Voilà quelques citations que je viens de voir sur antagoniste.net, organe préféré des propagandistes de la droite, tiré de l’autobiographie de Jesse Ventura, gouverneur du Minnesota de 1999 à 2003. L’auteur du site a ajouté « Des propos que les états providences devraient méditer… ». Je vais tenter de les décortiquer à ma manière, même si je ne suis pas un « état providence »… Mais qui donc pourrait se targuer d’en être un? C’est comme demander à une chaise de se défendre…
#1 : La défense d’une juste cause ne donne pas droit à l’argent public. Il existe beaucoup de causes excellentes, et l’État est incapable de les prendre toutes en charges.
Si l’État peut investir dans l’économie, pourquoi pas dans les justes causes? L’existence de l’État devrait garantir une tentative de régulation des problèmes, parce qu’il est et surtout devrait être, à la base, une sorte de syndicat global qui régirait les rapports de force dans la société, puisque l’égalité des chances n’existe pas. Donc, la pensée de cet homme est réductrice et négative quant aux possibilités d’une société plus juste, occultant ainsi les moyens réels et les possibilités de régler les problèmes puisque ces moyens monétaires sont pris en otage par les nouveaux rois du corporatisme et leurs groupuscules de pression.
#2 : Je crois qu’au fond, la plupart des citoyens comprennent que l’État ne peut pas fonctionner quand il se transforme en organisme caritatif.
Je détournerais cette phrase vers l’idée de prévention et non de charité, qui, cette dernière, tente de régler les problèmes à la sauvette, sans jamais les régler (donc, mon opinion sur la charité personnelle est assez négative — puisqu’elle est aux prises avec le « bon vouloir » de chacun, le hasard des causes à la mode — et mon opinion sur la charité étatique est qu’elle n’agit seulement que comme un pansement sur la bactérie mangeuse de chair…). Si je comprends bien, cet homme croit que l’État n’a pas d’emprise sur la réalité, qu’il ne pourrait influer sur autre chose que la bonne marche de l’économie, comme si elle était séparée du reste…
#3 : La Constitution garantit le droit à la vie, la liberté et la recherche du bonheur – un point c’est tout. Il ne garantit pas le droit à la charité…
Cette citation expose bien tout le mépris de cet homme envers le bien commun, comme source de changement positif. Le droit à la vie, la liberté et la recherche du bonheur ne sont pas seulement des recherches égoïstes, qui ne concernerait seulement que le bonheur de sa famille et ses amis. La liberté de celui qui exploite ceux qui sont en dessous n’est pas protégée nécessairement de l’autre qui se trouve libre de se venger de la manière qui lui conviendra. Une société qui n’a plus comme base le bonheur de tous peut bien se protéger par les armes et la peine de mort : c’est le chemin le plus court, penser à des solutions positives n’est pas le propre de la pensée sociale économique à courte vue.
#4 : Il ne faut jamais oublier que l’État ne gagne pas un seul dollar qu’il dépense. L’argent qu’il vous donne doit être pris à quelqu’un d’autre.
Voilà qui représente bien la cupidité extrême. Cet homme a vraiment été gouverneur pendant quatre ans? C’est une vraie honte pour l’Humanité.
#5 : Quand quelqu’un veut aller à la fac sans payer ses études, décide d’avoir des enfants sans s’y être préparé financièrement, ou a fait des mauvaises affaires, il est injuste que cette personne prenne l’argent des autres.
Si une société décide d’un commun accord que le bonheur et la richesse de tous ses enfants passent par une éducation gratuite de qualité (qui entre autres cultive le sens critique), il y a de fortes chances que les mauvaises décisions que cet homme à la vue basse nous expose soient moins courantes.
#6 : D’autant plus que dans de nombreux cas, le dindon de la farce est quelqu’un qui a fait des choix plus sensés. Veut-on pénaliser ceux qui mènent leur vie de façon responsable?
Pénaliser de quoi? De s’acheter un deuxième Hummer? La valorisation des gens plus apte à se débrouiller dans la vie à ses limites. La dévalorisation des perdants est déjà assez honteuse comme ça. Les gens ne sont pas du bétail, même s’ils ont, pour certains, des capacités réduites : pourtant, leurs contributions à la société sont importantes et mériteraient un salaire et une considération plus importante.
#7 : Veut-on faire comprendre aux citoyens qu’une conduite financièrement irresponsable n’entraîne aucune conséquence, et que l’État sera toujours là pour les tirer d’affaire?
Un pas de plus et on croirait qu’il prône la peine de mort pour les pauvres et les gens qui ont fait faillite…
Un peu de mesquinerie pour finir : regardez cet homme; ne trouvez-vous pas qu’il a l’air d’un escroc? Je n’en voudrais surtout pas comme président, ou pire, premier ministre…
Misérable ce point de vue! C’est fou ce que peut dire un être soucieux uniquement de lui-même.
L’entraide humaine est à la base d’une société et il est possible d’avoir un état fonctionnel si tout un chacun fait sa part.
Ce discours de la droite trouve trop de preneurs c’est temps-çi…
Ayoye, je pensais pas qu’il pourrait être aussi insensé…
Ceci dit, il y a du vrai pareil, certaines personnes font volontairement des choix stupides et/ou irréfléchis en se disant que c’est pas grave, l’état est là pour me relever si je me plante.
Malheureusement, ceux qui ne sont pas dans la merde par choix souffrent de se genre de pensée qui fait souvent en sorte que pour s’assurer que personne n’abuse du système, on coupe juste tout le monde.
Je dirais même plus : ce mode de pensée décourage la créativité. Devant un problème, soit on baisse les bras (et on ne fait pas travailler ses méninges comme lui), soit on se questionne collectivement et individuellement (deux concepts qui sont intimement liés, n’en déplaise au think tank néolibéral…) pour trouver de nouvelles façons de régler les problèmes.
Justement Frank, ton idée de gratuité du transport en commun en guise de moyen de pression à la place de la grève en est un bon exemple. Est-ce que le syndicalisme comme on le connait aujourd’hui est capable de penser autrement les moyens de pression et optera pour des solutions comme celle-là? J’ose espérer, car la mauvaise presse du syndicalisme est due en grosse partie à cause de son manque de créativité et d’analyse…
P.S. Quel commentaire serait plus centriste? Je critique la droite et les syndicats… Hé hé!