Félix, un de mes lecteurs et participant actif au blogue Opinion du site Branchez-vous, me demandait de l’aider, sur mon texte par rapport à la sortie de Pierre Légaré, mais je vais déplacer cette discussion ici parce qu’elle déborde du sujet. Voilà sa demande :
[…] j’aimerais que tu regarde attentivement le sondage provinciales sur les accomodements raisonnables […] Ce sondage me pue au nez, il est tous sauf objectif et as été construit de façon à ce qu’il tombe favorable aux accomodement raisonnable. J’ai envoyé une lettre ouverte au Devoir, à la Presse et au Journal de Montréal, mais je doute que le message va passer de cette façon. J’aimerais donc […] que tu transmet l’information et m’aide à faire pression sur le gouvernement pour qu’il corrige le tir. […] Ton aide serait plus que bienvenue. […]
Il ajoute aussi, un peu plus loin :
[…] Je vais poursuivre en te donnant la définition de accomodement: « Accord obtenu par des concessions des parties en présence. » Maintenant, à la première question: « Permettre, pour des raisons religieuses, à un enfant de manger autre chose que le menu habituel de sa garderie ou de la cafétéria de son école. »Jamais il n’a été question d,interdire l’enfant d’apporter son lunch, la question devrait-être: Doit-on modifi. les menu des cafétéria pour qu’il soit conforme à leur religion. La huitième et neuvième question (dont celle de la femme enceinte) n’ont absolument rien à voir avec les accommodements raisonnables et ne sont présente que pour favoriser le sondage. […]
Et ma réponse :
Félix,je me penche sur ton questionnement et je remarque que ta reformulation, de « Permettre, pour des raisons religieuses, à un enfant de manger autre chose que le menu habituel de sa garderie ou de la cafétéria de son école. » à « Doit-on modifi. les menu des cafétéria pour qu’il soit conforme à leur religion. », tend à amener la problématique du côté « déraisonnable ». C’est clair qu’un questionnaire de la sorte, axé sur des cas extrémistes, obtiendrait des résultats majoritairement négatifs. Mais je crois que cet exercice se veut de dresser la ligne entre le « raisonnable » et le « déraisonnable » : il est donc normal de sonder les gens sur des questions qui se situent le plus possible quelque part entre les deux.
Concernant les questions que tu trouves impertinentes (comme celle concernant les accommodements aux femmes enceintes), moi je trouve qu’elles sont très bien, car elles ont le mérite de nous faire réfléchir sur notre racisme. Si pour une question tu es d’accord pour accommoder une femme enceinte et que sur une autre question semblable tu n’es pas d’accord « seulement » parce qu’elle concerne un problème avec les communautés culturelles, il faut te poser des questions sur ce qui colore ton jugement…
Par exemple, je suis d’accord pour qu’une entreprise (par l’apport de lois du travail) accommode une femme enceinte monétairement parce que cela concerne le bien commun, encourage la famille et le travail des femmes. Par contre, je suis en désaccord avec le fait de payer des congés de plus aux gens pratiquants : la vie physique est possible sans adhérer à une religion, alors c’est du superflu pour la société, nous ne devrions pas payer collectivement pour quoi que ce soit qui concerne la religion d’un et de l’autre.
La vie religieuse est personnelle à la base et la foi est invérifiable de l’extérieur, donc il est impossible de démasquer quelqu’un qui tricherait pour obtenir des avantages. Mais si les pratiques religieuses n’entrent pas en conflit avec le bon fonctionnement de la société et du travail, je n’ai rien contre. Il peut bien y avoir des salles de prière dans les entreprises si les règles sont claires et que la pratique religieuse de quelques employés ne devient pas un bonus rémunéré par rapport aux autres employés.
Alors oui, je trouve le questionnaire très bien pour sonder où se situent les gens en général. Désolé de te décevoir, mais j’espère que tu comprends que le but de toute cette histoire n’est pas de nous monter les uns contre les autres, mais de trouver un terrain d’entente.
Ajout (15h30) :
Je viens d’aller lire un texte de Moko, en fait il répond aux questions du sondage sur les AR et élabore ses réponses, ce qui n’est pas possible sur le site. En somme, un très bel exercice qui nous confronte à nos propres réponses. À lire.
Je tiens d’abord à te remercier, Renart, pour ce billet.
Pour répondre à ta question précédante, c,est effectivement la conciliation famille-travail ainsi que la question sur la grossesse qui sont inadaptés. Je m’explique:
Concernant la grossesse, c’est plus un problème d’ordre physique que spirituel. Je ne comprends pas comment qu’une question tel qu’un rendez-vous chez le médecin peut-être intégrer aux accomodements raisonnables. Il me semble que si tu as une bonne raison d’aller chez le médecin… vas-y. Surtout que c’est, parfois, loin d’être aisé d’en voir un.
Concernant la coalition travail-famille, encore une fois, les raisons énoncé n’ont rien à voir avec un quelconque côté culturel ou religieux. Lorsque nous avons un proche qui souffre, nous voulons être à ses côtés et vice-versa. Cela remonte le moral et aide à la guérison. Même chose pour les enfants, une plus grande présence parentale fait des enfants mieux éduquer et plus respectueux… en autant que les parents leur inculque cette pensée, évidemment.
Sur le reste de mes réponse, je rejoint plus souvent qu’autrement les arguments de Moko.
Mais ce dont je déplore le plus de ce questionnaire est qu’il va certainement être utilisé pour promouvoir les accomodements, et ce, même si il est biaisé des le départ puisque les répondants démontrent un certain intérêt à la base. Je serais prêt à le parier. Ce n’est pas pour rien que els choix de réponse sont évasives.
