
Je peux vous avouer que j’ai un peu la larme à l’oeil, pour ne pas dire l’arme à l’oeil, puisque j’oscille grandement entre mon enfance, tout sauf calme, et le stoïcisme vers lequel je tends, comme une seconde peau : une fabrique de larmes pour huiler mes actions rationnelles.
C’est une histoire comme il y en a eu partout depuis toujours. Je crois même que seulement une minorité en serait vierge. Le sujet concerne cette violence que certains hommes pleurent de la pire manière sur les os des femmes. J’ai encore ces images bien gravées en moi, même si ça fait plus de trente ans. C’est comme si en général elles ne voulaient plus rien dire, malgré la force de la haute définition mnémonique, et que les sentiments qui y sont rattachés viennent seulement me lécher le coeur, me le titiller, par la faute de ce bain virtuel qui est le nôtre, ouvert au partage, sans la cachotterie des huis clos poussiéreux.
Cela n’a peut-être pas tant de liens que ça quand je vois les images de ma mère qui se fait battre, déchirer son linge par son salaud d’alcoolique — remplaçant de dépendance affective, de mon père, parti se faire voir ailleurs —, devant moi, environ six ans, ma soeur et mon frère, quatre et trois ans, mais ces images sont en conséquence directe avec la lecture d’un vieux billet d’un écrivain dissertant sur la vie d’un autre, qui a fait de la prison pour ce crime, et la suite de commentaires qui fait surtout la belle part à la victime, et c’est compréhensible. J’omettrai ici, infidèle à mes habitudes, les hyperliens pour ne pas réveiller inutilement des fantômes, je me contenterai des miens. Et mes yeux ont croisé ce vieux billet, qui date du 13 novembre 2007, par la faute d’une âme revancharde rencontrée par un hasard pas tout à fait hasardeux, et je suis tombé dans le panneau…
Même moi, qui a la subjectivité dans le tapis, j’ai le devoir de ne pas abandonner mon objectivité, dernier rempart de ma santé mentale, pour autant. Et je suis surtout content de n’avoir rien à perdre ni à gagner avec les belligérants, qui semblent en découdre depuis des saisons, dans l’instable calme des piques et des lettres… Mais il ne me faudrait surtout pas lire tout ça comme un épisode, non : la vraie souffrance ne se contente pas de l’art pour se répandre.
Est-ce que le temps peut tout réparer? Je ne crois pas, car j’en suis ma propre preuve. N’est-ce pas que le pardon est la plus grande entreprise personnelle à entreprendre? Qui me dira le contraire!
Est-ce qu’un homme qui est capable de se contenter d’un regret irréversible mérite qu’on efface son ardoise, même dans le doute?
C’est beaucoup ici un dilemme que j’expose, gargantuesque par tous les niveaux d’analyses que je peux y voir, multiple comme les termes des accusations et des défenses, comme l’impossibilité de revenir en arrière, et surtout l’espoir de voir la vie telle qu’elle se présente dans le présent, affranchi de toutes nos fautes, que l’on décide de déterrer ou d’enterrer plus profondément, selon les conjonctures.
Je suis dans le flou et cet exutoire appelle à la publication.
Je joue à l’éditeur et j’appuie sur publier.
(Photo : llona Angervuo)
Je vous lis avec … beaucoup d’humilité.
Je voudrais juste vous dire qu’avant d’enterrer nos souvenirs douloureux, il faut les avoir déterrer à fond, jusqu’aux racines, que ces moments sont trés difficiles à vivre, mais qu’ils permettent ensuite, de vivre bien mieux.
Je ne suis pas sûre que le pardon soit possible pour tout. Je pense même qu’il y a des « crimes » qu’on ne peut pardonner. Il faut vivre avec en se disant qu’ils font partie de notre vie. Qu’ils ne doivent pas nous empêcher d’avancer, bien au contraire, ils nous rendent plus forts.
Je suis allée, lorsque j’avais 16 ou 17 ans, cracher sur une tombe (…) pour pouvoir dire enfin ce que je ressentais.
