J’ai eu une discussion dernièrement avec Philippe David, le droitiste le plus sympathique que je connaisse (et, en passant, j’invite cordialement les autres droitistes capables de débattre sans trop se maquiller du dénigrement antigogauche primaire à se joindre à nous), au sujet du travail des enfants dans les pays du tiers-monde. Notre désaccord concerne surtout la primauté et la malléabilité de l’éthique. Moi je crois que l’éthique devrait primer : si le travail des enfants est inacceptable ici, il l’est tout autant pour ce qui est des enfants là-bas. Lui, de son côté, croit que c’est un moindre mal puisque ce serait seulement une étape vers une amélioration des conditions économiques de leur pays.
Incompatibilité manifeste, car en gros, mon analyse se porte vers le général, au contraire du particulier, sur un refus du statu quo, donc un remaniement total et titanesque de notre rapport au monde, tant au niveau sociétal qu’individuel : l’éthique comme grille d’analyse afin de modeler à notre image la mondialisation, au-delà de ces soi-disant avantages économiques, en majorité unilatéraux.
Je suis peut-être naïf, mais je ne crois pas qu’il est justifié de penser que les populations des pays pauvres ont à faire obligatoirement le même chemin de Damas que nous vers l’Illumination consommatoire. Nous ne sommes pas le modèle à suivre, et l’important réside à tirer les familles de l’extrême pauvreté, les entreprises n’étant que des outils pour arriver à cela. De plus, nous devrions tendre vers des vies modestes, par respect pour la vie, dans ce qu’elle a de plus magique. Et il n’y a rien de magique dans la mécanique économique, tout n’est que tentative de prédiction, et nous sommes loin de la mystique…
Justement, en parlant de prédiction, alors « que l’effondrement du marché de l’habitation a fait une hécatombe à Wall Street, John Paulson, gestionnaire d’un fonds spéculatif peu connu qui a flairé la débâcle deux ans plus tôt, en sort triomphant.
Ses fonds, qui affichaient une hausse de 15 milliards US en 2007 en raison d’un pari spectaculaire contre le marché du logement, lui ont permis d’empocher personnellement entre 3 et 4 milliards US — soit, paraît-il, le salaire annuel le plus élevé de l’histoire de Wall Street. »
Voilà un événement qui fait plaisir aux uns et déprime les autres, dont moi, qui trouve qu’une concentration de richesse de la sorte et aussi rapidement en une seule personne est indécente. La preuve, même le principal intéressé, que ce soit vrai ou faux, en son for intérieur, « a essayé d’être discret, expliquant qu’il répugne à célébrer tandis que la crise du logement cause tant de malheurs à d’autres. Il a dit à ses amis qu’il augmenterait ses dons de charité. En octobre, il a versé 15 millions de dollars au Center for Responsible Lending (Centre pour des prêts responsables) en vue de fournir de l’aide juridique aux familles frappées de forclusion. » On sent ici poindre un minimum d’éthique, effet de mode ou réelle gêne?
Je doute que l’on découvre un jour la réponse, mais 15 millions, ça reste quand même de la menue monnaie…
(Photo : omk1)
Pourquoi, comme dans certain sport, n’y aurait-il pas un plafond pour des salaires, ma foi, gigantesque?
Pour cela, il faudrait que tout le monde soit partie prenante de la société, de la planète, en fait. Quel gouvernement réussirait de nos jours à faire passer une loi comme ça? J’ai bien peur que le seul moyen de faire changer cet état de fait passe par l’écoeurement collectif, au lieu de la présente déification des hyper-riches.
Excellent article, Maître Renart. D’accord avec toi à 100%.
Je n’arrive pas à comprendre que les économistes ne prennent pas ces écarts en considération lorsqu’ils analysent le dysfontionnement du système… Comment un type peut-il faire un tel gain alors que des milliers d’êtres humains meurent de faim chaque jour?
Cette planète court vers de graves problèmes si nous ne sommes pas capables de distribuer correctement ses richesses. Aucun problème à ce que des individus puissent avoir plus de succès que d’autres, ce sont les règles du jeu. Cependant, avant de créer de la richesse, il serait important de bien identifier comment on peut enrayer la pauvreté et la misère. Autrement, ça n’a aucun sens.
