J’ajoute ici un texte, paru avant hier sur UHEC, qui concerne le libertarianisme, du moins la vision obtuse qu’ils ont de la gauche. (J’ai aussi publié d’autres textes sur cette question du libertarianisme, ici, ici et ici.) À ce jour, il y a eu 67 commentaires, et c’est assez intéressant, bien libre à vous d’aller les lire et même de poursuivre la discussion si cela vous chante. Il y a des argumentations idéologiques assez tranchées, mais c’est toujours dans le respect, j’aime ça de même! Le voici :Deux billets, « Les subventions aux entreprises, symbole d’une banqueroute morale et intellectuelle » et « Pour la fin des subventions à l’entreprise privée » parus le 22 novembre sur Le blogue du QL m’ont beaucoup questionnés.Dans le troisième paragraphe du premier article, l’auteur émet un jugement sur la gauche, et je ne m’y reconnais pas, mais pas du tout :
Si votre amie est du type gauchiste qui croit qu’il faut imposer davantage les méchants capitalistes qui font du profit pour redistribuer cet argent aux plus pauvres, demandez-lui si elle serait d’accord pour abolir tous ces programmes étatiques d’aide aux entreprises qui redistribuent la richesse des citoyens ordinaires aux capitalistes, pour mettre à pied tous les fonctionnaires qui s’en occupent, et pour réduire de façon correspondante les impôts des particuliers. Et observez-là faire du patinage de fantaisie intellectuel pour justifier l’intervention de l’État dans l’économie et l’existence de ces programmes, même s’ils vont à l’encontre de ses prétendues «valeurs citoyennes».
En fait, ce que je comprends, c’est que les libertariens croient que tous les gauchistes sans exception sont étatistes, mais il n’en est rien. Mais, je comprends aussi et surtout que la logique libertarienne justifierait alors un retrait total de l’État partout à la suite d’un retrait au niveau des subventions aux entreprises.Pour ma part, je suis tout à fait en accord avec l’idée de couper les subventions étatiques aux entreprises, même s’il doit bien y avoir quelques entreprises qui en ont été vraiment aidées. Mais je ne vois pas pourquoi le monde des affaires ne pourrait pas se constituer par eux-mêmes un fond d’aide au démarrage de nouvelles entreprises, par exemple. La majorité des moyens financiers sont entre leurs mains et je ne m’inquiéterais pas outre mesure pour eux.Alors, je vous demande, est-ce qu’un gauchiste peut être en accord avec des idées que beaucoup considèrent comme étant de droite?Je crois que nous avons ici la preuve qu’il faut se positionner aussi au niveau étatique, les positions gauche-droite étant clairement insuffisantes pour nous sortir de cette impasse idéologique.(La photo provient d’ici.)
« Mais je ne vois pas pourquoi le monde des affaires ne pourrait pas se constituer par eux-mêmes un fond d’aide au démarrage de nouvelles entreprises »
Parce que les entreprises déjà en place ne bénéficient que marginalement de la création de nouvelles entreprises. Parce que ce système ne pourrait s’auto-réguler par la loi des marchés, et parce que les états sont en compétition entre eux pour favoriser la création d’emploi sur leur territoire.
Sur UHEC, un libertarien m’a répondu ça : « Ca existe déja depuis longtemps. L’équivalent aux subventions dans le privé c’est…. des investisseurs. Bien sur, ceux-ci subissent les effets perverts de la taxe, qui nuie à leur capacité de faire ainsi. »
Alors, ce que je pense, c’est que le système n’est pas capable de penser plus loin que l’économie. J’ai bien hâte que le contrôle soit pris par des économistes créatifs… La « loi des marchés » n’est pas immuable, en fait rien ne l’est.
La mondialisation, en pesant le pour et le contre, me semble la pire évolution à prendre pour l’humanité, mais c’est déjà trop bien installé. C’est une manne pour les étourdis profiteurs et opportunistes sans coeur qui jouissent en regardant des chiffres, ou des choses encore pires…
Beurk!
Le commentaire provenant de UHEC confond capitalisation et subventions. Ce n’est pas tout à fait la même chose.
Quant à l’immuabilité de la loi des marchés (la réponse de l’offre en fonction de la demande et vise-versa), on peut la modifier en y apportant des contrôles, mais cela me semble-t-il, était justement l’idée opposée du billet.
Pour en revenir à votre question première, je ne crois pas que l’on puisse être de gauche sans proner l’intervention de l’état. Le principe de la gauche étant de régulariser la création et la distribution de la valeur.
«ne crois pas que l’on puisse être de gauche sans proner l’intervention de l’état.»
Eh bien je dois être une originale — ou plutôt une «New Labour» — mais je suis contre l’intervention de l’État — dans les domaines où je la juge inutile, voire nuisible. Je ne crois pas tellement aux subventions aux entreprises, comme je le disais d’ailleurs sur UHEC. C’est souvent inefficace (presque toujours!) sur le plan économique, c’est ouvrir la porte à la corruption et c’est une façon de se débarasser lâchement d’un problème.
Quand un secteur industriel est carrément en voie de disparition à cause de la mondialisation, tout ce que les subventions font, c’est retarder l’inévitable et gaspiller l’argent des contribuables pour venir enrichir une entreprise qui quitera peut-être le pays. Ce serait bien mieux d’aider les travailleurs à se recycler!
Ce bref réveil,
oui, il y a une gauche non-étatiste et elle se nomme : anarcho-socialisme.
En gros, elle prône des valeurs de solidarité et une prise en charge de la société par les citoyens, donc une responsabilisation accrue de tous les éléments du groupe. Par malchance, elle est moins connue que son pendant de droite, le libertarianisme, qui met tous ses oeufs dans le même panier (l’économie), laissant le social et l’environnemental à sa merci.