Les États-Nations devraient premièrement se baser sur la ressemblance pour pouvoir ensuite mieux s’accorder de la différence, étant donné que le concept d’État-Nation repose essentiellement sur une somme d’individus dissemblables qui tendent naturellement vers une certaine conformité.
J’ai eu cette pensée en écoutant Les Francs-Tireurs. J’ai appuyé sur « pause », noté rapidement une phrase courte et insuffisante à bien décrire ce à quoi je voulais faire allusion. J’ai peaufiné ça et voilà le travail!
L’émission de cette semaine était au complet dédié à la Belgique et à sa situation linguistique bicéphale (si on ne compte pas l’allemand), et surtout, à Bye Bye Belgium, docu-fiction diffusé en décembre 2006 pendant le bulletin de nouvelles à la télévision publique belge francophone. Cela a causé une crise majeure du côté francophone, surtout une prise de conscience d’une fin probable de la Belgique, du moins, comme on la connaît aujourd’hui, tandis que du côté flamand cela a été pris à la blague, voire même sarcastiquement. D’une manière plus anecdotique, la majorité des Flamands ont été au courant après coup, puisqu’il y avait un match de foot en même temps à la station en langue néerlandaise…
En regardant la situation belge, j’ai bien compris que le dialogue, ou plutôt le sentiment de communauté, entre deux entités linguistiques dans un même pays sont problématiques, à la base. Et c’est ce qui crée, ce que nous appelons ici, les « deux solitudes ». Je n’ai pas besoin d’expliquer que les populations se regroupent plus amplement selon la langue, puisque la communication est la clé des rapports sociaux, le ciment culturel. On aura beau croire que tout le monde il est beau et que tout le monde il est fin, comme plusieurs le pensent avec raison, selon leur propre expérience, mais le point d’ancrage est tout autre pour la majorité et promeut de lui-même un mouvement pour officialiser la ressemblance en une entité étatique qui s’inscrira dans un territoire, c’est-à-dire l’indépendantisme, ou mieux, le séparatisme. Voilà pour la ressemblance.
Pour la différence, prise aussi dans son sens le plus large possible, c’est simple, elle est malléable et conditionnelle à la ressemblance. Si la notion de ressemblance n’est pas claire et chambranlante, comme c’est le cas du Québec, qui se démène inlassablement de crises linguistiques en crises identitaires, et j’en passe, la différence sera perçue négativement. A contrario, la clarté de la ressemblance aura tendance à désamorcer la paranoïa envers la différence, par le jeu de l’affirmation et de la confiance inhérente. Donc, séparer officiellement les entités nations selon la subjectivité territoriale serait utile pour atteindre un équilibre qui a été perdu dans l’Histoire, et surtout, reprendre le dialogue entre voisins, qui est, malheureusement, encore trop sourd.
Comme vous le savez peut-être, la problématique complexe qui sévit en Belgique est un dossier que j’aime particulièrement. Après cette émission des Franc-tireurs (très intéressante en outre) j’ai bien voulu y consacré un billet,ce que je n’ai pas fait par manque de temps, mais après la lecture du votre, je ne peux que m’incliner!
Merci!
De rien! 😉