Si vous saviez le bien que ça m’a fait !
J’en souris aujourd’hui et je suis quasi sûre que si je repasse devant sa tombe, je crache à nouveau !
Jamais je ne lui accorderai mon pardon, il ne le mérite pas !
Pomme
Je n’aimerais pas avoir ces images en moi. J’en ai d’autres et comme les vôtres elles ont participé à la construction de qui je suis maintenant. Auraient-elles été différentes, je serais autre. Cela eût-il été mieux? Cette question restera sans réponse. C’est une bien mince consolation mais cela demeure une vérité. Le seul pouvoir que nous ayons c’est d’y superposer nos images à nous, celles de la vie et de l’amour.
Désolant…
Désolé.
« L’enfance est un bagage que l’on transporte toute sa vie » écrivait Gilles Vigneault. Ton billet si touchant incarne cette vérité. Certaines de tes phrases me resteront gravées dans la tête et le coeur.
La dernière phrase du commentaire de Bibco me restera aussi dans le coeur.
Tu vois, il y a des kilomètres entre l’oubli et la vertue de la Miséricorde. Là je ne parle pas de miséricorde religieuse, mais bien de la vertue qui a été volée par cette dernière. Il y a des processus à la guérison, mais pas de solution dans l’oubli. Notre vécu vient teindre notre personalité, nous construit. Les douleurs profondes nous rappellent la vie, bien malheureusement. Alors c’est avec toi-même que tu dois faire la paix avant de pouvoir pardonner, voire devenir miséricordieux, à cet humain déshumanisé. Mais c’est un long trajet… un douloureux trajet.
Pardonne-toi, tu verras après pour le reste…
Bonne chance
(et non, ce n’est pas un billet automatique…)
Effacer l’ardoise de l’autre ? Ça vient avec le pardon pour toi si un jour. Pour l’autre, celui qui l’a noircie son ardoise, elle lui est remise en pleine face à tout moment, de jour comme de nuit, pour le reste de ses jours. Sa souffrance, son regret, c’est sans fin et ça se prolonge bien au delà de ton pardon qui, si un jour, t’apportera la paix, la tienne, mais ne lui redonnera pas la sienne. Pour l’avoir, il devra aussi se pardonner. Pour y arriver, il devra avoir acquis la conviction d’être digne de pardon lui même.
Entreprise d’une vie. Bonne route. 🙂
Au bout du compte, à force de travail, d’ardeur et de courage, on peut peut-être pardonner de pareiiles choses… mais à mon sens, on oublie jamais!
Écrire ces lignes a dû te serrer fort l’estomac. Bravo pour ta verbalisation…
Se pardonner quoi? La vulnérabilité, la démence dans le doute, la cruauté implacable de ne pouvoir revenir en arrière, d’avoir tenté de revêtir la soutane intangible d’un Dieu trop hautain pour empêcher sa tourmente et la tienne, de n’avoir su être adulte quand l’atrocité t’empêchait d’être enfant? Te battre et rester debout auprès d’une femme que tu chérissais, ne point lui faire d’injures et menacer son ciel… Je crois plûtot que c’est la vie qui te doit le pardon, celle là qui t’a confinée au gris alors que tu pestais contre le noir en ne rêvant que de blanc… Le p’tit homme en toi a droit a son arc-en-ciel et c’est dans toutes les couleurs des émotions que j’ai eu à te lire que j’emmène celui-ci en balade… Laisse la douleur passer, laisse la t’emplir jusqu’à ce que le besoin d’épuise, s’il s’épuise… 🙂 xxx
Dans ces cas là, je crois que les seuls pardons qui nous libèrent vraiment sont les pardons que l’on s’accorde à soi-même. Se pardonner de s’être laissé tomber pour que qq’un en prenne avantage et abuse de nous. À tous les niveaux.
Tiens, drole de coincidence, j’avais écrit ca hier… Ca aidera p-etre, p-etre pas… Une forme de réconciliation de nos dualités 😉
http://mandoline.wordpress.com/2008/03/19/scram-quon-rvienne-unies/
Touchant ce billet.
