Ma plus grande frayeur

Ce billet sera hautement personnel ou ne sera pas. Voilà une méthode comme une autre pour avertir…

Ce que je vais vous raconter s’est passé la nuit dernière. Mais avant de commencer, il faut que je spécifie que Douce a un chat, nommé bien justement Caliméro, qui a une déficience mentale et un problème de motricité. La plupart du temps, il n’y a pas trop de problème avec lui, sauf une chose : certaines nuits, il se met à crier/cracher parce qu’il voit au travers du moustiquaire un chat étranger sur le balcon. La dernière fois que c’est arrivé, il a poussé la rage jusqu’à s’attaquer à Bobino, l’autre chat de la maisonnée, qui s’était trop approché de lui. Laissez-moi vous dire que c’est quand même assez effrayant de l’entendre et ensuite de lui voir l’air affolé, quand on tente de calmer le jeu.

Alors, vous aurez deviné, il s’est encore commis. Mais la différence, c’est que moi aussi je dormais, contrairement aux autres fois où seulement Douce était assoupie. Ce qui est arrivé exactement est passablement flou pour moi dans la suite des événements, puisque je n’étais pas tout à fait réveillé, encore un peu dans l’ambiance floue de mon rêve — dont je n’arrive nullement à me souvenir —, et que ça s’est passé en moins de 2 secondes.

Donc, j’ouvre les yeux avec le rugissement aigu du chat, je sens que Douce se lève, court vers la cuisine (où se trouve la fenêtre qui donne sur le balcon) et, l’adrénaline dans le tapis, je me lève aussi à la course. J’entends alors des bruits disparates : Douce qui accroche quelque chose qui tombe, un chat qui court vers nous, la voix de Douce en grande panique. Et aussitôt je la vois par terre, je pense au bébé dans son ventre et en la regardant droit dans les yeux je crie comme un cinglé : c’était la seule façon disponible pour moi à ce moment-là pour lui demander si tout allait bien en elle, et lui signifier ma peur, mon inquiétude, tout cela mêlé à l’angoisse qui avait grandi exponentiellement en moi du seul fait des événements et de la situation. Je m’approchai d’elle assez rapidement les yeux écarquillés et elle m’a agrippé, me serrant contre elle, me disant que je n’avais pas à m’inquiéter, qu’il ne se passait rien de grave.

Et j’ai remarqué les deux chats tout près de nous. Tout ce branle-bas de combat avait calmé Caliméro à la seconde. Nous nous sommes recouchés après avoir fait le tour de l’appartement. Douce s’est seulement éraflé le genou et la cheville (et s’est fait finalement un bleu sur l’autre jambe) et nous avons ressassé l’événement en boucle, comme il faut.

Nous avons eu beaucoup de difficulté à nous calmer, donc à nous rendormir, moi d’autant plus — j’avais un point de douleur au sternum —, et j’ai décidé qu’il me fallait me changer les idées en ouvrant la télé. Le water-polo, le canot-kayak et le canot tout court ont fini par avoir raison de mon angoisse résiduelle.

Voilà pour l’anecdote. Et je viens à peine de réussir à en rire, en compagnie de Douce qui désinfectait sa plaie. J’ai eu mal à l’âme et au coeur tout l’après-midi, même si j’écrivais — en urgence — un billet sur les blogues d’humoristes…

Je ne peux m’empêcher de faire un lien énorme avec les sentiments qui m’ont habité quand j’ai eu des crises de panique, naguère. Mais la différence, c’est qu’hier j’avais des raisons réelles de paniquer, même si elles se sont avérées exagérément amplifiées, alors que dans le temps c’était des réactions qui prenaient leurs sources nulle part, enfin, quelque part de trop bien caché pour le pointer, encore aujourd’hui.

Je n’avais pas besoin de cette preuve, mais au moins je sais encore plus que ma Douce et ma Charlie sont ce qui compte le plus pour moi. C’est bien beau les théories, mais le corps parle toujours bien mieux, en fin de compte.

