De l’hyper dans le sexe de nos anges

Comment broder autour de l’hypersexualisation des adolescents et des enfants (bientôt les poupons?) sans tomber dans l’hypervictimisation ou l’hyperculpabilisation? Dans le monde boursoufflé des hyperliens, les réponses sont trop subtiles en vérité…

Je regarde autour de moi et ça ne ressemble pas à ce que j’entends, dans le sens de lire sur les lèvres des gens et de mon écran : c’est facile de monter sur ses grands chevaux même si après une grande respiration on finit par constater que ce n’est pas si pire… Ce qu’on voit dans les clips, dans les magazines, dans les pubs est grandement dilué dans le réel, comme si les deux mondes ne pouvaient se regarder avec franchise. C’est seulement de l’épice même si elle est souvent trop piquante pour plusieurs, dont moi, parfois.

Je me souviens d’une autre époque où une grande vedette d’aujourd’hui m’éveillait de sa jeunesse et réveillait autrement mes soeurs et les filles autour de moi. Madonna, je me souviens, n’avait que le dodu de son corps à offrir au départ, s’enveloppant d’un style désinvolte comme l’époque, en proie au clinquant d’un côté et à la déprime de l’autre, après ces années soixante-dix de sexe, de drogue, de spiritualité et de rock-prog-funk-disco… C’est à l’approche des années quatre-vingt-dix qu’elle a gagné la stature, gravit le piédestal qui a tant inspiré, celui de l’artistique femme d’affaire forte, et fortement sexuée.

Il y a bien là un déclic qui a opéré, mais je ne pourrais pas mettre tous mes oeufs dans le panier de la Madonne. Non, car la recette qui consiste à mélanger le sexe, le pouvoir, l’argent, la religion, en dosant différemment selon l’humeur, est du domaine archétypal, il ne faut pas s’en cacher! Toujours jouer en émoustillant les uns et en ne confrontant pas trop les autres est un jeu qui est de moins en moins dangereux quand on regarde derrière, puisqu’à la base les années qui passent servent de tremplin à la nouveauté de plus en plus nouvelle, à des questionnements qui ne nous effleuraient guère, même l’année dernière. Le futur a souvent peur de la redondance.

Nos artistes de plus en plus internationaux visent large à l’image de la globalité, imprégnée à la société par la répétition des mantras éconocentristes. Ils sont des marques déposées tout comme les autres, et on peut à peine leur en vouloir, car ils ne sont que des miroirs formatant, formatés, fictifs, la preuve de nos soubresauts d’élévation vers une certaine perfection psycho-corporelle, toute vide qu’elle soit.

Pour ne parler que d’elles, points de mire, nos jeunes filles ne sont pas dans notre monde, et je me demande pour qui c’est le plus un jeu. La mère qui joue à la poupée avec sa fille, dans le pire sens de l’expression, a le poids des années comme longueur d’avance. Et le père? Qu’il acquiesce ou qu’il laisse faire, il reste en phase avec son rôle de con-voyeur… Mais la réflexion n’a plus bon goût, comme une gomme collée sous la table.

(Peinture : rodparker)

17 Réponses to “De l’hyper dans le sexe de nos anges”


  1. 1 Eric Bondo juin 11, 2008 à 12:12

    Étrange synchronisme. Je termine à peine mon dernier billet qui parle du même sujet sous un angle différent.

    À mon avis, le jeu n’est pas si inoffensif et pas pour tout le monde. Comme pour la violence, nous avons été si saturés par le sexe que nous l’avons banalisé comme faire l’épicerie. Sauf qu’il s’agit d’une pulsion beaucoup plus puissante qu’on l’entend. C’est celle qui permet à la vie de se perpétuer. Mais qui, étouffée ou réprimée, se transforme en un monstre épandeur de cauchemars et de crises.

    La pulsion sexuelle et le tabou qui l’entoure sont de loin responsables de plus de maux que de bien. Mal comprise et encadrée tout croche, elle fait éclore ce qu’il y a de moins humain en nous et révèle l’animal toujours à la place du cocher. Elle permet l’abus des esprits et des corps.

    Quant à la dilution dans le réel de la version épicée des médias, je vois plus l’épice comme un avant-gout de ce vers quoi on tente d’amener les plus pieux des auditeurs.

    La vulnérabilité de ceux qui ne vivent que par et pour la boîte à penser qu’est la télé n’est pas à prendre à la légère, surtout que les modèles familiaux prennent le bord au profit des modèles médiatiques.

