Pour plus d’information quant au sujet de cette publication, consultez L’accord tacite #1.
4) J’accepte de rémunérer les banques pour qu’elles investissent mes salaires à leur convenance, et qu’elles ne me reversent aucun dividende de leurs gigantesques profits (qui serviront a dévaliser les pays pauvres, ce que j’accepte implicitement). J’accepte aussi qu’elle prélèvent une forte commission pour me prêter de l’argent qui n’est autre que celui des autres clients,
Ce point est cruel puisqu’il nous rappelle notre (supposée) impuissance devant les règles et les politiques bancaires. Pourtant, c’est notre peur du vide, notre angoisse d’avoir à se responsabiliser qui nous mène à voter pour des partis politiques qui participent à cette mascarade dans lequel nous sommes empêtrés.
Pratiquement tout le monde, même les plus en faveur de l’implacable loi du marché, trouvent que les profits des banques sont exagérés. Alors, je me pose une question qui semblera ridicule de prime abord : si la société était basée sur les fraises, est-ce que nous trouverions absolument normal que les producteurs de fraises fassent la loi et volent (légalement bien sûr!) les citoyens parce qu’ils connaissent bien les fraises et tout ce qui tourne autour de ce sujet?
Sûrement au même niveau que l’argent. Mais le fait de changer l’argent en fruit permet de considérer l’absurdité de son pouvoir. Il est tellement difficile d’en avoir que ceux qui travaillent pour en obtenir sont pris dans le cercle vicieux de pratiquement tout baser sur les fraises, même si ce n’est qu’un fruit. Ceux qui ne travaillent pas se contentent de manger tout ce qu’ils reçoivent par charité et d’avoir la faim comme amie imaginaire. Et ceux qui ne travaillent pas beaucoup, comparativement à la quantité de fraises qu’ils ont, les laissent pourrir; la puanteur se répand, mais l’engrais ne vient pas aider à l’agriculture; il n’y a pas de retour : le cycle est enfermé dans de belles grosses boîtes en fer.
Et le profit, en tant que tel, n’est-il pas suspect? Qu’est-ce qui le justifie? Dieu? La génétique? La chance? Le travail? Il est un privilège, bien sûr, mais si on l’accepte comme tel, sans enclaves, il devrait pouvoir être infini! Le problème, c’est de savoir où s’arrêter, pour nous et pour eux. Et je ne pense pas que collectivement on le sait étant donné que le profit est toujours l’eldorado, le but ultime qui passe avant même l’humanité.
Comme l’écrivait si bien en 1983 Antony Storr, psychiatre anglais, dans son livre The Essential Jung (Princeton University Press) :« Il est surprenant que l’homme, l’instigateur, l’inventeur et le véhicule de tous ces développements modernes, l’auteur de tous les jugements, le preneur de décisions et le planificateur du futur, doive se considérer comme une telle quantité négligeable. »
(L’accord tacite #5 c’est par là.)
Maudit lobby des fraises. Je fais dans les pommes, et quand je veux convertir ma devise en fraises, le lobby des fraises me pique de 1 à 4% de mes pommes, et je me fais baiser. Au moins, j’ai fait un peu de jus pour avoir de l’argent liquide.
Pour sortir de la blague, les ISR (Investissement socialement responsable) ont commencé à apparaître dans les banques, à la demande de plusieurs clients. On ne voulait pas que notre argent soit investi dans des entreprises qui faisaient fructifier nos économies sur le dos des autres.
Un professeur d’économie du Bangladesh, Muhammad Yunus, a proposé d’utiliser le microcrédit. Le principe est simple: prêter de petites sommes aux pauvres. C’est un principe qui s’apparente, de loin, à la naissance du mouvement Desjardins. Rapidement, cette idée a fructifié, au point tel qu’il a fondé la banque Grameen Bank, qui ne prête qu’aux populations défavorisées. On estime que 100 millions de personnes actuellement bénéficient du microcrédit. C’est devenu possible de voir son actuaire (pour ceux qui en ont un) et de demander d’investir uniquement dans des entreprises socialement responsables.