Lutopium,
je crois que ce phénomène de la disproportion est trop nouveau pour qu’on puisse le considérer autrement que par la positive et la négative, au niveau moral. Il me semble que tout déséquilibre n’est pas bon, même pour l’économie, qui est un système tellement complexe.
Que quelqu’un puisse faire tant de gain sur le dos d’un événement négatif (une crise) me fait penser à une maladie, un kyste encore bénin qui pourrait devenir malin si on ne le guérit pas.
Monsieur Renart, totalement hors sujet… vous passez un peu aux nouvelles 3D. C’est un clin d’oeil amical ayant pour seul but de faire sourire.
http://justeunpeufrustree.wordpress.com/2008/02/02/les-vraies-nouvelles-du-dimanche/
Paul Romer a sorti une phrase qui est restée profondément ancrée dans la pensée Miltonienne: « A crisis is a terrible thing to waste ». En effet, lorsqu’il y a crise, c’est la preuve qu’une partie d’un appareil ne fonctionne plus, et que celle-ci doit être remplacée. Mais habituellement, on réussit à faire de l’argent de façon légitime; EN TROUVANT DES SOLUTIONS, et non en allant s’acheter des stocks à Wall Street. Ça, c’est faire de l’argent sans mérite.
Le reproche n’est pas à cet homme qui a fait cette fortune, mais à nous, qui permettons à ce que telle chose ne soit possible. Lui, il n’a fait qu’exploiter une faille stupide, et qui a coûté quelques milliards de dollars (seulement… -_-).
Quant à mon opinion sur la création de richesse, elle est ici:
http://uselessblog-manx.blogspot.com/2008/02/les-travailleurs-obtiennent-ils-ce-qui.html
La création de richesse est un outil de progrès social. Créer de la richesse pour créer de la richesse ne sert strictement et fondamentalement à rien.
Quels sont ceux qui, salariés moyens à 40 000$ par année, qui ont donné 200$ à une oeuvre caritative durant leur année?
C’est ce qu’il faudrait pour accoter notre monsieur ici à 3 milliards.
D’autre part, juste avec l’impôt qu’il aurait payé ici (et il a dû en payer au USA), l’état aurait empoché au moins un milliard d’un coup. Ça libérerait les salles d’urgence.
Encore une fois, tout est relatif. À mon humble avis, et je comprends qu’il peut différer de ce que j’ai pu penser à une lointaine époque, les riches n’ont ni à être démonisés, ni à être déifiés. Ils font ce qu’ils savent faire : s’enrichir. Et les moins riches voudraient être riches pour arrêter de se faire chier dans la vie.
Si les moins riches laissent faire, s’ils continuent de payer, directement ou indirectement, pour les salaires de joueurs de hockey, de PDG de maisons de disques, de banquiers, tout en sachant qu’ils peuvent arrêter de donner librement leur argent à toutes ces personnes moyennant certains changements d’habitudes possiblement aussi plates qu’arrêter de fumer, si la masse continue d’engrosser le capital comme s’il n’y a pas de lendemain, alors tout va comme sur des roulettes. Les choses se passent telles qu’elles le devraient. Et il n’y a pas de lendemain, en effet.
Pouvons nous arrêter la roue qui fait que les gens consomment pour se gratifier des efforts toujours plus grands qu’on leur demande afin de pouvoir continuer à maintenir ou augmenter leur niveau de gratification en fonction de l’augmentation de l’effort demandé et ainsi de suite?
Il est encore possible, aujourd’hui, dans notre beau pays, de vivre de chasse, de pêche et de récoltes, sans internet, sans électricité si ce n’est que ce que fournit une petite éolienne, sans véhicule à moteur et sans chauffage électrique. Mais combien en ont envie?
Je me demande ce que répondraient les gens si on leur laissait le choix entre vivre 100 ans dans les conditions ci-haut, ou profiter du confort pendant encore 20 ans et mourir ensuite, j’ai bien peur que la réponse de la majorité nous horrifierait.
Pouvons nous éviter le pire? Je ne pense pas. Peut-on s’éviter le pire, individuellement? Oui, à condition de renoncer à la majorité des bons côtés du système. C’est une question de choix. Difficile, mais je suis sûr que ça demande moins d’effort que de fomenter une révolution mondiale.