Selon moi, il est inutile de pardonner. Le pardon ne sert qu’à donner bonne conscience en la personne fautive. Non, il faut que cette personne assume ses actes et, si elle est vraiment désoler de ceux-ci, faire tout en son pouvoir pour empêcher que cela n’arrive encore, pour lui ou pour d’autre victimes. La gratitude conséquent de ces efforts seront nettement mieux que tout aprdon et permettra, peut-être, à certaines personnes à mieux connaitre la nouvelle personne qu’ils sont. Les gens peuvent changer, mais pour cela, il faut qu’il le désirent ardamment pour eux-même.
Nous avons tous nos tragédie, nos regrets, nos peines. Certaines sont, d’apparence, plus anodines que d’autres. Certaines nous affectent plus, d’autres moins. Comment nous gèrons ces évènement nous aides à forger notre caractère, qui nous sommes, qui nous deviendrons. Il faut apprendre à les assimiler. Certain sont plus ardus à assimiler, d’autres non. Le temps que cela prend n’as peut d’importance, l’intention l’est. Comme disait la tortue; « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».
j’ai moi-même, une certaine tragédie, avec ma défunte grand-mère. Je l’ai détesté pendant pratiquement 23 ans puisqu’elle était alcoolique et devenait mesquine sous l’influence de l’alcool. Je l’imaginait toujours comme une sans-coeur qui ne pensait qu’à elle même. Pourtant, sur son lit de mort, je suis allez la voir et j’ai eu une discution avec elle. Elle était ajun, non pas par obligation, mais par volonté. Elle voulais voir et discuter avec ses enfants et peits-enfants une dernière fois, sobre, sans rien que ne fausserait sa vision. C’est à ce moment que j’ai réellement vu qui elle était. Sa beauté et sa grandeur. J’ai compris pourquoi mon père s’assoyait à son chevet à chaque jour. Mon cousin à refusé de la voir. Elle l’as accepté, humblement et est parti après que nous soyons tous allez la voir malgré le fait que mon père voulais avoir la discution finale avec elle, ce qu’il ne parvint pas puisqu’elle renda l’âme au moment ou il arriva près d’elle.
Cela m’as prit 23 pour la connaitre. Pourtant, je ne regrette rien de toute al haine que je lui ai porté. J’ai prit la peine de tenter de la conanitre et y est parvenue. J’ai réellement vu qui elle était. Je suis désolé pour me cousin, qui à manquer une si belle occasion de la voir réellement. Peut-être le regretera-t’il. Surement qu’il n’en aura jamais conscience. Quoiqu’il en soit, le plus grand souvenir que j’ai de cette femme, celui que je considère important de ce souvenir, c’est cette petite discution anodine que j’ai eu avec elle sur son lit de mort.
Merci beaucoup tout le monde pour vos bons commentaires.
Je ne creuserai pas trop avec chacun de vous car je l’ai assez fait en écrivant mon billet…
Déjà que j’ai pas mal hésité à le publier.
zzzzzzzzzzzzzzzzzz
Vraiment pas fort Davidg.
Je note ça.
re-zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz
Je voulais juste passer pour te dire que j’ai lu et que je suis sans mots pour t’exprimer ce que ça m’évoque. Mais j’ai lu avec beaucoup d’émotions…
re-re-zzzzzzzzzzzzzz
Davidg,
quand je travaille et que quelqu’un vient me dire qu’il n’aime pas la musique, je lui dit qu’il y a d’autres bars et qu’il peu crisser son camp. Et j’enrobe ça d’un peu plus de subtilité parce que je suis payé, pas ici…
Capiche?
…
@Renart,
ce qui est important, c’est que cela t’ait fais du bien. Je doute que qui que ce soit qui as commenté ton billet s’attendait à une réponse. Ce billet signale un moment de réflexion dont j’espère que tout ceux qui ont pris la peine de le lire l’embrasserons.
