Je ne connaissais pas l’écrivain Sergio Kokis, et après sa performance à TLMEP, je n’ai pas vraiment le goût de le lire… Vous me direz que c’est en partie du préjugé qui s’appuie au niveau politique et que je transférerai au niveau littéraire, mais il a fait ce qui me dégoûte le plus, et il semble que ce soit de plus en plus à la mode de le faire : il s’est donné en exemple, a analysé sa propre situation, s’est servi du particulier pour expliquer un phénomène de société, pour critiquer un état de fait. Donc, il a critiqué la manière de parler des Québécois en clamant haut et fort, et de manière assez condescendante, qu’il parle mieux que nous tous. (Après les bilinguistes imbus d’eux-mêmes et les polyglotteux de tout acabit, voilà la police de l’accent et de la perfection linguistique! Et je ne blague quasiment pas…)
Le pire, c’est qu’il a raison, il parle mieux que moi, mieux que la majorité des Québécois. Par contre, après 40 ans passés ici il n’a pas cru bon de remarquer qu’il n’est pas en France, et j’exagère à peine (même si je ne crois pas que la France soit tellement mieux que nous au niveau du français, ils ont d’autres lacunes… si on croit comme moi au canon du français international et non à l’absoluité du français parisien). Surtout, et c’est important, il se vantait de parler mieux que nous alors que le français n’est pas sa langue maternelle, en donnant à cela tout le poids argumentatif voulu. Sauf qu’il ne semble pas comprendre que le problème ici vient exactement de là, de la langue maternelle : nous avons appris à parler plus ou moins en joual et non en français de France, puisque nous sommes au Québec et que le Québec a une histoire linguistique autre que la France et tous les autres pays francophones hors Amérique. Et ça ne fait pas très longtemps que la distance n’est plus importante. Faudrait au moins se l’avouer.
Je ne devrais pas me donner en exemple, mais vous m’excuserez, car je crois que ma situation est semblable à la majorité des gens du Québec qui sont de souche canadienne-française et qui ont appris à parler parmi une majorité de gens de souche canadienne-française, et ça tombe que l’on peut catégoriser ce parler de joual. Comment je pourrais ne pas avoir plus de difficulté que Sergio Kokis à bien parler français étant donné que la mise en bouche de ma langue s’est faite avec mes parents à ma petite enfance, et qui ont beaucoup de lacunes (d’autres diront des formulations colorées, dont moi, parfois). Ensuite, avec ma famille, mes amis, le mimétisme a fini de bâtir mon parler.
Je suis sur terre depuis presque aussi longtemps que Sergio Kokis est ici et pourtant je peux dire objectivement que le joual ambiant a été hautement plus influent pour moi que pour lui, parce que lui a pu faire un choix que je n’ai pu faire (et il a appris le français en France en plus…). Jusqu’à ce que je sois adulte, je n’aurais jamais pu me donner comme but de parler à la radio-canadienne, car je me serais peinturé dans le coin, à cette adolescente époque de ma vie. Aujourd’hui, en certaines circonstances, surtout à la maison avec Douce, j’essaye de m’améliorer, mais le naturel revient quand même souvent au galop!
Donc, l’amélioration du français parlé ne pourrait se faire que lentement, à la mesure de l’amélioration des parents, surtout, et de l’école et des médias, enfin. Et je crois beaucoup que l’apport des immigrants francophones pourra nous aider à long terme, encore par le mimétisme. Le joual disparaîtra peu à peu, surtout j’espère le machouillage de mots et les hypercontractions, en espérant quand même que son côté créatif et imagé restera. Ça reste une belle contribution à la francophonie.
Si le sujet vous intéresse plus amplement, Bibco et Le professeur masqué en ont aussi parlés dans leurs blogues respectifs.
Alléluïa, sti!
Hein?
Positif ou négatif le commentaire?
Je suis tout à fait en accord avec toi sur la situation de la langue au Québec. Pousser des hauts cris et faire des airs horrifiés n’arrangera rien…C’est mon énième billet sur le sujet et je me lasse moi-même de le répéter mais c’est tout un travail de société et effectivement, ça ne se fera pas en une élection!
Kokis est un iconoclaste et il aime bien les débats musclés. À TLMEP, il n’a traité que du parler des Québécois.
De façon générale, sa principale critique, telle qu’il l’a exprimée à Chritiane Charette, est que les Québécois sont des hypocrites linguistiques, c’est-à-dire qu’ils ne cessent de dire dire qu’ils défendent une langue alors qu’en fait, ils n’y font pas attention et qu’ils la parlent et l’écrivent mal. Il est paradoxal, en effet, de se définir comme peuple, en se basant sur une langue dont nous nous soucions si peu.
Un jour, j’ai fait un petit test avec mes élèves de cinquième secondaire. Je leur ai demandé s’ils étaient fiers d’être Québécois, je leur ai demandé si on avait raison de défendre cette langue contre la montée de l’anglais et tout le baratin en jouant aussi méchamment la carte des immigrants qui ne parlent pas un mot de la langue de Vigneault. Leur réponse fut évidemment oui. Ensuite, je leur ai tout simplement demandé de m’écrire le mot «Québécois». Je vous épargne le résultat.
Quand un peuple amnésique a pour devise «Je me souviens» et ne sait pas écrire le nom qui désigne les individus qui le composent, ça me chicote beaucoup.
Il ne s’agit pas tant de faire de grands discours, de grands projets, de grandes réformes que de faire des petits efforts au quotidien.
C’est vrai que les algériennes et les tunisiennes qui arrivent ici ont une très belle façon de parler, prononciation, vocabulaire et accent compris. Les hommes aussi, je suppose, mais ce n’est pas avec eux que je l’ai observé!