Le vrai changement commence par celui qui s’opère en nous. Je connais trop de personnes qui réclament des changements au «système», mais qui échouent lamentablement lorsqu’ils doivent donner un coup de barre dans leur propre vie. Tout commence là. Nous parlons ici de nature humaine et d’un principe qui régit en fait l’univers : la loi du moindre effort. Tout ce qui existe et vit cherche des raccourcis pour tirer le maximum de son environnement en investissant le minimum d’effort. Autre principe incontournable de notre nature : la résistance au changement, découlant d’un sentiment de sécurité, parfois illusoire, mais préférable à l’angoisse que représente l’inconnu. Parce que nous sommes en mesure d’imaginer «un monde meilleur», nous croyons naïvement que nous pouvons y arriver facilement. La réalité est tout autre.
Je me souviens d’un dicton entendu dans le film la liste de Schindler «Qui sauve une vie sauve le monde.» J’ajouterais «Qui se change lui-même change le monde»
Faut pas lâcher, y a du boulot! 😉
Manx,
en passant, quand j’ai écrit ce texte, je songeais à intégrer quelques considérations que tu soulèves dans le tien. Mais je ne voulais pas trop allonger mon texte, donc, ce n’est que partie remise. Je songe à m’en inspirer pour un autre billet.
Eric,
je comprends bien ta position sceptique. Comme je l’expliquais hier à un comparse au travail, un examen objectif de la réalité est nécessaire (« les riches n’ont ni à être démonisés, ni à être déifiés « ), mais qu’est-ce qu’il reste à la fin? Des valeurs. Et ça tombe que les miennes placent l’éthique et un humanisme désintéressé sur un piédestal. Peut-être que ces valeurs m’apparaissent plus importantes parce que je les regarde d’en bas. Mais il reste que je regarde de haut les gens comme John Paulson, comme toi tu sembles le faire devant ma prise de position condamnatrice à son endroit. « Tout est relatif », oui oui, je sais…
Rappelle-toi le regroupement fictif « Rich Person With Ethic »… Cette idée m’émeut encore. Peut-être que je suis dans le champ, mais j’ose espérer que si je prône quelque chose comme l’éthique, il y a des chances que ça fasse boule de neige, même à petite échelle. Je pense au battement d’ailes du papillon…
Pour te résumer ce que je pense de ta pensée par rapport à la mienne : tu t’éclates dans la métaphysique et c’est beau à lire, je m’accroche au contextuel même si ça peut sembler banal et laid.
André,
le problème avec le changement personnel, c’est que souvent il est conditionnel, pour certaines personnes, à ce que font les autres. C’est pour ça que les gens comme Schindler apparaissent comme des héros, ils font exceptions. Même risquer une simple prise de bec est un risque trop grand pour la très grande majorité des gens. Et on revient à ce qu’Eric écrivait plus haut : « Je me demande ce que répondraient les gens si on leur laissait le choix entre vivre 100 ans dans les conditions ci-haut, ou profiter du confort pendant encore 20 ans et mourir ensuite, j’ai bien peur que la réponse de la majorité nous horrifierait. »
@ Renart
Dans mon métier de journaliste, je parle quotidiennement à des acteurs de l’actualité qui me disent «M. Bérard, il faut que ça change!» Quand je leur souligne que les leviers du changement sont entre leurs mains et qu’ils n’ont qu’à les actionner, ils se lancent alors dans des discours expliquant pourquoi ils ne peuvent pas le faire. C’est parfois d’un pathétique…
Il est vrai qu’avant d’agir, la plupart d’entre nous cherchent une locomotive à laquelle s’accrocher. Une personne m’a déjà souligné qu’elle préférait «avoir tort en groupe que raison en solitaire.»
(!!!)
Salaud ! Je croyais que c’etait moi le droitiste le plus sympathique que tu connaissais.
Sinon pour le sujet; ca m’enerve qu’à moitié que des gens brillants empochent des sommes indecentes. Ce qui me tue, c’est quand un minable, un incapable, un incompetent est payé … meme au salaire minimum ! Alors quand en plus c’est un pdg d’une grande compagnie, qui a reussi par ses choix à la ruiner (ainsi que les employés et les actionnaires) et qu’en plus on le remercie avec des sommes pharamineuses lors de son depart, tout en sachant que ce debile va se retrouver une place la semaine qui suit dans un autre conseil d’adminsitration … ca, ca me degueule ! C’est injuste, c’est du vol, de l’escroquerie !