Je savais pas quoi dire… Et je n’osa pas dire beau billet… Je compatis!
Je n’ai pas dit que je n’aimais pas ton billet. Il est excellent et ton écriture est sublime.
Mais paradoxalement, j’ai laissé la trace de la première réflexion qui me venait à l’esprit.
Je me joins à tous tes amiEs pour te remercier d’avoir partagé ce souvenir avec nous, ce qui témoigne de l’intimité que tu es disposé à nous offrir et aux réflexions que tu aimes provoquer.
Trois choses me viennent à l’esprit: 1) il ne faut jamais dramatiser afin de ne pas se faire emporter par une forme quelconque de déprime. 2) il faut vivre intensément le moment présent en refusant à notre cerveau de constamment retourner dans ses souvenirs ou d’anticiper le futur avec outrance. 3) Aimes ta blonde intensément et assures-toi que la violence (sous toutes ces formes, même l’impatience) et le mensonge ne soient pas des ingrédients à votre bonheur.
On t’aime fort Maître Renart. (L)
re-re-re-zzzzzzzzzzzzzzzzz
Davidg,
alors dors là-dessus et reviens plus tard, il y aura d’autres sujets qui te conviendront mieux pour faire aller ta verbomotricité…
Lutopium,
très bons conseils, comme tous les autres d’ailleurs.
Merci pour cet amour!
Pourtant, le sujet, exprimé de ton point de vue personnel, est fort intéressant mais je ne peux pas lui accorder l’intérêt qu’il mériterait.
Je n’aime jamais autant te lire que lorsque tu nous ouvre un peu la porte sur l’humain que tu es, avec ses écorchures, ses blessures, ses beautés et ses espoirs. Je suis un peu voyeuse, c’est vrai. Mais je sais aussi que tout ce que tu écris ici fait partie de toi, au même titre que ces mots plus intimes, puisque c’est toi, ton âme et tes mains qui manient le clavier, peu importe le sujet dont tu traites. De te laisser à toi-même la permission de publier ici une prose plus personnelle ne veut dire qu’une chose, en définitive: tu avances. Malgré et à cause de tout, tu avances.
Il avance mais pas encore complètement.
Davidg,
c’est beau, j’ai compris que tu fais un lien entre mon billet et ta haine du fémi-fascisme…
Whatever.
Moi j’ai bien de la misère à faire un lien entre ça et le sentiment qui me vient quand je pense à ma mère qui s’est fait battre et quelconque crétin qui s’est permis de lever la main sur une femme, et même, dans le fond, un homme.
Si j’ai raison, tu es franchement en déficit d’empathie. Et à la limite irrespectueux.
Fais-toi aller le clavier maintenant…
CarolineG,
c’est sûr que je me laisse aller parfois à ça, mais je ne veux surtout pas que ça prenne le dessus.
Il ne faudrait pas que certaines personnes puissent commenter, de peur de réveiller les fantômes.
À mon avis, ne pas pardonner, c’est perpétuer soi-même ad vitam aeternam le crime de l’autre en soi, comme une vilaine tache noire qu’on croit à tort indélébile. Pourquoi? Par peur d’être perçu ou de se percevoir comme étant faible, et que ça recommence à nouveau? Si tel est le cas, lequel de notre égo ou de notre ennemi se retrouve responsable de faire perdurer la souffrance?
Poser la question, c’est un peu y répondre.
Gros billet, Renart. Tu m’expliqueras en détails un jour ce qui a fait sortir le chat du sac. C’est assez intense que ça sorte maintentant, mais c’est une grosse partie de la job. Vois tout le renforcement qui en ressort 🙂
Je comprends très bien ton hypothèse, puisque je ne peux pas expliquer le fond de mon propos, mais cela n’a rien à voir. Jamais je ne cautionnerai les masculinistes qui banalisent la violence contre les femmes (sauf quand le gouvernement exagère dans l’interprétation des statistiques) parce « certaines femmes sont violentes ». Mais tout cela n’a rien à voir avec ma réaction.
