De la vigueur et de la rigueur

J’ai écrit plus tôt chez Francis Tremblay que je n’écrirai pas sur les Lavigueur avant la fin de la série, mais, après avoir lu le texte « Les Lavigueur: le narratif », du blogue Après tout…, je change mon fusil d’épaule et je retourne ma chemise!

Comme introduction, le blogueur inscrit la définition de ce « qu’est le narratif d’un sujet traité par les médias » :

Pour les médias, le narratif est la cohérence et/ou l’arrangement que l’on confère à une série de faits. L’esprit humain a besoin de narratif pour comprendre le sens des choses. Nous faisons des liens entre les événements et nous construisons des interprétations en fonction de ces liens. En toutes choses, nous recherchons un commencement, un milieu et une fin. Nous comprenons et nous établissons le sens des choses en nous servant des notre expérience de la réalité et des textes précédents. Chaque texte devient à son tour un des textes précédents et le suivant le sera aussi en autant qu’il sera familier au public.

Pour la suite, je pourrais résumer ça comme suit : le narratif médiatique de l’histoire des Lavigueur se base sur la généralité que les pauvres sont des idiots et qu’il ne faut pas affirmer le contraire. Encore, grâce aux bons soins de Pierre Foglia, ils sont des menteurs, comme le démontre bien Yves Lavigueur, l’auteur du livre sur lequel se base en grande partie la série. Et ça continue comme ça, encore et encore, un défilé de journalistes qui prouveront hors de tout doute que le narratif médiatique est vrai, que les pauvres sont vraiment des épais.

Vous ne trouvez pas ça triste? Vraiment plus que l’émission de ce soir qui l’était beaucoup. Presque trop.

Il y un passage de son texte qui me hante :

Marie-France Bazzo qui n’aime pas les séries de «corde à linge» déclara que Les Lavigueur, la vraie histoire était la première production télé de l’ère adéquiste. Autrement dit, les pauvres, c’est quétaine.

Je ne peux pas m’empêcher de penser que justement, si je ne me trompe pas (j’étais quand même assez jeune en 1986), l’histoire des Lavigueur a sonné le glas du dénigrement des pauvres qui s’est cristalisé sous la fameuse appellation « BS », qui a mené, comme on le sait, à son mouvement antinomique, et j’ai nommé le mariodumontisme… Et à son paroxysme, l’explosion, le Bye Bye! du temps : quand l’humour sert à graver le conscient collectif.

Mais je me relis, et je me dis : aurais-je donc trouvé le chaînon manquant de la genèse de l’« ère adéquiste »? Hé hé!

Mais c’est surtout la démonstration claire de cette fausse représentation dans le premier épisode, de cette légende urbaine au sujet de la famille sur l’assistance sociale, qui est venu encore clouer au pilori les médias et leur objectivité. C’était assez jouissif, je l’avoue. (Surtout pour un blogueur comme moi qui a mal à sa blogosphère.)

Alors, c’est tout à fait normal de voir ensuite les journalistes, sans doute chatouillés de tous bords tous côtés, surtout au niveau de la bourse… essayer de dénigrer la série pour reprendre les points perdus. Comme quoi quand quelqu’un, qui n’est pas dans la famille, tente de s’emmitoufler de l’objectivité, so-so-so solidarité revient à la mode…

Malgré tout ce que je viens d’écrire, je trouvais Les Lavigueur, la vraie histoire meilleur au début. Presque sans blague.

Repeating the message.

Repeating the message.

J’l’avais-tu déjà écrit? :

Repeating the message.

(Photo : zakathy)

9 Réponses to “De la vigueur et de la rigueur”


  1. 1 Le Détracteur Constructif février 6, 2008 à 9:05

    Ahaha excellent, le chaînon manquant de la genèse de l’ère adéquiste!
    Bah tu sais, c’est toujours très gratifiant de pouvoir taper sur pire que soi.

    Et il ne faut pas oublier que les Lavigueur représentaient les « pauvres » des pauvres, c’est à dire que même les gens sur le bien-être social pouvaient leur taper dessus, autant que la classe moyenne etc.

    Reste à voir si toute cette histoire est une bonne représentation de la réalité. On croirait presque une étude scientifique de la société des années 80 à 2000!