Vous savez quoi? À bien y penser je suis en faveur du bilinguisme au Québec: nous devrions tous parler le français et le jouâl. 😉
Encore une fois, j’adore ce billet.
En regardant Kokis à TLMEP, sur le coup, j’ai fait, « c’est tellement vrai ce qu’il dit ». Et quelques minutes plus tard, je me suis dit que c’est souvent ce qui arrive lorsqu’on apprend une langue seconde.
Lorsque j’étais beaucoup sur MySpace, je correspondais avec beaucoup d’anglophones qui me disaient que mon anglais (écrit, du moins) était de loin supérieur à celui des anglophones de souche. Et c’est normal! Quand on apprend une seconde langue, on l’apprend de façon académique alors on la parle bien.
Mais lorsque c’est une langue maternelle, on l’apprend avec tout son folklore. Ce n’est pas pareil.
Je voulais simplement ajouter cet élément à ton texte. Du reste, je suis tout à fait d’accord avec toi.
Ce n’est pas en nous tapant sur la tête qu’on va améliorer notre qualité du français parlé. Même si c’est parfois un peu tentant…
Comme Noisette Sociale, je me suis également dit qu’il avait raison, jusqu’à ce que Pauline Marois réplique. Sans affirmer que M. Kokis avait tord, elle a porté plus loin la réflexion et l’argumentation, ce qui a apporté une importante nuance au jugement de base de celui-ci.
Ce qui m’a dérangé, c’est que M. Kokis a refusé d’écouter et d’examiner les arguments fournis par Mme Marois. Comme il savait qu’il devait rétorquer à un argumentaire, sans toutefois savoir quel était cet argumentaire, il a tout ramener à sa personne.
Étant donné que l’apparition de M. Kokis à Tout le monde en parle est la première fois que je l’entendais, je ne m’engagerai pas à formuler un jugement sur sa personnalité. Je dirai seulement qu’il m’a fait penser à ce genre de personne à qui on offre un choix et qui répondent bêtement par un «oui» ou par un «non» !
Qu’ajouter de plus à ce que viennent d’écrire Gradlon et la Noisette.
Bon texte M. L’Éveillé.
Le professeur masqué,
pour ce qui est de ton exemple, il est tellement clair que ça me fait seulement dire que les parents ont oublié d’inscrire la fierté et la connaissance à leur liste de valeurs à communiquer à leurs enfants. (Et je pourrais accuser le manque de temps propre à notre époque, où le temps, c’est de l’argent!) Est-ce que je me trompe? Parce que je ne pourrais pas accuser les profs, ça serait complètement ridicule, ni un manque intrinsèque au don d’apprentissage de nos jeunes têtes…
« Il est paradoxal, en effet, de se définir comme peuple, en se basant sur une langue dont nous nous soucions si peu. »
Je suis d’accord, mais je m’exclus, parce que je prouve ici, du moins par l’écrit, que la langue française me tient à coeur. Pour ce qui est du général, je crois qu’il y a un effet d’entraînement. Si le symbole de la langue est plus important que son utilisation pratique, il doit bien y avoir quelque chose à y lire, je me questionne donc sur la place qu’on donne ici à l’intellectualisme, qui est quand même un moteur pour la maîtrise linguistique, étant donné que le langage est en quelque sorte la « matérialisation » des idées.
Je trouve qu’il manque quand même un peu de subtilité à son analyse, que je crois que nous apportons.
Martin Beaudin-Lecours,
hé hé! Très bon! 😉
Noisette Sociale,
merci!
« Mais lorsque c’est une langue maternelle, on l’apprend avec tout son folklore. »
C’est tellement bien dit ça!
Du reste, ton exemple avec MySpace est assez représentatif.
Gradlon,
je ne veux pas faire le « plus fin qu’un autre », mais dès le départ je l’ai écouté avec suspicion. Affirmer tout de go sa supériorité pour prouver un point de vue m’apparaît injuste dès le départ.
Antipollution,
merci du compliment mon cher, je vais le prendre, tandis que ce n’est pas une brique et un fanal!
Une chance que Kokis était là pour rendre l’émission un peu intéressante. Me semble l’avoir entendu suggérer à mme Marois de passer un examen de français…
Maintenant faut comprendre que ses propos sont ceux d’un intellectuel, écrivain de surcroît. C’est sur ce qu’il dit qu’il faut débattre. Pas tirer sur le messager.
J’aime bien le commentaire du professeur masqué qui nous rappelle que c’est sous le gouvernement péquiste de L.Bouchard que les choses se sont dégradées en éducation et en santé dans les coupes des employés pour le fameux déficit zéro.
Pis quitte à passer pour un simpliste, un populiste ou pire un adéquiste je prône, comme Mario D., un retour aux dictées ;-)pour améliorer le français écrit pis plus de prof. Pis si ça coûte trop cher plus de prof. ben qu’on se ferme la gueule une fois pour toute avec la qualité de notre français et qu’on assume les services que l’on veut bien se donner….
Peut-on dire que nous apprenons, à la base, la même langue que les français, les algériens, les belges, les guinéens, etc… Mais que nous le parlons avec ses forces et ses faiblesses… Les forces du français « joual-québécois » ce sont ses couleurs uniques, qui transportent l’humour, la simplicité, la joie de vivre…
Les faiblesses du français au Québec sont à mon avis directement reliées à la culture nord-américaine. Une culture rapide, anglophone, télévisuelle… La culture du clip-vidéo, de la pub omniprésente, du jetable-après-usage.
Ne vous gênez pas pour corriger vos enfants et vos proches lorsqu’ils sont tentés d’utiliser des raccourcis (genre, chose, t’sé veux dire…) et des expressions anglaises dans leur façon de s’exprimer.
