J’ai relaté voilà quelque temps sur un blogue un problème que j’ai déjà eu, c’est-à-dire une crise de panique. Le thème de cette semaine, « La crise d’angoisse », sur le site littéraire « Les Impromptus Littéraires / Coitus impromptus V.3.0 » m’a donné l’idée de décrire mon expérience de manière poétique. Je l’ajoute ici pour vous :
Ceci ne sera pas de la fiction. Pas même un grossissement à la loupe. Pas celle du scientifique en tout cas.
L’obscurité qui m’a enveloppé est plus ténébreuse que de se fermer les yeux. Du noir, parfaitement sans lumière. La mort serait la plus parente comparaison.
Après coup, c’est comme un deuil de soi-même. La respiration courte comme un fil blanc, pour observer cette vie qui entre et sort en soi — un miracle incessant — pour recoudre le redressement, à coup de pioche sur l’optimisme : c’est une montagne bien dure à percer lorsque l’angoisse a malmené, comprimé comme une éponge son propre coeur.
Je le disais sans trop de pudeur, je l’ai vécu véritablement. La distance temporelle m’est serviable puisque je peux sourire pendant la description.
Cette panique est un mystère contemporain. Je ne pourrais pas être plus flou sur cette crise qui m’a laissé pantelant. Mais c’était une sorte de folie qui poussait comme un plan d’herbe à puce, chatouillait ma confiance en cavalcade. Précurseurs d’un drame, des mois de tiraillements m’annonçaient quelque chose, mais sans le pointer ni l’annoncer. Je me suis retrouvé par terre — black-out — alors que je me devais d’être plus vivant que d’ordinaire : mon pain et mon beurre me le demandaient.
Quand j’y repense, c’est presque drôle, dans la mesure où il n’y avait pas de monstre ni de fantôme pour m’apeurer. Quelque chose en moi a déglingué mes mécanismes de défense. La source du pourquoi a toujours été perdue et je ne saurai jamais comment la reconnaître. À la place, j’ai composé un nouvel être qui contient encore celui d’avant la chute. Ce n’est pas du tout original : personne n’est à l’abri des malheurs ni des bonheurs qui tissent cette épopée anecdotique qu’est la vie dans sa durée.
Sinon, je n’y pense plus, sinon rarement, c’est de l’histoire ancienne. J’ai délibérément évacué le plus possible la description réaliste pour mettre l’emphase sur les images, pour ne pas réactiver l’empreinte, cette clé que j’ai avalée. La peur que ça me reprenne est toujours tapie quelque part. Quand je sens l’odeur du vide, j’en ai des sueurs froides.
Ce texte m’émeut énormément, Renart, à un point que tu ne saurais imaginer. Je suis tombée, en 2003, et je commence à peine à pouvoir regarder cette période de ma vie en pleine face. Je me dis parfois que de tenter de l’écrire -et de la publier sur mon blogue- aurait l’effet d’une thérapie. Ne serait-ce que de nommer cette mort… Si je le fais, tu auras certainement quelque chose à y voir. Merci d’écrire, Renart. Et merci d’exister, aussi.
Caroline G.,
je ne me souviens plus trop, mais je pense que mes crises me sont arrivées un peu avant toi, peut-être 2001-2002. Ça m’a pris au moins 6 mois avant de me sentir normal, toute émotion me chavirait : je me souviens d’un party de fête au restaurant où il a fallu que j’aille dehors parce que j’étais tellement ému que je me suis mis à paniquer.
De te le raconter comme ça en détail est plus difficile que par la façon plus vague que j’ai emprunté par ce texte. Alors, je te conseille d’y allez mollo… Trouve une façon confortable de te l’approprier, symbolise-le, et prends chaque petit pas comme une victoire.
Je me suis beaucoup posé de question sur ce trouble puisque je suis un homme, une minorité paraitrait-il à en être sujet : cela arriverait plus aux femmes, car souvent c’est relié aux menstruations qui dérègleraient le système nerveux ou quelque chose du genre. Je le dis même si tu dois déjà le savoir. Mais ça tombe que je suis un homme très sensible, ça doit avoir rapport à ça.
Aussi, je me demande presque sans trop y croire si ce n’est pas en partie l’environnement hostile (globalement) qui nous modifie, tellement ces crises sont absurdes (en tout cas les premières!). C’est une réaction disproportionnée à un petit stress qui, normalement, devrait passer comme une pensée que l’on oublie assez rapidement : ma première a été provoquée par une petite crainte de voir mon patron arriver au bar alors que c’était tranquille; la deuxième, c’était le lendemain, le stress d’avoir à chercher une chanson à mettre m’a fait filer mal (alors que mon travail consiste justement à ça)!
J’espère que ça va beaucoup mieux pour toi et t’encourage à t’approprier ce moment de ta vie de la meilleure manière possible!
Ce qui a de beau chez les gens inébranlables c’est leurs failles…
À quelque part c’est salvateur puisque ça les pousse à grandir encore et ancrer leurs racine plus profondément, leur évitant ainsi une chute fatale.
T’es pas si folle à lier en fin de compte! Hé hé!
C’est très philosophique ce que tu dis, j’aime!
chut! surtout ne le dis à personne!!!
S’approprier sa propre existence, c’est ce que ton texte m’inspire. Nous y passons tous, et même si cela devrait être facile, c’est une des choses les plus difficile.
Merci de ce texte, d’une grande sagese.
La lecture de ton expérience me rappel celle d’un ami que j’ai aidé dans le passé.
Pour moi qui n’avait jamais eu de crise d’angoise, ce fut tout un choc de voir en temps réel quelqu’un entrer dans une telle spirale de panique. Je réalise que j’en suis encore marqué.
Je connais encore bien ce phénomène. Depuis une chute quasi mortelle en 2005, il me suit, comme mêlé à ma propre ombre, se cachant derrière mes pas et me faisant trébucher quand il se dresse devant moi, dès que je tourne le dos à la lumière. J’en avais peint le portrait sur mon blogue aussi, si tu veux jeter un coup d’oeil:
Quand l’angoisse pique sa crise
Malgré la division dont il nous fait souffrir quand il se produit, sa description dans ton texte nous rassemble, et pour cela je t’en remercie.