La Belette m’en a fait part hier après-midi, le sujet est assez effrayant : la parution le 2 décembre dans le journal La Presse d’un texte de Carl Bergeron qui écarquillera sans aucun doute les yeux de « 99% des gens ». Je sais que tout le monde a droit à son opinion, mais le discours de cet homme est de l’obscurantisme, un pamphlet vantant l’intolérance, avec comme outil, une analyse subjective à outrance du dernier film de Denys Arcand : « L’âge des ténèbres ».
Et il est clair que le film comme base de son raisonnement n’est qu’un faire-valoir très accessoire, car Bergeron saute assez rapidement sur un sujet sans lien manifeste, étant donné la chronologie qui ne pourrait lier l’oeuvre d’Arcand et la politique récente (même s’il l’annonce sous le couvert facile de l’exemple…) : on y lit que la primauté de l’égalité entre les hommes et les femmes sur la liberté de religion est une « une formidable régression en matière de libertés civiles. » N’est-ce pas là une belle contorsion? Voilà, nous sommes bel et bien dans l’ère de l’hyperlien…
Alors qu’il continue sur sa lancée en invoquant la perdition de légiférer sur l’homophobie, que vous me permettrez de mettre au même pied d’égalité que le racisme, il affuble du qualificatif d’obscène le regroupement Divers/Cité. Et en plus, il ose se mettre lui-même en contraste avec le « puritanisme post-moderne » : l’auteur est quand même membre du comité de rédaction de la revue Égards, « revue de la résistance conservatrice (sic) », ce qui est assez absurde, car du puritanisme au conservatisme, il n’y a qu’un pas à franchir, admettons-le.
Aussi, il est assez discutable qu’un journal comme La Presse évente des propos comme ceux-là à tous les vents, ce qui tombe pile avec la sortie prochaine d’un livre de cet auteur. Serait-ce une manière de préparer le terrain? Il est certain que La Presse choisit son contenu, et pour leur avoir envoyé plus qu’à mon tour des textes qu’ils ont refusés, je le sais!
Je suis bien sûr pour la liberté d’expression, mais la tolérance à cette liberté devrait être assujettie de facto aux principes démocratiques d’égalité, de liberté et d’émancipation des hommes et des femmes. Au nom de ses propres valeurs, et de ses préjugés, Carl Bergeron fait glisser le débat dans des eaux boueuses. En espérant que Denys Arcand ne laissera pas salir son film à ce point.
(La photo provient d’ici)
Merci bon cher, vous êtes plus lu que moi, ça devrait réveiller du monde.
En plus, ces hurluberlus prétentent que c’est un «fait, outrageusement dénié depuis quarante ans, que le catholicisme est la religion traditionnelle du Canada français. S´il est vrai qu´une société nihiliste est une contradiction dans les termes, combattre le catholicisme signifie, chez nous, se mettre au service du nihilisme.» De là mon billet sur le protestantisme en Nouvelle-France.
J’aimerais bien lire ce que pense Arcand de cette récupération de son film!
Je pense que La Presse suit le vent et que si le vent souffle vers la droite, la Presse va faire pareil!
Oh… à propos… Chut! c’est belette avec un seul l 😉 mais c’est pas grave.
Voilà, c’est réparé, le « L » de trop est tronqué!
Après être paru sur UHEC, ce texte paraitra sur Cent Papiers prochainement si tout va bien.
Etant un étranger, je connais point ce monsieur, mais son discours je le connais trop bien. Son article pourrait être écrit par l’une de nos luminères évangéliques. La formule est bien simple, on récupère le discours critique des années 60 en inversant le sens. Alors que c’était la religion qui oprimait les gens, ces jours c’est les gays, les feministes, les docteurs qui pratique l’avortement qui sont les coupables pour tous les maux.
Ici, aux Etats-Unis, il y a toute une industrie anti-gay et M. Bergeron semble épuiser son discours de leur puits. Ça me fait me demander s’il n’est pas payé par Daddie Dobson (comme nous nommons James Dobson de Focus on the Family, ou Focus on your Anus qui est plus véridique). Il me semble qu’il serait plus à l’aise au Sud profond réactionaire que dans le Grand Nord progressiste.
A la fin, je trouve que le monsieur se nuit avec son mépris venimeux. Il ne ressemble pas du tout le Christ qui a commandé qu’on s’aime. Je pense qu’il sera très surpris quand il est mort à trouver qu’il n’était point chrétien.
M.Bergeron,
si La Presse n’avait pas publié son opinion, je ne le connaîtrais pas non plus… C’est ça le gros problème des grands médias : ils peuvent semer ce qu’ils veulent et maintenant les homophobes et autres religieux phobiques pourront nourrir leurs vices en suivant la carrière de ce Bergeron-là.
En passant, le progressisme dans le « Grand Nord » ne tient qu’à un fil, à mon avis, c’est bien pour ça que j’ai nommé mon carnet : résistant.
Concernant votre point sur le Christ, je suis tout à fait d’accord, car même étant athée je me considère plus près des enseignements du Messie christique que ce supposé chrétien, qui est plutôt crétin, à mon sens…
Merci beaucoup d’être passé!
Son texte n’est qu’un fourbi de phrases provoquantes mais qui ne veulent rien dire. Il n’y a aucune argumentation à proprement dit là dedans. Ça ressemble plus à un troll de la presse écrite.
« troll de la presse écrite »
c’est très bien dit ça, Ce bref réveil!
Sauf qu’habituellement un troll est indésirable…
Ça dit tout!
Mon cher Renart, tu écris à un rythme effrené et je peine à tout suivre, mais voilà! J’ai lu le billet de ce cher Carl Bergeron. Outre la très sympathique expression «la bonne fée Michelle Courchesne», qui semble en effet jouer les motivatrices profesionnelles par les temps qui courent, le texte est proprement scandaleux.
Toutefois, il n’est pas surprenant, étant donné qu’il provient d’un collaborateur de la revue «Égards», qui se définit comme une soi-disant revue d’intellectuels de droite conservateurs.
Le rigorisme et l’intolérance ne sont jamais bien loin quand on parle d’égalité.
PS: si tu as le temps, je te propose d’acheter la revue l’Inconvénient intitulée «Chrétiens malgré nous», où le philosophe Marcel Gauchet analyse les raisons qui poussent la société à revenir à la religion de manière épisodique au fil des siècles et des ans.
Ciao
Regard Urbain,
je suis surpris de ta réaction assez modérée par rapport aux propos de cet homme…
Mais en même temps je te comprends, car c’est effectivement un discours assez minoritaire, enfin j’ose le croire.
Merci pour l’idée de lecture!
Serait-ce Franco Fiori qui fait des siennes ici ? Un autre imposteur s’amuse.