Il faut l’aimer notre langue mais il faut aimer la culture pour l’aimer davantage.
Et Pauline avait l’air passablement mal à l’aise hier soir…
Bon article maître. Excellents commentaires de tes fans. Comme toujours!
@Renart
Affirmer tout de go sa supériorité peut effectivement avoir quelque chose de répulsif. Comme ce n’est pas parce que quelqu’un «affirme tout de go sa supériorité» que je lui concède tout de go cette supériorité, je n’en fais généralement pas de cas sitôt dans le discours.
Toutefois, si comme hier, l’argumentaire d’un individu ne tourne qu’autour de son narcissisme, alors c’est davantage la pauvreté de son argumentation qui m’amène à juger de ses opinions que l’image qu’il a de lui-même!
pour ce qui est des talents littéraires de monsieur Kokis tu ne manqueras rien, j’ai lu un de ses romans il y a quelques années, hier soir pendant l’émission j’ai regardé la couverture et j’ai essayé de me souvenir qu’elle était l’histoire du livre ……. je cherche encore, il faut croire que c’était loin d’être mémorable.
Encore une fois, M. Léveillé, vous êtes dans le mille!
En tant qu’adolescente accusée abondamment d’être responsable de la dégradation de la langue québécoise, j’aimerais ajouter une chose pour ma défense personnelle: « c’est salement mal vu d’ben parler ostie! »
En effet, à l’école, j’utilise parfois sciemment un langage grossier, je dirais même ordurier, et ce, souvent à proximité d’une oreille professorale. Et ceci me vaut à l’occasion de sévères remontrances… Mais que voulez-vous? Je ne désire pas vraiment me faire traiter de «snob» simplement à cause de ma façon de m’exprimer, et ce, même si je dois parfois lâcher un anglicisme retentissant qui fait siffler mes oreilles patriotes.
Cependant, cela ne m’empêche pas de lire Baudelaire, à la nuit tombée, ou de me régaler des écrits de Marie Laberge, Gaston Miron et même Pierre Bourgault à l’occasion!
J’aime le Joual et la langue française et il m’arrive parfois de mélanger les deux extrêmes dans une même phrase. Mais ne dite pas que je ne fais pas d’effort! Et tant que je puis adapter mon vocabulaire à l’auditoire auquel je m’adresse… Où est le problème?
Mía
Ps: Je suis très curieuse de voir ce que M. le Professeur Masqué penserait de mon commentaire…
Mia: tu viendras lire chez nous!
Gaétan,
je me souviens maintenant de sa remarque à Pauline Marois sur l’examen de français… Il a du front quand même!
Pour ce qui est du coût des profs, si ça continue comme ça, l’école publique disparaîtra de toute façon… (Et il y a plus que ce parallèle à faire avec le tout privé, pensons à la différence de qualité entre le privé et le public dans les écoles et on aperçoit ce qui va se passer avec la santé.)
Lutopium,
une belle brique sur le mur de nos arguments!
Oui, Pauline Marois avait l’air mal à l’aise, mais ça l’a rendue un peu plus humaine, enfin à mes yeux! Mais elle n’a pas encore mon vote…
Et s’il te plaît, arrête le « maître » par ci et le « maître » par là, ça me gêne… 😉
Gradlon,
bien écrit (et surtout bien pensé)!
Y-man,
merci du conseil! 😉
Mia,
« J’aime le Joual et la langue française et il m’arrive parfois de mélanger les deux extrêmes dans une même phrase. »
pareillement! Je pousse parfois même la note jusqu’à ajouter à ça des accents étrangers, c’est très amusant!
Je suis entièrement d’accord avec vous. Ce M.Kokis m’a paru bien condescendant. Dans votre texte vous expliquez parfaitement pourquoi la langue française du Québec n’est pas celle de la France ou des autres pays francophones. Notre langue s’est forgée à travers le temps, à travers nos misères, notre isolement et par plein d’autres événements perturbateurs. Comme notre peuple n’est pas parfait, notre langue ne l’est pas non plus. Mais c’est la nôtre et je ne la changerais pas pour rien au monde.
Bonjour
M. Kokis n’a fait que dire ce que la majorité des étrangers pensent tout bas…Oui, la qualité du français au Québec est déplorable…comme l’instruction d’ailleurs. Il n’y a pas de mal à la reconnaître…même «si on vient de loin» comme disait Pauline Marois. À moins qu’une communauté est exempte de défauts. Ce qui est impossible. Avez-vous déjà entendu Jodie Foster parler en français?
Il y a un fait indéniable; ceux qui protègent la langue française au Québec sont ceux qui viennent d’ailleurs. N’essayez pas de me convaincre du contraire.
Tellement engloutie dans une horrible spirale auto/boulot/dodo ces temps-ci sans une minute de libre pour ouvrir la télé ni même un journal que je n’ai pas rien suivi de toute cette affaire. Mais je retrouve, en te lisant, tout l’essentiel d’une conversation que j’ai eue vendredi passé. Merci pour ce billet que je trouve stimulant. Je ne sais pas si le Français moyen parle « mieux » que le Québécois moyen, je ne suis pas linguiste mais ça me semble quelque chose d’assez difficile à évaluer. Par contre, j’ai la nette impression (je ne peux là-dessus dépasser le stade des impressions), qu’il a plus de facilité à s’exprimer que nous n’en avons, plus d’aisance dans l’expression (je ne parle pas là de « rectitude » de la langue). Mais il me semble (encore) que cet écart soit en voie de se résorber – les jeunes me semblent s’exprimer nettement plus facilement que les plus vieux; pour ce qui est de la langue parlée, en tout cas (pour l’écrit, c’est peut-être une autre affaire…)
Lorsqu’il s’est mit à taper sur le joual, j’ai pensé à Michel Tramblay… Puis un peu plus loin j’ai pensé à la poésie de Richard Desjardins… Puis je me suis dit: »Ça y est, il va sauter sur les humoristes! » Mais non… Et puis ça m’a fait penser à ceux qui visitent ma maison pour la première fois et qui critique ma décoration…
On pourrait changer une ligne d’une chanson de Desjardins :
Quand j’vas être un bon gars
…
J’m’en vas apprendre le français
M’as l’apprendre pour le vrai
Emmanuel,
voilà une fierté que j’ai, qui est jumelée à une conscience historique.