  2. 2 Intellex février 6, 2008 à 9:42

    Les Lavigueur étaient aux yeux des pauvres de l’époque ce que les star-académiciens sont aux yeux des artistes d’aujourd’hui.
    « Si tu existes plus que moi en ayant eu plus de chance que moi, tu es foutu, nonobstant la réalité et les combats précédants. »

  3. 3 MFL février 6, 2008 à 9:44

    Comme l’objectivité n’existe pas, il ne peut y avoir que DES réalités inhérentes aux diverses perceptions!! La « vraie » Histoire ne peux exister!
    Mais le plus fascinant de cette saga, reste encore de voir à quel point les médias ont réussis, encore une fois, à tirer profit de cette histoire usée! C’est presque subtil…

  4. 4 AntiPollution février 6, 2008 à 10:10

    M. L’Éveillé,
    Comme le dit si bien le Détracteur Constructif, il est bien plus facile de frapper sur plus petit que soi.

    Le phénomène des médias poubelles commenca tranquillement à prendre de la vigueur à cete époque avec ses nombreux raccourcis et ses manques de rigueurs. Le lien avec l’ADQ est d’autant plus facile à faire. 🙂

  5. 5 Le Détracteur Constructif février 6, 2008 à 12:26

    Je me rappelle aussi dans le second épisode lorsque le plus jeune a recommencé à faire des livraisons à vélo, parce que leurs avoirs étaient gelés et qu’étant mineur il ne pouvait pas y toucher de toute façon.

    À un moment une grosse pas de classe n’a pas voulu lui donner de pourboire : « bon toi t’es riche à c’t’heure, si tu penses que je vais te donner du tip! ».

    Belle mentalité. Ce sont les mêmes gens qui crient à l’injustice comme quoi toute peine mérite salaire, et que les plus pauvres ont autant droit d’avoir un bon salaire qu’un plus riche, mais leur vision de la justice ne va qu’en sens unique.

    Comme si j’évaluais la tenue du livreur de pizza pour voir s’il mérite ou pas son pourboire! D’ailleurs, ces « intermédiaires » paient déjà très souvent pour des situations hors de leur contrôle (circulation, tempêtes de neige, rush au restaurant)…

    Cette situation dépeinte dans Les Lavigueur représente bien une certaine partie de la population, et ces « pas de classe » ne sont pas nécessairement les plus pauvres.

    Voilà pourquoi un livreur à en général une bonne raison d’être assez heureux lorsque j’appelle pour une livraison. 😉

  6. 6 Noisette Sociale février 6, 2008 à 15:31

    Excellent texte!

    Et merci pour la citation de Marie-France Bazzo, je la trouve excellente tout comme la femme qui l’a prononcée 😉

  7. 7 Safwan février 6, 2008 à 18:45

    Pour moi, le premier épisode est un pied de nez aux médias de l’époque qui ont montré le côté vraiment BS des Lavigueur, mais les épisodes suivants renversent la vapeur. On dirait qu’ils sont une contre-thèse au premier épisode. Moi aussi j’aimais mieux la série au début. On dirait que l’écriture se rapproche du mythe peu à peu.

  8. 8 lhommedelarue février 6, 2008 à 19:33

    Ce qui me fait rire c’est tout le pseudo-débat autour de la vérité face à cette série… Après « Les Lavigueur, la vraie histoire » un jour on nous présentera « L’Avocat de Louise Lavigueur, la vraie histoire » ou « L’agente d’immeuble des Lavigueur, la vraie histoire »…

    P.S. Est-ce que tu vas aux yulblogs toi?

  9. 9 renartleveille février 7, 2008 à 2:41

    Le Détracteur Constructif,

    d’un côté la jalousie, de l’autre le snobisme, ouh! la la! ça peut bien être déprimant… l’émission dis-je!

    Intellex,

    je trouve la comparaison à la limite tirée par les cheveux, mais bon, quand on parle d’artistes, j’ai bien de la misère à être objectif…

    MFL,

    bienvenue ici, en premier!

    Oh! que c’est vrai que l’objectivité n’existe pas, même si on use de ce terme abondamment. Il est imprégné d’utopie, comme tant d’autres.

    Antipolution,

    bon ben, ça l’air que je n’étais pas trop dans le champ avec ma genèse de la création de l’ADQ! 😉

    Noisette Sociale,

    j’aime bien Marie-France Bazzo, mais je ne suis pas sûr d’aimer où elle va avec sa pensée…

    Safwan,

    quand j’écris que « je trouvais Les Lavigueur, la vraie histoire meilleur au début », c’était bien sûr un peu cynique, dans le sens où les questionnements et les critiques sur l’émission au sujet de la véracité colorent de plus en plus mon regard, et je m’en rends compte.

    L’homme de la rue,

    Yulblog, peut-être un jour… faudrait s’organiser pour y aller la prochaine fois, ce soir je travaillais, et je ne pense pas retravailler les mercredis soirs.


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