Devant l’immense corpus des critiques négatives du dernier film de Denys Arcand, L’âge des ténèbres, qui est enfin sorti en DVD pour que je puisse enfin m’y tremper, je mentirais si j’écrivais que je n’avais pas un préjugé très défavorable, hier soir, alors que j’appuyais sur la touche de lecture. Et je n’ai pas été déçu, loin de là.
Mais comment être original quand tous les qualificatifs ont été usés à la corde pour détruire cette bassesse cinématographique, pour ne pas écrire : idéologique. Et ce n’est pas non plus parce que je ne partage pas certaines des idées du film que j’ai haï à ce point, mais bien, justement, parce que cela m’a semblé un amoncellement de truismes, bien maladroitement montés en oeuvre d’art. N’est-ce pas que je suis gentil?
Déjà que le procédé de montrer à l’écran les rêves du personnage, Jean-Marc, que campe un Marc Labrèche insuffisant malgré son bon vouloir, était boiteux, il s’étend comme une traînée de tartinade jaune-orange jusqu’aux trois quarts du film, presque sans arrêt. Mis à part nous montrer des femmes en tenues légères pour illustrer le manque de cul de Jean-Marc, et je ne peux arrêter de penser à Réjean Tremblay, qu’est-ce que le spectateur a à gagner? Pour ma part, j’avais l’impression qu’Arcand me prenait pour plus stupide que je le suis…
Ce qui est très rare, à trois reprises j’ai eu le goût d’appuyer sur la touche d’arrêt. J’avais l’impression d’assister, impuissant, à une bagarre de petite école. Aveuglé, Arcand frappe sur l’État selon son petit regard nombriliste, très loin de l’analyse globale, véhicule le malaise contemporain de la performance dans sa version la plus éculée, quand la caricature est tellement caricaturale qu’elle en perd toute sa force. Et je ne suis surtout pas contre l’art qui dénonce, bien au contraire. Mais ce réalisateur nous avait habitués à un peu plus de subtilité, et surtout, à habiller ses prises de position de beaux frissons.
Je pourrais continuer comme ça bien longtemps, mais j’ai assez perdu de temps, et d’argent, avec cette erreur, pour ne pas dire horreur…
P.S. Note de Douce : 2/10
Hmmm! Je ne puis pas commenter car je ne l’ai pas vu. Mais je ne suis pas certain que je veux le voir 😛
Mais d’un autre côté, faut-il se fier aux critiques des autres…?
Ça me surprend cette critique alors que tout le monde disait que l’oeuvre d’Arcand était tellement ancrée dans les problématiques modernes et vision cynique de notre monde. Mais bon, comme le Détracteur, je ne l’ai pas vu donc je ne sais pas si tu as raison ou pas. J’attendrai peut-être qu’il passe à la télé genre… 😉
@u Détracteur Constructif> Oui et non. Toujours mieux de se faire une idée soi-même. 😉
S’il avait tourné l’Âge des ténèbres avant les Invasions, voire avant le Déclin, probablement qu’on aurait tout de même crié au génie. Parce qu’il a lui-même élevée la barre, et que les attentes sont très, très hautes, cette fois, ça a été catastrophique. Probablement que les critiques nous sont rentrés dans l’espoir et le bonheur du divertissement bien avant la trame du film. Peut-être, aussi, parce qu’un moment donné, la subtilité, ça devient difficile à rendre quand tout – ou presque – a été dit.
Qu’y a-t-il de plus difficile, je me le demande, pour un réalisateur : décevoir les attentes (élevées) des amateurs ou réaliser un film à la trame usée, parce qu’il est demandé, espéré, voulu, réclamé ?
Ça a fessé parce que c’est Arcand. Tu en as déjà fait d’autres, des critiques de film, toi, ici ?
Autrement, à la tonne de navets cinématographiques qui sont produits, on en aurait pour des jours à noter de mauvais films !
