
Je n’ai pas l’habitude de me servir de mon blogue comme un journal personnel, mais je vais me permettre d’en user de cette manière, j’en ai vraiment besoin.
J’ai eu un vrai bon coup de barre au début de cette semaine, une fatigue intense qui me poursuit encore un peu. Un spleen d’hiver, rien de trop grave, mais quand même… Il me faut bien faire attention. Sinon, je serai obligé de prendre des vacances forcées. Pas dans les plans.
Avant de partir travailler, ouverture d’une lettre venant de la maison d’édition Québec-Amérique. Refus.
Mon roman.
Je suis habitué aux refus, mais jamais des comme ceux-là… J’en ai déjà vécu un presque semblable, avec Tryptique. D’habitude, les lettres de refus des maisons d’édition sont concises et très vagues, mais celle de Québec-Amérique est un peu trop explicite, enfin à mon goût.
La première phrase de l’annonce du refus est très correcte, suffisante. Être un directeur littéraire, je n’aurais pas poussé plus loin la rhétorique de justification :
Malheureusement, votre ouvrage ne répond pas à certains de nos critères éditoriaux.
Clair et net, une subjectivité assumée et normale puisqu’il y a implicitement la nécessité de choix, un couperet doit inéluctablement tomber.
Mais voilà la phrase zélée :
En effet, malgré une écriture dont la maîtrise a été jugée satisfaisante [on remarque ici le quasi-compliment], le comité de pré-sélection ne retrouve pas dans votre texte l’originalité recherchée dans le traitement de la thématique.
Et la cerise sur le sundae :
Nous vous suggérons donc de le soumettre à un autre éditeur.
(Ouf! une chance!)
Avouez que si on enlève la deuxième phrase, c’est presque sympathique, et ça dit : votre oeuvre ne nous convient pas, mais elle plaira sûrement à un autre éditeur. C’est tout, on passe à un autre appel!
Mais avec la deuxième phrase (en plus du fait qu’elle soit mal foutue : l’utilisation du verbe « retrouver » est hautement approximative, la répétition de « dans » rend la phrase lourde et le concept d’originalité est comme une balle de ping-pong entre le traitement et la thématique…), le message est blessant gratuitement et maladroitement.
Ce qui est le plus blessant, c’est que j’en viens à me demander qu’est-ce que l’originalité, qu’est-ce que le traitement, qu’est-ce que la thématique? Mais quel manque d’originalité on me reproche en fait? Assez difficile à répondre, car je ne comprends pas trop ce que signifie « le traitement de la thématique ». Ce n’est pas en tout cas le style d’écriture, ni l’idée générale qui est inintéressante à leurs yeux. C’est à n’y rien comprendre… J’abandonne.
Ça m’a fait du bien d’écrire ce billet et, contrairement à ce que j’ai fait avec Tryptique, je ne me donnerai pas la peine d’écrire une lettre pour les inviter à modifier leur message. Je suis trop fatigué. J’ai assez écrit à ce sujet.
C’est le temps de dormir là-dessus pour pouvoir aller ailleurs.
(Photo : François D. §)
Jamais intéressant d’essuyer un refus, quel qu’il soit. Surtout en état de fatigue. J’imagine qu’il reste 2 choix: garder ça comme ça en se disant »qu’ils mangent de .. » ou envisager la possibilité que oui, peut-être, en y regardant de plus près il y a moyen de modifier, de changer de petites choses qui n’entache en rien l’égo…
bon choix
Je te conseillerais plutôt de garder ton manuscrit comme il est, j’imagine que tu l’as peaufiné en masse avant de le soumettre. Reste fidèle à à ce que tu es, ce que tu écris, intègre, tu auras toujours ça de gagné. Il y a une limite à travailler sans relâche pour plaire au monde, modifier ce qu’on a créé de toute son âme, pour se plier aux caprices (peut-être) des créneaux très précis d’un éventuel éditeur qui voudra prendre une chance avec quelqu’un qui n’est pas déjà connu par la télévision (le médium le plus fort). N’y vois surtout pas une critique de ton talent, ça n’a rien à voir, c’est seulement pas aussi marketing qu’ils le voudraient mais ça ne veut pas dire que ça n’a pas de valeur.
