◆ Art pratiqué par Socrate, consistant à faire découvrir à l’interlocuteur les vérités de son esprit en lui posant une série de questions.
◆ Méthode qui incite à la réflexion intellectuelle.
(source : Antidote; photo : Intersession)
Je vais me coucher moins niaiseux…
(Pense-bête : Liste, indication, marque destinée à rappeler une tâche à accomplir. Antidote)
Comme je ne connais pas encore très bien ce blog, je ne sais pas si ce billet est sérieux ou ironique 😉
Au cas où il serait sérieux, il y a de belles pages dans le Théétète sur la maïeutique, et de belles choses aussi sur l’accouchement des esprits dans le Banquet de Platon. Tout ça revient à dire que le savoir n’a pas pour origine la sensation mais la réflexion, et qu’il est affaire de compréhension, pas d’assimilation.
petit extrait du Théétète :
SOCRATE :
— Mon art d’accoucheur comprend donc toutes les fonctions que remplissent les sages-femmes; mais il diffère du leur en ce qu’il délivre des hommes et non des femmes et qu’il surveille leurs âmes en travail et non leurs corps. Mais le principal avantage de mon art, [150c] c’est qu’il rend capable de discerner à coup sûr si l’esprit du jeune homme enfante une chimère et une fausseté, ou un fruit réel et vrai. J’ai d’ailleurs cela de commun avec les sages-femmes que je suis stérile en matière de sagesse, et le reproche qu’on m’a fait souvent d’interroger les autres sans jamais me déclarer sur aucune chose, parce que je n’ai en moi aucune sagesse, est un reproche qui ne manque pas de vérité. Et la raison, la voici; c’est que le dieu me contraint d’accoucher les autres, mais ne m’a pas permis d’engendrer. Je ne suis donc [150d] pas du tout sage moi-même et je ne puis présenter aucune trouvaille de sagesse à laquelle mon âme ait donné le jour. Mais ceux qui s’attachent à moi, bien que certains d’entre eux paraissent au début complètement ignorants, font tous, au cours de leur commerce avec moi, si le dieu le leur permet, des progrès merveilleux non seulement à leur jugement, mais à celui des autres. Et il est clair comme le jour qu’ils n’ont jamais rien appris de moi, et qu’ils ont eux-mêmes trouvé en eux et enfanté beaucoup de belles choses. Mais s’ils en ont accouché, c’est grâce au dieu et à moi [150e].
Et voici qui le prouve. Plusieurs déjà, méconnaissant mon assistance et s’attribuant à eux-mêmes leurs progrès sans tenir aucun compte de moi, m’ont, soit d’eux-mêmes, soit à l’instigation d’autrui, quitté plus tôt qu’il ne fallait. Loin de moi, sous l’influence de mauvais maîtres, ils ont avorté de tous les germes qu’ils portaient, et ceux dont je les avais accouchés, ils les ont mal nourris et les ont laissés périr, parce qu’ils faisaient plus de cas de mensonges et de vaines apparences que de la vérité, et ils ont fini par paraître ignorants à leurs propres yeux comme aux yeux des autres [151a] . Aristide, fils de Lysimaque, a été un de ceux-là, et il y en a bien d’autres. Quand ils reviennent et me prient avec des instances extraordinaires de les recevoir en ma compagnie, le génie divin qui me parle m’interdit de renouer commerce avec certains d’entre eux, il me le permet avec d’autres, et ceux-ci profitent comme la première fois. Ceux qui s’attachent à moi ressemblent encore en ce point aux femmes en mal d’enfant : ils sont en proie aux douleurs et sont nuit et jour remplis d’inquiétudes plus vives que celles des femmes. Or ces douleurs, mon art est capable [151b] et de les éveiller et de les faire cesser. Voilà ce que je fais pour ceux qui me fréquentent. Mais il s’en trouve, Théétète, dont l’âme ne me paraît pas grosse. Quand j’ai reconnu qu’ils n’ont aucunement besoin de moi, je m’entremets pour eux en toute bienveillance et, grâce à Dieu, je conjecture fort heureusement quelle compagnie leur sera profitable. J’en ai ainsi accouplé plusieurs à Prodicos, et plusieurs à d’autres hommes sages et divins.
Si je me suis ainsi étendu là-dessus, excellent Théétète, c’est que je soupçonne, comme tu t’en doutes toi-même, que ton âme est grosse et que tu es en travail d’enfantement. Confie-toi [151c] donc à moi comme au fils d’une accoucheuse qui est accoucheur lui aussi, et quand je te poserai des questions, applique-toi à y répondre de ton mieux. Et si, en examinant telle ou telle des choses que tu diras, je juge que ce n’est qu’un fantôme sans réalité et qu’alors je te l’arrache et la rejette, ne te chagrine pas comme le font au sujet de leurs enfants les femmes qui sont mères pour la première fois. J’en ai vu plusieurs, mon admirable ami, tellement fâchés contre moi qu’ils étaient véritablement prêts à me mordre, pour leur avoir ôté quelque opinion extravagante. Ils ne croient pas que c’est par bienveillance que je le fais. Ils sont loin de savoir [151d] qu’aucune divinité ne veut du mal aux hommes et que, moi non plus, ce n’est point par malveillance que j’agis comme je le fais, mais qu’il ne m’est permis en aucune manière ni d’acquiescer à ce qui est faux ni de cacher ce qui est vrai «
Bonne journée!
Ps. Je réalise que ça fait un message un peu long. On pourrait s’endormir avant de finir à le lire. Si c’est trop, tu me le dis et j’efface ou je tranche dans le lard 😉
Peut-on dire d’un débat d’hommes politique, qu’il n’est pas très Maïeutique?
J’vais écrire comme Renart : Pouahahahahh!
Sylvain Marcoux,
effectivement, même phobosophe…
Encre,
ce billet est sérieux, mais se veut en même temps un peu drôle, par le choix du titre. J’ai décidé voilà quelque temps, de revoir mes maigres connaissances en philosophie, qui dataient de plus qu’une décennie, par la lecture premièrement du livre « 100 philosophes — Guide des plus grands penseurs de l’humanité », qui m’a donné le goût d’aller plus loin et de m’acheter quelques autres bouquins, dont « La philosophie pour les nuls », où j’ai appris l’existence de ce mot, hier.
Tout ça pour dire que je suis un ignare, plus ou moins que d’autres, mais que je travaille à en connaître plus… surtout à en comprendre plus, et à affiner mon esprit d’analyse.