Cyril Zabana,
« M. Kokis n’a fait que dire ce que la majorité des étrangers pensent tout bas… »
entre autres, qu’ils ne comprennent pas que la langue du Québec est différente de celle des autres pays de la francophonie?
Pourtant, il me semble avoir bien expliqué le point du joual (le supposé défaut) en lien avec l’apprentissage de la langue maternelle, que personne ne peut contester. Si mes parents étaient Français, je parlerais sûrement un peu plus pointu, et peut-être pas, c’est ça le pire… Nous avons tous tendance à imiter nos semblables, nos frères humains.
Et c’est drôle de lire votre commentaire quand en plus je remercie implicitement dans mon texte la venue des francophones étrangers par cette phrase : « Et je crois beaucoup que l’apport des immigrants francophones pourra nous aider à long terme, encore par le mimétisme. »
« Il y a un fait indéniable; ceux qui protègent la langue française au Québec sont ceux qui viennent d’ailleurs. N’essayez pas de me convaincre du contraire. »
Si vous croyez, comme plusieurs, que la langue des Québécois de souche canadienne-française n’est pas le français, vous avez bien raison, mais malheureusement, si toute anicroche à une langue la rend impure, je pourrais dire qu’il n’y a pas grand français qui se parle dans le monde…
Enfin, je ne crois pas que notre communauté soit exempte de défauts. Je l’admets volontiers, mais je n’admets pas que l’on casse du sucre sur le dos de mes ancêtres pour avoir déformé (et même, pour moi, parfois, avoir enjolivé) le français. La langue est vivante et je suis bien d’accord pour qu’elle reprenne un peu plus le droit chemin.
Mais je me demande bien, pour Sergio Kokis, brésilien parlant assurément le portugais, si les gens du Portugal trouveraient qu’il parle un drôle de portugais…
Encre,
Pour ce qui est des jeunes, j’aimerais vraiment que tu dises vrai!
Sylvain,
moi aussi j’ai pensé à Michel Tremblay. Et Desjardins est bien celui qui colle le plus avec notre québécitude récente. Deux grands écrivains qui ont su sublimer ce défaut langagier au rang d’oeuvre d’art! Mais je ne suis pas certain que Cyril Zabana, qui a écrit plus haut, soit d’accord… Il faut avoir accepté le joual comme phénomène de société plus que comme la bête noire du français pour apprécier.
Tabarn…
Oui Martin, ça synthétise pas mal ce que je pense… 😉
Une chose, Renart. Ici, on fait peu la distinction entre langue orale et langue parlée. Or, celle-ci me semble fondamentale. Que Fred Fortin l’enjolive, cette langue, je n’ai aucun problème avec cela. Mais ou tracer la limite?
De plus, je ne pense pas que notre différence linguistique nous autorise à écrire «les belles maizon bleues», par exemple. Oral, écrit…
La anglophobie des certaines élites québécoises est très ennuyeuse. Cette pensé incontinente résulte d’un complexe datant des années du “peuple colonisé“ qui n’a rien d’avoir avec le temps moderne.
Ces élites sautent sur chaque occasion diffusant un danger imaginaire au français du Québec.
La langue du Québec n’a rien avec le français standard car elle est incompréhensible pour les Français (aussi pour les Africains francophones). C’est une langue béké qui a été métissé avec l’américain (anglais utilisé aux USA). Les journalistes à la radio et télévision parlent un vrai “slang“ qui donne aussi un mauvais exemple à la population et à la jeunesse en particulier.
L’école québécoise actuelle et surtout ces enseignants ont des maigres connaissances pour emmener le savoir de cette belle langue. Il y a quelques années, la pensé élitiste a suggéré la reconnaissance du “joual“ comme la vrais langue du Québec. Une telle solution serait préjudiciable pour nous tous.
Il faut écouter Monsieur Sergio Kokis qui observe et étudie sérieusement le phénomène de la langue au Québec. Les générations élevées aux écoles dirigées par les prêtres ont une connaissance parfaite du français. Les cégépiens sont déjà handicapés et avec les réformes consécutives on va arriver à une population semi analphabète.
Excusez-moi AJK, mais…
– votre premier paragraphe n’a aucun rapport avec le présent sujet, plutôt avec d’autres écrits récemment par Renart;
– votre français est pitoyable et me semble carrément de l’anglais francisé.
Le professeur masqué,
« De plus, je ne pense pas que notre différence linguistique nous autorise à écrire «les belles maizon bleues», par exemple. »
c’est clair que je ne prône pas ça non plus.
AJK,
je vais passer sur l’anglophobie qui ne me semble pas très probante pour le sujet qui nous intéresse…
Désolé de dire ça, mais Sergio Kokis n’a pas le monopole de l’observation de la langue au Québec. Ce qu’il nous en a exposé a été fait de manière maladroite et avec un manque flagrant de perspective, comme s’il avait un compte à rendre à quelques-uns (les Québécois de souche canadienne-française?). Les immigrants ont beaucoup chialés contre les conneries des bouchés du cerveau à la Commission Bouchard-Taylor, c’est le retour d’ascenseur ici, il y a des limites au mépris.
