Pour être un téléspectateur abonné au Téléjournal, depuis quelques semaines je me sens comme un patient impassible devant un hypnotiseur. Les documentaires sur l’Afghanistan se suivent et se ressemblent dans leur désir propagandiste de nous flatter dans le sens du poil de la bête…
Aujourd’hui, un reportage pleurnichard où visiblement on essayait de nous faire sentir mal de notre manque de support aux soldats, car bien sûr les Québécois sont dans le fond du baril de la fierté militariste. Soit. Depuis le début de cette attaque médiatique, qui coïncide avec le gros du débat à savoir si oui ou sinon la mission va continuer plus longtemps, la plupart du temps, j’ai zappé ou suis revenu vous rejoindre dans cette solitude pleine et partagée quand une de ces pubs déguisées commençait…
Bon, tant qu’à être dans la télé, cette boîte d’amour-haine (comme beaucoup trop de choses en fait), j’ai visionné, comme toujours les mercredis, les Francs-Tireurs. Je pourrais m’étendre sur l’entrevue assez cacophonique entre Patrick Lagacé et Bernard Drainville, ou vanter le bon travail de Richard Martineau, comme souvent souvent, quand il écoute les gens au lieu de jouer à construire des cadavres exquis avec ses idées, mais non, c’est une petite partie d’entrevue d’archive à la fin qui m’a secoué.
C’était une entrevue avec le trop rare Pierre Foglia animé et pixélisé. Pour vous dire, en plus, c’est la première fois que j’entendais sa voix de crécelle, je l’imaginais plus comme Barry White. Ça m’a scié. Et surtout son discours, enfin du temps, d’antan, qui tient dans une dichotomie assez simple : je n’aime pas avoir à faire de l’opinion, même si c’est ça qui marche, j’aime mieux installer des ambiances. Il avait tout à fait le droit de penser ça, et encore aujourd’hui s’il le pense encore, mais bon, il publie quand même au journal La Presse, pas dans une revue de mémère… (OK, mémère, j’avoue que c’est un peu fort : alors qu’il se lance en littérature s’il veut noyer le contenu dans le contenant! — sans vouloir non plus insulter les littérateurs, tribu à laquelle je voudrais bien appartenir, enfin un jour.)
Oui l’opinion est omniprésente, pullulante, encore plus aujourd’hui. Mais je ne comprends pas trop le mal à ça. Avec pleins d’opinions qui se grafignent, peut-être que ça va finir par enlever le vernis mat de la réalité statique! Peut-être que les bonnes idées de chacun vont créer de bon consensus, qui sait?
Si la compétition est bonne pour les affaires, pourquoi ne serait-elle pas bonne pour les idées?
Bon, je sais bien que les vieux de la vieille et certains jeunes princes pensent plutôt que ça donne au final de la bouillie informe et incolore, pour ne pas dire pestilentielle, eh! bien moi j’aime bien m’y mettre les mains et surtout le nez, les yeux, la bouche, alouette! Pour vous dire, les opinions de mes amis blogueurs comptent autant, sinon plus, que celles de ces grandiloquents élus!
J’ai pratiquement versé une larme moi aussi lors du reportage sur le bureau de poste de Kaboul. Les méchants québécois, pas de coeur, pas un gramme de patriotisme. Elvis Gratton nous le dirait: ils l’ont l’affaire les canayens anglais d’expression anglophone canadienne…
Personnellement, j’ai de la difficulté à imaginer un prof d’école qui décide de faire construire une banderole pour les soldats… Ce n’est pas là une façon d’endosser la mission? Pas certain qu’on doive impliquer des jeunes de 6-7 ans dans c’t’affaire là…
Pour ma part, je me suis toujours dit « Moi je ne veux pas mourir, je ne m’enrôlerai donc pas dans l’armée. »
C’est donc un choix que je n’arriverai jamais à comprendre, même si c’est naïvement en croyant faire le bien dans le monde… Quand la guerre est déclarée, c’est le début de la « sélection naturelle ».
Alors, les reportages et les larmes de ces pauvres parents, et SURTOUT ces femmes de soldats qui viennent d’accoucher, très peu pour moi… Si ma fiancée accouchait, vous pouvez être certain que je ne serais pas à l’autre bout du monde 😉
Personnellement, je n’ai rien contre les opinions, en autant qu’elles ont une certaine idéologie en arrière… Il y a du monde qui ont un paquet d’opinions sur une multitudes de sujets mais y’a rien qui se tient… tu ne peux pas mettre de fil conducteur entre toutes les opinions de ces mêmes personnes.
Les opinions qui sont issues d’un reportage style TVA 18h où un journaliste s’en va tâter le pouls des automobilistes qui ont une pompe d’essence à la main pour leur demander ce qu’ils pensent du prix du gaz, on pourrait certainement s’en passer parce que même le plus intello aura l’air d’un vrai tata. 😛
J’ai encore manqué les Francs-Tireurs cette semaine parce que je suis une fifille à mes heures et que j’écoute Destinées. (Oui oui, vous pouvez lever les yeux au ciel mais c’est plus fort que moi.) De toute manière, je peux lire Richard Martineau et Patrick Lagacé mais ce dernier plus particulièrement, j’ai beaucoup de difficulté à le voir sur un écran sans avoir l’envie irrésistible de jeter quelque chose au travers. C’est un cas de ce qu’on pourrait appeler « une face à fesser dedans ». Mais ce n’était qu’un avis gratuit et personnel.