Le monde de l’édition est un monde très fermé, très cruel pour ceux qui veulent y accéder. Pour ceux qui en font déjà partie, c’est peut-être moins pire mais selon beaucoup de mes amis écrivains et auteurs qui ont déjà publié, c’est aussi pire.
J’ai trop vu de gens subir des peines comme celles que tu décris. Voilà pourquoi je n’ai jamais rien soumis à aucune maison d’édition.
Fais comme Ducharme… Envoie ça en Europe!
En te lisant sur ton blogue, je considère que ton talent pour l’écriture est grand. C’est certain que tu parles d’actualités et que ce n’est pas comme lire un roman mais ça se tient tout le temps et c’est toujours fait avec rigueur. Tu sais, l’originalité, c’est tellement subjectif d’une personne à l’autre. Ne te décourage pas. Garde ton manuscrit précieusement et n’abandonne pas l’idée de le faire diffuser. À ce que je lis, je crois que nous sommes quelques uns à attendre pour le lire. Et nous serons patient.
Continue ton beau travail sur ton blogue et laisse la poussière retomber mon vieux.
Peut-être devrais-tu le soumettre à Brûlé?
Il pourrait faire de toi une star de la chanson en même temps!
😉
Lâche pas mon Renart. Tu as du talent!
Plusieurs romanciers ont été déboutés avant d’être publiés et parfois, les éditions les ayant refusées s’en mordent les doigts!
Gaétan (et Zoreilles),
je songe effectivement depuis un bout de temps à le modifier encore, dans le sens d’un commentaire constructif d’une amie (quand même assez compliqué : changer les temps de verbe au passé pour le présent), mais je l’ai retravaillé pendant plus de cinq ans alors…
« pour se plier aux caprices (peut-être) des créneaux très précis d’un éventuel éditeur qui voudra prendre une chance avec quelqu’un qui n’est pas déjà connu par la télévision (le médium le plus fort) »
Si on croit comme moi que le web supplantera la TV dans un avenir rapproché, j’aurai peut-être plus de chances!
Sylvain,
je l’ai envoyé à Gallimard (oui, j’ai visé trop haut!), mais j’ai reçu un refus assez rapidement pour me dire qu’il ne l’on même pas lu…
JP,
merci pour l’encouragement, très gentil! Ça me touche.
Patrick Dion,
je crois que tu n’as pas lu mon billet sur Michel Brûlé… mais j’avoue que c’est une bonne blague! Merci de me faire sourire! 🙂
Jimmy St-Gelais,
j’espère qu’ils vont se les mordre au sang!
Gallimard refuse des manuscrits qu’ils ne lisent pas? Je suppose qu’ils font la même chose pour ceux qu’ils publient!
Qu’est-ce qu’ils t’ont répondu? « Monsieur, nous n’avons pas aimé votre mise en page. L’utilisation de la police Helvetica est trop utilisé en littérature. Et de plus nos concitoyens français haïssent tout ce qui vient du Québec.Cessez de nous envoyer vos chanteuses et nous changerons peut-être d’opinion. »
Je te dit ça de même imprime ton manuscrit sur du papier rose et envoi le à Harlequin! Tu sera peut-être le premier auteur de Harlequin à gagner le Prix Nobel de Littérature!
Il faudrait bien que j’aille voir le blogue où il est question de ton roman… Comme d’autres l’ont dit, tu as un talent certain pour l’écriture d’actualité, ça serait intéressant de voir comment tu as pu transposer ça pour le roman…
Ne te décourage pas, il paraît que le domaine de la littérature est assez vampirisant, lui aussi 😉
Sinon, tu pourras toujours faire comme Rappaz et le publier toi-même! (Il me semble que c’est Rappaz qui avait fait ça, si je me trompe pas.)
*câlin*
À cette phrase: « J’abandonne. »
Je réponds : « Vous n’en serez pas capable. »
L’écriture est une drogue et vous êtes écrivain.
Vous êtes donc condamné à écrire…
Alors, faites le.
Pour notre plus grand plaisir!:P
Un ami m’a dit ceci un jour, « les plus grandes oeuvres ne sont pas celles qui sont publiées. Elles ne sont pas écrites pour les autres, mais pour soi-même. » Narcissique mais brillant, ce type.