Ce type dont tu parles, par son train de vie, par ses placements, par ses impots et ses dons, va surement faire tourner l’economie d’une facon ou d’une autre. Il y aura forcement un retour d’argent dans le circuit et d’autres personnes vont en profiter.
Je suis plus inquiet des millards informatique, je veux dire par là cet argent fictif né de la speculation ou fabriqué par les banques, que celles-ci s’echangent sur les marchés, en risquant à tout moment de faire une gaffe et ruiner des millions de personnes. Ces millions que les banques inventent mais qui n’existent pas, le jour où il faudra les payer, on va bien rigoler. Un grand economiste avait denoncé cela il y a deja quelques annees, je ne pense pas que quoi que ce soit ait changé. Une belle bulle qui risque de faire un bruit enorme le jour où elle va exploser.
Je me permets de ressortir ma phrase culte: monde de merde !
Reblochon,
désolé mais pour moi tu es en premier un souverainiste (est-ce que t’aimes mieux séparatiste?). 😉
Ma critique ne concerne pas tant l’homme que le système qui lui a permis son tour de passe-passe. L’argent fictif fait aussi parti du problème, je le sais bien.
Bien d’accord avec toi Reanrt lorsque tu dis : « Moi je crois que l’éthique devrait primer : si le travail des enfants est inacceptable ici, il l’est tout autant pour ce qui est des enfants là-bas. »
L’autre, droitiste est assez discutable : « croit que c’est un moindre mal puisque ce serait seulement une étape vers une amélioration des conditions économiques de leur pays. »
C’est bien de discourir sur le sujet et d’intellectualiser un peu ce problème, mais il ne faut pas perdre de vue qu’on parle d’enfants. Un moindre mal? Je ne suis pas certain qu’il tiendrait le même discours si on lui avait enlever son enfance pour travailler comme un esclave. Bref, la fin justifie les moyens? L’économie est dictée par l’utilitarisme et bâtir une économie sur l’emploi enfantine est honteux!
Oui Folly, la mondialisation ne devrait pas seulement venir avec des avantages pour nous et les entreprises.
« Droitiste le plus sympatique » – J’avoue que j’aime bien ce titre… 🙂
@ Folly : Le fait que je dise que le travail juvénile est un moindre mal n’est pas si sans coeur que tu pourrais le croire. Élever la situation économique de ces familles au point qu’il ne soit pas nécessaire pour ces enfants de travailler n’est pas une chose simple. Il n’y a pas de formule magique. Entre temps, ces enfants peuvent souffrir un sort bien pire que de travailler dans une usine de textile, car l’aternative est souvent la prostitution, la pornographie et le véritable esclavage (non-rémunéré). On peut en effet discuter ad nauseam sur le fait que le système est à blâmer, mais en réalité ces familles souffraient d’extrême pauvreté bien avant qu’on ne parle de mondialisation. À long terme, ce ne seront pas la charité, l’aide humanitaire, ou les voeux pieux qui les sortiront de la pauvreté. Seul le développement économique peut leur apporter une solution durable.
Là-dessus je dois dire que j’ai été agréablement surpris du commentaire d’Éric Bondo. Surpris parce que je suis rarement d’accord avec lui. Il a effectivement raison. La surconsommation est une roue qui tourne, et la réalité est que bien peu d’entre nous voudraient retourner en arrière de façon sérieuse. Nous consommons parce que nous rêvons tous d’un petit quelque chose pour rendre notre vie plus confortable. Nous le faisons pratiquement depuis l’âge de pierre. C’est dans notre nature.
À tous ceux qui « savent » ce qui est bien pour les autres peuples de la planète :
Vous ne pensez pas qu’on devrait tenter de régler nos propres façons de faire pas toujours droites, comme la corruption étalée dans tout l’appareil étatique, avant de déterminer que ces façons de faire qu’on tente d’exporter de force son LA bonne affaire pour caser la vie des autres?
Le développement économique à l’occidentale n’a jamais rien offert aux plus démunis des habitants des pays les plus démunis (…).