😉
Foglia a déja déclaré à Infoman qu’il en avait rien à foutre du recyclage. Jean-René Dufort avait fouillé ses vidanges pour se rendre compte qu’il ne recyclait absolument rien… N’est-ce pas un peu triste de constater à quel point certains êtres que nous croyons progressistes sont parfois décevants et frustrants.
Noisette : j’espère que ta télé n’est pas plasma 😉 L’écran est fragile, parait-il…
Je me permets d’émettre un petite hypothèse expliquant ce regain constaté de ce que l’on nomme l’opinion. Outre l’excellente distinction amenée ici par Noisette (Opinion style « gérant d’estrade » vs opinion qu’on pourrait qualifier d’argumentée), la recrudescence de l’opinion essaie peut-être de pallier le vide laissé par toutes ces langues de bois et autres courants « politically correct » qui ont mené à des phrases vides ou creuses, plus ou moins.
Bref, une tentative de combler le vide laissé par tous les discours insensibles sans véritable « senti », le contraire des discours enflammés des orateurs d’antan.
Est-ce possible ? Peut-être…
Lutopium,
les valeurs que l’on veut léguer à nos enfants ne sont pas assujetties aux décisions de nos gouvernements. Si dans le ROC ils veulent mettre de l’avant le militarisme, ils ont bien beau, mais ici est-ce qu’on peut faire comme on veut?
Le Détracteur Consructif,
la liberté est bonne pour tous même si elle ne signifie pas la même chose pour tous. Ils ont le droit de s’enrôler et j’ai le droit de ne pas être d’accord avec leur décision parce que pour moi ça serait une atteinte à ma liberté.
Alors, je ne comprends pas les soldats et je ne comprends pas le gouvernement, ça en fait beaucoup…
Noisette,
pour résumer, l’opinion qui ne se réfère qu’à son petit monde me tape sur les nerfs. Tout le monde rit bien de la solidarité, mais au moins quand je sens qu’une opinion se base sur le bonheur du plus grand nombre, j’ai l’impression qu’elle rejoint plus l’objectivité.
Tu devrais faire attention à ce que tu écris, puisqu’au contraire de Martineau, je crois que Patrick Lagacé me lit parfois, je dis ça comme ça… 😉
Sylvain,
ta thèse me semble juste, comme on dit, ce serait le retour du balancier. J’ai bien hâte de voir ce qui va ressortir de tout ça.
Pffff, il doit être bien trop occupé pour prendre le temps de lire les commentaires! looolll
Puis au pire… j’assumerai 😉
Hier j’ai écouté l’émission « Une heure sur terre à Radio-Canada » et j’ai eu la même impression en regardant le reportage de Raymond St-Pierre, une info-pub pour le compte du gouvernement Conservateur pour mousser la mission en Afghanistan. En fait je me suis demandé où s’arrêttait l’information et ou commencait la pub.
Pendant ce temps, un delirium tremens frappe David Gagnon!
http://www.antagoniste.net/?p=2709
Moi j’aime bien ça de l’opinion. Ça doit être mon côté ti-peuple.
Dites, l’éditorial, ça entre dans l’opinion?
FictionPULPEUSE,
ça me fait penser à ma voisine, une personne âgée, qui ne veut pas recycler non plus. C’est trop compliqué…
J’espère que Foglia a de meilleures raisons!
Y-man,
Radio-Canada reste la télé d’État et c’est presque compréhensible, si on accepte l’idée de la propagande qui vient traditionnellement avec l’idée d’État… Si j’étais Harper (pas moi comme Premier Ministre, mais bien Harper avec tous ses défauts), je ferais la même chose.
Davidg,
cessez de polluer mon blogue s’il vous plait! 😉
Sans blague, je suis abonné à ce site, pour que jamais je n’oublie qu’il y en a un (ou plusieurs) qui travaille fort de son côté. Ça doit être bien de travailler avec du budget…
Donc, vraiment pas besoin de me rappeler son existence.
Le wannabe,
oui, l’éditorial entre dans l’opinion, mais c’est dans sa forme le plus en laisse…
J’ai aussi visionné l’émission “Une heure sur terre à Radio-Canada”. Mais, au contraire de Y-man, et grâce à la discussion du panel qui s’en est suivi, j’y ai vu plus de raisons de ramener nos troupes au PC, comme on dit.
En fait, il n’est pas faux de dire que le général retraité travaillait pour la cause du PM avec ses analyses qu’on aurait dites sorties tout droit d’un manuel états-unien ou soviétique sur l’art de l’occupation territoriale.