Bizes de la part d’une « wanabe » écrivaine qui comprend votre amertume,
Mía
Je t’ai envoyé un courriel avec une idée… Donnes-moi de tes nouvelles. Je me rallie aux fans du blogue Renart l’Éveillé pour te souhaiter les plus grands succès, pour t’encourager à persévérer et te rappeler que tu as une des plus belles plumes de la blogosphère.
Lâches pas mon vieux… Ou devrais-je dire, lâches pas man!
Bonne fin de semaine!
Cher Renart, c’était effectivement pour te faire rire. À moins que t’aies vraiment envie de coucher avec lui! Haha!
Sincèrement désolée Renart ;(
Mais, toute solidaire et pleine d’empathie pour l’état du moment, permets-moi de me faire l’avocat du diable…et de me placer du côté lumineux de la force 😉
Au moins ils ont lu et considéré ton roman. Une maigre consolation, j’en conviens mais quand même. Je serais curieuse de savoir ce qu’ils entendent par « le comité ne retrouve pas dans votre texte l’originalité recherchée dans le traitement de la thématique » ?? C’est plate et poche la critique, mais ça fait grandir, dans un sens comme dans l’autre: en confirmant ou en infirmant tes positions.
De toute façon, des maisons d’éditions, il y en a plein d’autres! Quand ton roman sera publié et bien reçu… tu pourras rire et célébrer ce refus. 😉
… Bon tout ce qui me vient pour finir, c’est MC Solar: Prendre du recul c’est prendre de l’élan.
Dans un mois, c’est le printemps: courage ! ; )
+++
Parlant de meilleurs demain, sur une autre note, je suis tombée là-dessus:
Pour une autre vision de l’économie
http://www.economieautrement.org/
Mais tu connaissais peut-être déjà!?
+++
Heille: Keep on rockin ; )
Que la force soit avec toi !!
Sylvain,
merci pour l’idée! Je m’y mets tout de suite… 😉
Noisette Sociale,
l’idée de l’autopublication commence à me sourire de plus en plus, d’autant plus qu’il semble que la forme du roman ne semble pas bien aller avec le web…
merci pour l’encouragement!
Mia,
en fait, j’écrivais « J’abandonne. » en référence au fait que je ne comprends pas le bout de phrase « ne retrouve pas dans votre texte l’originalité recherchée dans le traitement de la thématique »…
Mais tu as raison (on se tutoie?), je n’arrêterai pas d’écrire pour autant! 🙂
Merci d’avoir pris le temps de m’écrire pour me remonter le moral!
Lutopium,
merci pour le beau compliment!
Patrick Dion,
non, pas vraiment, ha ha!
S-A,
oui, le problème avec la phrase vague, c’est que je ne peux même pas lui trouver un sens précis pour au moins le prendre d’une manière constructive…
« Prendre du recul c’est prendre de l’élan. »
Très bon ça!
Et je connaissais déjà Économieautrement.org, j’en ai parlé rapidement dans mon billet « La santé des uns ». Il faut que tout le monde en parle, c’est une question de démocratie, le think tank de l’IEDM n’est pas le seul à avoir des idées sur l’économie.
Merci de tenter de m’insuffler du courage! Et ça commence à fonctionner!
C’est ti moi ou tu t’es enfargé dans les mots? Parce que je ne trouve pas la deuxieme phrase si dur que ca. Ca veut juste dire que ton originalité ne cadre pas avec la leur.
Mais je peux comprendre un peu ton desarroi car quand on met beaucoup de temps et d’effort sur un projet, on veut que ca marche question de ne pas avoir fait ca en vain.
Mon mot de cambrone dans ce cas-la!
Bonjour Karla,
merci d’être passé!
« Ca veut juste dire que ton originalité ne cadre pas avec la leur. »
C’est une des nombreuses manières de le voir. Sur le coup, je l’ai compris de la pire des manière, voilà le danger des mots. Dans le risque de blesser, on s’abstient à mon avis.