    Mais le reconnaître nous obligerait probablement à revoir tout notre canevas relationnel. Le couple, la famille se trouveraient dans une situation de complète remise en question, ce qui va à l’encontre de la tendance « jeune famille moderne » qu’on tente de nous imposer, vu la crise de la natalité qui sévit en occident.

    Les religions et les états ont voulu circonscrire le problème par du conditionnement opérant. On ne peut conditionner ce qui est à la base de la vie. On peut tenter de le comprendre et accepter de « dealer » avec,ou, comme c’est le cas de nos jours, s’attaquer à ses effets.

  2. 2 renartleveille juin 11, 2008 à 13:53

    Quoi ajouter de plus?

    Moi je n’ai qu’en tête le dernier billet de Steve Proulx où il décrit une anecdote, la phrase qu’il a entendu de la bouche d’une adolescente de 13-14 ans :

    En tout cas, j’espère qu’il y en n’a pas un crisse de vous autres qui est venu en dedans de moé!

  3. 3 Num juin 11, 2008 à 15:00

    Tiens, y’a pas quelqu’un que tu m’as parlé là-dedans ? 😉

    Au pire, c’est agréable pour l’oeil !

    http://espace.canoe.ca/FredMailloux/video/view/45303

  4. 4 Félix juin 11, 2008 à 15:12

    « En tout cas, j’espère qu’il y en n’a pas un crisse de vous autres qui est venu en dedans de moé! »

    Cela me fait pensée à une discution que j’ai eu, hier, avec ma douce. Étant donné que je suis le seul et unique amant qu’elle à eu dans sa vie, elle se questionnait à savoir si c’était vrai que le sexe avec condom nous donnais moins de sensation que sans condom. Disons que la réponse est compliqué. D’un certain sens, oui il y a perte de sensation… mais pas énorme. À moins que la personne soit alergique au latex (ça existe, mais c’est une minorité de gens), c’est soit une question d’orgueil (du moins, j’imagine) ou qu’ils ne savent pas le mettre ou encore choisissent une taille trop grande (orgueil encore j’imagine). Avec tout les modèles qui existent sur le marché, je suis certain qu’il y en a un qui leur convient.

    Bref, revenons à nos moutons. Cette fameuse phrase, par cette jeune demoiselle, démontre clairement qu’ils n’ont pas utilisé de condoms. Pourtant, je croyait que les campagnes de sensibilisations était efficaces. Serais-ce une nouvelle mode de faire l’amour non-protéger? De l’insouscience? Ou encore qu’ils ne savent pas les dangers d’une relation non-protéger à cette âge?

    Pour le reste de ton billet, je le commenterai plus tard, dans la soirée.

  5. 5 renartleveille juin 11, 2008 à 16:29

    Num,

    ben oui, Mistress Barbara qui reprend  » Dance me to the end of love  » de Leonard Cohen. Première écoute c’est bon.

    Merci du tuyau!

    Félix,

    mais au-delà de l’utilisation du condom, ça reste quand même un gang bang d’ados… époustouflant quand même, tout une évolution en 20 ans!

    A plus alors!

  6. 6 Volage juin 11, 2008 à 18:48

    Avant hier le sexe était sal, hier il était profitable, aujourd’hui il est volorisant, demain il sera… embêtant?

    De maternelle à 5ième année, j’allais dans une belle petite école en robe fleurie, des nattes dans les cheveux et auncun sacre en bouche. J’ai changé de domicile et d’école en 6ième année. Lors d’une soirée de fête, alors que je cherchais du jus parmis la bière (?) on m’a proposé un drôle de jeu qui se voulait amusant m’ont-ils dit. Je vous épargne les détails, mais s’amuser à tailler des pipes à cet âge est certainement digne de se questionner.

    Il y a de ça plus de 10 ans. Je me demande bien à quoi ils jouent maintenant? Personnellement, cela m’inquiète un brin, une branche même.

  7. 7 Félix juin 11, 2008 à 20:31

    Cette hypersexualisation est, selon moi, rien d’autre qu’un désire de comblé et de se sentir utile lors d’une periode de remise en question. Le plus grand plaisir dont nous parlons aujourd’hui est… le sexe. Je crois que ce n’est qu’un courant passager et que cela va passer, tout simplement. L’image de la femme prude reviendra et le phénomène s’atténuera. Voilà pourquoi je n’ai pas condamné le gang bang, bine que je ne l’aprouve pas.. Il est totalement normal puisque c’est « à la mode ». Je ne peut rien y faire outre qu’éduquer mon futur enfant à éviter cela. Je préfère choisir mes combats.