Idem pour l’ambassadeur Afghan; il n’était sûrement pas là pour nous dire de ramener nos troupes, lui dont la carrière et la structure qui l’autorise dépendent entièrement de la présence militaire étrangère pour perdurer.
Et hormis le très peu efficace et très peu notable militant des droits humains, il restait dans ce panel le prof. de l’Université d’Ottawa. Lui, un anglophone canadien builingue (s’il y en avait plus de ceux-là…), voyait claire et savait bien résumer le protrait de l’intervention otanienne en Afghanistan : ça n’a pas fonctionné pour l’empire soviétique, même avec la dimension éléphantesque des ressources qu’ils y ont investies. Comment cela pourrait-il fonctionner pour l’Otan, elle qui a peine à survivre à sa propre structure et alors que l’ennemi qu’elle combat n’a rien à voir avec le modèle utilisé pour la formation de ses troupes.
Bref, celui qui, à mes yeux, avait le plus de poids dans ce panel a dit ce qu’il fallait pour éclipser les faucons du groupe, c-à-d., la vérité sur ce qui se passe sur le terrain.
Je vais poursuivre dans le sens de mon dernier commentaire avec cette impression que j’éprouve sur la situation en Afghanistan :
On dirait un piège à Otan.
Les leaders incontestés de l’offensive sont les USA. Or, à peu près tout ce que le bras militaire de la Maison Blanche touche vire au vinaigre depuis le début de cette guerre. Aussi, à titre de leaders du groupe, les USA devraient montrer l’exemple aux troupes alliées en matière de stratégies et de support aux troupes sur le terrain (il en va quand-même du succès de l’opération…). Encore là, au moment où une organisation dédiée à la tâche était des plus nécessaires, Bush a sorti le gros de ses troupes du théâtre afghan pour une histoire inventée de gros danger en Iraq. Avec les résultats qu’on connait aujourd’hui : massacres de populations civiles, culture militaire de torture, mensonges répétés, vols de grands chemins – or et pétrole iraqiens – sur les territoires occupés, instauration de troupes militaires privées et établissement d’un régime qui dispense ces troupes de toutes responsabilités… Bref, toutes des aberrations aux yeux des peuples représentés par les troupes occidentales en Afghanistan.
Avec « ça » comme meneur de meute, l’Otan ne pourra jamais sortir de cette guerre avec une position raffermie. Au mieux, les états membres vont retirer leurs troupes de l’Afghanistan avant que l’organisation n’éclate.
Au pire, elle va éclater avant que les troupes en présence ne soient évacuées.
En mon sens, la mort de l’Otan est annoncée et amorcée.
Et, étant donné le rôle de promoteur de la mondialisation des marchés que s’est donné la Maison Blanche (FMI, BM, OMC, etc.), les USA vont nous arriver avec une nouvelle union militaire internationale modelée expressément pour assurer le pérénité de cette maintenant divine structure des marchés.
Depuis Reagan, ils appelent ça le NewWorldOrder.
Et, tout ce qu’on peut faire à titre de citoyen, c’est regarder passer la parade car les décideurs peuvent, à l’aide des ces organisations qui chapeautent les États membres (l’ALÉNA n’en est qu’un exemple) avec des lois supra-nationales qui déterminent la marge de manoeuvre des élus de chaque pays membres.
Au moins, j’va me faire un sac de popcorn pour regarder passer tout ça!
Pas mal du tout votre blog, je me reconnais assez dans vos propos, passez à l’occasion sur le mien, qui est par ailleurs tout frais et bien plus modeste.
A bientot.
http://www.lafindeleurmonde.blogspot.com
&
lafindeleurmonde@laposte.net
Hybride,
merci de l’invitation, je viens d’ajouter votre blogue à mon lecteur. Très intéressant.
Mais une question, pourquoi ne pas permettre les commentaires?
Aucune notion de censure dans le fait que je ne permets pas les commentaires,mais je ne suis pas là pour debattre de ce que j’ecris, je l’ecris, tout simplement, sans l’imposer à quiconque.
Dans mes precedents blogs, les commentaires ont permis une seule choses : tomber tres rapidement dans les insultes, et la guerre était ouverte. Je ne veux plus de cela. Je laisse tout de meme l’adresse mail attenante au blog en bas à droite, donc, de facon officieuse, le dialogue reste ouvert.
Je reviendrai souvent sur votre blog pour lire les nouveautés, les portes du mien vous sont ouvertes,
Alors à bientot
Hybride,
c’est dommage quand même, car au-delà du risque de tomber sur des trolls (ce qui peut assez bien se résorber au besoin en modérant les commentaires à la source – et j’ai eu maille à partir avec un de ceux-là dernièrement), le fait est qu’il y a pour moi un intérêt majeur de lire un billet avec la possibilité de le voir se transformer intellectuellement par les commentaires, constructifs bien sûr, qui sont majoritaires, au total.
Donc, mes commentaires je les ferai ici s’il y a lieu.
Alors oui, à bientôt!
Belle remarque cher bien pensant.
Je vais des à present ré-activer les commentaires en guise d’experience ponctuelle, et , si concluante, definitivement.
A bientot.
Super!