L’unique focus des acteurs corporatistes impliqués dans de tels développements est l’extraction de ressources, quel qu’elles soient, pour le profit de leurs actionnaires.
Point à la ligne.
Philippe, premièrement bonjour(!), tu dis :
« Entre temps, ces enfants peuvent souffrir un sort bien pire que de travailler dans une usine de textile, car l’aternative est souvent la prostitution, la pornographie et le véritable esclavage (non-rémunéré)»
Tu exprimes bien l’argument économique et souvent libéral, mais l’économie n’est pas une formule magique pour régler tous les mots. Les économistes s’expriment sur à peu près tout les dossiers, on devrait un peu les stopper!
Bien avant le développement économique, la communauté internationale doit chasser les pouvoirs corrompus. Pour s’y faire, il faut restaurer une justice sociale et des états pacifiés. Exprimer que le travail des jeunes est un moindre mal, cela équivaut à maintenir le statut quo et permet aux systèmes corrompus de continuer à exploiter.
Pour revenir aux enfants, sachez qu’on exige d’eux la même somme de travail qu’un adulte, qu’ils sont souvent abusés, déposédés de leur corps et loin de leur famille. Aucune dignité humaine,,, Lequel est mieux, je n’en suis pas certain.
@ Folly,
Bonjour!
Tu dis:
Le développement économique n’est qu’un outil. Règle générale, une économie prospère engendre moins de pauvreté extrême, donc un moins grand besoin de puiser dans la population juvénile pour de la main d’oeuvre. Plus de 80% du travail juvénile est dans le secteur agricole. La croissance économique et le progrès technologique feront que ce secteur particulier aura de moins en moins besoin de main d’oeuvre. Donc moins d’enfants au travail. Une économie plus forte et une saine démocratie aident aussi aux états à combattre la corruption et l’exploitation.
Il n’y aura pas de situation idéale pour ces enfants, mais les pires traitements ne sont pas géméralement trouvés dans les usines. Là où les enfants sont le plus abusés, c’est dans le service domestique, la prostitution et la pornographie, où les enfants sont littéralement comme des esclaves.
En fin de compte, ce n’est pas que j’approuve du travail juvénile. Au contraire. Cependant, je m’objecte aux méthodes que certaines personnes aux bonnes intentions utilisent pour règler le problème, parce qu’en fait ces méthodes ne règlent rien et poussent bien souvent des enfants du purgatoire vers l’enfer…
Philippe,
On ne va pas faire usiner des t-shirts dans une république de bananes parce que sa main d’oeuvre est meilleur qu’ailleurs pour faire des t-shirts.
On y va car c’est un paradis fiscal pour entreprises aux valeurs un peu vagues. Et c’est cela qu’il faut attaquer : nos façons de faire, d’imposer, de presser le citron, d’exploiter jusqu’à la moelle, et non-moidrement, l’appropriation (souvent carrément du vol) de ressources naturelles.
Avant l’Économie, il y avait des gens, des communautés.
Il y avait du travail, aussi. Pas pour empiler des tonnes de cash, mais de subsistance, juste ce qu’il fallait pour que la communauté soit prospère.
Encore une fois : Prospère.
Et non pas : Domine le monde!
@ François:
Tu dis:
Dis-moi, quand est-ce que le Bengladesh, le Pakistan, l’Afghanistan et tous les pays de l’Afrique sub-saharienne ont déjà été prospère?
Par contre, si la mondialisation est si exploitatrice et néfaste, pourquoi des pays comme l’Inde, la Chine, Taiwan, et l’Indonésie n’ont jamais été si prospères?
L’économie est l’économie. Elle n’est ni bonne, ni mauvaise. Elle carbure sur l’échange de biens et services depuis que le troc a été inventé. Il est bien sûr qu’il y a de l’exploitation, mais c’est l’exception plus que la norme. Au fur et à mesure qu’un pays deviens riche, l’exploitation et la corruption tendent à régresser. La plupart des libertariens comme moi applaudissent les progrès des pays émergeants. Leur progrès signifie une réduction réelle de la pauvreté à l’échelle mondiale, ce que des décennies d’aide étrangère n’ont pu réaliser. Ce n’est pas une course à la domination globale, c’est une course à la prospérité globale.