Dois-je manquer d’empathie ou être généreusement empathique?
Dois-je être respectueux ou irrespectueux?
Donc Éric Bondo parle à travers de son chapeau dans le reste de son commentaire, ce que j’essaie tant bien que mal de ne pas faire.
Davidg,
si tu pouvais t’exprimer en termes clairs, ça m’aiderait beaucoup…
moi aussi
Davidg,
donc, si je comprends bien, c’est le fait que je ne relate pas la source bloguale de mon trouble qui te titilles?
Désolé, mais je vais continuer de cultiver le mystère…
La diplomatie, tu connais?
Davidg,
Si tu ne portes aucun intérêt au billet de renart, pourquoi passer du temps à commenter ?
Tu aimes la polémique ?
Je suis sidérée qu’un billet comme celui ci, non seulement écrit avec le coeur fasse naître autant d’agressivité !
Ce n’est pas parce qu’il est permis de tout dire sur le net qu’on est obligé de le faire. Non ?
Quant à la violence des femmes, elle est infime au regard de la violence des hommes … elle existe certes, mais le sujet n’était pas là. Ou alors, il faudrait y consacrer un billet … qui ferait renaître vos passions.
Pomme
Tu as très bien compris Renart. Ce serait bien plus efficace pour toi si tu lisais un tel billet à tes amis plus proches qui seront réellement capables d’éprouver de la sympathie à ton endroit, pas dans un blogue! Si seulement tu n’avais pas écrit ceci, le reste était parfait:
Doit-on être diplomate envers des criminels? Ou est-ce que je parle à travers mon chapeau quand je pose cette question?
Et si le nom de la victime figure dans le vieux billet en question, pourquoi ne l’a-t-on pas retiré de la circulation?
Ou peut-être que je parle à travers de mon chapeau.
Je me sens toujours comme un voyeur de l’intimité des gens lorsque je lis ce style d’expérience. Pourtant, c’est important de le partager et surtout de l’extirper de nos pensées.
P.S. Davidg, laisses-donc Renart tranquille, c’est presque de la violence psychologique ton truc. Parlant de violence, je parle des anarchistes qui ont fait la casse à Mtl dans mon récent billet… Pour t’huiler les idées.
@Pomme
Il n’y a aucune agressivité dans mon propos. Pourquoi quand un homme critique quelque chose au Québec, il est toujours « agressif »? C’est à moi d’être sidéré par votre propos, surtout que vous avez toutes les informations disponibles, contrairement à moi. Relisez mes commentaires.
Allez voir antagoniste.net Vous allez vous apercevoir que je suis un homme très doux en comparaison avec ce paratonnerre giratoire!
C’est en plein ce que j’ai dit. Relisez!
Je n’aurais pas le droit de parler à travers mon chapeau et vous auriez le droit alors que vous avez toute l’information disponible et pas moi? Belle mentalité!
Cessez d’être agressif (sic) à mon endroit!
agressiVE
@ Davidg
Désolée, il semblerait que je ne connaisse pas en effet toute la partie de l’histoire. (je n’ai pas toute l’information, pas plus que vous !).
Néanmoins, j’ai réagi à vos ZZZZ qui sont surprenants car ils suivent un sujet grave et douloureux de la part de son auteur.
Je vous rassure, je pense avoir une bonne mentalité et si mes propos vous ont semblés injurieux, je m’en excuse, d’ailleurs, pour que ce soit équitable, je vais visiter vos billets également…
Pomme
@Pomme
Malheureusement pour vous, je suis trop lâche pour faire mon propre blogue.
Je vous pardonne complètement!
Par amour pour ses enfants, dont le cadet que j’étais et le seul en parfaite santé, ma mère prépara son évasion. Sous un prétexte que je ne connaît guère, elle réussit l’exploit de faire sortir mon géniteur pour quelques minutes. Le temps pressait. Complice de ma mère, le concierge de l’édifice appela un taxi pendant que maman fourrait quelques vêtements dans des sacs.