Sérieusement, j’avais aussi entendu de treeees mauvaises critiques, et finalement, c’était pas si terrible qu’on nous l’avait dit… je partage plutôt l’opinion d’intellex, dans le sens que oui, les attentes étaient élevées et que c’était pas toujours subtil comme approche, mais j’ai quand même ressenti un malaise en écoutant ce film, c’était tellement poussé, je me suis retournée vers mon chum et je lui ai dit: »dis moi qu’on va toujours savoir pourquoi on est ensemble et qu’on laissera jamais notre relation se dégrader a ce point la… ». Pour le malaise que ca a réussi a susciter en moi, je me dis que ce film en vaut peut-être la peine…
J’avais adoré « Le déclin de l’empire américain », beaucoup aimé « Jésus de Montréal », mais j’ai détesté « Les invasions barbares ». Même si « Le déclin » était déjà un film par et pour les babyboomers, je partageais leurs réflexions, leur cynisme et ils avaient encore un peu de joie de vivre. Mais, « Les invasions », c’était un film par et pour les babyboomers frustrés qui vieillissent mal et disent, comme Denise Bombardier, « c’était mieux dans mon temps », « le monde n’a plus de morale », « les jeunes sont égoïstes », etc.
À ce que j’en ai lu, « L’âge des ténébres » semble aller encore plus loin dans cette direction plus réactionnaire qu’autre chose avec, en plus, une autre vedette de télé qu’on a vue, revue et trop vue.
Je ne me taperai pas ce film, surtout après avoir lu ce billet-ci!
En ce qui me concerne, je n’ai pas du tout aimé non plus le très acclamé « Déclin de l’empire américain ».
J’ai trouvé que c’était affreusement mal dirigé, que les déplacements des personnages étaient tout sauf naturels, que tout était prétexte à exposer des théories oiseuses d’universitaires qui préfèrent s’écouter parler plutôt que de dialoguer et que les discussions sur le sexe étaient chiantes (« on veut pas le sawwère, on veut le wwwère », comme disait l’autre).
J’ai trouvé que « Les invasions barbares était mieux, mais à peine ».
Un bon film québécois, pour moi, c’est :
-Maëlstrom
-Un 32 août sur terre
-Le confessionnal
-Le polygraphe
-La face cachée de la lune
-Un crabe dans la tête (malgré certaines faiblesses du scénario, qui tendent à prendre parfois le spectateur pour un idiot)
-La Capture
Denys Arcand, sincèrement, il me fait chier ! Ce qu’il désire surtout, c’est exposer ses théories. Or, l’art, ce n’est pas l’expostion de théories, mais une invitation à pénétrer dans l’univers du créateur. Si l’univers ne se compose que de théories, alors on n’est pas dans le domaine artistique.
M’est d’avis qu’Arcand ferait un bien meilleur essayiste que cinéaste. D’ailleurs, j’adore la philosophie. Mais je ne suis pas certaine que Socrate aurait été un dramatuge intéressant… (Si tant est que je puisse comparer Arcand à Socrate…)
J’avais pas envie de voir ce film en premier lieu, et habituellement, je me fais ma propre idée des films – mais LÀ, tu m’as convaincu de ne pas dépenser de $$$ en le louant. J’attendrai donc que Radio-Canada ou Super Écran le passe 😉
ARGH!!! Je voulais le louer en fin de semaine! Bon, c’est de ta faute si je devrai trouver une autre activité de fin de soirée avec ma blonde…
Le Détracteur,
libre à toi de suivre ou non mon conseil…
😉
Alex,
oui, l’oeuvre d’Arcand est ancrée dans les problématiques modernes et la vision cynique de notre monde, mais je ne trouve pas que c’est du bon cinéma, contrairement au film 99F, que j’ai vu cet après-midi, qui fait mouche lui…
Intellex,
peut-être que oui, il y a dix ans, ça aurait été plus à mon goût, mais justement nous sommes en 2008…
Pour la question des critiques de film, j’en ai fait quelques-unes, voir la catégorie « Critiques ». Mais je me demande, pourquoi cette question?
Roxie,
bienvenue ici, premièrement, et je viens d’intégrer ton blogue à mon agrégateur alors à une prochaine fois chez toi!
Pour ce qui est du film, j’aurais vraiment aimé avoir ta réaction, car j’aurais passé un bon moment au lieu de m’emmerder et de seulement noter les choses négatives… Mais bon, je n’ai pas la science infuse, et ça m’a au moins conforté dans le fait que j’ai encore et toujours pas mal les mêmes goûts que ma Douce!
