On m’a fait parvenir récemment un lien vers un article du site Science Presse qui fait état d’un canular assez joyeux. Il s’agit d’un faux journal scientifique, Journal of Geoclimatic Studies, qui publiait sur le web un article au sujet d’une étude qui prétendait « que le méthane émis par des bactéries sous-marines jusqu’ici indétectées serait responsable de la hausse des gaz à effet de serre des 140 dernières années, écartant du coup toute responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. »
Donc, rapidement, une multitude d’enviro-sceptiques états-uniens, six cents stations de radio, entre autres, ont sauté là-dessus comme si c’était le Saint-Graal, et sont tombés dans le panneau! L’article est ici, si vous voulez en savoir plus.
Voilà bien la preuve que le sujet des changements climatiques est celui de l’heure, et que tous les coups sont permis! Et la blogosphère citoyenne n’est surtout pas en reste, comme en font foi certaines discussions récentes entre blogueurs des deux camps (gauche et droite).
Aussi, je ne peux m’empêcher de voir un lien avec « L’art d’avoir toujours raison » de Schopenhauer”. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce court essai démontre l’art de la dialectique éristique, discipline où tous les coups vicieux sont permis pour avoir raison dans la controverse, où la vérité n’est surtout pas le but à atteindre par l’argumentation, mais bien de nourrir sa propre vanité intellectuelle. Cela concerne surtout les discussions verbales, entre deux personnes devant des auditeurs, mais il y a des parallèles à faire avec ce qui se passe dans la blogosphère citoyenne, même si c’est au niveau de l’écrit, et qu’il y a possibilité de faire des hyperliens pour prouver un point, et d’avoir, si on veut, beaucoup de temps pour répondre aux attaques, comparativement à l’instantanéité de la forme dialogique de vive voix.
Ainsi, il semble bien que le débat autour des changements climatiques est fait sur mesure pour promouvoir les valeurs de chaque camp. Les uns vont croire aux études qui vont avec leurs valeurs, les autres avec les leurs : mais qui détient la vérité? Si on ne peut plus croire en la science pour donner des réponses justes, qui va-t-on croire?
Je serais tenté de dire qu’en ayant l’ONU de mon côté, et donc le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), regroupant 2500 scientifiques, je devrais donc avoir raison, mais je n’irai pas jusque-là, du moins pas encore…
Considérant que je crois que l’argumentaire anti-responsabilité-humaine-quant-aux-changements-climatiques repose plus sur « L’art d’avoir toujours raison » que sur la recherche de la vérité scientifique, j’aimerais bien recevoir ici des tonnes de sources scientifiques plausibles et vérifiées pour me faire une idée de ce que le camp adverse a à offrir.
Alors, j’attends.
« Si on ne peut plus croire en la science pour donner des réponses justes, qui va-t-on croire? »
Ehhhhhh, tu as déjà cru à la science?
Peu importe qui détient la vérité ou même ce qu’elle est; la réalité qu’on est tous à même de constater sur une base journalière, c’est qu’on consomme comme des sauvages et que la planète ne peut que bénéficier d’un changement de l’espèce sur cet aspect (au moins, sur cet aspect).
Je pense qu’on ne peut croire en personne que soi-même et son intuition. Depuis que j’ai lu le billet de Philippe David sur le réchauffement, j’ai pris la peine de vérifier des trucs et ça se vaut d’un côté comme de l’autre, même si la majorité des gens penche vers un plutôt que l’autre (ce qui n’est pas souvent gage de pertinence).
Sauf que, comme François dit, si l’argument du réchauffement causé par l’homme peut faire cesser les gens de consommer comme des malades, à tout le moins ça ne peut pas nuire.
Imaginez, par contre qu’on se prépare à un réchauffement catastrophique alors que l’activité humaine ne faisait que retarder une glaciation imminente, eh bien on sera bien crétins de s’être préparés à une canicule alors que c’est un blizzard qui nous attendait.