Néanmoins, j’ai déjà admis qu’il voit juste, je ne reviendrai pas là-dessus…
« Les générations élevées aux écoles dirigées par les prêtres ont une connaissance parfaite du français. »
Ça me rappelle les vieux films d’archives où on entend des jeunes parler dans les années soixante, vous savez, ils roulaient leurs « R », et parlaient un français impeccable. Ce n’est plus trop le cas…
« Les cégépiens sont déjà handicapés et avec les réformes consécutives on va arriver à une population semi analphabète. »
Il semble que ce soit la dure réalité, mais je prendrais bien quelqu’un de plus sympathique que Sergio Kokis pour en parler…
Merci d’être passé!
À monsieur le professeur masqué & autres,
• Le piège préparé soigneusement à Madame Marois par l’équipe TLMEP a donné les preuves de sa qualité en tant qu’une dirigeante du parti en quête du pouvoir. La tempête déclenchée suite à ses propositions de mettre en avant l’enseignement de l’anglais a révélé cette anglophobie (M.M. Larose VLB etc.). Monsieur GAL par son examen de l’anglais de Mme l’a ridiculisé d’avantage. Monsieur Sergio Kokis a enfoncé le clou final. Le ridicule ne tue jamais.
• La syntaxe, la formulation d’une phrase, le vocabulaire etc. et non le “R“ roulé qui ont été inculqués chez les élèves d’antan.
Kokis a 100% raison.
Quelle plaie, ce joual!
Même les haïtiens pauvres et analphabètes parlent mieux le français que les québécois.
De toutes façons, 80% des québécois ne parlent plus que le « québécois », une langue créole dérivée du français médiéval, de certains patois charentais et normands et de l’anglais.
Et avec le texto, la situation continue à se dégrader.
Il faut relire Georges Dor
« Ana braillé ène shote…. » et « enwoéye sa paricitte stie »…
Décidemment, Arnold S, vous avez une belle opinion des Québécois! Il nous faudrait tous parler deux langues, dont bien sûr l’anglais, et la langue que nous parlons tous n’en est pas une.
Je vous demanderais de vous fier à autre chose que votre étude de 1972, publiée quatre ans seulement après qu’on aie joué “Les belles soeurs”, en plein débat passionnel sur le joual, donc. La situation a changé en 46 ans! À cette époque, nous étions en pleine affirmation nationale et le joual symbolisait notre résilience francophone en Amérique anglophone, notre spécificité dont on apprenait à être fier. On peut même raisonnablement supposer que les auteurs de l’époque exagéraient ce joual pour faire un pied de nez au français orthodoxe qu’enseignaient les curés, ces représentants de l’ordre établi!
D’abord, en 1972, ce ne sont pas tous les Québécois qui parlaient comme les Montréalais ou comme dans “Ti-mine, Bernie pis la gang” (1976). De plus, les Montréalais francophones parlent mieux aujourd’hui qu’à l’époque, me semble-t-il.
Je ne dis pas que notre langue française n’est pas en difficulté. Mais je trouve plutôt ironique (pour rester poli) qu’on dénonce l’anglophobie en même temps que la détérioration du français des Québécois quand en fait, cette “détérioration” est directement due à l’influence de l’anglais!
Notre français que les Parisiens et autre francophiles intégristes aiment bien ridiculiser est composé en bonne partie du français pré-révolutionnaire (”toé”, “moé”) et c’est un miracle en soit qu’il aie perduré. Si les Français ont décidé de le changer entre-temps, grand bien leur fasse, mais qu’on ne vienne pas dénigrer ce pourquoi nous avons combattu pendant quelques siècles. Ensuite, sous la domination économique anglophone qui a duré jusqu’à l’époque des “Belles soeurs”, nos mères, qui étaient les plus instruites, ont francisé bon nombre d’expressions anglaises que leurs maris ramenaient à la maison. Comme “enfirouaper” qui vient de “in fur wrapped” (emballé dans une fourrure).
Je n’en reviens pas comment ces jours-ci, les Québécois sont la cible de tant de dénigrement. Je reconnais les schèmes de pensée de certains fédéralistes qui me donnent l’impression de vouloir être plus américains que les Américains. Je reconnais l’outre-cuidance d’un intellectuel formé en Europe qui a en plus intérêt à attirer l’attention sur lui pour promouvoir un bouquin. Mais qu’en plus des immigrants francophones se posent en sauveurs de la langue française au Québec, et que des anglophones utilisant un anglicisme par phrase dans ce qu’ils croient être du français correct donnent des leçons aux francophones d’ici, ça me les scie!
Je crois que non seulement le français est mal enseigné, mais qu’il y a urgence à ce que les nouveaux arrivants apprennent un peu plus notre histoire avant de porter des jugements lapidaires sur ceux qui les accueillent d’abord parce qu’ils sont francophones. Je crois que nous avons un sérieux problème si les immigrants francophones n’entendent que les discours des fédéralistes et autres bien-pensants chantres inconscients ou conscients du multiculturalisme canadien.
Alors j’invite les quelques Québécois fiers qui demeurent à faire eux-même oeuvre de pédagogie.
En passant, Arnold S., il vous faudrait faire attention à ne pas tomber dans le trollisme, ce dernier message est limite…
Voici l’une des raisons pour laquelle je trouve que le français s’en tire plutôt bien dans la bouche des Québécois: résultats de recherche pour «Traversier» sur Wikipedia.
Oui, en effet! 😉
Pour votre culture, ma culture:
Par Jacques Leclerc,
linguiste et historien du québecois, à Montréal.