(Photo : Esther_G)

13 Réponses to “Ma plus grande frayeur”


  1. 1 Alex août 18, 2008 à 19:13

    Ouf ! Ouais, ça me rappelle des souvenirs ça aussi de panique « inutile » à certaines occasions. Ça fait travailler fort la « patate » et ça nous reste dans la tête pendant un bail.

    Très intéressant billet Renart !

  2. 2 mandoline août 18, 2008 à 19:38

    L’ amour c’ est terriblement irrationnel! Tu en as la preuve, via ta réaction!

    C’est inquìétant ce genre de situation lorsqu’ on ne peut revirer notre petit de tout son long pour s’assurer qu’ il se porte bien… Mais la nature est bien faite! On a tout un amortisseur de choc dans ces ventres là 😉

    Prenez soin de vous 🙂

  3. 3 mandoline août 18, 2008 à 19:39

    Toujours de très jolies images pour accompagner tes billets, en passant 😉

  4. 4 Mike août 18, 2008 à 20:18

    Une expérience comme ça, en passant. Québec, l’ascenseur du Faubourg qui relie la basse ville -quartier St-Roch vers la haute ville via la rue Ste-Claire.- Cet ascenseur est en service plusieurs heures par jour. Un samedi, fin d’après-midi, je suis à l’intérieur avec un inconnu. L,ascenseur tombe en panne avant d’arriver en haut. Pas grave, il y a un téléphone relié au service 911. 1 er appel de secours, les pompiers seront là dans un instant, que la téléphoniste nous dit. L’homme qui est présent avec moi, semble vouloir enclencher le tourbillon qui conduira à une crise de panique. Il s’agite et perd son calme. Deuxième appel au 911. Le premier appel n’avait pas eu de suite. Je dois dialoguer avec l’autre passager. Je sais qu’en cas de crise panique, il faut éloigner la personne du déclencheur de la crise et lui donner de l’espace. Impossible ici. Surtout garder son calme et lui dire des paroles rassurantes. 15 minutes écoulées. troisième appel au service 911. Rien n’a été enclenché car des plaisantins font « le coup » trop souvent. J’ai beau expliquer la situation il faudra appeler une 4 ième fois. On attend les sirènes qui approchent Et cette fois les pompiers mettront plusieurs minutes à ouvrir la porte et nous sortir de là. Ce fut une expérience stressante !. J’ai une formation en secourisme premiers-soins. J’ai appliqué les enseignements reçus et je connaissais les signes d’une crise de panique. Il était moins une.

  5. 5 Neil Obstat août 18, 2008 à 20:25

    j’ai des « droles » de flashbacks, pas toujours droles….

  6. 6 Drew août 18, 2008 à 21:20

    «puisque je n’étais pas tout à fait réveillé»

    Va falloir t’appeller Renart-pas-tout-à-fait-réveillé asteure 😆

    Que je comprends ces angoisses mec… J’ai une excellente recette de civet de chat si l’estomac te le dit!

  7. 7 Drew août 18, 2008 à 21:26

    En passant comme ça… Tu modères les commentaires depuis quand mec?

  8. 8 ND août 18, 2008 à 23:00

    T’es bon d’en rire maintenant…

    La grossesse, c’est dur sur le cerveau des deux parents. On ne parle pas beaucoup de ce genre de chose, mais la peur est toujours présente, même lorsqu’elle est inconsciente. Et puis, hop, suffit qu’on voie un drame impliquant une femme enceinte à la télé, et on se met à paniquer. Le pire, c’est que ça ne s’améliore pas avec le temps. Tu sais, toutes ses informations sur « dodo sur le dos » et sur la mort subite du nourrisson? Ben ma petite, qui a eu sept mois vendredi, elle dort sur le ventre (contre mon gré, bien sûr, elle se retourne toute seule, même qu’elle rampe et qu’elle fait le tour de son lit, et je SAIS qu’il n’y a pas de risque si elle est capable de se tourner seule). Mais, irrationnellement, j’ai peur que ça fasse en sorte qu’elle ne se réveille pas, un matin. Ça m’arrive encore de me lever en pleine nuit pour aller voir si mes enfants (qui dorment paisiblement) vont bien. Et puis, enceinte, je faisais des tas de cauchemars. Je me réveillais paniquée, surtout quand j’étais enceinte de Marilise. Ça n’aidait pas que j’avais fait une fausse-couche deux mois avant qu’elle ne réquisitionne mon utérus.

