Via Bon blogue, Bad blogue, je suis tombé sur un billet de l’écrivain Claude Jasmin qui dépeint un concept qui m’était inconnu, soit le « racisme inverti », qui serait la maladie pernicieuse « qui consiste, à l’inverse des « racistes ordinaires », à non plus à craindre les [immigrants], -xénophobie-, au contraire il est celui, complexé, qui se méfie systématiquement de ses propres compatriotes. » Ça me semble représentatif comme exposition, parce que je sens le germe de cette maladie en moi, mais j’ai peur d’embarquer dans son bateau…
Et il continue dans une lignée un peu plus objective, déballant la différence entre l’émigrant et le colon. Comme il dit :
Il y aura toujours des sophiste pour avancer que même Adam et Ève étaient des émigrants quand ils furent chassés de l’Éden. C’est rigolo… mais la farce cesse quand on refuse de distinguer émigrants et colons. Eux qui traversèrent un océan et cela en des temps effroyablement rudes -sans cargos rapides ou avions à jet- pour « faire de la terre » en arrachant les souches à déterrer avec un soc de charrue antique. Tel mon ancêtre en 1700. L’émigrant doit s’enligner, le pauvre, aux bureaux chics d’Émigration- Canada, doit jurer « fidélité à la Reine d’Angleterre » dans un joli parterre à fanions unifoliés. Un vaste monde les sépare. Les émigrants honnêtes en conviendront. Tant mieux si l’émigrant trouve, dès son arrivée, des aqueducs, des égouts, de l’électricité, des protections sociales organisés avec les fonds publics des générations de Québécois. Ô lampe à l’huile du temps des abatis ! Ô temps durs des valeureux prédécesseurs aux commencements du Québec !
Même là, il y a du chambranlant, même si les faits sont les faits, mais d’aucun ne voudrait vulgariser ça, ni se gargariser de ça sous peine d’excommunication civile. Parce que oui c’est du donnant donnant, et j’en conviens : l’offre (la dénatalité) et la demande (le rêve américain) sont des amis très viables. Mais l’auteur jette quand même une boule à toute allure sur les quilles qui forment les mots : nous sommes tous des immigrants! C’est que j’ai toujours ressenti un malaise à ce qu’on accuse mes ancêtres au travers de ma personne, car ma peau n’est pas du tout perméable. La culpabilisation a des limites.
Mais quand il vilipende le dernier film « Le peuple invisible » de Desjardins, d’une manière factuelle, « nos ancêtres n’enfermaient pas les autochtones d’ici. C’était Ottawa -ni Québec, ni le PQ- qui décidait d’attenter à la moindre intégration. Il installa ces maudites « réserves », ghettos pour les isoler. Ottawa gérait et gèrent encore les « statuts » des première nations. » mais qu’il annonce plus élaboré dans un prochain billet, il y a une partie de moi qui attends ses explications, l’autre qui a peur de suivre son sillon, puisque je crois au bien-fondé de la démarche du chanteur engagé. Pour être romantique, il y a une partie de moi qui s’effondrerait.
J’ai rarement été devant un billet qui me brassait autant la cage. Je suis le roseau, joignez-vous à mon vent.
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