Sur son site: L’histoire du français au Québec
Cher Renart,
Tout ce que j’ai écrit n’est que la pure vérité, malheureusement 😦 Il n’y a pas de trollisme là-dedans.
Il faut savoir que l’hypothèse de la langue québécoise considérée comme un créole est fort répandue parmi les spécialistes contemporain en linguistique.
Je t’invite à prendre 5 minutes chaque jour pour écouter tes clients, tes amis et analyser leur niveau de langage, tu vas réaliser par toi- même la gravité de la situation. En fait, même Pauline Marois parle mal français.
Tout cela n’a rien à voir avec le « bilinguisme » soi-disant forcé, les « anglais » ou la mondialisation. La vraie racine du problème est que les québécois sont un peuple historiquement blessé, humilié et colonisé et tout cela se manifeste par leur incapacité, leur blocage même, à s’exprimer correctement. C’est un phénomène unique à l’échelle mondiale. Il y aurait une analyse freudienne à faire de tout ce phénomène.
Parle à tous les profs qui fréquentent ce blog, je suis à peu près convaincu qu’ils vont te confirmer le fait que nos étudiants ne savent pas, ou presque plus, écrire.
Je ne dis pas ça pour « chier » sur la tête des québécois, j’en suis moi-même un vrai « pure laine ». Je le dis tout simplement pour nous faire prendre conscience de la gravité du phénomène: Il faut sortir de notre turpitude linguistique.
Il faut aussi cesser dès maintenant de blâmer les autres, de blâmer notre p’tite histoire, de mettre la faute sur les « anglais », etc. Nous sommes responsables de la situation, nous sommes responsables de notre aveuglement.
On a une telle tendance naturelle à « l’auto-congratulation » et au « pétage de bretelles » que cela en devient dangereux.
En fait, la dégradation du français n’est qu’un épiphénomène d’une problématique beaucoup plus grave qui est celle de l’implosion de la société québécoise dans à peu près toutes ses dimensions. Si on ne réveille pas rapidement, il sera trop tard.
On peut bien vouloir sauver la planète, mais faudrait commencer par éteindre le feu dans notre grenier.
Et si t’appelle encore ça du trollisme, et bien moi je démissionne.
___________________________
Cher Martin Beaudin-Lecours: Merci pour ta discussion très pertinente.
Personnellement, je ne suis pas du tout un partisan du bilinguisme. Tout cela devrait rester du domaine du choix individuel.
Et quant aux québécois, je n’ai ni une haute ou ni une basse opinion, j’essaie tout simplement d’être le plus réaliste possible.
Par contre, j’analyse la situation de très près et je ne peux que constater, jour après jour, le « déperissement » de notre langue chérie. La situation s’aggrave en partie en raison de notre incapacité de voir la situation telle qu’elle est réellement et de toujours blâmer les « autres » ou les aléas de l’histoire.
Il faut cesser de tout ramener au discours droite-gauche, fédéraliste-souverainiste. En fait, à force de s’occuper du débat fédéral-provincial, nous avons oublié l’essentiel.
Arnold S.,
il ne faut pas confondre « faire attention à ne pas tomber dans le trollisme » et accusation de trollisme…
Force est d’admettre que votre commentaire était assez provocateur comparativement à ce dernier (que je félicite!), surtout quand je spécifie dans mon billet que « Le joual disparaîtra peu à peu, surtout j’espère le machouillage de mots et les hypercontractions, en espérant quand même que son côté créatif et imagé restera. Ça reste une belle contribution à la francophonie. »
Il me semble que je tente de réconcilier par cela notre histoire et un voeu d’amélioration, non?
@Martin: Il faut nuancer:
« Normandie (14,5 %), de l’île-de-France (14,3 %), du Poitou (9,8 %), de l’Aunis (8,9 %), de la Bretagne (6 %), de la Saintonge (5,3 %), de la Guyenne (4,4 %), etc. Comme on peut le constater, aucune des provinces françaises n’a prédominé. »
Le Poitou, l’Aunis et la Saintonge font partie de la même région (Poitou-Charente) et constituent donc ~25% des colons.
Donc, avec le Poitou-Charente (~25%) et la Normandie (~15%), on peut dire que ~40% des colons canadiens proviennent de deux régions-sources française.
M. Arnold S.
Renart pourra en témoigner, je suis moi-même un grand pourfendeur de la division gauche/droite. Je suis moins prêt par contre à laisser tomber celle entre fédéralistes et souverainistes et encore moins enclin à conclure que cette division nous a fait oublier l’essentiel. Je ne crois pas que les souverainistes aient oublié l’essentiel, je crois que leur principale motivation est la survivance du fait français et qu’ils ne demandent qu’à en prendre la responsabilité.
J’ai aussi de la difficulté à voir comment on peut appliquer la psychanalyse freudienne à autre chose qu’un individu. L’utiliser pour expliquer la culture et le langage d’un peuple me semble tout simplement n’importe quoi.
Je suis d’accord avec vous à l’effet qu’il nous faut nous fouetter et reprendre en main l’enseignement de notre langue. Par contre je ne rappelle pas notre histoire pour blâmer les autres, mais parce que je suis extrêmement fier de la résilience et de la richesse de notre langue. Que les jeunes d’aujourd’hui l’écrivent atrocement, c’est une autre chose. Dire que les Québécois parlent plus mal français que les haïtiens analphabètes c’est malhonnête, carrément. C’est un jugement de valeur avec en haut de l’échelle, un français métropolitain qui est plutôt récent.
Quant aux chiffres, que dire? Que vous jouez sur les mots et passez à côté de l’essentiel? 😉
Bon, cette fois je dois m’expliquer sur ce point.