Après sept ans à endurer les coups, tant au corps (même lorsque j’étais dans son utérus) qu’à l’âme, ma mère venait de décider qu’elle n’allait pas imposer ce calvaire à ces enfants. Je lui en serai éternellement reconnaissant et admirerai toujours son courage, car en voulant sauver nos vies à moi et mon frère, elle mettait la sienne en danger.
Je n’ai pas revu mon géniteur depuis l’âge de trois ans. J’ignore même s’il est encore en vie. Cependant, je n’ignorais pas ces agissements et l’héritage qu’il me léguait. Car durant treize ans, mon beau-père ne voyait en moi que les plus abjectes côtés de mon géniteur, au point de craindre plus que tout une quelconque hérédité.
Après une quinzaine d’années, une dépression majeure et une thérapie intensive, je suis parvenu à lui pardonner. Deux facteurs m’ont aidé à le faire: ne plus l’avoir revu et m’être pardonner moi-même. Mon pardon était pour des torts très différents (je n’ai jamais été violent) de ceux imputables à mon géniteur, mais même la personne qui n’arrive pas à se pardonner la plus insignifiante erreur ne parviendra pas à pardonner à autrui.
Dans mon cas, ma guérison (de la dépression) exigeait ce pardon. Ce qui ne signifie pas que je me suis mis à l’aimer ni que j’ai oublié. Je me suis simplement libéré d’une gamme d’émotions qu’il m’avait imposé.
P.S.: J’utilise le terme géniteur car mon vrai père est l’homme qui a épousé ma mère alors que j’avais 19 ans.
P.S.S.: Désolé s’il y a plus d’erreurs de français que dans mes commentaires habituels, mais je n’ai pas l’intention de me relire.
Merci Gradlon pour ta générosité.
Je viens de trouver la source blogale en question. Je comprends que c’est délicat, d’autant plus que j’entretiens un doute sur la culpabilité de la personne en question, quand on sait à quel point la justice québécoise peut parfois oublier sa présomption d’innoncence quand il s’agit de violence conjugale chez les hommes. Mais ne sait-on jamais…
Ne perds pas ton temps à pardonner béatement à ton père ni entretenir de rancune languissante (difficile à faire parfois) à son endroit. Ce serait lui donner raison.
@ Renart,
Je croyais avoir eu une enfance difficile, mais à côté de la tienne et celle de Gradlon, ça semble bien peu. Je compatis avec toi. Personnellement j’ai appris à pardonner si ce n’est simplement que la rancoeur perpétue la douleur et je préfère m’en débarasser pour mieux pouvoir l’oublier. Espérons des jours meilleurs dans ton avenir et celui de ta famille.
Je crois que nous pouvons toujours trouver meilleure et pire situation (ou enfance) que la nôtre.
Durant deux ans, j’ai gravité autour d’un organisme qui venait en aide à toutes sortes de personnes: dépressifs, dépendants affectifs, toxicomanes, alcooliques, joueurs compulsifs, violents, et des gens ayant de moindres problèmes.
J’en ai entendu beaucoup et j’ai compris qu’il y avait pire que moi. Parfois, les personnes dont je trouvais l’expérience plus triste que la mienne entretenait le même sentiment à mon égard.
Il n’y a pas de niveau de souffrance, il y a des niveaux de tolérance à la souffrance …
Et puis, il y a ceux qui arrivent à vivre, soit en chassant les fantômes, en acceptant que cela fasse partie de la vie, soit en les ressassant jusqu’à épuisement.
Moi qui ai souffert aussi à différents niveaux, je vous assure d’une chose, même en ne pardonnant pas, on arrive à rendre les autres heureux, à vivre serein, d’autre part, on peut vivre bien, en laissant les vieux souvenirs de côté.
On apprend juste à différencier les anciennes souffrances de notre vie actuelle. Mais ça demande du travail et beaucoup de courage, je l’admets.
Pomme
Merci pour vos commentaires, je vous reviens après mes petites vacances.
Bonnes vacances 😀