J’aimerais bien avoir une serre et des amis chez les Innu, question de parer à toute éventualité.
D’un côté, il y a les corporations qui font de l’argent avec le réchauffement climatique et de l’autre, les autres corporations qui perdent de l’argent. La science est au service de l’un ou de l’autre. Il faut toujours chercher qui paye les études et on peut ainsi rejeter ou accepter les résultats.
La science devient de plus en plus prostituée des corporations étant donné que les États diminuent les subventions…
Je suis tombé sur une entrevue radio très intéressante avec un certain Jean-Jacques Salomon. Il discute de et critique la Science comme source de toute vérité.
Une bonne perspective diffusée hier à l’émission Les Années Lumières, de Radio-Can.
Le lien (désolé pour la lourdeur du copy/paste):
http://www.radio-canada.ca/audio-
video/index.shtml#idMedia=1554648&
urlMedia=http://www.radio-canada.
ca/Medianet/2007/CBF/LesAnneeslumi
ere200712091305_1.asx&dureeMedia=1
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Guy,
je ne sais pas si j’ai tort ou raison, mais oui je crois minimalement à la science, en tout cas beaucoup plus qu’en la religion…
Eric,
quelquefois j’ai l’impression que l’opinion précède les faits, en tout cas ceux rapportés. Et je me considère aussi, comme François et toi, pour une réduction de notre incidence sur Terre, nonobstant toute autre considération, surtout monétaire.
Si nous sommes 6 milliards d’humains sur Terre et que nous devions vivre comme si nous étions seulement 3 milliards pour réduire notre empreinte, je ne vois pas pourquoi ça ne fonctionnerait pas, économiquement. C’est réellement là où la thèse de la croissance est absurde, parce que dans l’hypothétique, nous pourrions être seulement 3 milliards, avec la moitié moins de pollution.
Folly,
et l’État subventionne les corporations…
François,
merci pour le lien, je vais écouter ça sous peu.
Je crois que la vérité se trouve en quelque part entre les deux extrêmes. Quoique j’ai une réticence à croire que nous puissions avoir un si gros impact sur le climat, je ne suis donc pas convaincu que Kyoto soit une mesure efficace.
Par ailleurs, l’économie est une roue qui tourne et, qu’on l’aime ou non, la consommation est ce qui maintient notre niveau de vie. C’est ce qui fait que nous pouvons nous trouver un emploi relativement aisément (comparé à bien d’autres endroits) et que même les plus pauvres de notre pays ont un niveau de vie enviable comparé au tiers-monde. Y mettre un frein serait de mettre un bon nombre de personnes sur le chômage et causer un appauvrissement généralisé. Personnellement, je me considère relativement économe, mais je ne manque de rien au niveau des biens de consommation. Je ne suis pas du genre à changer de TV tous les 2-3 ans. Mais je verrais un ralentissenent de l’économie d’un mauvais oeil quand même.
Je ne suis pas contre le nettoyage de l’environnement comme tel, ou l’utilisation de technologies plus propres. J’applaudis toute initiative qui abaissera notre dépendance au pétrole, mais pas au prix d’une récession.
Philippe,
ça tombe bien que tu sois venu, j’ai quelques questions qui me trottent…
Quand tu te dis contre Kyoto, tu te dis essentiellement contre des mesures qui baisseraient les taux de gaz à effets de serre? Donc, si je comprends bien, tu es pour un statu quo même si tu prétends aussi être pour un assainissement?
Je vois ça comme une simple façon de balayer la saleté sous le tapis… Et avec une réduction globale de 5,2 % des émissions de dioxyde de carbone d’ici 2012, je ne comprends pas trop qu’est-ce qui peut bien vous faire dresser les poils sur les bras…
Aussi, quand tu mets l’emphase sur l’économie, sur son importance, n’y a-t-il pas une contradiction alors que, visiblement, tu ne crois pas en son pouvoir d’adaptation? Et pourtant, historiquement, l’économie s’est toujours adaptée aux événements, même s’il y a eu quelques krachs…
À mon sens, la société est basée sur de vieux schèmes archaïques, et il faudrait bien arriver un jour au 21e siècle!