Encore une fois, merçi.
Félix
S’il y a quelque chose qui me heurte dans le document de la commission, que j’ai lu attivement d’un couvert à l’autre, c’est bien davantage l’utilisation systématique de la notion de « canadiens français » pour définir les Québécois. À un seul endroit ose-t-on utiliser le terme « nation québécoise ».
Du reste, nulle part dans le texte il est fait mention de la lutte pour l’indépendence, comme si cette lutte n’existait tout simplement pas, comme si l’incident des « votes etnniques » était tombé dans les oubliettes canadiennes. Hors il me semble qu’il faut soulever cette question de la crainte des Québécois de ne plus pouvoir décider de l’avenir du territoire où ils sont majoritaires. Ça fait parti des causes du malaise, tout comme la dimension économique que j’ai soulevée sur mon blogue et sur Cent papiers, avec une réponse fort intéressante d’une montréalaise qu a travaillé auprès d’immigrants dans ce dernier cas.
Je signale d’autre part que la Commission penche fortement en faveur d’une vision multiculturelle de l’intégration des immigrants. Pour ma part, j’aime le concept de métissage qu’elle nous présente sans trop y croire. Nous sommes déjà une nation métissée, et nous ne nous en portons pas plus mal pour autant. Robert Lepage avait fait une exposition magnifique au Musée de la civilisation de Québec sur le métissage. C’est une des belles et inspirantes expositions que j’y ai vues.
Félix,
je suis content de ne pas t’avoir fâché puisque je ne suis pas d’accord pour t’aider dans ta croisade. Par contre, je vais encore me répéter, mais quand tu écris que tu « déplore le plus de ce questionnaire est qu’il va certainement être utilisé pour promouvoir les accomodements », il faut faire la distinction entre « raisonnable » et « déraisonnable ». Si ce sont des accommodements déraisonnables qui sont promus, je serai le premier à monter aux barricades. S’ils sont raisonnables, ça ira de soi et tout le monde (enfin presque) sera content.
Michel,
Je n’ai pas lu le document et je suis content que tu soulèves ici ces questions.
Pour ce qui est de la notion de « Canadiens français », est-ce que ce serait à cause de tractations conceptuelles avec M. Taylor qui est, on le sait, un ardent défenseur du fédéralisme?
Renart,
si je frusterait par ton refus d’aider ma cause, je ne serais pas mieux que ceux dont je tente de dénoncé. Je ne voudrai jamais à quelqu’un de ne pas suivre un mouvement et j’espère qu’il fera de même avec moi. C’est ça la liberté respectueuse.
Je suis bien content que tu adoptes cette attitude. C’est tout en ton honneur.
Mais je serais quand même curieux de lire les lettres que tu as envoyées aux médias… J’aimerais vraiment finir par comprendre ton point de vue. Je ne suis pas certain : j’ai l’impression que tu penses que cette commission devrait seulement parler des cas comme celui du YMCA alors que la question est plus globale et subtile, et à propos de ce que nous pouvons accepter et non de ce que nous n’acceptons pas déjà parce que c’est évidemment préjudiciable pour la majorité. Si, comme tu sembles le vouloir, à la majorité des questions la majorité des gens sont en désaccord, pourquoi en faire un débat alors?
Je n’ai, malheureusement, pas de copie sauvegardée de ces lettres. Toutefois, je vais décortiquer mon désarroi de façon simple.
J’ai remarqué, dans plusieurs enquêtes et sondages, que lorsqu’ils veulent un résultat prémédité, ils ont tendance à y intégrer certaines question d’ordre sentimentale effleurant à peine le sujet (comme c’est le cas des femmes enceinte… qui n’ont aucun rapport avec une quelconque question culturel, du moins, à ma connaissance.) J’ai aussi constaté que les politiciens ont tendance à privilégier ces études pour promouvoir leur point de vue au publique.
Je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire, si ce n’est pas le cas, fait moi signe et j’essaierai autrement.
Félix,
je comprends ce qui te trouble, mais à la base, le concept d’« accommodements raisonnables » inclus tous les accommodements, pas seulement ceux accordés aux immigrants. Alors dans ce cadre, assez large j’en conviens, comment vois-tu les questions?
C’est très simple Renart.
Sur le site, ils décrivent très bien que ce sondage fût créer parrallèllement à la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles. Or, ces deux questions n’ont strictement aucun rapport avec la question culturel et qu’ils savent d’avance que le peuple leur sera favorable. C’est ainsi que la simple présence de ces deux questions fausse le résultat du questionnaire.
source: http://www.accommodements.qc.ca/commission/mandat.html
Félix,
j’y reviens à l’instant (de l’adresse que tu m’as laissée) et ce point, « de dresser le portrait des pratiques d’accommodement qui ont cours au Québec » pourrait bien servir à défendre ces deux questions, car ce sont bien des accommodements, même s’ils n’ont pas rapport aux différences religio-culturelles. Et, étant donné que ce sondage ne sera pas considéré d’une manière scientifique, je pense que la seule critique que nous pouvons faire à cette commission c’est de ne pas avoir proposé une vraie consultation en ligne, nonobstant ce petit sondage trop bref, et peut-être bien pas assez centré sur les questions touchant les immigrants.
Si tu es sur Facebook, Michel Monette a démarré un groupe sur cette question. Ça serait une meilleure manière de dépenser de l’énergie sur cette question…
Merci pour le lien