Je tiens à vous signaler qu’il n’y a dans mon amour de la langue française ni chauvinisme, ni élitisme, ni esprit revanchard comme disaient certains. En outre, je ne suis ni un francophile ni un disciple de Denise Bombardier.
Pourquoi cette tendance à trop vouloir flatter les Québécois dans le sens du poil? Sont-ils des êtres parfaits? À moins d’admettre qu’il existe effectivement sur la planète le miracle d’un peuple exempt de tout défaut, de tout trait négatif, composé d’hommes irréprochables. Ça c’est une mentalité réfractaire.
Attention, je veux être critique mais constructif aussi. Je parle en connaissance de cause. J’ai très bien côtoyé les Québécois pendant presque 14 ans de ma vie. Je me réserve quand même le droit de poser un regard critique sur la société d’accueuil…sans sombrer dans le »mimétisme » le plus abject.
Au Québec, parler et écrire bien le français est malheureseument une activité réservée aux »ringards ». Il n’y a pas de mal à le reconnaître. Au contraire se poser la question c’est déjà un pas vers la lucidité.
Un écrivain du nom de Kateb Yacine disait: «Le français est notre butin de guerre». Alors Mesdames et Messieurs arrêtez de vous offusquer quand il vient le moment de vous critiquer. Votre problème, c’est que vous ne voulez écouter personne.
Il est évident qu’il y a des carences concernant le chapitre linguistique comme celui de l’instruction. Et ces lacunes peuvent être comblées par une immigration francophone. C’est un fait qu’on ne peut occulter….n’en déplaisent à ceux qui prônent le principe de »La marchandise importée ».
Certains québécois sont compléxés quand ils font face à un étranger qui maîtrise très bien cette langue. Une fois j’ai pris la peine de corriger un collègue québécois qui disait »les chevals » (pluriel de cheval c’est chevaux). Je lui expliqué calmement que »barrer une porte » c’est carrèment la condamner. Le terme adéquat est: »fermer une porte ». Cela m’a valut des réprimandes.
Le Québécois moyen accorde peu d’importance à l’orthodoxie de la langue française pour des raisons sociologiques. D’abord le caractère Nord-Américain du Québec: culture fast-food, société de spectacle, insouciance, vie à crédit, le
facteur »expérience professionnelle » ou »savoir-faire » qui prime sur le fait culturel proprement, puis un populisme poussé à l’extrême et cela même au sein de la classe politique sensée représenter l’élite. Je pourrai parler aussi de tous ces humoristes à deux balles et des conneries qu’on écoute chaque matin sur les stations de radio francophones. Tant de facteurs qui ne contribuent pas à la pérennité ou à l’enrichissement de la langue.
Alors désolé…Moi, je n’ai pas de problème avec la langue française. Je la défend et je la parle à ma manière.
Avec mon respect le plus sincère, en espérant-pour parodier la logique alambiquée des docteurs-que vous me donnerez tort en me donnant raison.
Cyril Zabana
Monsieur, avant de parler de mentalité réfractaire et dire de nous qu’on ne veut écouter personne, prenez en considération que:
– vous êtes venu affirmer sur ce blogue que « ceux qui protègent la langue française au Québec sont ceux qui viennent d’ailleurs » ce qui est un insulte à nos efforts historiques et actuels pour conserver notre butin;
– ce butin remonte à une époque où l’Académie française n’existait pas, où le français de la Mère-Patrie n’était même pas solidifié, et a été augmenté de nombreux termes anglophones que nos ancêtres canadiens-français ont francisés;
– la question du terme « chevals » comme pluriel de « cheval » est particulière. Depuis plusieurs années un mythe quant à une réforme récente de la langue française a fait croire, y compris à moi jusqu’à ce soir, que cette orthographe avait été acceptée. Quant à moi, je ne l’ai jamais acceptée étant plutôt conservateur en matière de langue;
– peut-être comprendrez-vous mieux par écrit ce que vous n’avez pu entendre en 14 ans d’écoute active des Québécois: « barrer un porte » ça ne veut pas dire « fermer une porte », ça signifie la verrouiller. Ici, au Québec, c’est ce que cela signifie et, pour utiliser votre vocabulaire, n’essayez pas de me convaincre du contraire;
– au Québec, ce qui est ringard c’est de parler « à la française », nuance. Personne ici ne trouve ringard Vigneault ou Félix Leclerc. Et, d’ailleurs, personne n’est ringard ici puisque ce terme est exclus de notre vocabulaire;
– vous avez tout faux quand vous associez l’impatience que vous provoquez chez les Québécois avec vos leçons de français à brûle-pourpoint : ils ne sont pas complexés, ils sont vexés que vous tentiez de leur imposer votre français métropolitain;
– votre paragraphe sur l’explication sociologique pue l’élitisme et l’ethnocentrisme franco-français qui répugne tant aux Québécois.
Je crois qu’en définitive, en 14 ans, vous vous êtes plus écouté parler que vous avez écouté ces Québécois que vous prétendez connaître.
Dites-moi, depuis quand vos ancêtres Zabana parlent-ils français, Monsieur? Les miens, autant les Beaudin que les Lecours, depuis au moins le 16e siècle.
“ceux qui protègent la langue française au Québec sont ceux qui viennent d’ailleurs”
C’est une évidence. Même des Québécois de souche (je n’aime pas employer les mots »de souche » ou »pure laine »…la pureté dans la race n’existe pas) le reconnaissent. À moins que vous vivez sur une notre planète. »J’ai watché la game » »Je vais mettre le fuel dans mon tank (ou char) » vous appelez ça du français? Réveillez-vous bon sang! Même René-Daniel Dubois l’avait reconnu et il a eu le courage de le faire…vous êtes figés…C’est ça l’ethnocentrisme.