  8. 8 Sébastien juin 11, 2008 à 21:31

    Comment ne pas réagir aux histoires atroces que les médias épinglent un peu partout dans leurs feuilles de choux. Ils décrivent tous la dépravation de nos adolescents, mais ils oublient qu’ils ont un grand rôle dans l’évolution des mœurs de notre société. D’autre part, ils retirent un revenu substantiel en vendant le sexe aux jeunes par leurs publicités racoleuses qui, souvent, dépassent les limites socialement acceptables. Du nouveau sous le soleil, maintenant vous pouvez achetez des pilules qui stimulent votre désir dans vos bons dépanneurs couche tard. Qui sont les brillants inventeurs de ce concept? Astral Média, par l’entremise de Radio Énergie. Et cette radio s’adresse à qui en générale??? Aille la jeune, tu n’as pas envie ce soir, pas grave, prends ta dose et le désir suivra…

    Si nos médias sont à côté de la trac, les ados eux, en majorité, font la différence.

  9. 9 Félix juin 12, 2008 à 0:58

    @Sébastien,
    vous oubliez une chose, les adolescent veulent imiter les adultes… tout comme nous le faisions avons. Et qu’elle est l’image des actes adultes véhiculé dans notre culture moderne?

  10. 10 renartleveille juin 12, 2008 à 1:57

    Volage,

    ton témoignage est très courageux. J’espère que ce n’était qu’une proposition… Bouche bée je suis.

    Félix,

    d’un côté j’ai l’impression d’être un mononcle et de l’autre je me dis que des gangs bangs d’ados ça n’a pas de bon sens!

    Je ne suis pas pour une sacralisation de la sexualité, mais bon, au moins, pour un équilibre!

    Sébastien,

    désir, sexe, produits, etc., sont les maillons d’une chaîne bien huilée…

  11. 11 Num juin 12, 2008 à 3:55

    Hein ! tu pourras pas dire que je t’écoute pas quand tu me parles ! 😉

  12. 12 Félix juin 12, 2008 à 9:45

    @Renart,
    je trouve, aussi, que des gang bangs d’ados n’ont pas de bon sens, mais je ne peu rien faire pour les empêcher. Je préfère donc me battre pour les sensibiliser à la protection au lieu de tenter de les sensibiliser à repousser leurs instincts.

  13. 13 lutopium juin 14, 2008 à 12:19

    Il est essentiel que l’information diffusée aux jeunes soit « balancée ». La découverte de l’attirance vers le sexe opposé, l’importance d’avoir un chum/une blonde et de faire partie d’une gang, les premiers baisers, les premières caresses, la perte de sa virginité… toutes ces étapes sont naturelles et se vivent différemment selon l’époque. Mais je crois qu’il est primordial que les jeunes filles réalisent qu’elles sont les égales des garçons et qu’elles peuvent et doivent dire « NON » selon leurs choix et principes de vie. Je suis donc d’accord avec cette recommandation du Conseil du Statut de la Femme: « Le Conseil recommande au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport d’exhorter le personnel enseignant à aborder la question de l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme d’éthique et culture religieuse, tant au primaire qu’au secondaire, et ce, à l’aide des ressources qu’il met à sa disposition pour en soutenir l’appropriation. »

  14. 14 renartleveille juin 14, 2008 à 13:56

    Num,

    Exact!

    Félix,

    « repousser leurs instincts »

    à ce point-là?

    Je ne crois pas que l’instinct ait à voir avec le fait de s’être fait prendre par cinq garçons en dedans de quinze minutes… Ça me semble plus culturel, enfin, pour abaisser la culture au niveau du plancher des vaches!

    Lutopium,

    Ah! moi aussi!

    Mais j’aimerais bien me glisser pour un moment dans la petite tête d’une participante de gang bang pour comprendre… Pour les participants, c’est facile!

  15. 15 Félix juin 15, 2008 à 21:42

    @Renart,
    cet exemple de polygamie est entièrement culturel. D’ailleurs, je n’arrive pas à comprendre la polygamie tout cours. Mais bon. Le côté instinctif dont je parlais était le côté sexuel. À l’âge de 12 ans, il y a une certaine pression hormonale dont certain n’arrive pas à gérer… j’ai quelques exemple dans mon entourage où la poussée hormonal faisait en sorte qu’ils convoitaient tout ce qui était humain et féminin.


  1. 1 Une histoire de sexe et de personnes mineures « Le Dernier Québécois Rétrolien sur juin 14, 2008 à 20:48
  2. 2 L’Électron Libre » Blog Archive » Une histoire de sexe et de personnes mineures - Le carnet polémique de l’Électron Libre Rétrolien sur novembre 11, 2008 à 11:17

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