Martin B.-L.,
à te lire, je crois que tu te ferais au moins du plaisir à le décortiquer ce film. 😉
Morgane,
je suis bien d’accord avec la fin de ton commentaire, sur la prédominance des théories chez Arcand, mais je trouve que ta critique est seulement exacte pour le cas de son dernier film, puisque je suis entré de plain-pied dans tous ses univers précédents, mis à part Stardom. Surtout « Le Déclin », qui était un univers en soi, que meublait la théorie, comme un murmure incessant. En tout cas, c’est ce que j’y ai vu.
Moonlady et Jonathan,
c’est pas de ma faute si vous êtes trop influençable! Hé hé!
😉
Moi j’ai adorer ce film. Faut surtout pas le prendre au premier niveau. Faut voir la figure de style qu’est l’exagération. Je trouve que ce film est excellent, mais il ne s’adresse pas à un public général. Il faut pouvoir prendre un certain recul de ce qu’on voit pour en comprendre le message. Moi je lui avais donner une note de 8/10 lorsque je l’ai vu et je la maintient.
Eric,
merci de le spécifier, mais je n’ai pas tu tout pris ce film au premier niveau, comme n’importe quel film d’ailleurs… et je ne fais pas parti du « public général », et surtout, j’ai compris le message. Pourquoi continué-je de le trouver nul alors?
Eric
Parfaitement d’accord!
En outre les critiques de cinéma que je respecte en ont tous fait des critiques élogieuses! Mais, bien entendu, il ne s’agit pas de cinéma commercial (contrairement aux Invasion!) …
MFL,
si je comprends bien, tu l’as trouvé bon, ça me surprends…
J’ai adoré! 🙂
Mais j’avais détesté les Invasions!
Moi c’est le contraire, décidément… 😛
J’avais aimé le Déclin mais trouvé ordinaire les Invasions.
@Renart : je n’en démords pas « Le déclin de l’empire américain » est un mauvais film, mal dirigé. On sent trop la présence du metteur en scène, qui dicte à ses acteurs leurs déplacements, fort probablement improvisés.
C’est du travail de broche à foin. Arcand n’a pas le perfectionnisme d’un Gilles Villeneuve ou d’un Robert Lepage.
Un exemple : La scène où Dominique Michel et Geneviève Roux (si je ne m’abuse) tournent l’une autour de l’autre dans le bain, se servant chacune à tour de rôle leur réplique : factice !
Un autre : La scène où les femmes s’entraînent dans un gym, tout en causant comme si elles étaient devant une tasse de café, sans suer la moindre goutte : On n’y croit pas !
Un autre : La scène où les hommes improvisent une petite danse tout en continuant d’exposer leurs théories oiseuses d’universitaires qui s’écoutent parler : emprunté !
Je l’ai dit, je le répète, Arcand devrait se recycler dans le style essayistique !
D’aucuns me diront que je n’y connais rien, que le talent d’Arcand est reconnu. Ce à quoi je répondrai : des Mc Do, il y en a partout dans le monde, et ça n’en fait pas plus un bouffe de qualité.
Et j’ajouterais que Robert Lepage, lui, sait faire passer des opinions socio-politiques assez intelligentes dans ses films sans pour autant sombrer dans le « moi-je-connais-beaucoup-de-choses-et-je-vais-vous-le-démontrer. »
Au contraire !
La dimension plus « théorique » de ses films passe fort bien car le travail d’atmosphère y est éminemment bien paufiné. Les théories soutiennent le film plutôt que de l’écraser.
ÇA, c’est de l’art cinématographique !
@Morgane
On s’entend-tu pour dire que Lepage est dans une dimension complétement différente de Arcand? Que Lepage soit meilleur que Arcand est une évidence!
De ce point de vue, n’importe quel film de Arcand est mauvais, ou presque.
Oui. On s’entend.
On s’entend, mais j’ajouterai ceci : quand je veux visionner un grand film, j’exige que le lng-métrage ait toutes les qualités d’un grand film (atmosphère visuelle, auditive, talent des acteurs, mise en scène bien ficellée, et caetera).