À moins que tu préfère que les pays pauvres restent pauvres… L’économie de subsistance n’a jamais été synonyme de prospérité.
Philippe,
« Dis-moi, quand est-ce que le Bengladesh, le Pakistan, l’Afghanistan et tous les pays de l’Afrique sub-saharienne ont déjà été prospère? »
Eh bien, si tu jettes un oeil aux nombreux livres d’histoire abordant ces nations, tu verras que, comme toutes les autres nations ayant foulé le sol de notre planète, celles-ci on constamment su amener du pain et du lait sur la table, au point où leurs populations n’ont cessé d’augmenter au fil des siècles. Le seul exemple de réel déclin qui me vienne en tête concerne les habitants de l’île de Paques – mais leur disparition n’avait rien à y voir avec l’absence de développement économique.
Aujourd’hui, avec les riches bums de l’Occident qui instaurent leurs lois avec une facilité déconcertante dans les zones de la planète riches en ressources naturelles, les petites communautés (normalement, prospères) sont souvent carrément dépossédées de ce qui leur revient. Par exemple, les mines de diamants en Afrique, et particulièrement en RDC et ses pays voisins.
Les DeBeers et autres bigshots du milieu sont arrivés là avec des cadeaux (des armes) pour ceux qui allaient faire leur sale boulot (exactions pour l’esclavage et campagnes de terreur pour soumettre ceux qui osent exiger une quelconque rétribution).
Dis-moi comment le développement économique, tel que représenté par cet exemple …parmi tant d’autres, apporte un quelconque bienfait pour la majorité, voire la totalité des gens qui sont en fait les réels propriétaires de la dite ressource.
@ François
On peut certainement faire un long procès du colonialisme européen et je n’essaierai pas de le défendre. Des exemples comme Debeers découlent surtout de cette période et sont décriés autant par les libertariens comme moi que par les gens de la gauche. DeBeers est un problème que le gouvernement Sud-Africain devra résoudre. Nous avons déjà des lois qui prohibent les cartels de ce genre, mais DeBeers est hors de notre jurisdiction. Par contre, jusqu’à l’époque coloniale, des ressources comme les diamants restaient inexploitées par les populations locales, pour qui elles n’avaient aucune valeur.
Il est vrai aussi qu’avant cette époque les populations locales avaient leur train de vie primitif. Il est questionnable cependant si une vie passée à se briser le dos à tirer de la terre suffisament pour subsister, avec une espérance de vie de moins de 50 ans, est un grand signe de prospérité. Dans le cas de l’Afrique sub-saharienne, il n’y a jamais existé de civilisation florissante au même titre que celle des Mayas, ou des Incas, ou des Maharadjahs indiens. La vie y était généralement brutale et courte. La différence était que la civilisation occidentale était plus inventive et plus adepte à exploiter des ressources jusque là ignorées par les autres. Était-ce juste de se servir de ces ressources comme ils l’ont fait? Probablement pas. Pas plus juste que la conquête de la Gaule par César l’était pour les gaulois, ou les nombreux autres exemples qu’on peut citer de l’histoire. Mais il n’empêche que le niveau de vie des gaulois sous l’Empire Romain était de loin meilleur qu’il ne l’avait été avant la conquête. La civilisation romaine avait ses avantages, comme celle d’occident. Des pays colonisés, ceux qui ont commencé à utiliser le système à leur propre profit, commencent maintenant à rattraper. Les japonais ont depuis longtemps compris le message. Ils ont délaissé leur système féodal et sont maintenant un des pays les plus riche du monde. Des pays comme Taiwan, la Chine et l’Inde sont en voie de devenir à leur tour des puissances économiques.
À mon sens, il ne sert plus à grand chose de blâmer les colonisateurs occidentaux. Ce qui est fait, est fait. La question qui s’impose pour les pays sous-développés est comment s’en sortir. Et si tu leur demande, tu sera peut-être surpris d’apprendre que la plupart d’entre eux veulent ce que nous avons. Ils veulent un niveau de vie comme le nôtre. D’autres pays ont repris le contrôle de leur ressources et font maintenant trailler le système pour eux. Leur plus grand obstacle est le plus souvent du protectionnisme de notre part. Je suis de ceux qui croient qu’ils méritent leur chance.