Si toutes les autres maisons d’éditions sont capable d’annoncer les refus de la manière la plus neutre possible, je ne vois pas pourquoi ils ont besoin d’en rajouter. D’autant plus que Douce a déjà reçu un refus de leur part et qui était d’une méchanceté autrement plus cinglante que la mienne. Un hasard? Je crois qu’on a à faire avec une maison d’édition un peu cruelle…
C’est sûr que la publication est la sanction du milieu que l’on attend lorsqu’on entreprend l’écriture d’un roman. Si on écrit, c’est pour être lu. Alors je te souhaite bonne chance pour de futures démarches et j’ose te suggérer de trouver d’autres pistes de diffusion (moins lucratives, évidemment): blogue, concours, mémoire de maîtrise en création, etc.
PS: tu devrais écrire plus souvent sur ta vie personnelle, il n’y a pas de mal à ça. Le quotidien des gens est tout aussi important et intéressant (sinon plus?) que les grands enjeux de notre société.
Certaines maisons d’éditions ne lisent pas les manuscrits qu’on leur envoie et pour être certaines de ne pas être poursuivies pour plagiat, elles n’ouvrent même pas les enveloppes afin de montrer qu’elle n’ont rien lu. De même avec les scénarios au cinéma.
Je me suis souvent découragé, Renart, mais la joie d’être publié vaut les refus.
Vecteur,
mon roman est déjà publié (en partie) sur un blogue, mais je sais trop que la lecture de roman ne se prête pas trop au web… Pour ce qui est du mémoire de maîtrise en création, je crois qu’il est un peu tard, après 5 ans de travail. Pour les concours, je ne savais pas qu’il y avait des concours de roman!!! 😉
Pour ce qui est d’écrire sur ma vie personnelle, ça deviendrait redondant assez vite, puisque mes intérêts convergent vers les enjeux de société. Et, personnellement, mon intérêt pour les sujets personnels dans les blogues est assez minime, donc il n’y en a pas beaucoup dans le nombre que je lis. Je ne suis pas très voyeur, ça l’air! J’aime lire les opinions des autres sur les sujets qui m’intéressent, cela nourrit ma propre opinion.
Le professeur masqué,
« Certaines maisons d’éditions ne lisent pas les manuscrits qu’on leur envoie et pour être certaines de ne pas être poursuivies pour plagiat, elles n’ouvrent même pas les enveloppes afin de montrer qu’elle n’ont rien lu. »
Ah! ouin???
« Je me suis souvent découragé, Renart, mais la joie d’être publié vaut les refus. »
Eh! bien, félicitation!
Eh bien moi, j’ai une aventure peu commune à raconter.
En 2007, j’ai envoyé un manuscrit au comité de lecture de nombreuses maisons d’édition.
Je n’ai reçu que des refus ; un certain nombre d’éditeurs n’ont tout simplement pas répondu à cet envoi, parmi lesquels “Les Éditions du Bord-de-l’Eau”, sises dans le sud-ouest de la France.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, quelque temps après, sur le blog de cet éditeur, un éloge de mon manuscrit par le directeur de la maison, M. Dominique-Emmanuel Blanchard :
« J’ai noté que ça arrivait souvent comme ça : après des semaines d’indigences littéraires surgissent, deux, trois manuscrits qui m’enchantent.
Hier c’était “Malateste”, aujourd’hui c’est “Apostrophe aux contemporains de ma mort”.
Que l’on ne s’y trompe pas : il s’agit d’une œuvre réjouissante malgré son titre. À commencer par son style.
L’ai-je assez déplorée cette pauvreté du style dans ce qui tombe dans la boîte postale et sur les messageries de BDL !
Et voilà que coup sur coup le style renaît, ne cesse de renaître de ses cendres (je vous épargnerai le cliché du Phénix, enfin, presque).
Voulez-vous un exemple de ce fameux style dont il m’arrive de rebattre les oreilles des incrédules ? Oui, n’est-ce pas ?
Voici donc :
“Ensuite je ne sais plus, j’ai un trou de mémoire. Je crois que les événements se sont précipités. Qu’on sache seulement que d’assis je me suis retrouvé couché sur le dos, qu’il n’était plus à côté de moi, mais sur moi, et que de paroles entre nous il ne pouvait être question, car il s’affairait à rendre la chose impossible à lui comme à moi.” »
http://domi33.blogs.sudouest.com/archive/2007/12/20/deb-le-style-bordel.html
Je n’ai jamais eu aucunes nouvelles de cet éditeur.
(Heureusement j’ai trouvé il y a peu un autre éditeur).