Je n’ai jamais dit qu’il fallait imiter coute que coute les parisiens ou l’accent »à la française ». Pardon, nuance. Je ne prête allégeance à aucune métropole. Je parle du français international que l’algérien, le tunisien, le marocain, le belge, le luxembourgeois, le sénégalais, l’ivoirien, le Djiboutiens …toute la francophonie arrivent à comprendre.
René-Daniel Dubois, on l’emmerde. Depuis qu’il s’est senti ostracisé par les nationalistes, il est en vendetta personnelle.
Êtes-vous en train de dire que tous les Québécois parlent comme vous le prétendez en toutes circonstances?
Êtes-vous en train de me dire que les Algériens, les Tunisiens, les Marocains, les Belges et les autres ne parlent que le français international en tout temps?
Comment se fait-il que notre français « figé » soit passé du français pré-révolutionnaire, à celui-ci qui incorpore des mots anglais dans le langage courant et qu’il invente encore des mots français pour traduire les réalités américaines? C’est ça une langue figée et ethnocentriste?
Connaissez-vous au moins l’Office québécois de la langue française? Savez-vous qu’il propose des nouveaux mots à chaque année pour contrer l’anglicisation de notre vocabulaire? Des mots que l’Académie française accepte rarement: « courriel », « blogue », « gratuiciel », etc.
N’est-ce pas en France, par machisme ou par conservatisme, qu’on refuse de féminiser des mots comme on le fait ici? Qui est figé alors?
Vous ne semblez pas comprendre une chose: si une partie de notre parler est anglicisé par la force de l’environnement nord-américain anglo-saxon, tout notre français n’est pas dégénéré comme vous semblez le croire. Beaucoup des particularités linguistiques qui vous répugnent viennent de l’époque ou la France n’avait même pas colonisé l’Afrique du Nord et imposé la version réformée de sa langue, réforme qui n’a pas eu lieu ici. C’est bien le comble de l’aliénation de ne pas connaître l’histoire de la langue qu’on parle!
Ici, au Québec, le combat pour continuer à vivre en français en est un perpétuel depuis des centaines d’années, et vous venez nous dire que ce que nous parlons n’est pas du français? Vous rendez-vous seulement compte de l’affront que vous nous faites?
Monsieur, je n’ai jamais insulté les Québécois…vous parler d’affront..pourquoi? J’ai nuancé mes propos en parlant du Québécois moyen (voir un des messages que j’ai posté avant). Je n’ai pas mis toute cette communauté dans le même sac. Oui je connais l’OLF, oui il y a des québécois qui parlent très bien français par exemple le politicien Joseph Facal parle un excellent français (soutenu et compréhensible)et je pourrai citer également le chanteur-compositeur Daniel Bélanger avec ces textes bellement écrits…et la liste est longue. C’est ça ce que j’appelle un français international. Une langue soignée qui est d’abord un véhicule de culture puis un moyen pour me faire respecter partout où je vais.
Votre problème c’est que vous avez du mal a encaissé “ceux qui protègent la langue française au Québec sont ceux qui viennent d’ailleurs” Et oui. Danny Laferrière est un Québécois »venu d’ailleurs » mais il parle un très bon français…Il représente et défend les couleurs du Québec ce qui est tout à fait honorable.
Certains parlent de »revanche » des immigrants. À défaut de se voir reconnaître ses compétences et son expérience professionnelle…Accordez nous au moins le droit de critiquer. Je tiens à vous signaler que la grande majorité des immigrants ont un niveau d’instruction beaucoup plus élevé que la moyenne québécoise. En plus d’être polyglottes, on exige d’eux des diplômes universitaires (critère le plus demandé) avant de rentrer au pays.
Comprendre et admettre ce fait fera de vous une personne à l’esprit ouvert, critique et universel. Refuser de le comprendre risque de vous faire basculer dans de l’ethnocentrisme…ce que je ne souhaite pas.
Effectivement. Cela ne signifie pas « ceux qui protègent la langue française peuvent venir d’ailleurs » ni « ceux qui viennent d’ailleurs aident à protéger la langue ».
Faut-il vraiment vous faire un dessin pour indiquer quel est l’affront?
Alors soit: ça signifie que ceux qui viennent d’ici ne protègent pas la langue. Ça c’est effronté, comme on dit ici. Que la critique vienne de Québécois « de souche » ou pas, je ne l’accepte pas plus.
Mais faisons de la pédagogie alors… Vous qui semblez préférer les gens « compréhensibles » à la Facal, que je respecte par ailleurs beaucoup, ça pourrait vous intéresser:
Vous parlez du français Oral, mais le véritable problème est dans le français écrit…
Et pour cela, il n’y a aucune excuse pour les Québecois…
En écoutant les médias, on distingue actuellement quatre niveaux de langue au Québec:
1- Le plus populaire, celui des radios poubelles: « Chu frustré, bête et méchant »;
2- Celui des lignes ouvertes, des humoristes et des talk show: « C’pas grave de dire tout ce qu’y m’passe par la tête sans réfléchir »;
3- Celui des gens qui se souviennent d’avoir un jour été à l’école: « J’ai honte parce que je charche mes mots pis que j’ai trouve pas » ou bien « j’me sens mal quand j’parle parce que j’vois ben qu’ça sort tout croche »;
4- Enfin, le plus désolant, celui de notre élite politique et intellectuelle qui radote les mêmes histoires depuis des années et qui ne trouve plus rien à dire d’intéressant depuis des décennies: « Heureusement que j’ai un peu de vocabulaire pour remplir les trous de ma pensée ».