée par nos impôts pour faire un travail à l’Assemblée nationale du Québec milite anonymement (du moins il a essayé, mais je l’ai immédiatement reconnu) travaille à la solde d’un parti fédéral.
Faites passer le mot: Pierre Morin est de retour.
Oh, merci Renart pour les précisions.
Funambule en équilibre au-dessus du gouffre, exactement (mix Mando-GMA) 😉
Mandoline,
merci de gonfler la réflexion de ton hélium, ça vole haut!
Reblochon,
😉
GMA,
« Mais lorsqu’il y a la lutte en soi-même, les guerres des autres passent en second. »
mon plaidoyer est bien en faveur de se mettre au diapason de nos guerres, pour peut-être aller un peu plus à la même place…
Safwan,
je crois que savoir, donc comprendre, qu’une partie nous échappe (car tout contrôler me semble assez utopique) est déjà un bon bout de fait. J’appelle ça être réaliste.
Louis,
merci pour l’info.
Perséphone,
😉