Si j’ai envie de voir un petit film léger, je me loue, par exemple, « Les trois petits cochons » et on n’en reparle plus. Je m’amuse, je rigole, et je ne cherche pas les défauts du film… Quoique… Bien que l’exemple susnommé soit assez léger, le travail reste quand même très potable.
Par contre, les films légers qui essaient de se faire passer pour des films sérieux, ça m’insupporte.
Même chose avec la musique. Des fois, j’ai envie d’écouter de l’Opéra. D’autre fois, j’ai envie de déconner sur les tounes des « trois accords ». Mais si l’Opéra se revendique d’une certaine qualité littéraire, « Les trois accords », eux, assument fort bien leurs rôles de cabotin.
C’est autre choses quand j’entends les conneries de Palmondon qui, lui se conçoit comme un artiste de talent alors qu’il fait rimer « amour » avec « toujours » (peut-on trouver plus galvaudé ?)
En bref, quand je vais bouffer chez Amir, je suis contente de bouffer vite fait et de ne pas payer cher. Quand je vais dans un petit bistro chic, je suis heureuse de me payer un souper gourmet. Le jour où j’irai dans un restau chic et qu’on me servira un hot-dog garni au caviar, je leur garocherai en pleine face !
(Je sais, je sais, je ne suis pas zen).
Erratum : opéra = qualité musicale.
@Morgane
Vous devriez essayer les cadavres exquis, ça devrait vous plaire, j’aime bien votre plume:
http://cadavresexquis.wordpress.com/
Lisez les Petits déterminants du Bloguâvre Exquis avant.
Et vous devriez aussi ouvrir votre propre blogue.
Effectivement, le fait d’aimer ou non un film dépend aussi des attentes et des prétentions du réalisateur.
Merci pour le lien !
C’est chouette !
😉
Effectivement, j’aime les cadavres exquis !
Je crois que mon préféré, que j’avais fait avec mon ex, était « La vache lugubre délire innocemment dans la salle de classe poussièreuse ».
J’ai vu cette chose au cinéma avec mon cousin et mon copain de l’époque. Je m’y suis endormie… et j’ai même poussé un rouflement en pleine fable médiévale.
Je trouve aussi que ce n’est pas un bon film. Je trouve également que la vision pessimiste du monde y est mal montrée; Houellebecq, auteur français, sait beaucoup mieux y faire.
La seule chose «intelligente» que je lui trouve, c’est ceci: le film peut être une mise en abyme de l’ennui du personnage principal. Le spectateur s’y ennuie donc autant en l’écoutant que s’ennuie le personnage principal en vivant sa vie moche.
Très juste, cette idée de mise en abyme.
Jamais lu Houellebecq, mais pour ce qui est de la vision pessimiste du monde, George Orwell est pas mal du tout…
La Rochefoucauld est aussi assez bien…
J’ai moi aussi détesté ce film du plus profond de mes tripes. C’est un navet complet, qui n’est pas du tout à la hauteur du Déclin et des Invasions…
Je me console en me disant que Denys Arcand est un incurable romantique, qui critique la société actuelle pour son côté superficiel et termine sa vie dans une maison de campagne, loin du bruit, loin de tout. La nature pour seul refuge… My god, on est-tu encore avec Rousseau ou quoi?
Ah morgane morgane!
Vous etes la femme la plus mechante de la terre entiere! Mon pere est un des plus grand realisateur du quebec! Donc je m’en fiche de ce que vous dite mais en passant j’accepte completement votre desaccord sur les films de mon pere mais de là a dire qu’il vous fait chiez!!!! Vous ne le connaiser même pas!! Et si vous ne respecter pas les autres vous ne vous respecter pas vous même! Pareil pour les autres! Tout le monde travail fort pour gagner sa vie et si vous etiez realisateur, vous accepteriez qu’ont aime pas votre film car en faisant ce boulot vous le saviez mais je ne croit pas que vous accepteriez qu’ont vous diss que vous me faute chiez et que vous etes un nombriliste. Mon pere est tout le contraire donc taisez vous et n’oublier pas la regle d’or: » Ne fait pas au autre ce que tu ne veut pas qu’on te fasse! »