Voilà le lien vers l’entrevue avec Jean-Jacques Salomon, à l’émission scientifique « Les années lumière« .
@ Renart
Je dois ici faire nuance. Je suis pour un assainissement général de l’environnement, mais je ne crois pas que Kyoto va résoudre grand chose. Premièrement, il ne faut pas mêler les choses: Kyoto ne vise que les émissions de GES afin d’amenuiser les effets de changement climatiques. Or il existe de bien pires polluants que le CO2 et Kyoto n’y fait absolument rien. Bienque nous avons sensiblement la concentration de CO2 dans l’atmosphère, le CO2 n’est pas nocif en soi et nous sommes très loins d’atteindre des concentrations problématiques. Le problème de base avec Kyoto est qu’il coûte beaucoup plus cher que les bénéfices attendus.
« Aussi, quand tu mets l’emphase sur l’économie, sur son importance, n’y a-t-il pas une contradiction alors que, visiblement, tu ne crois pas en son pouvoir d’adaptation? Et pourtant, historiquement, l’économie s’est toujours adaptée aux événements, même s’il y a eu quelques krachs… »
Kyoto impliquerait un ralentissment de l’industrie pétrolière en Alberta, qui est justement une des choses qui maintient notre économie en ce moment. Et le Québec comme plus gros bénificiaire de la péréquation, va définitivement y perdre au change.
Un krach ou une récession n’ont rien de plaisant. Des commerces ferment leurs portes en masse, des propriétaires doivent remettre leurs clefs de maison à leur banque à cause d’une hausse soudaine des taux d’intérêts, mises-à-pied à grande échelle, etc… Et chaque fois que c’est arrivé, c’est la reprise de la consommation qui nous en as sorti. Il y a déjà assez de causes externes qui peuvent amener une récession sans se tirer volontairement dans le pied, tu ne crois pas?
Avec l’argent qu’on va perdre dans Kyoto pour bien peu de résultats, on pourrait accomplir bien d’autres choses plus positives. En fin de compte, mon opposition à Kyoto se résume à un conflit coût vs bénéfices.
Philippe,
tu remarqueras que je parle d’adaptation de l’économie et non de krach.
Nous sommes tous les deux au courant que le gros problème environnemental est la pollution par le pétrole, et que cette pollution va au-delà du CO2 : j’en parle dans mon dernier billet et je t’invite, si ça t’intéresse, à continuer la discussion là-bas.
Parce que justement, je trouve que tu tentes de morceler le problème par ton discours en séparant l’économie du social, les gaz à effet de serre de la pollution, quand il est clair que le problème est global et concerne à la source la peur de perdre une qualité de vie que nous avons déjà perdu.
Bien d’accord avec toi, Renart.
Et puis, c’est quoi cette peur absolue et démesurée de voir disparaître des jobs?
Moi, ça fait 20 ans qu’on me martèle que je dois être « flexible » au point de changer de carrière à tous les 2-3 ans. Eh bien, c’est exactement ce que je fais depuis tout ce temps : je m’adapte au marché de l’emploi.
Pourquoi le plombier, le géologue ou le trucker qui travaillent dans les sables albertains pourraient pas faire la même chose??
C’est comme les 10000 emplois forestiers perdus au Québec depuis le début de la crise du secteur. D’aucune manière tous ces travailleurs vont ré-intégrer cette industrie; ils vont se recycler et on va passer à autre chose.
Et puis là, on parle de jobs dans un secteur qui nuit plus que tout autre au niveau de l’environnement (sauf peut-être l’industrie chimique).
Quand les pires scénarios-catastrophe se dérouleront, faudra se souvenir que c’était pour sauver des jobs…