Il est difficile ces jours-ci de passer à côté de toutes les questions liées à l’immigration et aux accommodements raisonnables. Ça va être un peu radical et même trop simple ce que je vais commencer par écrire, mais si le fait que pour un immigrant c’est un PLUS au niveau de son train de vie de venir s’installer ici, il faudrait bien en retour qu’il accepte que cela soit un MOINS au niveau de ses habitudes culturelles, puisque le culturel est grandement social et que son milieu social change radicalement. C’est vraiment ça que je ne comprends pas quand, par exemple, je vois dans le métro une bande de jeunes filles latines et qu’une d’entre elles m’aborde en baragouinant l’anglais… Il y a certes un problème de communication qui gonfle et qui gonfle encore. Il me semble que l’affichage en néon et en français est assez omniprésent…
Il me semble aussi qu’après ce Grand Voyage, c’est impossible que la vie d’un immigrant ne change pas du tout au tout et que sa vie devrait changer assez pour que nous puissions en partie nous reconnaitre en lui. Le mimétisme est la clé, et si ça ne fonctionne pas, c’est que le processus d’immigration est bâclé, sans parler du niveau de ghettoïsation de chaque communauté culturelle qui tend à aspirer ces nouveaux arrivants, et c’est normal : qui se ressemble s’assemble.
Et je ne suis surtout pas en train de faire l’éloge d’une culture québécoise monolithique : les Québécois ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant, ils sont beaucoup plus tolérants et ouverts d’esprit. Alors, je m’attends à voir cette ouverture se manifester autant du côté du nouvel arrivant et que cela soit clair dès que son choix de venir s’installer ici a été officialisé. Un changement en amène un autre et il est clair que le processus de sélection des immigrants doit être concerté pour que cette ouverture en soit l’élément principal. Pour la question religieuse dans cette sélection, il faudrait fuir l’orthodoxie le plus possible, accueillir plutôt les gens les plus modérés pour éviter les problèmes le plus possible.
Donc, je ne suis pas d’accord avec Vincent Marissal quand il écrit qu’« il n’y a pas de réel problème d’immigration, d’intolérance ou de cohabitation ici. » Au contraire, j’ai l’impression que le laxisme gouvernemental, surtout sous le pouvoir du Parti Libéral, ne fait que grossir le problème de l’immigration à saveur « canadienne » qui entretient le non-respect de la majorité « provinciale » : et je l’installe entre de belles parenthèses, juste pour mettre le doigt sur l’odieux du statut que ce terme suggère… Par contre, il y a du vrai dans son affirmation qu’« Il n’y a que des incidents anecdotiques isolés montés en épingle par les médias et savamment récupérés par un politicien opportuniste aussi habile à lire les sondages qu’inepte à pondre des politiques d’ensemble cohérentes. », mais je crois que l’exercice de Bouchard et Taylor est primordial et que nous devons en profiter pour faire passer nos messages le plus clairement possible.
Profitons-en pour nous tenir debout, pour une fois!
Bien d’accord avec toi! J’ajouterai que nous avons un niveau de tolérance assez élevé pour ne pas dire parfois indifférent au Québec. Cependant, nous ne pouvons pas attendre d’eux qu’il arrive ici avec une ouverture telle que nous voudrions. La plupart des immigrants proviennent de pays monolithique: religieusement et culturellement. Donc, il est primordial de les intégrer et les suivre à long terme, du moins, les premières années.
Le travail bâclé conduit inévitablement vers une fermeture culturelle des immigrants et par le fait même des Québécois #pur laine». Alors, il ne faut pas s’emporter et suivre l’ADQ… Ha non, je viens de transgresser ma règle de ne pas cibler un parti politique…
Ton point de vue de Montréalais est fort intéressant. Mais il faut surtout éviter de sombrer dans le mur à mur en ce qui concerne la question des accommodements raisonnables. J’ai aussi manifesté un certain désaccord avec les propos de Marissal, mais ça touche plutôt les régions à l’extérieur du Grand Montréal. On risque de passer à côté du vrai problème, hors Montréal : le déclin des régions. Les immigrants sont le bouc émissaire facile – exploité par l’ADQ – d’un sentiment de frustration engendré par un développement économique qui vide les régions de leur population.
Montréal et les alentours, c’est autre chose : une ville aux dimensions de plus en plus mondiales, habitée par une âme québécoise. Comment ne pas vendre cette âme pour faire partie des grandes villes du monde, voilà selon moi la question à laquelle doivent répondre les Montréalais.
Dans un cas comme dans l’autre, c’est d’une réelle alternative politique, économique et sociale d’une gauche aux valeurs à la fois ancrée ici et pluralistes dont a besoin le Québec.
Folliculaire,
ce texte m’a pris beaucoup d’énergie, car j’ai pesé mes mots pour ne pas paraître trop intolérant, justement. Mais je crois que ça va au-delà de la tolérance, je parlerais plus de fierté.
C’est plate à dire, mais ça m’arrive d’esquiver une discussion avec des gens qui ne parlent pas français, juste pour leur faire sentir que leur refus de faire cet effort n’est pas bien vu ici. Bien sûr que je me sens mal, mais je dois me sacrifier pour contrebalancer avec la majorité de gens qui s’en foutent complètement et qui perpétuent la croyance qu’au Québec le français est optionnel.
Il faudrait même que nous soyons chauvins pour rétablir un équilibre. Notre originalité en Amérique en serait bien un beau point de départ.
Michel,
je pense que le problème des régions pourra se régler seulement à long terme avec l’apport des immigrants. Pour cela, il faudrait justement une encore plus grande adhésion à la culture et langue commune afin d’amoindrir le choc culturel d’un côté comme de l’autre. Il est certain qu’un immigrant bien assimilé au Montréal anglophone ne sera jamais tenté d’aller s’établir en région : ça va de soi. Alors oui pour un questionnement sur l’identité québécoise dans l’identité montréalaise.