  9. 9 renartleveille août 19, 2008 à 1:40

    Alex,

    comme effet secondaire, j’ai eu aussi un mal de gorge… Et voilà quelques secondes j’ai entendu des chats crier au loin. Je n’ai pas aimé ça, même en sourdine : et le bruit, et la réminiscence du sentiment.

    Mandoline,

    « On a tout un amortisseur de choc dans ces ventres là »

    J’espère bien! Un si bel oeuf tout tendre…

    Mike,

    bienvenue ici et merci d’avoir partagé avec nous cette anecdote. Il était moins une effectivement!

    Neil Obstat,

    désolé de te ramener en arrière…

    Drew,

    « Va falloir t’appeller Renart-pas-tout-à-fait-réveillé asteure »

    Hé hé!

    « J’ai une excellente recette de civet de chat si l’estomac te le dit! »

    une chance que je n’ai pas, comme toi, un blogue commun avec Douce, elle ne serait pas contente… Ben non, elle a de l’humour, quand même!

    Pour ce qui est de la modération, mon blogue est réglé dans le sens où le premier commentaire de n’importe qui est à modérer. Quand j’accepte le premier commentaire, les suivants passent automatiquement. Faut donc montrer patte blanche ici… Ça me permet de ne pas laisser passer les trolls et les blogueurs-blogueuses qui ne viennent ici que pour se faire de la pub facile…

    ND,

    bon, j’espère quand même que cette panique n’est pas le début d’une suite de dérapages incontrôlables… Il faudrait bien que nous puissions passer au travers de ces peurs avec une bonne dose de réalisme, puisque les risques sont quand même minimes, il faut le rappeler. Je te souhaite ça aussi, car l’angoisse ce n’est pas bien bien plaisant… 🙂

  10. 10 lutopium août 19, 2008 à 6:40

    Peut-être devriez-vous envisager de dire au revoir aux félins… Lorsque nous avons eu notre premier enfant, ma conjointe avait deux chats. Quelques jours après l’arrivée de notre premier enfant, les chats ont du partir. C’était mieux comme ça.

  11. 11 Philippe David août 19, 2008 à 17:34

    J’avoue que ta petite anecdote m’a ramené en arrière deux fois plutôt qu’une. Deux incidents impliquant moi, ma douce et ma petite et des escaliers. Tout d’abord, ma conjointe avait déjà eu une fausse couche la première fois qu’elle est tombée enceinte quand nous avions décidé d’avoir un bébé. Alor le sentiment de panique et d’inquiétude était au top quand ma conjointe est tombée en bas d’un escalier alors qu’elle était à l’école de nos deux plus vieilles. Heureusement, elle s’en est tirée avec quelques ecchymoses, et notre petite Élisabeth est finalement née en parfaite santé, à notre grand soulagement.

    Comme si ce n’était pas assez, un peu avant Noël dernier, j’ai glissé dans les escaliers chez nous avec la petite, alors agée de 5 mois. Heureusement encore, on a eu plus de peur que de mal. Papa a besoin de physio pour son dos, mais la petite n’a rien. Les accidents ne sont pas pareils quand il y a un bébé dans l’équation.

    Bon courage!

  12. 12 renartleveille août 19, 2008 à 23:20

    Lutopium,

    nous avons effectivement discuté de la chose, et nous avons un plan comportemental en tête, ça devrait fonctionner!

    Philippe,

    pas facile la vie de parent…

    Comme quoi rien n’est parfait, hein? même dans cette petite société qu’est la famille rapprochée.

    « Bon courage! »

    Merci! 🙂


  1. 1 R.I.P. « Renart L’éveillé / Carnet résistant Rétrolien sur mars 20, 2009 à 2:25

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