L’histoire de l’Afrique Sub Saharienne regorge de royaumes et d’histoires d’échanges commerciaux importants, de culture, d’art, de vêtements richements tissés.
Si, comme c’était le cas dans la majorité des cultures Africaines, les aînés (c’est des gens de plus de 50 ans ça) avaient la charge d’éduquer les enfants pendant que les adultes allaient aux champs, à la chasse ou à la pêche, eh bien c’est qu’ils vivaient relativement plus vieux que ce qu’on leur reconnaît « post-colonisation ». D’ailleurs, à cette époque, 50 ans c’était l’espérance de vie des Européens. Facile après de bullshiter pour démontrer l’infériorité des peuples, argument justifiant de plus le vol de leur ressources sans trop de culpabilité.
Jusqu’au 17ìeme siècle, les communautés d’Afrique noire, hormis leur rites particuliers, vivaient dans l’abondance. Anyways, comment pourrait on nier l’abondance de l’Afrique alors qu’on la pille à blanc depuis 500 ans? Si on a pu autant sucer le jus pendant aussi longtemps, les autochtones en avaient sûrement pour leur argent avant.
Mais où enseigne t’on la vraie histoire de l’Afrique, si ce n’est que, comme ils l’ont toujours fait, par la tradition orale, devenue secrète après les exactions de la colonisation.
On a fait des Africains ce qu’on a fait des Amérindiens. Mis au pas, comme des bêtes. Et on maintient ces gens dans les plus bas niveaux de la pyramide, mâtant toute forme d’émancipation en appuyant des dictateurs et des élections truquées, en vendant des armes aux diverses factions et ethnies qu’on avait placées dans le même pays sans leur consentement, et j’en passe.
Pour la déculpabilisation, « nice tentative », qu’y diraient. C’est bon du chocolat, Diamonds are forever.
« DeBeers est un problème que le gouvernement Sud-Africain devra résoudre. Nous avons déjà des lois qui prohibent les cartels de ce genre (…) »
Aille! Le genre de loi qui permet l’existance du cartel bancaire?
Car, c’est ça, notre système bancaire, un cartel. Cartel grâce auquel nous payons tous des impôts aujourd’hui.
Et puis, quand tu dis que les occidentaux sont plus inventifs, moi, je rayerais ce qulificatif pour le remplacer par RAPACES.
Ça résume bien la pensée et surtout, les actions du joyeux libéral-capitaliste.
S’cusez; un ajout oublié :
« À mon sens, il ne sert plus à grand chose de blâmer les colonisateurs occidentaux. Ce qui est fait, est fait. La question qui s’impose pour les pays sous-développés est comment s’en sortir. »
Quel blâme?? Comme si nous étions collectivement accablés depuis des décennies par … quoi au juste? Jamais aucun pays colonisateur n’a pris un quelconque blâme officiel pour les calomnies qu’ils ont causées! Et, ne me parlez pas de la Paix des Braves et autres trucs du genre qui ne sert qu’à acheter du capital politique et/ou stratégique (ressources naturelles).
Prenons le temps d’analyser la réelle efficacité et les réels impacts de nos us, économiques ou autres, avant de les imposer à d’autres.
Je comprends que ça peut être difficile pour un libertarien d’arrêter deux secondes de se prendre pour Dieu. Mais, vous êtes des « vite », d’habitude…
Vos arguments sont pertinents, car ils démontrent effectivement le manque d’éthique dans les sociétés actuelles. Malheureusement, la nature même du capitalisme l’accumulation de capital qui engendre une accumulation de pouvoir etc, rend la constitution d’une éthique plus que délicate. C’est au public qu’appartient la volonté de l’exiger afin qu’elle soit effective, mais pour cela, il est important qu’elle atteigne un certain niveau de maturité. Et l’espace temps d’une société n’est pas la même que celui d’un individu.
D’où le questionnement à savoir qui est à la remorque de qui. Les individus ou l’État?
A la remorque, je ne le sais pas. Mais il est très rare dans la nature humaine que celui qui dispose du pouvoir accepte de le remettre en question et de le partager de lui même. C’est à celui qui désire être reconnu de se faire entendre. Comme le dit William James: »la communauté stagne sans l’impulsion de l’individu, l’impulsion s’éteint sans le soutien de la communauté.
http://www.dialethik.com